PARTIE IV
L'année de tous les
dangers
2000
Janvier (1er). Nous
courrons vers la place centrale de la cité des Gaules. Les gens issus
de toutes les directions se pressent vers le même point de congestion.
Environ 50 000 personnes avaient ainsi eu la même idée pour célébrer le
nouveau millénaire. Place Bellecour, place des richards, cœur de Lyon.
Avec moi Oliver, seul parmi les braves, quittant une party, qui se
voulait arty, une demi-heure plus tôt.
Tac voilà c’est fait c’est l’an 2000. Je n’ai pas senti une grande
différence. Au loin, les voitures roulent toujours sur les routes. Les
télécommunications sont saturées tout le monde veut se téléphoner avec
son cellulaire, et finalement personne ne peut se joindre. Et
finalement moi qui m’étais rencardé avec deux filles qui ne peuvent
plus se voir, je n’en verrais aucune, c’est sûr trop de monde ici.
Pourtant je tombe sur Christelle, que nous avions rencontré dans une
brasserie de LC hier à midi. Mais très vite, m’apercevant que je ne
pourrais joindre mes deux grâces, je décidais d’une autre tournure pour
la soirée. Nous remonterons à la party, tranquillement, en faisant des
pauses à des stations pour nous dessoiffés. Boite, bar, boite, bar…
Retour à la fête, visiblement finie depuis bien plus longtemps que je
ne l'imaginais. Tous étaient presque partis avant minuit. Les trois
rescapés des lieux aller se coucher sur un fond musical que je n'avais
pas écouté depuis des années, et sur le coup, je me demande comment
cela puisse se faire d'ailleurs : The Cure, l'album devait être soit la
compilation
Standing on the beach,
soit une partie de la trilogie
Faith
-
Pornography -
Seventeen seconds.
On reboit du champagne, on remange des toasts affalés sur les canapés.
J'essaye de trouver un matelas ou quelque chose dans ce genre pour
dormir. Finalement après avoir longuement étudié les lieux, je
m'installe sous une tente placée dans une mezzanine géante près du
poste de disc-jockey. L'absence de chauffage se faisait ressentir
durant mon sommeil que j'avais du mal à conserver, après que certains
commencèrent à couper du bois sur le coup des 8 heures. Je n'avais
comme couverture que ma veste, accentuant ainsi le froid ambiant.
Au levé général, je sentis que la fête était finie et que pour certain
elle ne serait pas d'anthologie. Certain décidèrent qu'il n'y avait
rien de mieux que de recommencer à boire au café d'à côté. Passer un
moment, je décidais de passer à autre chose et de quitter l'assistance.
Je prenais donc la décision de rentrer chez moi par le premier train.
Avant d'aller à la gare, j'allais prendre la température d'un couple
d'amis. L'une de mes amies que je n'avais pu contacter la veille avant
les douze coups de minuit, cette petite Pierrette. Voir un peu comment
s'était passé leur soirée. Ils habitaient près de cette gare, ce qui me
permettait de rester chez eux juste avant d'aller prendre le train. Ils
avaient subi une soirée bien calme entre couples. Ils étaient encore un
peu dans le gaz.
Et puis, je pris donc le train. Dans une voiture assez bien remplie. On
n'entendait qu'un crétin des alpes parlant fort à son téléphone
portatif. Il voulait se faire remarquer, il avait besoin d'exister,
avant de rentrer à la ferme. Je ne risquais pas de faire de même car le
mien était presque déchargé. Moi je préférais continuer la lecture d'un
de
Wilderness, ce qui
m'inspira une citation sur moi, Hélène et Morrison.
J'arrivais chez moi la nuit tombée depuis longtemps. Une petite bruine
m'accompagnée jusqu'au pas de ma porte. Rien n'avait semblé avoir
changé ici aussi. Je me jette sur les restes du repas de famille
organisé à la maison à midi. Repas que j'avais évité pour la seconde
année consécutive, à mon regret. Puis, je téléphonais à un ami de la
bande, Pol, pour savoir s'il n'était pas par hasard rentré de Lyon la
nuit en voiture comme je le soupçonnais. Et sa voix au bout du fil
confirma ceci. Il aurait pu me joindre pour que rentre avec lui ce qui
aurait pu m'éviter de prendre le train et surtout de dormir sous une
tente. Il m'annonce une sortie surprise chez une fille vers 21 heures.
C'était une fille qui était dans le même collège que moi. Je ne lui
avais si peu parlé que je fut agréablement surpris qu'elle se rappelle
mon prénom. Elle travaillait aussi pour l'éducation nationale. Je
découvris lors de notre soirée que nous avions d'autres points communs,
notamment pour ce qui est des lectures par exemple le magazine
Géo, des romans,
Le grand Meaulnes….
Elle pratique la guitare acoustique. Etant dans un collège et moi dans
un lycée nous avons des idées communes quant au système éducatif
français. Mais trop fatigué par ma courte nuit de sommeil, et longue en
excès, je ne tarde pas à rejoindre mon lit.
Comme pour tous 1er janvier, je mets en place non pas des bonnes
résolutions de nouvelles années, mais plutôt des objectifs à atteindre
en fin d'année : finir un ouvrage en plus de celui-ci, corriger mes
poèmes finis et finir ceux qui sont commencés, revoir Sophie pour voir
comment on pourrait collaborer à un groupe. Bon, ça fait pas trop
d'objectifs, je devrais y arriver.
Janvier (2). Premier dimanche
de 2000. Un dimanche comme les autres. Je crois que j’ai trouvé une
motivation nécessaire pour l’écriture de ce journal.
Janvier (3). Je suis exaspéré
par le comportement des arbitres du championnat d’Angleterre, qui se
comportent en goujat vis-à-vis des joueurs français surtout envers ceux
d’Arsenal. Alors qu’ils laissent faire certaines choses incroyables.
Mieux vaut s’appeler Ruddock ou Wise que Viera ou Petit.
Janvier (4). Je commence, sous
forme de base de données, la seconde partie de ma médiathèque, la
partie livres, ne prenant en compte que les romans, recueil de poésies
et pièces de théâtre. Cette base de données comprends quatre champs :
auteur, titre, année de publication et pays d’origine de l’auteur. Je
peux donc voir à peu près mes époques préférées, mes littératures
adorées, et en couplant ces deux champs je peux tout de suite situer
mon courant vénéré.
Je suis allé chez dentiste. J’ai toujours l’impression que rien n'a
changé dans le cabinet. Le temps n’a pas d’influence en ces lieux.
C’est un espace intemporel, j’ai toujours l’impression d’y être venus
la veille. Je crois que c’est propre aux endroits que je n’aime pas.
Janvier (5). J’enregistre un
album des Meats Puppets, de 1994, ce qui porte à 536 ma discothèque.
J’utilise pour la première fois la fonction fax de mon modem. Je
travaille beaucoup. Par internet.
Janvier (6). Une pharyngite
m’est tombée dessus en quelques heures. Je bois le soir un pastis lors
d’une réception, qui me sera fatal. Je suis transie de froid, j’ai mal
partout. Je trouve la force de me coucher à 1h, pour regarder un film
entre
Trouble et … un autre
film américain d’amour foiré.
Janvier (7). Je reste donc chez
moi. Et je médite sur les changements climatiques
Janvier (8). Christelle est
venue chez moi, cet après-midi. Disons qu’en rentrant ma voiture je
l’ai approché lorsqu’elle sortait de chez elle. Lui proposant de la
conduire au centre de la ville où elle devait, par déduction, avoir à
faire. Fort justement elle devait se rendre chez une personne de
connaissance commune à nous pour envoyer un mail, dans le cadre de
recherches professionnelles. Finalement je restais avec elle dans ma
chambre, où mon ordinateur se situe, pour qu’elle accomplisse sa
besogne. Une bière pour elle, un café corsé pour moi, et des cigarettes
pour nous deux. Une bougie à la vanille pour dissimuler cette odeur de
tabac.
Après le travail effectué, nous allons boire quelques bières chez un
ami, discutant cinéma et musique de cinéma. Hasard ou coïncidence,
Sébastien, un collègue de boulot, me téléphone pour m’annoncer qu’il ma
copié le disque que je recherche depuis plusieurs années, de façon
maladive :
Arizona Dream.
Janvier (9). Je viens de finir
ma liste de romans et poésies sur base de donné. J’arrive à 96 livres.
J’en ai deux en double : deux Flaubert,
Trois contes et
Madame Bovary.
Il ne me reste plus qu’à faire la partie vidéo de ma médiathèque. Pour
l’instant un seul personnage s’illustre dans les trois catégories
disques, livres et vidéos, il s’agit de Serge Gainsbourg.
Janvier (10). J’ai repris mon
travail au lycée. J’apprends que tout le monde était malade jeudi et
vendredi. J’espère seulement éviter la gastro entérite qui traîne
partout. Ces gamins de seconde sont toujours aussi irrécupérables, ceux
de premières toujours aussi insupportables, et ceux de terminales
toujours aussi arrogants. Bien sûr cela ne vaut pas pour tous. Il y a
des secondes très zen, des premières très bonnes, et des terminales
très intimes. En rentrant dans ma chambre, j’ai changé de place des
affiches agrafées au mur, vers mon lit pour ne plus les abîmer quand,
lisant le soir, je mets mon coussin contre le mur. Ce qui par effet de
frottement les endommage. Je remarque que l’affiche blanche des Stone
Roses, vers ma porte, remplaçant un sombre poster de Cure, donne une
impression d’agrandissement de ce coin.
En me couchant, je me demande combien de temps je vais tenir ce
journal. Mais j’ai peur de devenir prisonnier de cette tâche
perpétuelle.
Janvier (11). J’atteins l’âge
respectable de 27 ans comme … Ce journal avance. Sébastien m’apporte le
plus beau des cadeaux dont je puisse rêver pour ces 27 ans. Cette B.O.
d’
Arizona Dream. Je vais enfin
pouvoir me réveiller tous les dimanches du monde avec ces 46 minutes et
8 secondes de rêve. Mais en mettant sur REP SHUF, je peux faire durer
le plaisir jusqu’à 2h.
Janvier (12). Un ajout, un
alinéa à mes résolutions pour la nouvelle année, on a jusqu’à la fin du
mois pour en décréter. Outre ce journal, je dois tous les jours
consacrer un moment de ma journée, non pas au Seigneur, que j’ignore
depuis fort longtemps, mais à mon œuvre, quelle soit littéraire ou arts
plastiques.
J’ai emmené Oliver à la clinique du château pour se faire opérer
demain. Il y a sept ans, presque jours pour jours, c’est moi qui me
faisais charcuter le genou. Je jette un œil avant de repartir sur la
ferme jouxtant le parking. Ce fût ma vue depuis ma chambre pendant les
dix jours que j’ai passé alité. Je ressens une impression étrange. Je
pense à cette époque où je ne me rappelle pas avoir eu le soleil
pendant ce séjour, si ce n’est un samedi après-midi où des amis
m’avaient rendu visite.
Janvier (13). Je suis retourné
au dentiste cet après-midi. J’ai maintenant une dent de fer. J’en
attends une autre pour mardi prochain.
Je respecte mes consignes. J’ai transcrit deux textes, achevant la
troisième partie de ces textes. J’ai envoyé quelques mails.
Je suis allé à la bouquinerie. Pas de nouveautés. La bouquiniste est
enceinte et forcement elle ne se déplace plus beaucoup. J’ai quand même
noté
Le zéro et l’infini
d’Arthur Koestler et une partie des Rougon-Macquart.
Janvier (14). Ce matin je me
suis senti démotivé pour mon travail au lycée. Je semble me laisser
aller inexorablement. L’approche de la fin de ma mission. Ce soir j’ai
trouvé une annonce de documentaliste à l’hôpital de LC.
Janvier (15). J’ai répondu ce
matin à l’annonce de documentaliste. J’ai eu pas mal de problèmes
informatiques. J’ai dû appeler en renfort Pol. Sitôt un problème
résolu, un autre arrive. Je finis la journée sur les nerfs à cause de
ce fichu ordinateur. Ca me plairait assez de travailler à l’hôpital.
Un samedi soir comme tant d’autres, très vineux
Janvier (16). Encore de
nouveaux problèmes informatiques. Le week-end, en fin de compte, fût
autant informatique que le samedi soir fut vineux. Que dire sinon que
l’aventure continue ! Je continue de réécrire mes poèmes. Je commence à
songer à ce poste à l’hôpital. Et plus j’y songe, moins je pense au
lycée. Ce qui risque d’accentuer mon laisser aller demain. Je vis
maintenant en me disant que je partirais peut-être avant le terme de
mon contrat, que peut-être la semaine prochaine cela sera fini.
Janvier (17). A la bibliothèque
du lycée, j’ai du boulot jusqu’à la fin de mon contrat. En effet nous
avons environ 600 livres à inscrire, en plus des périodiques, de la
gestion des prêts, et des tâches quotidiennes et administratives. Je
m’attelle notamment sur des romans en version originale.
The picture of Dorian Gray d’Oscar
Wilde,
The turn of the screw
d’Henry James. Tous ces livres neufs me donne envie de lire, me donne
envie d’écrire, me donne envie de rester dans l’univers du livre.
Janvier (18). Officiellement il
ne me reste plus que 16 fois après ce matin à me lever pour aller au
lycée. A 27 ans j’ai passer l’âge d’aller au lycée! Tous ces matins se
ressemblent terriblement. Appeler cela de la routine est un euphémisme.
Tous ces matins je fais les mêmes gestes, les mêmes actes, aux même
heures, avec les mêmes enchaînements. Et j’ai toujours cette envie de
rester coucher, de ne pas aller au lycée. J’aimerai rester à lire ou
écrire.
Janvier (19). Je fourmille
actuellement de pleins d’idées d’écriture. Des nouvelles, des journaux
construits différemment. Au jour, au mois, à l’année, par période, lié
à une histoire, à un fait. Dès que j’ai fini de réécrire mes textes,
mes poèmes potentiellement chansons, je dois retravailler mes romans
titrés sobrement
1991 et
1993.
Je pense aussi à l’éventualité de créer une bande dessinée avec Nando,
qui est doté d’un coup de crayon pertinent. Cela raconterait l’histoire
d’une bande de jeunes undergrounders, mais sans le côté branché. Moi je
ferais le scénario.
Janvier (20). Rien de bien
terrible à raconter. Encore une journée consacrée à ce maudit
ordinateur. J’ai quand même pris le temps de sortir pour aller flâner à
la bouquinerie et acheter le premier volume des Rougon-Macquard,
La fortune des Rougon.
J’entreprends l’ambitieux projet de lire la saga des Macquard.
Janvier (21). J’ai reçu une
réponse de l’hôpital, et le bébé se porte bien : on m’invite à prendre
rendez-vous. Ce que je fais pour lundi matin, à 9 heures. J’ai emprunté
tous les livres de Woody Allen de la bibliothèque du lycée, au nombre
de trois.
Janvier (22). Je commence à
m’informer sur le logement à échelle locale. Prix, zone d’ombre,
panorama, propriétaires pourris... Je n’ai pu aller faire une randonnée
en forêt car il a fait un temps à situer entre neige et pluie.
D’ailleurs cela fait un certain moment que je ne me suis pas baladé. La
dernière fois, j’ai chopé cette pharyngite. Encore acheté des livres,
deux Agatha Christie et
Frankenstein
de Mary Shelley.
Ce soir nous allons traîner avec le reste de la bande dans quelques
auberges. Il faut qu’on bouge un peu plus, il faut qu’on sorte qu’on
voit du monde, des filles, sinon on va devenir des vieux gars.
Il n’y avait pas grand monde à l’auberge du Cheval Blanc. Finalement on
s’est remis au billard, délaissé depuis trop longtemps. Le jeu fût
agrémenté de pression nullement due aux parties. Et vu la mis en route
lente des vieux reflex du joueur de billard, d’un manque de pratique,
d’un manque de technique il faut l’admettre pour certains, chaque
partie dura trois-quarts d’heure. Avant de me coucher, je bâcle la
lecture de
Salammbô. Ces
parties de billard m’ont fait repenser qu’il fallait que je descende le
billard japonais qui traîne dans le grenier depuis des lustres. Cela
fait deux ou trois ans que je dis que je dois le faire.
Janvier (23). Après beaucoup
d’hésitation, de concertation, je décide de classer
La guerre des Gaules et
Le Mémorial de Sainte-Hélène dans
la catégorie des romans, poèmes et pièces de théâtre. Après tout au
lycée
Le Journal d’Anne Frank
est situé à côté de
L’année des
méduses
de Christopher Frank plutôt qu’entre deux livres sur le nazisme et la
shoa. Mon nombre de livres va croître rapidement, car je rentre aussi
des ouvrages récupérés au grenier, essentiellement des classiques du
théâtre et des romans policiers.
Janvier (24). Entretien ce
matin à l’hôpital qui s’est très bien passé. Là, vraiment, j’y crois,
j’ai de très bonnes raisons d’espérer. Je prends ce soir la décision de
faire l’éducation musicale dès demain de Christelle, élève de terminale
littéraire que je ramène à l’occasion du lycée, puisqu’elle habite le
même quartier que moi.
Je transcris la première partie des chansons sur Hélène. Je me dis
qu'elles sont très certainement les meilleures que j’ai écrit à ce
jour. Comme lecture, j’attaque ce soir le premier des trois livres de
Woody Allen.
Janvier (25). J’ai fini de
recopier mes textes, concluant par les plus récents qui datent de
quatre ans, la fin des chansons d’Hélène. Je réitère ce que j’ai dit
hier, il y a du très bon. Pour continuer mon œuvre, je vais maintenant
écrire de nouveaux textes avec la quarantaine de moutures que j’ai
créé. Je vais aussi recopier les romans et nouvelles
1991 et
1993,
tout en écrivant de nouvelles nouvelles. Tout en me nourrissant de
lectures riches, simple, inspiratrices, motivantes. En attendant
d’autres nourritures un peu plus charnelles.
Janvier (26). Acheté
Le zéro et l’infini. Pas trouvé
Belle du seigneur.
Je commence à me renseigner sérieusement sur les tarifs des logements
dans le centre-ville. Je me balade ainsi dans les rues du centre,
levant les yeux pour guetter des volets fermés.
Janvier(27). Un certain
appartement devient mon obsession, situé dans mon quartier d’enfance,
dans un immeuble qui m’est cher. Mais ne sera-t-il pas trop cher
justement, d’un point de vue financier ? Je pense que c’est le seul
endroit de la ville où je me sentirais vraiment bien. Serein. Quand je
recherche un appartement, outre le panorama, je dois absolument sentir
des ondes positives. Pour ma créativité c’est vital. Pour cet immeuble
je n’aurais pas à m’efforcer de me demander s’il dégage des ondes
positives, puisque c’est une évidence. Cet appartement avec vue sur un
petit parc, sur le château, cet appartement qui m’obsède tant.
Janvier (29). Pas spécialement
d’idées de nouvelles, de romans. Depuis hier, j’ai surtout pensé à mon
compte en banque, très très bas. Je me suis levé trop tard pour être
productif aujourd’hui. Je n’ai pas pensé au fait que je ne pourrais me
mettre à la peinture et à la sculpture seulement quand j’aurais
déménagé. Je manque d’espace dans ma chambre-atelier-bureau.
Janvier (30). J’ai encore rêvé
d’Hélène cette nuit. Encore, parce que chaque fois c’est une fois de
trop. C’est agréable sur le coup mais c’est une fois de trop parce que
c’est psychologiquement dur le matin. Je sais que je ne la reverrai
peut-être plus. Le mot rêve prend ici toute sa signification. Même dans
mes rêves elle ne m’adresse pas la parole bien qu’elle semble me
suivre. Comment analyser cela ? J’ai aussi rêvé d’une esthéticienne
devenue coiffeuse et qui avait des problèmes informatiques l’empêchant
de travailler. Bon prince je m’invitais à l’aider. J’étais à deux
doigts de conclure avec son assistante, puis elle, quand je perdis le
contrôle de mon rêve. Plus que deux semaines au lycée.
Février (1er). J’ai constaté
hier soir un début d’angine. Je me suis senti fiévreux et affaibli
toute la journée.
Idée de nouvelle, quand même;
Le
chasseur qui va à la chasse et qui perd sa place.
Trouvé aussi une nouvelle citation. J’ai pas mal enregistré de films
ces derniers temps, depuis les vacances de Noël, dans un axe tel :
Kusturica, Depp, les frères Coen.
Février (3). Malade depuis
hier, encore plus aujourd'hui. Au boulot mais pas très performant. J’ai
bien failli ne pas aller travailler. Depuis deux jours ça va ne pas.
Quand je rentre du lycée je suis si fatigué que je m’écroule
directement dans un fauteuil devant la télé ou dans mon lit !
Impossibilité de tout travail intellectuel.
Février (4). Encore plus malade
que la veille. Comment ai-je pu me rendre au lycée aujourd’hui ? Le
médecin m’arrête jusqu’à mardi. Je tremble de froid puis j’ai des
poussées de chaleur. Bonne nouvelle quand même, j’ai obtenu un
rendez-vous pour le 25 février dans le sud de Paris pour un poste dans
le secteur culturel, musical précisément. L'annonce de
Télérama…
Février (5). Ca va un peu mieux
mais la tête me tourne un peu. Je n’ai presque rien fait cette semaine
à cause de mon état et je n’ai plus pensé à mon peut-être futur boulot
à l’hôpital. Nando m’a amené un film nommé
Clerks.
Février (7). Je profite de ce
week-end prolongé, de ces mini-vacances pour me reposer intensément
tout en effectuant un peu de rangement, en me débarrassant d'objets
inutiles ou me rappelant à des souvenirs que je ne souhaite garder.
Février (8). Je trouve quelques
nouvelles citations Le matin je ressens des douleurs en me levant,
comme des prémices à une rechute. Mais un coup de téléphone coupe court
à toutes supputations. Je dois me rendre à mon travail. Alors que je
devais rester alité. Tout cela reste bien alimentaire. Plus que six
jours effectifs au lycée.
Février (9). Je me suis
renseigné auprès des deux plus importants propriétaires fonciers de la
ville sur les tarifs et indices immobiliers. Je suis agréablement
surpris. Je ne voyais pas les prix si bas. J'ai eu réponse à ma
question concernant l'immeuble de mon cœur, il est abordable, le plus
dur étant d'attendre qu'un appartement se libère, et d'être introduit
au bouche à oreille. Je sens vraiment les vacances venir et aussi
l'approche de mon départ définitif du lycée. De moins en moins de
pression.
Février (11). Plus que deux
matins à me lever à 6h45 pour aller au lycée. Plus que deux matins à
sortir du lit deux minutes après, au son de la radio énonçant le
programme télé du soir, avec toujours conseillé Arte, les autres
chaînes étant tout le temps déconseillées. J'ai déjà l'impression que
c'est le même programme tous les soirs, le temps de me laver de façon
supersonique. 6h50 à l'écran du radio-réveil, j'ouvre les volets et les
deux même filles passent à la même minutes au même endroit tous les
matins. Je descends l'escalier pour déjeuner, je fais sortir les chats,
le les fait rentrer, je leur donne de la pâté pendant que mon thé se
prépare. Je fume une cigarette pour me décontracter, je finis mon thé
et à 7h30 j'ouvre la porte du garage. Le même rituel depuis presque un
an. Il est temps que cela s'arrête bientôt parce que je vais devenir
fou. Tous les jours semble les mêmes.
Je devais aller à un concert ce soir en banlieue pour superviser un
groupe du lycée en vue du festival que j'organise l'été avec les jeunes
de LC. Mais trop fatigué je préfère rester à regarder de la NHL et lire
quelques revues diverses.
Février (12). Je réfléchis à un
autre immeuble, source d'onde positive, situé cette fois sur les
hauteurs de la ville avec vue imprenable plein sud sur la banlieue
résidentielle.
Beaucoup de lectures, beaucoup d'alcool au bistrot, où des filles
viennent tâter des queues… de billard.
Février (13). J'achève la
lecture d'un livre sur les mouvements dans la peinture. Je retrouve des
références connues, ce qui me rassure : impressionnisme, fauvisme,
Basquiat, collage…
Février (14). J'ai fait un
cauchemar terrible : j'ai rêvé que le prix des appartements avait
doublé. Je fais un peu de rangement, mais je prends rapidement peur
devant la masse de documents divers que je dois ranger de façon plus
organisée. J'en déprime presque. Encore des heures de travail prise sur
ma création artistique.
Février (15). Pour la première
fois depuis très longtemps je vais au marché. Des trous béants dans les
alignements de forains dénotent de la mort lente de cette manifestation
et de la ville.
Février (16). Des climats bien
différents en une journée. Giboulée de février, orage d'hiver, neige,
faits divers. Je n'ai pu aller jusqu'à Gueugnon pour un match qui fut
finalement reporté. Par prudence, pour ne prendre aucun risque, je
laisse ma voiture à quatre kilomètres de la maison et je rentre en
stop. Cinquante kilomètres en deux heures. Pas mal. Pas de visibilité
et des pneus lisses. Non, pas la peine de prendre des risques inutiles.
Février (21). Je renvois deux
confirmations pour des concours administratifs. Je me demande avec
regrets pourquoi je n'en ai pas tenté dès ma sortie de ma scolarité ou
à la fin de mon service. Je ne me voyais pas fonctionnaire dans l'âme.
Mais finalement...
Je viens en outre de créer aujourd'hui une nouvelle œuvre d'art, en
cinq minutes. De l'art minute ? Presque. Comment la qualifier, en terme
de technique, de valeur et d'originalité ? J'espère que cette création
en engendrera rapidement d'autres. Depuis hier, j'ai commencé la
lecture d'
Ada ou l'ardeur.
Février (22). Je passe à une
agence immobilière histoire de jauger définitivement les tarifs des
appartements de la ville. Je vois à peu près ce que je voudrais au cas
ou l'opportunité de l'hôpital aboutirait. L'agence se situe dans le
fameux immeuble sur les hauteurs de LC, ce qui me permet de
m'apercevoir que la vue, plein sud de cet immeuble que je rêvais est
obstruée par un couloir vitré. Il faut préciser qu'un ami d'enfance y
habitait, j'en revenais tout le temps à la nuit tombée. Cela remonte
bien à 20 ans. J'ai imaginé cette fenêtre.
Février (24). Un choc ce matin
pendant que je lisais tranquillement le journal local, au petit
déjeuner. J'apprends qu'une fille, une femme maintenant, que je
trouvais de type et de visage idéal, était mariée. De mentalité idéale
? Pour ce critère, c'est un avis très subjectif car je ne l'ai point
revue depuis la fin du collège, soit 12 ans environ. Avec qui
était-elle mariée ? De puis quand ? Et où vivait-elle maintenant ? Je
n'en savais pas plus que ça. C'était une information brute lâchée comme
ça. Froidement. Anodine pour le lecteur lambda mais pas pour moi. Je
crois que ça m'a foutu un spleen. A moins que cela soit le spleen de
Paris qui me guette, la veille de mon départ pour la capitale pour un
rendez-vous lui aussi capital, lors d'un voyage express. En plus j'ai
téléphoné à l'hôpital où le directeur m'a dit que le profil du poste
avait un peu changé pour des raisons administratives. Il me contactera
d'ici deux semaines quand il aura décidé du candidat retenu pour le
poste de documentaliste. Ce soir j'ai un gros coup de blues.
Pour revenir à cette femme idéale, car je crois que c'est
incontestablement l'affaire du jour, je me demande s'il y en a une
autre du même acabit...
Février (25). J'avance vers
Paris et je revois le visage de Sophie. Je ne l'avais jamais revue de
façon aussi claire depuis que je l'ai rencontrée.
Je mange à midi avec JC, boulevard des Italiens et le soir sur les
Champs. J'ai fait la suite et la fin des coins de luxes de Paris.
Champs, George V, Montaigne. La vie parisienne est-elle vraiment pour
moi ? Peut-être, en enlevant le souci de l'argent, mais pour la moitié
de la semaine. Le mieux serait un jour chez moi, un à Lyon, un à Paris,
un à Dijon, le reste variant selon les semaines. Grosse journée, grosse
fatigue.
Février (29). Ca y est. J'ai
fini mon travail au lycée. C'est sur que je vais regretter des
collègues, des professeurs. Cette année a passé très vite finalement.
Je reçois de magnifiques présents pour mon départ. Je le fête à vrai
dire de façon très simple. C'est un jour de tristesse, un peu.
Mars (1er). Je sens vraiment
qu'une nouvelle vie commence pour moi aujourd'hui. Je me sens libre. Je
dois organiser mes journées, ma semaine. J'attends la réponse de
l'hôpital dans une dizaine de jour. Je dois d'ici là, au plus tard
mi-avril, finir mes cours par correspondance de préparation aux
concours.
Mars (3). J'apprends qu'une de
mes cousines se marie le 13 mai prochain, avec réception dans un
château. Je crois qu'il serait tant que je me mette en quête d'une
compagne.
Sur une de mes adresses électroniques je découvre deux mystérieux
envois. Le nom de l'expéditeur m'est inconnu, il est plein de signes et
de chiffres. Je préfère ne pas les ouvrir craignant un virus. Paranoïa
?. Je vais me renseigner avant pour savoir ce que je dois faire
exactement.
Mars (5). Découverte d'un
château au détour d'une route de campagne. Projections.
Mars (6). En attendant une
réponse positive de l'hôpital, je mets en place ma semaine de travail
en l'organisant au mieux : commencer chaque matin par une heure de
sport, puis courrier et revue de presse, après-midi cours et
préparation de concours ou recherche d'emploi.
Mars (7). Je repense à un
projet d'écriture, un livre sur le football en 2060. Une fiction
construite sur la projection des dérives actuelles du sport, en les
exagérant un peu. Je lis
Ada
avec de moins en moins d'ardeur.
Mars (9). Je téléphone à
l'hôpital. Le directeur est absent jusqu'à lundi. Je commence à penser
à mon jardin. A panser mon jardin. Je dois rappeler une ancienne
collègue en fin de semaine pour qu'elle me conseille.
Mars (10). Encore deux nouveaux
messages de l'expéditeur mystérieux. On devine dans le nom de
l'expéditeur, le nom et le prénom d'une femme ou d'une fille. Elle doit
envoyer ces courriers de son entreprise. Je pense que ce n'est pas
belliqueux mais je ne vois qui est cette personne. Alors tant pis
j'ouvre le premier courrier dans l'ordre chronologique. Laconique.
C'était un test, un essai. Le second est identique. Le troisième et le
quatrième sont encore pareil. Je n'apprends pas grand chose, on me
demande si je boude, si je veux recevoir des photos. Tout ceci est bien
étrange. Mystères modernes. Je décide de répondre pour interroger cette
Véro destinataire. Je lui signale au passage que je cherche une
cavalière pour le 13 mai.
Mars (11). Encore deux nouveaux
mails. Le premier est toujours rempli de mystère, toujours un test. En
revanche le deuxième répond à mon courrier : c'était bien une erreur
d'adresse, à une lettre près. Pour le 13 elle écrit que c'est à voir.
La providence ? Mais je ne sais pas où elle habite.
Mars (12). Je reçois un coup de
fil de la providence. Encore. Un coup de fil de Philou de Dijon. Après
être retourner sur ses terres natales, il est revenu à Dijon où il a
trouvé un travail dans le commerce. Après des études de philosophie
alors que moi je serais plutôt en train de faire le parcours inverse.
Je pensais ne plus connaître personne là-bas et en fin de compte il me
propose le gîte lorsque je viendrais pour passer prochainement des
concours. Ce qui m'évitera de me lever à cinq heures du matin. Je vais
pouvoir retourner à Dijon. Cette ville me manque vraiment. Même s'il y
a là-bas de terribles fantômes.
Second week-end de beau temps. J'ai de la chance. Je suis moins pressé
par mes cours, je peux donc en profiter pour m'oxygéner dans la nature.
Mars (13). J'ai donc repris ce
matin mon jardin. Enlever feuilles et mauvaises herbes. Je crois que je
vais y aller souvent… Je crois aussi que je vais laisser tomber cette
liaison par e-mails interposés avec Véro.
Mars (14). Je remplis les
formalités administratives pour l'organisation du festival musical
estival. Je voulais arroser mes plantes quand la pluie s'est mise à
tomber.
Nouvelle idée d'œuvre d'art graphique moderne. Cela me prendra cinq
minutes à réaliser. Il faut seulement que je trouve ces cinq minutes.
Mars (15). Je vais chez mon
ancienne collègue du lycée pour me faire expliquer mes cours du soir.
On a bu beaucoup de thé. Elle m'oriente sur la médiathèque de Roanne.
Avant ceci, j'ai téléphoné à l'hôpital. On me signale que je suis parmi
les quatre ou cinq retenu sur une vingtaine de candidatures pour un
second entretien. Le suspens, pesant, dure. Dur.
Mars (16). Médiathèque. Je suis
bien reçu par les bibliothécaires. Le cadre, teinté de bleu, est
reposant mais l'architecture d'ensemble est à chier. Après quatre
heures passées à la salle de documentation de la médiathèque, je suis
vidé intellectuellement. C'est le second après-midi où mon cerveau
tourne à plein régime. Il fait dire que ces cours que je dois achever
avant le 15 avril demande énormément de réflexion. C'est un travail
essentiellement intellectuel. Quatre heures. Le temps que le soleil
disparaisse derrière un ciel gris.
Mars (17). Je retourne au lycée
pour consulter des ouvrages me permettant de finir mes cours de soir.
Huit livres en deux jours pour y arriver ! Le soir je vais me divertir
à un match de football avec des amies que j'ai vulgairement initiées à
ce jeu de ballon. Dans ma lecture d'
Ada,
j'ai bien avancé ces derniers jours.
Mars (18). J'essaye de combler
mon retard dans mes lectures de périodiques et de quotidiens que j'ai
achetés cette semaine. Certaines nouvelles devenaient de moins en moins
fraîches. En tous cas je ne ferais pas de cours aujourd'hui. Je crois
que j'ai mérité un peu de repos de ce côté là.
Mars (19). Je me suis couché
vers 3 heures du matin. Nous sommes allés à une discothèque qui
n'existe plus. Alors nous sommes allés une discothèque que nous
connaissons trop bien. Là, je crois que deviens un dangereux
cleptomane. J'ai encore conservé le verre à whisky que j'avais vidé.
Depuis quelques mois j'ai décidé de garder en dédommagement de soirées
que j'estime nulles des verres, des cendriers.
Mars (20). J'achève mes cours.
Plus qu'un. Cela fait maintenant près de trois semaine que je suis
quotidiennement sur ces foutus cours du soir. Après je me sentirai un
libre, juste contraint de réviser mon savoir pour mon concours du 29
mars. C'est dans un peu plus d'une semaine.
Mars (22). J'ai enfin achevé
mes cours du soir, avec trois semaines d'avance. Je me sens libéré d'un
fardeau mais d'autres tâches m'attendent.
Mars (24). Je commence les
révisions pour le concours de mercredi prochain à Dijon. J'ai hâte de
retourner à Dijon. Ce la fait bien plus d'un an que je n'y suis pas
allé. Je vais sûrement avoir la sensation de visiter un musée tant je
garde de souvenir de mes années de faculté passées là-bas.
Mars (26). On a encore bu
beaucoup de bière hier soir. A vrai dire on a bu que cela. En cette fin
mars je repense à une fin mars, il y a sept ans. Venise. Je décide de
retravailler un roman fantastique datant de 1991. Puis, je ferais de
même avec un autre de 1993. Je me mets en condition en écoutant une
compilation d'époque. Je commence donc à taper sur mon ordinateur, en
modifiant seulement quelques mots, quelques fautes de temps. Je préfère
garder au maximum la version originale. Je me sens confiant. Très sûr
de moi.
Mars (28). Veille de concours.
Comme souvent quand je vais à Dijon, il fait un temps affreux. Le ciel
gris invite à la mélancolie. Plus j'arrive vers ma destination, plus la
tension monte. L'attention monte. Arrivé, je décide de me garer sur un
des parkings du campus, là où j'ai tant erré l'âme en peine. Après, je
descends en ville par le bus, pensant boire un verre dans un des bars
les plus sélects du centre. Hélas à sa place trône désormais une
banque. Il suffit de laisser un endroit pendant un an pour le retrouver
défiguré. C'est un pan de mon passé qui disparaît avec ce café.
Je retrouve mon logeur d'un soir à la sortie de son bureau. Il
m'annonce par la suite qu'un autre de mes bars préférés à changer de
direction. Décidément pour mon retour en ville, je ne serai pas épargné
par les émotions. J'ai retrouvé dans les rues piétonnes, cette
arrogance des gens de la bourgeoisie locale. Cette opulence. Les
mauvaises choses, elles, restent. Bien sûr j'ai cherché des fantômes,
j'en ai vu. Je suis bien dans le musée au souvenir que forme cette
ville. Je n'ai pas le temps de revoir le dixième de ce que je voulais
voir. J'éprouve au bout du compte, un sentiment de malaise. Pourrais-je
revivre ici ? Je crois que non. Les lieux me semblent vidés de leur
substantifique moelle. Plus rien ne me retient en ces rues.
Mars (29). J'arrive en avance à
la faculté de médecine pour mon concours. Il y a très peu d'hommes. Pas
mal de femmes. Retour en arrière, cela fait six années que je n'ai pas
passer d'examens. J'ai instinctivement des flashs back. Pas que des
bons souvenirs. Je pense à des filles. Actes manqués. La neige tombe
vers 10 heures. Ca me perturbe dans mes réflexions. J'ai peur de rester
bloqué. Les sujets m'inspirent néanmoins. L'après-midi je suis plus
confiant, soulagé par l'arrêt d'averses de neige. Je finis une heure
avant la fin et je me sauve de suite, craignant que le temps ne se
remette à la neige. Cela devient une paranoïa. Je me dis que j'aurais
mieux fait de rester chez moi. Je repars en traversant les vignobles
tous plus réputés les uns que les autres. Je n'ai pas pensé qu'il y a
sept ans jour pour jour, je partais pour Venise…
Qu'ai-je fais de ma vie depuis sept ans ? Sept années blanches.
Mars (31). Au jardin, j’ai
réfléchi à la disposition des plantes, les espacer. Une fois cela fait,
j’ai pu planter des plantes. Je suis à la moitié d'
Ada. J'ai continué la réécriture de
1991,
et voilà que je me suis mis à l'écriture d'un conte assez coquin. Je
suis aussi allé au cinéma. Cela faisait plus d'un an que je n'y étais
pas allé. Le film était
Sleepy Hollow.
Burton + Depp le résultat est forcement génial.
Avril (1er). Toujours le même
programme du samedi soir : bières sur bières au bistrot. Et puis… bal.
Cela faisait si longtemps. En partant, je baise la main à une jeune
fille. Je reçois une carte postale de Laurent qui est en formation à
Paris.
Avril (2). Cela devient aussi
un rituel, celui du dimanche après-midi, depuis plusieurs semaines. Je
vais boire un café avec deux de mes potes. Les dimanches ressemblent
aux dimanches, les lundis aux lundis, les mardis aux mardis, etc.
Jour de rallye dans la ville. Par devant, chez moi, par derrière aussi.
Je suis cerné, les yeux cernés. Lunettes noires homologuées. Bruit
insupportable depuis que j'ai quitté l'enfance.
Avril (3). J'ai fini de taper
1991.
J'ai du mal à en voir la suite. Le F.C. Gueugnon se qualifie
héroïquement pour la finale de la coupe de la ligue. Je me vois déjà au
Grand Stade. Je suis plus heureux que pour la finale de la coupe du
monde.
Avril (5). Adieu monde local.
Réponse négative de l'hôpital. J'ai perdu deux mois dans mes recherches
pour pouvoir rester ici. Adieu rêves de grand appartement ici, de vie
aisée. Je cherche un réconfort moral.
Avril (6). Je vais à Roanne
pour me changer les idées. Oui je sais c'est étonnant quand on connaît
la ville de Roanne, mais quand on me connaît…
Avril (7). Je ne gambergerais
pas trop longtemps sur cet échec. J'obtiens un entretien pour un poste
de formateur. Mardi. A Dijon.
Avril (8). Même bal que la
semaine dernière. Même résultat. Mais c'est les vacances et tout le
lycée était là, du moins c'est l'impression que j'avais. C'était
pénible. Pierrette m'invite à son anniversaire à Lyon le week-end
prochain. Comme les deux dernières années. Soirée antillaise. Ca ne me
dit trop rien.
Avril (9). Je me fais couper
les cheveux très courts. A domicile par Pierrette. Puis rites habituels
du dimanche.
Avril (10). Je revisite le
championnat d'Angleterre, je le refais à ma manière, sur ordinateur.
Cantona joue toujours à Manchester United, Anelka à Arsenal… J'ai 128
équipes à construire.
Avril (11). Déjà de retour à
Dijon. La route commence à me gonfler. Je n'ai plus le goût à prendre
ma voiture pour des trajets de plus de 100 bornes. Le retour à Dijon ne
me fait pas aussi mauvaise effet que la dernière fois. Faut-il dire que
je n'ai pas trop le temps de flâner. Je me gare devant mon ancienne
maison. Je mange à midi dans un des mes restaurants rapides, oriental.
J'ai gardé de Dijon mes habitudes. Je connais bien tous ses bons plans,
et ses coupe-gorge.
Sur le chemin du retour je mets dans mon autoradio une cassette de
démos avec mon éphémère groupe pop de Dijon, enregistrée en 1996. Cela
fait un ou deux ans que je l'avais mis de côté. J'ai une impression de
gâchis si cela en reste au stade de démos. J'entends la vois d'Hélène
sur une
May 29th. Quel choc !
C'est un tube, ça me fait le même sentiment que si je réécoutais pour
la première fois depuis des lustres un truc que j'encensais.
Je trouve de nouvelles pensées.
Avril (13). Je n'ai pas pu
avoir de place pour la finale de la coupe de la ligue. Ca ne me fait
pas plus d'effet que ça. Mais ça sera dur à regarder à la télévision
après m'être imaginé là-bas
Non, vraiment, la soirée antillaise ne me dit rien. Je manque de soleil.
Je finis de lire
Ada ou l'ardeur,
dans la douleur. Je suis un peu déçu, mais c'était très intéressant au
niveau du delirium de l'auteur. Je choisis comme nouveau livre de
chevet,
Parmi les hooligans,
de Bill Buford. A moins que j'en lise deux en même temps avec comme
second ouvrage,
Le journal de Laura
Palmer de Jennifer Lynch.
Avril (16). Je n'ai vraiment
pas le moral. Je reprends l'écriture de
1993. Je revis des moments, des
actes manqués. J'ai repris depuis deux jours, en fil rouge, la lecture
de
Wilderness de Jim Morrison.
Avril (18). A la lecture
avancée de Buford, je commence à comprendre le mécanisme du
hooliganisme. Je vois maintenant sous un autre angle les déplacements
sur le continent des Anglais. Pourquoi sont-ils si violents, si
naturellement ? J'ai une nouvelle idée de nouvelle.
Avril (19). Miracle. Ouvrant
mon journal pour savoir si j'avais été tiré au sort pour gagner une
place pour la finale de la coupe de la ligue, je découvre qu'il reste
des billets, avec transports, à vendre. Ce matin au stade. Il est alors
9h10 et la vente est commencée depuis 10 minutes. Je téléphone de suite
au stade pour savoir s'il y a autant de monde que la dernière fois,
pour m'assurer qu'il reste encore des places, histoire de ne pas faire
une nouvelle fois un voyage pour rien. Oui, il en reste. Il n'y a
personne au stade. Je prends immédiatement la direction du stade. Sur
place il n'y a en effet personne. J'ai mon billet. C'est un grand
soulagement. J'ai du mal à le croire car honnêtement je n'y croyais
plus justement. Je remarque d'ailleurs que j'ai beaucoup de mal en ce
moment à réaliser quoique se soit. Je profite de ma venue en ces lieux
pour repérer l'endroit de départ de mon bus. Et je fais un tour sur les
terrains annexes, assistant pour la première fois de ma vie à un
entraînement. L'avant-dernière répétitions avant la finale de samedi.
J'en oublie ma déception d'hier, élimination de Chelsea. Ignorant celle
de ce soir, Manchester United. Il y a plein de journalistes, trois
équipes de télévision… Cela doit les changer, les joueurs et les
journalistes. Dans la ville tous les commerçants ont décoré leur
vitrine en jaune et bleu. C'est beau. C'est comme à la télévision,
comme à Calais.
Avril (21). Je suis affolé.
Dépité. Un appartement se libère cet été dans le fameux immeuble de LC.
Ma non-sélection pour le poste à l'hôpital devient de ce fait encore
plus douloureuse. Je dois trouver au plus vite un travail dans la
région. Rencontrer quelqu'un.
Avril (22). FCG-PSG. Le grand
jour du grand soir. Le départ est fixé à 12h. J'arrive bien en avance
et je me gare le long de l'église. Et puis fatalement c'est l'heure de
partir vers notre capitale, du moins sa banlieue. Je suis dans le bus
de tête. Je ne comprendrais que plus tard que plusieurs convois
partiront sur des routes différentes, tout le monde se rejoignant vers
Nemours, pour être escorté par des motards. Nous quittons la ville,
tout le monde sourit : les gens dans les rues nous saluent, donnant
l'impression de voir le passage du tour de France. Même ceux qui n'ont
pas de billets sont joyeux. C'est jour de fête, même pour la
gendarmerie. Je sens que je suis en train de participer à l'Histoire.
C'est tellement beau tous ces gens. Ce jaune, ce bleu. Dans les
premiers villages traversés, c'était le même cérémonial. Tous ceux sur
terre qui ont une écharpe du F.C.G. sont au bord de cette route.
Nemours, la pluie, la police motorisée. Que de l'autoroute jusqu'au
Stade de France ! Que des bouchons, même si ces motards nous ouvrent la
voie. Plus on approche de notre destination, plus le groupe dans le bus
se soude. Et puis nous voilà arrivés. Entré dans ce grand stade, ma
première impression me surprend : je le voyais plus grand. De quoi cela
peut venir ? C'est peut-être la pelouse qui me paraît petite à cause
des grandes tribunes. L'absence de grillage, la forme elliptique…
Le match ? Un simple formalité pour mes favoris. Tout c'est passé comme
je le voulais : rien à perdre, se faire plaisir, jouer comme d'hab.
Formidable. ÉNORME. C'est le mot qui reviendra le plus dans la bouche
des fans en remontant dans mon car. Un retour long : pas moyens
d'étendre mes jambes pour m'endormir. Beaucoup de mal pour trouver la
position préférentielle. Quand j'arrive à m'endormir, voilà qu'on fait
une pause pipi, boisson, alimentaire. J'ai clairement la tête dans le
cul, comme au retour d'un mémorable voyage à Venise. Il est 2h30. Je
rachète du coca en prévision de la route à faire de l'église à chez
moi. Je me rendors, je vois défiler les villes, à moitié endormie.
Avril (23). Je suis rentré à la
maison sur le coup des 6h30. Comme dans un rêve ! Je ne réalise pas
l'exploit d'hier soir. La ville s'éveille et la rumeur va bientôt
parcourir toute la région. Je ne dors que quatre heures pour ne pas
rater Téléfoot. Comme les joueurs d'ailleurs ! Je suis fatigué mais je
me coltine mon rituel du dimanche. Je me remets de mes émotions.
Doucement. J'ai encore la tête au Stade de France. C'est comme quand la
France gagnait la coupe du monde contre le Brésil.
Avril (24). Lundi de Pâques A
la communauté de Taizé les gens sont habillés un peu comme dans un
festival de jeunes. Oui c'est un peu comme dans un festival, mais sans
la racaille. J'avais vraiment l'impression d'être, par moments, dans un
rassemblement de hippies, entouré de tant de tentes, de combis. Des
jeunes arrivent avec leurs guitares sèches. Une jeune fille a amené son
saxo ou un instrument dans ce genre où elle souffle dans un bout. Un
jeune italien rasta porte un T-shirt de Machine Head. Le look kaki est
aussi présent. Vraiment la prochaine fois que je viens ici, le week-end
prochain, je m'habille cool. C'est un endroit dépourvu d'alcoolos. Les
gens sont assez posés pour discuter amicalement.
Je finis la lecture du livre de Buford.
Je suis incité à une fête à Auxerre pour le 6 mai.
Avril (25). Le jour où les
héros reviennent à la maison. J'y vais. Je serais beaucoup allé à
Gueugnon ces temps-ci. Il fait un soleil si radieux qu'on se croirait
en été. C'est un symbole. Deux heures avant le début des festivités il
y a déjà beaucoup de monde. C'est merveilleux. Plus rien ne sera jamais
comme avant. Il y aura un "effet coupe". J'en fais peut-être un peu
trop pour ce qui n'est finalement qu'un jeu, mais c'est le côté
historique qui me pousse. C'est la première fois. Y en aura-t-il une
autre ? Il faut respirer à fond ces moments là.
Avril (26). Second concours à
Dijon. Passage vraiment éclair, juste pour ce concours. Sous un soleil
toujours très estival, ce qui est rare quand je prends la route de
Dijon.
Avril (27). J'ai plein d'idées
de nouvelles depuis quelques jours. J'écoute l'intégrale des albums de
Depeche Mode. Je remonte dans le temps de quelques années, je me
rappelle mes samedis après-midi.
Avril (28). J'ai le blues, de
plus en plus souvent.
J'en ras le bol de Calais, partout dans les médias, plus que Gueugnon…
Avril (29). Je m'emmerde
royalement, il faudrait que je change d'air, et surtout d'entourage. Il
faudrait que je me secoue pour trouver un bon travail
Mai (1er). Pour une fois il
fait beau pour un 1er mai. J'ai un repas de famille où l'on va discuter
du mariage dans deux semaines de ma cousine. J'irai honteusement sans
cavalière. Faut dire que je n'ai pas franchement eu d'occasions, mal
aidé en cela par mes coéquipiers. J'ai d'autres soucis en plus
prioritaires que celui-là.
Mai (4). Depuis deux jours
j'enrichis ma culture générale par l'approfondissement de la géographie
écossaise. Et depuis de jours, l'Écosse m'est devenu très familière.
J'y passe des heures, bien que cela ne soit pas financièrement
lucratif. Je culpabilise un peu de perdre ainsi du temps, mais il faut
que le je le fasse.
Je fais une cure de The Cure après en avoir fait une de Depeche Mode.
Je ne sais pas si je vais à Auxerre ce week-end. Je me tâte. Je pèse le
pour et le contre. Cela me semble bien équilibré.
Mai (5). Je ne vais pas aller à
Auxerre, mais avec regret. Je n'ai pas le choix, et puis il y aurait
d'autres fêtes. Mes obligations professionnelles d'abord. Je lis un peu
de
Wilderness, toujours de
Jim Morrison, des fois que cela aurait changé. Je reçois un coup de fil
de Philou pour m'annoncer que mon ancien "groupe" pop rock de Dijon
serait prêt à jouer le 21 juillet. Pour mon festival. J'emploie "mon"
non pas par narcissisme ou par prétention mais parce que je contribue à
son élaboration et son fonctionnement de façon intellectuelle,
professionnelle, le tout en parfait démocratie au sein de l'association.
Mai (6). Dans une semaine c'est
le mariage de l'une de mes cousines : église, quelle plaie, et
réception dans un château. Je réserve tous mes moyens pour cet
événement qui me changera fortement de la routine habituelle.
J'écris
L'américanisation,
pamphlet sur l'américanisation, à la manière d'un Jim Morrison, dont je
ne cache pas mon appartenance à sa descendance, d'un point de vue
écriture.
Mai (7). Mon horoscope
m'annonce un prochain week-end euphorique… Qu'est-ce que cela peut bien
signifier encore ?
J'écoute pour la millième fois
In
Utero
de Nirvana et là, tout s'enchaîne, tout gicle. Putain, ça fait
maintenant dix ans que j'ai pété les plombs avec une fameuse Gaëlle.
Dix ans que je ne suis plus normal. Que serais-je aujourd'hui si je
l'avais conquis ? Écrirais-je seulement ce journal ? Je n'en suis pas
sûr. Je n'aurais jamais eu l'âme artistique et d'écrivain. Je repensais
à cette fille alors que j'écoutais de Nirvana, et que je me disais que
j'aimerais bien remonter dans le temps. De 7 ou 10 ans, quand j'étais
dans mes deux dernières années de lycées.
L'occasion de ce dixième anniversaire de consolider mes écrits avec une
forte relecture, et de façon quasi définitive. Je pense surtout à mes
textes pour la musique. Je dois absolument trouver un groupe ou au
moins une personne très douée en composition musicale. Sophie ?
In Utero
est peut-être le disque que j'ai le plus écouté. Il s'écoute tout le
temps, par tout temps : été, hiver, froid, chaud, soleil, pluie,
événements, tristesse, douches, travail intellectuel. Je suis très
inspiré aujourd'hui. Nirvana, à défaut d'en vivre un en ce moment, est
ma perfusion pour la création intellectuelle. Artistique ? Je ne sais
pas il faudrait que je me remette aux arts plastiques.
On a tous des références artistiques, intellectuelles. Plus ça va et
plus je pense que les miennes sont scellées : Jim Morrison et Kurt
Cobain. La seule certitude actuelle est que je vivrais plus vieux
qu'eux, puisque j'ai eu 27 ans en janvier. Je ne vois pas de nouvelles
influences aussi forte. Il y a aussi Bukoswki et Fante, mais pas pour
leur personnalité, mais pour quelques-uns uns de leurs écrits. Idem
pour la musique. Voilà pourquoi je n'écoute presque plus de nouveautés.
Un disque est pour moi plus un tableau qu'une boite de soupe. Il ne se
démode pas, pour moi. Je ne renie pas ce que j'ai écouté avant, je ne
suis pas bêtement le troupeau.
Je dois me mettre plus souvent à mes écrits, laissant tomber mes jeux
futiles et autres perversions…
Mai (8). Visité une source
d'eau dans un bois. Quel calme ! Il manquait juste une belle vue, et
des femmes, des jeunes femmes.
Encore une fois
In Utero
m'entraîne dans l'inspiration. Rien à voir avec ce disque, mais
simplement il me produit un effet très bénéfique en musique de fonds.
D'autres disques me font ces mêmes effets.
Puisqu'il faut de l'argent pour manger, je vais faire de la littérature
à but alimentaire. Je fais la liste des nouvelles érotiques qui me
traînent dans la tête. Comme pour toutes formes d'écrits, ces idées
doivent se situer entre fantasmes et réalités. Pour ce qui est de la
littérature érotique, elle m'inspire, surtout par la façon dont elle
est écrite, la façon dont les phrases sont tournées. Les descriptions.
Je me dis finalement que dans ma misère professionnelle actuelle,
financière et sexuelle, j'ai la chance, la seule, d'avoir un cerveau en
état de marche pour ce qui est de la réflexion et du travail
intellectuel.
Mai (10). J'ai loupé le premier
concours, mais impossible de savoir quelles sont mes notes, ce que j'ai
fait, quels étaient les critères de sélections, le nombre de candidats
pris pour le second tour. J'ai décidé de me faire une soirée thématique
sur le mariage. J'ai récupéré une cassette vidéo,
Quatre mariages et un enterrement,
avant de voir
Arizona Dream
acheté il y a déjà plusieurs mois. Mais j'attendais l'occasion idéale,
conceptuelle, pour la visionner. Même si ce n'est pas un film dont le
thème principal est le mariage, cette cérémonie est la circonstance de
ce conte fantastique contemporain.
Mai (11). Je suis refusé au
second concours. Je repousse d'un jour ma soirée thématique sur le
mariage.
Mai (12). Finalement ma soirée
thématique ne comporte qu'un film :
Quatre
mariages et un enterrement. Je regarderai
Arizona Dream ultérieurement.
Mai (13). Avant de rejoindre
l'église, je reçois sur mon portable un appel pour une annonce auquel
j'ai répondu. Une bonne opportunité. Un rendez-vous pour mercredi à …
19h30 !!!
Le mariage ? Je passe sur la cérémonie, je ne suis pas pratiquant.
C'est pour moi l'occasion de découvrir de nouveaux visages, de
peut-être trouvé un cœur, un corps à prendre, bien que ma situation
professionnelle ne soit pas très valorisante. J'ai été gâté, placé en
bout de table, entre deux filles. Deux sœurs charmantes. Laquelle me
plaît le plus ? Ce n'est qu'en fin de soirée que je devine une
attirance pour l'aînée. Mais une fois encore je n'ai pas osé attaquer
franchement. Manque de confiance maladive, peur du ridicule.
I'm not like them but I can pretend,
the sun is gone, but I have a light, the day is done, but I'm having
fun, I think I'm dumb, or maybe just happy I think I'm dumb I think I'm
dumb I think I'm dumb I think I'm dumb I think I'm dumb I think I'm
dumb I think I'm dumb I think I'm dumb I think dumb…
Je lis trop de Morrison, j'écoute trop de Cobain. Aurais-je la chance
de la revoir ? Comment la revoir ?
Mai (14). La fête est finie.
J'ai vraiment la gueule de bois. Je crois pour compléter le tableau que
je suis tombé amoureux hier soir. Je manque d'appétit ce qui est un
symptôme classique de mon état. Je manque tellement d'affection.
Amoureux d'une femme que je ne reverrai peut-être pas. Elle était seule
hier mais elle a peut-être un ami ? Je suis aussi trop délicat et à
force de ne pas flirter j'en ai oublié les "techniques" même si j'ai
horreur de ce mot. Je ne prends pas l'initiative alors que c'est
normalement à l'homme de faire le premier pas. Je sais comment elle
s'appelle, je sais où elle travaille. Comment ai-je pu oublié
d'échanger nos adresses ? Et pourquoi ne lui ai-je pas parlé de mes
activités artistiques et littéraires ? Il ne faut pas que je déprime à
cause de cette rencontre, à cause de son absence. Elle n'est peut-être
pas attirée par moi. Mais j'aimerai revenir en arrière de quelques
heures. Je me maudis. Je dois essayer par n'importe quel moyen de la
contacter. Par ruse de sioux. J'aime trop son accent. Ma vision du sud
change. Si j'en avais le temps et les moyens, je partirai de suite à sa
recherche. Mon esprit est tourné vers le sud.
Mai (16). Je désespérais de
solutionner mon problème de connexion internet depuis une dizaine de
jours, quand, multipliant les appels à l'aide en vue d'un boulot
nécessitant une bonne connexion, je rencarde un technicien, expert,
pour le lendemain.
Mai (17). Avec un grand "ouf !"
de soulagement, j'ai vu mon problème de connexion être réglé.
Le souvenir du mariage s'est estompé au fil de cette semaine. Tant
mieux car je ne sais pas si je reverrai Caroline.
Mai (18). Dijon. Je prends
l'autoroute, devant me lever à 5 heures du matin. Autoroute dégagée.
Arrivée avec 3/4 d'heures d'avance. 1h45, record. Entretien pour un
poste de web rédacteur plus tard en fin d'après-midi. Bien passé, mais
bizarre. On m'a demandé mon signe astrologique.
Mai (21). Repas de famille chez
la sœur de la mariée de la semaine dernière. Allusions diverses.
Surtout l'occasion de revoir, en photos les deux grâces. Je finis de
relire Apollinaire et Bukowski pour mes nouvelles de charme
Mai (23). A la bibliothèque, je
trouve
Bandini de John Fante,
que j'emprunte immédiatement. Je l'ai lu il y a six ans, et j'éprouve
le besoin de m'y replonger.
Mai (24). Je passe l'après-midi
à mettre en page mes nouvelles de charmes. D'abord je change le nom du
recueil. Ces heures passées à un travail d'écriture me réconfortent, et
au moins je ne suis pas déçu, personne ne me mets de bâtons dans les
roues.
Je m'occupe parallèlement de la programmation du festival, ce qui fait
naître en moi un stress qui s'éteindra le soir du festival. Je commence
même à noter des remarques pour celui de l'an prochain.
Mai (25). Je revois une fille.
Je passe un bon moment au jardin pour faire de l'entretien. Le temps
est comme je l'aime en ce début de belle saison : ciel gris, climat
tiède, humidité ambiante. Un temps de rêve, idéal pour l'inspiration
intellectuel. Je me replonge dans un de mes anciens agendas pour les
besoins de mes nouvelles. Encore. Je me laisse absorber par les
souvenirs… Je sombre à nouveau dans la mélancolie. Je repense à Hélène
avec beaucoup de peine. Pour me consoler, je me dis que si notre
histoire avait survécu, je n'écrirais pas ce journal et je n'aurais pas
tant de projets littéraires et artistiques.
Je dois revoir Sophie, il faut qu'elle me trouve des mélodies, des
musiques. Je dois trouver une personne née pour la musique qui puisse
animer mes textes.
Je retrouve des idées de nouvelles. En écoutant Zazie et Polnareff, je
travaille encore sur mes histoires de charme. Ces musiques d'histoires
d'amour, dans un décor de château, cadrent bien avec ces écrits.
Je décide enfin de reprendre mes journaux sous forme manuscrite, à
partir du début, c'est à dire septembre 1989.
Mai (26). Je suis depuis
maintenant trois jours, immergé dans l'écriture. Quel sentiment de
puissance ! Je retranscris le journal issu de l'agenda 1989-1990, ainsi
que les pensées et impressions qui y figurent.
Mai (27). Je crois qu'écrire
mes mémoires est une bonne thérapie bien que cela me coupe
momentanément du monde. Je m'exorcise. Je finis en vitesse la relecture
d'un livre de
Bandini, et je
commence
Le journal de Laura Palmer,
de Jennifer Lynch. Le temps maussade s'y prête bien.
Mai (28). Je fais depuis une
semaine, des rêves toutes les nuits. Il y a longtemps que je n'avais
connu une telle série. Ce qui me confirme dans l'idée que j'ai
d'acheter un livre de Freud sur le rêve. Aujourd'hui repos intellectuel.
Mai (29). Jour chargé
d'histoire, de plomb. Dernier événement, un an que le squat est
officiellement fermé. Que se passera-t-il aujourd'hui ? Rien de spécial
pour une fois. Je suis séduit par …
Le
journal de Laura Palmer. J'imprime une nouvelle œuvre,
Billets doux,
tableau par ordinateur ? Je refais la liste de mes œuvres d'arts
plastiques en base de données. Je commence la base de donnée de ma
vidéothèque. Je débute le journal de l'année scolaire 1990-1991 ainsi
que les pensées de l'agenda de la même période. Grosse journée où j'ai
eu le temps de passer un entretien pour un travail dans le tourisme et
de passer beaucoup de coup de fil pour le festival. J'obtiens de ma
cousine le numéro de téléphone des deux grâces. Je finis excité.
Mai (30). Je suis assez fier de
moi. Depuis une dizaine de jours j'ai changé d'univers, je suis à fonds
dans la littérature. J'ai fini le second agenda scolaire, 1990-1991. Je
n'ai pas trouvé de pensées philosophiques personnelles dedans.
J'apprends la mort de Maurice Richard. Montréal doit être sous le choc.
Le journal de Laura Palmer est
de plus en plus prenant. J'ai rendez-vous vendredi soir avec une fille
qui occupe mes pensées depuis quelques temps.
Mai (31). J'ai enfin terminé
l'informatisation de ma vidéothèque. Il me reste à refaire les
étiquettes des cassettes, j'en ai encore deux à récupérer. J'ai un
rendez-vous le 9 juin non loin du vidéo club tenu par Thierry. Je
profiterai de l'occasion pour qu'il me prête
Twin Peaks.
Je suis aller voir l'atelier d'une sculpturale sculpteuse sur métal. Il
y a moyen de faire des affaires, de se débarrasser de divers objets
métalliques. Suis allé ce soir boire de la bière avec un ami. Ce n'est
plus ce que c'était. Il y avait presque personne. Nous et trois filles
qui avaient l'air beaucoup plus bourrées que nous.
Juin (1er). J'ai oublié hier
soir de remettre la radio sur France Inter. Ce qui fait que ce matin,
j'ai été réveillé par Europe 1 et par émission surréaliste sur les
Pokemons.
J'ai trouvé plein d'idées de collages artistiques. Je vois maintenant
comment personnaliser mes anciens et futurs collages. J'ai fait une
balade imprévue à Roanne cet après-midi. J'ai trouvé sur la toile
mondiale, 15 annonce pour des emplois dans les départements voisins.
J'ai eu un appel d'Elodie. Elle rentre d'une année de fac à Lyon.
Juin (2). Je suis allé au
jardin, puis allé voir l'un de mes cousins. J'ai répondu à cinq
annonces d'emploi. Pour ça, je fonctionne par à coup. Pas beaucoup de
temps pour la création. A part deux nouvelles idées de nouvelles. Je ne
dois perdre le fil de mon coup de speed au niveau du collage. Je dois
finir ces fameux collages dont j'ai trouvé la touche finale hier. Et
puis Elodie m'a appelé pour confirmer le rendez-vous de ce soir. Elle
avait l'air excitée.
Juin (3). La soirée d'hier soir
fût bizarre. Elodie a bien changé, contrairement à ce que je supposais.
Elle profite bien de la vie, avec des excès. Ca m'a fait du bien de la
revoir.
Ca fait deux jours que je n'ai pas poursuivis mon journal intime. Ce
qui a le don de me mettre mal à l'aise, ou est-ce la réunion de ce
matin pour le festival, réunion qui a accouché d'une petite souris ?
J'ai l'impression qu'on n'avance pas, pas comme je le voudrais, pas à
la vitesse que je souhaiterais. Est-ce l'article que j'ai à faire pour
la presse ? Je devais appeler Lyse mais je n'avais plus trop le goût,
et mon état n'allait pas avec un coup de fil aussi important à passer.
Bref j'ai eu un coup de spleen du milieu de l'après-midi jusqu'à
maintenant. Ca va mieux, Pierrette m'a téléphoné, nous irons boire un
coup ce soir, nous nous raconterons nos malheurs, demain elle me
coupera les cheveux.
Ma vie défile trop vite, il me faudrait des journées de plus de 35
heures. J'ai l'impression de ne rien faire de productif alors que je
suis occupé toute la journée à des choses que je trouve cependant
futiles parfois. Je suis bien inspiré aujourd'hui pour ce journal, ce
qui confirme ma théorie du rapport de la créativité sur l'état
psychologique. Je ne sais pas où aller pour chercher du travail. Que de
choses à faire, que je délaisse souvent. Je me suis décidé depuis hier
à vraiment chercher les deux choses qui me manquent pour être digne.
L'art ne suffit pas pour l'instant, car je ne suis pas reconnu. Mais je
ne suis le genre à faire des concessions. Très peu pour moi. Je laisse
ça pour les faibles. Vivement demain que j'appelle Lyse, et que cela se
passe bien.
Juin (4). Week-end qui sort
finalement de mon ordinaire. Retrouvailles vendredi soir, retrouvailles
hier soir. Nuit à la belle étoile, week-end en faux-semblant. Un grand
bol d'air. Lyse ?
Aujourd'hui, je me suis fait couper les cheveux très court. Je trouve
que j'emploie beaucoup de canadianisme, "toile", "cellulaire", bientôt
"mitaine".
Juin (5). Une nouvelle idée de
nouvelle, que je commence à écrire spontanément. Une nouvelle pensée
philosophique. J'ai repris mes journaux, de septembre à novembre 1991.
Laurent, résidant de peu à Paris et qui à des projets artistiques, m'a
appelé pour me dire qu'il rentre ce week-end. On pourra causer projet.
Bonne journée.
Juin (6). Coup de fil d'une
radio pour entretien d'embauche. Belle occasion de se remettre dans le
bain de la musique avec des contacts avec des maisons de disques.
Toujours des idées de nouvelles. J'en ai maintenant 61. Certaines
prennent une belle tournure. Je vais bientôt me renseigner pour les
faire éditer. Je dois en faire une, la première de la série, pour le
début du mois de juillet. Je termine l'année de l'agenda 1991-1992. Je
n'arrive pas à dater certains événements qui me reviennent à l'esprit.
Pour affiner ce travail je relis toutes les lettres que j'ai
conservées. Ca fait une drôle de sensation. Plus forte que la lecture
de ces agendas. Je pense à toutes celles qui ont eu la chance de
recevoir une de mes lettres. Elles pourront dire, dans plusieurs
années, qu'un écrivain leur à écrit. Quelle belle ironie ! Toutes ces
lettres sont des témoignages de ma passion pour l'écriture. Je
m'aperçois que je n'en reçois plus. Que je n'en écris plus. Temps
modernes…
J'ai un coup de fil JC de Paris qui m'avait hébergé à la Toussaint. Je
lui avais demandé de se renseigner à propos d'une boite en face de chez
lui, qui à passé une annonce étrange dans
Libération. Il m'informe plutôt sur
l'infortune amoureuse d'un ami commun.
Juin (7). Mon entretien la
semaine prochaine permet de me concentrer essentiellement sur
l'écriture. Je me dis que serais peut-être pris et que cela ne vaut pas
la peine de consacrer trop de temps à la recherche d'un emploi. J'ai
tout de même envoyé sept candidatures entre vendredi et lundi. A 12
heures je reçois un appel pour un autre entretien demain, à Lyon, pour
un poste d'assistant de direction dans un grand club sportif.
Je lis beaucoup de lettres. Je rédige le journal de 192-1993, et ses
notes, jusqu'au fameux voyage à Venise.
Juin (8). Entretien à Lyon.
Voyage sous une canicule. Bien passé. Fais quelques ébauches de
nouvelles.
Juin (9). Encore des coups de
fils. Encore un entretien pour un boulot la semaine prochaine. Encore
une chaleur du tonnerre. Encore des kilomètres en voiture.
Je suis passée voir Rachel pour voir ce que je pourrais lui donner en
matériel de sculpture. J'ai rédigé le voyage à Venise dans mes
journaux. Je craignais ce cap à me souvenir, je n'avais rien noté sur
papier mais beaucoup d'éléments me sont revenus. J'ai encore une tonne
de travail à faire, notamment à préparer sur plusieurs supports mon
entretien dans une radio, jeudi.
Juin (10). Avec Laurent, j'ai
parlé projets de livre, bandes dessinées, ensemble. Il a l'air sur la
même longueur d'onde que moi. Il aime ce que j'écris.
Juin (11). Vu le temps qu'il a
fait hier soir, orageux, je ne suis pas sortie. J'ai lu
Marie-Claire
et d'autres revues pour veiller jusqu'à 2h00 du matin, pour suivre le
game 6 de la Stanley Cup. Encore des prolongations ! A 5h j'ai décidé
d'enregistrer la fin, en espérant qu'il n'y aura pas trop de
prolongations comme l'an dernier où j'avais loupé le but final après
plus de sept heures de jeu ! En plus j'ai programmé un film,
Galactica, à 7h30.
En me levant, je vérifie la fin de la cassette de 240 minutes : elle se
termine par
Armageddon, ce
qui veut dire qu'au moins j'ai la fin du match. Ce film est normalement
programmé après
Galactica.
Mais si les prolongations dure plus de deux heures…. Le match se
termine après 30 minutes d'over time. Content de la victoire des Devils
du New Jersey. Rassuré par les nouvelles de Petr Sykora, sauvagement
agressé par le capitaine des Stars de Dallas, Derian Hatcher.
Honteusement impuni. Il y a d'ailleurs beaucoup de décisions
surprenantes des arbitres, toutes en faveur des Texans. Apparemment
Galactica
est en entier sur la cassette. Je le regarderais ce soir, avant le game
3 de la finale N.B.A. et d'avoir des nouvelles sur l'entorse de la
cheville de Kobe Bryant. Dans le journal, il y a un article sur les
artisans d'art. Rachel est en photo. Hasard ou coïncidence. Je pense
beaucoup à elle depuis hier.
Entre le foie gras et les frites, je reçois un appel d'Elodie. Elle
s'ennuie et veut que j'aille la chercher. Ce qui ne me dérange pas.
Juin (12). Hier avec Elodie,
j'ai retrouvé un peu de moi il y a quelques années. Je me sens mieux.
Je veux rencontrer une compagne, ce ne sera pas elle, mais le temps
passé avec elle peut m'être profitable d'un point de vue conseil avec
le sexe faible. On a bien rigolé.
Juin (13). Achevé le journal de
1992-1993. Eprouvant sentimentalement. Retrouvé le contact avec le
leader spirituel de mon premier groupe, au début des années 90. Il a
arrêté le groupe, mais bosse comme technicien du son. Pour le prochain
festival peut-être que je ferais appel à lui. Ca me fait plaisir de
l'avoir eu au bout du fil.
Juin (14). Voyage à Dijon sous
la canicule, pour deux entretiens. Odeur de sulfateuse à travers les
vignes, vignerons bronzés, grillés. Arrivé sur le campus, je sais que
je vais voir, apercevoir, des visages connus. En traversant l'allée me
menant à mon premier rendez-vous, je vois une ancienne prof. Et puis en
ressortant en me disant que je n'avais reconnu qu'elle, je tombe sur un
ancien, de ma génération, le dernier des dinosaures.
Juin (15). Autre entretien,
dans le désert situé à l'Ouest de Dijon. On m'a gâté. Si j'ai à choisir
entre ça et le campus, je crois qu'il y a plus d'avantages au campus.
Si j'ai le choix…
Juin (16). Appel de Dijon pour
un second entretien. Débarrasser d'objets métalliques par Rachel.
Passer voir Elodie. Je commence le journal de 1993-1994.
Juin (18). Un concert celtique
hier soir, près d'une église dans un petit village. Moins bien que l'an
dernier. Une soirée manquée. Un dimanche banal. J'en ai oublié les
sœurs du sud. Je n'y pense plus, leur contact a vite été rompu.
J'avais, les jours suivant le mariage, la déraison du sud.
Juin (19). Encore un voyage
sous la canicule. Je ne sais plus quoi penser de mes entretiens. Je
continus mes journaux. J'en suis à la rentrée universitaire. Cette
année universitaire me sert de base à un roman que j'ai écrit à
l'époque, mois par mois. C'est un travail intéressant de partir de
faits réels pour faire un roman de fiction pure.
Juin (20). Pris trois livres à
la bibliothèque municipale,
Le
dernier journal de Livingstone,
L'histoire de l'extrême droite en France,
et un autre ouvrage,
Fin de siècle
en solde, que je tenais à lire pour comprendre des points de vue
différents de son auteur par rapport aux miens.
Juin (21). Je passe de plus en
plus de temps à travailler sur le festival. Beaucoup de réunions, de
coups de téléphone avec les médias et des groupes sélectionnés. J'ai
deux nouveaux entretiens en vues pour la semaine prochaine, dans la
région de Lyon.
J'ai passé la soirée de la fête de la musique avec Elodie, Oliver et sa
voisine Nat, qui est de ma famille par alliance.
Juin (23). J'ai assisté à la
finition de l'affiche du festival et des flyers à l'imprimerie, jusqu'à
21 heures.
Juin (24). Centenaire de la
chapelle de Dun, embrasement de la chapelle à 23 heures, nous arrivons
juste à l'heure. Il y a toujours du vent, mais beaucoup plus de monde,
forcement que d'habitude. Avec Oliver et Nat.
Juin (25). Je dois me remettre
à la relecture et la rédaction de mes écrits. C'est vraiment une
thérapie contre le mal être. Si je ne me soumets pas à ce travail, je
me sens mal.
Juin (27). Je m'épuise depuis
deux jours à comprendre des logiciels en vues de mon entretien de
vendredi. Et aussi à arroser le jardin. Mais je sens que, enfin la
pluie va tomber. L'orage semble arriver. Demain, le temps sera pour une
fois respirable pour mon trajet en voiture.
J'ai repris mes journaux. J'en suis à mars 1994. C'est épique comme
époque.
Juin (28). La ville où je me
rends pour l'entretien est sympathique. Sur un plateau, et à 60 km de
chez moi. Plus proches en temps et en distance que je pensais. Et dire
que je n'y suis jamais allé.
Juin (29). L'entretien d'hier
s'est mieux passé que je ne pensais. On me contacte pour me signaler
que je tiens la corde. Je leur ai parlé de mon entretien de demain.
J'ai involontairement fait monter les enchères.
Surchargé par mes diverses obligations, mes divers déplacements, je
trouve le temps de prendre un petit court d'informatique sur la
création de pages internet. Demain, j'ai un entretien pour un poste
dans le domaine du multimédia, dans la banlieue lyonnaise.
Je récupère les dépliants du festival.
Juin (30). Dans le train qui me
mène à Lyon, je rencontre deux sœurs à qui je file un tract de mon
festival. Je passe l'entretien. Pierrette m'héberge. Je prends une
carte de transport à la journée et j'en profite pleinement. Métro, bus,
funiculaire. A Fourvière, je trouve le calme comme aux théâtres
romains. Ces endroits lyonnais à touristes sont un havre de paix.
Juillet (1er). Je me lève à 9
heures mais je sors du lit à 10h30. J'ai regardé la fin du film d'hier
soir,
Les enfants du marais.
J'ai envie de kebab. Dans toutes les rues ça déménage. On est bien le
1er juillet, pas de doutes là-dessus. C'est le bal des déménageurs. En
rentrant des courses, le journal et la bouffe, je tombe en bas de
l'immeuble de Pierrette, sur un rappeur de LC. On se rencarde pour
l'après-midi chez lui où je reste bloqué jusqu'à 17 heures à parler de
son groupe et de foot. Le temps est enfin à l'orage. Puis, retour à LC.
Vers 1 heure du matin, alors je j'allais bientôt rentrer me coucher, je
reçois un coup de fil de Nat, qui va peut-être changer bien des choses
: elle m'invite à boire un verre chez elle, précisant qu'il y avait
deux copines. J'y vais. On boit, on fait un tour autour du lac. Je tâte
le terrain. Je ne pensais pas qu'on allait me monter une baraque.
Juillet (2). Je me suis dit que
des deux femmes rencontrées hier soir, la blonde me plaisais plus que
la brune. Comme Pol, mon collègue de café pense le contraire, tout va
bien. Sauf que la brune veut me revoir ! Nat dit que ce n'est pas
grave, que ça va aller avec la blonde.
Juillet (3). Je donne des
affiches du festival à un pote, sur son lieu de travail, où je revois
Cat la magnifique. Elle est l'une des directrices. J'ai fait celui qui
ne la reconnaissait pas, mais nos regards se sont croisés profondément
pendant une seconde. Je lui ai même parlé. On parle de sa fête prévue
le 15 juillet, et de mes rencontres de samedi. Je commence enfin mon
dossier de presse du festival. En écrivant ces lignes, je me rends
compte que ça fait au moins une semaine que je n'ai pas écrit mes
mémoires. Malaise.
Juillet (4). Je finis le
dossier de presse. C'est terrible ! Je n'ai plus le temps pour mes
journaux. Par contre j'en ai plein à lire à cause de la victoire de la
France dans l'Euro 2000. J'attends pour demain la réponse pour le poste
d'animateur multimédia, et peut-être un coup de téléphone de Manu,
rencontrée samedi.
J'ai une lettre de Laurent : toujours des projets en tête.
Juillet (6). Je découvre les
résultats du bac. Beaucoup du lycée l'on eut. Pas de grosses surprises.
Si quelques-unes unes. Je vois que la sœur de Claire vient de le
décrocher. Je vieillis en voyant ça. Pas de Manu pour le barbecue de
samedi, si on le fait. Nat m'a filé sur numéro de téléphone.
Je finis deux semaines de boulot pour le festival. Il faut que je me
repose quelques jours. J'aurais bien passé le week-end, long, du 14
juillet avec Manu. Tant pis. Peut-être qu'un de mes potes fera sa fête
à cette occasion. Ca évitera des interférences entre plusieurs femmes.
J'ai envie de me consacré à d'autres filles des alentours.
Juillet (8). Je n'ai pas
beaucoup de temps libre entre la préparation du festival, l'entretien
des jardins et mes déplacements. Je suis fatigué. J'ai envie de me
coucher, de rester allongé toute la journée à ne rien faire.
Paradoxalement, à l'approche du festival, mon boulot est presque fini.
J'ai juste à participer à une émission de radio, contacter les médias
de la programmation finale. J'ai vraiment besoin de repos. D'un bon
massage.
Ce soir nous devons aller à un festival à 25 kilomètres d'ici, avec
Oliver, Nat, Gros, Fati et les autres. Manu ne sera plus fatiguée et
viendra peut-être. Si Nat la convainc. Un 14 juillet chez Manu est
toujours envisageable.
Je remets à mes journaux, chose laissée de côté depuis dix jours.
Juillet (9). Pas de Manu hier
soir. Soirée pas terrible, rien d'extraordinaire, du moins. Aujourd'hui
repas de famille, montée à Dun. Un temps gris, on se croirait en
novembre ou en Bretagne. Un temps idéal pour poursuivre mes journaux.
Je ne sais pas ce que je fais ce soir. J'ai envie inexorablement de
marcher dans les rues de la ville. Pour voir les choses du bon côté.
Peut-être que je vais tomber sur des personnes que je connais. Finir
dans l'imprévue.
Je dois avouer à travers ces lignes que je sais avec qui j'aimerai bien
être ce soir et tant d'autres : une femme qui était avec moi au lycée,
en cours d'espagnol. Elle habite dans le quartier depuis un an ou deux
ans. Je ne l'aperçois que de temps en temps, quand je suis attablé en
terrasse du Central café. Elle semble revenir du taf ou des courses.
Elle porte souvent des grands sacs de shopping. Elle semble seule. Je
ne l'ai jamais vu avec quelqu'un. Où travaille-t-elle, que fait-elle de
son temps libre ? Manu ? Les sœurs soleil sont oubliées. Totalement
oubliées. Je devais avoir un peu bu ce soir là, et l'alcool me tenant
toujours dans des délires de deux jours après. Le mauvais côté du
champagne.
Juillet (10). Comme je l'ai
écrit hier, sortir pour marcher peut avoir deux avantages :
l'oxygénation du cerveau et des rencontres imprévus. Je suis tombé sur
Nat. On a parlé de moi, de futures sorties et de Manu.Avant de me
coucher, j'ai vu un beau film hier et son nom c'est
If only.
J'ai fait un rêve. Je commençais un job dans une usine de récupération.
Le premier jour c'était bien passé. Je retrouve des personnes que je
connais. J'arrivais à faire ce que l'on me demandait. Mais le second
jour, je me croyais dans un décor de
Chapeau
Melon et Bottes de Cuirs
: plus personne, à 8 heures j'étais seul dans l'usine, à mon poste. Je
me disais que j'aurais peut-être la possibilité de faire la grande
étape de montagne du Tour de France. On est bien dans un rêve. Dans
l'après-midi. Déjà, en arrivant à l'usine, je n'avais pas fait
attention, mais il n'y avait que 2 ou 3 voitures sur les parkings.
J'arrive toujours en avance pour avoir le temps de fumer 1 ou 2 Benson.
Je me suis dit que beaucoup d'employés devaient être en vacances. On
est début juillet. Après, je suis tombé sur deux amis, qui me disent
qu'il n'y avait que le personnel administratif. Il y avait 300
licenciements. L'entreprise fermait. Cette boite avait le même nom
qu'une autre qui avait déjà coulé. Je vis par la fenêtre Bernard Lama
et Dino Zoff parler. Je m'adressa à l'Italien, en anglais, pour lui
raconter mes malheurs, ces 300 personnes se retrouvant au chômage.
C'est tout ce que je me rappelle de ce rêve.
Le temps est toujours légèrement gris. Continuons et finissons 1994. Je
devrais aussi lire
Sur le rêve
de Freund.
Je travaille en réunion jusqu'à 22h30 pour le festival.
Juillet (11). Le temps s'est
encore un peu plus rafraîchit. Je retourne à mes explorations
temporelles et temporaires du passé. Je n'avance pas beaucoup dans les
jours. Depuis hier, en quelques heures, je n'ai progressé que de 15
jours. Il faut dire que du 1er au 15 avril 1994, il s'en est passé des
choses, et qu'il faut beaucoup de mots pour exprimer certains maux.
Actuellement, je cherche à gérer au mieux ce pont du 14 juillet, tout
en attendant avec impatiente la réponse pour le poste d'animateur
multimédia dans un petit village de la Loire. J'ai un programme chargé
pour jeudi et vendredi, avec deux déplacements par jour. Plus une
émission de radio et des affiches à distribuer pour le festival. Je
dois recruter pour la fête de mon pote Thierry, des filles de
préférences. Les deux de l'autre jour, Pierrette, Pol …
Juillet (12). Je vais boire un
verre avec un ami avec qui j'étais allé en Allemagne l'été dernier. Je
vais marcher un peu.
Juillet (13). Courses à Roanne
l'après-midi, où j'ai vu et dit bonjour à Hilda, la brune qui voulait
me revoir. Une émission de radio en début de soirée. Pour la première
fois depuis des années, je ne vais pas à la boite pour une veille de 14
juillet. Pas le goût. La pluie est continuellement présente depuis
lundi, le vent, le froid. Je vais au café avec Pierrette, puis chez des
amis où d'autres nous vont nous rejoindre. Bonne soirée où l'on rigole
beaucoup.
Juillet (14). Braderie bradée
par le climat. Barbecue géant à Montceau-les-Mines, où j'emmène
Pierrette et Pol. Mélanges incertains, gin coca, pastis coca, vin
rouge, bière blonde, bière ambrée. Limite du hors-jeu. Le temps est
toujours maussade.
Juillet (15). Réunion pour
préparer le festival. Après-midi à la terrasse d'un café où nous
captons des petits rayons de soleil. Prévision d'une randonnée pour le
22. Soirée au chez des amis puis au Roadhouse, le squat bis. Bonne
ambiance. Je retrouve une ancienne élève du lycée, je donne des
contacts à un groupe de rap.
Juillet (16). Je n'ai pas eu le
temps de téléphoner à Manu. Pas le temps, peut-être pas le bon
week-end. Mine de rien, je suis sortis tous les soirs de la semaine.
Juillet (17). Encore de la
route. Coup de fil d'une jeune journaliste pour faire des interviews de
groupe pour vendredi. Déjà la quatrième à rencontrer…
Juillet (18). Second entretien
dans une radio. Voyage sous le soleil, mais pour une fois, j'ai trouvé
cela agréable. J'ai la réponse demain pour un poste d'animateur.
L'angoisse monte. J'ai peur d'être recalé même si l'on m'a dit que
j'étais bien placé.
Juillet (19). Il est 14 heures.
Toujours pas de réponse. Je ne sais pas comment je vais m'en remettre
si je ne suis pas pris. Le festival, qui a lieu dans deux jours, occupe
mon esprit y compris la nuit.
J'ai passé beaucoup de temps à faire des cartes de visite pour le
festival. J'ai perdu deux heures cet après-midi, mais finalement je
viens de parvenir à mes fins. Elles sont bien réussies. Je peux dormir
l'esprit libre, rassuré de mes capacités d'apprentissage, de réflexion.
Enfin presque, car on ne m'a pas rappelé pour le poste d'animateur
alors que la réponse était fixée, quelque soit le choix, à aujourd'hui.
Pendant ce temps, je n'ai toujours pas téléphoné à Manu.
Juillet (20). Jour de chance !
Je gagne bien eux fois aux grattages, mais j'essuie encore un revers
d'embauche. J'ai l'impression que tout le monde travaille sauf moi. Je
vais me reposer quelques jours après le festival. Je vais me plonger à
corps perdu dans mes écrits, dans mes projets. Puisque là, au moins,
personne ne me mettra des bâtons dans les trous. Mais comme je le
redoutais, je vais vivre, sauf miracle, un été d'exclusion sociale. Ce
soir je n'ai goût à rien. J'espère que demain au festival, je ferais de
belles rencontre. Avant de me coucher, je récupère des annonces sur la
toile. Dont une concernant un établissement scolaire de LC. Ce qui me
soulage un peu, me redonne de l'espoir.
Juillet (21). Je réponds à
l'annonce de l'établissement d'études secondaire pour un poste
d'animateur socio-éducatif. J'ai l'esprit ainsi, un peu plus libre.
Stressé à l'approche du festival. Soulagé quand on me dit qu'on rentre
dans les frais.
Juillet (22). Je me lâche
devant la connerie d'un membre de l'organisation. Ses remarques depuis
hier, ont été intolérables. Je pense arrêter toutes mes activités avec
l'association. Quelque chose est cassé. Je suis allé dans la nature
avec des amis. Ca m'a fait du bien. Je suis fatigué, j'ai mal et peu
dormi. J'ai mal au dos depuis hier où j'ai voulu décharger des caisses
de boissons. Ce soir on fait un barbecue. Manu viendra peut-être vers
la fin. Je crois que j'ai sous-estimé ses sentiments potentiels pour
moi. Mais je pense toujours à l'autre fille qui était avec moi en
espagnol. Je l'ai aperçu à midi, à la terrasse du café. Quand
pourrais-je l'accoster dans la rue ?
Juillet (23). Je suis à peine
remis du barbecue d'hier soir. C'était dans un cadre perdu, loin de
tout. Pas une maison à l'horizon, au bord d'un lac. Un feu. Il manquait
tout juste de la musique.
Juillet (24). J'achève
Les jours en couleurs,
d'Yves Simon. Je ne vois pas où il voulait en venir. Pourtant j'aime
bien cet écrivain, auteur, compositeur. J'aime son style. Pour ma part,
j'ai eu une journée prolifique : deux ou trois nouvelles idées de
nouvelles, sept ou huit pensées.
Juillet (25). J'ai fait un
cauchemar. Maintenant que j'ai fini le livre d'Yves Simon, je vais
pouvoir survoler Sigmund Freud pour analyser mes rêves. Je pense que je
vais organiser un barbecue sur ma terrasse ce week-end, vendredi ou
samedi, tout dépendra du temps.
J'ai enfin fini dans mes journaux, d'écrire le récit du 15 avril 1994.
Il faut dire que ce fût une journée particulière. J'ai mis presque une
semaine pour y arriver, mais je ne voulais pas mal faire les choses.
Juillet (26). Je reprends
l'écriture de mes journaux, maintenant que je suis bien lancé. Je
téléphone à Manu pour l'inviter à mon barbecue. Mais elle est déjà
invitée. Je crois que je vais mettre son cas de côté.
Pierrette est de retour en ville. Elle est en vacances. Elle propose de
faire un tour à l'air de loisir. Je l'ai senti très romantique en
regardant le ciel étoilé. Ma tête a tourné, je me suis senti très mal,
pas assez bien pour faire le tour du parcours de santé. Je suis pris de
spasmes et de montées de chaleur, des jambes au ventre, en me couchant.
Je n'ai pas tout compris de cette soirée…
Juillet (28). Je continue mes
journaux. Des regrets et des remords me viennent à l'esprit à
l'évocation de certains souvenirs. J'ai fini l'agenda
1993-1994.J'organise un barbecue sur ma terrasse. Pierrette me lâche
plus tôt que je pensais. Les autres ne voulaient pas aller sur la
colline.
Juillet (29). Je vais voir
Laurent, chez lui, dans un petit coin de campagne assez rassurant. Et
là, il me sort une vieille lettre de dix ans, que j'avais écrite, et
qu'il devait transmettre à un ami d'enfance, alors que je m'apprêtais à
quitter la Cité Scolaire. Je n'en suis pas encore revenu.
Pierrette fait la fête ce soir avec des anciennes voisines de Roanne.
De ce fait, sans ma meilleure amie, je m'emmerde un peu même si les
autres sont cool.
Juillet (30). Je téléphone à
Elodie. Mais personne chez Elodie quand soudain, Pierrette me joint.
Finalement on regarde
Yellow
Submarine en vidéo. Nous sommes déçus, mais à notre décharge,
nous étions nets, nous n'avions rien pris.
Juillet (31). Piscine avec
Pierrette, on fait notre kilomètre. On discute chez elle de sa
recherche d'un nouvel appartement. Nouveau barbecue le soir sur ma
terrasse, avec Nat et Oliver. Elle a trouvé une occasion, je la
convainc de visiter tout de suite cette occasion. Ce que nous ferons
demain, deux avis valent mieux qu'un.
Août (1er). On part à Lyon de
bonne heure. Il fait chaud toute la journée, l'appartement est sympa,
je lui dis de ne pas hésiter une seule seconde, de sauter sur
l'occasion. Sur la route du retour, j'ai un coup de fil pour un
entretien à Digoin, pour un poste dans une bibliothèque. En rentrant
chez nous, nous n'avions qu'une envie : nous jeter dans la piscine.
Août (2). Je me rends compte
que je ne lis plus, je n'écris plus, je ne regarde plus la télévision.
Lucien, que nous avons ramené hier de Lyon, viens chez moi. Le temps
est gris, jusqu'à la fin de l'après-midi. Avec Pierrette, on va
chercher une pizza, infâme. Elle est fatiguée, rentre tôt chez elle.
J'ai beaucoup d'affection pour elle. Je vais lui faire une surprise :
le plan d'aménagement de son nouvel appartement, à accrocher au mur. Il
n'empêche que j'ai eu peu le spleen. Qu'elle en est la cause ?
Août (3). Aujourd'hui, c'est
moi qui fait la pizza, que nous allons manger ce soir chez Nat et
Oliver. Piscine avec Pierrette. La pluie nous stoppe dans notre élan
Août (4). Je crois que je me
suis claqué à la piscine. Tellement fatigué, et peu motivé, je reste
chez moi ce soir.
Août (5). Je revois Pierrette
avant qu'elle ne reparte pour Lyon. Toujours la pluie. Le soir je
m'ennuie un peu. Il fait froid. Je fais le soir une émission à la radio
pour faire le bilan, positif, du festival. En fait, je me fais plaisir
en parlant plutôt de vieux trucs trouver ici et là dans les bacs de la
radio, comme Abba. Je me propose de venir régulièrement dans l'émission
pour parler d'artistes ou d'albums qui m'ont marqué. J'aime mieux
parler de ce qui me plait, plutôt que de casser des nouveaux albums. Je
laisse ça pour les grandes radios et leurs animateurs.
Août (6). Mon spleen a atteint
son paroxysme hier soir. Je me remets à l'écriture, après dix jours de
semi-léthargie intellectuelle. Je trouve un nouveau nom pour mon
recueil de poème. D'ailleurs, j'en ai écris trois en deux jours. Je
suis fertile, je le dois à elle. Je lis enfin la lettre que m'a donnée
Laurent. Dans cette lettre, je demandais des renseignements pour
retrouver la trace de Claire ma plus grande amie d'enfance, qui
habitait dans le même immeuble que le gars que j'avais revu à la Cité
Scolaire bien des années après. J'allais en fait, la retrouver quelques
mois plus tard, en voyant son nom sur la liste des reçus au bac. Je lui
conseillais dans cette lettre, de se méfier d'une certaine
sainte-nitouche.
Août (7). Je contacte Elodie
pour qu'elle vienne me voir l'après-midi. Elle vient chez moi alors que
je suis en plein dans la rédaction de ce journal. Bavardage, etc. Elle
me surprendra toujours. J'invite le soir, un camarade du voyage en
Allemagne de l'an dernier. Je téléphone à Nando pour qu'il me confirme
qu'il rentre au bled ce week-end. Nous irons voir Laurent, ils ont
plein de choses à ce dire au niveau professionnel.
Je retrouve progressivement mon appétit.
Août (8). Je reprends
totalement mes activités intellectuelles, avec la poursuite de mes
journaux, en rajoutant notamment les moments où j'ai rencontré trois
filles : Pierrette, Steffy, et une autre, plus funeste.
Août (9). Je suis allé au
jardin de bonne heure, pour récolter courges et pommes de terre.
Laurent est venu manger à midi. Nous sommes allés à la piscine, pour
mater. Nous avons revu les deux Anglaises que nous avions aperçues à la
terrasse du café : elles se baladaient en short et bikini, une grande
blonde et une belle brune de taille moyenne. J'appelle la blonde
affectueusement Big Tits, ce qui est sans équivoque. Elle lit beaucoup,
Big Tits, elle aime la glace. Le soir je mange chez Nico, le camarade
d'Allemagne.
Toujours à la recherche de K, cette fille qui était avec moi en cours
d'espagnol. Je scrute depuis la terrasse du café Central. Presque tous
les jours. Aux même heures. Avec le même livre,
Wilderness.
D'ailleurs, je me demande ce que je vais devenir quand je l'aurais
fini. Je l'ai commencé à la Toussaint, juste avant de visiter la tombe
de Jim Morrison. Je crois que je vais acheter ses autres recueils :
Arden lointain,
Une prière américaine,
Seigneurs et créatures.
Au rythme de deux ou trois poèmes par jours, cela devrait durer encore
plusieurs années. Mais, quand j'aurais lu tout Morrison ? Quel autre
auteur peut prendre le relais pour mon entretien intellectuel ? Kurt
Cobain, Léonard Cohen ?
Je crois qu'il faut que je rappelle Steffy, avec qui j'ai coupé les
ponts depuis le 1er janvier. Elle pourra me donner des indications de
temps sur certains événements pour mes journaux. J'ai du mal à situer
précisément mes rencontres avec les trois filles dont je parlais hier.
Août (10). Rendez-vous pour un
poste dans une bibliothèque, à Digoin. Juste avant, coup de téléphone
que j'attendais depuis longtemps pour un autre poste, plus prés de chez
moi, et mieux payé. Ca va bien.
Nouvelle idée de nouvelle, avec l'inspiration que j'ai eut depuis hier
… Le soir, je regarde
The big
Lebowski, pour la seconde fois. Comme pour
Deadman,
le deuxième visionnage m'a paru plus court que le premier. J'ai flashé
sur ces films. Je trouve plein de nouveaux surnoms à ceux du feu local,
que je vois toujours. Je téléphone à Pierrette pour qu'elle m'aide à
retrouver certaines dates, pour mes journaux. Elle ne m'en dit pas plus
que la dernière fois.
Août (11). Grosses chaleurs
estivales depuis mercredi et les deux Anglaises. Je commande à la
librairie
An american prayer,
car j'aurais bientôt achevé
Wilderness.
Août (12). J'ai encore trouvé
des nouvelles boutades métaphoriques. Je vais bientôt atteindre la
barre des 200. Je change déjà le titre de mon recueil : le titre
Visions et sensations remplace
Visions et réflexions.
Je vais voir Laurent avec Nando, l'après-midi. Puis, je dois aller
chercher mon agenda annuel. J'y vais et je vois une sainte. Ses seins.
Le soir j'ai une discussion intéressante avec Nando, même si mon idée
de donner des nouveaux surnoms à tous ne le convainc pas. Où l'on
apprend que nous avons fait des choses semblables au niveau de
l'écriture ! On avait tellement de choses à raconter que j'ai omis de
lui parler de ma proposition de l'inviter ponctuellement à la radio
pour faire une chronique sur des vieux ou jeunes artistes. Nous
partageons beaucoup d'idées au niveau de l'art et de la culture. Je
suis allé chercher Elodie.
Août (13). Toujours la chaleur.
Je passe ma soirée à regarder des vidéos de football.
Août (14). J'ai téléphoné à mon
pote Thierry, le roi du barbecue. Je le pousse à inviter un maximum de
femmes célibataires pour sa prochaine fiesta, qui doit avoir lieu le
26. Il me donne le chemin libre pour des vues sur une femme vu une fois
dans son magasin.
Je passe voir Nat et Oliver, mais entre-temps, je me suis fait piquer
par une guêpe. On me prodigue les premiers soins. Mon bras a enflé. Ca
gâche un peu ma soirée. En plus il y a Manu chez Nat. On rigole, on va
à la fête foraine, on va au bout de l'air de loisir, on va à Dun. Je
crois qu'après cela, je confirme mon point de vue : je n'ai pas envie
de la connaître d'avantage.
Août (15). Je vais chez le
médecin parce que mon bras a encore enflé durant la nuit. La peau est
bien tendue. Ca me gratte est ça me fait la même douleur que pour un
bleu. Cortisone.
Août (16). Ca va beaucoup
mieux, mon bras a désenflé. Je peux reprendre mes activités
intellectuelles. Je vais essayer de finir mes journaux de septembre
1994 à décembre 2000, avant le 1er septembre. Mission impossible … J'en
suis à octobre 1994. Il faut que je pense à préparer l'entretien de
vendredi. Dimanche j'aurais l'esprit libre pour mettre de la musique
classique au concours hippique.
Je devais aller voir une fleuriste pour une poterie, mais je crois que
je vais attendre deux semaines. J'ai eu Pierrette au téléphone, elle
est d'accord pour revenir à une fête de Thierry, pour le 26 août,
normalement.
Août (17). J'ai eu un hoquet
pas possible hier soir, en visionnant deux navets français de science
fiction. Encore ce matin, ça m'a repris. Je suis allé au jardin où j'ai
énormément de travail : désherber presque tout, notamment le carré des
allium, ails, oignons, échalotes. J'ai ramassé encore deux grosses
courges, trois kilos de tomates, un peu de haricots.
Je dois poursuivre mes journaux, en essayant de finir aujourd'hui
l'année 1994. J'ai aussi un nouveau poème, sur la date du 29 mai, suite
d'une chanson écrite il y a 10 ans. Également, je m'amuse à faire une
compilation de dance-music, à partir d'un compact que m'a passé Nat,
lundi soir.
Août (18). Toujours des crises
de hoquet, hier soir, cette nuit. Fatiguant. J'ai passé mon entretien
au sommet de la ville. Superbe panorama, du boulot en perspective.
Dernière chance de rester dans le coin, j'ai un autre entretien pour un
poste similaire dans la même bibliothèque que le 10 août dernier.
Pour ce qui est de mes journaux, je bloque un peu sur une période assez
chaude, situé entre fin octobre et début novembre 1994.
Août (19). Ca fait trois jours
que je suis à la bourre du matin au soir. Lien avec le hoquet ? Il ne
m'a pas réveillé cette nuit. C'est déjà ça, mais je sens que cela peut
recommencer à tout instant, même si j'ai pris hier à la pharmacie, des
comprimés contre ces spasmes.
Au niveau de mon journal, c'est une journée productive. Deux nouvelles
pages, j'en suis à la mi-décembre, et je compte encore en faire un peu
avant de sortir.
Soirée où rien n'était prévu et qui se révélera comme une soirée où il
n'y avait vraiment rien d'organisé. On nous force pour suivre des
personnes à un thé dansant à la dernière minute, pas le temps de
discuter vraiment. Aucune information ne nous a été transmise. Entre
les personnes qui ont eu l'idée de cette sortie, il manque aussi de
communication. Par exemple, j'avais bien dit que ça m'étonnerai au vu
de ma tenue qu'ils me laissent rentrer dans le thé dansant. Je n'ai pas
eu le temps de me changer puisque prévenu au dernier moment. Comme je
ne suis rentré, avec Pol, lui aussi mal habillé, nous sommes allés
goûter des spécialités turques. Uniformité, qu'il demandait à l'entrée
de la boite….
Août (20). Concours hippiques.
Dès mon arrivée en cabine du jury, je me suis demandé comme l'an
dernier, pourquoi ou comment j'avais atterri dans cette galère. L'amour
de ce parc du château, et de la vue sur le lac qui n'est pas la même
que le reste de l'année : être de l'autre côté du lac. Tout ce qui est
hautain est autour de moi. Je sens la bourgeoisie et l'aristocratie
galopante, me donner des montées de tension. Il fait un temps lourd. Je
suis là pour aider à mettre de la musique, et à transmettre des
informations. Ma débrouillardise me rappelle les concerts gratuits que
je faisais à Dijon. Je me crois revenu l'an dernier pour ce même
concours hippique : les mêmes personnes, le même climat météorologique
et humain. Comme si c'était hier ! Je ressens les mêmes sensations, je
me pose les mêmes questions. Quand vais-je pouvoir m'évader de ce lieu,
plutôt de cette tâche ? Mais, cela me permet de serrer quelques louches
locales et de glaner de précieuses informations sur l'avenir politique
local, avec le festival comme point de vue. Pris par l'atmosphère, et
mon boulot bien accomplit, je me dis, et c'est bien moi, que je serais
encore là, l'an prochain, et que je pourrai même améliorer mes
conditions de travail.
Je viens de terminer l'un des plus durs passages de mes journaux, le
réveillon 1994. C'est une bonne chose de faite. Il reste cinq années,
de janvier 1995 à décembre 1999. J'ai fait la moitié de mon travail de
relecture des mes agendas. C'est une thérapie. J'expurge des souvenirs.
Je trouve agréable de relire sa vie, de se rappeler de tout ce qui a
été marquant.
Août (21). En lisant le journal
ce matin, je suis tombé sur des photos de mariages. Il y en a de plus
en plus. Cela revient à la mode chez les jeunes. Et sur tous ces
mariages, deux concernés des filles qui était dans mes classes au
lycée. Ce qui me fait penser plusieurs choses. Premièrement, de plus en
plus de camarades de classe sont mariés, et ça fait de plus en plus
naître en moi un sentiment d'isolement. Aussi, en voyant leurs
professions, je me dis que les résultats du lycée ne veulent rien dire.
J'étais meilleur qu'elles, et pourtant elles ont maintenant une
situation. Je me suis écroulé après le bac, je n'ai pas su me motiver.
Comme le temps était doux pour transpirer, je voulais aller faire un
jogging. Mais au moment où je sortais en vélo, il s'est mis à pleuvoir.
Je n'ai pas insister plus de 500 mètres. Maintenant, l'orage a repris.
Il fait un temps de fin de vacances. Nous sommes pourtant à 15 jours de
la rentrée scolaire. Même si je souhaite que se soit ma dernière
semaine de vacances. Il règne cette morosité.
Alors, je vais poursuivre mes journaux avec l'intéressante année 1995.
Je dois d'ailleurs trier toutes les lettres que j'ai reçues. Je n'en ai
jamais autant reçu que cette année-là. Parallèlement à cela, je finis
ma compilation dance.
Je me couche énervé par la nouvelle exclusion de Patrick Viera. Ca
commence à devenir lourd. Les Anglais sont en train de détruire leurs
chances de revenir au sommet européen. C'est du racisme. Certaines
brutes épaisses, comme Ruddock ou Roy Keane, peuvent vous tacler au
niveau des genoux, personne ne dit rien !
Août (22). Je décide de me
remettre à faire du sport régulièrement, Ca permet de faire des excès
de cigarettes et autres abus. Mauvais coup. Encore un échec de
candidature dans une école de LC. Je vais donc être obligé de
m'expatrier, alors qu'ici, on embauche des personnes venant de
l'extérieur, qui ne resteront pas toute leur vie ici, puisqu'elle ne
ressente pas les ondes de LC. Je confirme de fait, mon entretien pour
le 1er septembre à la bibliothèque. Il y a là-bas d'autres sources de
motivations qui peuvent être intéressante. Je passe voir la secrétaire
de l'association qui restaure la chapelle. Je lui dis que j'arrête
toute activité associative. Je veux consacrer dorénavant mon temps à
mes projets personnels. Chez elle, c'est reposant, et c'est fascinant
de l'entendre parler. Elle peut parler du passé aussi bien que de la
modernité. Elle est très cultivée.
Je contacte mes potes pour savoir qui rentre au bled ce week-end.
Pierrette a finalement son appartement pour le 1er septembre, celui
qu'on avait visité ensemble. Je prévois de modifier la configuration de
ma chambre demain. Surtout le poste de travail informatique, il n'est
pas pratique. Je vais mettre dans des cartons mes collections de
bouteilles de bière, de thé. Je veux donner au nouvel aspect à ma
chambre. Je dois trouver un lieu propre à l'inspiration artistique, en
espérant que cela sera pour un temps très court. Cela voudra dire que
j'ai trouver un job loin d'ici.
Pour ce qui est de mes journaux, j'ai relu beaucoup de lettres hier et
aujourd'hui. Des lettres de copines. J'avais oublié certaines de mes
qualités, en les relisant. Il faut que cela m'aide à reprendre
confiance en moi. Quelle belle thérapie ces journaux ! Je finis le mois
de mars 1995. J'ai pas mal progressé ces derniers jours. J'en suis à ma
rencontre avec Sylvia.
Août (23). Comme hier, je
débute la journée par un peu de sport. Comme j'ai quelques courbatures
à cause du jogging d'hier, j'opte pour un petit tour de bicyclette. Je
passe ma journée à refaire ma chambre, notamment mon bureau et mon
poste informatique et artistique. Tout devient nettement plus
fonctionnel.
Août (24). Je me lève très tôt.
Un petit cross matinal, une douche glacée. La forme revient. Je me
sens, après, beaucoup plus dynamique. Je fais un petit tour en ville,
au Central. Je discute avec une charmante étudiante qui travaille l'été
comme hôtesse. Elle a des idées communes aux miennes sur le plan
tourisme et développement.
J'ai fini de ranger ma chambre, je peux reprendre mes activités
intellectuelles et informatiques.
Août (25). Je trouve deux
nouvelles idées de nouvelles. Je me demande si je dois faire une suite
de nouvelles comme Bukowski ou un récit comme Apollinaire.
Enfin, le jour du tirage au sort de la coupe de l'UEFA est arrivé. Le
FC Gueugnon va connaître son premier adversaire continental. La tension
monte jusqu'à 14h30. Nous tombons sur des Grecs.
J'avance beaucoup dans mon journal : je finis ce soir au 23 juillet,
soit juste après le départ de Sylvia. Ce soir nous devons aller à Dun
avec Pol, Nando et son Elodie.
Août (26). Nous n'avons pas été
à Dun hier, mais nous avons quand même bien rigolé, à l'aire de loisir.
Je finis l'agenda 1994-1995. Dans la douleur et dans l'orage. Sylvia,
c'était fini. J'ai passé trois jours dans ses souvenirs.
Août (27). De 12 à 13 heures,
je fais le mois de septembre 1995. A ce rythme là, il faudra 46 heures
de travail pour finir mes journaux, soit une bonne semaine. Je me donne
finalement deux semaines pour y arriver, soit au 9 septembre, jour de
ma fête, et jour de la fête chez Thierry, où il doit me présenter à une
future ex. Je fixe donc à cette date, cet objectif ? J'espère que cela
me motivera. Car quand j'aurais achevé cette tâche, je me sentirai
diffèrent, libéré du poids du passé.
J'ai retrouvé au Central mes potes.
Août (28). À peine finie mon
histoire avec Sylvia que voilà Hélène qui se profile. Ca devient de
plus en plus passionnant. Je passe le cap mythique du 11 janvier 1996 ;
découverte d'Hélène et enterrement de Mitterrand. Mois de février 1996.
Ca m'a fait une émotion de me souvenir de cette période, de cet acte
manqué avec Hélène. Et de me redire que je ne la reverrai plus. Encore
48 mois jusqu'au 31 décembre 1999.
Pierrette me téléphone et me dit qu'elle a vu en boite samedi soir
Steffy.
Août (29). Je range de la
paperasse, j'en élimine, je nettoie aussi l'ordinateur. Avec cette
histoire de journaux, j'ai envie d'écrire ou de téléphoner à Steffy,
ainsi que de reprendre le contact avec d'autres filles. À côté de cela,
j'ai eu eux nouvelles inspiration, une pour les citations
humoristiques, une pour les nouvelles pour adultes.
Août (30). Je suis allé
m'oxygéner à la montagne de Suin. Il me reste 43 mois à faire en une
semaine, pour mes journaux, c'est jouable à condition d'y passer pas
mal de temps, de bien gérer mon emploi du temps.
Août (31). Un nouveau poème,
venu à l'esprit en écrivant mes journaux. J'en suis au 1er septembre
1996. J'ai téléphoné à Thierry pour savoir où il en était pour les
invitations pour sa fête du 9 septembre. Mais, par expérience je me
méfie. Demain, j'ai un entretien important à la bibliothèque de Digoin.
Un de plus…
m'ont marqué. J'aime mieux parler de ce qui me plait, plutôt que de
casser des nouveaux albums. Je laisse ça pour les grandes radios et
leurs animateurs.
Septembre (1er). L'entretien de
ce matin c'est bien passé, presque dans un climat de rigolade. J'ai
revu les membres du jury du 10 août.
Trois idées : deux nouvelles et une pensée. Je reprends mes journaux au
1er septembre 1996. Avant, je prends un bol d'air à Dun, doublé d'une
excitante célébration de la nature : je sème graines et bulbes en haut
de la colline. Il y a du vent. C'est bon. Je profite du paysage pour,
enfin, finir
Wilderness, de
Jim Morrison. Après j'irais prendre une consommation à la terrasse du
café Central et je serai apte à m'atteler à ma fastidieuse tâche
d'écriture.
Septembre (2). J'arrive dans
mes journaux au moment de ma rupture avec Hélène. Deux nouvelles
pensées métaphoriques. J'ai réfléchi à ce que je ferais comme suite de
travail intellectuel quand j'aurais fini mes journaux. Je crois que je
finirai les dizaines de moutures de textes pour chansons, d'abord.
Ensuite, je reprendrai
1991
et
1993. Puis les nouvelles
et autres idées de roman. Suivre un ordre chronologique, logiquement.
La librairie a enfin reçu
Une prière
américaine, de Jim Morrison. Moins de page mais plus de mots.
Les paroles des albums. Quel pied je vais prendre !
J'étais très excité par l'approche du match de football France -
Angleterre. Depuis une semaine j'y pensais. Un peu déçu quand même par
le spectacle. Ce soir je suis allé voir Nat et Oliver avec Élodie et
Pol. L'automne arrive à grands pas.
Septembre (4). Fin des les
vacances. Je suis pris à la bibliothèque de Digoin. Je commence jeudi à
9 heures. Je me sens soulagé comme peut-être jamais. La tête libre.
J'ai plein de personne à prévenir. Comment vais-je m'organiser ? Il y a
pénurie d'essence, je dois déménager quand ? Est-ce que je vais
travailler samedi, pourrai-je prendre mon billet pour le match de coupe
d'Europe à Gueugnon ? La roue tourne, peut-être un signe pour la soirée
de samedi chez Thierry.
Il y a encore une photo de mariage qui m'interpelle dans le journal
d'aujourd'hui. Quelqu'un de plus jeune que moi. J'ai deux nouvelles
idées de nouvelles. Par contre, est-ce que je pourrais finir avant
samedi soir mes journaux ? J'en suis à environ 70 idées de nouvelles,
certaines bien avancées. Peut-être en fusionner…
J'ai téléphoné au Gros et Nori pour leur dire que j'ai trouvé du taf
dans leur bled. J'ai aperçu K, deux fois en 30 minutes. On s'est bien
regardé la première fois. La seconde fois, je n'ai pas osé traversé la
rue. Demain, je vais aller faire un tour au marché de LC en me disant
que c'est la dernière fois avant un bout de temps.
Septembre (5). Je téléphone à
Thierry pour lui dire que j'ai trouvé du boulot, mais il me dit que,
comme d'habitude, des filles se sont désistées pour sa fête de samedi.
Je pense de plus en plus K. Dire que je dois quitter LC ! J'ai décidé
d'écrire à Stef et Steffy. Stef n'a plus de téléphone fixe sur Dijon,
d'après mes recherches, peut-être un portable, et Steffy a toujours la
même adresse à Lyon. Je ferais de même pour Sylvia. Quand j'aurais fini
mes journaux. J'ai regardé hier soir
Buffalo'
66. De Vincent Gallo. Quel film et quel génie ! Film prenant.
Enfin commencé la lecture de
Une
prière américaine.
Une nouvelle pensée trouvée.
Septembre (6). Dernier jour de
libre avant d'attaquer ce nouvel emploi. Je me sens vraiment détendu.
Une nouvelle idée de nouvelle. Pas vu K, j'ai eu un contre temps aux
heures où je pouvais peut-être la voir Bonne nouvelle, j'ai ma place
pour le match de coupe d'Europe de Gueugnon, jeudi prochain. J'espère
que je sortirai à temps du travail, il n'y a que dix minutes de
voiture. J'ai pensé, en regardant un reportage sur le festival de
Deauville, à la création d'un festival mondial du cinéma "ouvrier", qui
parle de ceux dont on ne parle jamais.
Septembre (7). Premier jour de
boulot. Je le sens bien. Je suis le seul homme du navire. Manue qui a
commencé lundi, occupe le poste pour lequel j'avais passé un entretien
au mois d'août. Je rentre crevé. Je n'ai pas la force de faire plus
qu'un mois, avril 1998, dans mes journaux. Plus que 20 ! Je passe une
heure à téléphoner. Je prends un rendez-vous pour visiter un F3 demain
à 14h30. Je mangerai à midi chez Nori qui fini sa journée comme moi à
midi, le vendredi. Le blocage des raffineries par les routiers m'a
angoissé toute la journée. Je fais trois stations, vidées, et
finalement en rentrant au bled, j'arrive à faire le plein. J'hésitais
pour aller chez Thierry samedi, à cause des problèmes d'essence. Mais
maintenant, je suis un peu rassuré. Et Pierrette que j'ai appelé ce
soir, a l'air motivé pour s'y rendre. Elle veut bouger. Reste à savoir
si la soirée est confirmée, si tout le monde a assez de sauce pour s'y
rendre. J'appellerai Thierry demain.
Septembre (8). Seconde journée
de travail. Je ne peux pas me donner une idée de mon futur travail
puisque nous déménageons la bibliothèque de lieu : faire des cartons
hier, vider les placards et les murs. A propos de déménagement, j'ai
visité un F3 cet après-midi. Je ne le prends pas car il y a trop de
travaux à faire. J'hésite sur le choix de ce que je veux comme type
d'appartement, et sur l'aménagement que je veux avoir : un coin
informatique pour mes travaux d'écriture, un coin atelier artistique
pour la peinture, le collage, la sculpture. Les deux ? Aucun ? Je
prends un studio, un F1, un F2, un F3 ? Quel style ? Atelier d'artiste
avec un matelas par terre, des délires au mur, etc. Style propre et
pratique ? Vraiment, je ne sais pas ce que je veux. Je me donne le
temps d'y réfléchir. Encore aperçu K.
J'ai téléphoné à Thierry, à Pierrette. Pas de changement pour la soirée
de demain. Je vais chercher Pierrette à la gare à 19 heures. Pour ce
qui est des filles, on verra bien demain qui il y aura.
Septembre (10). Une fois de
plus, pas de filles invitées sinon une, que son copain a rejoint après
le boulot. Je pense encore plus à K. Je n'ose pas, mais peut-être
qu'elle aussi. J'aurais des possibilités de la voir en rentrant du
boulot, aux heures et lieux habituels. Je dois régler vite cette
affaire.
Septembre (11). C'est fait.
J'ai abordé le cas K. Elle n'est pas au premier abord comme je l'avais
imaginé. Mentalement. Je n'ai pas assuré. Je crois m'être planté sur
toute la ligne, depuis le début.
Septembre (12). Je viens de me
rendre compte que cet emploi dans cette ville me condamne, condamne mes
projets musicaux. Ce n'est pas ici que je trouverai le ou les musiciens
idéaux. J'ai un spleen. Je suis déjà loin de la joie créée par
l'annonce de ma sélection pour l'emploi.
Septembre (13). La routine
commence à s'installer. Je rentre crevé les soirs et je ne peux rien
faire. Je laisse de côté mes journaux, je reprendrais ça samedi ou
dimanche. Est-ce en rapport avec mon spleen ? Ca confirmerait que
l'écriture est pour moi une thérapie. Je pense de plus en plus au match
de demain, en coupe d'Europe, à Gueugnon.
Septembre (14). Gueugnon. Dans
les tribunes du stade, derrière les buts, comme de plus en plus
souvent. Je suis nostalgique. Ma situation est toujours pareille. Je
suis encore à la recherche du bonheur, de l'amour. Le match ne me fait
plus rien. J'ai les yeux plutôt attiré par la culotte émergeante d'une
jeune femme, deux rangs devant moi. Son mari était au lycée en même
temps que moi.
Les yeux dans le slip,
ça pourrai faire le titre d'un film…
Septembre (15). La fin de la
semaine s'est fait en roue libre. J'ai mangé à midi chez Nori. Repas
philosophique. Je visite un nouvel appartement. Je ne sais pas quoi
prendre car je ne sais pas si j'amène mon ordinateur. Plein d'idées
cette semaine : dessins, scénarii de court-métrage, nouvelles, pensées.
Je suis plus polyvalent que jamais.
Je suis allé dans un bar, puis un pub, puis une boite, à Roanne, avec
Laurent et Pol. Nous avons rencontré trois jeunes, trop jeune, filles.
J'avais raison de ne pas les sentir.
Septembre (16). Je reçois une
offre de l'agence de l'emploi pour un poste de journaliste dans le
quotidien régional. Alors que j'ai trouvé déjà un travail ! Je vais y
répondre mais cela me laisse encore plus perplexe. Je vais avoir un
choix délicat à faire car il s'agit pour ce travail de journaliste,
d'un contrat de 3 mois renouvelable, peut-être transformable en contrat
à durée indéterminé. Je ne sais pas quoi penser, et cela doit repousser
une décision pour prendre un appartement.
Décidément, ce fût un week-end sortant de l'ordinaire. Nous sommes
allés ce soir dans une ville voisine où se tenait un festival de
reggae. Je suis tombé sur Pierrot, le leader de mon groupe, au début
des années 90, dans un hameau de la Loire.
Septembre (17). C'est la
journée du patrimoine, et comme tous les ans, je vais faire un tour au
château. Avec à peu près les même personnes qu'hier soir au festival.
Je me pose plein de question sur mon éventuel choix à faire si je suis
pris comme journaliste.
Septembre (18). Je vais à
l'agence pour l'emploi pour savoir comment ça peut se passer si je
décide de répondre favorablement à l'annonce pour un poste de
journaliste. Je n'en suis pas encore là.
Septembre (19). J'ai plein
d'idée en ce moment. Des idées sur tout : nouvelles, dessins, humour,
idées de travail, concept, invention, en techniques d'information et
communication. Je n'ai pas repris mes journaux.
Septembre (20). Je ne pense
plus à K. C'est déjà ça. Il y a plein de belles choses dans mon nouvel
environnement. C'est un point positif pour me retenir ici.
Septembre (21). Toujours des
idées. Cinéma, nouvelles, idées diverses pour créer des nouveaux
concepts.
Septembre (22). Pas de
nouvelles pour le poste de journaliste. Je ne me fais pas une fixation
là-dessus. Je dois plutôt me concentrer sur la boite qui fait des sites
sur la toile, se situant à 15 minutes de chez moi. Je dois leur
proposer mes services. Il faut que je me forme. Je dois y aller au
culot, comme Nando a fait. Je n'ai rien à perdre. Je crois que le
boulot idéal est un boulot où l'on bosse à domicile, aux heures qu'on
veut.
À force d'être entouré de livres, de romans, de journaux, de romans, je
me suis enlevé le spleen que j'avais pris, à cause de mon impossibilité
de trouver à coup sûr des musiciens dans ma nouvelle ville. Je me dis
que je dois absolument publier d'une façon ou d'une autre mes
écritures. Je ne pense pas être plus mauvais que certains "écrivains"
dont j'ai vu les "œuvres" à la bibliothèque. C'est la troisième fois
que je fais le tour complet des rayons romans, etc. J'ai une énorme
envie de lire. Au moins, pour ce qui est de l'écriture, je n'ai besoin
de personne pour avancer dans mes projets. Quoique, pour ce qui est de
la musique, j'en ai parlé à Pierrot et Stéphane que j'ai vu samedi
soir. Et si je recommençais à eux ? J'ai repris aussi mes journaux.
Après deux semaines de pause forcée.
Septembre (23). Réponse
négative pour le poste de journaliste. Le quotidien m'écrit dans la
lettre, de les contacter si je suis intéressé par un poste de
correspondant sur LC. Ce soir je vais enfin découvrir le thé dansant de
Roanne. Avec Laurent.
Septembre (24). C'était une
super soirée. J'ai blagué avec le patron à l'entrée, avec la caissière.
Il y avait beaucoup plus de femmes que d'hommes, au début surtout. Le
cadre de la boite est un ancien cinéma. Il y a deux salles. Dire que je
devais venir depuis des années ici, empêché par les a priori de mon
entourage. Et pourtant, il y avait des jeunes, des moins jeunes, il y
en avait pour tout le monde. Il y avait aussi de la musique des années
80. L'ambiance était joyeuse, pas de désordre. Le slow sur lequel j'ai
dansé au mariage de ma cousine avec une des sœurs du sud. J'ai tout de
suite réagi. Je compte revenir le plus vite dans cette boite. J'espère
aussi, que le thé dansant qui se situe dans la ville où je bosse, est
aussi bien fréquenté que celui d'hier soir.
Je mets au propre toutes mes idées de la semaine. J'ai commencé à
développer les idées de nouvelles les plus fraîches.
Septembre (25). Journée cool au
travail. Je téléphone au journal régional pour le poste de
correspondant local. Pour voir si cela vaut le coup. Rendez-vous demain
après le taf. Je mets au propre des idées de scénarii et de dessins
avec Laurent. Je scanne des photos pour la création d'un site avec
l'aide de la copine de Nando.
Septembre (26). En allant à mon
entretien pour un poste de correspondant local, je me laisse surprendre
par la beauté de Paray. Cette cité catholique, distante de 12
kilomètres de mon lieu de travail, et située plus près de chez moi, à
22 kilomètres. Je la traverse soir et matin, et c'est vrai qu'elle est
très jolie, très verte, très calme. Il y a beaucoup de passage, toute
l'année, je connais de plus, des amies y résidant. En clair, je sens
des ondes positives pour ma créativité, critère premier pour un choix
de logement. Je serais à 10 minutes de mon travail. Je me demande si
cela ne vaudrait pas mieux que j'habite ici plutôt qu’à Digoin où je
travaille, même si ç’est mieux pour mon intégration.
Pour ce qui est de l'entretien, il fut formel. J'étais plus client que
vendeur. Est-ce que ça vaut le coût de faire des articles à 50 ou 150
francs pièce, et de ne plus avoir ses soirées et son week-end de libre.
De plus, si je déménage de ville je ne vais rentrer tous les soirs à LC
pour assister à des assemblées d'association locales.
Septembre (27). Je vois Elodie.
Elle bosse dans une grande surface. Elle dit qu'elle me contactera
cette fin de semaine. Encore un mariage d'une fille du lycée, dans le
journal. Celle-ci est toujours étudiante. Encore une citation
personnelle. Bientôt la barre des 200 sera atteinte.
Septembre (28). Je me demande
si je ne vais finalement prendre un logement temporaire au château, qui
est à 5 minutes de la bibliothèque. C’est là qu’habitait Nori l’an
dernier. Gueugnon est éliminé dans le mépris et l'indifférence générale.
Septembre (29). Une nouvelle
citation. Mon dernier vendredi après-midi de libre a vite été bouffé
par la consultation de mon courrier sur la toile, par l'envoi par
courrier électronique de photos de la chapelle Sainte-Avoye, pour le
site que je conçois dans ma tête.
Plus ça va, plus je me dis que j'irais bien au château, ça dépendra des
studios que je vais voir, de la vue.
Septembre (30). Hier soir, je
suis allé au café avec Lucien qui est là ce week-end. Nando nous a
rejoint plus tard. Je suis rentré bien épuisé. Je continu mes journaux,
je note les idées de la semaine.
Je téléphone à Pierrette pour avoir de ses nouvelles. Elle m'invite
toujours à passer un week-end chez elle, à Lyon. Chaleureusement.
Octobre (1er). Hier soir, il y
avait pour une fois, beaucoup trop à boire. J'ai perdu cette habitude
de boire. Nous avons bien rigolé. Aujourd'hui, j'ai fait un peu de vélo
à midi. J'ai téléphoné à Elodie qui, bien que malade, a accepté de
sortir avec moi cet après-midi, pour un tour dans les vallons voisins.
C'était la fin des Jeux Olympiques à la télé. J'ai vu le concert de
Midnight Oil. J'ai eu des frissons, en voyant cette gigantesque fête
dans le stade d'Australie. J'ai manqué quelque chose. Je dois être à
Athènes dans quatre ans. C'est moins loin. Et à Paris dans huit, c'est
encore moins loin.
Octobre (2). Demain, c'est
l'ouverture au public de la bibliothèque. Je n'ai pas travaillé
aujourd'hui, c'est le début de mes nouveaux horaires, je vais bosser
deux samedis sur trois. Une nouvelle idée de dessin avec Laurent. Un
gros problème informatique résolu grâce à l’un de mes oncles.
Octobre (3). J'ai rencontré à
la bibliothèque, une fan de Suede, pourtant bien jeune à la vue de
l'âge du groupe.
So young
devrais-je dire ! Je rentre à 20 heures du boulot. Je n'ai pas le temps
de passer les coups de fils que je devais passer. Une nouvelle idée de
nouvelle.
Octobre (5). Je suis depuis le
début de la semaine en pleine période de cyclothymie. J'alterne le
spleen et l'espoir, le tout chapeauté d'un syndrome de Stockholm de
plus en plus permanent. Aujourd'hui sort la biographie des Beatles.
Depuis ce matin, c'est un sujet récurrent à la radio publique. Ce n'est
pas pour me déplaire. Ce soir encore, il y a une émission spéciale. Ca
donne envie d'écouter plus souvent ce groupe. Aussi, d'acheter tous
leurs albums. Je n'ai que des compilations, mis à part
Sergent Pepper's lonely hearts club band
et
Let it be. J'ai reconnu
dans l'émission que je viens d'entendre,
Hey bulldog qui figurait dans
Yellow submarine, vu et enregistré
cet été, avec Pierrette.
Octobre (8). Deux grandes
nouvelles : la secrétaire de Sainte-Avoye m'a dit que le châtelain du
village lui a demandé de me demander si j'étais intéressé par la
perspective de faire partie de sa liste pour les élections municipales
de l'an prochain. Je m'y attendais, sans aucune forme de prétention.
J'attends d'ailleurs qu'une autre liste me contacte, pour rendre la
situation encore plus cocasse. Mais je me rappellerai qui m'a contacté
en premier. Même si je n'ai pas d'ambition politique local, je peux
profiter de cette opportunité pour trouver un travail beaucoup plus
intéressant et plus stable. J'ai les cartes en main, j'ai plein d'idée
à soumettre au marquis. Je me verrai plutôt comme conseiller en
communication. Après avoir hésité à peine une heure, je crois que je
vais accepter cette opportunité. Même si je ne suis pas conseiller
municipal, je pourrai tirer profit de la situation pour aider au
développement de LC. Ce qui m'intéresse le plus, c'est le tourisme et
la culture. J'ai dit à la secrétaire de dire au marquis que je ne serai
pas contre l'idée de faire partie de sa liste, et que j'aimerai le
rencontrer au plus vite.
Le seconde nouvelle, encore plus importante pour moi, est que Pol m'a
dit qu'hier soir à la boite, il a vu Steffy. Elle a retrouvé sa couleur
naturelle de cheveux. Elle lui a semblé avoir changé. Mûrie. Depuis, je
pense à elle. Et si j'avais perdu mon temps, elle aussi, en n'étant pas
ensemble. Et si ce n'était pas elle ma destinée ? Je lui écris ce soir,
ce que je devais faire depuis des semaines. J'ai préparé, il y a un
mois, les enveloppes pour des lettres pour Steffy, Stef et Sylvia. Mais
je n'ai la tête à n'écrire qu'à la première. Tant pis pour ce qu'en
pensera Pierrette. Je n'ai jamais voulu me fâcher avec les deux, et
finalement je me suis coupé de Steffy, que je n'ai pas eu depuis le 1er
janvier.
Demain, j'ai des horaires plus cool, je tenterai de finir l'agenda
1998-1999, les mois de juillet et août. Il faudra que je visite des
appartements cette semaine, car ça me fatigue de plus en plus ces
aller-retour quotidiens.
Octobre (9). J'ai écrit à midi,
dans ma voiture, une lettre à Steffy. Une lettre longue, quatre petites
pages. Je lui dis de nous téléphoner vendredi soir. Je réalise, en
lisant le journal, que la grosse écurie du championnat de D2,
Montpellier, joue mercredi soir à Gueugnon, à 20 heures. Comme je finis
à 19 heures ce jour-là, j'irai tout de suite après mon travail.
Octobre (10). J'ai visité un
appartement après le boulot, mais il a été éliminé à cause d'un
chauffage électrique doublé d'un parquet. Et pas de garage. Je suis
alors allé ensuite dans une agence immobilière, où j'ai expliqué mon
cas, que j'avais l'esprit ouvert, du studio au F2, voir F3, meublé ou
pas mais avec un garage. Lundi prochain, je vais aller visiter des
appartements dans le château. Il y en a plein de libre, peut-être que
je ferais des connaissances intéressant là-bas.
J'ai l'impression qu'il y a plein de femmes seules, divorcée ou séparée
dans cette ville. Je pense y rester quelques mois si tout se passe bien
avec la nouvelle perspective liée aux élections municipales. Je dois en
profiter au maximum, aller au thé dansant local, en espérant qu'il sera
aussi bien que celui de Roanne.
A l'heure ou j'écris ce journal, Steffy doit lire ma lettre.
Octobre (11). Le travail se
passe de mieux en mieux à la bibliothèque. Je n'ai plus de spleen. Je
trouve de nouvelles citations, j'atteins enfin la barre des 200.
Montpellier vient gagner chez nous. Cela m'énerve, leur comportement,
l'arbitrage.
Octobre (12). Deux nouveaux
flashs de ma vie me reviennent à moi, je les note sous forme de poèmes.
Deux nouvelles citations. Pierrette m'appelle pour me dire qu'elle
rentre ce week-end, et que je suis obligé d'aller à sa crémaillère
samedi prochain. Je n'ai guère envie de prendre ma voiture, je préfère
le train quitte à payer plus cher. Mais elle me dit qu'il y aura de
tout, "la totale" !
Octobre (13). D'abord, je n'ai
pas eu le temps d'appeler Steffy. Je le ferai demain. Car j'ai du
appeler le marquis pour les élections. J'ai laissé un message pour
qu'il me fixe un rendez-vous ce week-end au château.
Je reprends mes journaux demain, et j'espère les finir demain ou au
moins ce week-end, histoire de passer à autre chose, mes textes de
chansons et mes nouvelles pour adultes seulement.
Octobre (14). Je suis allé au
château pour voir le marquis. Je n'ai pu lui demander de me pistonner
via sa famille pour un boulot au bled ou à Lyon, et pour cause : il ne
sera pas tête de liste. Il faut que j'aille voir la tête de liste. Il
faut surtout que je renseigne pour savoir si je peux être sur une liste
tout en "résidant" à 40 kilomètres de LC.
Je suis allé voir une exposition de peinture et sculpture. J'y ai vu
après, Laurent à qui j'avais donné rendez-vous. Pierrette m'a appelé
pour me dire qu'elle passerait me prendre à 21 heures pour manger une
pizza chez elle, ses parents n'étant pas là. La soirée s'annonce bien.
D'ailleurs je pense au week-end prochain où je dois me rendre à sa
crémaillère.
Je téléphone à Steffy. Je suis resté une bonne demi-heure au bout du
fil. Nous avions forcement beaucoup de choses à nous dire. Elle me dit
que pour elle, la vie est toujours la même. On se promet de s'appeler
pour savoir si je vais bien à Lyon le week-end prochain. Elle viendra
sur Roanne bientôt, on s'y verra.
Octobre (15). J'ai vu
rapidement Nando qui m'a donné un livre pour Pol, et un disque de
Tahiti 80 pour moi. C'est cet album que j'avais écouter chez un
disquaire lors de mon dernier passage à Paris en février.
Hier soir, on a bien rigolé chez Éric F pendant que les filles jouaient
à un jeu africain. Elles n'étaient plus présente avec nous, dans la
pièce. Mais j'ai senti la fatigue venir vers deux heures du matin. La
pizza était toujours aussi lourde à digérer avec sa tonne de crème
fraîche. Le temps est gris est la bruine est là. Je vais téléphoner à
Pierrette et pour faire un tour et boire un coup. Je n'ai pas encore eu
le temps de parler de la soirée de la semaine prochaine avec Pierrette.
Je dois retourner dans une pièce de ma maison où j'ai entassé livres
trouvés dans le grenier de mes grands-parents, pour les inscrire dans
ma base de données.
Pierrette est venue me prendre et nous sommes allés au café Central. La
pluie tombe depuis hier. Triste week-end. On a évoqué sa soirée du
week-end prochain. Je lui dis que je bosse tous les samedis jusqu'au 11
novembre. Elle me dit qu'il y aurait sept ou huit personnes mais
qu'elle n'a contacté personne sauf moi. Ce n'est donc pas encore
officiellement pour samedi. Il y aurait une copine, que j'avais vu lors
de ses précédents anniversaires, avec son copain, une autre copine à
Pierrette, des amis. Je n'ai pas eu le temps de téléphoner à Elodie, je
voudrais bien qu'elle vienne avec moi à Lyon. Demain matin, je vais
visiter plusieurs appartements. Il faut que j'emménage assez
rapidement, parce que je suis vraiment claqué.
Le spleen commence à réapparaître. A cause principalement de ce
déménagement. De mon indécision quant à ce que je veux comme logement.
Il faut que je sente comme chez moi pour être créatif. Mais il ne faut
pas que je me sente perdu quand je retournerai dans ma chambre, dans ma
maison de LC, je ne dois pas la vider de son âme. Et je n'ai pas envie
chaque week-end de faire des allers-retours avec des piles d'affaires.
La seconde cause de ce spleen est qu'il s'en est fallu de peu pour que
j'évite cette situation. Je n'ai pas été pris dans mon bled pour le
même boulot, le même profil de poste, payé plus et avec plus de
vacances. En plus, je suis peut-être fait des illusions en croyant que
le châtelain pourrait me pistonner.
Octobre (16). J'ai visité ce
matin des appartements. Rien ne m'a emballé. Je suis toujours dans le
vague. Je visite demain un autre appartement, bien que grand. J'en
visite un autre jeudi après le taf, par cabinet de notaire.
En rentrant, je tombe sur un article dans quotidien local qui parle de
la foire expo régionale. Je voulais y aller mais je me suis dis qu'il y
avait plein d'autres choses qu'il fallait que je fasse. Mais cet
article disait qu'ils y avaient des boites qui travaillaient dans
l'internet de présente. Donc j'y vais, avec Laurent, à qui j'ai
téléphoné. Et j'ai bien fait d'y aller car j'ai contact sérieux avec
une nouvelle boite qui s'est créée en périphérie de LC. Ils me
prendraient en free-lance à partir de l'an prochain, mais il faut que
je trouve une formation pour maîtriser la mise en page.
Je finis enfin mes journaux : 95 pages, format A4, taille 10. Je dois
imprimer tout ça pour faire quelques corrections. Après, j'écrirai les
nouvelles et je finirai toutes les moutures de texte entamées, il y a 5
ans. De quoi occuper mes soirées dans mon futur chez moi.
J'ai emprunté à la bibliothèque la semaine dernière des bandes
dessinées qui se passent à Lyon et à Dijon. Les dessins de la gare de
Dijon sont très réalistes.
Octobre (17). Je visite un F3,
bien, mais mal situé, et puis, je chercherais maintenant de préférence
un petit studio ou F1 meublé, voir une chambre. Au boulot, ça va de
mieux en mieux.
Octobre (18). J'ai pris, il y a
une semaine une bande dessinée dont l'action se passe autour de la gare
de Dijon. Je l'ai pris pour ça. Je vais scanner des pages pour
accrocher au mur de ma future chambre. Je n'ai pas eu encore le temps
de la lire, je le ferai dimanche. Par contre, j'ai lu des albums qui se
déroulaient à Lyon.
Octobre (19). J'ai enfin visité
l'appartement que j'occuperai si je déménage. Je crois même, que je
vais déménager, quitte à que ce soit pour deux ou trois mois. C'est un
F3, vide, tout le contraire de ce que je voulais en début de semaine.
Comme quoi, je suis imprévisible. La vue est bien, les vues, vu qu'il y
en a deux.
Octobre (20). C'est de plus en
plus clair dans ma tête. Lundi j'appelle pour dire que je prends
l'appartement que j'ai vu hier. Pierrette m'a appelé pour savoir si
j'allais à sa crémaillère. Je suis trop fatigué, il faut que je voie
des personnes pour mon avenir professionnel, il faut que je commence à
faire mes cartons. Par contre, j'ai plusieurs jours de libre pour la
Toussaint. J'irai chez elle deux ou trois jours, comme ça, j'aurais le
temps de voir à Lyon Steffy, Pierrot, et peut-être Pierre G, qui est
venu jouer cet été au festival.
Je suis vraiment fatigué. Je finis la semaine sur les rotules.
Octobre (21). Je rentre bien
fatigué de la bibliothèque. J'ai trouvé une nouvelle citation. Je passe
voir Elodie, mais je commence à sentir depuis la fin de l'après-midi un
mal de gorge qui doit annoncer une petite crève. Elodie me présente
demain à une de ces copines africaines. Gros m'a appelé alors que je
revenais de chez Elodie. Nous sommes allés boire un verre dans un café,
j'y ai vu une autre copine d'Elodie, celle-ci travaille avec elle. Elle
avait l'air de s'ennuyer ferme. J'ai surtout appelé Steffy, lui dire
que je n'étais pas à Lyon ce week-end.
Octobre (22). La copine
d'Elodie est sympa. Je les ai emmené à Dun, puis Elodie a payé son coup
dans à la terrasse d'un café. Je commence à me sentir malade.
Octobre (23). Je suis malade
comme Nando et Elodie. J'ai appelé le notaire qui m'a fait visiter le
F3 pour dire que c'est OK. Je signe lundi prochain. J'emménage avant la
Toussaint. J'ai un virus dans le corps et peut-être un dans mon
ordinateur, à cause d'un mail de Sébastien. Ca craint plus que ma
santé. Je l'appellerai demain.
Octobre (24). La journée fut
dure physiquement en raison de mon état. A peine arrivé à la maison,
j'ai regardé le foot, comme je le ferai demain et le jour d'après. Je
n'ai pas encore eu le temps de classer toutes lettres que j'ai relu
pour établir mes journaux.
Octobre (26). Mon état
s'améliore. J'ai toujours autant de travail. Je dois maintenant penser
à mon déménagement, à ce que je vais emmener, acheter. J'ai reçu une
commande de disques que j'ai passé.
Octobre (28). Je finis la
semaine un peu moins sur les rotules que les précédentes. Cela doit
être dû aux médicaments. Le soir, je rigole bien, avec Pol, Éric et les
autres
Octobre (30). Je fais l'état
des lieux de mon nouvel appartement. Je commencerai à déménager mes
affaires jeudi et vendredi. Je dois contacter Gros pour les grosses
affaires.
Ma grand-mère paternelle est décédée. Cette fois, je n’ai plus de
grands-parents.
Octobre (31). Je visualise de
plus en plus mon appartement. L'emplacement futur du mobilier, ce que
je dois apporter. Le concept sera la fonctionnalité. Quand je serais
installé, je ferais surtout des arts plastiques. J'aurais une pièce
spécialement pour cela. Je compte en faire un atelier souvenir : table
d'écolier, fresque et reste du local. J'ai rencontré la future tête de
liste pour les municipales de l'an prochain. Il m'invite à une réunion
secrète jeudi prochain. Excitant, impression d'aller à une réunion de
secte.
Novembre (1er). J'ai trié des
affaires. J'ai enfin regardé
Celebrity
de Woody Allen. Je pensais le conserver mais les films de Woody Allen
sans Woody Allen, ce n'est pas pareil.
Novembre (2). Lucien qui est au
bled depuis mardi, m'aide à emmener des affaires dans mon nouvel
appartement. C'est vite fait, bien fait. Il trouve mon appartement
bien. Demain, on viendra me mettre le gaz. Tout est réglé pour le
reste. J'ai tout ce qu'il me faut. Je téléphone à Pierrette, puis à
Steffy. Pour leur dire que je viendrais probablement le week-end du 11
novembre à Lyon, pour les voir, séparément. Steffy me dit un peu
pourquoi elle ne traîne plus avec Pierrette. Steffy me dit qu'elle ira
à Roanne samedi soir.
Novembre (3). J'emmène encore
des affaires, dont un meuble de télévision. Il manque la télévision. Je
me mets au nettoyage de l'appartement. Mais il n'y a pas encore d'eau
chaude. Quatre ans jour pour jour avec mon second emménagement avec
Stef. Je retrouve les mêmes sensations, sauf que je suis seul, c'est,
ce sera, le plus dur à vivre. Je retrouve cette même odeur de clope
dans la poubelle.
Novembre (4). La reprise du
boulot à été dure psychologiquement, bien qu'elle se soit fait en
douceur, au niveau du rythme. J'ai fait mon premier repas dans mon
nouvel appartement. J'ai téléphoné à Elodie mais elle n'était pas chez
elle. Pour le week-end prochain peut-être. Je suis allé à la boite,
pour la première fois depuis le mois de mars environ.
Novembre (5). Il fait beau,
aussi, avec Pol, nous allons dans deux cafés. Je vois le Gros. Il
devrait m'aider à déménager les grosses affaires le week-end prochain.
Samedi. Je dois téléphoner à Steffy et Pierrette pour leur dire que je
ne pourrais pas aller à Lyon. Pas le temps à cause du déménagement.
Ma situation m'angoisse, me stresse. Je déménage, mais j'ai peut-être
la possibilité de travaillé au bled. La semaine qui arrive va être très
importante. Jeudi, je dois assister à une réunion avec les membres de
la liste. Je dois aussi voir les patrons de la boite d'informatique qui
vient de se créer au bled, pour savoir comment faire pour travailler
avec eux, et surtout étudier mon besoin de formation. Il faut que je
finisse des déménager, que le chauffagiste passe pour faire marcher la
chaudière. Et j'ai encore quelques formalités à régler, des
renseignements à prendre sur les formations et sur les conditions pour
être éligible sur une liste électorale pour les municipales. Bref, j'y
verrai beaucoup plus clair sur tous les points, en fin de semaine.
Enfin j'espère. Histoire d'avoir un peu l'esprit libre.
Novembre (6). J'ai commencé la
journée par deux coups de fils avant d'aller au taf. Un pour le
plombier qui doit venir pour la chaudière : il n'a pas pu venir entre
midi et deux et je dois le rappeler demain matin, ça craint, je n'ai
pas d'eau chaude, je ne peux donc pas encore vivre dans mon nouvel
appartement. Le second appel pour avoir un entretien demain à 18 heures
avec la personne qui a monté un boite d'informatique.
Au boulot, j'étais tout seul, toute la journée, la bibliothèque étant
fermée le lundi. J'ai fait mes premières formations en informatique.
Quatre personnes. La première personne que j'ai formée ce matin m'a dit
qu'elle souhaite faire un site sur un musée. Il y a vraiment une mine
d'or pour ce qui est de la création de site. C'est le bon filon. En
plus, les télécoms m'ont appelé pour savoir si j'étais intéressé par
une formation sur la création de site ! J'ai enfin écris à Stef, à
Silvia. Je n'ai pas téléphoné hier à Steffy, Pierrette, Elodie. Mais
j'ai écris ce soir à Steffy. Je laisserai demain un message à Pierrette
et je contacterai Elodie jeudi, avant d'aller à ma réunion
préélectorale.
Novembre (7). Grosse journée.
Je vois le type de la boite informatique. Je crois qu'il m'a pris un
peu de haut. Aussi, il n'a pas l'air de croire au développement
économique et touristique du canton. En résumé, il semble surtout
intéressé par lui-même. Je suis un peu déçu. Pour ne pas rester sur une
telle déception, je vais voir la tête de liste, pour lui confirmer que
je viendrais jeudi soir à la réunion. J'ai revu ma bouquiniste ce
matin, avant d'aller au boulot. J'ai acheté
Carton jaune car
Lucien m'avait dit samedi soir qu'il y était en vitrine. C'est mon
second livre de Nick Hornby. J'enregistre pour le conserver,
La vie est un long fleuve tranquille.
En me couchant, j'ai une idée une nouvelle.
Novembre (8). Je n'ai toujours
pas téléphoné à Pierrette. Ni à Elodie. J'ai une nouvelle idée de
nouvelle.
Novembre (9). La réunion
politique s'est bien passée. J'ai appris plein de choses importantes,
intéressantes. J'ai eu Pierrette au téléphone. Elle voulait savoir si
je venais à Lyon ce week-end. J'aurais pu lui dire plutôt. Je l'ai
rappelé après ma réunion. Nous avons échangé des nouvelles, surtout
moi. Je lui promets de venir pour le week-end du 2 décembre.
J'enregistre mon deuxième film de la semaine pour ma médiathèque :
J'embrasse pas.
Novembre (11). Je fais deux
allers-retours dont un avec Gros pour la suite et la fin de mon
déménagement. Ce 11 novembre ne ressemble pas aux autres, pas seulement
parce qu'il fait beau. J'emmène mes deux tables d'écoliers dans mon
nouvel appartement. Il me manque un clic clac que j'achèterais quand
j'aurais le temps, et un réchaud à gaz. J'ai aussi des bricoles que
j'apporterais au fur et à mesure.
Je suis sortie avec Elodie ce soir. Elle veut me voir ce soir, pour
prendre des nouvelles, discuter. Je passe la prendre. Nous sommes
tombés sur Oliver et Nat et sommes allés dans au café de France. Puis
j'ai eu des coups de fils de Gros et Fati, puis Pol, qui nous ont
rejoints. Il y avait une superbe paire de lèvres dans ce café, à une
table de moi. Je n'ai vu que ça, pensé qu'à ça en rentrant. Elodie la
connaît mais elle ne sait pas son nom, elles étaient dans le même
établissement scolaire. Mais je n'oublierais pas son visage. Je vais
prendre racine dans ce café. Je connais l'une des trois filles qui
étaient à sa table. Quatre filles solitaires.
Novembre (12). Je note dans ma
médiathèque mes deux derniers films que j'ai enregistrés,
La vie est un long fleuve tranquille
et
J'embrasse pas.
Je crois, en fait, que de conserver des films que j'ai déjà vu
plusieurs fois et que j'ai aimais, m'évite de les revoir à chaque fois
qu'il repasse à la télévision. C'est une bonne chose, un gain de temps.
Je devrais faire pareil avec
La
Grande vadrouille, les films avec Coluche, Denner, de Funès…
Je voulais faire un tour au stade, la première fois de la saison,
malgré le grand vent.
Finalement, Pol est passé pour faire un tour au café de France, je ne
suis pas allé au stade, je ne sais pas s'ils ont gagné. J'ai aperçu
l'instit et son copain. Je n'ai pas vu la fille aux lèvres d'or. Nous
sommes allés un couple de potes. J'ai lancé l'idée de faire une soirée
gâteau au chocolat pour les vacances de Noël. Je pense beaucoup aux
lèvres.
Novembre (13). Je passe ma
journée à préparer de nouvelles affaires à emmener pour demain, et mon
départ pour quatre nuits dans ma nouvelle ville, ma ville temporaire.
Je vois Elodie à son boulot, en faisant les courses. Elle me raconte
ses derniers faits d'armes sentimentaux.
Novembre (14). Je trouve un
titre pour l'une de mes nouvelles. En me baladant prés du château, je
vois "la blanche", la fille la plus pure de LC.
J'en ai encore une pleine voiture remplie d'affaires diverses. J'arrive
à avoir le temps de la vider avant d'aller au boulot. Je consulte mon
courrier électronique. J'ai pas mal de messages. Je suis trop souvent
atteint du syndrome de Stockholm en ce moment. J'ai commencé, sinon, à
aménager mon appartement : la chambre et la moitié de la cuisine. Je
pense revenir au bled jeudi car la glace que j'ai amené ne va pas. Je
me sens seul, mais ce sera bon quand je me serais remis aux arts
plastiques, quand j'aurais besoin de calme, de solitude.
Première nuit dans mon appartement. Première nuit dans cette cité
depuis dix ans et une nuit de folie… Je n'ai qu'un coussin et j'ai
beaucoup de mal à dormir sans en avoir deux. Depuis un an, je dors la
tête entre deux coussins.
Novembre (15). Ce matin, alors
que je déjeunais, un artisan est passé pour prendre mes persiennes,
comme convenu suite au rendez-vous pris par téléphone, qui faisait
suite à une note d'information affichée vers les boîtes aux lettres. Je
me rends compte, quand il me dit qu'il en a pour quatre jours pour les
repeindre, que je ne pourrai pas les ravoir avant mardi, donc, je ne
pourrai pas dormir avant cette date dans mon appartement. En effet, il
ne me faut aucun bruit et pas de lumière pour que je puisse dormir
normalement. Je rentrerai dès ce soir au bled, je ferai encore
l'aller-retour jusqu'à samedi. J'ai presque fini la cuisine. Il me
reste encore beaucoup de petites choses à apporter pour que la
fonctionnalité des lieux soit totale.
Novembre (16). J'ai pu goûter
le Beaujolais Nouveau® et le Côte du Rhône Primeur™ en rentrant du
boulot, faisant une halte au café du coin. Avant, j'ai donné une liste
de noms féminins pour les élections municipales. Ma future liste
recherche en effet, pour cause de parité, des femmes. Pour en revenir
aux vins, ils sont comme d'habitude. Une ambiance de fête devait régner
hier dans le Rhône. Ici, ce n'est pas pareil, chacun boit dans son
coin, la semaine de travail finit demain… pour la plupart. Deux nuits
de suite que je dors comme un bébé. De quoi cela peut-il bien venir ?
Pas du lit puisque je n'ai pas passé ces deux nuits au même endroit.
J'espère revivre une nuit comme celles-là. Dès ce soir.
Novembre (17). J'ai encore bien
dormi. Bonne journée de boulot, dans une bonne ambiance. Bonne semaine,
en général. Je crois que ça va aller pour la suite. Je n'ai pas trop le
temps de poursuivre mes activités intellectuelles si ce n'est celle de
continuer ce journal pour encore un mois et demi. J'ai en revanche une
tonne de choses à lire ! J'exagère à peine. Plus qu'une journée de
travail. Nando vient de m'appeler, il rentre finalement ce week-end. Il
doit me passer des disques.
Novembre (18). Je vois Nando
chez Éric en rentrant du taf, vers 18h45. Et puis nous allons boire
l'apéro jusqu'à 20h45 pour ma part. Beaujolais. Nando me passe comme
prévu l'album d'Air qu'il a acheté. Je retourne chez moi pour manger, à
peine ai-je fini que Gros me téléphone pour aller boire un coup dans un
autre café. Avant de le rejoindre, je téléphone à Pierrette qui
finalement ne vient pas ce week-end mais le prochain. Elle a finit de
lire
Le journal de Laura Palmer
et me demande mon avis sur la personne qui a tué Laura. Nos avis
diverge, nous devons relire une deuxième fois ce fameux livre. Idem
pour le film. Je retrouve Nando et Éric vers 23h00 pour finir la soirée
chez ce dernier, avec la bouteille de Beaujolais du Gros. Je trouve la
force en rentrant vers 2h du mat' de visionner le résumé des matches de
foot. Gueugnon a encore gagné, c'est le principal résultat pour moi.
Novembre (19). Elodie descend
au bled avec son nouveau copain. Je les retrouve avec Pol à 15h30. Son
copain est fascinant. Il me fait penser à Nando. Il faut réunir les
deux, ils auront des discussions intéressantes, ils ont beaucoup de
points communs. Elodie me présente aussi à son portable. C'est le même
modèle que moi, mais nous avons un fournisseur diffèrent. Je lui fais
une petite formation, présentation de l'appareil. Son copain connaît du
monde dans le milieu artistique parisien. Intéressant dans l'optique de
projets cinématographiques et musicaux. Je peux garder espoir. Il y a
longtemps que je n'avais pas rencontré quelqu'un d'aussi intéressant.
Oui mais dans tout ça, je n'ai pas revu la fille de la semaine dernière
aux grosses lèvres.
Novembre (20). Je profite du
fait que je suis au bled pour flâner sur mon territoire, autour de ma
base, de mon quartier général. J'ai un peu le spleen quand je vois ses
couleurs de l'automne, la plus belle saison. J'ai trop de projets :
arts plastiques, courts-métrages, chansons, poésies, recueils,
nouvelles, romans. Il n'y a que ce journal qui ne me pose pas de
problème d'organisation. Je pense sans arrêt à des actes manqués. Je
pense au lycée, à Dijon. Steffy ne m'a pas rappelé. Elle n'a finalement
pas changé depuis que j'ai coupé les ponts. Pierrette vient samedi, ça
me fera du bien. J'essaye d'organiser mes activités intellectuelles,
littéraires et artistiques. Dans mon nouvel appartement, je dois
commencer par refaire un puzzle de 1000 pièces d'un paysage de
montagne, pour me servir de fenêtre d'inspiration. Puis, je commencerai
des essais de collage, j'enchaînerai sur du dessin et de la peinture.
Je dois interférer cela avec des séances d'écriture : reprendre les
dizaines de moutures de chansons, qui pour certaines, finiront comme
poème dans un recueil. J'ai les scénarii des cours métrages à rédiger.
J'ai juste noté l'idée de la vidéo. Peut-être que le copain d'Elodie
pourra m'aiguiller vers des contacts sérieux, vu qu'il connaît du monde
dans le milieu. J'ai fait la liste de mes nouvelles. Je dois les écrire
une par une, en fusionner certaines qui ont un lien commun. Il faut que
je fasse tout ça pour me soulager, pour me vider le cerveau plein
d'idée. Qu'est-ce que je serai heureux quand j'aurai atteint ce but !
Je dois moins lire de documentaire, de journaux, ça me prend trop de
temps. Je n'ai même plus le temps de lire des romans ou nouvelles, ce
qui serait plus judicieux.
Novembre (21). J'ai rêvé la
nuit dernière de deux femmes qui m'aimaient en même temps. Est-ce parce
qu'hier soir j'ai pensé fortement à deux femmes ?
Je suis tombé par hasard sur la toile, sur le site de quelqu'un qui
fait partie de ma famille, par alliance. Impressionnant. L'artisan qui
devait me ramener mes persiennes a du retard. Je ne les aurais que
jeudi. Je prends du retard dans mon aménagement. Il faut que je fasse
encore des aller-retour quotidiens jusqu'à vendredi. Enfin, j'ai repris
la lecture de
American prayer.
Novembre (22). Encore un rêve
d'amour, je crois que c'était Steffy. Je ne sais déjà plus. Je dors
vraiment bien depuis une semaine. Il me faut bien mes 6h30 de sommeil
par nuit. En parlant de Steffy, elle ne m'a plus contacté. Stéf non
plus d'ailleurs. Je fais bien la différence entre elles et Elodie et
Pierrette, pas exemple.
Novembre (23). En revenant du
boulot, je me suis arrêté près de mon ancien lycée pour acheter des
cigarettes. J'ai eu un spleen au revoyant cet environnement un début de
soirée de fin novembre. Nostalgie d'un temps révolu, de belles années,
des tas de copains et copines, d'une absence de pression. La belle vie.
Laurent me téléphone pour que je lui donne un "coup de main" pour une
soirée qu'il a demain un peu avant Lyon. Seulement, comme je travaille
le lendemain et que cela se passe à plus de 100 kilomètres…
Novembre (24). Alors que je
m'apprête à passer ma seconde nuit dans mon appartement, je retrouve
mes réflexes dijonnais : éviter les gaspillages d'énergie, éteindre la
cuisine quand je suis en train de regarder la télévision, la rallumer
quand je vais surveiller la cuisson des pâtes. J'ai enfin quatre de mes
huit persiennes, celles de ma chambre et celles de mon atelier. Elles
ne sont plus marrons mais d'un vert bleu. Ce qui change tout, la
tendance de mon appartement. Je les préfère comme ça. Ca valait le coup
d'attendre. Suite des bonnes nouvelles, j'ai découvert dans le
quotidien local, le nouvel aspect du stade de Gueugnon : un stade à
l'anglaise comme je l'avais prescrit au service communication du club,
photos et sites internet à l'appui. Est-ce que j'ai pu avoir une
influence ou est-ce que d'autre pense comme moi ? Je suis vraiment de
bonne humeur. Je n'ai pu avoir Nori au téléphone, pour qu'il vienne
manger chez moi. Mais j'ai eu Pierrette et une ancienne collègue des
jardins. Finalement, je profite que je ne reçois personne ce soir pour
monter les étagères de ma bibliothèque, y mettre des livres et revues à
lire, vidant ainsi une caisse. Je monte aussi une table de travail dans
mon atelier. Je vois un peu dans ma tête son futur aspect. Je crois que
ma cuisine est presque finie. J'ai mis un tapis sous mon matelas dans
ma chambre. Mon salon devient plus humanisé avec cette petite
bibliothèque.
Novembre (25). Je mange en vitesse à midi, juste le temps de passer un
coup de balai. Je quitte cet appartement qui a bien changé en quelques
jours. Je me fixe la date du 1er décembre pour finir les grandes lignes
de son aménagement, et vider les cartons.
Je retrouve Pierrette au café, le soir. On finit à l'aire de loisir.
Elle a encore eu la main lourde. Je n'ai pas téléphoné à Elodie ni à
son copain. Je le ferai dans les prochains jours pour qu'il puisse
rencontrer Nando.
Novembre (26). Repas de
famille. Je récupère des meubles blancs pour mes vêtements dans mon
nouvel appartement. Je les mettrai dans mon immense salle de bain.
Demain, j'amène une chose supplémentaire, une table de chevet et une
lampe, un sac de grand-mère pour faire les courses. La semaine a était
plutôt bonne.
Novembre (27). Je débute le
puzzle
Vers le Dru,
que j'avais fait, il y a quelques années. J'y passe plusieurs heures
après avoir mangé, me contentant de trouver les pièces qui sont aux
quatre angles et tout autour. J'ai la hantise d'avoir égaré une pièce,
heureusement j'ai trouvé les quatre angles. J'ai téléphoné à Nori pour
lui dire de venir manger mercredi soir.
Novembre (30). Quand je suis
dans mon appartement, je passe presque tout mon temps libre à
poursuivre ce puzzle. Tant qu'il ne sera pas achevé, je ne ferais pas
de collage ou d'écriture. Il sera ma première décoration murale.
D'ailleurs, je dois me renseigner sur la façon de le figer au mur.
Décembre (1er). Le week-end
commence aujourd'hui à 19 heures. Je rentre au bled. Mes deux nuits ici
se sont encore hyper bien passées. Je lis
Les Aventures extraordinaires d'Adèle
Blanc-Sec
et je suis devenu accro à cette histoire alors qu'au début, je m'y
intéressais seulement par curiosité. En attendant que le volume 4
revienne à la bibliothèque, je vais lire Corto Maltese, rien que les
titres sont fantastiques :
La balade
de la mer salée,
Fable de
Venise.
La semaine de travail c'est très bien passée, dans une ambiance de plus
en plus joyeuse, ce qui me rappelle toutes proportions gardées, les
jardins. Nando ne rentre que le week-end prochain, ce qui me laisse un
week-end assez libre pour aller à droite ou à gauche. Je vais encore
emmener des affaires demain à mon appartement avec Pol. Des chaises, un
petit meuble et divers accessoires.
Décembre (2). Pol m'a donc aidé
à emmener des affaires à l'appartement. Il trouve que mon antre est
bien. C'est vrai que ça commence à avoir de la gueule. J'ai commandé
Le travail intellectuel de Jean
Guitton et
L'île aux trente cercueils
de Maurice Leblanc. Je les aurais la semaine prochaine s'ils sont
toujours disponibles. J'espère que c'est le cas, car pour Jean Guitton,
ce sera très dur de le trouver en occasion.
Comme j'ai acheté pas mal de bière au supermarché, sur la route du
retour, j'ai passé des coups de fils à Laurent et Elodie pour venir
chez Éric ce soir, histoire de faire des rencontres. J'ai toujours aimé
se faire rencontrer des gens. Et la soirée fut à la hauteur de mes
espérances. Mais je suis toujours célibataire. Pas étonnant puisque je
me donne trop à mes projets personnels. Si je souris un peu plus aux
femmes et se je prends le temps de les rencontrer, il n'y a pas de
raison pour que je reste seul. J'ai conscience de ma spécificité. Les
semaines passent et rien ne vient. Je dois aussi savoir parler de ce
que je fais : écriture, peinture… Je ne sais toujours pas me mettre en
valeur. Pour en revenir à la soirée, nous avons commencé à évoquer le
réveillon.
Décembre (3). J'ai fait cette
nuit un rêve dans lequel il neigeait, et dans lequel je regardais pour
la première fois
La neuvième porte.
Je trouvais ce film pas terrible alors que dans la réalité, je serai
sûrement enthousiasmé. Il passe ce mois à la télévision. J'ai eu deux
fois Nando au téléphone pour diverses questions d'échange de films ou
disques. Notamment Air. Avec Pol, j'ai commencé à réfléchir au
réveillon. Nous en parlerons avec les autres le week-end prochain.
Enfin, je suis allé au stade pour la première fois de la saison, emploi
du temps oblige.
Décembre (4). Encore une
journée pleine. Je ne ferais sans doute pas tout ce que j'ai à faire.
J'ai vu Laurent qui bosse depuis vendredi à mon ancien collège. Il est
passé chez moi, je lui ai montré mes problèmes de fabrication de carte
de visite. Je me suis pris la tête tout seul pour ces cartes. Il faut
que j'en refasse car il ne m'en reste plus qu'une. Nous sommes allés
boire des galopins au Central. Nous avons évoqué des projets de travail
en commun : faire une bande dessinée dans le style de Mordillo. J'ai
croisé dans la rue une femme brune qui m'a dit bonjour comme si elle me
connaissait. Après réflexion, je crois l'avoir déjà vu il y a peu. Elle
doit être une parente éloignée, enfin je crois, je ne suis pas sûr du
tout. Déjà un soir, une autre femme brune m'avait dit bonjour dans la
rue sans que je la reconnaisse.
Décembre (5). En faisant un
tour comme presque tous les mardis au marché, je revois un ancien
collègue de catéchisme. Il travail à Paris dans le secteur de la toile.
J'emmène un tapis, rouge, dans mon appartement. Maintenant, je me sens
vraiment bien dans mon logement. Il est confortable.
Décembre (7). Je suis rentré
mardi et aujourd'hui à la maison pour suivre des matches de football à
la télé. Aussi, il fallait que je fasse des enregistrements, entre le
match de hockey et une soirée de quatre heures sur John Lennon. Dans
une semaine, il faudra encore que je rentre pour ma seconde réunion de
ma liste pour les élections électorales. Je regarde le début de la
soirée John Lennon, un documentaire émouvant qui commence au pied de
l'hôtel de Manhattan où a lieu le meurtre.
Décembre (8). 20 ans déjà ! A
part dans les journaux télévisés, pas d'images pour l'anniversaire de
la mort de John Lennon. Gros passe me voir avec sa copine dans mon
appartement. Petit revival du local.
Décembre (9). J'ai encore rêvé.
De neige et de sexe. Beaucoup de choses à faire, à peine rentré à la
maison. Je vais d'abord voir à la librairie si les livres que j'ai
commandés sont arrivés : un sur deux seulement.
L'île aux trente cercueils de
Maurice Leblanc, mais pas
Le travail
intellectuel
de Jean Guitton. Il est épuisé. Je ne vois pas comment, sinon par
chance, je pourrai me le procurer. Il a fallu aussi que je fasse un
saut au stand du jumelage, comme tous les ans depuis trois ans, à
l'occasion du marché de Noël. Je suis le dernier acheteur du
millénaire. Ils remballaient.
Elodie n'a pu venir avec Christophe pour que je le présente à Nando.
Nous avons bien rigolé, comme au bon vieux temps. Mais je pensais
intérieurement que le temps commençait à presser pour que je dois me
bouger. Je crois que je ne peux compter que sur moi.
Décembre (10). Je n'ai toujours
pas revu la fille aux superbes lèvres. Comment aurais-je pu la voir en
allant ni dans un bar, ni dans un bal, ni dans une boite hier soir.
Était-elle simplement de passage il y a quelques semaines, quand je
l'ai vu avec des copines au café de France, alors que j'étais avec
Elodie. Je dois rompre cette routine qui commence le vendredi soir et
fini le lundi matin. Je le dis fermement à Pol. La semaine prochaine,
je sors peut-être vendredi soir au thé dansant qui se situe à 300
mètres de chez moi, si Laurent peut venir, et malgré le fait que je
travaille le lendemain. Samedi soir, toujours avec Laurent, soit nous
allons en boite, soit nous allons au bal, soit au thé dansant. Nous
n'avons pas trop parlé du réveillon hier soir. Au moins manger un peu
avant de boire. Si nous pouvions tous nous retrouver ! Je téléphone à
Laurent pour se rencarder demain comme la semaine dernière.
Décembre (11). Encore beaucoup
de chose à faire. Je suis monté à Dun. L'angoisse de la feuille
blanche, même là-haut.
Décembre (12). J'ai fini le
puzzle commencé il y a quelques semaines. Je ferai le collage vendredi.
J'ai vu l'affiche du cinéma, on passe demain à 20h30,
Virgin Suicides,
avec la fameuse musique de Air. Enfin, je trouve sur la toile, le
bouquin de Jean Guitton que j'avais commandé à la librairie du bled.
Décembre (13). Finalement, ce
n'est pas ce soir que passe Virgin Suicides. L'affiche du programme de
la semaine du cinoche est très mal faite. Il passe demain soir mais je
dois rentrer au bled pour cause de réunion politique. Il passe aussi
vendredi mais à 22h30. je crois que je vais attendre que ce film passe
au bled ou à la télévision cryptée.
Dans mon appartement, je fais un peu de rangement et d'aménagement. Je
déroule enfin la fresque du local en écoutant Arman à la radio. Au même
instant, je reçois un mystérieux message sur mon cellulaire. Sûrement
une erreur, hélas, car il s'agissait d'une personne à qui je manque
terriblement.
Décembre (14). La réunion s'est
bien passée. Je n'ai pas eu de coup de téléphone suite au message
mystérieux d'hier soir. Demain peut-être.
Décembre (15). Je suis allé
chercher les bouquins d'informatique que j'avais commandés dans une
librairie voisine. Je prendrais ceux qui portent sur la création de
pages personnelles. J'ai lu sur ce sujet le supplément du mercredi du
Monde.
Je commence à mettre sur papier quelques éléments pertinents. Une
nouvelle pensée de trouvée. Il y a longtemps que cela ne m'était plus
arrivé. J'ai téléphoné à Laurent pour savoir ce que l'on faisait demain
soir. Nous irons boire un coup à Roanne.
Décembre (16). Encore un rêve
sexuel, encore troublant. En tous cas ça marchait bien pour moi, dans
le rêve. Je crois savoir à qui j'ai rêvé, quoique. Thierry m'a appelé
pour savoir ce que je faisais pour le jour de l'An. Évidemment, il dit
qu'il y aura plein de monde, des filles, que Sandrine viendra sans son
mec, qu'ils sont fâchés. Je suis sceptique. Je n'ai pas ouvert mon
courrier reçu à la maison. Je le lirais jeudi soir. J'ai une lettre de
Londres, sans doute les vœux des Anderson.
Décembre (17). Hier soir, à
Roanne, je me suis posé certaines questions existentielles sur les
femmes et moi. Nous sommes allés dans un bar à pétasses et merdeux,
tout ce que je déteste ! Des fois, je ne comprends pas Laurent. Le
temps qu'il réagisse, qu'il fallait quitter ce mauvais territoire, il
était déjà minuit et demi. Trop tard pour aller au thé dansant,
objectif de la soirée. Nous avons fait un dancing. Marrant ! N'empêche
que la pêche n'a pas été bonne.
Je suis passé voir Christophe chez lui, puis nous nous sommes allés au
Central après qu'il eut cherché Elodie. Puis, Pol, Éric F, et Oliver
nous ont successivement rejoints.
Beaucoup de chose à faire avant de se coucher. Je dois continuer la
lecture des aventures de Corto Maltese,
La balade de la mer salée que j'ai
commencé jeudi. Je suis envoûté par ce personnage et son environnement,
comme je le suis pour
Les Aventures
extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec.
Dernière semaine de travail avant les vacances, quatre jours en fait.
Mais beaucoup de boulot. Elle passera très vite comme les autres. Je
rentrerai peut-être mercredi soir à la maison pour un match de football
télévisé.
Décembre (18). L'après-midi,
seul dans la bibliothèque, je ressens un coup de cafard, dans ce grand
vaisseau vide. Le moindre bruit me surprend. Le soir, je commence ma
déco intérieure de mon appartement à base d'élément du squat et de bar.
Je tergiverse, je prends mon temps, ma tête. Je finis la lecture de
La balade de la mer salée, enchaîné
de l'épisode 7 des
Aventures
extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec. Je tombe presque de sommeil.
Décembre (19). Depuis deux
semaines, et même plus, le temps passe très vite au boulot. J'ai
tellement de choses à faire que je n'en vois pas le bout du tunnel. A
l'appartement, je poursuis ma déco. Je téléphone à Thierry pour lui
dire s'il veut venir vendredi soir avec d'autres chez moi pour finir la
soirée dans la boite qui se situe près de mon logement. Je téléphone
aussi au Gros pour que je passe lui filer la clé de ma boite aux
lettres, qu'il puisse prendre mon courrier pendant mon absence. Je
passe le voir de suite. Je n'étais pas allé dans son appartement depuis
des mois, un an, lors d'une mémorable fête avec Oliver où s'étaient
joins à nous des collègues du lycée. Je découvre son nouvel ordinateur.
Enfin, je téléphone à Pierrette. Je lui parle de la proposition de
Thierry pour le réveillon.
Décembre (22). J'ai eu du mal à
croire, en me levant ce matin, que j'étais en vacances. Elle n'a pas
encore rappelé. Je me fais couper les cheveux, mais moins courts qu'à
l'accoutume. Je n'avais pas touché à ma toison depuis que Pierrette s'y
colle, lors de cet été et de ses vacances.
Décembre (23). Je téléphone à
Pierrette qui me dit qu'elle ne veut pas aller au réveillon de Thierry.
J'annonce cela à Thierry. Il est déçu. Plus tard, J.C. m'appelle pour
insister, mais ce n'est pas la peine. Je crois que je vais revenir sur
ma décision concernant une place de correspondant local. Je crois que
je dois tenter ma chance dans le quotidien local, dans cette autre
agence...
Décembre (24). Ma cousine Domi
m'a donné un agenda comme celui de l'an dernier, pour mes rendez-vous
personnels et toutes les choses à faire. J'en ai donc trois : celui-là,
celui du boulot pour noter les personnes qui viennent à mes cours et
les tâches professionnelles, enfin un agenda scolaire où je note mon
journal. J'ai téléphoné hier à Steffy en pensant aller le soir à
l'anniversaire de la boite, pour savoir si elle venait aussi. Elle ne
venait pas et finalement moi non plus, la soirée entre potes ayant
bloqué jusqu'à 3 heures du matin. Je devais passer à Roanne pour sortir
avec elle dans un bar ce soir, mais je lui ai laissé un message comme
quoi je n'étais pas en pleine forme pour me taper 50 bornes. Je la
verrai peut-être la semaine prochaine.
J'écris deux nouveaux poèmes, autour d'histoires de châteaux.
Encore une soirée entre amis. Je rentre à deux heures de matin. Je
finis de regarder un documentaire sur Venise. Je repense à N.
Inévitablement. Et puis, je me dis que je pourrai écrire en une nuit
500 poèmes comme ceux que j'ai posés tout à l'heure. En reprenant mes
journaux, je devrais pouvoir en faire des dizaines.
Décembre (25). Jour de Noël
mais j'essaye d'en faire un lundi comme les autres. Je le consacre à
mes projets personnels, même si je musarde pas mal sur mon ordinateur à
des futilités. C'est Noël. J'ai téléphoné à Pierrette pour lui dire que
je ne venais pas à Lyon avec elle.
Décembre (26). J'ai reçu ce
matin
Le travail intellectuel.
J'ai fait un tour a marché où j'ai revu plein de monde enfoui dans un
passé plus ou moins récent. J'ai pris un café avec Éric F au Central.
Cet après-midi, j'ai plusieurs envois urgent à poster, je dois faire un
peu de rangement dans mes papiers et archives personnelles. Je dois
aussi téléphoner à l'agence locale du quotidien pour dire que je suis
prêt pour être correspondant local.
J'ai fait une erreur stratégique concernant les élections. Elle peut
avoir des conséquences. J'avais décidé de me retirer de ce combat mais
on tient visiblement à moi. Par contre, je vais cesser mes activités
pour le festival. Du moins, je ne ferais que des actions de
communication, surtout si je suis pris comme correspondant local. En
fait, ce dernier point ne dépend que de moi. J'ai téléphoné au
rédacteur en chef, mais il est en vacances jusqu'à mardi.
Toujours rien de prévu pour le réveillon. Nat ne veut le faire chez
elle. Je n'ai eu que le répondeur de Pierrette pour annoncer la
nouvelle. C'est triste ce manque d'esprit festif. J'ai commandé un
dernier disque,
Radioactivity
de Kraftwerk. J'ai enregistré
Tout
le monde dit I love you. Toujours aussi drôle.
Demain, cela fera un an que j'ai écris ma dernière lettre à Hélène. En
retombant sur sa lettre, je me dis que demain, symboliquement,
j'écrirai un texte issu de cette lettre. Pour me remettre dans le bain
de l'écriture de texte. En espérant punir mon mal. Définitivement. Cela
me permettra de paraître moins froid. En fait, je suis endurci par des
moments difficiles qui se sont accumulés entre 1990 et 1999. Depuis, je
me suis trop protégé. Ce n'est pas par peur. Dés mon retour dans mon
appartement, je commencerai mes collages.
Décembre (27). J'ai rangé de
façon Dewey tous mes livres et documentaires. J'ai trié et organisé
tous les textes que j'ai écrit. 42. J'ai écris
Last words to Helen.
J'ai eu un peu de mal à me remettre à l'écriture de texte, mais
l'inspiration est finalement revenue. Avec comme musique d'ambiance, la
compilation de notre émission de radio et
Song of faith and devotion.
Je suis soulagé. Je me sens mieux. Fort. Le film de Woody Allen, hier
soir m'a requinqué. Je suis prêt pour des rencontres. J'ai vu Oliver
pour lui proposé de faire une virée vendredi soir dans des bars, avec
l'espoir de voir la femme qui vagabonde dans ma tête.
J'ai téléphoné à Pierrette. Pour le réveillon, nous mangerons sûrement
tous les deux chez elle. Hier, elle s'est endormie devant
Tout le monde dit I love you. Avant
de me coucher, je regardais
Jack le
tueur de géants,
histoire d'oublier que je l'avais vu le soir de la tempête de Noël
dernier. Chaque fois que je pensais à cette tempête, je pensais au
film, et inversement.
Oliver me confirme que Nat ne veut pas faire le réveillon chez elle. Je
téléphone alors à Pierrette pour le lui dire. Finalement, elle me
propose qu'on mange tous les deux chez elle. Un petit repas de
réveillon, histoire de ne pas s'écrouler à 22 heures. Elle me dit aussi
que sa voiture est presque morte, q'elle viendra en train dimanche.
Décembre (28). J'ai encore eu
du mal à me lever. Je ne fais plus de rêve depuis que je suis en
vacances. Je me couche plus tard, vers deux ou trois heures au lieu de
minuit et demi ou une heure et demi. Y a-t-il un rapport entre ces
données ? J'ai quand même fait une compilation,
Une année 1992.
Ce soir, je vais essayer de faire celle de 1991, le reste des années
90, en même temps que du rangement dans mes cours. Thierry m'a rappelé
vers 19 heures pour savoir si rien n'avait changter, pour que nous
venions à la fiestaJ'ai rangé mes cours, du cours primaire à la Fac.
Même le catéchisme. D'ailleurs en voyant des papiers sur la composition
des groupes de cette activité imposée, j'ai eu un petit spleen : que
sont-ils devenus ? Je les ai tous perdu de vue, excepté un ou deux. Ils
doivent tous avoir un bon boulot dans une ville moyenne ou grande, une
femme, des enfants peut-être.
Décembre (29). Alors que je
finissais mes rangements de documents, j'eus plusieurs appel. Elodie
d'abord pour me demander ce que je faisais pour le réveillon. Puis son
copain Christophe, pour la même raison. Là, je me dis que dois
téléphoner à Pierrette pour lui demander si elle veut qu'ils se
joignent à nous en préambule de la soirée chez Éric F. Enfin, Fab
appelait pour insis de Thierry. Je lui dis que si Pierrette veut venir,
elle l'appellera. La neige a commencé à tomber malgré une température
plus que fraîche.
Pierrette fut o.k. pour le réveillon chez elle, avec Elodie et
Christophe. Ca se goupille bien. Ce n'était pas le cas il y a une
semaine. Il ne me reste plus qu'à savoir à quelle heure nous nous
retrouvons tous, avant d'aller à la boite, chez Éric F. Pour ça, je
vais voir la troupe ce soir, Nando en tête. Avant de me coucher, il
faudrait que je couche dans sa version définitive, ma première nouvelle
pour adulte. Ainsi qu'un scénarii. Avant la fin du siècle, dans deux
jour, je dois faire encore deux compilations, finir le rangement,
envoyer mes vœux par mails.é pour le réveillon. Rien n'a changé.
Décembre (30). J'ai planché sur
la première nouvelle,
Introduction,
jusqu'à 4 heures du mat. Une page et demi, pas mal pour un début, qui
se voulait de surcroît, court. Tout va bien puisque c'est o.k. pour la
soirée du réveillon. Il n'y a plus qu'à faire les courses et attendre.
J'ai quand même eut un nouveau spleen hier soir, pendant que je
regardais un concert, enregistré à la télé il y a deux mois, de
Radiohead. J'ai trop de choses à faire que je n'en vois pas le bout, et
je ne sais même pas des fois par où commencer.
J'ai imprimé mes journaux. Je les lirais la semaine prochaine pour les
premières corrections.
Décembre (31). Voilà. C'est
fini. Nous arrivons au terme de ce voyage à travers l'an 2000. Il ne
s'est rien passé, le monde tourne toujours. La soirée s'annonce très
bien. Hier, nous avons passé une super soirée, une franche rigolade,
chez Éric. Puis, sur le coup des 1h30 du matin on s'est décidé à aller
à la boite. On n'était pas trop défait. Il n'y avait pas grande monde,
un nouveau disc-jockey. La rigolade a continué. Un entraînement pour ce
soir. Je n'ai bu que du vin, chez Éric, et de la pression à la boite.
On a "fait la fermeture", jusqu'à 5h15 pour moi, laissant encore Nando
avec le personnel au bar. Il y a fort longtemps que je n'avais pas
rigolé aussi intensivement. Avec Nando, j'ai philosophé de la boite, du
passé, de la culture.
J'ai fini mon rangement. Pierrette vient de m'appeler, elle passe vers
18h30-19h. Puis repas avec Elodie et Christophe. Je crois que je vais
arrêter là, pour l'instant. Je reprendrais ce journal plus tard, grâce
à mon carnet.