Alain Crozier

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LC73 journal  > archives > Avant LC73 partie IV (2000 )


PARTIE IV


L'année de tous les dangers


  2000

Janvier (1er). Nous courrons vers la place centrale de la cité des Gaules. Les gens issus de toutes les directions se pressent vers le même point de congestion. Environ 50 000 personnes avaient ainsi eu la même idée pour célébrer le nouveau millénaire. Place Bellecour, place des richards, cœur de Lyon. Avec moi Oliver, seul parmi les braves, quittant une party, qui se voulait arty, une demi-heure plus tôt.
Tac voilà c’est fait c’est l’an 2000. Je n’ai pas senti une grande différence. Au loin, les voitures roulent toujours sur les routes. Les télécommunications sont saturées tout le monde veut se téléphoner avec son cellulaire, et finalement personne ne peut se joindre. Et finalement moi qui m’étais rencardé avec deux filles qui ne peuvent plus se voir, je n’en verrais aucune, c’est sûr trop de monde ici.
Pourtant je tombe sur Christelle, que nous avions rencontré dans une brasserie de LC hier à midi. Mais très vite, m’apercevant que je ne pourrais joindre mes deux grâces, je décidais d’une autre tournure pour la soirée. Nous remonterons à la party, tranquillement, en faisant des pauses à des stations pour nous dessoiffés. Boite, bar, boite, bar… Retour à la fête, visiblement finie depuis bien plus longtemps que je ne l'imaginais. Tous étaient presque partis avant minuit. Les trois rescapés des lieux aller se coucher sur un fond musical que je n'avais pas écouté depuis des années, et sur le coup, je me demande comment cela puisse se faire d'ailleurs : The Cure, l'album devait être soit la compilation Standing on the beach, soit une partie de la trilogie Faith - Pornography - Seventeen seconds. On reboit du champagne, on remange des toasts affalés sur les canapés. J'essaye de trouver un matelas ou quelque chose dans ce genre pour dormir. Finalement après avoir longuement étudié les lieux, je m'installe sous une tente placée dans une mezzanine géante près du poste de disc-jockey. L'absence de chauffage se faisait ressentir durant mon sommeil que j'avais du mal à conserver, après que certains commencèrent à couper du bois sur le coup des 8 heures. Je n'avais comme couverture que ma veste, accentuant ainsi le froid ambiant.
Au levé général, je sentis que la fête était finie et que pour certain elle ne serait pas d'anthologie. Certain décidèrent qu'il n'y avait rien de mieux que de recommencer à boire au café d'à côté. Passer un moment, je décidais de passer à autre chose et de quitter l'assistance. Je prenais donc la décision de rentrer chez moi par le premier train. Avant d'aller à la gare, j'allais prendre la température d'un couple d'amis. L'une de mes amies que je n'avais pu contacter la veille avant les douze coups de minuit, cette petite Pierrette. Voir un peu comment s'était passé leur soirée. Ils habitaient près de cette gare, ce qui me permettait de rester chez eux juste avant d'aller prendre le train. Ils avaient subi une soirée bien calme entre couples. Ils étaient encore un peu dans le gaz.
Et puis, je pris donc le train. Dans une voiture assez bien remplie. On n'entendait qu'un crétin des alpes parlant fort à son téléphone portatif. Il voulait se faire remarquer, il avait besoin d'exister, avant de rentrer à la ferme. Je ne risquais pas de faire de même car le mien était presque déchargé. Moi je préférais continuer la lecture d'un de Wilderness, ce qui m'inspira une citation sur moi, Hélène et Morrison.
J'arrivais chez moi la nuit tombée depuis longtemps. Une petite bruine m'accompagnée jusqu'au pas de ma porte. Rien n'avait semblé avoir changé ici aussi. Je me jette sur les restes du repas de famille organisé à la maison à midi. Repas que j'avais évité pour la seconde année consécutive, à mon regret. Puis, je téléphonais à un ami de la bande, Pol, pour savoir s'il n'était pas par hasard rentré de Lyon la nuit en voiture comme je le soupçonnais. Et sa voix au bout du fil confirma ceci. Il aurait pu me joindre pour que rentre avec lui ce qui aurait pu m'éviter de prendre le train et surtout de dormir sous une tente. Il m'annonce une sortie surprise chez une fille vers 21 heures.
C'était une fille qui était dans le même collège que moi. Je ne lui avais si peu parlé que je fut agréablement surpris qu'elle se rappelle mon prénom. Elle travaillait aussi pour l'éducation nationale. Je découvris lors de notre soirée que nous avions d'autres points communs, notamment pour ce qui est des lectures par exemple le magazine Géo, des romans, Le grand Meaulnes…. Elle pratique la guitare acoustique. Etant dans un collège et moi dans un lycée nous avons des idées communes quant au système éducatif français. Mais trop fatigué par ma courte nuit de sommeil, et longue en excès, je ne tarde pas à rejoindre mon lit.
Comme pour tous 1er janvier, je mets en place non pas des bonnes résolutions de nouvelles années, mais plutôt des objectifs à atteindre en fin d'année : finir un ouvrage en plus de celui-ci, corriger mes poèmes finis et finir ceux qui sont commencés, revoir Sophie pour voir comment on pourrait collaborer à un groupe. Bon, ça fait pas trop d'objectifs, je devrais y arriver.

Janvier (2). Premier dimanche de 2000. Un dimanche comme les autres. Je crois que j’ai trouvé une motivation nécessaire pour l’écriture de ce journal.

Janvier (3). Je suis exaspéré par le comportement des arbitres du championnat d’Angleterre, qui se comportent en goujat vis-à-vis des joueurs français surtout envers ceux d’Arsenal. Alors qu’ils laissent faire certaines choses incroyables. Mieux vaut s’appeler Ruddock ou Wise que Viera ou Petit.

Janvier (4). Je commence, sous forme de base de données, la seconde partie de ma médiathèque, la partie livres, ne prenant en compte que les romans, recueil de poésies et pièces de théâtre. Cette base de données comprends quatre champs : auteur, titre, année de publication et pays d’origine de l’auteur. Je peux donc voir à peu près mes époques préférées, mes littératures adorées, et en couplant ces deux champs je peux tout de suite situer mon courant vénéré.
Je suis allé chez dentiste. J’ai toujours l’impression que rien n'a changé dans le cabinet. Le temps n’a pas d’influence en ces lieux. C’est un espace intemporel, j’ai toujours l’impression d’y être venus la veille. Je crois que c’est propre aux endroits que je n’aime pas.

Janvier (5). J’enregistre un album des Meats Puppets, de 1994, ce qui porte à 536 ma discothèque. J’utilise pour la première fois la fonction fax de mon modem. Je travaille beaucoup. Par internet.

Janvier (6). Une pharyngite m’est tombée dessus en quelques heures. Je bois le soir un pastis lors d’une réception, qui me sera fatal. Je suis transie de froid, j’ai mal partout. Je trouve la force de me coucher à 1h, pour regarder un film entre Trouble et … un autre film américain d’amour foiré.

Janvier (7). Je reste donc chez moi. Et je médite sur les changements climatiques

Janvier (8). Christelle est venue chez moi, cet après-midi. Disons qu’en rentrant ma voiture je l’ai approché lorsqu’elle sortait de chez elle. Lui proposant de la conduire au centre de la ville où elle devait, par déduction, avoir à faire. Fort justement elle devait se rendre chez une personne de connaissance commune à nous pour envoyer un mail, dans le cadre de recherches professionnelles. Finalement je restais avec elle dans ma chambre, où mon ordinateur se situe, pour qu’elle accomplisse sa besogne. Une bière pour elle, un café corsé pour moi, et des cigarettes pour nous deux. Une bougie à la vanille pour dissimuler cette odeur de tabac.
Après le travail effectué, nous allons boire quelques bières chez un ami, discutant cinéma et musique de cinéma. Hasard ou coïncidence, Sébastien, un collègue de boulot, me téléphone pour m’annoncer qu’il ma copié le disque que je recherche depuis plusieurs années, de façon maladive : Arizona Dream.

Janvier (9). Je viens de finir ma liste de romans et poésies sur base de donné. J’arrive à 96 livres. J’en ai deux en double : deux Flaubert, Trois contes et Madame Bovary. Il ne me reste plus qu’à faire la partie vidéo de ma médiathèque. Pour l’instant un seul personnage s’illustre dans les trois catégories disques, livres et vidéos, il s’agit de Serge Gainsbourg.

Janvier (10). J’ai repris mon travail au lycée. J’apprends que tout le monde était malade jeudi et vendredi. J’espère seulement éviter la gastro entérite qui traîne partout. Ces gamins de seconde sont toujours aussi irrécupérables, ceux de premières toujours aussi insupportables, et ceux de terminales toujours aussi arrogants. Bien sûr cela ne vaut pas pour tous. Il y a des secondes très zen, des premières très bonnes, et des terminales très intimes. En rentrant dans ma chambre, j’ai changé de place des affiches agrafées au mur, vers mon lit pour ne plus les abîmer quand, lisant le soir, je mets mon coussin contre le mur. Ce qui par effet de frottement les endommage. Je remarque que l’affiche blanche des Stone Roses, vers ma porte, remplaçant un sombre poster de Cure, donne une impression d’agrandissement de ce coin.
En me couchant, je me demande combien de temps je vais tenir ce journal. Mais j’ai peur de devenir prisonnier de cette tâche perpétuelle.

Janvier (11). J’atteins l’âge respectable de 27 ans comme … Ce journal avance. Sébastien m’apporte le plus beau des cadeaux dont je puisse rêver pour ces 27 ans. Cette B.O. d’Arizona Dream. Je vais enfin pouvoir me réveiller tous les dimanches du monde avec ces 46 minutes et 8 secondes de rêve. Mais en mettant sur REP SHUF, je peux faire durer le plaisir jusqu’à 2h.

Janvier (12). Un ajout, un alinéa à mes résolutions pour la nouvelle année, on a jusqu’à la fin du mois pour en décréter. Outre ce journal, je dois tous les jours consacrer un moment de ma journée, non pas au Seigneur, que j’ignore depuis fort longtemps, mais à mon œuvre, quelle soit littéraire ou arts plastiques.
J’ai emmené Oliver à la clinique du château pour se faire opérer demain. Il y a sept ans, presque jours pour jours, c’est moi qui me faisais charcuter le genou. Je jette un œil avant de repartir sur la ferme jouxtant le parking. Ce fût ma vue depuis ma chambre pendant les dix jours que j’ai passé alité. Je ressens une impression étrange. Je pense à cette époque où je ne me rappelle pas avoir eu le soleil pendant ce séjour, si ce n’est un samedi après-midi où des amis m’avaient rendu visite.

Janvier (13). Je suis retourné au dentiste cet après-midi. J’ai maintenant une dent de fer. J’en attends une autre pour mardi prochain.
Je respecte mes consignes. J’ai transcrit deux textes, achevant la troisième partie de ces textes. J’ai envoyé quelques mails.
Je suis allé à la bouquinerie. Pas de nouveautés. La bouquiniste est enceinte et forcement elle ne se déplace plus beaucoup. J’ai quand même noté Le zéro et l’infini d’Arthur Koestler et une partie des Rougon-Macquart.

Janvier (14). Ce matin je me suis senti démotivé pour mon travail au lycée. Je semble me laisser aller inexorablement. L’approche de la fin de ma mission. Ce soir j’ai trouvé une annonce de documentaliste à l’hôpital de LC.

Janvier (15). J’ai répondu ce matin à l’annonce de documentaliste. J’ai eu pas mal de problèmes informatiques. J’ai dû appeler en renfort Pol. Sitôt un problème résolu, un autre arrive. Je finis la journée sur les nerfs à cause de ce fichu ordinateur. Ca me plairait assez de travailler à l’hôpital.
Un samedi soir comme tant d’autres, très vineux

Janvier (16). Encore de nouveaux problèmes informatiques. Le week-end, en fin de compte, fût autant informatique que le samedi soir fut vineux. Que dire sinon que l’aventure continue ! Je continue de réécrire mes poèmes. Je commence à songer à ce poste à l’hôpital. Et plus j’y songe, moins je pense au lycée. Ce qui risque d’accentuer mon laisser aller demain. Je vis maintenant en me disant que je partirais peut-être avant le terme de mon contrat, que peut-être la semaine prochaine cela sera fini.

Janvier (17). A la bibliothèque du lycée, j’ai du boulot jusqu’à la fin de mon contrat. En effet nous avons environ 600 livres à inscrire, en plus des périodiques, de la gestion des prêts, et des tâches quotidiennes et administratives. Je m’attelle notamment sur des romans en version originale. The picture of Dorian Gray d’Oscar Wilde, The turn of the screw d’Henry James. Tous ces livres neufs me donne envie de lire, me donne envie d’écrire, me donne envie de rester dans l’univers du livre.

Janvier (18). Officiellement il ne me reste plus que 16 fois après ce matin à me lever pour aller au lycée. A 27 ans j’ai passer l’âge d’aller au lycée! Tous ces matins se ressemblent terriblement. Appeler cela de la routine est un euphémisme. Tous ces matins je fais les mêmes gestes, les mêmes actes, aux même heures, avec les mêmes enchaînements. Et j’ai toujours cette envie de rester coucher, de ne pas aller au lycée. J’aimerai rester à lire ou écrire.

Janvier (19). Je fourmille actuellement de pleins d’idées d’écriture. Des nouvelles, des journaux construits différemment. Au jour, au mois, à l’année, par période, lié à une histoire, à un fait. Dès que j’ai fini de réécrire mes textes, mes poèmes potentiellement chansons, je dois retravailler mes romans titrés sobrement 1991 et 1993.
Je pense aussi à l’éventualité de créer une bande dessinée avec Nando, qui est doté d’un coup de crayon pertinent. Cela raconterait l’histoire d’une bande de jeunes undergrounders, mais sans le côté branché. Moi je ferais le scénario.

Janvier (20). Rien de bien terrible à raconter. Encore une journée consacrée à ce maudit ordinateur. J’ai quand même pris le temps de sortir pour aller flâner à la bouquinerie et acheter le premier volume des Rougon-Macquard, La fortune des Rougon. J’entreprends l’ambitieux projet de lire la saga des Macquard.

Janvier (21). J’ai reçu une réponse de l’hôpital, et le bébé se porte bien : on m’invite à prendre rendez-vous. Ce que je fais pour lundi matin, à 9 heures. J’ai emprunté tous les livres de Woody Allen de la bibliothèque du lycée, au nombre de trois.

Janvier (22). Je commence à m’informer sur le logement à échelle locale. Prix, zone d’ombre, panorama, propriétaires pourris... Je n’ai pu aller faire une randonnée en forêt car il a fait un temps à situer entre neige et pluie. D’ailleurs cela fait un certain moment que je ne me suis pas baladé. La dernière fois, j’ai chopé cette pharyngite. Encore acheté des livres, deux Agatha Christie et Frankenstein de Mary Shelley.
Ce soir nous allons traîner avec le reste de la bande dans quelques auberges. Il faut qu’on bouge un peu plus, il faut qu’on sorte qu’on voit du monde, des filles, sinon on va devenir des vieux gars.
Il n’y avait pas grand monde à l’auberge du Cheval Blanc. Finalement on s’est remis au billard, délaissé depuis trop longtemps. Le jeu fût agrémenté de pression nullement due aux parties. Et vu la mis en route lente des vieux reflex du joueur de billard, d’un manque de pratique, d’un manque de technique il faut l’admettre pour certains, chaque partie dura trois-quarts d’heure. Avant de me coucher, je bâcle la lecture de Salammbô. Ces parties de billard m’ont fait repenser qu’il fallait que je descende le billard japonais qui traîne dans le grenier depuis des lustres. Cela fait deux ou trois ans que je dis que je dois le faire.

Janvier (23). Après beaucoup d’hésitation, de concertation, je décide de classer La guerre des Gaules et Le Mémorial de Sainte-Hélène dans la catégorie des romans, poèmes et pièces de théâtre. Après tout au lycée Le Journal d’Anne Frank est situé à côté de L’année des méduses de Christopher Frank plutôt qu’entre deux livres sur le nazisme et la shoa. Mon nombre de livres va croître rapidement, car je rentre aussi des ouvrages récupérés au grenier, essentiellement des classiques du théâtre et des romans policiers.

Janvier (24). Entretien ce matin à l’hôpital qui s’est très bien passé. Là, vraiment, j’y crois, j’ai de très bonnes raisons d’espérer. Je prends ce soir la décision de faire l’éducation musicale dès demain de Christelle, élève de terminale littéraire que je ramène à l’occasion du lycée, puisqu’elle habite le même quartier que moi.
Je transcris la première partie des chansons sur Hélène. Je me dis qu'elles sont très certainement les meilleures que j’ai écrit à ce jour. Comme lecture, j’attaque ce soir le premier des trois livres de Woody Allen.

Janvier (25). J’ai fini de recopier mes textes, concluant par les plus récents qui datent de quatre ans, la fin des chansons d’Hélène. Je réitère ce que j’ai dit hier, il y a du très bon. Pour continuer mon œuvre, je vais maintenant écrire de nouveaux textes avec la quarantaine de moutures que j’ai créé. Je vais aussi recopier les romans et nouvelles 1991 et 1993, tout en écrivant de nouvelles nouvelles. Tout en me nourrissant de lectures riches, simple, inspiratrices, motivantes. En attendant d’autres nourritures un peu plus charnelles.

Janvier (26). Acheté Le zéro et l’infini. Pas trouvé Belle du seigneur. Je commence à me renseigner sérieusement sur les tarifs des logements dans le centre-ville. Je me balade ainsi dans les rues du centre, levant les yeux pour guetter des volets fermés.

Janvier(27). Un certain appartement devient mon obsession, situé dans mon quartier d’enfance, dans un immeuble qui m’est cher. Mais ne sera-t-il pas trop cher justement, d’un point de vue financier ? Je pense que c’est le seul endroit de la ville où je me sentirais vraiment bien. Serein. Quand je recherche un appartement, outre le panorama, je dois absolument sentir des ondes positives. Pour ma créativité c’est vital. Pour cet immeuble je n’aurais pas à m’efforcer de me demander s’il dégage des ondes positives, puisque c’est une évidence. Cet appartement avec vue sur un petit parc, sur le château, cet appartement qui m’obsède tant.

Janvier (29). Pas spécialement d’idées de nouvelles, de romans. Depuis hier, j’ai surtout pensé à mon compte en banque, très très bas. Je me suis levé trop tard pour être productif aujourd’hui. Je n’ai pas pensé au fait que je ne pourrais me mettre à la peinture et à la sculpture seulement quand j’aurais déménagé. Je manque d’espace dans ma chambre-atelier-bureau.

Janvier (30). J’ai encore rêvé d’Hélène cette nuit. Encore, parce que chaque fois c’est une fois de trop. C’est agréable sur le coup mais c’est une fois de trop parce que c’est psychologiquement dur le matin. Je sais que je ne la reverrai peut-être plus. Le mot rêve prend ici toute sa signification. Même dans mes rêves elle ne m’adresse pas la parole bien qu’elle semble me suivre. Comment analyser cela ? J’ai aussi rêvé d’une esthéticienne devenue coiffeuse et qui avait des problèmes informatiques l’empêchant de travailler. Bon prince je m’invitais à l’aider. J’étais à deux doigts de conclure avec son assistante, puis elle, quand je perdis le contrôle de mon rêve. Plus que deux semaines au lycée.

Février (1er). J’ai constaté hier soir un début d’angine. Je me suis senti fiévreux et affaibli toute la journée.
Idée de nouvelle, quand même; Le chasseur qui va à la chasse et qui perd sa place. Trouvé aussi une nouvelle citation. J’ai pas mal enregistré de films ces derniers temps, depuis les vacances de Noël, dans un axe tel : Kusturica, Depp, les frères Coen.

Février (3). Malade depuis hier, encore plus aujourd'hui. Au boulot mais pas très performant. J’ai bien failli ne pas aller travailler. Depuis deux jours ça va ne pas. Quand je rentre du lycée je suis si fatigué que je m’écroule directement dans un fauteuil devant la télé ou dans mon lit ! Impossibilité de tout travail intellectuel.

Février (4). Encore plus malade que la veille. Comment ai-je pu me rendre au lycée aujourd’hui ? Le médecin m’arrête jusqu’à mardi. Je tremble de froid puis j’ai des poussées de chaleur. Bonne nouvelle quand même, j’ai obtenu un rendez-vous pour le 25 février dans le sud de Paris pour un poste dans le secteur culturel, musical précisément. L'annonce de Télérama…

Février (5). Ca va un peu mieux mais la tête me tourne un peu. Je n’ai presque rien fait cette semaine à cause de mon état et je n’ai plus pensé à mon peut-être futur boulot à l’hôpital. Nando m’a amené un film nommé Clerks.

Février (7). Je profite de ce week-end prolongé, de ces mini-vacances pour me reposer intensément tout en effectuant un peu de rangement, en me débarrassant d'objets inutiles ou me rappelant à des souvenirs que je ne souhaite garder.

Février (8). Je trouve quelques nouvelles citations Le matin je ressens des douleurs en me levant, comme des prémices à une rechute. Mais un coup de téléphone coupe court à toutes supputations. Je dois me rendre à mon travail. Alors que je devais rester alité. Tout cela reste bien alimentaire. Plus que six jours effectifs au lycée.

Février (9). Je me suis renseigné auprès des deux plus importants propriétaires fonciers de la ville sur les tarifs et indices immobiliers. Je suis agréablement surpris. Je ne voyais pas les prix si bas. J'ai eu réponse à ma question concernant l'immeuble de mon cœur, il est abordable, le plus dur étant d'attendre qu'un appartement se libère, et d'être introduit au bouche à oreille. Je sens vraiment les vacances venir et aussi l'approche de mon départ définitif du lycée. De moins en moins de pression.

Février (11). Plus que deux matins à me lever à 6h45 pour aller au lycée. Plus que deux matins à sortir du lit deux minutes après, au son de la radio énonçant le programme télé du soir, avec toujours conseillé Arte, les autres chaînes étant tout le temps déconseillées. J'ai déjà l'impression que c'est le même programme tous les soirs, le temps de me laver de façon supersonique. 6h50 à l'écran du radio-réveil, j'ouvre les volets et les deux même filles passent à la même minutes au même endroit tous les matins. Je descends l'escalier pour déjeuner, je fais sortir les chats, le les fait rentrer, je leur donne de la pâté pendant que mon thé se prépare. Je fume une cigarette pour me décontracter, je finis mon thé et à 7h30 j'ouvre la porte du garage. Le même rituel depuis presque un an. Il est temps que cela s'arrête bientôt parce que je vais devenir fou. Tous les jours semble les mêmes.
Je devais aller à un concert ce soir en banlieue pour superviser un groupe du lycée en vue du festival que j'organise l'été avec les jeunes de LC. Mais trop fatigué je préfère rester à regarder de la NHL et lire quelques revues diverses.

Février (12). Je réfléchis à un autre immeuble, source d'onde positive, situé cette fois sur les hauteurs de la ville avec vue imprenable plein sud sur la banlieue résidentielle.
Beaucoup de lectures, beaucoup d'alcool au bistrot, où des filles viennent tâter des queues… de billard.

Février (13). J'achève la lecture d'un livre sur les mouvements dans la peinture. Je retrouve des références connues, ce qui me rassure : impressionnisme, fauvisme, Basquiat, collage…

Février (14). J'ai fait un cauchemar terrible : j'ai rêvé que le prix des appartements avait doublé. Je fais un peu de rangement, mais je prends rapidement peur devant la masse de documents divers que je dois ranger de façon plus organisée. J'en déprime presque. Encore des heures de travail prise sur ma création artistique.

Février (15). Pour la première fois depuis très longtemps je vais au marché. Des trous béants dans les alignements de forains dénotent de la mort lente de cette manifestation et de la ville.

Février (16). Des climats bien différents en une journée. Giboulée de février, orage d'hiver, neige, faits divers. Je n'ai pu aller jusqu'à Gueugnon pour un match qui fut finalement reporté. Par prudence, pour ne prendre aucun risque, je laisse ma voiture à quatre kilomètres de la maison et je rentre en stop. Cinquante kilomètres en deux heures. Pas mal. Pas de visibilité et des pneus lisses. Non, pas la peine de prendre des risques inutiles.

Février (21). Je renvois deux confirmations pour des concours administratifs. Je me demande avec regrets pourquoi je n'en ai pas tenté dès ma sortie de ma scolarité ou à la fin de mon service. Je ne me voyais pas fonctionnaire dans l'âme. Mais finalement...
Je viens en outre de créer aujourd'hui une nouvelle œuvre d'art, en cinq minutes. De l'art minute ? Presque. Comment la qualifier, en terme de technique, de valeur et d'originalité ? J'espère que cette création en engendrera rapidement d'autres. Depuis hier, j'ai commencé la lecture d'Ada ou l'ardeur.

Février (22). Je passe à une agence immobilière histoire de jauger définitivement les tarifs des appartements de la ville. Je vois à peu près ce que je voudrais au cas ou l'opportunité de l'hôpital aboutirait. L'agence se situe dans le fameux immeuble sur les hauteurs de LC, ce qui me permet de m'apercevoir que la vue, plein sud de cet immeuble que je rêvais est obstruée par un couloir vitré. Il faut préciser qu'un ami d'enfance y habitait, j'en revenais tout le temps à la nuit tombée. Cela remonte bien à 20 ans. J'ai imaginé cette fenêtre.

Février (24). Un choc ce matin pendant que je lisais tranquillement le journal local, au petit déjeuner. J'apprends qu'une fille, une femme maintenant, que je trouvais de type et de visage idéal, était mariée. De mentalité idéale ? Pour ce critère, c'est un avis très subjectif car je ne l'ai point revue depuis la fin du collège, soit 12 ans environ. Avec qui était-elle mariée ? De puis quand ? Et où vivait-elle maintenant ? Je n'en savais pas plus que ça. C'était une information brute lâchée comme ça. Froidement. Anodine pour le lecteur lambda mais pas pour moi. Je crois que ça m'a foutu un spleen. A moins que cela soit le spleen de Paris qui me guette, la veille de mon départ pour la capitale pour un rendez-vous lui aussi capital, lors d'un voyage express. En plus j'ai téléphoné à l'hôpital où le directeur m'a dit que le profil du poste avait un peu changé pour des raisons administratives. Il me contactera d'ici deux semaines quand il aura décidé du candidat retenu pour le poste de documentaliste. Ce soir j'ai un gros coup de blues.
Pour revenir à cette femme idéale, car je crois que c'est incontestablement l'affaire du jour, je me demande s'il y en a une autre du même acabit...

Février (25). J'avance vers Paris et je revois le visage de Sophie. Je ne l'avais jamais revue de façon aussi claire depuis que je l'ai rencontrée.
Je mange à midi avec JC, boulevard des Italiens et le soir sur les Champs. J'ai fait la suite et la fin des coins de luxes de Paris. Champs, George V, Montaigne. La vie parisienne est-elle vraiment pour moi ? Peut-être, en enlevant le souci de l'argent, mais pour la moitié de la semaine. Le mieux serait un jour chez moi, un à Lyon, un à Paris, un à Dijon, le reste variant selon les semaines. Grosse journée, grosse fatigue.

Février (29). Ca y est. J'ai fini mon travail au lycée. C'est sur que je vais regretter des collègues, des professeurs. Cette année a passé très vite finalement. Je reçois de magnifiques présents pour mon départ. Je le fête à vrai dire de façon très simple. C'est un jour de tristesse, un peu.

Mars (1er). Je sens vraiment qu'une nouvelle vie commence pour moi aujourd'hui. Je me sens libre. Je dois organiser mes journées, ma semaine. J'attends la réponse de l'hôpital dans une dizaine de jour. Je dois d'ici là, au plus tard mi-avril, finir mes cours par correspondance de préparation aux concours.

Mars (3). J'apprends qu'une de mes cousines se marie le 13 mai prochain, avec réception dans un château. Je crois qu'il serait tant que je me mette en quête d'une compagne.
Sur une de mes adresses électroniques je découvre deux mystérieux envois. Le nom de l'expéditeur m'est inconnu, il est plein de signes et de chiffres. Je préfère ne pas les ouvrir craignant un virus. Paranoïa ?. Je vais me renseigner avant pour savoir ce que je dois faire exactement.

Mars (5). Découverte d'un château au détour d'une route de campagne. Projections.

Mars (6). En attendant une réponse positive de l'hôpital, je mets en place ma semaine de travail en l'organisant au mieux : commencer chaque matin par une heure de sport, puis courrier et revue de presse, après-midi cours et préparation de concours ou recherche d'emploi.

Mars (7). Je repense à un projet d'écriture, un livre sur le football en 2060. Une fiction construite sur la projection des dérives actuelles du sport, en les exagérant un peu. Je lis Ada avec de moins en moins d'ardeur.

Mars (9). Je téléphone à l'hôpital. Le directeur est absent jusqu'à lundi. Je commence à penser à mon jardin. A panser mon jardin. Je dois rappeler une ancienne collègue en fin de semaine pour qu'elle me conseille.

Mars (10). Encore deux nouveaux messages de l'expéditeur mystérieux. On devine dans le nom de l'expéditeur, le nom et le prénom d'une femme ou d'une fille. Elle doit envoyer ces courriers de son entreprise. Je pense que ce n'est pas belliqueux mais je ne vois qui est cette personne. Alors tant pis j'ouvre le premier courrier dans l'ordre chronologique. Laconique. C'était un test, un essai. Le second est identique. Le troisième et le quatrième sont encore pareil. Je n'apprends pas grand chose, on me demande si je boude, si je veux recevoir des photos. Tout ceci est bien étrange. Mystères modernes. Je décide de répondre pour interroger cette Véro destinataire. Je lui signale au passage que je cherche une cavalière pour le 13 mai.

Mars (11). Encore deux nouveaux mails. Le premier est toujours rempli de mystère, toujours un test. En revanche le deuxième répond à mon courrier : c'était bien une erreur d'adresse, à une lettre près. Pour le 13 elle écrit que c'est à voir. La providence ? Mais je ne sais pas où elle habite.

Mars (12). Je reçois un coup de fil de la providence. Encore. Un coup de fil de Philou de Dijon. Après être retourner sur ses terres natales, il est revenu à Dijon où il a trouvé un travail dans le commerce. Après des études de philosophie alors que moi je serais plutôt en train de faire le parcours inverse. Je pensais ne plus connaître personne là-bas et en fin de compte il me propose le gîte lorsque je viendrais pour passer prochainement des concours. Ce qui m'évitera de me lever à cinq heures du matin. Je vais pouvoir retourner à Dijon. Cette ville me manque vraiment. Même s'il y a là-bas de terribles fantômes.
Second week-end de beau temps. J'ai de la chance. Je suis moins pressé par mes cours, je peux donc en profiter pour m'oxygéner dans la nature.

Mars (13). J'ai donc repris ce matin mon jardin. Enlever feuilles et mauvaises herbes. Je crois que je vais y aller souvent… Je crois aussi que je vais laisser tomber cette liaison par e-mails interposés avec Véro.

Mars (14). Je remplis les formalités administratives pour l'organisation du festival musical estival. Je voulais arroser mes plantes quand la pluie s'est mise à tomber.
Nouvelle idée d'œuvre d'art graphique moderne. Cela me prendra cinq minutes à réaliser. Il faut seulement que je trouve ces cinq minutes.

Mars (15). Je vais chez mon ancienne collègue du lycée pour me faire expliquer mes cours du soir. On a bu beaucoup de thé. Elle m'oriente sur la médiathèque de Roanne. Avant ceci, j'ai téléphoné à l'hôpital. On me signale que je suis parmi les quatre ou cinq retenu sur une vingtaine de candidatures pour un second entretien. Le suspens, pesant, dure. Dur.

Mars (16). Médiathèque. Je suis bien reçu par les bibliothécaires. Le cadre, teinté de bleu, est reposant mais l'architecture d'ensemble est à chier. Après quatre heures passées à la salle de documentation de la médiathèque, je suis vidé intellectuellement. C'est le second après-midi où mon cerveau tourne à plein régime. Il fait dire que ces cours que je dois achever avant le 15 avril demande énormément de réflexion. C'est un travail essentiellement intellectuel. Quatre heures. Le temps que le soleil disparaisse derrière un ciel gris.

Mars (17). Je retourne au lycée pour consulter des ouvrages me permettant de finir mes cours de soir. Huit livres en deux jours pour y arriver ! Le soir je vais me divertir à un match de football avec des amies que j'ai vulgairement initiées à ce jeu de ballon. Dans ma lecture d'Ada, j'ai bien avancé ces derniers jours.

Mars (18). J'essaye de combler mon retard dans mes lectures de périodiques et de quotidiens que j'ai achetés cette semaine. Certaines nouvelles devenaient de moins en moins fraîches. En tous cas je ne ferais pas de cours aujourd'hui. Je crois que j'ai mérité un peu de repos de ce côté là.

Mars (19). Je me suis couché vers 3 heures du matin. Nous sommes allés à une discothèque qui n'existe plus. Alors nous sommes allés une discothèque que nous connaissons trop bien. Là, je crois que deviens un dangereux cleptomane. J'ai encore conservé le verre à whisky que j'avais vidé. Depuis quelques mois j'ai décidé de garder en dédommagement de soirées que j'estime nulles des verres, des cendriers.

Mars (20). J'achève mes cours. Plus qu'un. Cela fait maintenant près de trois semaine que je suis quotidiennement sur ces foutus cours du soir. Après je me sentirai un libre, juste contraint de réviser mon savoir pour mon concours du 29 mars. C'est dans un peu plus d'une semaine.

Mars (22). J'ai enfin achevé mes cours du soir, avec trois semaines d'avance. Je me sens libéré d'un fardeau mais d'autres tâches m'attendent.

Mars (24). Je commence les révisions pour le concours de mercredi prochain à Dijon. J'ai hâte de retourner à Dijon. Ce la fait bien plus d'un an que je n'y suis pas allé. Je vais sûrement avoir la sensation de visiter un musée tant je garde de souvenir de mes années de faculté passées là-bas.

Mars (26). On a encore bu beaucoup de bière hier soir. A vrai dire on a bu que cela. En cette fin mars je repense à une fin mars, il y a sept ans. Venise. Je décide de retravailler un roman fantastique datant de 1991. Puis, je ferais de même avec un autre de 1993. Je me mets en condition en écoutant une compilation d'époque. Je commence donc à taper sur mon ordinateur, en modifiant seulement quelques mots, quelques fautes de temps. Je préfère garder au maximum la version originale. Je me sens confiant. Très sûr de moi.

Mars (28). Veille de concours. Comme souvent quand je vais à Dijon, il fait un temps affreux. Le ciel gris invite à la mélancolie. Plus j'arrive vers ma destination, plus la tension monte. L'attention monte. Arrivé, je décide de me garer sur un des parkings du campus, là où j'ai tant erré l'âme en peine. Après, je descends en ville par le bus, pensant boire un verre dans un des bars les plus sélects du centre. Hélas à sa place trône désormais une banque. Il suffit de laisser un endroit pendant un an pour le retrouver défiguré. C'est un pan de mon passé qui disparaît avec ce café.
Je retrouve mon logeur d'un soir à la sortie de son bureau. Il m'annonce par la suite qu'un autre de mes bars préférés à changer de direction. Décidément pour mon retour en ville, je ne serai pas épargné par les émotions. J'ai retrouvé dans les rues piétonnes, cette arrogance des gens de la bourgeoisie locale. Cette opulence. Les mauvaises choses, elles, restent. Bien sûr j'ai cherché des fantômes, j'en ai vu. Je suis bien dans le musée au souvenir que forme cette ville. Je n'ai pas le temps de revoir le dixième de ce que je voulais voir. J'éprouve au bout du compte, un sentiment de malaise. Pourrais-je revivre ici ? Je crois que non. Les lieux me semblent vidés de leur substantifique moelle. Plus rien ne me retient en ces rues.

Mars (29). J'arrive en avance à la faculté de médecine pour mon concours. Il y a très peu d'hommes. Pas mal de femmes. Retour en arrière, cela fait six années que je n'ai pas passer d'examens. J'ai instinctivement des flashs back. Pas que des bons souvenirs. Je pense à des filles. Actes manqués. La neige tombe vers 10 heures. Ca me perturbe dans mes réflexions. J'ai peur de rester bloqué. Les sujets m'inspirent néanmoins. L'après-midi je suis plus confiant, soulagé par l'arrêt d'averses de neige. Je finis une heure avant la fin et je me sauve de suite, craignant que le temps ne se remette à la neige. Cela devient une paranoïa. Je me dis que j'aurais mieux fait de rester chez moi. Je repars en traversant les vignobles tous plus réputés les uns que les autres. Je n'ai pas pensé qu'il y a sept ans jour pour jour, je partais pour Venise…
Qu'ai-je fais de ma vie depuis sept ans ? Sept années blanches.

Mars (31). Au jardin, j’ai réfléchi à la disposition des plantes, les espacer. Une fois cela fait, j’ai pu planter des plantes. Je suis à la moitié d'Ada. J'ai continué la réécriture de 1991, et voilà que je me suis mis à l'écriture d'un conte assez coquin. Je suis aussi allé au cinéma. Cela faisait plus d'un an que je n'y étais pas allé. Le film était Sleepy Hollow. Burton + Depp le résultat est forcement génial.

Avril (1er). Toujours le même programme du samedi soir : bières sur bières au bistrot. Et puis… bal. Cela faisait si longtemps. En partant, je baise la main à une jeune fille. Je reçois une carte postale de Laurent qui est en formation à Paris.

Avril (2). Cela devient aussi un rituel, celui du dimanche après-midi, depuis plusieurs semaines. Je vais boire un café avec deux de mes potes. Les dimanches ressemblent aux dimanches, les lundis aux lundis, les mardis aux mardis, etc.
Jour de rallye dans la ville. Par devant, chez moi, par derrière aussi. Je suis cerné, les yeux cernés. Lunettes noires homologuées. Bruit insupportable depuis que j'ai quitté l'enfance.

Avril (3). J'ai fini de taper 1991. J'ai du mal à en voir la suite. Le F.C. Gueugnon se qualifie héroïquement pour la finale de la coupe de la ligue. Je me vois déjà au Grand Stade. Je suis plus heureux que pour la finale de la coupe du monde.

Avril (5). Adieu monde local. Réponse négative de l'hôpital. J'ai perdu deux mois dans mes recherches pour pouvoir rester ici. Adieu rêves de grand appartement ici, de vie aisée. Je cherche un réconfort moral.

Avril (6). Je vais à Roanne pour me changer les idées. Oui je sais c'est étonnant quand on connaît la ville de Roanne, mais quand on me connaît…

Avril (7). Je ne gambergerais pas trop longtemps sur cet échec. J'obtiens un entretien pour un poste de formateur. Mardi. A Dijon.

Avril (8). Même bal que la semaine dernière. Même résultat. Mais c'est les vacances et tout le lycée était là, du moins c'est l'impression que j'avais. C'était pénible. Pierrette m'invite à son anniversaire à Lyon le week-end prochain. Comme les deux dernières années. Soirée antillaise. Ca ne me dit trop rien.

Avril (9). Je me fais couper les cheveux très courts. A domicile par Pierrette. Puis rites habituels du dimanche.

Avril (10). Je revisite le championnat d'Angleterre, je le refais à ma manière, sur ordinateur. Cantona joue toujours à Manchester United, Anelka à Arsenal… J'ai 128 équipes à construire.

Avril (11). Déjà de retour à Dijon. La route commence à me gonfler. Je n'ai plus le goût à prendre ma voiture pour des trajets de plus de 100 bornes. Le retour à Dijon ne me fait pas aussi mauvaise effet que la dernière fois. Faut-il dire que je n'ai pas trop le temps de flâner. Je me gare devant mon ancienne maison. Je mange à midi dans un des mes restaurants rapides, oriental. J'ai gardé de Dijon mes habitudes. Je connais bien tous ses bons plans, et ses coupe-gorge.
Sur le chemin du retour je mets dans mon autoradio une cassette de démos avec mon éphémère groupe pop de Dijon, enregistrée en 1996. Cela fait un ou deux ans que je l'avais mis de côté. J'ai une impression de gâchis si cela en reste au stade de démos. J'entends la vois d'Hélène sur une May 29th. Quel choc ! C'est un tube, ça me fait le même sentiment que si je réécoutais pour la première fois depuis des lustres un truc que j'encensais.
Je trouve de nouvelles pensées.

Avril (13). Je n'ai pas pu avoir de place pour la finale de la coupe de la ligue. Ca ne me fait pas plus d'effet que ça. Mais ça sera dur à regarder à la télévision après m'être imaginé là-bas
Non, vraiment, la soirée antillaise ne me dit rien. Je manque de soleil.
Je finis de lire Ada ou l'ardeur, dans la douleur. Je suis un peu déçu, mais c'était très intéressant au niveau du delirium de l'auteur. Je choisis comme nouveau livre de chevet, Parmi les hooligans, de Bill Buford. A moins que j'en lise deux en même temps avec comme second ouvrage, Le journal de Laura Palmer de Jennifer Lynch.

Avril (16). Je n'ai vraiment pas le moral. Je reprends l'écriture de 1993. Je revis des moments, des actes manqués. J'ai repris depuis deux jours, en fil rouge, la lecture de Wilderness de Jim Morrison.

Avril (18). A la lecture avancée de Buford, je commence à comprendre le mécanisme du hooliganisme. Je vois maintenant sous un autre angle les déplacements sur le continent des Anglais. Pourquoi sont-ils si violents, si naturellement ? J'ai une nouvelle idée de nouvelle.

Avril (19). Miracle. Ouvrant mon journal pour savoir si j'avais été tiré au sort pour gagner une place pour la finale de la coupe de la ligue, je découvre qu'il reste des billets, avec transports, à vendre. Ce matin au stade. Il est alors 9h10 et la vente est commencée depuis 10 minutes. Je téléphone de suite au stade pour savoir s'il y a autant de monde que la dernière fois, pour m'assurer qu'il reste encore des places, histoire de ne pas faire une nouvelle fois un voyage pour rien. Oui, il en reste. Il n'y a personne au stade. Je prends immédiatement la direction du stade. Sur place il n'y a en effet personne. J'ai mon billet. C'est un grand soulagement. J'ai du mal à le croire car honnêtement je n'y croyais plus justement. Je remarque d'ailleurs que j'ai beaucoup de mal en ce moment à réaliser quoique se soit. Je profite de ma venue en ces lieux pour repérer l'endroit de départ de mon bus. Et je fais un tour sur les terrains annexes, assistant pour la première fois de ma vie à un entraînement. L'avant-dernière répétitions avant la finale de samedi. J'en oublie ma déception d'hier, élimination de Chelsea. Ignorant celle de ce soir, Manchester United. Il y a plein de journalistes, trois équipes de télévision… Cela doit les changer, les joueurs et les journalistes. Dans la ville tous les commerçants ont décoré leur vitrine en jaune et bleu. C'est beau. C'est comme à la télévision, comme à Calais.

Avril (21). Je suis affolé. Dépité. Un appartement se libère cet été dans le fameux immeuble de LC. Ma non-sélection pour le poste à l'hôpital devient de ce fait encore plus douloureuse. Je dois trouver au plus vite un travail dans la région. Rencontrer quelqu'un.

Avril (22). FCG-PSG. Le grand jour du grand soir. Le départ est fixé à 12h. J'arrive bien en avance et je me gare le long de l'église. Et puis fatalement c'est l'heure de partir vers notre capitale, du moins sa banlieue. Je suis dans le bus de tête. Je ne comprendrais que plus tard que plusieurs convois partiront sur des routes différentes, tout le monde se rejoignant vers Nemours, pour être escorté par des motards. Nous quittons la ville, tout le monde sourit : les gens dans les rues nous saluent, donnant l'impression de voir le passage du tour de France. Même ceux qui n'ont pas de billets sont joyeux. C'est jour de fête, même pour la gendarmerie. Je sens que je suis en train de participer à l'Histoire. C'est tellement beau tous ces gens. Ce jaune, ce bleu. Dans les premiers villages traversés, c'était le même cérémonial. Tous ceux sur terre qui ont une écharpe du F.C.G. sont au bord de cette route.
Nemours, la pluie, la police motorisée. Que de l'autoroute jusqu'au Stade de France ! Que des bouchons, même si ces motards nous ouvrent la voie. Plus on approche de notre destination, plus le groupe dans le bus se soude. Et puis nous voilà arrivés. Entré dans ce grand stade, ma première impression me surprend : je le voyais plus grand. De quoi cela peut venir ? C'est peut-être la pelouse qui me paraît petite à cause des grandes tribunes. L'absence de grillage, la forme elliptique…
Le match ? Un simple formalité pour mes favoris. Tout c'est passé comme je le voulais : rien à perdre, se faire plaisir, jouer comme d'hab. Formidable. ÉNORME. C'est le mot qui reviendra le plus dans la bouche des fans en remontant dans mon car. Un retour long : pas moyens d'étendre mes jambes pour m'endormir. Beaucoup de mal pour trouver la position préférentielle. Quand j'arrive à m'endormir, voilà qu'on fait une pause pipi, boisson, alimentaire. J'ai clairement la tête dans le cul, comme au retour d'un mémorable voyage à Venise. Il est 2h30. Je rachète du coca en prévision de la route à faire de l'église à chez moi. Je me rendors, je vois défiler les villes, à moitié endormie.

Avril (23). Je suis rentré à la maison sur le coup des 6h30. Comme dans un rêve ! Je ne réalise pas l'exploit d'hier soir. La ville s'éveille et la rumeur va bientôt parcourir toute la région. Je ne dors que quatre heures pour ne pas rater Téléfoot. Comme les joueurs d'ailleurs ! Je suis fatigué mais je me coltine mon rituel du dimanche. Je me remets de mes émotions. Doucement. J'ai encore la tête au Stade de France. C'est comme quand la France gagnait la coupe du monde contre le Brésil.

Avril (24). Lundi de Pâques A la communauté de Taizé les gens sont habillés un peu comme dans un festival de jeunes. Oui c'est un peu comme dans un festival, mais sans la racaille. J'avais vraiment l'impression d'être, par moments, dans un rassemblement de hippies, entouré de tant de tentes, de combis. Des jeunes arrivent avec leurs guitares sèches. Une jeune fille a amené son saxo ou un instrument dans ce genre où elle souffle dans un bout. Un jeune italien rasta porte un T-shirt de Machine Head. Le look kaki est aussi présent. Vraiment la prochaine fois que je viens ici, le week-end prochain, je m'habille cool. C'est un endroit dépourvu d'alcoolos. Les gens sont assez posés pour discuter amicalement.
Je finis la lecture du livre de Buford.
Je suis incité à une fête à Auxerre pour le 6 mai.

Avril (25). Le jour où les héros reviennent à la maison. J'y vais. Je serais beaucoup allé à Gueugnon ces temps-ci. Il fait un soleil si radieux qu'on se croirait en été. C'est un symbole. Deux heures avant le début des festivités il y a déjà beaucoup de monde. C'est merveilleux. Plus rien ne sera jamais comme avant. Il y aura un "effet coupe". J'en fais peut-être un peu trop pour ce qui n'est finalement qu'un jeu, mais c'est le côté historique qui me pousse. C'est la première fois. Y en aura-t-il une autre ? Il faut respirer à fond ces moments là.

Avril (26). Second concours à Dijon. Passage vraiment éclair, juste pour ce concours. Sous un soleil toujours très estival, ce qui est rare quand je prends la route de Dijon.

Avril (27). J'ai plein d'idées de nouvelles depuis quelques jours. J'écoute l'intégrale des albums de Depeche Mode. Je remonte dans le temps de quelques années, je me rappelle mes samedis après-midi.

Avril (28). J'ai le blues, de plus en plus souvent.
J'en ras le bol de Calais, partout dans les médias, plus que Gueugnon…

Avril (29). Je m'emmerde royalement, il faudrait que je change d'air, et surtout d'entourage. Il faudrait que je me secoue pour trouver un bon travail

Mai (1er). Pour une fois il fait beau pour un 1er mai. J'ai un repas de famille où l'on va discuter du mariage dans deux semaines de ma cousine. J'irai honteusement sans cavalière. Faut dire que je n'ai pas franchement eu d'occasions, mal aidé en cela par mes coéquipiers. J'ai d'autres soucis en plus prioritaires que celui-là.

Mai (4). Depuis deux jours j'enrichis ma culture générale par l'approfondissement de la géographie écossaise. Et depuis de jours, l'Écosse m'est devenu très familière. J'y passe des heures, bien que cela ne soit pas financièrement lucratif. Je culpabilise un peu de perdre ainsi du temps, mais il faut que le je le fasse.
Je fais une cure de The Cure après en avoir fait une de Depeche Mode. Je ne sais pas si je vais à Auxerre ce week-end. Je me tâte. Je pèse le pour et le contre. Cela me semble bien équilibré.

Mai (5). Je ne vais pas aller à Auxerre, mais avec regret. Je n'ai pas le choix, et puis il y aurait d'autres fêtes. Mes obligations professionnelles d'abord. Je lis un peu de Wilderness, toujours de Jim Morrison, des fois que cela aurait changé. Je reçois un coup de fil de Philou pour m'annoncer que mon ancien "groupe" pop rock de Dijon serait prêt à jouer le 21 juillet. Pour mon festival. J'emploie "mon" non pas par narcissisme ou par prétention mais parce que je contribue à son élaboration et son fonctionnement de façon intellectuelle, professionnelle, le tout en parfait démocratie au sein de l'association.

Mai (6). Dans une semaine c'est le mariage de l'une de mes cousines : église, quelle plaie, et réception dans un château. Je réserve tous mes moyens pour cet événement qui me changera fortement de la routine habituelle.
J'écris L'américanisation, pamphlet sur l'américanisation, à la manière d'un Jim Morrison, dont je ne cache pas mon appartenance à sa descendance, d'un point de vue écriture.

Mai (7). Mon horoscope m'annonce un prochain week-end euphorique… Qu'est-ce que cela peut bien signifier encore ?
J'écoute pour la millième fois In Utero de Nirvana et là, tout s'enchaîne, tout gicle. Putain, ça fait maintenant dix ans que j'ai pété les plombs avec une fameuse Gaëlle. Dix ans que je ne suis plus normal. Que serais-je aujourd'hui si je l'avais conquis ? Écrirais-je seulement ce journal ? Je n'en suis pas sûr. Je n'aurais jamais eu l'âme artistique et d'écrivain. Je repensais à cette fille alors que j'écoutais de Nirvana, et que je me disais que j'aimerais bien remonter dans le temps. De 7 ou 10 ans, quand j'étais dans mes deux dernières années de lycées.
L'occasion de ce dixième anniversaire de consolider mes écrits avec une forte relecture, et de façon quasi définitive. Je pense surtout à mes textes pour la musique. Je dois absolument trouver un groupe ou au moins une personne très douée en composition musicale. Sophie ? In Utero est peut-être le disque que j'ai le plus écouté. Il s'écoute tout le temps, par tout temps : été, hiver, froid, chaud, soleil, pluie, événements, tristesse, douches, travail intellectuel. Je suis très inspiré aujourd'hui. Nirvana, à défaut d'en vivre un en ce moment, est ma perfusion pour la création intellectuelle. Artistique ? Je ne sais pas il faudrait que je me remette aux arts plastiques.
On a tous des références artistiques, intellectuelles. Plus ça va et plus je pense que les miennes sont scellées : Jim Morrison et Kurt Cobain. La seule certitude actuelle est que je vivrais plus vieux qu'eux, puisque j'ai eu 27 ans en janvier. Je ne vois pas de nouvelles influences aussi forte. Il y a aussi Bukoswki et Fante, mais pas pour leur personnalité, mais pour quelques-uns uns de leurs écrits. Idem pour la musique. Voilà pourquoi je n'écoute presque plus de nouveautés. Un disque est pour moi plus un tableau qu'une boite de soupe. Il ne se démode pas, pour moi. Je ne renie pas ce que j'ai écouté avant, je ne suis pas bêtement le troupeau.
Je dois me mettre plus souvent à mes écrits, laissant tomber mes jeux futiles et autres perversions…

Mai (8). Visité une source d'eau dans un bois. Quel calme ! Il manquait juste une belle vue, et des femmes, des jeunes femmes.
Encore une fois In Utero m'entraîne dans l'inspiration. Rien à voir avec ce disque, mais simplement il me produit un effet très bénéfique en musique de fonds. D'autres disques me font ces mêmes effets.
Puisqu'il faut de l'argent pour manger, je vais faire de la littérature à but alimentaire. Je fais la liste des nouvelles érotiques qui me traînent dans la tête. Comme pour toutes formes d'écrits, ces idées doivent se situer entre fantasmes et réalités. Pour ce qui est de la littérature érotique, elle m'inspire, surtout par la façon dont elle est écrite, la façon dont les phrases sont tournées. Les descriptions.
Je me dis finalement que dans ma misère professionnelle actuelle, financière et sexuelle, j'ai la chance, la seule, d'avoir un cerveau en état de marche pour ce qui est de la réflexion et du travail intellectuel.

Mai (10). J'ai loupé le premier concours, mais impossible de savoir quelles sont mes notes, ce que j'ai fait, quels étaient les critères de sélections, le nombre de candidats pris pour le second tour. J'ai décidé de me faire une soirée thématique sur le mariage. J'ai récupéré une cassette vidéo, Quatre mariages et un enterrement, avant de voir Arizona Dream acheté il y a déjà plusieurs mois. Mais j'attendais l'occasion idéale, conceptuelle, pour la visionner. Même si ce n'est pas un film dont le thème principal est le mariage, cette cérémonie est la circonstance de ce conte fantastique contemporain.

Mai (11). Je suis refusé au second concours. Je repousse d'un jour ma soirée thématique sur le mariage.

Mai (12). Finalement ma soirée thématique ne comporte qu'un film : Quatre mariages et un enterrement. Je regarderai Arizona Dream ultérieurement.

Mai (13). Avant de rejoindre l'église, je reçois sur mon portable un appel pour une annonce auquel j'ai répondu. Une bonne opportunité. Un rendez-vous pour mercredi à … 19h30 !!!
Le mariage ? Je passe sur la cérémonie, je ne suis pas pratiquant. C'est pour moi l'occasion de découvrir de nouveaux visages, de peut-être trouvé un cœur, un corps à prendre, bien que ma situation professionnelle ne soit pas très valorisante. J'ai été gâté, placé en bout de table, entre deux filles. Deux sœurs charmantes. Laquelle me plaît le plus ? Ce n'est qu'en fin de soirée que je devine une attirance pour l'aînée. Mais une fois encore je n'ai pas osé attaquer franchement. Manque de confiance maladive, peur du ridicule.
I'm not like them but I can pretend, the sun is gone, but I have a light, the day is done, but I'm having fun, I think I'm dumb, or maybe just happy I think I'm dumb I think I'm dumb I think I'm dumb I think I'm dumb I think I'm dumb I think I'm dumb I think I'm dumb I think I'm dumb I think dumb…
Je lis trop de Morrison, j'écoute trop de Cobain. Aurais-je la chance de la revoir ? Comment la revoir ?

Mai (14). La fête est finie. J'ai vraiment la gueule de bois. Je crois pour compléter le tableau que je suis tombé amoureux hier soir. Je manque d'appétit ce qui est un symptôme classique de mon état. Je manque tellement d'affection. Amoureux d'une femme que je ne reverrai peut-être pas. Elle était seule hier mais elle a peut-être un ami ? Je suis aussi trop délicat et à force de ne pas flirter j'en ai oublié les "techniques" même si j'ai horreur de ce mot. Je ne prends pas l'initiative alors que c'est normalement à l'homme de faire le premier pas. Je sais comment elle s'appelle, je sais où elle travaille. Comment ai-je pu oublié d'échanger nos adresses ? Et pourquoi ne lui ai-je pas parlé de mes activités artistiques et littéraires ? Il ne faut pas que je déprime à cause de cette rencontre, à cause de son absence. Elle n'est peut-être pas attirée par moi. Mais j'aimerai revenir en arrière de quelques heures. Je me maudis. Je dois essayer par n'importe quel moyen de la contacter. Par ruse de sioux. J'aime trop son accent. Ma vision du sud change. Si j'en avais le temps et les moyens, je partirai de suite à sa recherche. Mon esprit est tourné vers le sud.

Mai (16). Je désespérais de solutionner mon problème de connexion internet depuis une dizaine de jours, quand, multipliant les appels à l'aide en vue d'un boulot nécessitant une bonne connexion, je rencarde un technicien, expert, pour le lendemain.

Mai (17). Avec un grand "ouf !" de soulagement, j'ai vu mon problème de connexion être réglé.
Le souvenir du mariage s'est estompé au fil de cette semaine. Tant mieux car je ne sais pas si je reverrai Caroline.

Mai (18). Dijon. Je prends l'autoroute, devant me lever à 5 heures du matin. Autoroute dégagée. Arrivée avec 3/4 d'heures d'avance. 1h45, record. Entretien pour un poste de web rédacteur plus tard en fin d'après-midi. Bien passé, mais bizarre. On m'a demandé mon signe astrologique.

Mai (21). Repas de famille chez la sœur de la mariée de la semaine dernière. Allusions diverses. Surtout l'occasion de revoir, en photos les deux grâces. Je finis de relire Apollinaire et Bukowski pour mes nouvelles de charme

Mai (23). A la bibliothèque, je trouve Bandini de John Fante, que j'emprunte immédiatement. Je l'ai lu il y a six ans, et j'éprouve le besoin de m'y replonger.

Mai (24). Je passe l'après-midi à mettre en page mes nouvelles de charmes. D'abord je change le nom du recueil. Ces heures passées à un travail d'écriture me réconfortent, et au moins je ne suis pas déçu, personne ne me mets de bâtons dans les roues.
Je m'occupe parallèlement de la programmation du festival, ce qui fait naître en moi un stress qui s'éteindra le soir du festival. Je commence même à noter des remarques pour celui de l'an prochain.

Mai (25). Je revois une fille. Je passe un bon moment au jardin pour faire de l'entretien. Le temps est comme je l'aime en ce début de belle saison : ciel gris, climat tiède, humidité ambiante. Un temps de rêve, idéal pour l'inspiration intellectuel. Je me replonge dans un de mes anciens agendas pour les besoins de mes nouvelles. Encore. Je me laisse absorber par les souvenirs… Je sombre à nouveau dans la mélancolie. Je repense à Hélène avec beaucoup de peine. Pour me consoler, je me dis que si notre histoire avait survécu, je n'écrirais pas ce journal et je n'aurais pas tant de projets littéraires et artistiques.
Je dois revoir Sophie, il faut qu'elle me trouve des mélodies, des musiques. Je dois trouver une personne née pour la musique qui puisse animer mes textes.
Je retrouve des idées de nouvelles. En écoutant Zazie et Polnareff, je travaille encore sur mes histoires de charme. Ces musiques d'histoires d'amour, dans un décor de château, cadrent bien avec ces écrits.
Je décide enfin de reprendre mes journaux sous forme manuscrite, à partir du début, c'est à dire septembre 1989.

Mai (26). Je suis depuis maintenant trois jours, immergé dans l'écriture. Quel sentiment de puissance ! Je retranscris le journal issu de l'agenda 1989-1990, ainsi que les pensées et impressions qui y figurent.

Mai (27). Je crois qu'écrire mes mémoires est une bonne thérapie bien que cela me coupe momentanément du monde. Je m'exorcise. Je finis en vitesse la relecture d'un livre de Bandini, et je commence Le journal de Laura Palmer, de Jennifer Lynch. Le temps maussade s'y prête bien.

Mai (28). Je fais depuis une semaine, des rêves toutes les nuits. Il y a longtemps que je n'avais connu une telle série. Ce qui me confirme dans l'idée que j'ai d'acheter un livre de Freud sur le rêve. Aujourd'hui repos intellectuel.

Mai (29). Jour chargé d'histoire, de plomb. Dernier événement, un an que le squat est officiellement fermé. Que se passera-t-il aujourd'hui ? Rien de spécial pour une fois. Je suis séduit par … Le journal de Laura Palmer. J'imprime une nouvelle œuvre, Billets doux, tableau par ordinateur ? Je refais la liste de mes œuvres d'arts plastiques en base de données. Je commence la base de donnée de ma vidéothèque. Je débute le journal de l'année scolaire 1990-1991 ainsi que les pensées de l'agenda de la même période. Grosse journée où j'ai eu le temps de passer un entretien pour un travail dans le tourisme et de passer beaucoup de coup de fil pour le festival. J'obtiens de ma cousine le numéro de téléphone des deux grâces. Je finis excité.

Mai (30). Je suis assez fier de moi. Depuis une dizaine de jours j'ai changé d'univers, je suis à fonds dans la littérature. J'ai fini le second agenda scolaire, 1990-1991. Je n'ai pas trouvé de pensées philosophiques personnelles dedans. J'apprends la mort de Maurice Richard. Montréal doit être sous le choc.
Le journal de Laura Palmer est de plus en plus prenant. J'ai rendez-vous vendredi soir avec une fille qui occupe mes pensées depuis quelques temps.

Mai (31). J'ai enfin terminé l'informatisation de ma vidéothèque. Il me reste à refaire les étiquettes des cassettes, j'en ai encore deux à récupérer. J'ai un rendez-vous le 9 juin non loin du vidéo club tenu par Thierry. Je profiterai de l'occasion pour qu'il me prête Twin Peaks.
Je suis aller voir l'atelier d'une sculpturale sculpteuse sur métal. Il y a moyen de faire des affaires, de se débarrasser de divers objets métalliques. Suis allé ce soir boire de la bière avec un ami. Ce n'est plus ce que c'était. Il y avait presque personne. Nous et trois filles qui avaient l'air beaucoup plus bourrées que nous.

Juin (1er). J'ai oublié hier soir de remettre la radio sur France Inter. Ce qui fait que ce matin, j'ai été réveillé par Europe 1 et par émission surréaliste sur les Pokemons.
J'ai trouvé plein d'idées de collages artistiques. Je vois maintenant comment personnaliser mes anciens et futurs collages. J'ai fait une balade imprévue à Roanne cet après-midi. J'ai trouvé sur la toile mondiale, 15 annonce pour des emplois dans les départements voisins.
J'ai eu un appel d'Elodie. Elle rentre d'une année de fac à Lyon.

Juin (2). Je suis allé au jardin, puis allé voir l'un de mes cousins. J'ai répondu à cinq annonces d'emploi. Pour ça, je fonctionne par à coup. Pas beaucoup de temps pour la création. A part deux nouvelles idées de nouvelles. Je ne dois perdre le fil de mon coup de speed au niveau du collage. Je dois finir ces fameux collages dont j'ai trouvé la touche finale hier. Et puis Elodie m'a appelé pour confirmer le rendez-vous de ce soir. Elle avait l'air excitée.

Juin (3). La soirée d'hier soir fût bizarre. Elodie a bien changé, contrairement à ce que je supposais. Elle profite bien de la vie, avec des excès. Ca m'a fait du bien de la revoir.
Ca fait deux jours que je n'ai pas poursuivis mon journal intime. Ce qui a le don de me mettre mal à l'aise, ou est-ce la réunion de ce matin pour le festival, réunion qui a accouché d'une petite souris ? J'ai l'impression qu'on n'avance pas, pas comme je le voudrais, pas à la vitesse que je souhaiterais. Est-ce l'article que j'ai à faire pour la presse ? Je devais appeler Lyse mais je n'avais plus trop le goût, et mon état n'allait pas avec un coup de fil aussi important à passer. Bref j'ai eu un coup de spleen du milieu de l'après-midi jusqu'à maintenant. Ca va mieux, Pierrette m'a téléphoné, nous irons boire un coup ce soir, nous nous raconterons nos malheurs, demain elle me coupera les cheveux.
Ma vie défile trop vite, il me faudrait des journées de plus de 35 heures. J'ai l'impression de ne rien faire de productif alors que je suis occupé toute la journée à des choses que je trouve cependant futiles parfois. Je suis bien inspiré aujourd'hui pour ce journal, ce qui confirme ma théorie du rapport de la créativité sur l'état psychologique. Je ne sais pas où aller pour chercher du travail. Que de choses à faire, que je délaisse souvent. Je me suis décidé depuis hier à vraiment chercher les deux choses qui me manquent pour être digne. L'art ne suffit pas pour l'instant, car je ne suis pas reconnu. Mais je ne suis le genre à faire des concessions. Très peu pour moi. Je laisse ça pour les faibles. Vivement demain que j'appelle Lyse, et que cela se passe bien.

Juin (4). Week-end qui sort finalement de mon ordinaire. Retrouvailles vendredi soir, retrouvailles hier soir. Nuit à la belle étoile, week-end en faux-semblant. Un grand bol d'air. Lyse ?
Aujourd'hui, je me suis fait couper les cheveux très court. Je trouve que j'emploie beaucoup de canadianisme, "toile", "cellulaire", bientôt "mitaine".

Juin (5). Une nouvelle idée de nouvelle, que je commence à écrire spontanément. Une nouvelle pensée philosophique. J'ai repris mes journaux, de septembre à novembre 1991. Laurent, résidant de peu à Paris et qui à des projets artistiques, m'a appelé pour me dire qu'il rentre ce week-end. On pourra causer projet. Bonne journée.

Juin (6). Coup de fil d'une radio pour entretien d'embauche. Belle occasion de se remettre dans le bain de la musique avec des contacts avec des maisons de disques.
Toujours des idées de nouvelles. J'en ai maintenant 61. Certaines prennent une belle tournure. Je vais bientôt me renseigner pour les faire éditer. Je dois en faire une, la première de la série, pour le début du mois de juillet. Je termine l'année de l'agenda 1991-1992. Je n'arrive pas à dater certains événements qui me reviennent à l'esprit. Pour affiner ce travail je relis toutes les lettres que j'ai conservées. Ca fait une drôle de sensation. Plus forte que la lecture de ces agendas. Je pense à toutes celles qui ont eu la chance de recevoir une de mes lettres. Elles pourront dire, dans plusieurs années, qu'un écrivain leur à écrit. Quelle belle ironie ! Toutes ces lettres sont des témoignages de ma passion pour l'écriture. Je m'aperçois que je n'en reçois plus. Que je n'en écris plus. Temps modernes…
J'ai un coup de fil JC de Paris qui m'avait hébergé à la Toussaint. Je lui avais demandé de se renseigner à propos d'une boite en face de chez lui, qui à passé une annonce étrange dans Libération. Il m'informe plutôt sur l'infortune amoureuse d'un ami commun.

Juin (7). Mon entretien la semaine prochaine permet de me concentrer essentiellement sur l'écriture. Je me dis que serais peut-être pris et que cela ne vaut pas la peine de consacrer trop de temps à la recherche d'un emploi. J'ai tout de même envoyé sept candidatures entre vendredi et lundi. A 12 heures je reçois un appel pour un autre entretien demain, à Lyon, pour un poste d'assistant de direction dans un grand club sportif.
Je lis beaucoup de lettres. Je rédige le journal de 192-1993, et ses notes, jusqu'au fameux voyage à Venise.

Juin (8). Entretien à Lyon. Voyage sous une canicule. Bien passé. Fais quelques ébauches de nouvelles.

Juin (9). Encore des coups de fils. Encore un entretien pour un boulot la semaine prochaine. Encore une chaleur du tonnerre. Encore des kilomètres en voiture.
Je suis passée voir Rachel pour voir ce que je pourrais lui donner en matériel de sculpture. J'ai rédigé le voyage à Venise dans mes journaux. Je craignais ce cap à me souvenir, je n'avais rien noté sur papier mais beaucoup d'éléments me sont revenus. J'ai encore une tonne de travail à faire, notamment à préparer sur plusieurs supports mon entretien dans une radio, jeudi.

Juin (10). Avec Laurent, j'ai parlé projets de livre, bandes dessinées, ensemble. Il a l'air sur la même longueur d'onde que moi. Il aime ce que j'écris.

Juin (11). Vu le temps qu'il a fait hier soir, orageux, je ne suis pas sortie. J'ai lu Marie-Claire et d'autres revues pour veiller jusqu'à 2h00 du matin, pour suivre le game 6 de la Stanley Cup. Encore des prolongations ! A 5h j'ai décidé d'enregistrer la fin, en espérant qu'il n'y aura pas trop de prolongations comme l'an dernier où j'avais loupé le but final après plus de sept heures de jeu ! En plus j'ai programmé un film, Galactica, à 7h30.
En me levant, je vérifie la fin de la cassette de 240 minutes : elle se termine par Armageddon, ce qui veut dire qu'au moins j'ai la fin du match. Ce film est normalement programmé après Galactica. Mais si les prolongations dure plus de deux heures…. Le match se termine après 30 minutes d'over time. Content de la victoire des Devils du New Jersey. Rassuré par les nouvelles de Petr Sykora, sauvagement agressé par le capitaine des Stars de Dallas, Derian Hatcher. Honteusement impuni. Il y a d'ailleurs beaucoup de décisions surprenantes des arbitres, toutes en faveur des Texans. Apparemment Galactica est en entier sur la cassette. Je le regarderais ce soir, avant le game 3 de la finale N.B.A. et d'avoir des nouvelles sur l'entorse de la cheville de Kobe Bryant. Dans le journal, il y a un article sur les artisans d'art. Rachel est en photo. Hasard ou coïncidence. Je pense beaucoup à elle depuis hier.
Entre le foie gras et les frites, je reçois un appel d'Elodie. Elle s'ennuie et veut que j'aille la chercher. Ce qui ne me dérange pas.

Juin (12). Hier avec Elodie, j'ai retrouvé un peu de moi il y a quelques années. Je me sens mieux. Je veux rencontrer une compagne, ce ne sera pas elle, mais le temps passé avec elle peut m'être profitable d'un point de vue conseil avec le sexe faible. On a bien rigolé.

Juin (13). Achevé le journal de 1992-1993. Eprouvant sentimentalement. Retrouvé le contact avec le leader spirituel de mon premier groupe, au début des années 90. Il a arrêté le groupe, mais bosse comme technicien du son. Pour le prochain festival peut-être que je ferais appel à lui. Ca me fait plaisir de l'avoir eu au bout du fil.

Juin (14). Voyage à Dijon sous la canicule, pour deux entretiens. Odeur de sulfateuse à travers les vignes, vignerons bronzés, grillés. Arrivé sur le campus, je sais que je vais voir, apercevoir, des visages connus. En traversant l'allée me menant à mon premier rendez-vous, je vois une ancienne prof. Et puis en ressortant en me disant que je n'avais reconnu qu'elle, je tombe sur un ancien, de ma génération, le dernier des dinosaures.

Juin (15). Autre entretien, dans le désert situé à l'Ouest de Dijon. On m'a gâté. Si j'ai à choisir entre ça et le campus, je crois qu'il y a plus d'avantages au campus. Si j'ai le choix…

Juin (16). Appel de Dijon pour un second entretien. Débarrasser d'objets métalliques par Rachel. Passer voir Elodie. Je commence le journal de 1993-1994.

Juin (18). Un concert celtique hier soir, près d'une église dans un petit village. Moins bien que l'an dernier. Une soirée manquée. Un dimanche banal. J'en ai oublié les sœurs du sud. Je n'y pense plus, leur contact a vite été rompu. J'avais, les jours suivant le mariage, la déraison du sud.

Juin (19). Encore un voyage sous la canicule. Je ne sais plus quoi penser de mes entretiens. Je continus mes journaux. J'en suis à la rentrée universitaire. Cette année universitaire me sert de base à un roman que j'ai écrit à l'époque, mois par mois. C'est un travail intéressant de partir de faits réels pour faire un roman de fiction pure.

Juin (20). Pris trois livres à la bibliothèque municipale, Le dernier journal de Livingstone, L'histoire de l'extrême droite en France, et un autre ouvrage, Fin de siècle en solde, que je tenais à lire pour comprendre des points de vue différents de son auteur par rapport aux miens.

Juin (21). Je passe de plus en plus de temps à travailler sur le festival. Beaucoup de réunions, de coups de téléphone avec les médias et des groupes sélectionnés. J'ai deux nouveaux entretiens en vues pour la semaine prochaine, dans la région de Lyon.
J'ai passé la soirée de la fête de la musique avec Elodie, Oliver et sa voisine Nat, qui est de ma famille par alliance.

Juin (23). J'ai assisté à la finition de l'affiche du festival et des flyers à l'imprimerie, jusqu'à 21 heures.

Juin (24). Centenaire de la chapelle de Dun, embrasement de la chapelle à 23 heures, nous arrivons juste à l'heure. Il y a toujours du vent, mais beaucoup plus de monde, forcement que d'habitude. Avec Oliver et Nat.

Juin (25). Je dois me remettre à la relecture et la rédaction de mes écrits. C'est vraiment une thérapie contre le mal être. Si je ne me soumets pas à ce travail, je me sens mal.

Juin (27). Je m'épuise depuis deux jours à comprendre des logiciels en vues de mon entretien de vendredi. Et aussi à arroser le jardin. Mais je sens que, enfin la pluie va tomber. L'orage semble arriver. Demain, le temps sera pour une fois respirable pour mon trajet en voiture.
J'ai repris mes journaux. J'en suis à mars 1994. C'est épique comme époque.

Juin (28). La ville où je me rends pour l'entretien est sympathique. Sur un plateau, et à 60 km de chez moi. Plus proches en temps et en distance que je pensais. Et dire que je n'y suis jamais allé.

Juin (29). L'entretien d'hier s'est mieux passé que je ne pensais. On me contacte pour me signaler que je tiens la corde. Je leur ai parlé de mon entretien de demain. J'ai involontairement fait monter les enchères.
Surchargé par mes diverses obligations, mes divers déplacements, je trouve le temps de prendre un petit court d'informatique sur la création de pages internet. Demain, j'ai un entretien pour un poste dans le domaine du multimédia, dans la banlieue lyonnaise.
Je récupère les dépliants du festival.

Juin (30). Dans le train qui me mène à Lyon, je rencontre deux sœurs à qui je file un tract de mon festival. Je passe l'entretien. Pierrette m'héberge. Je prends une carte de transport à la journée et j'en profite pleinement. Métro, bus, funiculaire. A Fourvière, je trouve le calme comme aux théâtres romains. Ces endroits lyonnais à touristes sont un havre de paix.

Juillet (1er). Je me lève à 9 heures mais je sors du lit à 10h30. J'ai regardé la fin du film d'hier soir, Les enfants du marais. J'ai envie de kebab. Dans toutes les rues ça déménage. On est bien le 1er juillet, pas de doutes là-dessus. C'est le bal des déménageurs. En rentrant des courses, le journal et la bouffe, je tombe en bas de l'immeuble de Pierrette, sur un rappeur de LC. On se rencarde pour l'après-midi chez lui où je reste bloqué jusqu'à 17 heures à parler de son groupe et de foot. Le temps est enfin à l'orage. Puis, retour à LC.
Vers 1 heure du matin, alors je j'allais bientôt rentrer me coucher, je reçois un coup de fil de Nat, qui va peut-être changer bien des choses : elle m'invite à boire un verre chez elle, précisant qu'il y avait deux copines. J'y vais. On boit, on fait un tour autour du lac. Je tâte le terrain. Je ne pensais pas qu'on allait me monter une baraque.

Juillet (2). Je me suis dit que des deux femmes rencontrées hier soir, la blonde me plaisais plus que la brune. Comme Pol, mon collègue de café pense le contraire, tout va bien. Sauf que la brune veut me revoir ! Nat dit que ce n'est pas grave, que ça va aller avec la blonde.

Juillet (3). Je donne des affiches du festival à un pote, sur son lieu de travail, où je revois Cat la magnifique. Elle est l'une des directrices. J'ai fait celui qui ne la reconnaissait pas, mais nos regards se sont croisés profondément pendant une seconde. Je lui ai même parlé. On parle de sa fête prévue le 15 juillet, et de mes rencontres de samedi. Je commence enfin mon dossier de presse du festival. En écrivant ces lignes, je me rends compte que ça fait au moins une semaine que je n'ai pas écrit mes mémoires. Malaise.

Juillet (4). Je finis le dossier de presse. C'est terrible ! Je n'ai plus le temps pour mes journaux. Par contre j'en ai plein à lire à cause de la victoire de la France dans l'Euro 2000. J'attends pour demain la réponse pour le poste d'animateur multimédia, et peut-être un coup de téléphone de Manu, rencontrée samedi.
J'ai une lettre de Laurent : toujours des projets en tête.

Juillet (6). Je découvre les résultats du bac. Beaucoup du lycée l'on eut. Pas de grosses surprises. Si quelques-unes unes. Je vois que la sœur de Claire vient de le décrocher. Je vieillis en voyant ça. Pas de Manu pour le barbecue de samedi, si on le fait. Nat m'a filé sur numéro de téléphone.
Je finis deux semaines de boulot pour le festival. Il faut que je me repose quelques jours. J'aurais bien passé le week-end, long, du 14 juillet avec Manu. Tant pis. Peut-être qu'un de mes potes fera sa fête à cette occasion. Ca évitera des interférences entre plusieurs femmes. J'ai envie de me consacré à d'autres filles des alentours.

Juillet (8). Je n'ai pas beaucoup de temps libre entre la préparation du festival, l'entretien des jardins et mes déplacements. Je suis fatigué. J'ai envie de me coucher, de rester allongé toute la journée à ne rien faire. Paradoxalement, à l'approche du festival, mon boulot est presque fini. J'ai juste à participer à une émission de radio, contacter les médias de la programmation finale. J'ai vraiment besoin de repos. D'un bon massage.
Ce soir nous devons aller à un festival à 25 kilomètres d'ici, avec Oliver, Nat, Gros, Fati et les autres. Manu ne sera plus fatiguée et viendra peut-être. Si Nat la convainc. Un 14 juillet chez Manu est toujours envisageable.
Je remets à mes journaux, chose laissée de côté depuis dix jours.

Juillet (9). Pas de Manu hier soir. Soirée pas terrible, rien d'extraordinaire, du moins. Aujourd'hui repas de famille, montée à Dun. Un temps gris, on se croirait en novembre ou en Bretagne. Un temps idéal pour poursuivre mes journaux. Je ne sais pas ce que je fais ce soir. J'ai envie inexorablement de marcher dans les rues de la ville. Pour voir les choses du bon côté. Peut-être que je vais tomber sur des personnes que je connais. Finir dans l'imprévue.
Je dois avouer à travers ces lignes que je sais avec qui j'aimerai bien être ce soir et tant d'autres : une femme qui était avec moi au lycée, en cours d'espagnol. Elle habite dans le quartier depuis un an ou deux ans. Je ne l'aperçois que de temps en temps, quand je suis attablé en terrasse du Central café. Elle semble revenir du taf ou des courses. Elle porte souvent des grands sacs de shopping. Elle semble seule. Je ne l'ai jamais vu avec quelqu'un. Où travaille-t-elle, que fait-elle de son temps libre ? Manu ? Les sœurs soleil sont oubliées. Totalement oubliées. Je devais avoir un peu bu ce soir là, et l'alcool me tenant toujours dans des délires de deux jours après. Le mauvais côté du champagne.

Juillet (10). Comme je l'ai écrit hier, sortir pour marcher peut avoir deux avantages : l'oxygénation du cerveau et des rencontres imprévus. Je suis tombé sur Nat. On a parlé de moi, de futures sorties et de Manu.Avant de me coucher, j'ai vu un beau film hier et son nom c'est If only.
J'ai fait un rêve. Je commençais un job dans une usine de récupération. Le premier jour c'était bien passé. Je retrouve des personnes que je connais. J'arrivais à faire ce que l'on me demandait. Mais le second jour, je me croyais dans un décor de Chapeau Melon et Bottes de Cuirs : plus personne, à 8 heures j'étais seul dans l'usine, à mon poste. Je me disais que j'aurais peut-être la possibilité de faire la grande étape de montagne du Tour de France. On est bien dans un rêve. Dans l'après-midi. Déjà, en arrivant à l'usine, je n'avais pas fait attention, mais il n'y avait que 2 ou 3 voitures sur les parkings. J'arrive toujours en avance pour avoir le temps de fumer 1 ou 2 Benson. Je me suis dit que beaucoup d'employés devaient être en vacances. On est début juillet. Après, je suis tombé sur deux amis, qui me disent qu'il n'y avait que le personnel administratif. Il y avait 300 licenciements. L'entreprise fermait. Cette boite avait le même nom qu'une autre qui avait déjà coulé. Je vis par la fenêtre Bernard Lama et Dino Zoff parler. Je m'adressa à l'Italien, en anglais, pour lui raconter mes malheurs, ces 300 personnes se retrouvant au chômage. C'est tout ce que je me rappelle de ce rêve.
Le temps est toujours légèrement gris. Continuons et finissons 1994. Je devrais aussi lire Sur le rêve de Freund.
Je travaille en réunion jusqu'à 22h30 pour le festival.

Juillet (11). Le temps s'est encore un peu plus rafraîchit. Je retourne à mes explorations temporelles et temporaires du passé. Je n'avance pas beaucoup dans les jours. Depuis hier, en quelques heures, je n'ai progressé que de 15 jours. Il faut dire que du 1er au 15 avril 1994, il s'en est passé des choses, et qu'il faut beaucoup de mots pour exprimer certains maux.
Actuellement, je cherche à gérer au mieux ce pont du 14 juillet, tout en attendant avec impatiente la réponse pour le poste d'animateur multimédia dans un petit village de la Loire. J'ai un programme chargé pour jeudi et vendredi, avec deux déplacements par jour. Plus une émission de radio et des affiches à distribuer pour le festival. Je dois recruter pour la fête de mon pote Thierry, des filles de préférences. Les deux de l'autre jour, Pierrette, Pol …

Juillet (12). Je vais boire un verre avec un ami avec qui j'étais allé en Allemagne l'été dernier. Je vais marcher un peu.

Juillet (13). Courses à Roanne l'après-midi, où j'ai vu et dit bonjour à Hilda, la brune qui voulait me revoir. Une émission de radio en début de soirée. Pour la première fois depuis des années, je ne vais pas à la boite pour une veille de 14 juillet. Pas le goût. La pluie est continuellement présente depuis lundi, le vent, le froid. Je vais au café avec Pierrette, puis chez des amis où d'autres nous vont nous rejoindre. Bonne soirée où l'on rigole beaucoup.

Juillet (14). Braderie bradée par le climat. Barbecue géant à Montceau-les-Mines, où j'emmène Pierrette et Pol. Mélanges incertains, gin coca, pastis coca, vin rouge, bière blonde, bière ambrée. Limite du hors-jeu. Le temps est toujours maussade.

Juillet (15). Réunion pour préparer le festival. Après-midi à la terrasse d'un café où nous captons des petits rayons de soleil. Prévision d'une randonnée pour le 22. Soirée au chez des amis puis au Roadhouse, le squat bis. Bonne ambiance. Je retrouve une ancienne élève du lycée, je donne des contacts à un groupe de rap.

Juillet (16). Je n'ai pas eu le temps de téléphoner à Manu. Pas le temps, peut-être pas le bon week-end. Mine de rien, je suis sortis tous les soirs de la semaine.

Juillet (17). Encore de la route. Coup de fil d'une jeune journaliste pour faire des interviews de groupe pour vendredi. Déjà la quatrième à rencontrer…

Juillet (18). Second entretien dans une radio. Voyage sous le soleil, mais pour une fois, j'ai trouvé cela agréable. J'ai la réponse demain pour un poste d'animateur. L'angoisse monte. J'ai peur d'être recalé même si l'on m'a dit que j'étais bien placé.

Juillet (19). Il est 14 heures. Toujours pas de réponse. Je ne sais pas comment je vais m'en remettre si je ne suis pas pris. Le festival, qui a lieu dans deux jours, occupe mon esprit y compris la nuit.
J'ai passé beaucoup de temps à faire des cartes de visite pour le festival. J'ai perdu deux heures cet après-midi, mais finalement je viens de parvenir à mes fins. Elles sont bien réussies. Je peux dormir l'esprit libre, rassuré de mes capacités d'apprentissage, de réflexion. Enfin presque, car on ne m'a pas rappelé pour le poste d'animateur alors que la réponse était fixée, quelque soit le choix, à aujourd'hui. Pendant ce temps, je n'ai toujours pas téléphoné à Manu.

Juillet (20). Jour de chance ! Je gagne bien eux fois aux grattages, mais j'essuie encore un revers d'embauche. J'ai l'impression que tout le monde travaille sauf moi. Je vais me reposer quelques jours après le festival. Je vais me plonger à corps perdu dans mes écrits, dans mes projets. Puisque là, au moins, personne ne me mettra des bâtons dans les trous. Mais comme je le redoutais, je vais vivre, sauf miracle, un été d'exclusion sociale. Ce soir je n'ai goût à rien. J'espère que demain au festival, je ferais de belles rencontre. Avant de me coucher, je récupère des annonces sur la toile. Dont une concernant un établissement scolaire de LC. Ce qui me soulage un peu, me redonne de l'espoir.

Juillet (21). Je réponds à l'annonce de l'établissement d'études secondaire pour un poste d'animateur socio-éducatif. J'ai l'esprit ainsi, un peu plus libre. Stressé à l'approche du festival. Soulagé quand on me dit qu'on rentre dans les frais.

Juillet (22). Je me lâche devant la connerie d'un membre de l'organisation. Ses remarques depuis hier, ont été intolérables. Je pense arrêter toutes mes activités avec l'association. Quelque chose est cassé. Je suis allé dans la nature avec des amis. Ca m'a fait du bien. Je suis fatigué, j'ai mal et peu dormi. J'ai mal au dos depuis hier où j'ai voulu décharger des caisses de boissons. Ce soir on fait un barbecue. Manu viendra peut-être vers la fin. Je crois que j'ai sous-estimé ses sentiments potentiels pour moi. Mais je pense toujours à l'autre fille qui était avec moi en espagnol. Je l'ai aperçu à midi, à la terrasse du café. Quand pourrais-je l'accoster dans la rue ?

Juillet (23). Je suis à peine remis du barbecue d'hier soir. C'était dans un cadre perdu, loin de tout. Pas une maison à l'horizon, au bord d'un lac. Un feu. Il manquait tout juste de la musique.

Juillet (24). J'achève Les jours en couleurs, d'Yves Simon. Je ne vois pas où il voulait en venir. Pourtant j'aime bien cet écrivain, auteur, compositeur. J'aime son style. Pour ma part, j'ai eu une journée prolifique : deux ou trois nouvelles idées de nouvelles, sept ou huit pensées.

Juillet (25). J'ai fait un cauchemar. Maintenant que j'ai fini le livre d'Yves Simon, je vais pouvoir survoler Sigmund Freud pour analyser mes rêves. Je pense que je vais organiser un barbecue sur ma terrasse ce week-end, vendredi ou samedi, tout dépendra du temps.
J'ai enfin fini dans mes journaux, d'écrire le récit du 15 avril 1994. Il faut dire que ce fût une journée particulière. J'ai mis presque une semaine pour y arriver, mais je ne voulais pas mal faire les choses.

Juillet (26). Je reprends l'écriture de mes journaux, maintenant que je suis bien lancé. Je téléphone à Manu pour l'inviter à mon barbecue. Mais elle est déjà invitée. Je crois que je vais mettre son cas de côté.
Pierrette est de retour en ville. Elle est en vacances. Elle propose de faire un tour à l'air de loisir. Je l'ai senti très romantique en regardant le ciel étoilé. Ma tête a tourné, je me suis senti très mal, pas assez bien pour faire le tour du parcours de santé. Je suis pris de spasmes et de montées de chaleur, des jambes au ventre, en me couchant. Je n'ai pas tout compris de cette soirée…

Juillet (28). Je continue mes journaux. Des regrets et des remords me viennent à l'esprit à l'évocation de certains souvenirs. J'ai fini l'agenda 1993-1994.J'organise un barbecue sur ma terrasse. Pierrette me lâche plus tôt que je pensais. Les autres ne voulaient pas aller sur la colline.

Juillet (29). Je vais voir Laurent, chez lui, dans un petit coin de campagne assez rassurant. Et là, il me sort une vieille lettre de dix ans, que j'avais écrite, et qu'il devait transmettre à un ami d'enfance, alors que je m'apprêtais à quitter la Cité Scolaire. Je n'en suis pas encore revenu.
Pierrette fait la fête ce soir avec des anciennes voisines de Roanne. De ce fait, sans ma meilleure amie, je m'emmerde un peu même si les autres sont cool.

Juillet (30). Je téléphone à Elodie. Mais personne chez Elodie quand soudain, Pierrette me joint. Finalement on regarde Yellow Submarine en vidéo. Nous sommes déçus, mais à notre décharge, nous étions nets, nous n'avions rien pris.

Juillet (31). Piscine avec Pierrette, on fait notre kilomètre. On discute chez elle de sa recherche d'un nouvel appartement. Nouveau barbecue le soir sur ma terrasse, avec Nat et Oliver. Elle a trouvé une occasion, je la convainc de visiter tout de suite cette occasion. Ce que nous ferons demain, deux avis valent mieux qu'un.

Août (1er). On part à Lyon de bonne heure. Il fait chaud toute la journée, l'appartement est sympa, je lui dis de ne pas hésiter une seule seconde, de sauter sur l'occasion. Sur la route du retour, j'ai un coup de fil pour un entretien à Digoin, pour un poste dans une bibliothèque. En rentrant chez nous, nous n'avions qu'une envie : nous jeter dans la piscine.

Août (2). Je me rends compte que je ne lis plus, je n'écris plus, je ne regarde plus la télévision. Lucien, que nous avons ramené hier de Lyon, viens chez moi. Le temps est gris, jusqu'à la fin de l'après-midi. Avec Pierrette, on va chercher une pizza, infâme. Elle est fatiguée, rentre tôt chez elle. J'ai beaucoup d'affection pour elle. Je vais lui faire une surprise : le plan d'aménagement de son nouvel appartement, à accrocher au mur. Il n'empêche que j'ai eu peu le spleen. Qu'elle en est la cause ?

Août (3). Aujourd'hui, c'est moi qui fait la pizza, que nous allons manger ce soir chez Nat et Oliver. Piscine avec Pierrette. La pluie nous stoppe dans notre élan

Août (4). Je crois que je me suis claqué à la piscine. Tellement fatigué, et peu motivé, je reste chez moi ce soir.

Août (5). Je revois Pierrette avant qu'elle ne reparte pour Lyon. Toujours la pluie. Le soir je m'ennuie un peu. Il fait froid. Je fais le soir une émission à la radio pour faire le bilan, positif, du festival. En fait, je me fais plaisir en parlant plutôt de vieux trucs trouver ici et là dans les bacs de la radio, comme Abba. Je me propose de venir régulièrement dans l'émission pour parler d'artistes ou d'albums qui m'ont marqué. J'aime mieux parler de ce qui me plait, plutôt que de casser des nouveaux albums. Je laisse ça pour les grandes radios et leurs animateurs.

Août (6). Mon spleen a atteint son paroxysme hier soir. Je me remets à l'écriture, après dix jours de semi-léthargie intellectuelle. Je trouve un nouveau nom pour mon recueil de poème. D'ailleurs, j'en ai écris trois en deux jours. Je suis fertile, je le dois à elle. Je lis enfin la lettre que m'a donnée Laurent. Dans cette lettre, je demandais des renseignements pour retrouver la trace de Claire ma plus grande amie d'enfance, qui habitait dans le même immeuble que le gars que j'avais revu à la Cité Scolaire bien des années après. J'allais en fait, la retrouver quelques mois plus tard, en voyant son nom sur la liste des reçus au bac. Je lui conseillais dans cette lettre, de se méfier d'une certaine sainte-nitouche.

Août (7). Je contacte Elodie pour qu'elle vienne me voir l'après-midi. Elle vient chez moi alors que je suis en plein dans la rédaction de ce journal. Bavardage, etc. Elle me surprendra toujours. J'invite le soir, un camarade du voyage en Allemagne de l'an dernier. Je téléphone à Nando pour qu'il me confirme qu'il rentre au bled ce week-end. Nous irons voir Laurent, ils ont plein de choses à ce dire au niveau professionnel.
Je retrouve progressivement mon appétit.

Août (8). Je reprends totalement mes activités intellectuelles, avec la poursuite de mes journaux, en rajoutant notamment les moments où j'ai rencontré trois filles : Pierrette, Steffy, et une autre, plus funeste.

Août (9). Je suis allé au jardin de bonne heure, pour récolter courges et pommes de terre. Laurent est venu manger à midi. Nous sommes allés à la piscine, pour mater. Nous avons revu les deux Anglaises que nous avions aperçues à la terrasse du café : elles se baladaient en short et bikini, une grande blonde et une belle brune de taille moyenne. J'appelle la blonde affectueusement Big Tits, ce qui est sans équivoque. Elle lit beaucoup, Big Tits, elle aime la glace. Le soir je mange chez Nico, le camarade d'Allemagne.
Toujours à la recherche de K, cette fille qui était avec moi en cours d'espagnol. Je scrute depuis la terrasse du café Central. Presque tous les jours. Aux même heures. Avec le même livre, Wilderness. D'ailleurs, je me demande ce que je vais devenir quand je l'aurais fini. Je l'ai commencé à la Toussaint, juste avant de visiter la tombe de Jim Morrison. Je crois que je vais acheter ses autres recueils : Arden lointain, Une prière américaine, Seigneurs et créatures. Au rythme de deux ou trois poèmes par jours, cela devrait durer encore plusieurs années. Mais, quand j'aurais lu tout Morrison ? Quel autre auteur peut prendre le relais pour mon entretien intellectuel ? Kurt Cobain, Léonard Cohen ?
Je crois qu'il faut que je rappelle Steffy, avec qui j'ai coupé les ponts depuis le 1er janvier. Elle pourra me donner des indications de temps sur certains événements pour mes journaux. J'ai du mal à situer précisément mes rencontres avec les trois filles dont je parlais hier.

Août (10). Rendez-vous pour un poste dans une bibliothèque, à Digoin. Juste avant, coup de téléphone que j'attendais depuis longtemps pour un autre poste, plus prés de chez moi, et mieux payé. Ca va bien.
Nouvelle idée de nouvelle, avec l'inspiration que j'ai eut depuis hier … Le soir, je regarde The big Lebowski, pour la seconde fois. Comme pour Deadman, le deuxième visionnage m'a paru plus court que le premier. J'ai flashé sur ces films. Je trouve plein de nouveaux surnoms à ceux du feu local, que je vois toujours. Je téléphone à Pierrette pour qu'elle m'aide à retrouver certaines dates, pour mes journaux. Elle ne m'en dit pas plus que la dernière fois.

Août (11). Grosses chaleurs estivales depuis mercredi et les deux Anglaises. Je commande à la librairie An american prayer, car j'aurais bientôt achevé Wilderness.

Août (12). J'ai encore trouvé des nouvelles boutades métaphoriques. Je vais bientôt atteindre la barre des 200. Je change déjà le titre de mon recueil : le titre Visions et sensations remplace Visions et réflexions.
Je vais voir Laurent avec Nando, l'après-midi. Puis, je dois aller chercher mon agenda annuel. J'y vais et je vois une sainte. Ses seins. Le soir j'ai une discussion intéressante avec Nando, même si mon idée de donner des nouveaux surnoms à tous ne le convainc pas. Où l'on apprend que nous avons fait des choses semblables au niveau de l'écriture ! On avait tellement de choses à raconter que j'ai omis de lui parler de ma proposition de l'inviter ponctuellement à la radio pour faire une chronique sur des vieux ou jeunes artistes. Nous partageons beaucoup d'idées au niveau de l'art et de la culture. Je suis allé chercher Elodie.

Août (13). Toujours la chaleur. Je passe ma soirée à regarder des vidéos de football.

Août (14). J'ai téléphoné à mon pote Thierry, le roi du barbecue. Je le pousse à inviter un maximum de femmes célibataires pour sa prochaine fiesta, qui doit avoir lieu le 26. Il me donne le chemin libre pour des vues sur une femme vu une fois dans son magasin.
Je passe voir Nat et Oliver, mais entre-temps, je me suis fait piquer par une guêpe. On me prodigue les premiers soins. Mon bras a enflé. Ca gâche un peu ma soirée. En plus il y a Manu chez Nat. On rigole, on va à la fête foraine, on va au bout de l'air de loisir, on va à Dun. Je crois qu'après cela, je confirme mon point de vue : je n'ai pas envie de la connaître d'avantage.

Août (15). Je vais chez le médecin parce que mon bras a encore enflé durant la nuit. La peau est bien tendue. Ca me gratte est ça me fait la même douleur que pour un bleu. Cortisone.

Août (16). Ca va beaucoup mieux, mon bras a désenflé. Je peux reprendre mes activités intellectuelles. Je vais essayer de finir mes journaux de septembre 1994 à décembre 2000, avant le 1er septembre. Mission impossible … J'en suis à octobre 1994. Il faut que je pense à préparer l'entretien de vendredi. Dimanche j'aurais l'esprit libre pour mettre de la musique classique au concours hippique.
Je devais aller voir une fleuriste pour une poterie, mais je crois que je vais attendre deux semaines. J'ai eu Pierrette au téléphone, elle est d'accord pour revenir à une fête de Thierry, pour le 26 août, normalement.

Août (17). J'ai eu un hoquet pas possible hier soir, en visionnant deux navets français de science fiction. Encore ce matin, ça m'a repris. Je suis allé au jardin où j'ai énormément de travail : désherber presque tout, notamment le carré des allium, ails, oignons, échalotes. J'ai ramassé encore deux grosses courges, trois kilos de tomates, un peu de haricots.
Je dois poursuivre mes journaux, en essayant de finir aujourd'hui l'année 1994. J'ai aussi un nouveau poème, sur la date du 29 mai, suite d'une chanson écrite il y a 10 ans. Également, je m'amuse à faire une compilation de dance-music, à partir d'un compact que m'a passé Nat, lundi soir.

Août (18). Toujours des crises de hoquet, hier soir, cette nuit. Fatiguant. J'ai passé mon entretien au sommet de la ville. Superbe panorama, du boulot en perspective. Dernière chance de rester dans le coin, j'ai un autre entretien pour un poste similaire dans la même bibliothèque que le 10 août dernier.
Pour ce qui est de mes journaux, je bloque un peu sur une période assez chaude, situé entre fin octobre et début novembre 1994.

Août (19). Ca fait trois jours que je suis à la bourre du matin au soir. Lien avec le hoquet ? Il ne m'a pas réveillé cette nuit. C'est déjà ça, mais je sens que cela peut recommencer à tout instant, même si j'ai pris hier à la pharmacie, des comprimés contre ces spasmes.
Au niveau de mon journal, c'est une journée productive. Deux nouvelles pages, j'en suis à la mi-décembre, et je compte encore en faire un peu avant de sortir.
Soirée où rien n'était prévu et qui se révélera comme une soirée où il n'y avait vraiment rien d'organisé. On nous force pour suivre des personnes à un thé dansant à la dernière minute, pas le temps de discuter vraiment. Aucune information ne nous a été transmise. Entre les personnes qui ont eu l'idée de cette sortie, il manque aussi de communication. Par exemple, j'avais bien dit que ça m'étonnerai au vu de ma tenue qu'ils me laissent rentrer dans le thé dansant. Je n'ai pas eu le temps de me changer puisque prévenu au dernier moment. Comme je ne suis rentré, avec Pol, lui aussi mal habillé, nous sommes allés goûter des spécialités turques. Uniformité, qu'il demandait à l'entrée de la boite….

Août (20). Concours hippiques. Dès mon arrivée en cabine du jury, je me suis demandé comme l'an dernier, pourquoi ou comment j'avais atterri dans cette galère. L'amour de ce parc du château, et de la vue sur le lac qui n'est pas la même que le reste de l'année : être de l'autre côté du lac. Tout ce qui est hautain est autour de moi. Je sens la bourgeoisie et l'aristocratie galopante, me donner des montées de tension. Il fait un temps lourd. Je suis là pour aider à mettre de la musique, et à transmettre des informations. Ma débrouillardise me rappelle les concerts gratuits que je faisais à Dijon. Je me crois revenu l'an dernier pour ce même concours hippique : les mêmes personnes, le même climat météorologique et humain. Comme si c'était hier ! Je ressens les mêmes sensations, je me pose les mêmes questions. Quand vais-je pouvoir m'évader de ce lieu, plutôt de cette tâche ? Mais, cela me permet de serrer quelques louches locales et de glaner de précieuses informations sur l'avenir politique local, avec le festival comme point de vue. Pris par l'atmosphère, et mon boulot bien accomplit, je me dis, et c'est bien moi, que je serais encore là, l'an prochain, et que je pourrai même améliorer mes conditions de travail.
Je viens de terminer l'un des plus durs passages de mes journaux, le réveillon 1994. C'est une bonne chose de faite. Il reste cinq années, de janvier 1995 à décembre 1999. J'ai fait la moitié de mon travail de relecture des mes agendas. C'est une thérapie. J'expurge des souvenirs. Je trouve agréable de relire sa vie, de se rappeler de tout ce qui a été marquant.

Août (21). En lisant le journal ce matin, je suis tombé sur des photos de mariages. Il y en a de plus en plus. Cela revient à la mode chez les jeunes. Et sur tous ces mariages, deux concernés des filles qui était dans mes classes au lycée. Ce qui me fait penser plusieurs choses. Premièrement, de plus en plus de camarades de classe sont mariés, et ça fait de plus en plus naître en moi un sentiment d'isolement. Aussi, en voyant leurs professions, je me dis que les résultats du lycée ne veulent rien dire. J'étais meilleur qu'elles, et pourtant elles ont maintenant une situation. Je me suis écroulé après le bac, je n'ai pas su me motiver.
Comme le temps était doux pour transpirer, je voulais aller faire un jogging. Mais au moment où je sortais en vélo, il s'est mis à pleuvoir. Je n'ai pas insister plus de 500 mètres. Maintenant, l'orage a repris. Il fait un temps de fin de vacances. Nous sommes pourtant à 15 jours de la rentrée scolaire. Même si je souhaite que se soit ma dernière semaine de vacances. Il règne cette morosité.
Alors, je vais poursuivre mes journaux avec l'intéressante année 1995. Je dois d'ailleurs trier toutes les lettres que j'ai reçues. Je n'en ai jamais autant reçu que cette année-là. Parallèlement à cela, je finis ma compilation dance.
Je me couche énervé par la nouvelle exclusion de Patrick Viera. Ca commence à devenir lourd. Les Anglais sont en train de détruire leurs chances de revenir au sommet européen. C'est du racisme. Certaines brutes épaisses, comme Ruddock ou Roy Keane, peuvent vous tacler au niveau des genoux, personne ne dit rien !

Août (22). Je décide de me remettre à faire du sport régulièrement, Ca permet de faire des excès de cigarettes et autres abus. Mauvais coup. Encore un échec de candidature dans une école de LC. Je vais donc être obligé de m'expatrier, alors qu'ici, on embauche des personnes venant de l'extérieur, qui ne resteront pas toute leur vie ici, puisqu'elle ne ressente pas les ondes de LC. Je confirme de fait, mon entretien pour le 1er septembre à la bibliothèque. Il y a là-bas d'autres sources de motivations qui peuvent être intéressante. Je passe voir la secrétaire de l'association qui restaure la chapelle. Je lui dis que j'arrête toute activité associative. Je veux consacrer dorénavant mon temps à mes projets personnels. Chez elle, c'est reposant, et c'est fascinant de l'entendre parler. Elle peut parler du passé aussi bien que de la modernité. Elle est très cultivée.
Je contacte mes potes pour savoir qui rentre au bled ce week-end. Pierrette a finalement son appartement pour le 1er septembre, celui qu'on avait visité ensemble. Je prévois de modifier la configuration de ma chambre demain. Surtout le poste de travail informatique, il n'est pas pratique. Je vais mettre dans des cartons mes collections de bouteilles de bière, de thé. Je veux donner au nouvel aspect à ma chambre. Je dois trouver un lieu propre à l'inspiration artistique, en espérant que cela sera pour un temps très court. Cela voudra dire que j'ai trouver un job loin d'ici.
Pour ce qui est de mes journaux, j'ai relu beaucoup de lettres hier et aujourd'hui. Des lettres de copines. J'avais oublié certaines de mes qualités, en les relisant. Il faut que cela m'aide à reprendre confiance en moi. Quelle belle thérapie ces journaux ! Je finis le mois de mars 1995. J'ai pas mal progressé ces derniers jours. J'en suis à ma rencontre avec Sylvia.

Août (23). Comme hier, je débute la journée par un peu de sport. Comme j'ai quelques courbatures à cause du jogging d'hier, j'opte pour un petit tour de bicyclette. Je passe ma journée à refaire ma chambre, notamment mon bureau et mon poste informatique et artistique. Tout devient nettement plus fonctionnel.

Août (24). Je me lève très tôt. Un petit cross matinal, une douche glacée. La forme revient. Je me sens, après, beaucoup plus dynamique. Je fais un petit tour en ville, au Central. Je discute avec une charmante étudiante qui travaille l'été comme hôtesse. Elle a des idées communes aux miennes sur le plan tourisme et développement.
J'ai fini de ranger ma chambre, je peux reprendre mes activités intellectuelles et informatiques.

Août (25). Je trouve deux nouvelles idées de nouvelles. Je me demande si je dois faire une suite de nouvelles comme Bukowski ou un récit comme Apollinaire.
Enfin, le jour du tirage au sort de la coupe de l'UEFA est arrivé. Le FC Gueugnon va connaître son premier adversaire continental. La tension monte jusqu'à 14h30. Nous tombons sur des Grecs.
J'avance beaucoup dans mon journal : je finis ce soir au 23 juillet, soit juste après le départ de Sylvia. Ce soir nous devons aller à Dun avec Pol, Nando et son Elodie.

Août (26). Nous n'avons pas été à Dun hier, mais nous avons quand même bien rigolé, à l'aire de loisir. Je finis l'agenda 1994-1995. Dans la douleur et dans l'orage. Sylvia, c'était fini. J'ai passé trois jours dans ses souvenirs.

Août (27). De 12 à 13 heures, je fais le mois de septembre 1995. A ce rythme là, il faudra 46 heures de travail pour finir mes journaux, soit une bonne semaine. Je me donne finalement deux semaines pour y arriver, soit au 9 septembre, jour de ma fête, et jour de la fête chez Thierry, où il doit me présenter à une future ex. Je fixe donc à cette date, cet objectif ? J'espère que cela me motivera. Car quand j'aurais achevé cette tâche, je me sentirai diffèrent, libéré du poids du passé.
J'ai retrouvé au Central mes potes.

Août (28). À peine finie mon histoire avec Sylvia que voilà Hélène qui se profile. Ca devient de plus en plus passionnant. Je passe le cap mythique du 11 janvier 1996 ; découverte d'Hélène et enterrement de Mitterrand. Mois de février 1996. Ca m'a fait une émotion de me souvenir de cette période, de cet acte manqué avec Hélène. Et de me redire que je ne la reverrai plus. Encore 48 mois jusqu'au 31 décembre 1999.
Pierrette me téléphone et me dit qu'elle a vu en boite samedi soir Steffy.

Août (29). Je range de la paperasse, j'en élimine, je nettoie aussi l'ordinateur. Avec cette histoire de journaux, j'ai envie d'écrire ou de téléphoner à Steffy, ainsi que de reprendre le contact avec d'autres filles. À côté de cela, j'ai eu eux nouvelles inspiration, une pour les citations humoristiques, une pour les nouvelles pour adultes.

Août (30). Je suis allé m'oxygéner à la montagne de Suin. Il me reste 43 mois à faire en une semaine, pour mes journaux, c'est jouable à condition d'y passer pas mal de temps, de bien gérer mon emploi du temps.

Août (31). Un nouveau poème, venu à l'esprit en écrivant mes journaux. J'en suis au 1er septembre 1996. J'ai téléphoné à Thierry pour savoir où il en était pour les invitations pour sa fête du 9 septembre. Mais, par expérience je me méfie. Demain, j'ai un entretien important à la bibliothèque de Digoin. Un de plus…
m'ont marqué. J'aime mieux parler de ce qui me plait, plutôt que de casser des nouveaux albums. Je laisse ça pour les grandes radios et leurs animateurs.

Septembre (1er). L'entretien de ce matin c'est bien passé, presque dans un climat de rigolade. J'ai revu les membres du jury du 10 août.
Trois idées : deux nouvelles et une pensée. Je reprends mes journaux au 1er septembre 1996. Avant, je prends un bol d'air à Dun, doublé d'une excitante célébration de la nature : je sème graines et bulbes en haut de la colline. Il y a du vent. C'est bon. Je profite du paysage pour, enfin, finir Wilderness, de Jim Morrison. Après j'irais prendre une consommation à la terrasse du café Central et je serai apte à m'atteler à ma fastidieuse tâche d'écriture.

Septembre (2). J'arrive dans mes journaux au moment de ma rupture avec Hélène. Deux nouvelles pensées métaphoriques. J'ai réfléchi à ce que je ferais comme suite de travail intellectuel quand j'aurais fini mes journaux. Je crois que je finirai les dizaines de moutures de textes pour chansons, d'abord. Ensuite, je reprendrai 1991 et 1993. Puis les nouvelles et autres idées de roman. Suivre un ordre chronologique, logiquement. La librairie a enfin reçu Une prière américaine, de Jim Morrison. Moins de page mais plus de mots. Les paroles des albums. Quel pied je vais prendre !
J'étais très excité par l'approche du match de football France - Angleterre. Depuis une semaine j'y pensais. Un peu déçu quand même par le spectacle. Ce soir je suis allé voir Nat et Oliver avec Élodie et Pol. L'automne arrive à grands pas.

Septembre (4). Fin des les vacances. Je suis pris à la bibliothèque de Digoin. Je commence jeudi à 9 heures. Je me sens soulagé comme peut-être jamais. La tête libre. J'ai plein de personne à prévenir. Comment vais-je m'organiser ? Il y a pénurie d'essence, je dois déménager quand ? Est-ce que je vais travailler samedi, pourrai-je prendre mon billet pour le match de coupe d'Europe à Gueugnon ? La roue tourne, peut-être un signe pour la soirée de samedi chez Thierry.
Il y a encore une photo de mariage qui m'interpelle dans le journal d'aujourd'hui. Quelqu'un de plus jeune que moi. J'ai deux nouvelles idées de nouvelles. Par contre, est-ce que je pourrais finir avant samedi soir mes journaux ? J'en suis à environ 70 idées de nouvelles, certaines bien avancées. Peut-être en fusionner…
J'ai téléphoné au Gros et Nori pour leur dire que j'ai trouvé du taf dans leur bled. J'ai aperçu K, deux fois en 30 minutes. On s'est bien regardé la première fois. La seconde fois, je n'ai pas osé traversé la rue. Demain, je vais aller faire un tour au marché de LC en me disant que c'est la dernière fois avant un bout de temps.

Septembre (5). Je téléphone à Thierry pour lui dire que j'ai trouvé du boulot, mais il me dit que, comme d'habitude, des filles se sont désistées pour sa fête de samedi. Je pense de plus en plus K. Dire que je dois quitter LC ! J'ai décidé d'écrire à Stef et Steffy. Stef n'a plus de téléphone fixe sur Dijon, d'après mes recherches, peut-être un portable, et Steffy a toujours la même adresse à Lyon. Je ferais de même pour Sylvia. Quand j'aurais fini mes journaux. J'ai regardé hier soir Buffalo' 66. De Vincent Gallo. Quel film et quel génie ! Film prenant. Enfin commencé la lecture de Une prière américaine.
Une nouvelle pensée trouvée.

Septembre (6). Dernier jour de libre avant d'attaquer ce nouvel emploi. Je me sens vraiment détendu. Une nouvelle idée de nouvelle. Pas vu K, j'ai eu un contre temps aux heures où je pouvais peut-être la voir Bonne nouvelle, j'ai ma place pour le match de coupe d'Europe de Gueugnon, jeudi prochain. J'espère que je sortirai à temps du travail, il n'y a que dix minutes de voiture. J'ai pensé, en regardant un reportage sur le festival de Deauville, à la création d'un festival mondial du cinéma "ouvrier", qui parle de ceux dont on ne parle jamais.

Septembre (7). Premier jour de boulot. Je le sens bien. Je suis le seul homme du navire. Manue qui a commencé lundi, occupe le poste pour lequel j'avais passé un entretien au mois d'août. Je rentre crevé. Je n'ai pas la force de faire plus qu'un mois, avril 1998, dans mes journaux. Plus que 20 ! Je passe une heure à téléphoner. Je prends un rendez-vous pour visiter un F3 demain à 14h30. Je mangerai à midi chez Nori qui fini sa journée comme moi à midi, le vendredi. Le blocage des raffineries par les routiers m'a angoissé toute la journée. Je fais trois stations, vidées, et finalement en rentrant au bled, j'arrive à faire le plein. J'hésitais pour aller chez Thierry samedi, à cause des problèmes d'essence. Mais maintenant, je suis un peu rassuré. Et Pierrette que j'ai appelé ce soir, a l'air motivé pour s'y rendre. Elle veut bouger. Reste à savoir si la soirée est confirmée, si tout le monde a assez de sauce pour s'y rendre. J'appellerai Thierry demain.

Septembre (8). Seconde journée de travail. Je ne peux pas me donner une idée de mon futur travail puisque nous déménageons la bibliothèque de lieu : faire des cartons hier, vider les placards et les murs. A propos de déménagement, j'ai visité un F3 cet après-midi. Je ne le prends pas car il y a trop de travaux à faire. J'hésite sur le choix de ce que je veux comme type d'appartement, et sur l'aménagement que je veux avoir : un coin informatique pour mes travaux d'écriture, un coin atelier artistique pour la peinture, le collage, la sculpture. Les deux ? Aucun ? Je prends un studio, un F1, un F2, un F3 ? Quel style ? Atelier d'artiste avec un matelas par terre, des délires au mur, etc. Style propre et pratique ? Vraiment, je ne sais pas ce que je veux. Je me donne le temps d'y réfléchir. Encore aperçu K.
J'ai téléphoné à Thierry, à Pierrette. Pas de changement pour la soirée de demain. Je vais chercher Pierrette à la gare à 19 heures. Pour ce qui est des filles, on verra bien demain qui il y aura.

Septembre (10). Une fois de plus, pas de filles invitées sinon une, que son copain a rejoint après le boulot. Je pense encore plus à K. Je n'ose pas, mais peut-être qu'elle aussi. J'aurais des possibilités de la voir en rentrant du boulot, aux heures et lieux habituels. Je dois régler vite cette affaire.

Septembre (11). C'est fait. J'ai abordé le cas K. Elle n'est pas au premier abord comme je l'avais imaginé. Mentalement. Je n'ai pas assuré. Je crois m'être planté sur toute la ligne, depuis le début.

Septembre (12). Je viens de me rendre compte que cet emploi dans cette ville me condamne, condamne mes projets musicaux. Ce n'est pas ici que je trouverai le ou les musiciens idéaux. J'ai un spleen. Je suis déjà loin de la joie créée par l'annonce de ma sélection pour l'emploi.

Septembre (13). La routine commence à s'installer. Je rentre crevé les soirs et je ne peux rien faire. Je laisse de côté mes journaux, je reprendrais ça samedi ou dimanche. Est-ce en rapport avec mon spleen ? Ca confirmerait que l'écriture est pour moi une thérapie. Je pense de plus en plus au match de demain, en coupe d'Europe, à Gueugnon.

Septembre (14). Gueugnon. Dans les tribunes du stade, derrière les buts, comme de plus en plus souvent. Je suis nostalgique. Ma situation est toujours pareille. Je suis encore à la recherche du bonheur, de l'amour. Le match ne me fait plus rien. J'ai les yeux plutôt attiré par la culotte émergeante d'une jeune femme, deux rangs devant moi. Son mari était au lycée en même temps que moi. Les yeux dans le slip, ça pourrai faire le titre d'un film…

Septembre (15). La fin de la semaine s'est fait en roue libre. J'ai mangé à midi chez Nori. Repas philosophique. Je visite un nouvel appartement. Je ne sais pas quoi prendre car je ne sais pas si j'amène mon ordinateur. Plein d'idées cette semaine : dessins, scénarii de court-métrage, nouvelles, pensées. Je suis plus polyvalent que jamais.
Je suis allé dans un bar, puis un pub, puis une boite, à Roanne, avec Laurent et Pol. Nous avons rencontré trois jeunes, trop jeune, filles. J'avais raison de ne pas les sentir.

Septembre (16). Je reçois une offre de l'agence de l'emploi pour un poste de journaliste dans le quotidien régional. Alors que j'ai trouvé déjà un travail ! Je vais y répondre mais cela me laisse encore plus perplexe. Je vais avoir un choix délicat à faire car il s'agit pour ce travail de journaliste, d'un contrat de 3 mois renouvelable, peut-être transformable en contrat à durée indéterminé. Je ne sais pas quoi penser, et cela doit repousser une décision pour prendre un appartement.
Décidément, ce fût un week-end sortant de l'ordinaire. Nous sommes allés ce soir dans une ville voisine où se tenait un festival de reggae. Je suis tombé sur Pierrot, le leader de mon groupe, au début des années 90, dans un hameau de la Loire.

Septembre (17). C'est la journée du patrimoine, et comme tous les ans, je vais faire un tour au château. Avec à peu près les même personnes qu'hier soir au festival. Je me pose plein de question sur mon éventuel choix à faire si je suis pris comme journaliste.

Septembre (18). Je vais à l'agence pour l'emploi pour savoir comment ça peut se passer si je décide de répondre favorablement à l'annonce pour un poste de journaliste. Je n'en suis pas encore là.

Septembre (19). J'ai plein d'idée en ce moment. Des idées sur tout : nouvelles, dessins, humour, idées de travail, concept, invention, en techniques d'information et communication. Je n'ai pas repris mes journaux.

Septembre (20). Je ne pense plus à K. C'est déjà ça. Il y a plein de belles choses dans mon nouvel environnement. C'est un point positif pour me retenir ici.

Septembre (21). Toujours des idées. Cinéma, nouvelles, idées diverses pour créer des nouveaux concepts.

Septembre (22). Pas de nouvelles pour le poste de journaliste. Je ne me fais pas une fixation là-dessus. Je dois plutôt me concentrer sur la boite qui fait des sites sur la toile, se situant à 15 minutes de chez moi. Je dois leur proposer mes services. Il faut que je me forme. Je dois y aller au culot, comme Nando a fait. Je n'ai rien à perdre. Je crois que le boulot idéal est un boulot où l'on bosse à domicile, aux heures qu'on veut.
À force d'être entouré de livres, de romans, de journaux, de romans, je me suis enlevé le spleen que j'avais pris, à cause de mon impossibilité de trouver à coup sûr des musiciens dans ma nouvelle ville. Je me dis que je dois absolument publier d'une façon ou d'une autre mes écritures. Je ne pense pas être plus mauvais que certains "écrivains" dont j'ai vu les "œuvres" à la bibliothèque. C'est la troisième fois que je fais le tour complet des rayons romans, etc. J'ai une énorme envie de lire. Au moins, pour ce qui est de l'écriture, je n'ai besoin de personne pour avancer dans mes projets. Quoique, pour ce qui est de la musique, j'en ai parlé à Pierrot et Stéphane que j'ai vu samedi soir. Et si je recommençais à eux ? J'ai repris aussi mes journaux. Après deux semaines de pause forcée.

Septembre (23). Réponse négative pour le poste de journaliste. Le quotidien m'écrit dans la lettre, de les contacter si je suis intéressé par un poste de correspondant sur LC. Ce soir je vais enfin découvrir le thé dansant de Roanne. Avec Laurent.

Septembre (24). C'était une super soirée. J'ai blagué avec le patron à l'entrée, avec la caissière. Il y avait beaucoup plus de femmes que d'hommes, au début surtout. Le cadre de la boite est un ancien cinéma. Il y a deux salles. Dire que je devais venir depuis des années ici, empêché par les a priori de mon entourage. Et pourtant, il y avait des jeunes, des moins jeunes, il y en avait pour tout le monde. Il y avait aussi de la musique des années 80. L'ambiance était joyeuse, pas de désordre. Le slow sur lequel j'ai dansé au mariage de ma cousine avec une des sœurs du sud. J'ai tout de suite réagi. Je compte revenir le plus vite dans cette boite. J'espère aussi, que le thé dansant qui se situe dans la ville où je bosse, est aussi bien fréquenté que celui d'hier soir.
Je mets au propre toutes mes idées de la semaine. J'ai commencé à développer les idées de nouvelles les plus fraîches.

Septembre (25). Journée cool au travail. Je téléphone au journal régional pour le poste de correspondant local. Pour voir si cela vaut le coup. Rendez-vous demain après le taf. Je mets au propre des idées de scénarii et de dessins avec Laurent. Je scanne des photos pour la création d'un site avec l'aide de la copine de Nando.

Septembre (26). En allant à mon entretien pour un poste de correspondant local, je me laisse surprendre par la beauté de Paray. Cette cité catholique, distante de 12 kilomètres de mon lieu de travail, et située plus près de chez moi, à 22 kilomètres. Je la traverse soir et matin, et c'est vrai qu'elle est très jolie, très verte, très calme. Il y a beaucoup de passage, toute l'année, je connais de plus, des amies y résidant. En clair, je sens des ondes positives pour ma créativité, critère premier pour un choix de logement. Je serais à 10 minutes de mon travail. Je me demande si cela ne vaudrait pas mieux que j'habite ici plutôt qu’à Digoin où je travaille, même si ç’est mieux pour mon intégration.
Pour ce qui est de l'entretien, il fut formel. J'étais plus client que vendeur. Est-ce que ça vaut le coût de faire des articles à 50 ou 150 francs pièce, et de ne plus avoir ses soirées et son week-end de libre. De plus, si je déménage de ville je ne vais rentrer tous les soirs à LC pour assister à des assemblées d'association locales.

Septembre (27). Je vois Elodie. Elle bosse dans une grande surface. Elle dit qu'elle me contactera cette fin de semaine. Encore un mariage d'une fille du lycée, dans le journal. Celle-ci est toujours étudiante. Encore une citation personnelle. Bientôt la barre des 200 sera atteinte.

Septembre (28). Je me demande si je ne vais finalement prendre un logement temporaire au château, qui est à 5 minutes de la bibliothèque. C’est là qu’habitait Nori l’an dernier. Gueugnon est éliminé dans le mépris et l'indifférence générale.

Septembre (29). Une nouvelle citation. Mon dernier vendredi après-midi de libre a vite été bouffé par la consultation de mon courrier sur la toile, par l'envoi par courrier électronique de photos de la chapelle Sainte-Avoye, pour le site que je conçois dans ma tête.
Plus ça va, plus je me dis que j'irais bien au château, ça dépendra des studios que je vais voir, de la vue.

Septembre (30). Hier soir, je suis allé au café avec Lucien qui est là ce week-end. Nando nous a rejoint plus tard. Je suis rentré bien épuisé. Je continu mes journaux, je note les idées de la semaine.
Je téléphone à Pierrette pour avoir de ses nouvelles. Elle m'invite toujours à passer un week-end chez elle, à Lyon. Chaleureusement.

Octobre (1er). Hier soir, il y avait pour une fois, beaucoup trop à boire. J'ai perdu cette habitude de boire. Nous avons bien rigolé. Aujourd'hui, j'ai fait un peu de vélo à midi. J'ai téléphoné à Elodie qui, bien que malade, a accepté de sortir avec moi cet après-midi, pour un tour dans les vallons voisins.
C'était la fin des Jeux Olympiques à la télé. J'ai vu le concert de Midnight Oil. J'ai eu des frissons, en voyant cette gigantesque fête dans le stade d'Australie. J'ai manqué quelque chose. Je dois être à Athènes dans quatre ans. C'est moins loin. Et à Paris dans huit, c'est encore moins loin.

Octobre (2). Demain, c'est l'ouverture au public de la bibliothèque. Je n'ai pas travaillé aujourd'hui, c'est le début de mes nouveaux horaires, je vais bosser deux samedis sur trois. Une nouvelle idée de dessin avec Laurent. Un gros problème informatique résolu grâce à l’un de mes oncles.

Octobre (3). J'ai rencontré à la bibliothèque, une fan de Suede, pourtant bien jeune à la vue de l'âge du groupe. So young devrais-je dire ! Je rentre à 20 heures du boulot. Je n'ai pas le temps de passer les coups de fils que je devais passer. Une nouvelle idée de nouvelle.

Octobre (5). Je suis depuis le début de la semaine en pleine période de cyclothymie. J'alterne le spleen et l'espoir, le tout chapeauté d'un syndrome de Stockholm de plus en plus permanent. Aujourd'hui sort la biographie des Beatles. Depuis ce matin, c'est un sujet récurrent à la radio publique. Ce n'est pas pour me déplaire. Ce soir encore, il y a une émission spéciale. Ca donne envie d'écouter plus souvent ce groupe. Aussi, d'acheter tous leurs albums. Je n'ai que des compilations, mis à part Sergent Pepper's lonely hearts club band et Let it be. J'ai reconnu dans l'émission que je viens d'entendre, Hey bulldog qui figurait dans Yellow submarine, vu et enregistré cet été, avec Pierrette.

Octobre (8). Deux grandes nouvelles : la secrétaire de Sainte-Avoye m'a dit que le châtelain du village lui a demandé de me demander si j'étais intéressé par la perspective de faire partie de sa liste pour les élections municipales de l'an prochain. Je m'y attendais, sans aucune forme de prétention. J'attends d'ailleurs qu'une autre liste me contacte, pour rendre la situation encore plus cocasse. Mais je me rappellerai qui m'a contacté en premier. Même si je n'ai pas d'ambition politique local, je peux profiter de cette opportunité pour trouver un travail beaucoup plus intéressant et plus stable. J'ai les cartes en main, j'ai plein d'idée à soumettre au marquis. Je me verrai plutôt comme conseiller en communication. Après avoir hésité à peine une heure, je crois que je vais accepter cette opportunité. Même si je ne suis pas conseiller municipal, je pourrai tirer profit de la situation pour aider au développement de LC. Ce qui m'intéresse le plus, c'est le tourisme et la culture. J'ai dit à la secrétaire de dire au marquis que je ne serai pas contre l'idée de faire partie de sa liste, et que j'aimerai le rencontrer au plus vite.
Le seconde nouvelle, encore plus importante pour moi, est que Pol m'a dit qu'hier soir à la boite, il a vu Steffy. Elle a retrouvé sa couleur naturelle de cheveux. Elle lui a semblé avoir changé. Mûrie. Depuis, je pense à elle. Et si j'avais perdu mon temps, elle aussi, en n'étant pas ensemble. Et si ce n'était pas elle ma destinée ? Je lui écris ce soir, ce que je devais faire depuis des semaines. J'ai préparé, il y a un mois, les enveloppes pour des lettres pour Steffy, Stef et Sylvia. Mais je n'ai la tête à n'écrire qu'à la première. Tant pis pour ce qu'en pensera Pierrette. Je n'ai jamais voulu me fâcher avec les deux, et finalement je me suis coupé de Steffy, que je n'ai pas eu depuis le 1er janvier.
Demain, j'ai des horaires plus cool, je tenterai de finir l'agenda 1998-1999, les mois de juillet et août. Il faudra que je visite des appartements cette semaine, car ça me fatigue de plus en plus ces aller-retour quotidiens.

Octobre (9). J'ai écrit à midi, dans ma voiture, une lettre à Steffy. Une lettre longue, quatre petites pages. Je lui dis de nous téléphoner vendredi soir. Je réalise, en lisant le journal, que la grosse écurie du championnat de D2, Montpellier, joue mercredi soir à Gueugnon, à 20 heures. Comme je finis à 19 heures ce jour-là, j'irai tout de suite après mon travail.

Octobre (10). J'ai visité un appartement après le boulot, mais il a été éliminé à cause d'un chauffage électrique doublé d'un parquet. Et pas de garage. Je suis alors allé ensuite dans une agence immobilière, où j'ai expliqué mon cas, que j'avais l'esprit ouvert, du studio au F2, voir F3, meublé ou pas mais avec un garage. Lundi prochain, je vais aller visiter des appartements dans le château. Il y en a plein de libre, peut-être que je ferais des connaissances intéressant là-bas.
J'ai l'impression qu'il y a plein de femmes seules, divorcée ou séparée dans cette ville. Je pense y rester quelques mois si tout se passe bien avec la nouvelle perspective liée aux élections municipales. Je dois en profiter au maximum, aller au thé dansant local, en espérant qu'il sera aussi bien que celui de Roanne.
A l'heure ou j'écris ce journal, Steffy doit lire ma lettre.

Octobre (11). Le travail se passe de mieux en mieux à la bibliothèque. Je n'ai plus de spleen. Je trouve de nouvelles citations, j'atteins enfin la barre des 200. Montpellier vient gagner chez nous. Cela m'énerve, leur comportement, l'arbitrage.

Octobre (12). Deux nouveaux flashs de ma vie me reviennent à moi, je les note sous forme de poèmes. Deux nouvelles citations. Pierrette m'appelle pour me dire qu'elle rentre ce week-end, et que je suis obligé d'aller à sa crémaillère samedi prochain. Je n'ai guère envie de prendre ma voiture, je préfère le train quitte à payer plus cher. Mais elle me dit qu'il y aura de tout, "la totale" !

Octobre (13). D'abord, je n'ai pas eu le temps d'appeler Steffy. Je le ferai demain. Car j'ai du appeler le marquis pour les élections. J'ai laissé un message pour qu'il me fixe un rendez-vous ce week-end au château.
Je reprends mes journaux demain, et j'espère les finir demain ou au moins ce week-end, histoire de passer à autre chose, mes textes de chansons et mes nouvelles pour adultes seulement.

Octobre (14). Je suis allé au château pour voir le marquis. Je n'ai pu lui demander de me pistonner via sa famille pour un boulot au bled ou à Lyon, et pour cause : il ne sera pas tête de liste. Il faut que j'aille voir la tête de liste. Il faut surtout que je renseigne pour savoir si je peux être sur une liste tout en "résidant" à 40 kilomètres de LC.
Je suis allé voir une exposition de peinture et sculpture. J'y ai vu après, Laurent à qui j'avais donné rendez-vous. Pierrette m'a appelé pour me dire qu'elle passerait me prendre à 21 heures pour manger une pizza chez elle, ses parents n'étant pas là. La soirée s'annonce bien. D'ailleurs je pense au week-end prochain où je dois me rendre à sa crémaillère.
Je téléphone à Steffy. Je suis resté une bonne demi-heure au bout du fil. Nous avions forcement beaucoup de choses à nous dire. Elle me dit que pour elle, la vie est toujours la même. On se promet de s'appeler pour savoir si je vais bien à Lyon le week-end prochain. Elle viendra sur Roanne bientôt, on s'y verra.

Octobre (15). J'ai vu rapidement Nando qui m'a donné un livre pour Pol, et un disque de Tahiti 80 pour moi. C'est cet album que j'avais écouter chez un disquaire lors de mon dernier passage à Paris en février.
Hier soir, on a bien rigolé chez Éric F pendant que les filles jouaient à un jeu africain. Elles n'étaient plus présente avec nous, dans la pièce. Mais j'ai senti la fatigue venir vers deux heures du matin. La pizza était toujours aussi lourde à digérer avec sa tonne de crème fraîche. Le temps est gris est la bruine est là. Je vais téléphoner à Pierrette et pour faire un tour et boire un coup. Je n'ai pas encore eu le temps de parler de la soirée de la semaine prochaine avec Pierrette. Je dois retourner dans une pièce de ma maison où j'ai entassé livres trouvés dans le grenier de mes grands-parents, pour les inscrire dans ma base de données.
Pierrette est venue me prendre et nous sommes allés au café Central. La pluie tombe depuis hier. Triste week-end. On a évoqué sa soirée du week-end prochain. Je lui dis que je bosse tous les samedis jusqu'au 11 novembre. Elle me dit qu'il y aurait sept ou huit personnes mais qu'elle n'a contacté personne sauf moi. Ce n'est donc pas encore officiellement pour samedi. Il y aurait une copine, que j'avais vu lors de ses précédents anniversaires, avec son copain, une autre copine à Pierrette, des amis. Je n'ai pas eu le temps de téléphoner à Elodie, je voudrais bien qu'elle vienne avec moi à Lyon. Demain matin, je vais visiter plusieurs appartements. Il faut que j'emménage assez rapidement, parce que je suis vraiment claqué.
Le spleen commence à réapparaître. A cause principalement de ce déménagement. De mon indécision quant à ce que je veux comme logement. Il faut que je sente comme chez moi pour être créatif. Mais il ne faut pas que je me sente perdu quand je retournerai dans ma chambre, dans ma maison de LC, je ne dois pas la vider de son âme. Et je n'ai pas envie chaque week-end de faire des allers-retours avec des piles d'affaires. La seconde cause de ce spleen est qu'il s'en est fallu de peu pour que j'évite cette situation. Je n'ai pas été pris dans mon bled pour le même boulot, le même profil de poste, payé plus et avec plus de vacances. En plus, je suis peut-être fait des illusions en croyant que le châtelain pourrait me pistonner.

Octobre (16). J'ai visité ce matin des appartements. Rien ne m'a emballé. Je suis toujours dans le vague. Je visite demain un autre appartement, bien que grand. J'en visite un autre jeudi après le taf, par cabinet de notaire.
En rentrant, je tombe sur un article dans quotidien local qui parle de la foire expo régionale. Je voulais y aller mais je me suis dis qu'il y avait plein d'autres choses qu'il fallait que je fasse. Mais cet article disait qu'ils y avaient des boites qui travaillaient dans l'internet de présente. Donc j'y vais, avec Laurent, à qui j'ai téléphoné. Et j'ai bien fait d'y aller car j'ai contact sérieux avec une nouvelle boite qui s'est créée en périphérie de LC. Ils me prendraient en free-lance à partir de l'an prochain, mais il faut que je trouve une formation pour maîtriser la mise en page.
Je finis enfin mes journaux : 95 pages, format A4, taille 10. Je dois imprimer tout ça pour faire quelques corrections. Après, j'écrirai les nouvelles et je finirai toutes les moutures de texte entamées, il y a 5 ans. De quoi occuper mes soirées dans mon futur chez moi.
J'ai emprunté à la bibliothèque la semaine dernière des bandes dessinées qui se passent à Lyon et à Dijon. Les dessins de la gare de Dijon sont très réalistes.

Octobre (17). Je visite un F3, bien, mais mal situé, et puis, je chercherais maintenant de préférence un petit studio ou F1 meublé, voir une chambre. Au boulot, ça va de mieux en mieux.

Octobre (18). J'ai pris, il y a une semaine une bande dessinée dont l'action se passe autour de la gare de Dijon. Je l'ai pris pour ça. Je vais scanner des pages pour accrocher au mur de ma future chambre. Je n'ai pas eu encore le temps de la lire, je le ferai dimanche. Par contre, j'ai lu des albums qui se déroulaient à Lyon.

Octobre (19). J'ai enfin visité l'appartement que j'occuperai si je déménage. Je crois même, que je vais déménager, quitte à que ce soit pour deux ou trois mois. C'est un F3, vide, tout le contraire de ce que je voulais en début de semaine. Comme quoi, je suis imprévisible. La vue est bien, les vues, vu qu'il y en a deux.

Octobre (20). C'est de plus en plus clair dans ma tête. Lundi j'appelle pour dire que je prends l'appartement que j'ai vu hier. Pierrette m'a appelé pour savoir si j'allais à sa crémaillère. Je suis trop fatigué, il faut que je voie des personnes pour mon avenir professionnel, il faut que je commence à faire mes cartons. Par contre, j'ai plusieurs jours de libre pour la Toussaint. J'irai chez elle deux ou trois jours, comme ça, j'aurais le temps de voir à Lyon Steffy, Pierrot, et peut-être Pierre G, qui est venu jouer cet été au festival.
Je suis vraiment fatigué. Je finis la semaine sur les rotules.

Octobre (21). Je rentre bien fatigué de la bibliothèque. J'ai trouvé une nouvelle citation. Je passe voir Elodie, mais je commence à sentir depuis la fin de l'après-midi un mal de gorge qui doit annoncer une petite crève. Elodie me présente demain à une de ces copines africaines. Gros m'a appelé alors que je revenais de chez Elodie. Nous sommes allés boire un verre dans un café, j'y ai vu une autre copine d'Elodie, celle-ci travaille avec elle. Elle avait l'air de s'ennuyer ferme. J'ai surtout appelé Steffy, lui dire que je n'étais pas à Lyon ce week-end.

Octobre (22). La copine d'Elodie est sympa. Je les ai emmené à Dun, puis Elodie a payé son coup dans à la terrasse d'un café. Je commence à me sentir malade.

Octobre (23). Je suis malade comme Nando et Elodie. J'ai appelé le notaire qui m'a fait visiter le F3 pour dire que c'est OK. Je signe lundi prochain. J'emménage avant la Toussaint. J'ai un virus dans le corps et peut-être un dans mon ordinateur, à cause d'un mail de Sébastien. Ca craint plus que ma santé. Je l'appellerai demain.

Octobre (24). La journée fut dure physiquement en raison de mon état. A peine arrivé à la maison, j'ai regardé le foot, comme je le ferai demain et le jour d'après. Je n'ai pas encore eu le temps de classer toutes lettres que j'ai relu pour établir mes journaux.

Octobre (26). Mon état s'améliore. J'ai toujours autant de travail. Je dois maintenant penser à mon déménagement, à ce que je vais emmener, acheter. J'ai reçu une commande de disques que j'ai passé.

Octobre (28). Je finis la semaine un peu moins sur les rotules que les précédentes. Cela doit être dû aux médicaments. Le soir, je rigole bien, avec Pol, Éric et les autres

Octobre (30). Je fais l'état des lieux de mon nouvel appartement. Je commencerai à déménager mes affaires jeudi et vendredi. Je dois contacter Gros pour les grosses affaires.
Ma grand-mère paternelle est décédée. Cette fois, je n’ai plus de grands-parents.

Octobre (31). Je visualise de plus en plus mon appartement. L'emplacement futur du mobilier, ce que je dois apporter. Le concept sera la fonctionnalité. Quand je serais installé, je ferais surtout des arts plastiques. J'aurais une pièce spécialement pour cela. Je compte en faire un atelier souvenir : table d'écolier, fresque et reste du local. J'ai rencontré la future tête de liste pour les municipales de l'an prochain. Il m'invite à une réunion secrète jeudi prochain. Excitant, impression d'aller à une réunion de secte.

Novembre (1er). J'ai trié des affaires. J'ai enfin regardé Celebrity de Woody Allen. Je pensais le conserver mais les films de Woody Allen sans Woody Allen, ce n'est pas pareil.

Novembre (2). Lucien qui est au bled depuis mardi, m'aide à emmener des affaires dans mon nouvel appartement. C'est vite fait, bien fait. Il trouve mon appartement bien. Demain, on viendra me mettre le gaz. Tout est réglé pour le reste. J'ai tout ce qu'il me faut. Je téléphone à Pierrette, puis à Steffy. Pour leur dire que je viendrais probablement le week-end du 11 novembre à Lyon, pour les voir, séparément. Steffy me dit un peu pourquoi elle ne traîne plus avec Pierrette. Steffy me dit qu'elle ira à Roanne samedi soir.

Novembre (3). J'emmène encore des affaires, dont un meuble de télévision. Il manque la télévision. Je me mets au nettoyage de l'appartement. Mais il n'y a pas encore d'eau chaude. Quatre ans jour pour jour avec mon second emménagement avec Stef. Je retrouve les mêmes sensations, sauf que je suis seul, c'est, ce sera, le plus dur à vivre. Je retrouve cette même odeur de clope dans la poubelle.

Novembre (4). La reprise du boulot à été dure psychologiquement, bien qu'elle se soit fait en douceur, au niveau du rythme. J'ai fait mon premier repas dans mon nouvel appartement. J'ai téléphoné à Elodie mais elle n'était pas chez elle. Pour le week-end prochain peut-être. Je suis allé à la boite, pour la première fois depuis le mois de mars environ.

Novembre (5). Il fait beau, aussi, avec Pol, nous allons dans deux cafés. Je vois le Gros. Il devrait m'aider à déménager les grosses affaires le week-end prochain. Samedi. Je dois téléphoner à Steffy et Pierrette pour leur dire que je ne pourrais pas aller à Lyon. Pas le temps à cause du déménagement.
Ma situation m'angoisse, me stresse. Je déménage, mais j'ai peut-être la possibilité de travaillé au bled. La semaine qui arrive va être très importante. Jeudi, je dois assister à une réunion avec les membres de la liste. Je dois aussi voir les patrons de la boite d'informatique qui vient de se créer au bled, pour savoir comment faire pour travailler avec eux, et surtout étudier mon besoin de formation. Il faut que je finisse des déménager, que le chauffagiste passe pour faire marcher la chaudière. Et j'ai encore quelques formalités à régler, des renseignements à prendre sur les formations et sur les conditions pour être éligible sur une liste électorale pour les municipales. Bref, j'y verrai beaucoup plus clair sur tous les points, en fin de semaine. Enfin j'espère. Histoire d'avoir un peu l'esprit libre.

Novembre (6). J'ai commencé la journée par deux coups de fils avant d'aller au taf. Un pour le plombier qui doit venir pour la chaudière : il n'a pas pu venir entre midi et deux et je dois le rappeler demain matin, ça craint, je n'ai pas d'eau chaude, je ne peux donc pas encore vivre dans mon nouvel appartement. Le second appel pour avoir un entretien demain à 18 heures avec la personne qui a monté un boite d'informatique.
Au boulot, j'étais tout seul, toute la journée, la bibliothèque étant fermée le lundi. J'ai fait mes premières formations en informatique. Quatre personnes. La première personne que j'ai formée ce matin m'a dit qu'elle souhaite faire un site sur un musée. Il y a vraiment une mine d'or pour ce qui est de la création de site. C'est le bon filon. En plus, les télécoms m'ont appelé pour savoir si j'étais intéressé par une formation sur la création de site ! J'ai enfin écris à Stef, à Silvia. Je n'ai pas téléphoné hier à Steffy, Pierrette, Elodie. Mais j'ai écris ce soir à Steffy. Je laisserai demain un message à Pierrette et je contacterai Elodie jeudi, avant d'aller à ma réunion préélectorale.

Novembre (7). Grosse journée. Je vois le type de la boite informatique. Je crois qu'il m'a pris un peu de haut. Aussi, il n'a pas l'air de croire au développement économique et touristique du canton. En résumé, il semble surtout intéressé par lui-même. Je suis un peu déçu. Pour ne pas rester sur une telle déception, je vais voir la tête de liste, pour lui confirmer que je viendrais jeudi soir à la réunion. J'ai revu ma bouquiniste ce matin, avant d'aller au boulot. J'ai acheté Carton jaune car Lucien m'avait dit samedi soir qu'il y était en vitrine. C'est mon second livre de Nick Hornby. J'enregistre pour le conserver, La vie est un long fleuve tranquille.
En me couchant, j'ai une idée une nouvelle.

Novembre (8). Je n'ai toujours pas téléphoné à Pierrette. Ni à Elodie. J'ai une nouvelle idée de nouvelle.

Novembre (9). La réunion politique s'est bien passée. J'ai appris plein de choses importantes, intéressantes. J'ai eu Pierrette au téléphone. Elle voulait savoir si je venais à Lyon ce week-end. J'aurais pu lui dire plutôt. Je l'ai rappelé après ma réunion. Nous avons échangé des nouvelles, surtout moi. Je lui promets de venir pour le week-end du 2 décembre. J'enregistre mon deuxième film de la semaine pour ma médiathèque : J'embrasse pas.

Novembre (11). Je fais deux allers-retours dont un avec Gros pour la suite et la fin de mon déménagement. Ce 11 novembre ne ressemble pas aux autres, pas seulement parce qu'il fait beau. J'emmène mes deux tables d'écoliers dans mon nouvel appartement. Il me manque un clic clac que j'achèterais quand j'aurais le temps, et un réchaud à gaz. J'ai aussi des bricoles que j'apporterais au fur et à mesure.
Je suis sortie avec Elodie ce soir. Elle veut me voir ce soir, pour prendre des nouvelles, discuter. Je passe la prendre. Nous sommes tombés sur Oliver et Nat et sommes allés dans au café de France. Puis j'ai eu des coups de fils de Gros et Fati, puis Pol, qui nous ont rejoints. Il y avait une superbe paire de lèvres dans ce café, à une table de moi. Je n'ai vu que ça, pensé qu'à ça en rentrant. Elodie la connaît mais elle ne sait pas son nom, elles étaient dans le même établissement scolaire. Mais je n'oublierais pas son visage. Je vais prendre racine dans ce café. Je connais l'une des trois filles qui étaient à sa table. Quatre filles solitaires.

Novembre (12). Je note dans ma médiathèque mes deux derniers films que j'ai enregistrés, La vie est un long fleuve tranquille et J'embrasse pas. Je crois, en fait, que de conserver des films que j'ai déjà vu plusieurs fois et que j'ai aimais, m'évite de les revoir à chaque fois qu'il repasse à la télévision. C'est une bonne chose, un gain de temps. Je devrais faire pareil avec La Grande vadrouille, les films avec Coluche, Denner, de Funès…
Je voulais faire un tour au stade, la première fois de la saison, malgré le grand vent.
Finalement, Pol est passé pour faire un tour au café de France, je ne suis pas allé au stade, je ne sais pas s'ils ont gagné. J'ai aperçu l'instit et son copain. Je n'ai pas vu la fille aux lèvres d'or. Nous sommes allés un couple de potes. J'ai lancé l'idée de faire une soirée gâteau au chocolat pour les vacances de Noël. Je pense beaucoup aux lèvres.

Novembre (13). Je passe ma journée à préparer de nouvelles affaires à emmener pour demain, et mon départ pour quatre nuits dans ma nouvelle ville, ma ville temporaire. Je vois Elodie à son boulot, en faisant les courses. Elle me raconte ses derniers faits d'armes sentimentaux.

Novembre (14). Je trouve un titre pour l'une de mes nouvelles. En me baladant prés du château, je vois "la blanche", la fille la plus pure de LC.
J'en ai encore une pleine voiture remplie d'affaires diverses. J'arrive à avoir le temps de la vider avant d'aller au boulot. Je consulte mon courrier électronique. J'ai pas mal de messages. Je suis trop souvent atteint du syndrome de Stockholm en ce moment. J'ai commencé, sinon, à aménager mon appartement : la chambre et la moitié de la cuisine. Je pense revenir au bled jeudi car la glace que j'ai amené ne va pas. Je me sens seul, mais ce sera bon quand je me serais remis aux arts plastiques, quand j'aurais besoin de calme, de solitude.
Première nuit dans mon appartement. Première nuit dans cette cité depuis dix ans et une nuit de folie… Je n'ai qu'un coussin et j'ai beaucoup de mal à dormir sans en avoir deux. Depuis un an, je dors la tête entre deux coussins.

Novembre (15). Ce matin, alors que je déjeunais, un artisan est passé pour prendre mes persiennes, comme convenu suite au rendez-vous pris par téléphone, qui faisait suite à une note d'information affichée vers les boîtes aux lettres. Je me rends compte, quand il me dit qu'il en a pour quatre jours pour les repeindre, que je ne pourrai pas les ravoir avant mardi, donc, je ne pourrai pas dormir avant cette date dans mon appartement. En effet, il ne me faut aucun bruit et pas de lumière pour que je puisse dormir normalement. Je rentrerai dès ce soir au bled, je ferai encore l'aller-retour jusqu'à samedi. J'ai presque fini la cuisine. Il me reste encore beaucoup de petites choses à apporter pour que la fonctionnalité des lieux soit totale.

Novembre (16). J'ai pu goûter le Beaujolais Nouveau® et le Côte du Rhône Primeur™ en rentrant du boulot, faisant une halte au café du coin. Avant, j'ai donné une liste de noms féminins pour les élections municipales. Ma future liste recherche en effet, pour cause de parité, des femmes. Pour en revenir aux vins, ils sont comme d'habitude. Une ambiance de fête devait régner hier dans le Rhône. Ici, ce n'est pas pareil, chacun boit dans son coin, la semaine de travail finit demain… pour la plupart. Deux nuits de suite que je dors comme un bébé. De quoi cela peut-il bien venir ? Pas du lit puisque je n'ai pas passé ces deux nuits au même endroit. J'espère revivre une nuit comme celles-là. Dès ce soir.

Novembre (17). J'ai encore bien dormi. Bonne journée de boulot, dans une bonne ambiance. Bonne semaine, en général. Je crois que ça va aller pour la suite. Je n'ai pas trop le temps de poursuivre mes activités intellectuelles si ce n'est celle de continuer ce journal pour encore un mois et demi. J'ai en revanche une tonne de choses à lire ! J'exagère à peine. Plus qu'une journée de travail. Nando vient de m'appeler, il rentre finalement ce week-end. Il doit me passer des disques.

Novembre (18). Je vois Nando chez Éric en rentrant du taf, vers 18h45. Et puis nous allons boire l'apéro jusqu'à 20h45 pour ma part. Beaujolais. Nando me passe comme prévu l'album d'Air qu'il a acheté. Je retourne chez moi pour manger, à peine ai-je fini que Gros me téléphone pour aller boire un coup dans un autre café. Avant de le rejoindre, je téléphone à Pierrette qui finalement ne vient pas ce week-end mais le prochain. Elle a finit de lire Le journal de Laura Palmer et me demande mon avis sur la personne qui a tué Laura. Nos avis diverge, nous devons relire une deuxième fois ce fameux livre. Idem pour le film. Je retrouve Nando et Éric vers 23h00 pour finir la soirée chez ce dernier, avec la bouteille de Beaujolais du Gros. Je trouve la force en rentrant vers 2h du mat' de visionner le résumé des matches de foot. Gueugnon a encore gagné, c'est le principal résultat pour moi.

Novembre (19). Elodie descend au bled avec son nouveau copain. Je les retrouve avec Pol à 15h30. Son copain est fascinant. Il me fait penser à Nando. Il faut réunir les deux, ils auront des discussions intéressantes, ils ont beaucoup de points communs. Elodie me présente aussi à son portable. C'est le même modèle que moi, mais nous avons un fournisseur diffèrent. Je lui fais une petite formation, présentation de l'appareil. Son copain connaît du monde dans le milieu artistique parisien. Intéressant dans l'optique de projets cinématographiques et musicaux. Je peux garder espoir. Il y a longtemps que je n'avais pas rencontré quelqu'un d'aussi intéressant. Oui mais dans tout ça, je n'ai pas revu la fille de la semaine dernière aux grosses lèvres.

Novembre (20). Je profite du fait que je suis au bled pour flâner sur mon territoire, autour de ma base, de mon quartier général. J'ai un peu le spleen quand je vois ses couleurs de l'automne, la plus belle saison. J'ai trop de projets : arts plastiques, courts-métrages, chansons, poésies, recueils, nouvelles, romans. Il n'y a que ce journal qui ne me pose pas de problème d'organisation. Je pense sans arrêt à des actes manqués. Je pense au lycée, à Dijon. Steffy ne m'a pas rappelé. Elle n'a finalement pas changé depuis que j'ai coupé les ponts. Pierrette vient samedi, ça me fera du bien. J'essaye d'organiser mes activités intellectuelles, littéraires et artistiques. Dans mon nouvel appartement, je dois commencer par refaire un puzzle de 1000 pièces d'un paysage de montagne, pour me servir de fenêtre d'inspiration. Puis, je commencerai des essais de collage, j'enchaînerai sur du dessin et de la peinture. Je dois interférer cela avec des séances d'écriture : reprendre les dizaines de moutures de chansons, qui pour certaines, finiront comme poème dans un recueil. J'ai les scénarii des cours métrages à rédiger. J'ai juste noté l'idée de la vidéo. Peut-être que le copain d'Elodie pourra m'aiguiller vers des contacts sérieux, vu qu'il connaît du monde dans le milieu. J'ai fait la liste de mes nouvelles. Je dois les écrire une par une, en fusionner certaines qui ont un lien commun. Il faut que je fasse tout ça pour me soulager, pour me vider le cerveau plein d'idée. Qu'est-ce que je serai heureux quand j'aurai atteint ce but ! Je dois moins lire de documentaire, de journaux, ça me prend trop de temps. Je n'ai même plus le temps de lire des romans ou nouvelles, ce qui serait plus judicieux.

Novembre (21). J'ai rêvé la nuit dernière de deux femmes qui m'aimaient en même temps. Est-ce parce qu'hier soir j'ai pensé fortement à deux femmes ?
Je suis tombé par hasard sur la toile, sur le site de quelqu'un qui fait partie de ma famille, par alliance. Impressionnant. L'artisan qui devait me ramener mes persiennes a du retard. Je ne les aurais que jeudi. Je prends du retard dans mon aménagement. Il faut que je fasse encore des aller-retour quotidiens jusqu'à vendredi. Enfin, j'ai repris la lecture de American prayer.

Novembre (22). Encore un rêve d'amour, je crois que c'était Steffy. Je ne sais déjà plus. Je dors vraiment bien depuis une semaine. Il me faut bien mes 6h30 de sommeil par nuit. En parlant de Steffy, elle ne m'a plus contacté. Stéf non plus d'ailleurs. Je fais bien la différence entre elles et Elodie et Pierrette, pas exemple.

Novembre (23). En revenant du boulot, je me suis arrêté près de mon ancien lycée pour acheter des cigarettes. J'ai eu un spleen au revoyant cet environnement un début de soirée de fin novembre. Nostalgie d'un temps révolu, de belles années, des tas de copains et copines, d'une absence de pression. La belle vie.
Laurent me téléphone pour que je lui donne un "coup de main" pour une soirée qu'il a demain un peu avant Lyon. Seulement, comme je travaille le lendemain et que cela se passe à plus de 100 kilomètres…

Novembre (24). Alors que je m'apprête à passer ma seconde nuit dans mon appartement, je retrouve mes réflexes dijonnais : éviter les gaspillages d'énergie, éteindre la cuisine quand je suis en train de regarder la télévision, la rallumer quand je vais surveiller la cuisson des pâtes. J'ai enfin quatre de mes huit persiennes, celles de ma chambre et celles de mon atelier. Elles ne sont plus marrons mais d'un vert bleu. Ce qui change tout, la tendance de mon appartement. Je les préfère comme ça. Ca valait le coup d'attendre. Suite des bonnes nouvelles, j'ai découvert dans le quotidien local, le nouvel aspect du stade de Gueugnon : un stade à l'anglaise comme je l'avais prescrit au service communication du club, photos et sites internet à l'appui. Est-ce que j'ai pu avoir une influence ou est-ce que d'autre pense comme moi ? Je suis vraiment de bonne humeur. Je n'ai pu avoir Nori au téléphone, pour qu'il vienne manger chez moi. Mais j'ai eu Pierrette et une ancienne collègue des jardins. Finalement, je profite que je ne reçois personne ce soir pour monter les étagères de ma bibliothèque, y mettre des livres et revues à lire, vidant ainsi une caisse. Je monte aussi une table de travail dans mon atelier. Je vois un peu dans ma tête son futur aspect. Je crois que ma cuisine est presque finie. J'ai mis un tapis sous mon matelas dans ma chambre. Mon salon devient plus humanisé avec cette petite bibliothèque.

Novembre (25). Je mange en vitesse à midi, juste le temps de passer un coup de balai. Je quitte cet appartement qui a bien changé en quelques jours. Je me fixe la date du 1er décembre pour finir les grandes lignes de son aménagement, et vider les cartons.
Je retrouve Pierrette au café, le soir. On finit à l'aire de loisir. Elle a encore eu la main lourde. Je n'ai pas téléphoné à Elodie ni à son copain. Je le ferai dans les prochains jours pour qu'il puisse rencontrer Nando.

Novembre (26). Repas de famille. Je récupère des meubles blancs pour mes vêtements dans mon nouvel appartement. Je les mettrai dans mon immense salle de bain. Demain, j'amène une chose supplémentaire, une table de chevet et une lampe, un sac de grand-mère pour faire les courses. La semaine a était plutôt bonne.

Novembre (27). Je débute le puzzle Vers le Dru, que j'avais fait, il y a quelques années. J'y passe plusieurs heures après avoir mangé, me contentant de trouver les pièces qui sont aux quatre angles et tout autour. J'ai la hantise d'avoir égaré une pièce, heureusement j'ai trouvé les quatre angles. J'ai téléphoné à Nori pour lui dire de venir manger mercredi soir.

Novembre (30). Quand je suis dans mon appartement, je passe presque tout mon temps libre à poursuivre ce puzzle. Tant qu'il ne sera pas achevé, je ne ferais pas de collage ou d'écriture. Il sera ma première décoration murale. D'ailleurs, je dois me renseigner sur la façon de le figer au mur.

Décembre (1er). Le week-end commence aujourd'hui à 19 heures. Je rentre au bled. Mes deux nuits ici se sont encore hyper bien passées. Je lis Les Aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec et je suis devenu accro à cette histoire alors qu'au début, je m'y intéressais seulement par curiosité. En attendant que le volume 4 revienne à la bibliothèque, je vais lire Corto Maltese, rien que les titres sont fantastiques : La balade de la mer salée, Fable de Venise. La semaine de travail c'est très bien passée, dans une ambiance de plus en plus joyeuse, ce qui me rappelle toutes proportions gardées, les jardins. Nando ne rentre que le week-end prochain, ce qui me laisse un week-end assez libre pour aller à droite ou à gauche. Je vais encore emmener des affaires demain à mon appartement avec Pol. Des chaises, un petit meuble et divers accessoires.

Décembre (2). Pol m'a donc aidé à emmener des affaires à l'appartement. Il trouve que mon antre est bien. C'est vrai que ça commence à avoir de la gueule. J'ai commandé Le travail intellectuel de Jean Guitton et L'île aux trente cercueils de Maurice Leblanc. Je les aurais la semaine prochaine s'ils sont toujours disponibles. J'espère que c'est le cas, car pour Jean Guitton, ce sera très dur de le trouver en occasion.
Comme j'ai acheté pas mal de bière au supermarché, sur la route du retour, j'ai passé des coups de fils à Laurent et Elodie pour venir chez Éric ce soir, histoire de faire des rencontres. J'ai toujours aimé se faire rencontrer des gens. Et la soirée fut à la hauteur de mes espérances. Mais je suis toujours célibataire. Pas étonnant puisque je me donne trop à mes projets personnels. Si je souris un peu plus aux femmes et se je prends le temps de les rencontrer, il n'y a pas de raison pour que je reste seul. J'ai conscience de ma spécificité. Les semaines passent et rien ne vient. Je dois aussi savoir parler de ce que je fais : écriture, peinture… Je ne sais toujours pas me mettre en valeur. Pour en revenir à la soirée, nous avons commencé à évoquer le réveillon.

Décembre (3). J'ai fait cette nuit un rêve dans lequel il neigeait, et dans lequel je regardais pour la première fois La neuvième porte. Je trouvais ce film pas terrible alors que dans la réalité, je serai sûrement enthousiasmé. Il passe ce mois à la télévision. J'ai eu deux fois Nando au téléphone pour diverses questions d'échange de films ou disques. Notamment Air. Avec Pol, j'ai commencé à réfléchir au réveillon. Nous en parlerons avec les autres le week-end prochain. Enfin, je suis allé au stade pour la première fois de la saison, emploi du temps oblige.

Décembre (4). Encore une journée pleine. Je ne ferais sans doute pas tout ce que j'ai à faire. J'ai vu Laurent qui bosse depuis vendredi à mon ancien collège. Il est passé chez moi, je lui ai montré mes problèmes de fabrication de carte de visite. Je me suis pris la tête tout seul pour ces cartes. Il faut que j'en refasse car il ne m'en reste plus qu'une. Nous sommes allés boire des galopins au Central. Nous avons évoqué des projets de travail en commun : faire une bande dessinée dans le style de Mordillo. J'ai croisé dans la rue une femme brune qui m'a dit bonjour comme si elle me connaissait. Après réflexion, je crois l'avoir déjà vu il y a peu. Elle doit être une parente éloignée, enfin je crois, je ne suis pas sûr du tout. Déjà un soir, une autre femme brune m'avait dit bonjour dans la rue sans que je la reconnaisse.

Décembre (5). En faisant un tour comme presque tous les mardis au marché, je revois un ancien collègue de catéchisme. Il travail à Paris dans le secteur de la toile. J'emmène un tapis, rouge, dans mon appartement. Maintenant, je me sens vraiment bien dans mon logement. Il est confortable.

Décembre (7). Je suis rentré mardi et aujourd'hui à la maison pour suivre des matches de football à la télé. Aussi, il fallait que je fasse des enregistrements, entre le match de hockey et une soirée de quatre heures sur John Lennon. Dans une semaine, il faudra encore que je rentre pour ma seconde réunion de ma liste pour les élections électorales. Je regarde le début de la soirée John Lennon, un documentaire émouvant qui commence au pied de l'hôtel de Manhattan où a lieu le meurtre.

Décembre (8). 20 ans déjà ! A part dans les journaux télévisés, pas d'images pour l'anniversaire de la mort de John Lennon. Gros passe me voir avec sa copine dans mon appartement. Petit revival du local.

Décembre (9). J'ai encore rêvé. De neige et de sexe. Beaucoup de choses à faire, à peine rentré à la maison. Je vais d'abord voir à la librairie si les livres que j'ai commandés sont arrivés : un sur deux seulement. L'île aux trente cercueils de Maurice Leblanc, mais pas Le travail intellectuel de Jean Guitton. Il est épuisé. Je ne vois pas comment, sinon par chance, je pourrai me le procurer. Il a fallu aussi que je fasse un saut au stand du jumelage, comme tous les ans depuis trois ans, à l'occasion du marché de Noël. Je suis le dernier acheteur du millénaire. Ils remballaient.
Elodie n'a pu venir avec Christophe pour que je le présente à Nando. Nous avons bien rigolé, comme au bon vieux temps. Mais je pensais intérieurement que le temps commençait à presser pour que je dois me bouger. Je crois que je ne peux compter que sur moi.

Décembre (10). Je n'ai toujours pas revu la fille aux superbes lèvres. Comment aurais-je pu la voir en allant ni dans un bar, ni dans un bal, ni dans une boite hier soir. Était-elle simplement de passage il y a quelques semaines, quand je l'ai vu avec des copines au café de France, alors que j'étais avec Elodie. Je dois rompre cette routine qui commence le vendredi soir et fini le lundi matin. Je le dis fermement à Pol. La semaine prochaine, je sors peut-être vendredi soir au thé dansant qui se situe à 300 mètres de chez moi, si Laurent peut venir, et malgré le fait que je travaille le lendemain. Samedi soir, toujours avec Laurent, soit nous allons en boite, soit nous allons au bal, soit au thé dansant. Nous n'avons pas trop parlé du réveillon hier soir. Au moins manger un peu avant de boire. Si nous pouvions tous nous retrouver ! Je téléphone à Laurent pour se rencarder demain comme la semaine dernière.

Décembre (11). Encore beaucoup de chose à faire. Je suis monté à Dun. L'angoisse de la feuille blanche, même là-haut.

Décembre (12). J'ai fini le puzzle commencé il y a quelques semaines. Je ferai le collage vendredi. J'ai vu l'affiche du cinéma, on passe demain à 20h30, Virgin Suicides, avec la fameuse musique de Air. Enfin, je trouve sur la toile, le bouquin de Jean Guitton que j'avais commandé à la librairie du bled.

Décembre (13). Finalement, ce n'est pas ce soir que passe Virgin Suicides. L'affiche du programme de la semaine du cinoche est très mal faite. Il passe demain soir mais je dois rentrer au bled pour cause de réunion politique. Il passe aussi vendredi mais à 22h30. je crois que je vais attendre que ce film passe au bled ou à la télévision cryptée.
Dans mon appartement, je fais un peu de rangement et d'aménagement. Je déroule enfin la fresque du local en écoutant Arman à la radio. Au même instant, je reçois un mystérieux message sur mon cellulaire. Sûrement une erreur, hélas, car il s'agissait d'une personne à qui je manque terriblement.

Décembre (14). La réunion s'est bien passée. Je n'ai pas eu de coup de téléphone suite au message mystérieux d'hier soir. Demain peut-être.

Décembre (15). Je suis allé chercher les bouquins d'informatique que j'avais commandés dans une librairie voisine. Je prendrais ceux qui portent sur la création de pages personnelles. J'ai lu sur ce sujet le supplément du mercredi du Monde. Je commence à mettre sur papier quelques éléments pertinents. Une nouvelle pensée de trouvée. Il y a longtemps que cela ne m'était plus arrivé. J'ai téléphoné à Laurent pour savoir ce que l'on faisait demain soir. Nous irons boire un coup à Roanne.

Décembre (16). Encore un rêve sexuel, encore troublant. En tous cas ça marchait bien pour moi, dans le rêve. Je crois savoir à qui j'ai rêvé, quoique. Thierry m'a appelé pour savoir ce que je faisais pour le jour de l'An. Évidemment, il dit qu'il y aura plein de monde, des filles, que Sandrine viendra sans son mec, qu'ils sont fâchés. Je suis sceptique. Je n'ai pas ouvert mon courrier reçu à la maison. Je le lirais jeudi soir. J'ai une lettre de Londres, sans doute les vœux des Anderson.

Décembre (17). Hier soir, à Roanne, je me suis posé certaines questions existentielles sur les femmes et moi. Nous sommes allés dans un bar à pétasses et merdeux, tout ce que je déteste ! Des fois, je ne comprends pas Laurent. Le temps qu'il réagisse, qu'il fallait quitter ce mauvais territoire, il était déjà minuit et demi. Trop tard pour aller au thé dansant, objectif de la soirée. Nous avons fait un dancing. Marrant ! N'empêche que la pêche n'a pas été bonne.
Je suis passé voir Christophe chez lui, puis nous nous sommes allés au Central après qu'il eut cherché Elodie. Puis, Pol, Éric F, et Oliver nous ont successivement rejoints.
Beaucoup de chose à faire avant de se coucher. Je dois continuer la lecture des aventures de Corto Maltese, La balade de la mer salée que j'ai commencé jeudi. Je suis envoûté par ce personnage et son environnement, comme je le suis pour Les Aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec.
Dernière semaine de travail avant les vacances, quatre jours en fait. Mais beaucoup de boulot. Elle passera très vite comme les autres. Je rentrerai peut-être mercredi soir à la maison pour un match de football télévisé.

Décembre (18). L'après-midi, seul dans la bibliothèque, je ressens un coup de cafard, dans ce grand vaisseau vide. Le moindre bruit me surprend. Le soir, je commence ma déco intérieure de mon appartement à base d'élément du squat et de bar. Je tergiverse, je prends mon temps, ma tête. Je finis la lecture de La balade de la mer salée, enchaîné de l'épisode 7 des Aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec. Je tombe presque de sommeil.

Décembre (19). Depuis deux semaines, et même plus, le temps passe très vite au boulot. J'ai tellement de choses à faire que je n'en vois pas le bout du tunnel. A l'appartement, je poursuis ma déco. Je téléphone à Thierry pour lui dire s'il veut venir vendredi soir avec d'autres chez moi pour finir la soirée dans la boite qui se situe près de mon logement. Je téléphone aussi au Gros pour que je passe lui filer la clé de ma boite aux lettres, qu'il puisse prendre mon courrier pendant mon absence. Je passe le voir de suite. Je n'étais pas allé dans son appartement depuis des mois, un an, lors d'une mémorable fête avec Oliver où s'étaient joins à nous des collègues du lycée. Je découvre son nouvel ordinateur. Enfin, je téléphone à Pierrette. Je lui parle de la proposition de Thierry pour le réveillon.

Décembre (22). J'ai eu du mal à croire, en me levant ce matin, que j'étais en vacances. Elle n'a pas encore rappelé. Je me fais couper les cheveux, mais moins courts qu'à l'accoutume. Je n'avais pas touché à ma toison depuis que Pierrette s'y colle, lors de cet été et de ses vacances.

Décembre (23). Je téléphone à Pierrette qui me dit qu'elle ne veut pas aller au réveillon de Thierry. J'annonce cela à Thierry. Il est déçu. Plus tard, J.C. m'appelle pour insister, mais ce n'est pas la peine. Je crois que je vais revenir sur ma décision concernant une place de correspondant local. Je crois que je dois tenter ma chance dans le quotidien local, dans cette autre agence...

Décembre (24). Ma cousine Domi m'a donné un agenda comme celui de l'an dernier, pour mes rendez-vous personnels et toutes les choses à faire. J'en ai donc trois : celui-là, celui du boulot pour noter les personnes qui viennent à mes cours et les tâches professionnelles, enfin un agenda scolaire où je note mon journal. J'ai téléphoné hier à Steffy en pensant aller le soir à l'anniversaire de la boite, pour savoir si elle venait aussi. Elle ne venait pas et finalement moi non plus, la soirée entre potes ayant bloqué jusqu'à 3 heures du matin. Je devais passer à Roanne pour sortir avec elle dans un bar ce soir, mais je lui ai laissé un message comme quoi je n'étais pas en pleine forme pour me taper 50 bornes. Je la verrai peut-être la semaine prochaine.
J'écris deux nouveaux poèmes, autour d'histoires de châteaux.
Encore une soirée entre amis. Je rentre à deux heures de matin. Je finis de regarder un documentaire sur Venise. Je repense à N. Inévitablement. Et puis, je me dis que je pourrai écrire en une nuit 500 poèmes comme ceux que j'ai posés tout à l'heure. En reprenant mes journaux, je devrais pouvoir en faire des dizaines.

Décembre (25). Jour de Noël mais j'essaye d'en faire un lundi comme les autres. Je le consacre à mes projets personnels, même si je musarde pas mal sur mon ordinateur à des futilités. C'est Noël. J'ai téléphoné à Pierrette pour lui dire que je ne venais pas à Lyon avec elle.

Décembre (26). J'ai reçu ce matin Le travail intellectuel. J'ai fait un tour a marché où j'ai revu plein de monde enfoui dans un passé plus ou moins récent. J'ai pris un café avec Éric F au Central. Cet après-midi, j'ai plusieurs envois urgent à poster, je dois faire un peu de rangement dans mes papiers et archives personnelles. Je dois aussi téléphoner à l'agence locale du quotidien pour dire que je suis prêt pour être correspondant local.
J'ai fait une erreur stratégique concernant les élections. Elle peut avoir des conséquences. J'avais décidé de me retirer de ce combat mais on tient visiblement à moi. Par contre, je vais cesser mes activités pour le festival. Du moins, je ne ferais que des actions de communication, surtout si je suis pris comme correspondant local. En fait, ce dernier point ne dépend que de moi. J'ai téléphoné au rédacteur en chef, mais il est en vacances jusqu'à mardi.
Toujours rien de prévu pour le réveillon. Nat ne veut le faire chez elle. Je n'ai eu que le répondeur de Pierrette pour annoncer la nouvelle. C'est triste ce manque d'esprit festif. J'ai commandé un dernier disque, Radioactivity de Kraftwerk. J'ai enregistré Tout le monde dit I love you. Toujours aussi drôle.
Demain, cela fera un an que j'ai écris ma dernière lettre à Hélène. En retombant sur sa lettre, je me dis que demain, symboliquement, j'écrirai un texte issu de cette lettre. Pour me remettre dans le bain de l'écriture de texte. En espérant punir mon mal. Définitivement. Cela me permettra de paraître moins froid. En fait, je suis endurci par des moments difficiles qui se sont accumulés entre 1990 et 1999. Depuis, je me suis trop protégé. Ce n'est pas par peur. Dés mon retour dans mon appartement, je commencerai mes collages.

Décembre (27). J'ai rangé de façon Dewey tous mes livres et documentaires. J'ai trié et organisé tous les textes que j'ai écrit. 42. J'ai écris Last words to Helen. J'ai eu un peu de mal à me remettre à l'écriture de texte, mais l'inspiration est finalement revenue. Avec comme musique d'ambiance, la compilation de notre émission de radio et Song of faith and devotion. Je suis soulagé. Je me sens mieux. Fort. Le film de Woody Allen, hier soir m'a requinqué. Je suis prêt pour des rencontres. J'ai vu Oliver pour lui proposé de faire une virée vendredi soir dans des bars, avec l'espoir de voir la femme qui vagabonde dans ma tête.
J'ai téléphoné à Pierrette. Pour le réveillon, nous mangerons sûrement tous les deux chez elle. Hier, elle s'est endormie devant Tout le monde dit I love you. Avant de me coucher, je regardais Jack le tueur de géants, histoire d'oublier que je l'avais vu le soir de la tempête de Noël dernier. Chaque fois que je pensais à cette tempête, je pensais au film, et inversement.
Oliver me confirme que Nat ne veut pas faire le réveillon chez elle. Je téléphone alors à Pierrette pour le lui dire. Finalement, elle me propose qu'on mange tous les deux chez elle. Un petit repas de réveillon, histoire de ne pas s'écrouler à 22 heures. Elle me dit aussi que sa voiture est presque morte, q'elle viendra en train dimanche.

Décembre (28). J'ai encore eu du mal à me lever. Je ne fais plus de rêve depuis que je suis en vacances. Je me couche plus tard, vers deux ou trois heures au lieu de minuit et demi ou une heure et demi. Y a-t-il un rapport entre ces données ? J'ai quand même fait une compilation, Une année 1992. Ce soir, je vais essayer de faire celle de 1991, le reste des années 90, en même temps que du rangement dans mes cours. Thierry m'a rappelé vers 19 heures pour savoir si rien n'avait changter, pour que nous venions à la fiestaJ'ai rangé mes cours, du cours primaire à la Fac. Même le catéchisme. D'ailleurs en voyant des papiers sur la composition des groupes de cette activité imposée, j'ai eu un petit spleen : que sont-ils devenus ? Je les ai tous perdu de vue, excepté un ou deux. Ils doivent tous avoir un bon boulot dans une ville moyenne ou grande, une femme, des enfants peut-être.

Décembre (29). Alors que je finissais mes rangements de documents, j'eus plusieurs appel. Elodie d'abord pour me demander ce que je faisais pour le réveillon. Puis son copain Christophe, pour la même raison. Là, je me dis que dois téléphoner à Pierrette pour lui demander si elle veut qu'ils se joignent à nous en préambule de la soirée chez Éric F. Enfin, Fab appelait pour insis de Thierry. Je lui dis que si Pierrette veut venir, elle l'appellera. La neige a commencé à tomber malgré une température plus que fraîche.
Pierrette fut o.k. pour le réveillon chez elle, avec Elodie et Christophe. Ca se goupille bien. Ce n'était pas le cas il y a une semaine. Il ne me reste plus qu'à savoir à quelle heure nous nous retrouvons tous, avant d'aller à la boite, chez Éric F. Pour ça, je vais voir la troupe ce soir, Nando en tête. Avant de me coucher, il faudrait que je couche dans sa version définitive, ma première nouvelle pour adulte. Ainsi qu'un scénarii. Avant la fin du siècle, dans deux jour, je dois faire encore deux compilations, finir le rangement, envoyer mes vœux par mails.é pour le réveillon. Rien n'a changé.

Décembre (30). J'ai planché sur la première nouvelle, Introduction, jusqu'à 4 heures du mat. Une page et demi, pas mal pour un début, qui se voulait de surcroît, court. Tout va bien puisque c'est o.k. pour la soirée du réveillon. Il n'y a plus qu'à faire les courses et attendre. J'ai quand même eut un nouveau spleen hier soir, pendant que je regardais un concert, enregistré à la télé il y a deux mois, de Radiohead. J'ai trop de choses à faire que je n'en vois pas le bout, et je ne sais même pas des fois par où commencer.
J'ai imprimé mes journaux. Je les lirais la semaine prochaine pour les premières corrections.

Décembre (31). Voilà. C'est fini. Nous arrivons au terme de ce voyage à travers l'an 2000. Il ne s'est rien passé, le monde tourne toujours. La soirée s'annonce très bien. Hier, nous avons passé une super soirée, une franche rigolade, chez Éric. Puis, sur le coup des 1h30 du matin on s'est décidé à aller à la boite. On n'était pas trop défait. Il n'y avait pas grande monde, un nouveau disc-jockey. La rigolade a continué. Un entraînement pour ce soir. Je n'ai bu que du vin, chez Éric, et de la pression à la boite. On a "fait la fermeture", jusqu'à 5h15 pour moi, laissant encore Nando avec le personnel au bar. Il y a fort longtemps que je n'avais pas rigolé aussi intensivement. Avec Nando, j'ai philosophé de la boite, du passé, de la culture.
J'ai fini mon rangement. Pierrette vient de m'appeler, elle passe vers 18h30-19h. Puis repas avec Elodie et Christophe. Je crois que je vais arrêter là, pour l'instant. Je reprendrais ce journal plus tard, grâce à mon carnet.

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