Alain Crozier

accueil  livres  arts  musique  journal  agenda  photos  videos  bio  shop


LC73 journal  > archives > Avant LC73 partie II (1994 à 1996)


PARTIE II


La dérives des sentiments


  1994

Janvier (1er). Jour de l'An et gueule de bois. Forcement. Repas de famille classique. Et puis comme on est samedi, il faut bien remettre cela ce soir. Quoique, je n'ai pas trop envie. Dire que demain, comme tous les dimanches, je vais reprendre le train à 19h30, pour la fac. La semaine qui s'annonce sera marquée par mes trois jours à la caserne. Je sais que ce sera grave. J'espère être réformé. J'ai pris une pile de radiographie, du dos, du genou, plus un certificat. Maintenant je prie.

Janvier (2). A la télévision, il y a un match de basket entre la meilleure équipe du pays et celle de Dijon. J'ai failli y aller avec Stef. Mais bon, les choses sont ce qu'elles sont, et j'ai regardé le match à la télévision.

Janvier (3). La semaine va vraiment être décapitée par ces trois jours. Après le cours d'anglais, je retrouve Stef, et l'on va au local. Il n'y a que la trésorière. Stef me raconte son jour de l'An. Une heureuse rencontre pour elle… Elle commence à insinuer des choses. Qu'il est grand…
J'ai craqué. A 13 heures, dans l'amphi, je commence à prendre des notes, et puis, je me laisse aller, je me dis que je rattraperais jeudi, comme je vais aussi manquer mardi et mercredi. Plus de motivation. Encore fatigué du jour de l'An.

Janvier (4). J'ai du me lever tôt pour prendre le premier train. Je suis à côté de quelqu'un qui se rend aussi à la sélection. Au moins, j'ai un compagnon de galère. On boit un coup dans le bistrot en face de l'entrée de la caserne, ce qui nous fait arriver en retard pour le repas de midi. Remarqué immédiatement. J'aurais du rester couché ce matin. Cette sélection est un cauchemar. Impression d'être au baccalauréat ou au permis. Je connais deux militaires qui jouent dans mon club de football. Mon objectif est de me faire réformer, un point c'est tout. . J'échoue de peu dans cette tentative. Pourtant, avec mes problèmes de dos, de genoux, je pensais y parvenir. On me propose de m'exempter de marche et autres corvées physiques. Les bureaux, quoi ! Est-ce que ça vaut la peine d'être vécu ou ne vaut mieux-t-il pas choisir un service civil ? Je dois déjà envisager cet avenir car mes résultats des partiels ne devraient pas me laisser beaucoup de perspectives dans la filière que j'ai choisie.
Dans le train de retour, je retrouve un ancien de la Cité Scolaire, tout à fait opposé à toute idée militaire, non-violent mais vrai faux cul. Le temps gris ne nous a pas quittés depuis ce matin. Triste journée.
Je vais à 16 heures au cours d'économie sans me soucier de rien. Sauf de la pluie. J'informe Stef que je ne suis pas réformé.

Janvier (6). Je reçois une lettre d'Ivan, toujours "bloqué" au lycée, en classe de terminale. Je l'avais vu lors de mon dernier passage au lycée. Il me narre son réveillon, qui avait l'air d'être aussi bien arrosé que le mien. Mais un réveillon est toujours arrosé. Ici les cours n'ont pas tous repris, ce qui laisse d'énormes trous dans mon emploi du temps. Je retourne voir N car je crois que c'est bien une passion qui nous unis.
La folie m'a surpris. J'ai encore pété les plombs à cause d'elle. Je me suis comporté comme un inconscient, j'aurais pleuré pour qu'elle me laisse passer la soirée avec elle. Elle ne devait pas me charmer à nouveau, comme elle l'a fait avant les vacances de Noël, me laisser croire à un recommencement.

Janvier (10). Demain, c'est mon anniversaire. Mais je ne fêterai pas ma réforme militaire, vu qu'elle n'a pas eu lieu. Les résultats des partiels ? Non, seul l'économie me fit honneur. En attendant demain, je branche Stef sur un voyage à Venise, pour le festival. Elle est ok. C'est dans moins d'un mois. Il y a plein d'affiches pour des voyages, Prague, Londres… je lui annonce aussi les festivités pour demain : je rejoins les anciens de mon lycée, puis le gang de notre section.

Janvier (11). J'ai 21 ans. Ca ne me fait rien de spécial. J'avais envie d'être ivre toute la journée, mais j'ai sagement attendu la dernière heure de cours de la journée pour rejoindre les autres… Nous sommes allés chercher à boire et à manger. On a fait ça chez David, pour raison pratique d'un point de vue géographique. En revenant du supermarché, on se fait remarquer, la poignée du pack de bière que tenait Marc craque, et le contenu se répand partiellement sur le bitume.
Toutes les fêtes commencent à se ressembler. Je suis encore le seul à vouloir prolonger la fête en ville. J'ai encore faim. Je trouve des sandwicheries encore ouvertes à 23 heures. Je me tape un américain et un belge puis, je cale. Je suis mal. Je ne veux plus, je ne peux plus aller en boite où beaucoup de personnes m'attendent. Je prends vite le premier bus pour retrouver le campus, et j'au un eu honte d'avoir poser un lapin à Stef et à d'autres.

Janvier (12). Nouvelle soirée avec ma corporation. En plus je fête mes 21 ans. Ma faluche n'étant pas achevée, je me tape une nouvelle séance de couture.

Janvier (15). Je fête cette fois mes 21 ans avec à LC avec ma bande. Un samedi soir parmi tant d'autres. Je commence sérieusement à questionner Oliver sur le service civil. D'ailleurs, il vient passer sa visite médicale à Dijon et viendra squatter mon logement. Pour une fois je suis sûr de ne pas être seul demain dans ce train de nuit.

Janvier (16). Je prends donc le train avec Oliver. Il retrouve des anciens du lycée qu'il trouve primaire. Je reçois une nouvelle lettre d'Ivan à qui je confie tous mes malheurs. Il comprend bien ma situation. C'est un peu mon psy. Ma semaine sera coupée par une nouvelle consultation médicale pour mon genou.

Janvier (17). Olive est toujours en froid avec l'université. Je le convaincs quand même de faire un tour dans les couloirs. Il préfère la Fnac à la fac. Je l'emmène également au restaurant universitaire, manger avec d'autres anciens du lycée, qu'il apprécie. Déjà la veille, du bus à chez moi, on avait retrouvé encore d'autres anciens camarades.

Janvier (18). On saute avec Olive dans le premier train pour revenir au bled. Puis il trace direct chez lui alors que moi je fais une pause pizza près de mon ancien lycée, histoire de voir N. Mais je ne la vois pas. La pression monte car demain, je vais en savoir plus sur mon douloureux genou.

Janvier (19). Je retourne voir un spécialiste pour mon genou et le verdict tombe comme une enclume dans un étang : l'opération est inévitable. J'ai perdu cinq mois. J'écris encore à mon N pour lui dire mes malheurs en espérant secrètement qu'elle viendra me voir à l'hôpital. Ménisques au minimum, peut-être les ligaments. Je demande au chirurgien de m'opérer au plus vite. Ce sera lundi prochain. Je reprends le train pour la fac.
Très abattu, ne pensant à rien. Train, bus, fac, local. Stef m'annonce deux catastrophes en Histoire et en Droit. Je crois que c'est la fin de mes espérances. Je n'ai pas encore rattrapé les cours de la semaine dernière. Ca s'accumule. C'est fini. A 18 heures, assemblée générale de l'association, puis on improvise un repas. Mais Stef n'y est pas. Comme tout repas étudiant qui se respecte, celui-ci est bien arrosé. J'ai raté quelques épisodes et je ne capte pas toutes les dissensions existantes autour de la table. Fin de soirée improvisée en boite. Il y avait mon parrain, Val la grande copine de Stef, Mathilde grande copine de Val. J'ai profité de ce dernier moment de festivité, songeant à la clinique qui m'attend. J'ai encore le temps de poser ma candidature comme pigiste dans un hebdo musical national. Mais c'est vrai que cette histoire de journalisme m'enfle la tête, et Stef est dans ce sens. Vas pour le journalisme.

Janvier (23). Je fais une dernière fois la fête au bled, avec mes amis, sans me soucier de la prise de sang que j'aurais le lendemain. Après tout, ce n'est que pour vérifier mon groupe.

Janvier (23). Je rentre à l'hôpital, un dimanche gris. Quelle gaieté ! C'est la première fois que je suis hospitalisé. Je m'en passerai. Mais je passerai. Il fait gris, pluvieux, venteux, d'habitude, j'adore ce temps de chien. Mais là, je ressens une appréhension. Peut-être parce que dans quelques heures, on va ouvrir pour la première fois mon corps et jouer avec mon intérieur. Je veux qu'on m'endorme totalement. J'ai l'impression d'être un veau qu'on emmène à l'abattoir.
Dés mon arrivé, on s'amuse avec des seringues dans mes veines. Deux prises de sang et je sui un peu K.O.. mon voisin de chambre vient pour un poignet. Il y a sa femme et sa petite fille. Jeune couple. La femme me fait penser à N. Supplice. Pour compléter le tableau, le repas est très fin. Je mangerai mieux demain. J'ai un peu de mal à m'endormir mais c'est un peu normal.

Janvier (24). Réveil assez militaire, à 6 heures 30. Pas de petit déjeuner. Par contre, changement de tenue. Blouse de combat avec rien dessous. On m'épile la jambe gauche, presque de haut en bas. Sans mousse, ça pique. Il est 10 heures, mon voisin est au bloc, mon tour va bientôt venir. Ce qui est rassurant, c'est la vue de ce voisin partant dans les vapes. J'attends avec impatiente le cachet qui me mettra dans le même état. Et en moins d'un quart d'heure, je décolle. Il suffit de le prendre, de s'allonger, de fermer les yeux et de ne penser à rien. Quelques minutes après, impossible de me lever seul, comme si j'avais la fête toute la nuit. Mais même avec ma bande, je n'ai été dans un état pareil ! Pour arriver jusqu'au brancard, c'est toute une histoire. Je divague, puis, j'éteins la lumière.
Je me réveille dans mon lit, je ne sens plus mes jambes. Impression bizarre. Je n'ai pas assez de force pour manger. Il est 18 heures 30. Le médecin, au courant que j'émerge, vient me dire que mes ligaments ont été "réajustés". J'en ai pour une semaine.

Janvier (26). Je remarche. Trois jours resté cloué au lit ! Sensations extrêmement bizarres. A part ça je regarde les clips à la télé, toujours les mêmes. Je passe beaucoup de coups de téléphone au campus, pour prendre des nouvelles, donner les miennes. J'écris aussi. Je souffre. Je rêve de grosses doses de morphine.

Janvier (28). Dans un hôpital, les jours se ressemblent tellement que seul l'évolution du mal peut nous les faire se différencier. Mes parents viennent tous les jours. Mais le temps est long, mes voisins se succèdent depuis mon arrivée. Un ancien remplace un jeune. Problème de cœur, il est venu recouvert de papier d'aluminium dans un brancard. J'ai eu peur, je croyais qu'il allait y passer sous mes yeux. Le dernier, s'est blessé au ski. Il n'aime pas le football, bien qu'étant d'une ville de football. Ca promet pour les discussions. Pour passer le temps, je n'arrête pas de téléphoner. La note va être salée.

Janvier (31). Délivrance. Je sors enfin de l'hôpital, promettant à des infirmières qu'on irait au cinéma ensemble. Je suis content de rentrer à la maison. Maintenant, pendant une semaine, cela va être infirmière et masseur tous les jours. Seul Olive est venu me voir parmi ceux de ma bande. Thierry aussi, et Geronimo. Je pensais retourner à Dijon cette semaine mais, je dois rester 15 jours à la maison. Et 6 mois de rééducation.

Février (1er). Comme tous les 1er mardis de chaque mois, c'est la foire au bled. Je vais prendre un nouveau rythme de vie. Entre kinés et infirmières. Dix jours à supporter une piqûre quotidienne. Il faut que je pense à trouver un kiné prés de la faculté, quand je rentrerai. J'aimerai bien faire un tour à la foire mais mon genou me fait trop souffrir depuis qu'on m'a enlevé les drains.

Février (2). Encore une lettre d'Ivan. Psy méthode coué. Je trouve, sur l'annuaire, une masseuse assez près du campus. Je retourne là-bas la semaine prochaine. Ces semaines d'absence ont sans doute hypothéqué définitivement mes illusions de réussite à la faculté.

Février (7). Mon généraliste m'enlève des fils. Je n'ai jamais autant souffert. Les jours aussi se ressemblent beaucoup au bled, sortant rarement de chez moi.

Février (10). Je reviens pour deux jours sur le campus par le premier train de l'après-midi. 15 jours après mon départ. Je suis accueillis à la gare par deux filles de la corporation, Carine et Aline. Stef n'a pas pu venir mais a trouvé un chauffeur pour m'emmener de la gare à la faculté. Je suis gâté.
Plus on se rapprochait de la faculté et plus mon cœur palpitait à l'idée de tous les revoir. Je suis l'événement de la journée (grise). Je suis content de revoir tout le monde. Avec mes béquilles j'ai plein de passe droit. Dans le bus, les vieilles dames me laisse leur place. J'ai rendez-vous avec une fille fan des Housemartins, comme moi. J'en connais si peu. Je l'ai rencontré devant un stand de posters dans le grand hall de la faculté.

Février (11). Rendez-vous avec mon second kiné, qui est une femme. Je la trouve sympathique, sérieuse. Il y a de la retenue dans son attitude car je suis un nouveau client.

Février (13). Un an que tout a commencé avec N. Je suis retourné au squat après cette mini semaine à la faculté. 15 jours que je n'y avais pas mis les pieds dans cet endroit de beuveries, de fêtes. Pas trop envie de boire, physiquement épuisé.
Aujourd'hui, j'ai eut le courage de me déplacer pour voir mon club. Il fait froid, pluvieux et on perd 2-0. Je dois me taper le train le soir. Les béquilles c'est pratique. Tout le monde est gentil, poli. Mais je craignais le bus pour les facultés. Par chance, il y avait beaucoup moins de monde que d'habitude.

Février (14). La chance m'aurait-elle quitté ? En ouvrant les stores de mon studio, je vois de la neige. Courageux, je traverse le campus à pieds, avec mes béquilles. Je joue le revenant aux travaux dirigés d'Anglais. Un peu perdu, car il y a des nouveaux horaires, des nouvelles salles, comme si une nouvelle année universitaire commençait.

Février (15). Il a gelé cette nuit. La neige s'est transformé en glace. Amusant avec les béquilles. Je décide quand même, raisonnablement, de prendre le bus. Je limite mes déplacements au strict minimum. Maison, faculté, kiné. Aujourd'hui mes béquilles se firent remarquer de tous les étudiants de l'amphi et de la prof, en tombant par terre.
Toutefois, après 3 semaines d'absence, je tombe dans une certaine léthargie irréversible, en ce qui concerne mes études. Je n'ai rien fait depuis un mois, pas rattrapé le retard. Ma kiné m'a conseillé de laisser tomber les béquilles. Au moment où j'abandonnais mes béquilles, la neige nous abandonnait.
Je me demande ce que je fais ici, à ne plus rien faire dans les études. Avant le travail me prenait trop de temps mais là, je crois qu'il est grand temps d'acheter une télévision. Car les jours passent et rester dans ma chambre me frustre. Au moins qu'il y ait une télévision !

Février (16). Encore un rendez-vous avec la fan des Housemartins. Dans sa chambre universitaire. Échange de cassettes (Morrissey, Live à l'Élysée Montmartre, Stone Roses). Je devais aller à une soirée cow boy mais je suis encore trop fatigué pour subir les excès d'une telle nuit.

Février (24). Avec ma kiné, on parle des émissions qu'on écoute sur France Inter. On rigole beaucoup, même si elle me fait mal en me pliant le genou.
Je reçois une nouvelle carte postale de N. Toujours aussi laconique. Les vacances approchent. Deux semaines seulement de cours. Mois de février triste et haché.

Février (26). Anniversaire de Nadège et de son cocktail éponyme. C'est le début des vacances. Le moment aussi de réfléchir à ce que je ferais l'an prochain : réorientation ou service civil ?

Mars (3). Je suis retourné hier voir le professeur qui m'opéré, pour qu'il m'enlève les fils que mon généraliste avait oublié, il y a plusieurs jours. Je n'ai jamais autant eu mal de ma vie, k.o., blanc. Je passe mes vacances surtout à me remémorer ce qui se passait pour moi il y a un an. Nouvelle lettre d'Ivan le divan. Il voit que je vais mieux. Il sera au campus pour la journée porte ouverte, N aussi.
Je passe trois jours chez Oliver, sur les hauteurs de la campagne ligurienne. C'est reposant. J'ai emmener le New Musical Express acheté la semaine dernière à la gare. Kurt Cobain en première page : Coma in Roma.
La gare où Oliver est venu me chercher hier est sinistre. Grande mais vide, grise comme la ville posée dans une cuvette, Tarare. Il arrive quand la nuit tombe à peine. Après un passage au supermarché, nous allons dans les monts, il fait noir, ce qui rends le voyage énigmatique, aventureux. Mystérieux. Bien qu'il n'aime pas le football, je convaincs Oliver, tout comme Nadège il y a quelques mois, de regarder un match à la tv.
Il a fait beau ce matin, un matin calme. Calme semble un adjectif très prisé ici. Je me suis coupé du monde. Même en sortant pour acheter le journal, je semble évoluer dans un autre pays. Oliver m'a présenté à ses collègues de boulot. Je l'ai suivi à la bibliothèque, matant les bandes dessinées.

Mars (4). Il est 11 heures quand l'information tombe sur mon téléscripteur cérébral : "Kurt Cobain, la star du grunge…". Je crains le pire, car on n'a jamais parlé de lui sur cette radio d'information continue. "… est dans le coma après avoir pris des médicaments et bu du champagne". Je reste cloué par cette nouvelle qui me fait peur. Oliver arrive. Je n'ai pas le temps de lui dire ce que je viens d'entendre qu'il me le confit déjà, une secrétaire lui en ayant parlé au travail. Nous sommes abattus. Cobain frôle la mort. Va t-il devenir le Jim Morrison de notre époque ? De notre société ? De la génération "X" ? Cette affaire fut au cœur des débats, le soir, avec la bande.

Mars (8). Mes journées sont surtout rythmées par les séances de kiné. Vraiment rien de transcendantal. Je lis mon hebdomadaire de foot en cours, à côté de Stef à qui j'apprends le foot, mais elle s'intéresse aux cuisses des joueurs. Je lui parle forcement de Kurt Cobain. Elle m'a dit hier qu'à force de parler de moi à sa meilleure copine de lycée, Nat, cette dernière est impatiente de me rencontrer. Ca me flatte. Nat ressemble selon Stef, à Stef ! Souvent on les croit sœurs ou plus.

Mars (12). On nous colle un partiel de droit public un samedi matin ! Vraiment sympa. De toute façon, je n'y crois plus. Démobilisé. Je reste 1h30. Je me retrouve comme en 1990-1991. Grandes, très grandes vacances.

Mars (15). Je replonge maladivement dans mes souvenirs de terminale. Depuis un an, et même depuis 1990, j'ai du mal à délirer dans ces pages d'agenda. Je n'ai plus de pensées poétiques. Les femmes m'ont volé cette capacité.
Heureusement, je peux suivre les matches de football à la télévision maintenant que j'en ai une. Je suis allé hier l'acheter. Ce soir, c'était PSG contre Real Madrid. Bon baptême pour le téléviseur. J'ai en plus les 3 chaînes suisses publiques. Il y a en a une en allemand et une autre en italien, mais ça développe l'esprit critique. En regardant la TSR, j'ai l'impression de prendre un bol d'air.

Mars (17). Encore une manifestation anti-C.I.P. Comme pour les concerts de rock, Dijon se distingue par son manque de militantisme. Il y a même plus de lycéens que d'étudiants. Tout le boulevard des facultés est englobé par le défilé. Je fais une belle promenade avec des copains. Mais je commence à me lasser de ces manifestations. C'est une période dorée pour ces guignols de Canal+. Pour l'émission de Ruquier sur France Inter. Ces deux choses sont une drogue. Impossible de les manquer, sinon j'éprouve vraiment un... manque. Depuis que j'ai la télé, je prends de très mauvaises habitudes, surtout le soir. Je mange à 19 heures, puis, je m'allonge sur mon lit, matant la télé en face, sur la petite table. Fumant clope sur clope, passant des coups de fil aux copines. Je me plais à vivre ainsi.
Je vais à un concert dans un mois, le 14 avril. Un truc qui pète bien, No One Is Innocent. Lolo m'a pris une place.

Mars (24). J'ai appris ce week-end, que la journée portes ouvertes à la faculté est le 13 avril pour les lycées de Wittmer. Stef m'a dit que le même jour, elle me présenterait Nat, qui vient visiter aussi la faculté. Une semaine qui promet beaucoup.
Je n'ai pas pu me rendre hier au rendez-vous public de Jean-Louis Murat, chez un grand disquaire de la rue piétonne. Il y a encore une manifestation aujourd'hui. Et demain la seconde série de partiels se termine. Je me rattrape de tout cela en regardant la télévision de 19 heures jusqu'au bout de la nuit. Comme toutes les nuits. Les matins, je me gave de clip dès 6, 8 ou 9 heures. Et je ne rate jamais le mardi à 22h30, Amicalement votre, rajeunissant de 10 ans.

Mars (29). Il y a un, c'était le jour du départ en destination de Venise. C'était un lundi. Il faisait beau. Chaud. Cette odeur pour la première fois. J'y ai beaucoup pensé toute la journée, mais plus les heures défilées, et plus je me concentrais sur le match de ce soir. Et quel match ! PSG contre Arsenal. Mon cœur est très partagé. Disons qu'après le résultat, je ne serai pas triste. Je vois le match chez des copains de faculté.

Mars (30). Il y a un an, la frontière traversée dans le train, la nuit, le jour se lève et Venise approche. Et puis cette vision inoubliable brûlant les yeux en sortant de la gare : Venise. Les jours passent, et Venise ne trépasse pas dans mon esprit. Venise, Venise, Venise… Je me laisse trop envahir par les souvenirs vénitiens. Est-ce l'approche de la journée portes ouvertes au campus ?

Avril (2). Je poursuis mes répétitions.

Avril (8). Journée à marquer d'une pierre noire. "I hate myself and I want to die." Kurt Cobain s'est suicidé. Je l'ai déjà dit, je le répète, on se rappelle toute sa vie de ce qu'on faisait lorsque survinrent des événements marquants, des morts surtout.
Je rentrais de chez mes potes. Pour une fois, nous n'avions pas mis la radio de la soirée. Nous écoutons souvent France Inter les vendredis soir, jusqu'à 22 heures. Pas cette fois, et nous avons passé la soirée dans la parfaite banalité, dans l'insouciance. Alors que de l'autre côté de l'Atlantique, un événement tragique venait de se jouer.
J'ai donc appris la nouvelle en rentrant chez moi, où j'allumais la télévision pour regarder les résultats du football. Et puis, quand j'ai vu le visage du roi des grunges dans une lucarne, j'ai vite compris que quelque chose c'était passé. "Kurt Cobain, le chanteur du groupe Nirvana…" D'habitude, la première chaîne ne parle jamais de ce genre musical. Le suicide du chanteur désenchanté du groupe va alors être relaté pendant, allez... deux jours. Je suis sous le choc. Je pense que ceux qui ont perdu Morrison ou Lennon peuvent comprendre mes sentiments. Je me mets également à leur place. Un monde s'écroule, la génération X est vraiment perdu cette fois sans son icône. A quoi ça rime maintenant le mouvement grunge ? Je ne verrai jamais Kurt Cobain, je ne le rencontrerai jamais. Cette mort me choque. Je comprends maintenant le personnage hyper dépressif de Cobain. J'ai pensé à Lucien, me disant que demain quand il se lèvera, il aura une très mauvaise surprise.
Pour ma génération, je pense que cette mort est vraiment comparable à celle de Jim Morrison. Nirvana était le plus populaire groupe indépendant. Le leader du grunge. Grunge = Nirvana = Cobain. J'ai du mal à réaliser qu'il s'est suicidé en se tirant une balle dans la tête. La symphonie grunge a un goût d'inachevé. Que va t-on devenir sans Nirvana ? Le grunge s'en remettra t-il ? Je relis les paroles de In utero. Je réalise que ça se sentait que ce type voulait mourir.
J'oublie qu'il y a un an, je craquai pour elle. Depuis longtemps, ce sentiment est défunt après avoir été en coma dépassé puis, cliniquement mort.

Avril (9). Comment ai-je pu trouver assez de tranquillité pour m'endormir ? Le réveil fut horrible. Quand on s'endort avec une telle nouvelle, le réveil est toujours douloureux. Alors quand je revois mes potes, nos premiers mots concerne Kurt. Le nouveau membre de l'inepte club (Morrison, enfin je crois, Joplin, Hendrix). Je suis toujours choqué. Quel sens donné à ma vie musicale, quelle orientation prendre pour mes projets de groupes. La répétition du jour est amère. On ne fait rien. Je n'ai pas le cœur à ça. Jamais Nirvana ne fut aussi présent dans les journaux, télés, en France, dans un pays qui cultive son retard musical. Pour beaucoup, Nirvana avait débuté avec Smell like teen spirit. Bleach ? Connais pas.

"Je ne ressens plus rien depuis des années.
Je me sentais coupable depuis des années.
Le fait est que je ne peux pas vous tromper.
Le pire est de prétendre le contraire.
Je n'ai plus de passion.
Il vaut mieux partir comme ça que de mourir à petit feu."

Kurt Donald Cobain
( 20-02-67 - 08-04-94 )

Avril (10). Non, vraiment rien à dire.

Avril (11). Semaine riche en rendez-vous. Gala, journée portes ouvertes, concert, rencontre avec Nat. Je me suis levé pour rien ce matin, le cours d'anglais était annulé. A 13 heures, Stef me dit que Nat est impatiente de faire ma connaissance. J'ai acheté le NME., forcement, avec une photo classique de Kurt Cobain en couverture, date de naissance et de mort…

Avril (12). Double anniversaire : un an du début de ma relation avec N, et douze ans depuis le premier tir de la navette spatiale américaine. Je regardais ça à la télévision dans mon repère, avec Claire. Il faisait beau, c'était le printemps, le ciel était bleu, les oiseaux chantaient. Un coin de paradis. Aujourd'hui le ciel est gris, le cœur aussi. Dans l'amphi, je parle encore du décès de Kurt Cobain. J'exprime mon désappointement. Je finis la soirée dans une beuverie pour essayer d'oublier. Le gala de notre section, avec Stef que j'ai réussi à convaincre de venir. Elle est ma cavalière. J'ai le temps, avant d'aller la prendre chez elle, de regarder Arsenal contre PSG, elle aime bien Ian Wright, grâce aux France Football que j'amène en cours. Je rate les 5 dernières minutes pour ne pas louper le bus. Nous n'étions pas chaud pour aller au gala, nous arrivons à la fin du repas, pour la soirée dansante. La rumeur dit que je sors avec Stef. Alors là, ce soir, tout le monde y a cru. Moi et Stef, nous aimons bien la provocation. Encore une soirée sans plus. Je me couche quand même vers 4 ou 5 heures.

Avril (13). Journée porte ouverte à la faculté. Grosse journée. Je me suis levé à 7 heures. J'étais explosé en travaux dirigés. J'étais le seul du groupe de travaux à être allé hier au gala. A 9h30, mes souffrances sont terminées. Évidement je suis tombé sur N. Ca tombait plutôt très mal. Stef devait me présenter à sa meilleure copine...
J'ai rendez-vous avec elles à la cafétéria de la fac. J'ai la tête dans le cul, de plus en plus dans le cirage. Quelles premières impressions vais-je donner à Nat ? Mal dormis, mal réveillé. Le sentiment que quelque chose va se passer. Je les vois à une table malgré mon état, je suis légèrement en retard. Sa copine, Nat, est canon. Elle a un peu la même allure que Stef. On dirait un peu des jumelles.
Alors que je m'apprêtais à passer la journée avec elles, N arrive. Et là, je me suis méconduit. Au lieu de partager le bon temps avec cette belle Nat, je décide de les abandonner, stupidement. Pour rester avec une femme qui m'a lâché. Parfois j'ai l'impression d'avoir le syndrome de Stockholm. Je dois être sous l'emprise de la passion. Je suis vraiment con, même si c'est un peu une maladie cette supposée passion. Heureusement que j'avais parlé de cette possible venue troublante pour moi à Stef. Elle comprendra, Nat aussi. Enfin j'espère. Alors, avec N, nous buvons un café à la caf, puis allons au centre ville, dans les rues piétonnes, chez un libraire, chez un disquaire. Il faut que je tombe devant l'entrée du magasin sur une ancienne prof, que j'appréciais beaucoup, très surprise de me voir ainsi accompagné. On va au rayon musique classique. On mange à midi dans un point chaud. Je lui paye le thé dans mon studio. On se couche. Alors que le soleil était présent depuis ce matin, le ciel gris apparaît quand je remonte les stores de mon studio, à l'heure où elle doit me quitter. Comme un symbole ! Le soleil est parti en même temps que mes dernières illusions. J'ai juste le temps de l'accompagné à son car, que je vois Stef et Nat. Nat va aussi repartir. Dire que je n'ai pas pu vraiment discuter avec elle ! On me dit qu'elle reviendra vendredi pour une soirée africaine. Une autre occasion. Je suis très absent en cette soirée.

Avril (14). Je suis encore sous le choc de ma journée d'hier. Après les cours du matin, je vais manger dans un fast food du centre ville avec Stef, puis, je vais boire le café chez elle. Il est 12h30, les cours ne reprennent qu'à 14 heures, alors, pendant qu'elle finit ses devoirs de droit, je m'assis sur son lit. Puis, je m'étends et m'endors. Lorsque je me réveille j'ai des sensations bizarres au niveau du cœur. Elles sont semblables à celles que j'avais quand je me suis réveillé, il y a un an dans le train du retour de Venise. Amoureux.
Finalement, nous ne sommes pas allés en cours! Et puis, il y avait un match de football africain. Stef en profita pour se rincer l'œil.

Avril (15). Je reçois une lettre d'Ivan, datée du 10 avril. Ca va mieux de mon côté, malgré tout ce qui vient de se passer. Il me précise qu'il vient à la journée porte ouverte qui a lieu … hier ! A part ça, il n'a pas l'air autant touché que moi par le suicide de Kurt Cobain. Il me dit qu'il est un anarchiste anti-révolutionnaire, non-violent.
Je suis confronté à un dilemme. J'avais prévu depuis plusieurs semaine, d'aller ce soir à un concert avec Lolo. Mais voilà que Stef m'a dit que Nat venait pour une soirée africaine également ce soir. Malgré ça, j'ai pris la décision de me rendre au concert, tout en ne manquant pas l'occasion de revoir la belle Nat. Le plus dur est d'arriver à m'habiller pour le concert de rock et la soirée africaine, sachant que je n'aurais pas le temps de passer par la case maison pour me changer. Je dois trouver quelque chose de neutre.
Je vais d'abord avec Lolo au concert des groupes de musique lourde No One is Innocent et les Thugs au Forum. Là-bas, je regarde de plus en plus ma montre au fur et à mesure des chansons, car je ne dois pas louper le dernier bus qui emmène à la soirée africaine, qui a lieu elle, dans la proche banlieue. Je ne peux pas rester pour voir le second groupe, pourtant plus connu que le premier, mais je n'ai pas le choix si je veux continuer ma soirée différemment. Je ne vois que les deux premières chansons des Thugs. Certains de mes amis du bled ne reviendraient d'un tel blasphème. Les contrôleurs à la sortie de du Forum non plus.
J'arrive, je ne sais pas comment à l'heure juste du départ du dernier car, sur le campus. Je suis essoufflé. Je suis le seul blanc du bus. Je me mets à la place d'un noir dans un bus de blancs ou dans une autre situation où il se trouverait ainsi en minorité éclatante. Sur place, je devance de peu mes deux cavalières. Nat était heureuse de me revoir. Et puis on boit, on danse, on se frôle, on se découvre, on se quitte. C'est les vacances. En me couchant j'allume la télévision et je tombe sur des clips des groupes que j'avais vu ce soir !

Avril (16). J'ai un peu de mal à me lever. Le temps est pluvieux. Je déjeune en vitesse, il faut que je fasse mon sac. Mon train est à midi et demi, j'ai juste le temps de manger dans un fast-food, il n'y a que leur salade qui vaut le déplacement. Je tombe en sortant sur Val, qui était aussi avec nous hier à la soirée africaine. J'achète à la gare le NME parce qu'on doit beaucoup encore y parler de la mort de Kurt Cobain. Effectivement. J'ai de quoi lire pour les deux heures de trains que j'ai à faire. Une semaine déjà.

Avril (22). Les vacances de printemps suivent cette période tumultueuse. Le repos est bienvenu, cette semaine m'a vraiment épuisé. Je pense à Nat, qui me trouve cool selon Stéf. On s'entend bien. J'ai d'ailleurs écris à Stéf pour la première fois pour lui confier mes impressions.
Ivan m'envoi une nouvelle lettre. J'ai craché le morceau dans la dernière lettre que je lui ai envoyé. Je lui ai parlé de ma relation avec N. Lui, il dérive sur la tendance peace & love de l'anarchie, c'est pas plus mal.
Pour ces vacances, je vais voir Nadège, je fais du vélo, je me pose des questions quant à mon avenir.

Avril (26). Je reçois une carte postale de Bourges, de membres de la bande de LC. Là-bas c'est le printemps. Ils ont l'air de bien s'amuser.

Avril (27). Je vais m'inscrire dans des boites d'intérim, pour les vacances et plus si affinités. Il y a pas mal de foot à la télévision, ce n'est pas plus mal pour tuer le temps agréablement.

Mai (1er). Nouvel exemple d'événement dont on se rappelle toute la vie : l'accident de Senna à Imola. Il faisait beau, et j'étais aller voir un match de foot juste avant. Sa mort officielle fut apprise dans le train qui me ramener à la faculté. Ce 1er mai tombe un dimanche et la matinée se passe comme pour les 50 autres dimanches de l'année. Je cuve. L'été commençant à pointer son nez, j'hésite entre aller encourager mon club de foot et regarder dans un fauteuil le grand prix d'Imola. Suivant la tournure des événements sur le circuit, j'irai peut-être au stade.
Cela tourna vite à l'eau de boudin. Déjà la veille, un pilote s'était tué sur le coup aux essais. Après avoir vu le départ chez Oliver, j'eus juste le temps de rentrer chez moi et d'allumer la télé pour voir qu'un nouvel accident s'était produit. Presque aussi terrible que la veille. Mais là, c'est une Williams qui s'est violemment explosé contre un mur. C'est Senna. Le meilleur pilote du monde en activité. On le dégage inerte. Ça n'a pas l'air d'aller très fort pour lui. Transfert à l'hôpital où l'on apprend que son état est stationnaire, grave mais il y a de l'optimisme. Sûr que son état restera éternellement stationnaire, il est mort sur le coup. Mais il ne fallait pas annoncer trop vite sa mort, trop d'argent en jeu. A 18 heures, on annonce le décès du Brésilien. Il devient alors mythique, lui qui est passé pour un salaud en France au vu de ses coups tordus qu'il porta à notre Alain Prost national.
J'écoutais donc dans le train qui me ramené vers Dijon, France Info qui, dans toutes ses rubriques parlaient de la mort de Senna, et accumulait de façon historique les flashes spéciaux. On peut dire que les vacances finissaient fortissimo.

Mai (4). Les mois de mai sont, en général, rythmés par les finales de football. Aujourd'hui, Arsenal a battu Parme, à Copenhague. Il y avait une atmosphère de paradis. Quelle belle soirée dans mon studio ! Déçu pour Stéf, son joueur chéri ne jouait pas. J'ai attendu ce match toute la journée. J'ai préféré voir le match sur le TSR, pas sur TF1. Eux au moins ne mettent pas de la publicité toutes les 5 minutes, et ils prennent l'antenne 30 minutes avant le début de la rencontre. J'ai vu deux fois le triomphe d'Arsenal car à la fin du match, j'ai mis TF1. Ceci permet de mieux apprécier la rencontre, surtout quand on sait que le résultat final est favorable.

Mai (5). J'achète ce qui sera l'album de l'été : Mellow Gold de Beck. Il fait parti des disques pour lesquelles j'ai craqué à la première écoute. Je dois acheter pour Lucien, un vinyle des Sonic Youth.

Mai (8). Blessé depuis le 12 septembre, absent des terrains depuis le 19 décembre (l'écart de temps entre ces deux dates situe mon inconscience). J'effectue donc mon grand retour sur le terrain, à l'occasion du grand derby local, contre mon ancien club. Bizarre de jouer contre ces maillots bleu ciel, sur ce terrain.
Dernière semaine de cours qui se profile. Pour les autres. Moi, j'ai lâché le morceau depuis un moment. Mini semaine, avec le jeudi de l'Ascension. Je rentre à LC mercredi. Peut-être irai-je à Paris samedi pour la finale de la Coupe de France. Un club voisin organise un déplacement en car.

Mai (12). Je vais faire un tour à Dun avec des amis. S'oxygéner, réfléchir. Il y a aussi la finale de la FA Cup samedi après-midi… à la télé suisse.

Mai (14). Je devais aller voir la finale de la coupe de France de football à Paris. Le voyage étant annulé, je suis presque retourné pour rien à LC. J'espère que Stéf ne m'a pas trop cherché sur l'écran de télévision. Je suis rentré à Dijon, pour voir la Cup. Le temps est toujours gris mais il fait un peu lourd, l'atmosphère est excitée. Je reviens au campus. Train, bus, personne que je connaisse sur ces lieux. C'est la première fois que je "reste" un week-end entier là-bas. Je vais l'apprécier surtout dimanche soir, où pour une fois je n'aurais pas à faire des centaines de mètres chargé comme une mule. A 11 heures, je suis dans mon studio, vu imprenable sur le campus.
Finale de coupe d'Angleterre, mythique match. Temps gris aussi sur Londres. Doublé de Cantona sur penalties. Contre Chelsea. Pas mal pour le premier Français de l'Histoire à jouer une finale à Wembley. Impossible de joindre Stéf après 18 heures. Je pensais sortir avec elle ce soir. Fin de samedi soir morne, même si Auxerre gagne la coupe de France.

Mai (15). Je réussis à avoir Stéf au téléphone. Elle me croyait bien à Paris hier et désespérait de ne pas me voir à la télévision. Elle me paye le thé chez elle, et puis, je la laisse réviser. Demain, il y a examen.

Mai (17). Examens finaux, boites d'intérim, musée des beaux-arts. Je commence également à chercher une place pour mon service civil.

Mai (18). Dernier jour d'examen. La nostalgie dans l'air depuis quelques jours est à son apogée. Je devais sortir avec Stéf ce soir, mais des tensions chez des copains l'ont retenu et lui ont pourri la soirée. Finalement, je regarde la finale de la coupe d'Europe de football. On se rencarde pour le lendemain en début d'après-midi sur le campus.

Mai (19). J'ai la crève. C'est encore Stéf qui me l'a refilé, à mon avis. Je vais au centre commercial avec Stef. Je me tape tous les magasins de chaussures. On rejoint plus tard Val. Elles viennent boire le thé à l'appartement, puis on se programme un cinéma le soir.
J'ai écris une nouvelle chanson, en attendant Stéf à la bibliothèque. Elle est pour une fois en français. Elle m'est venue progressivement en longeant les cours de tennis, jusqu'à ce que j'arrive à la bibliothèque.

Mai (20). J'ai déjà entrepris des démarches pour trouver du boulot cet été. Je suis obligé de conserver mon appartement jusqu'au 31 août. En outre, je cherche une place pour mon service civil sur Dijon. … Côté textes de chanson, Nat et Stef sont mes muses du moment. De très bonnes muses. Demain, dernière soirée en boite de cette année universitaire de ma section. Dernière grosse beuverie avec eux. La dernière tout court, je crois.
Un an, la pizzeria, chez Nadège. Maintenant c'est loin, je ne souffre plus de cette passion.

Mai (21). Mon réveil n'a pas sonné. Mon kiné avec qui j'avais rendez-vous ce matin, me conseille de le changer. Bonne soirée avec ma bande, qui fini au Mamba. Je me suis encore fait allumer, par la sosie de Béatrice Dalle, Stéffy. Pas la première et pas la dernière fois. J'ai aussi rencontré deux Suisses de Berne à la boite, sympa. Ils m'ont payé un verre en me disant qu'ils retapaient une baraque à 20 kilomètres de LC.

Mai (25). Je n'ai plus l'envie suffisante pour aller à cette soirée. J'ai pris le train, je suis rentré dans mon village. Avec Stef, nous avons progressivement coupé les ponts avec l'association de notre section.

Mai (26). Concert dans mon ancien lycée. Dans le gymnase du bas. Je sais qu'on peut y faire des concerts, depuis que j'ai vu le clip de Smell like teen spirit. J'y rejoins José. C'est le même groupe que celui de la fête de la musique l'an dernier, lors de l'une de mes escapades avec N. Évidement je tombe sur elle, c'était le but de la manœuvre. N me présente une collègue qui vient de Toulouse.

Mai (30). Je prends maintenant le train le lundi matin, à 8 heures 30. La recherche d'un travail pour l'été et d'un poste pour le service sont mes seules préoccupations.

Mai (31). Depuis hier, je n'arrive pas à joindre Stéf. Ni chez elle, ni chez ses parents. Bizarre, elle devrait être ici.

Juin (1er). Toujours rien sur Stéf. Je tombe sur une annonce placardée sur un mur. Ca a l'air tellement intéressant que j'ai téléphoné et j'ai rendez-vous vendredi à 11 heures, vers le centre commercial.

Juin (2). Je fais un tour dans les couloirs de la fac. Pas de Stéf, pas de Val. Je tombe sur une autre Stéf qui n'a pas vu non plus Stéf. Personne n'a revu Stéf et Val. C'est très inquiétant. C'est aujourd'hui qu'étaient affichés les résultats.

Juin (3). Peur bleue. Après ma séance de kiné, vers 9 heures, je tombe dans les couloirs de la fac sur Val. Sa façon de m'aborder de ses premiers mots me font penser au pire concernant Stef. "J'ai une mauvaise nouvelle à propos de Stéf". Il lui est arrivé quelque chose. On peut s'attendre au pire quand on entend ça. L'idée d'imaginer Stéf morte, ne serait-ce qu'un centième de seconde me pétrifie. Mais elle n'est pas morte. Elle a eu un accident domestique, elle est gravement brûlée, elle est à Lyon. Je dois aller la voir dés que possible.
Dire qu'après cela, j'avais mon entretien à l'autre bout de la ville ! Cet entretien pour du travail n'en était pas vraiment un. Comme je n'avais pas prévu de passer un entretien cette semaine, j'avais le choix entre y aller en survêtement ou avec un jeans déchiré. On était une demi-douzaine a avoir répondu à l'annonce. Il s'agissait d'assurer des relations commerciales pour une compagnie d'assurance. Mais c'était vraiment sous-payé. Réponse à donner lundi. Je me suis fais un nouvel ami, en prenant le bus ce matin pour le rendez-vous. En effet Éric, puisque c'est son prénom, avez également rendez-vous pour le même travail. On a sympathisé. Il avait un look british, costard et docks basses.
Toute la journée, je n'ai fait que penser à Stéf. Inquiet tant que je ne saurais pas la gravité de son état. Sitôt rentré chez moi, je m'empresse de la joindre. Elle était sous morphine, mais ça pouvait aller. Consciente mais fatiguée. L'explication de son état me rassura.

Juin (4). Il y a un an, c'était mon dernier jour de lycée, après une nuit câline. Après toutes les émotions de la semaine, j'ai besoin d'aller au club ce soir.

Juin (5). Je vais donc voir Stef à Lyon. J'ai fait la bringue hier soir, et j'ai un peu la gueule de bois. Je vois Stef l'après-midi. Il pleut depuis ce matin, et c'est vachement gai. Les visites sont autorisées à partir de 14 heures. En attendant, je fais du lèche vitrine. Lyon est toujours calme le dimanche matin. La ville semble s'éveiller aussi avec la gueule de bois.
Mes retrouvailles avec Stéf furent trop courtes. Un vrai parcours du combattant pour arriver jusqu'à sa chambre. Jamais je ne fut si heureux de la revoir. Vraiment, l'heure et demie passa trop vite. Elle me fila un élastique pour que je puisse m'attacher les cheveux, maintenant, ils étaient assez longs pour ça. Après cette visite, je passe voir mon parrain et son père, il me restait deux heures avant le départ de mon train. Je ne l'avais pas vu depuis des années. Et puis le retour en train. Arrivée à Dijon, j'avais une sensation. Après avoir passé la journée à Lyon, que la capitale bourguignonne semble calme !

Juin (6). Rendez-vous à 8 heures pour donner ma réponse. A l'arrêt de bus, je retrouve Eric. On a tous refusés le boulot de l'assureur. Mais une des personnes qui y travaille m'a donné sa carte, au cas où je voudrais travailler pour elle. Je vois Val à 18 heures pour lui donner des nouvelles fraîches de Stef. Depuis l'accident, je ne pense plus à N.

Juin (15). Mes journées sont rythmées par pas grand chose. Je reste dans mon studio jusqu'en septembre. Je me lève tard, je mate la télé, je mange, je vais voir des amis, je fais du sport. Je glande surtout. Je téléphone le soir sur mon lit, après le repas. Je téléphone à Stef, souvent, à Nat.

Juin (17). La coupe du monde de football commence aujourd'hui. Il va y avoir du foot à la télé.

Juin (21). Fête de la musique. Je pose un lapin à des amis en ville, parce que je n'ai pas le courage de descendre en bus, et puis, je suis tombé sur Éric et sa copine.

Juin (23). Je vais voir Stef dans son centre de rééducation, en pleine campagne. Le soleil à taper fort dans ma blackmobile.

Juillet (5). Je m'inscris à l'Université de Saint-Étienne. Mais vais-je y aller vraiment ? J'ai déjà failli y aller, il y a un an.

Juillet (6). Première lettre de Stef. Maintenant elle peut écrire. Elle écrit tout petit. Elle écrit beaucoup, la lettre commence sur une carte postale et finie avec deux pages de feuillet. De quoi me parle-t-elle ?
Vendredi soir, Nat est venue la voir. Elles ont arrosé le bac de la seconde. Elles ont parlé de moi. Elle a enfin reçu la carte postale que je lui avais envoyée à son adresse de Dijon, avant son accident. On s'organise un truc chez sa sœur ce week-end. Je vais la chercher au centre. Et puis surtout elle écrit des poèmes. À côté de ça, je réponds à ses questions existentielles.

Juillet (7). Je vais à Lyon pour flâner.

Juillet (8). Je vais chercher Stef. Il fait un soleil de plomb. J'écoute Beck sans arrêt en voiture. Ca devient maladif. On passe vers chez moi mais sans s'arrêter. Pas le temps. Le soir nous allons à un petit festival dans le village de sa sœur. Sympa. Elle me présente à des amis.

Juillet (11). Je retourne à Dijon pour deux jours. Je prends maintenant toujours le train le lundi matin et c'est beaucoup plus cool. Pas de stress. La rosée du matin…

Juillet (13). La coupe du monde en est à ses demies. Mais comme il n'y a ni la France, ni l'Angleterre, je la suis de loin. A part ça, je crois que je vais faire mon service civil. J'ai jusqu'à janvier pour trouver un employeur. Le plus vite ce sera fait, le plus de temps j'aurais pour travailler en intérim et avoir l'esprit tranquille. Ce soir c'est l'habituelle grosse défonce du 14 juillet. Après on finit en boite jusqu'à 6 ou 7 heures du matin. Comme l'entrée est gratuite, c'est la seule fois de l'année où la boite est pleine à craquer.

Juillet (17). Finale de la coupe du monde. Bof ! Je repars pour une semaine de glandage, en gros, à Dijon. Vendredi je vais chercher Stef au centre pour aller ensuite à Chalon dans la rue.

Juillet (20). Lettre de Stef. Toujours le même principe : introduction sur carte postale et développement sur feuilles. Elle écrit en anglais ! Mais j'arrive à comprendre le plus important : elle a encore parlé avec Nat de moi. En fait, elle me dit que Nat me trouve cool, d'autant plus que Stef lui a dit que je ne lui parle que d'elle. Je reverrai Nat, pour Chalon dans la rue.

Juillet (22). Je vais chercher Stef, nous allons chez moi, je l'emmène voir ma bande, puis à la boite. Je porte une casquette des Orlando Magic. J'ai remarqué que ça attire les filles, qui sur la piste de danse, m'accrochent.

Juillet (23). Une lettre de Val. Ca tombe bien, Stef est là. Une lettre d'Ivan, également. Commençons par Val. Elle fait des poèmes, décidément nous formons un cercle de poètes, pas encore disparus. Elle m'envoi ses poèmes préférés. Elle a trouvé un appartement pour la rentrée avec Stef. Ivan a eu le bac, il pète la forme depuis. Lui aussi écrit des poèmes. Il n'a pas encore décidé de sa future destination. Finalement je connais pas mal de gens tentés par la poésie.
Après ses lectures, nous filons dans le bled de Stef. Je pense déjà à mes retrouvailles avec Nat. L'heure arrive. Elle est toujours aussi belle. Il fait chaud. On parle de Gainsbourg, sur la route de Chalon. Nous déjeunons sur l'herbe d'un parc au centre-ville. Elle est belle. Et puis sur la route du retour, elle prend l'envie de couper des tournesols, au bord de la route. On se prend la main. Mon ventre réagit. Pourquoi ne suis-je pas aller plus loin ? Manque de confiance ? Je n'étais pas en forme.

Juillet (24). Je dormais toujours chez Stef, quand Nat lui téléphona. Nat était déçu de mon peu d'avance hier soir. Cette ville, cette fête m'a un peu mal à l'aise.

Juillet (26). Je reçois une lettre de… N. Pour me dire qu'elle est toujours au même endroit, qu'elle est toujours mon amie… Je me dois, d'écrire de téléphoner à Nat.

Juillet (28). Je commence des entretiens en vue de mon service. Bien que j'aie été pris à l'université, j'ai choisi d'en finir avec mes obligations militaires. Ce premier entretien ne se passe pas trop bien. Du moins, je ne le sens pas.
Nouvelle lettre de Stef : une de ses mains commence à s'infecter et ça l'énerve. Elle me raconte tous ses malheurs.

Août (2). Hier, nouvel entretien à Dijon. Je fais des lettres et des cv à tour de bras. Nouvelles nouvelles de Stef. Elle a fait une grosse bringue à Nice. Ca a l'air d'aller beaucoup mieux.

Août (3). Je fais un tennis avec Éric, sur un cours de campus. Je gagne par forfait 6-2, 4-6. J'écris à Nat, mais elle n'est pas du genre à répondre.

Août (7). Grosse bringue sur deux jours, dans une maison de campagne avec ma bande en sortie.

Août (9). J'ai rendez-vous pour un poste de plongeur dans une brasserie. Mais on ne s'entend pas avec le chef sur la durée du contrat. Je dois en effet laisser mon studio au 1er septembre.

Août (13). Grand week-end de fête, vu que lundi, c'est le 15 août. La semaine prochaine, je vais voir le cousin d'un ami à Lyon. Il fait de la musique électronique, je vais voir s'il n'y pas moyen de collaborer.

Août (19). Mon séjour à Lyon est terminé. En fait, c'est une petite commune, assez rupin, sur les hauteurs de Lyon dans les Monts d'Or. Je ne sais pas vraiment où cela me mène. J'en ai profité pour passer un entretien.

Août (24). Je reviens sur Dijon pour commencer à ranger et nettoyer le studio. J'ai un entretien demain au CHU. Éric me file l'adresse d'un viticulteur pour faire les vendanges fin septembre.

Août (25). Mon entretien se passe moyennement. C'est surtout les tests qui font écrire cela. J'ai horreur des tests, qu'est-ce qu'ils prouvent, sinon, rien, sinon la capacité à répondre à des tests. Comme disait un ancien professeur de biologie, Michel Tournier était nul aux tests, cela ne l'a pas empêché de devenir écrivain.

Août (31). C'est le début de la fin de l'été. Pour la première fois de ma vie, je ne reprends pas les cours en septembre. Ca fait drôle. Je me sens libre, je ne me suis jamais senti aussi libre. Je vais continuer à chercher un poste.

"It's better to burn out
than to fade away."

Kurt Cobain

Septembre (1er). Je retrouve un peu de pensées philosophiques.

Septembre (2). Je commence à être fasciné par le groupe de rock anglais Oasis. Ils dégagent quelque chose que je n'ai jamais vu. Indéfinissable.

Septembre (3). "I don't have the passion anymore and so remember.
    It's better to burn out than to fade away.
    Peace, love … Frances and Courtney
    I'll beat you all
    Please Courtney
    For Frances
    For her life which will be so much happier without you
    I love you, I love you."

Septembre (5). J'ai beaucoup de coups de fils à passer : N, Stef, Steffy, autre N… Je n'ai pas eu Stef. Je me dépêche car je retourne à Dijon pour passer le rattrapage, même si je sais que c'est fini. Aujourd'hui et demain et après-demain.
Alors que je devais coucher dans une chambre universitaire, je tombe sur Éric M et sa copine, qui allaient rentrer au restaurant universitaire. Je mange avec eux, et ils m'invitent à dormir chez eux. Ils ont déménagé, à l'autre bout de la ville, sur les hauteurs. Comme d'habitude, nous jouons au trivial poursuit, en écoutant la radio.

Septembre (6). Rattrapage d'histoire de 8h30 à 11h. Ce qui me laisse du temps libre, d'autant plus qu'il fait un ciel horrible. La clémence des cieux dijonnais... Je retourne chez mes hôtes.

Septembre (7). Rattrapage d'économie de 8h30 à 11h30, et de droit de 4h à 17h. Je pars à 15h et je file à LC, fuyant cette ville et son climat humide. Même si j'éprouve un peu de nostalgie, me disant que je n'y reviendrais peut-être pas avant longtemps.
Je suis toujours sous l'influence de la mort de Kurt Cobain.

Septembre (8). J'ai répondu à une annonce pour un boulot. Mais il n'est pas précisé de quoi il s'agit. J'ai rendez-vous au café de la gare, à 9 heures. Le type qui m'attend est un gros bonhomme avec une grosse camionnette. Il ne me dit même pas où il m'emmène. Il m'explique, quand même, qu'il a une entreprise de fleurs. Nous prenons sur le trajet à destination inconnue, une jeune fille qui a aussi répondu à l'annonce. Elle est très belle, blonde, guère plus âgées que moi. Elle porte une petite robe évasée. La destination se trouve être la ville de Nat. Et moi, je dois vendre des pots de fleurs en porte à porte. Bien sûr, il n'y a pas de contrat de signé. Je sens le coup fourré trop tard, je suis à 100 kilomètres de chez moi. Le temps est pluvieux. Je n'aime pas cette ville. Je m'aperçois rapidement que je ne suis pas fait pour la vente, du moins la vente en porte à porte. Comme pour les assurances, j'ai l'impression d'emmerder les gens chez eux. Je trouve ça écœurant, je n'ai pas la fibre commerciale. J'arrête vite les frais. Je me retrouve à pied, avec mon déjeuner que j'avais malicieusement préparé. J'ai téléphoné à Stef, mais elle ne peut venir me voir. Alors je passe chez Nat. L'entrevue fut brève et pas du tout constructive. A part le rail, je ne vois pas comment je vais rentrer. J'arrive malgré tout à rejoindre mon point de départ.
A la maison, je consulte mon courrier : une lettre de Steffy. Elle m'envoie, comme Stef avant, une carte postale et la suite sur papier. Elle me souhaite une bonne fête, avec un jour d'avance. Elle raconte qu'elle a commencé à travailler et que le premier jour fût très pénible. Elle est à Lyon. Elle voit que je suis le seul à venir la voir chez elle, à ne pas la prendre pour une gamine… En rentrant, je téléphone à Stef pour lui demander d'analyser la réaction de Nat. Elle me rassure un peu en disant que c'est semi-normal.

Septembre (9). Je téléphone au viticulteur dont Éric m'a passé l'adresse, pour les vendanges. C'est à 300 kilomètres de LC. Je contacte aussi l'autre N. Je l'ai rencontré, je ne sais plus vraiment quand. Elle est gentille. Mais jeune. Oliver me parle d'un auteur, John Fante, et de son personnage principal, Bandini. Il me passe un de ses livres : Demande à la poussière (Ask to the dust). Sinon, les week-ends sont toujours rythmés par la bande et la boite. On a décidé avec la bande de monter une association dans le but de développer la culture dans le comté. Au départ, il faut admettre que c'est moi qui avais lancé l'idée de faire une liste pour les élections municipales. Comme quoi, une idée peut très vite dériver. Cela aurait marrant de faire une liste. Demain, il se tient l'assemblée générale constitutive.

Septembre (10). J'ai rendez-vous au coiffeur, histoire de marquer un nouveau départ : le début de l'association et ma recherche d'employeur pour mon service. Je suis nommé vice-président de l'association.

Septembre (12). Je vais à Roanne. Histoire de voir ce qu'il se passe au niveau des formations, et histoire aussi de voir Steffy. Histoire aussi de m'inscrire à l'IUT même si je sais que je n'irai sûrement pas. En fait, j'hésite encore entre IUT et mon service.
Je fais le rapport de l'assemblée générale de samedi. J'ai commencé la lecture du livre de Fante.

Septembre (15). Toujours des coups de fils pour trouver une place pour mon service. Ce coup-ci c'est sûr, pas je n'irai pas user mes fonds de culotte dans un IUT ou ailleurs.

Septembre (16). J'ai repris l'entraînement de football depuis quelque temps. Mon genou me fait toujours un peu souffrir. Après, je vais voir ma bande, histoire sans doute d'éliminer les toxines.

Septembre (17). C'est la grande bouffe du club. Je m'ennuie, et repense qu'aucun au club ne soit venu me voir à l'hôpital lors de mon opération du genou. Je regrette en fait d'avoir signé. Je file à l'anglaise. Et puis demain je pars aux vendanges. Alors je ne fais qu'un bref passage chez mes potes, je ne bois très peu.

Septembre (18). Le temps est gris pour ce départ vers l'inconnu, à l'autre bout de la région, que je vais entièrement traverser. J'ai emmené quelques cassettes pour tenir les 300 kilomètres, pour traverser le désert rural. Plus j'arrive près du but, plus les routes et les villages traversés diminuent de largeur. Impression de bout du monde. J'ai subit la pluie mais arrivé au but, le soleil apparaît. Un signe ? Non ! Je dois être le premier sur place, comme d'habitude ! On m'indique mon logement. Les autres vendangeurs arrivent un par un, deux par deux, trois par trois. Je ne connais personne. Je me demande pourquoi je suis venu me perdre ici. A table, je tombe heureusement sur deux joyeux lurons auxerrois, qui prennent leurs vacances pour faire les vendanges. On a bien but tous les trois. Avec du champagne à volonté, normal, c'est ce qu'on va ramasser. Demain matin le réveil va être terrible.

Septembre (22). Fin des vendanges. Le boulot en lui-même était plaisant, même si les chefs était plus des ours que des hommes. Des viticulteurs, chasseurs. En plus on était dans un trou, il fallait faire 15 kilomètres pour s'approvisionner en cigarettes, dans un trou à peine plus grand. Il n'y avait rien à voir dans les parages. Le temps était incroyablement triste, comme le ciel. Quelques choses entre la Pologne et l'Albanie. Je fais le plein dans une petite station de campagne et je rentre à la maison. Le temps est ensoleillé en ce début d'automne, les paysages traversés sont beaux et mornes, je n'ai pas la même sensation en les regardant qu'à l'aller, car je rentre de l'abattoir. J'écoute les Stone Roses. Je m'arrête dans la ville de Nat mais je ne lui rends pas visite cette fois. Chat échaudé… C'est bien d'être à la maison. Je décompresse.

Septembre (23). Je me repose le dos et le genou. Le soir, il y a un grand match à la télévision : Saint-Étienne contre Lyon. Je lis Bandini, le second livre de Fante que m'a passé Oliver. Je le trouve un peu moins bien que Demande à la poussière. Mais cela me donne envie d'écrire, cela me fait voyager, cela me réconforte.

Septembre (25). Avec Stef, nous avons mis les choses au clair concernant nos relations, quelques actes manqués et d'autres qui auraient gagné à l'être.

Septembre (26). Après un week-end classique, plus un repas de famille, je passe ce lundi à mes recherches de poste, et à téléphoner ou écrire à mes copines. Je fais un peu d'anglais pour ne pas perdre la main.

Septembre (27). Je passe voir Oliver à son boulot. Il y a pas mal de match de foot à la télévision, c'est le premier tour des coupes européennes. Ca rythme mes débuts de soirées. Je trouve toujours un peu de temps pour écrire pour du boulot. J'ai déjà essuyé quelques refus d'embauche.

Septembre (30). Une lettre de Stef. Elle est en cure à Saint-Gervais. Elle a surtout besoin de recharger ses accus. Elle était au bord de péter les plombs. Le grand besoin de faire le vide dans sa tête, autour de soi. C'est pour ça qu'elle ne donnait plus de nouvelles. Cette impression qu'elle me fuyait, comme je lui avais écrit, était valable pour tout le monde. A commencer par Nat, qui a eut la même réaction de moi, écrit-elle. Ca me fait drôle qu'elle écrive ça. Nat et moi sont peut-être les deux personnes les plus attachées à Stef.
Je suis malade d'Oasis. Au moins, ça m'a permis d'oublier la mort de Kurt Cobain. D'ailleurs, je crois à un symbolique passage de témoin. Le grunge, est c'est un fait, a était remplacé dans les bacs, dans les revues, à la radio et la télévision, par les Oasis, Blur et autres groupes de rock ou de pop anglais.

Octobre (1er). Nouvelle lettre de ma Stef. Elle m'envoi un poème sur sa relation avec un ancien petit ami. Elle dit que ça peut s'adapter à moi face à Nat. Je suis content que Stef se soit mise à écrire des poèmes. Un peu grâce à moi, à mes quelques textes sur elle, sur Nat, sur elles, et sur toutes les autres.
Encore une assemblée de l'association. Puis des rendez-vous avec Steffy et Pierrette. Au café qui se tient à côté de la boite. Ca me change un peu de mes potes.

Octobre (2). Match d'entraînement et réunion de travail pour l'association. Cette association me permet de ne pas m'ennuyer la semaine. Je passe du temps à réfléchir aux projets liés à sa fondation : trouver des idées de manifestations, créer un journal, faire un dossier pour créer un radio.

Octobre (4). Je téléphone à un centre de formation pour prendre des cours d'anglais. Et le soir, je fais ma première émission à la radio associative du coin. En tant qu'invité. Je dois raconter mon voyage à Venise, le thème de l'émission étant de faire découvrir des nouveaux horizons aux auditeurs. Comme bande sonore, je choisis le l'album Nevermind de Nirvana. Raisons sentimentales.

Octobre (7). J'assiste à une réunion d'un club informatique. Comme pour les cours d'anglais que je vais avoir, les cours d'informatique ont lieu dans mon ancien collège. Nostalgie entretenue.

Octobre (8). J'ai un rendez-vous avec le maire pour proposer mes services et pour promouvoir auprès des autorités notre association. Hélas, il n'est pas de gauche. Comme ses prédécesseurs et successeurs ! Il m'envoie gentiment promener.
Stef m'a encore envoyé une lettre. Que peut-elle contenir ? Toujours à Saint Gervais, elle s'ennuie de plus en plus. Ces lettres sont de plus en plus longues, et en plus il n'y a pas de poèmes dans celle-ci. Elle m'invite à venir la voir, si j'ai un peu de temps. Hélas ce n'est pas le cas. A part ça, elle n'a toujours pas entendu parler d'Oasis. Autre influence de ma part, elle vit à l'heure anglaise ; J.B. Livingstone, thé, pluie et brouillard. Elle me dit que Val a planté ses examens de rattrapage.

Octobre (10). Je dois encore régler mes dernières dettes de mon studio de Dijon, en l'occurrence, ma dernière facture de téléphone. A 17 heures 30, j'ai mon premier cours d'informatique. Traitement de texte. C'est un peu comme le début de la saison de foot, pas de ballon lors des premières séances, bref, frustrant. Je dois taper du texte sans faire de mise en page. Ca me permettra d'écrire mes articles pour notre journal associatif.
Sinon, je poursuis la lecture de John Fante. Mais plus je lis ses livres, moins ils sont aussi prenant que Demande à la Poussière. Je crois que j'ai lu le meilleur en premier. Quand on commence à lire un nouvel auteur, soit, on lit dans l'ordre chronologique, soit du pire au meilleur.

Octobre (11). Le mardi c'est entraînement de foot, tant que suis bloqué à LC, car je ne pense trouver une place d'objecteur par ici. Je vais voir après un pote.

Octobre (12). Réunion pour les cours d'anglais, au collège. Il y a des personnes que je connais. Je pense aussi à écrire mes premiers articles pour le journal.

Octobre (14). Informatique, au collège. C'est marrant de retourner plusieurs fois par semaine dans cet endroit que j'ai quitté, il y si longtemps.

Octobre (17). Je prends un nouveau rythme de travail pour la semaine. La recherche d'une place pour le service est quotidienne, par revue, par courrier, par téléphone. On m'a filé un bottin avec toutes les coordonnées des structures d'accueil des objecteurs, par secteur d'activité, par région. A moi de me débrouiller, comme s'il s'agissait de trouver un emploi normal. Je cherche notamment dans le secteur de la radiophonie.
Cours d'informatique à 17h30. Je vais aussi voir des élus pour notre association. Et puis, je téléphone à Steffy.

Octobre (21). Mes récentes démarches pour un poste aboutissent à un nouvel entretien, dans une radio associative de Roanne.

Octobre (29). Je n'ai rien fait d'extraordinaire ces sept derniers jours. Pas de rendez-vous, que des moments à passer avec mes potes, à lire des bouquins, à chercher un poste.
Rendez-vous avec un élu pour l'association. Stef m'envoie son nouveau numéro de téléphone à Dijon. Je suis excité parce que le 5 novembre, je vais voir Oasis en concert à Lyon, avec de bons groupes aussi, la veille. J'y vais avec Lucien.

Novembre (2). Je réfléchis un peu plus à mes articles. Je dois contacter l'imprimeur pour étudier divers devis.

Novembre (4). Alors c'est le grand jour de départ pour les concerts à Lyon. Avec Lucien, on doit dormir chez des amis à lui, il doit m'en présenter d'autres aux concerts. On part, la nuit est déjà tombée. Seul l'un de nos deux hôtes nous accompagne à la salle de concert. La pluie tombe drue. Quand nous pénétrons dans l'enceinte, le premier groupe avait déjà commencé. Au programme de cette première soirée : Gene, Elastica, Shed Seven. Trois groupes anglais, de pop, rock. Mes premiers vrais concerts, de groupes que j'écoute depuis des semaines à la radio, dont je lis les articles dans la presse spécialisée. En attendant le choc frontal de demain avec Oasis. Je dois avec Lucien faire le compte-rendu du festival pour notre journal.
Gene, c'est bien mais je crève d'impatiente de voir le show d'Elastica. Et là, même si l'album n'est pas encore sorti, ça balance bien, l'impression de tout connaître de leur musique. Vraiment bien. Enfin, Shed Seven que j'aurais du voir cet été à Saint-Malo, j'avais gagné un droit à être sur la guest-list du festival local, après une bonne réponse à une question sur France Inter. Seulement, je n'avais trouver personne pour y aller. Mes potes, en voyages dans une feria quelconque, avaient entendu mon nom à la radio, ils étaient verts. Le concert de Shed Seven fut le sommet de la soirée. Après, on a traîné dans deux ou trois bars et boites plus ou moins bien.

Novembre (5). Suite et fin du festival. Avec comme point d'orgue, peut-être le plus grand groupe que je verrais de ma vie, ils sont pour moi, un groupe de rock, ils ont la rock attitude. Mais en France, nous n'avons pas de culture rock, on ne fait pas de différence entre la pop et le rock, on ne connaît pas les dessous sociologiques du rock. Bref, je prêche dans un désert.
Avant Oasis, il y a Echobelly, un groupe de filles. Ca bouge bien, comme la veille, pour Shed 7 ou Elastica. Bon, Oasis, sincèrement, ça m'a fait un choc, tellurique. Inexplicable, si ce n'est par l'amour sincère que j'ai pour la musique, alors que certains ne font que suivrent la mode, se branlent le cerveau et n'ont jamais rien fait de leur vie musicale ou littéraire.
Comme hier, on finit la soirée dans diverses soirées, plus ou moins pseudo intellectuelles.

Novembre (6). J'ai les oreilles qui sifflent encore du larsen final d'hier soir. Le retour, long à se dessiner, Lucien long à se décider, on décolle quand même en seconde partie de l'après-midi. La bande-son routière, de ce retour, sera Veruca Salt, dont Lucien a acheté l'album. Je parviens quand même à mettre aussi l'album d'Oasis.

Novembre (8). Les sifflements des oreilles sont enfin passés. Tant mieux, j'ai des rendez-vous avec l'imprimeur et aussi pour un job. Ma semaine sera vraiment rythmée par ma rédaction d'articles pour le journal et ma recherche.

Novembre (10). Retour à Lyon, pour un entretien. Dans une association qui s'occupe de spectacle pour les jeunes. Ils sont bien gentils avec moi, mais cela ne veut rien dire. De la façade.

Novembre (11). Drôle de 11 novembre. Il pleut, ça c'est normal, mais il y a un super match de football, à la télévision, sur une chaîne câblée : Gueugnon - Marseille. Ces Marseillais sont vraiment trop cons, mais ça, il faudrait un livre pour développer le sujet, j'y reviendrais peut-être plus loin.
Surtout, nous avons rendez-vous, avec l'équipe du journal, avec le mari d'une ancienne prof d'anglais à nous, qui s'intéresse à tout ce qui associatif et culturel dans la région.

Novembre (12). Je reçois une lettre de l'autre N. Elle doit avoir des origines marseillaises, pour être aussi conne (voilà, j'y reviens à Marseille). Je lui ai laissé sous-entendre certaines choses… et ça m'est revenu à la face. J'ai eu droit à un procès à l'ancienne, fasciste. Quand on me cherche, on me trouve. Comme le chante le groupe Suede : So young …Je préfère la maturité à la niaiserie, mais bon, chacun ses défauts.
Pour finir, encore deux rendez-vous pour l'association. Avec le maire, pour voir un peu ce qu'il peut faire pour nous aider. Et puis, réunion pour le journal. Je donne mes articles. Cette sale histoire a bien faillit me coûter ma place. Le comité de censure m'a prit un peu comme tête de turc.

Novembre (14). Cours d'informatique, où je finalise mes articles, avant que la censure intervienne. Je ne plais pas à certains. Je commence à travailler sur un logiciel de mise en page. Je téléphone à Steffy. Son réconfort me fait du bien, en ce moment. Sinon, toujours le temps gris et des entretiens en vue d'un poste.

Novembre (15). Entretien à Chalon. Lettre de Steffy. Elle me demande mes sensations par rapport au week-end dernier à Lyon. Elle dit qu'elle va essayer de venir à la boite samedi.

Novembre (19). Que du classique, avec des réunions pour le journal, des coups de fil aux copines, de l'informatique. Et toujours rien qui vient au final.

Novembre (21). Je vais plus régulièrement à Roanne, quand Steffy s'y trouve, les lundis où elle ne travaille pas dans son salon.

Novembre (22). Je reçois une lettre de Stef. Elle m'envoie les paroles de Yesterday. Et elle m'écrit en anglais. Ca faisait, il faut le dire, bien longtemps. Elle ne peut venir me voir avant les vacances de fin d'année, à cause de ses examens. Sa lettre est datée du 16, en fait, je vais aller la voir à Dijon, après-demain.

Novembre (23). Je vais au coiffeur, à 15 heures. Je me fais couper les cheveux très court.

Novembre (24). Je suis donc de retour dans la cité des Ducs. J'ai pris soins avant de partir de contacter un maximum de personnes que j'aurais voulu revoir. En deux jours, je ne pourrai pas voir tout le monde, il va falloir faire des choix. Ca me fait bizarre de retrouver le campus, que je n'ai quitté qu'il n'y a que deux mois. Pourtant, beaucoup de choses semblent avoir changé. D'abord Stef ne traîne plus dans le même milieu. Sinon, ça va. C'est deux jours de vacances

Novembre (25). Je me lève tranquillement dans l'appartement de Stef et Valérie. Il est sympa, bien que bruyant, à cause de la caserne des pompiers qui se trouve à 300 mètres. Et puis, quand Stef a eu fini sa journée, je la ramène chez elle, avec Nat, qui maintenant l'a rejoint en Faculté. Je suis content de revoir cette fille qui m'a plu.

Novembre (26). C'est cool, ma série préférée repasse à la télévision : 21 jump street. Pas question d'en louper un épisode, quitte à l'enregistrer. Il est vrai qu'entre le foot et l'association, mon temps libre du week-end se réduit comme une peau de chagrin. Ce que j'aime dans cette série, outre l'attitude de Johnny Depp, toujours un peu perdu, étonné, étonnant, c'est cette anodine habilité des scénarii à traiter des sujets de société encore non étudiés. Dans le domaine scolaire notamment. Il y a une forme de morale tout à fait géniale et acceptable. Au moins avec mon journal, je peux m'exprimer pleinement, contrairement au journal de l'association, où il est interdit de signer ses articles.

Novembre (28). Je vais faire un tour à Dun, pour prendre un bon bol d'air, et quelques photos. Le brouillard est de mise, ce qui rend la scène encore plus belle. Je vais voir Lucien. Je lis Fante. Et toujours de l'informatique.

Décembre (3). Je fais de la cuisine, pour renouer avec les vielles traditions du collège, de la cuisine du samedi matin quand je rentrais chez moi à 10 heures. Sinon, Stef, le journal, la boite…

Décembre (5). Je n'ai toujours pas de nouvelles concernant ma candidature et son évolution.

Décembre (6). Sort enfin, le second album des Stone Roses. Entraînement et réunion le soir de conscrits. Mais tout cela me concerne de moins en moins. Je n'ai plus la même motivation.

Décembre (8). Deux entretiens à Lyon. On m'a promis des réponses rapides. Comme tous les 8 décembre, depuis très longtemps, ce sont les illuminations à Lyon. Hélas, je n'y assisterai pas. Mais chez moi, on se soumet aussi à cette tradition. Donc j'en mettrai aux fenêtres de ma chambre. Mais avant ce grand moment, je dois aller au cours d'anglais.
J'ai reçu une nouvelle lettre de Steffy. Elle est allée à la boite, elle y retourne ce week-end. Je dois lui passer des articles sur Kurt Cobain. Je lui ai dit que j'étais prêt à venir vivre à Lyon, pour du boulot, pour trouver des musiciens. Aussi, elle me donnera des journaux d'annonces immobilières, pour voir un peu où je mettrai éventuellement les pieds. Elle me demande aussi si j'ai du nouveau pour les emplois sur Lyon (les entretiens que j'ai finis de passer aujourd'hui !).
A part ça je vais aller voir le match de ce soir au café. C'est la coupe d'Europe, pas un grand match, mais c'est plutôt histoire de voir du monde.

Décembre (9). Je vois Gros et Nadège. Le journal n'avance pas vite.

Décembre (13). Je reçois une réponse défavorable à l'une de mes candidatures sur Lyon. Le soir, j'ai ma seconde émission à la radio, pour parler de voyage. Cette fois, je remonte encore plus le temps, puisque je parle du voyage en Angleterre effectué au collège, il y a presque dix ans. Ca sent bon la musique que j'ai vue et écouté à Lyon.

Décembre (14). Je dois voir un homme respectable, le Comte de Rambuteau, dont la mère était l'arrière-petite-fille de Louis-Philippe. Dans son château. Le temps est pluvieux. Mais quelle ambiance féerique. J'ai même un peu peur dans les couloirs du château. Des armoires vitrées avec des costumes de carnaval datant de la révolution. Une cheminée. La classe, l'aristocratie, un côté lord, manoir, british. J'écoute en repartant en voiture pour un autre rendez-vous, l'album lugubre de Kirstin Hersch. Avec la chanson Your ghost. Chanson de circonstance après l'atmosphère que je viens de quitter.
J'ai après un autre entretien, à Mâcon. Il serait tant que je trouve enfin un poste, je commence en effet autour du 1er janvier. Ce qui ne fait plus que 15 jours. L'entretien se passe bien. Le tout me plairait bien.

Décembre (17). Après avoir bien bu, pour une fois, nous allons au bal de campagne, l'un des plus côté du coin, à flan de colline. Pas besoin d'un gros pull, malgré le froid.

Décembre (18). Je tape mes articles et ceux de Lucien, pour le journal, lors de mon cours d'informatique. Mon autre fusible pour Lyon est grillé.

Décembre (19). J'entreprends de faire la tournée de toutes les mairies des communes du canton, pour déposer une demande de subvention, pour notre association. C'est très long, tellement long que je finirais demain.

Décembre (20). Je finis ma tournée en fin de matinée. Pile pour l'heure de manger. J'arrive à me faire inviter au repas de Noël de mon ancien lycée. Deux années de suite, je suis trop fort. Je revois N. Toujours aussi tentante. Mais je dois l'oublier à jamais. Je reçois une lettre de Steffy. Elle m'invite le 26 à Roanne, et elle vient le 25 à l'anniversaire de la boite. Je ne sais pas si je pourrai lui présenter Stef, car elle travaille pendant les vacances dans un centre aéré. Je parle de l'une à l'autre depuis un an. Ce sont mes deux grandes confidentes. Il faut vraiment qu'elles se voient. La cassette des Stone Roses lui a plu. Elle parle de mes postes en vu. Peut-être à Mâcon, où j'ai un ami qui y réside. Autrement elle veut savoir qui sera le D. J. pour le 31 décembre, si je vais à la boite avant elle. Pour conclure, elle me trouve ambitieux.

Décembre (21). Rendez-vous à la clinique, où l'on m'a opéré. Contrôle technique, en quelque sorte. Je continue ma progression dans la lecture de Bandini. Mais, comme je le craignais, c'est de moins en moins bien. Ce n'est pas la faute de l'auteur, seulement, j'ai lu en premier celui qui m'a le plus plu. J'écris à N, je contacte quelqu'un de connu pour une conférence organisée par l'association en début d'année prochaine. Je fais aussi des devoirs d'anglais.

Décembre (22). Je téléphone à Stef. Je vais voir l'autre N, quand même. Elle est bien sympa, malgré tout. Je vais au cours d'anglais. L'hiver commence officiellement aujourd'hui.

Décembre (23). J'écris à Joanna, qui selon les mauvais conseils de N, s'intéressait à moi. Je lui demande ce qu'elle a prévu de faire pour les fêtes de fin d'année. Je joue aux jeux, je lis Fante. Il y a pas mal de bons films d'aventure à la télévision pour la période de Noël. Après une nouvelle fête avec ma bande, nous finissons tous à la boite. Demain sera pareil.

Décembre (24). Veille de Noël, mais il y a bien longtemps que je n'y crois plus et que cette magie a disparue.

Décembre (25). Noël tombe cette année un dimanche, ce qui fait un dimanche ou jour férié de gagné ou perdu, selon les cas. Pour moi, c'est de gagné. Un repas de famille comme d'habitude.

Décembre (26). Je devais aller voir Steffy, mais je dois me rendre ailleurs. J'essaye de contacter N. Aussi.

Décembre (31). Il ne s'est rien passé de particulier depuis le 26. Ce soir on réveillonne chez Gros.


1995

Janvier (1er). Réveil cauchemardesque. Comment déjà, ais-je fait pour dormir ? Dans mon dos se sont joués des tours de manivelles tordus. Nous avons réveillonné tranquillement chez Gros. Tout se passait bien, même si parmi l'association, certain ont dîné de façon dissidente. J'aurais mieux fait de rester couché. Car arrivé à la boite, j'ai vécu un cauchemar. Un complot. Dans mon dos. On m'avait fait dire des choses que je ne pensais pas, amplifiées, etc. Personne ne fût solidaire de moi. J'étais devenu en un instant le proscrit, le banni. Je me suis senti trahi. Ils me lâchaient, perdus dans leurs abîmes alcooliques. Heureusement qu'il y avait Steffy. Elle, était de mon côté. Car j'ai compris que je serai seul contre tous. Comment ais-je pu tenir jusqu'à sept heures de matin ?
Maintenant, je me pose des questions sur mon avenir immédiat. Mes amis, l'association, suis-je banni ou est-ce sur le coup de l'alcool, et sur le coup bas qu'ils se sont tous comportés comme ça ? S'ils ne veulent plus de moi, je n'ai plus qu'à changer d'air. Je vais au café rejoindre Steffy. Jamais cela ne fait tant de bien de la voir et d'aller au café. Je ne parle pas de la gueule que je tirais au repas de famille qui avait lieu chez moi.

Janvier (2). J'écris à Stef. Pour lui donner les dernières nouvelles. J'ai revu certains, après qu'ils soient enfin redescendus de leur état. Ils commencent à réfléchir un peu. Ce soir, on organise une petite bouffe, pour faire le point sur mon cas. Est-ce que je passerai en cassation ou en correctionnelle ? Ca va mieux qu'hier.

Janvier (3). Je décide de téléphoner à l'ONF, pour savoir si je suis pris. Et qu'est-ce qu'ils ont le culot de m'annoncer au téléphone, à moi qui poireaute depuis des semaines ? Que le poste est réservé pour un déserteur ! Ils auraient pu prévenir avant. J'ai perdu plusieurs semaines. Alors maintenant, que vais-je faire, je me retrouve sans rien, et je dois commencer le 15 ?

Janvier (7). Divine surprise : une lettre de Joanna. Elle me raconte ses vacances, évoque les sujets dont je lui ai parlé précédemment, de N, de mes aventures. Enfin, je lui avais proposé qu'on aille ensemble dans une boite prés de chez elle, mais elle ne souhaite pas y aller car elle ne l'aime pas. Mais je comprends tout à fait cela.
Réunion, chaude à cause de moi, pour le journal. Nous sommes en retard, nous accumulons le retard en fait. Ce n'est pas mon fait, mais plutôt celui de la censure stalinienne, le "comité". Moi, mes articles sont faits depuis bien longtemps, mais ils ne plaisent pas à tout le monde : pas assez révolutionnaire, trop joyeux, trop de couleurs sans doute. Le pompon, c'est que certains n'ont jamais su écrire un article de leur vie, et se permettent de critiquer les miens, mon style, sous prétexte qu'il y a des phrases sans verbe dans mes textes. Ils en sont restés à un style d'écriture informatique, d'orthographe gérée par ordinateur, c'est dire !

Janvier (9). Ma situation se régularise. Plus de peur que de mal, mais je sais qu'il faudra que je reste sur mes gardes, que je dois faire attention à ce que je dis, car tous mes propos seront déformés, comme une star avec les tabloïds.
Je contacte une personne du ministère pour m'aider à trouver un poste pour la semaine prochaine. Où donc vais-je atterrir ? Et dormir ? Je téléphone à Stef, pour lui redire encore tout ça. Elle vient pour mon anniversaire, que je vais quand même fêter avec ceux qui voudront venir au squat.

Janvier (11). Pour mes 22 ans, on me fait un beau cadeau. En effet, on m'a trouvé un poste. Le plus fort est que c'est dans une structure que j'avais déjà contactée, à avoir l'Université de Bourgogne, le 28 juin dernier ! Que de temps perdu ! Dire qu'ils m'avaient dit à l'époque qu'ils ne prenaient pas de personnes dans mon cas… de conscience ! J'ai au téléphone ma future chef. Je lui dis bien que je n'aie jamais fait ce qu'elle compte me faire faire, mais elle me dit que ce n'est pas grave, que j'apprendrais sur le tas. J'ai appris à me méfier, avec l'expérience, des personnes qui accueillaient à bras ouverts. Mais c'est quand même un établissement sérieux et sûr. Je prends rendez-vous pour la semaine prochaine. Je logerai chez Stef et Val. Le destin est ainsi fait. Je retourne pour au moins deux ans à Dijon. Ca va devenir ma seconde ville.

Janvier (12). Mon cours d'anglais d'aujourd'hui est peut-être le dernier. Car si je retourne à Dijon, je ne pourrais être là en semaine. Idem pour l'informatique, dont j'ai finalement bien fait de m'y intéresser. J'ai reçu deux lettres pour mon anniversaire : les N. Malgré tout, elles ne m'oublient pas. Une simple carte postale de l'une, mais qui fait plaisir. Mon ancien amour m'envoie, elle, une grande carte d'anniversaire humoristique. Elle s'excuse pour le retard d'un jour… Tellement elle, tellement imprévisible. Sitôt oubliée, sitôt de retour dans mes pensées.

Janvier (13). J'ai rendez-vous avec une artiste peintre, et comtesse, pour un petit article dans le journal. Elle m'accueille dans son château. Un havre de paix, surtout en ce moment. Stef ne venant que demain, je peux encore me rendre au cours d'informatique. Je prépare les festivités de demain. Il y aura Stef, Steffy, Pierrette. Elles vont enfin se rencontrer.

Janvier (14). Stef arrive en début d'après-midi. Le temps ressemble à un temps de 11 novembre. La chapelle qui se trouve en face de ma maison est ouverte. C'est exceptionnel puisqu'elle est fermée depuis des années, en attendant sa restauration. Alors, avec Stef, nous rentrons à l'intérieur. Et je tombe sur la comtesse. Toute contente de me voir, et de voir que je m'intéresse à l'architecture d'une église. Disons que je viens en voisin, et que je voulais savoir à quoi ressemblait l'intérieur. Mon anniversaire avec la bande se passe bien. Le réveillon est loin.

Janvier (15). Je repars en voiture à Dijon, avec Stef, puisque je dois dormir chez elle. Je pense même rester toute la semaine et la ramener vendredi chez ses parents. Le temps est affreux. J'ai le ventre barbouillé par tout ce qui a été bu hier soir, mais je peux conduire sans risque.
Arrivé chez elle, nous déposons nos affaires rapidement car nous sommes attendus pour continuer la soirée. Nous allons chez les deux amis qu'elle m'avait présenté à l'automne. Nous allons en boite, la boite des soirées étudiantes de mon ancienne section. Sauf que le dimanche, c'est soirée homo. En fait, et sinon je n'irai pas, ils acceptent tout le monde : homo, hétéro, bi. Le bilan de la soirée est riche. Mais de tout ce que j'ai vu, il y a sûrement des choses pas très sérieuses. Mes jumelles se roulant des pelles. Je ne pense pas que cela aille beaucoup plus loin. Apparemment j'ai eu un ticket avec un petit beur. Il avait l'air très sympa, mais ce n'est pas mon style de femme. Puis Nat se colle à une autre fille. Elle s'appelle Séverine. La musique ne me pousse pas sur la piste, puisque c'est que de la house. Alors on me pousse. Et me voilà pris au piège, avec tout juste un malheureux gin dans la tête. Et puis Séverine me rejoint, et puis on s'embrasse jusqu'à ce que la musique s'arrête. Après…

Janvier (16). Je commence fort mon retour à Dijon. Mais la fille d'hier soir a trop de différence avec moi... Je ne ferais pas ma vie avec. Pas trop le temps de philosopher. Visite médicale à 9 heures, puis à 11 heures, je découvre mon nouvel environnement de travail, ma chef. Éric, mon copain de l'été dernier la connaît car il travaillait avant moi ici. Tout ce passe bien, je remplis des tonnes de papiers. Je vois des tonnes de secrétaires. Je dois repasser demain. Il faut bien reconnaître que je m'ennuie reste de la journée. Il pleut.

Janvier (17). Je retourne à mon nouveau lieu de travail. Bonne nouvelle, puisqu'ils ne veulent pas de moi avant le 30 janvier. Ce qui me laisse de la marge pour trouver un studio. Je reste sur le campus pour chercher des annonces. Le reste de la journée est consacré à la visite de Dijon, de mes souvenirs. Mais cela devient morne.

Janvier (18). J'ai trouvé à la fac une annonce pour une chambre. J'ai rendez-vous demain à 18 heures pour visiter et pour donner sûrement ma réponse. Je n'ai pas envie de passer la semaine à visiter des appartements. Et puis, je ne suis pas difficile. Ma chance est qu'en cette période de l'année, très peu de demandes. Donc pour un propriétaire qui se retrouve avec un logement vide, un éventuel locataire est ressenti comme le messie.
Je retrouve mon grand ami Geronimo, qui est maintenant en fac. Je vais mater le match de ce soir chez lui. Il vit avec d'autres anciens du lycée dans un petit F2, superbe, sous les toits. Le match, Pays-Bas - France, n'est pas très top, bien que la France gagne. Je n'aime pas trop le nouvel entraîneur. Il n'aime pas les têtes qui dépassent (Cantona, Ginola…). Moi, j'adore…

Janvier (19). 18 heures, je découvre mon futur chez moi. Le hic, c'est que ce n'est pas libre avant le 1er février, et que moi je commence le 30 janvier. Mais le prix est très attractif en raison du peu de demande. La propriétaire vit seule, divorcée. Enseignante. Tout de suite, je lui donne un avis favorable. Un souci de moins.

Janvier (20). Il est temps que la semaine à Dijon se termine car une tension naissait chez Stef et Val. Je me demande si je suis fait pour partager un appartement avec quelqu'un. Je suis tellement habitué à avoir mon indépendance. Je ramène Stef chez elle, et je retrouve ma bande.

Janvier (21). J'ai noté à la fac des annonces pour des groupes qui cherchaient un chanteur. Je téléphone pour prendre un premier contact. Je revois d'anciens du lycée, et j'en informe d'autres de mon retour à Dijon. J'ai une semaine de battement avant de commencer mon service. Le temps suffisant pour préparer mon déménagement.

Janvier (23). Je finis le roman de mon année de fac. Il y en a une centaine de page. Je voulais symboliquement terminer avant d'ouvrir un nouveau chapitre dijonnais. J'ai trouvé un petit hôtel pour dimanche et lundi soir.

Janvier (27). Pour terminer en beauté mes longues vacances, je suis invité par Wittmer pour la journée de rencontre avec les anciens élèves, bien que je ne sois pas un modèle de réussite... L'occasion de revoir beaucoup d'anciens, perdus de vue.

Janvier (29). Hier soir, grosse fête au local et à la boite, pour mon dernier week-end avant le début de mon service. Pierrette vient me couper les cheveux. Il faut que je sois beau pour mes débuts demain. J'ai fait mon sac. Je prends le train car on me paye le voyage. Donc, j'amène un minimum d'affaires pour la semaine. Je suis le soir à Dijon, où je descends dans un modeste hôtel. Sans télévision mais avec la radio. Il y a eu un meurtre dans un stade à Gênes.

Janvier (30). Je dois remplir des papiers avant d'aller au campus. Je n'ai presque plus d'argent. Je mange peu. Je suis à l'arrache. Je n'ai pas encore commencé mon travail. Je suis resté une partie de l'après-midi dans ma chambre, à lire.

Janvier (31). Je me lève tôt. Je dépose mes affaires dans mon nouveau logement. Je vais une dernière fois dans les bureaux de l'administration. A 11h30, je me présente sur mon lieu de travail. Enfin, je vais pouvoir commencer, enfin après manger, à 13 heures. A 19 heures, j'ai une fin de loup, et je retrouve mes copains de lycée puis de fac au restaurant universitaire. Je rentre enfin chez moi, et je n'ai pas besoin de beaucoup de temps pour m'endormir. Je n'ai pas pu amener la télévision.

Février (1er). Je débute à 9 heures. Je prends le rythme. Je prends mes repères. Je rencontre des gens.
Je téléphone à Stef pour lui dire où j'en suis. Je vais manger le soir chez Éric et Patricia.

Février (3). J'ai négocié mon emploi du temps. Je dois faire 35 heures, peu importe le nombre de jours que je mets pour atteindre cet objectif. Je commence le lundi à 13 heures et je finis le vendredi à 12 heures. Cela ne me dérange pas de faire des journées de dix heures. C'est bien la modulation. Je peux donc prendre le train de 12h30, et être chez moi à 15 heures.

Février (4). Mon week-end s'annonce bien avec un Angleterre - France pour le compte du tournoi des cinq nations. Je raconte ma première semaine de travail à ma bande et on finit à la boite.

Février (5). J'ai une liste importante de choses à emmener dans mon nouveau logement. Télévision, antenne, multiprise, oreillers, draps, couverture, cafetière, coca, thé, croissant, couverts, etc. Je viens en voiture et j'en mets un maximum. Je fais des stocks.

Février (6). Je m'installe vraiment dans ma chambre. J'aménage. J'ai une colocataire, en quelque sorte, car ma propriétaire loue au même niveau que le mien, une autre chambre. Elle s'appelle Sophie, étudie la biologie. Nous partageons la salle d'eau. Elle est originaire de Seine-et-Marne.

Février (7). Alors que cela ne fait qu'une semaine que je travaille, il y a déjà un mouvement de grève. Je me retrouve donc au chômage technique. A 9 heures sur le parvis de la fac de lettre, et à 10 heures 30 devant le rectorat. J'en profite pour préparer une annonce à passer dans la fac, pour enfin trouver des musiciens. Je passe aux Galeries Lafayette, acheter une carte postale pour Joanna.

Février (8). Il fallait que j'aille voir la secrétaire en chef pour mes remboursements de billets de train. Journée chargée, car après le taf, il y a un concert, le premier vrai concert de pop rock à Dijon, depuis que le monde existe. Dès le travail fini, je file par le premier bus au forum d'un grand disquaire, où Shed 7 est présent. Ce groupe que j'avais déjà vu en novembre à Lyon. Ils doivent discuter avec le public. J'arrive alors que la petite salle est pleine. Je me retrouve au fonds. Debout. Mais je les vois de plus près qu'à Lyon et dans un autre contexte. A la fin de la rencontre, je parviens, je ne sais par quel miracle à prendre une affiche collée au mur, de la tournée. Comment se fait-il que beaucoup d'autres n'y ont pas pensés ? Cent personnes, trois affiches ? Je garde la forme. Je fais dédicacer l'affiche. Seul le chanteur est absent. Le concert est génial. Je suis au premier rang, la salle est pleine. C'est la boite où il y a les soirées gaies du dimanche soir. Décidément, il s'en passe des choses en ces lieux. En première partie, Dogdy, groupe cool.
J'ai la bonne surprise de trouver une lettre de Steffy en rentrant dans ma chambre. J'ai communiqué ma nouvelle adresse à toutes mes copines, en prenant le soin de ne pas la dévoiler à certaines. Qu'est-ce qu'elle dit Steffy ? Qu'elle ne s'habitue pas encore à la vie infernale de Lyon ! Elle vient le 11 à la boite.

Février (10). Mes vendredis vont se ressembler, mes week-ends aussi. Gare, course, association, copines, bande, boite, gare. J'ai commencé à taper mon livre sur ordinateur.

Février (11). Le journal est enfin sorti. Réunion avec le cinéma pour voir ce que l'on peut faire avec eux, pour préparer la conférence. Pierrette et Steffy sont descendues au bled, nous allons au bar, voir ma bande, puis à la boite. Et puis il a fallut que je sorte avec une fille, la sœur d'un copain. Impossible de m'en débarrasser. Il y avait deux copines avec elle. Bien sûr celle que je voulais ne voulait pas.

Février (12). J'emmène encore un peu d'affaires supplémentaire dans mon sac. Je prends le train le dimanche soir, comme quand j'étais à la fac, de l'autre côté de la barrière. Mais plus les années passent, plus le train part de bonne heure bien qu'il arrive toujours à la même heure à Dijon !

Février (14). La Saint Valentin, c'est bien quand on est deux. Tout seul dans une ville bourgeoise comme Dijon, c'est l'horreur. En plus, niveau pesetas, je suis à la limite du hors-jeu. J'ai écris de nouvelle mouture de textes.

Février (15). Je dois assister à une conférence de 14h30 à 16h. Déjà un mois de fait (en ayant bénéficié de 15 jours de permissions !).

Février (16). Nouvelle lettre de Steffy, pour finir ma journée. Ma dernière nuit de la semaine à Dijon. Une lettre aussi de Sonia, une amie de Steffy, et qui l'amie de l'amie d'un ami. Steffy me donne son avis à propos du journal de l'association. Elle me dit qu'elle doit passer la soirée de ce soir avec Pierrette. Sonia, elle, me parle de ses journées en semaine. Elle a trouvé un boulot, c'est bien là l'essentiel. Elle me parle de ma conquête de samedi à la boite. Elle se demande pourquoi, moi qui suis si mignon, ne trouve pas une régulière. Et puis elle raconte notre rencontre, comment elle a connu les membres de la bande, Steffy, à qui elle a piqué un copain, membre de ma bande. Elle est sympa, Sonia. Elle a besoin d'amour, et je ne suis pas sûr que son copain du moment l'a vraiment senti.

Février (18). Deux bals de suite dans le même village. Tout ça s'annonce chaud et humide. Le premier, se déroulait bien. On avait pris une bonne charge avant. On fait n'importe quoi dans la salle de bal, certains coups de poing dans la gueule se sont égarés. Et puis on a voulu finir à la boite, vers 3 heures. C'est là qu'on a appris que Nando, notre illustrateur du journal, avait eu un accident. Sa copine était avec Sonia, à l'entrée de la boite, en pleure. Nous, nous étions raides. Nous sommes vite redescendus.

Février (19). On prend des nouvelles de l'état de santé de Nando.

Février (20). Je vais voir Stef pour lui donner les dernières nouvelles de Nando. Ils ont maintenant un gros point commun : leur accident.

Février (24). Rien d'exceptionnel à citer pour cette semaine à Dijon qui se termine. Ce soir, il y a bien le bal de mon Wittmer, mais je ne sens plus les ondes pour m'y attirer. Je préfère prendre des nouvelles de Nando, et des filles de Roanne. D'ailleurs, j'ai une lettre de l'une d'entre elle, Sonia, qui m'explique la soirée catastrophique de samedi dernier. Dimanche, c'est la conférence que nous organisons, avec Seznec (le petit-fils, bien sûr).

Février (25). Grosse journée : aller voir la comtesse, téléphoner aux musiciens, préparer l'énorme journée de demain. Et le soir, le même bal que la semaine dernière. Je bois, nous buvons tous autant. Pourtant, demain je dois me lever de bonne heure pour aller chercher Seznec à la gare T.G.V. avec Eric F.

Février (26). Debout après une trop courte nuit, ce n'est pas raisonnable. La route est dure. Nous faisons une émission de radio le matin. Puis restaurant, sans moi. Débat à la salle du cinéma. Un petit succès, normal vu la promotion. Notre prochaine manifestation sera une soirée en hommage à Kurt Cobain. J'ai eu l'idée, et surtout la chance qu'elle soit acceptée par le polit bureau. Le 7 ou 8 avril, à la boite.

Février (28). Lettre de Steffy. Son oncle lui a dit pour la soirée Kurt Cobain. Elle m'invite le 11 mars à son anniversaire. Elle aborde aussi divers petits problèmes existentiels.

Mars (8). Deux lettres de Sonia cette semaine. Elle déprime parce que sa copine ne l'a pas prévenu qu'elle venait à la conférence dimanche. Elle voit que je suis le seul qui pense à elle. Elle me raconte dans la seconde lettre, sa soirée de vendredi. Toutes les filles que j'ai rencontrées depuis un an demande Oasis au disc-jockey !

Mars (11). Anniversaire de Steffy chez ma bande et au Mamba. Elle a trop bu. Elle a pété un peu les plombs. Elle a pleuré. Elle m'a présenté à une copine, Diana, ravissante blonde de son âge. Colombienne. Elle m'a aussi présenté sa mère et sa tante.

Mars (13). J'ai un rendez-vous avec une étudiante anglaise. Pour corriger mes textes de chansons. C'est la voisine d'une amie. Elle loge dans une chambre universitaire, sur le campus. Felicity qu'elle s'appelle ! Ses dessins sur le mur de sa chambre sont explicites quant à sa virginité. Je lui laisse un jeu de textes.

Mars (16). Après le boulot, je vais dans un magasin de bière et whisky d'import. Je prends quelques exemplaires pour ma bande.
Lettre de Steffy qui revient sur sa performance de samedi. Sa mère m'a trouvé mignon, Diana m'imaginait grand et blond (sic!). Sa mère a dit que je pouvais venir quand je voulais à la maison. Elle me rappelle que je lui ai prêté ma chaîne en or ! J'avais oublié ça ! C'est pour que son opération se passe mieux. Moins drôle en effet, elle doit se faire opérer. Pas tout de suite parce qu'elle a un virus. La soirée du 7 avril l'intrigue. Bringue en vue samedi avec elle, Pierrette, Sonia. Par contre, le concert des Stone Roses à Lyon, je ne sais pas si je pourrais m'y rendre.

Mars (17). Sitôt arrivé chez moi, je dois repartir à 18 heures pour un rendez-vous avec le député de l'arrondissement. On lui demande des sous pour notre association. Il s'abonne au journal. Si j'ai du abandonner mes cours d'anglais, je vais de temps en temps, quand je ne suis pas trop crevé du voyage, au club informatique. J'ai de nouveaux articles à taper, pour le prochain numéro du journal. Fin de soirée au Road House, le second squat de la cité.

Mars (18). Je vais chercher Pierrette à son salon, puis, nous allons voir Steffy à la clinique. Encore une soirée chez ma bande et à la boite.

Mars (21). Je découvre en rentrant le soir chez moi, les malheurs de Sophie, ma colocataire. Elle m'attendait, et a frappé à ma porte. Elle avait besoin de parler à quelqu'un. Elle ne savait plus trop où elle en était avec les garçons. J'ai fais ce que j'ai pu.

Mars (24). Nous sommes invités avec des membres de l'association à Radio Cactus pour parler de la soirée Kurt Cobain du 7 avril. Les animateurs sont super sympas. Et puis nous avons un peu dératisé autour de nous, enlevé les ondes négatives. Le week-end est marqué par le retour parmi nous de Nando.

Mars (25). Grosse fête pour le retour de Nando. J'étais défoncé au Mamba, mais pas trop quand même. J'ai rencontré ce soir une copine de Sonia. Elle s'appelle Silvia. C'est une brune lycéenne de Roanne. Je lui ai raconté des trucs insensés, du délire. Il y a longtemps que je ne mettais pas mis à draguer, à me la raconter de cette manière, avec cette intensité. Sonia m'a déposé à 6 heures du matin, devant ma porte, et avec Silvia, nous nous sommes dit au revoir avec des sourires qui en disent long.

Mars (27). Je retrouve Felicity. Je crois que ce n'est pas avec elle que je vais avancer pour ce qui est des corrections de textes, du moins. Elle me parle d'une amie à elle, qui est de Manchester, qui supporte Manchester United, qui aime Cantona et Oasis. Là oui, il faut qu'on se rencontre ! J'envoie mon poisson d'avril à Lulu et aux autres, une carte postale, acheté au Comptoir irlandais, mais avec le caché de la poste de Cork. J'ai préparé mon affaire depuis quelque temps, en mentant à tout le monde en disant que je partais quelques jours en Irlande.

Mars (28). Lettre de Steffy. Elle ne sait pas si, elle pourra venir le 7, son opération étant encore fraîche. Elle serait très déçue, vu comme elle aime Nirvana …

Mars (31). J'ai eu un rendez-vous hier au bar à l'angle des facs, l'Acropole, avec un guitariste. Sylvain. Fan de Johnny. Vraiment pour voir, on ne sait jamais. Je vais réfléchir. Lettre de Sonia. Je vais voir Pierrette.

Avril (1er). Nous allons chez l'imprimeur pour étudier le second numéro de notre journal. Il y a bien des modifications à apporter. Bal, l'un des plus réputés du secteur. Et boite. Où je console une Sonia en larmes, à cause de son chéri. Elle me dit des choses inavouables. Même à mon journal.

Avril (4). Second rendez-vous hier soir à 19h30 avec Sylvain, à l'Acropole. Je ne l'ai encore pas vu à l'œuvre. Mais je crois que je n'irai pas plus loin que ce soir. Nous avons trop de différences.
Je suis allé chez "ma" secrétaire pour les remboursements de train et, surtout, poser mes premiers congés. Elle est toujours aussi agréable. Comme une porte de prison ou la semelle de mes chaussures ! Nouveau rendez-vous à l'Acropole. Mais cette fois, c'est avec des Anglaises : Felicity, Melissa, Stephy, Caroline. Et Nicholas. C'est un prénom de fille en Grande-Bretagne. C'est une petite rouquine. Nous parlons foot et rock.

Avril (5). Dernier rendez-vous avec Sylvain. Je lui rends le disque des Pixies qu'il m'a passé et que j'ai enregistré. Soir de match : Paris contre le Milan. Cela sent l'enculade à plein nez.

Avril (6). J'avais bien raison, encore une fois. Paris s'est bien fait mettre hier. C'est toujours comme ça avec les Italiens. Ca triche, ça vole, ça discute, ça énerve. Ca paye aussi les arbitres avec des montres en or, minous en or.
Lettre, très attendue de Sonia. Où elle revient sur la soirée de samedi, et parle de vendredi et samedi.

Avril (7). C'est le grand jour de la soirée Kurt Cobain. J'ai le temps d'acheter un dernier disque avant de prendre le train. J'ai aussi le temps d'acheter des baskets avant d'aller au Mamba. Jamais je n'y étais allé si tôt, à 17 heures.
Nous avons fait un petit monde : une cinquantaine d'entrées. Mais ce n'est pas une surprise, vu que la publicité était interdite par les ayatollahs d'Onan. Nous avons même été obligés par la directrice de l'établissement, à passer de la musique commerciale, comme celle des autres semaines, pour les clients habituels.

Avril (8). Journée hommage à Kurt Cobain. Un an déjà. Je me souviens. Dorénavant, tous les 8 avril seront des journées de recueillement. Enfin, pas totalement consacrée à copain Cobain. En effet j'avais rendez-vous le soir au Mamba avec Steffy, Sonia et Silvia. Je sors plus tôt que d'habitude de chez ma bande. Oliver m'accompagne à la boite. Nous passons par le bois. Arrivés à la boite, nous trouvons tout de suite les filles. Nous discutons à une table vers le bar. Puis, naturellement, je m'en vais avec Silvia dans la salle, pour s'asseoir dans des fauteuils, pour continuer de façon plus intime. Comme je suis très fatigué par le stress accumulé (semaine de travail, vie en ville, soirée d'hier), je lui demande si je peux poser ma tête sur ses genoux. Et puis soudain je l'embrasse. Le reste de la soirée fut consacré à cette occupation. C'est la première relation sérieuse depuis N. Presque deux ans jour pour jour. Des deux côtés, il y a un sentiment d'amour, au minimum.

Avril (9). Est-ce que je vais mettre beaucoup de temps pour écrire des textes, poèmes ou chansons ?

Avril (10). Je retourne au boulot le cœur léger. Je téléphone à Sylvain pour lui dire que je ne veux pas travailler avec lui. J'écris ma première lettre à Silvia.

Avril (11). Je mange à midi avec Carine, l'ancienne du lycée, Je vais voir Nicholas. Bien évidemment, je n'y vais pas avec les mêmes prédispositions que lorsque je l'ai rencontré la semaine dernière. Là, j'y vais sans aucunes arrière-pensées. Elle me fait voir des photos de chez elle. Elle a des tickets de matchs de Manchester United accrochés au mur. Elle me donne les paroles de Live forever, d'Oasis. J'ai une version acoustique que je lui fais écouter.

Avril (12). Journée portes ouvertes à l'université. Deux ans déjà. Oui mais cette année c'est différent. Il y a an, je loupais l'occasion de m'intéresser à Nat. Je retourne chez Nicholas. Je crois qu'elle non plus, n'est pas la bonne personne pour corriger mes textes. Je vais donc mettre les Anglaises de côté, pour l'instant. De toute façon, dans deux mois elles seront toutes parties. Je pose des annonces pour trouver un groupe. Et puis, il y a un type bizarre qui a débarqué, je ne sais d'où, au laboratoire. Un scénariste à l'accent anglais. Il fallait lui scanner un de ses textes. Une histoire de centrale nucléaire, qui se passe dans l'Est de l'Europe.

Avril (14). J'ai été invité à manger chez Stef et Val hier soir. Je leur ai donné les dernières nouvelles et il y en avait. Sitôt rentré, je fais le tour des commerçants que je connais bien, pour leur demander s'ils veulent bien être annonceur dans le prochain numéro du journal. Le budget est presque bouclé. Je m'achète encore de nouvelles chaussures.
Je téléphone à Silvia. Je la vois demain.

Avril (15). Encore un tour à l'imprimerie. Puis, à 16h30, je retrouve ma chérie dans un café du centre de Roanne. Le début du week-end de Pâques s'annonce bien. Je suis parti en car, mais c'est en voiture (de Sonia), avec Steffy, que nous devons revenir à LC le soir. Nous avons acheté quelques cartouches (gin, vodka) pour bien démarrer, au quart de tour. Nous allons au bout de lac pour être tranquille. Je m'éclipse un peu avec Silvia. Pas de bande ce soir. Nous allons directement au Mamba.

Avril (19). J'avais beaucoup de personnes à voir ces deux derniers jours. Juste comme ça, pour prendre des nouvelles. J'ai beaucoup téléphoné ou écris à ma dulcinée.
Lettre de Steffy, la première depuis que je suis avec Silvia : elle a apprécié que dans ma dernière lettre, je lui aie dit franchement qu'il fallait que cela reste une amitié entre nous. Surtout maintenant ! Elle se demande seulement pourquoi je l'ai déçu.
Ah ! J'ai aussi une lettre de ma chérie. C'est la première. Déjà, elle préfère m'appeler mon chéri. A part penser à moi, elle travaille beaucoup ses cours, car à la fin de l'année, elle a le bac. Le bac blanc arrive encore plus vite. Sinon, rien de spécial à raconter. Elle devrait venir à la boite samedi. Elle trouve bien mes articles dans le journal, mais peut-elle être objective ? Elle a pris son coussin en soie et l'a embrassé en pensant encore à moi. Bisous, bisous, bisous …

Avril (22). Je retrouve ma chérie. Je passe la soirée avec elle et ses copines, mes copines. Dans la nature, dans un bar et à la boite.

Avril (27). Lettre de Silvia. Elle commence toujours ses lettres par me demander si tout va bien. Elle a la grippe. Elle s'endort avec ma voix grâce à la cassette d'une émission radio, que je lui ai filé. Demain, elle va filmer du sport au lycée. Elle n'est pas sûre de pouvoir venir ce week-end à la boite.

Avril (29). Je vais voir Silvia à Roanne. Chez ses parents. Elle me présente à toute sa famille.

Mai (1er). Pour ce pont du 1er mai, je n'aurais fait que des aller-retour entre ma maison et celle de Silvia. Ah le joli moi de mai ! Je ne rentre à Dijon que demain. Cela fait du bien de faire un break, surtout dans cet environnement.

Mai (4). Il ne se passe rien à Dijon. Rien à signaler. Si, j'ai écris des "chansons" sur ma relation avec Silvia. J'attends de revoir Silvia. D'ailleurs, une lettre de ma chérie. Elle m'écrit depuis son cours d'espagnol ! Elle va encore aller filmer. Elle aime aller se balader le soir.

Mai (6). Marseille contre Gueugnon, au Vélodrome. "Chiche" que j'avais marqué sur mon agenda. Je n'ai, ni le courage, ni les moyens de relever un tel pari. Un samedi désormais classique : chez Silvia, puis soirée à la boite. Toutefois, je l'emmène chez ma bande. Il faut éviter l'erreur de se couper des ses potes. Nous sortons de la boite à 6 heures, le jour se lève, les oiseaux chantent. Il fait beau. Nous tenons à deux dans mon blouson.

Mai (9). Je suis retourné hier chez Silvia. Elle me fait découvrir un parc sympa. Finalement, je ne vais pas au concert des Stone Roses à Lyon ce soir.

Mai (10). Pas non plus de concert de Drugstore à Dijon. Je me concentre sur mes textes et sur ma chérie qui me manque énormément la semaine. Mais j'ai tant de choses à faire que cette semaine va quand même passer vite. Finale de la C2, Arsenal loupe l'occasion de la remporter pour la seconde année de suite, à cause d'un but incroyable, marqué par un ancien joueur de Tottenham. Un signe.

Mai (11). Lettre de Silvia. Elle a beaucoup de devoirs à faire. Elle met le blouson que je lui ai prêté. Moi je fais de même avec un des siens.

Mai (12). Je rentre chez moi, il fait un temps maussade. Il pleut. Je vais chez le coiffeur. Je suis de bonne humeur. Je suis invité à manger chez Silvia, avec sa famille.

Mai (13). Samedi habituel. Je peux me permettre d'aller tous les week-ends à Roanne, j'ai pris de l'avance dans mes articles. Depuis que je suis avec Silvia, j'ai gagné le respect de certain.

Mai (19). J'achète un disque à la demande de Lucien, I should coco de Supergrass. Je rentre. Je téléphone à Silvia, à Steffy, que je n'oublie pas pour autant. J'achète du champagne pour demain soir. J'ai une envie de champagne. Je vais à l'imprimerie pour finaliser le second numéro du journal. J'ai une lettre de ma chérie. Elle devait travailler cet été à la Poste. Elle n'est finalement pas prise. C'est mauvais pour mes affaires parce que du coup elle va partir au Portugal tout l'été. Il faudra que je la fasse réciter ses cours au début du mois prochain.

Mai (20). Finale de la Coupe d'Angleterre. On me l'enregistre car je ne peux pas manquer d'aller chercher Silvia. Pour une soirée normale.

Mai (24). C'est le pont de l'Ascension, je rentre dès ce soir chez moi.

Mai (28). J'ai passé le week-end entièrement avec ma chérie. J'ai commencé à la faire travailler. Hélas, je trouve qu'elle parle trop de son Portugal. J'ai la lourde impression que son pays compte plus que moi. Ca gâche un peu notre relation. Je suis resté manger chez elle le soir. Ses parents m'ont guère laissé le choix. Je ne vais pas me plaindre non plus. J'ai eu beaucoup de mal à m'endormir car j'ai eu la mauvaise idée de prendre un café avant de prendre la route pour aller chez moi. Peur de m'endormir, alors. En plus, il a fait un orage pas possible.

Mai (31). Journée historique. Non pas par la soirée de la section où j'aurais du me rendre. D'ailleurs, on m'en fera le reproche demain au boulot. Non, historique parce que le FC Gueugnon a gagné le dernier match de la saison, et par la même, le droit d'évoluer l'an prochain en DI.

Juin (1er). Je me lève le cœur encore plus léger que d'habitude. Mon équipe va jouer parmi l'élite l'an prochain. Et une nouvelle lettre de Silvia. Où elle me demande de venir plus tôt dimanche, elle enregistre les albums de rock que je lui passe, et attend avec impatiente le week-end prochain pour qu'on se matte des films que j'aurais apportés.

Juin (5). J'ai de la chance avec tous ces ponts, je peux passer plus de temps avec mon amour. Enfin, je la fais beaucoup réviser. Silvia me dit qu'elle doit partir au Portugal le 27 juin. J'irai bien y faire un tour avec Nando et d'autres.

Juin (8). J'ai des contacts avec Oliver qui m'annonce que le journal devrait paraître samedi. Je vais acheter des loukoums pour Silvia et sa famille. J'ai une lettre de Silvia. Elle m'annonce qu'elle va au coiffeur demain (aujourd'hui), pour se faire couper les cheveux. Je veux dire par "couper les cheveux" qu'elle aura une coupe au carré au lieu de ses cheveux longs et fins. Ca va me changer. Ces lettres sont de plus en plus courtes. Comme convenu, je lui téléphone à 21h30. Elle me confirme qu'elle doit aller avec Sonia à un mariage samedi.

Juin (9). Avec Oliver, nous allons chercher nos journaux à l'imprimerie, à 18 heures. Moment d'excitation comme pour un enfant le soir de Noël. Le résultat est satisfaisant. Je vais au club informatique, pour la première fois depuis des lustres. Le temps de téléphoner à ma dulcinée, le soir au siège de l'association, nous distribuons notre "trésor".

Juin (10). Privé de Silvia pour cause de mariage, je vais quand même à la boite, mais c'est nettement moins bien sans elle, dans les fauteuils. Je décide d'aller au festival de Belfort avec Lucien. Il y a Oasis, Supergrass, etc.

Juin (11). Je retrouve ma chérie avec Sonia. Elle me raconte sa soirée d'hier sans moi.

Juin (13). Lettre de Steffy. Elle me demande ce que je fais pour la fête de la musique. Comme c'est un mercredi, je n'ai guère le choix, je reste à Dijon. Elle m'annonce qu'il y a une soirée mousse à la boite le 17 juin. Ah ! Les soirées mousses, j'en garde de très bons souvenirs : on finit torse nu ou en caleçon, ça lave les baskets et les gourmettes. On s'y amuse comme des fous. Elle me raconte ses virés en boite à Lyon et à Roanne. Elle me dit qu'il y a un nouveau disc-jockey à la boite, un noir. A voir.

Juin (15). Je mange le soir chez Stef. Lettre de Silvia. La lettre est encore plus courte que la dernière, plus vide encore. Elle ne date plus ses lettres. J'ai pas mal de chose de prévu pour l'été. Le 14 juillet, nous ferons un stand avec l'association, pour la brocante.

Juin (17). Je vais voir ma chérie. Elle ne peut plus venir à la boite en raison de la proximité du bac. Qu'il semble déjà loin le temps où j'ai rencontré Silvia ! Mais je vais quand même à la boite, après avoir été chez ma bande, et dîner chez mon amour. Je retrouve Sonia et Steffy à la boite.

Juin (18). Je dîne à midi chez Silvia. J'offre une bouteille de vin à son père, qui m'offre lui, une bouteille de Porto.

Juin (21). Fête de la musique. Je mange chez Lolo. Puis, comme c'est un musicien, nous faisons un tour dans les rues, pour voir les groupes amateurs. Bien nous en pris. Nous tombons sur un groupe qui n'a pas de chanteur et qui en cherche un. Nous échangeons nos numéros de téléphone. Balade du soir, espoir ?

Juin (22). Lettre de Silvia et lettre de Sonia. Ma chérie dit de ne pas me prendre la tête si je ne peux pas venir la voir vendredi. En effet, je dois aller à la radio avec mes potes pour parler du dernier numéro du journal. J'irai plutôt samedi pour ne rien changer à mes habitudes. Elle révise de plus en plus. J'ai l'impression que c'est moi qui révise. Elle me dit que ces deux mois d'été de séparation lui permettront de faire le point sur notre relation. Je crois qu'elle a bien raison. Si vraiment elle aime son pays, qu'elle veut y vivre, je dois me poser la question de savoir si je suis prêt à la suivre.
Lettre de Sonia. Elle est beaucoup prise par son boulot. Elle se pose des questions sur sa relation avec son chéri. Elle trouve que moi et Silvia, formons un beau couple ! Elle m'invite à venir la voir pendant les vacances. Elle me dit aussi que j'ai de la chance d'être tombé sur une fille comme Silvia : une fille bien et qui en a dans la tête…

Juin (24). Émission de radio pour parler du journal hier. Ca se passe super bien, dans une super ambiance. Je suis intouchable. Grosse journée aujourd'hui. J'aide Silvia à réviser, je vais au bal, puis en boite. Pas une minute à moi.

Juin (25). J'ai une semaine de vacances pour profiter un maximum de ma chérie. Elle part après-demain. Donc je vais chez Silvia tous les jours. Elle ne sait pas si elle a le bac. Elle aura les résultats le 21 juillet, avec rattrapage en septembre, éventuellement. Je la prends en photo.

Juin (26). C'est la veille de son départ, le dernier jour avant qu'elle parte. J'en profite. Du matin au soir. Je pars le plus tard possible. En rentrant, j'écoute le premier album d'Oasis. J'ai une larme à l'œil, je me demande bien si je vais tenir ? Ca m'étonnerai que je puisse pouvoir aller la rejoindre au Portugal.

Juin (27). Je décide d'écrire une nouvelle sur Silvia. Mais je n'ai pas d'idée ! Peut-être qu'elle me servira de transition pour les délires que j'écrivais en 1991 et que je n'ai pas poursuivis ? Ca fait tout de même quatre ans. Une transition à base de téléportation.

Juin (28). Lettre de Steffy. Elle me demande si j'ai quelque chose de prévu ce week-end. Non. Elle me demande si j'ai revu Pierrette. Non. Elle me demande si j'ai des albums anciens de U2 et Cure. Oui.

Juin (29). J'écris déjà à Silvia. Nos correspondances risquent d'être espacée.

Juin (30). Je décide de refaire ma chambre. Pour changer d'horizon. Je décompte les jours me séparant du retour de Silvia. Encore57 !

Juillet (1er). Bal en plein air du foot. Je vois du monde, ça me fait du bien. Sonia a un nouveau copain.

Juillet (2). Avec Oliver, nous allons faire des photos de notre ancien collège. Il va être détruit puis reconstruit. On fait des photos parce qu'on va les mettre dans le journal.

Juillet (3). J'écris à Silvia une grande lettre pour son anniversaire, qui est le 14 juillet. Je téléphone au guitariste du groupe que j'ai contacté le soir de la fête de la musique. Je cherche des noms de groupe, pour mon éventuel groupe. J'ai une nouvelle colocataire, une brune qui fait un stage. Mais je ne la vois jamais.

Juillet (7). Je rentre excité. Je me jette sur le courrier. Une lettre du Portugal. Une carte postale de Coimbra et une lettre écrite dans le car qui l'emmène loin de moi. La carte postale est rédigée, elle, à la plage. Elle y a revu des amis, elle est allée hier au casino. Elle mange des glaces et va à la plage. Elle voudrait me serrer.
Demain je vais à Belfort avec Lucien. Il faut préparer le sac, la voiture. Je vais chez le coiffeur. Je retrouve les autres le soir. Lucien a l'envie pour continuer la soirée à la boite. Moi, je dois conduire demain.

Juillet (8). Voyage pour Belfort. Lucien dort jusqu'à mi-chemin. Nous prenons deux auto stoppeuses à Dôle. Il fait une chaleur terrible. Arrivée à Belfort, nos lâchons les deux filles. Je remets un peu de sauce dans la caisse. Histoire d'être tranquille. Nos atteignons le site du festival. Un immense camping, parking. Vu le temps se ne sera pas Woodstock. Nous rejoignons l'entrée, un kilomètre plus tard. L'aventure va pouvoir commencer.
14h45, scène B, Deus, groupe belge. Je suis bien attaqué par ce que j'ai bu, le soleil, la chaleur. Je m'allonge. Heureusement, la scène est couverte, le public aussi. 15h45, scène C, Supergrass. Le soleil est à son zénith. Pas d'ombre. Je commence à décoller de la planète Terre. Le trio d'Oxford tourne à plein régime. Je suis incapable de tenir jusqu'à la fin du set. Partir, revenir. Je tombe sur le cousin d'un pote d'enfance, que nous avons vu plusieurs fois au bal. Au milieu de 90 000 personnes ! 16h30, scène B, Edwyn Collins. Là, je suis couché par terre, à l'ombre. Je lève la tête de temps à autre, reconnaissant le morceau phare, A girl like you. Son batteur est le même que celui des Sex Pistols. 18h, scène B, Paul Weller. Je me réveille. Pas trop mal aux cheveux. 19h45, scène A, Public Enemy. J'ai retrouvé toute ma tête. C'est la première fois que je vois un "concert" de rap. Et c'est avec le plus puissant groupe. Sans plus, je ne suis pas un fan, qu'ils ne comptent pas sur moi pour souscrire à leur idéologie. 22h, scène B, Oasis. Enfin. Je deviens fou. Je fais des bras d'honneur à tour de bras. Des doigts. Encore plus intense qu'à Lyon, avec cette fois un public plus respectueux. Même scène de folie que pour les Beatles, même évanouissement de groupies. Et puis voilà, c'est fini. Nous rentrons à la tante. Je ne suis plus saoul.

Juillet (9). Je me balade le matin avec Lucien, dans les rues de Belfort. C'est une jolie ville. Puis nous repartons. Il fait toujours aussi chaud. Je raconte mon festival à Silvia, par courrier, lui communique les noms de groupes trouvés.

Juillet (10). J'écris à Stef, à Steffy, à Sonia. Je trouve un fanzine dijonnais de rock.

Juillet (11). Je contacte la personne qui fait le fanzine.

Juillet (13). Lettre de Silvia. Elle a reçu la mienne. Elle est toujours à traîner avec sa cousine qui aime Nirvana et Oasis. Oasis vient à Lisbonne le 22 juillet. Elle pense à moi souvent. Elle écoute Bon Jovi. Elle a acheté une bague, des All Stars. Elle me donne son adresse à la plage. Sa cousine me laisse un mot. Elle adorerait me connaître.
Je mets la chemise que m'a donnée Silvia. Veille de 14 juillet. Grosse bringue, avec tout le monde et deux amis de Lucien, venant de Lyon et vus au festival l'an dernier à Lyon justement. Ces deux personnages font parti de notre stand de demain à la brocante. Je retrouve mes copines à la boite. Très chaud et très tentant. Je fais la nuit blanche.

Juillet (14). Et comme je fais la nuit blanche, la séparation entre hier et aujourd'hui, n'est pas évidente. Il fait encore plus chaud que tous ces derniers jours. Physiquement, c'est très dur. Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de Silvia. Elle a 20 ans. Au stand, je joue du tambourin, d'autres de la musique.

Juillet (19). Je vois souvent Cédric, le guitariste du groupe de la fête de la musique, mais toujours pas de répétition. Sont-ils vraiment sérieux ? Le championnat de foot de D1 reprends avec Gueugnon.

Juillet (20). Rendez-vous avec les deux mecs du groupe. Discussion, puis visite de salle de répétition chez Cédric. Puis démonstration. Qu'en penser ?

Juillet (21). Je regarde les résultats du bac. Elle l'a raté. Où refera-t-elle l'an prochain ses études ? Je voudrais bien qu'elle me rejoigne à Dijon, mais ça ne lui dit rien comme climat. Je regarde les photos de Silvia, de Belfort et d'ailleurs, du collège, que j'ai fait développer. Deux lettres de Silvia. Dans la première, datée du 13 juillet, elle me conseille de prendre comme nom de groupe Microwave. Il fait hyper beau là-bas, elle est bronzée. Elle pense toujours à moi. Dans la seconde lettre, elle me dit qu'elle a retrouvé touts copains de plage de l'année dernière. Elle me dit qu'elle n'a même plus envie de retourner en France l'an prochain ! J'ai compris et je m'en doutais. Le Portugal passe avant moi. On lui a conseillé d'aller à la fac de Coimbra. Sinon, il y a des concerts à la plage. Elle s'est acheté un maillot de bain.

Juillet (22). Soirée mousse à la boite. Avec Steffy et Pierrette. Super soirée. J'oublie tout.

Juillet (27). Il y a un critérium cycliste sur l'avenue du Parc à Dijon. Ca me change. Sinon, rien.

Juillet (28). Pas de lettre de Silvia. Je sens le vent tourner. Le vent du boulet.

Juillet (29). Il y a une fête dans la maison de campagne d'un de la bande. Je noie mes dernières illusions à la boite.

Juillet (31). J'ai rendez-vous à 11 heures au fanzine. Je propose mes services pour faire des articles. J'écris maintenant dans deux publications.

Août (2). Répétitions, enfin. Pas terrible.

Août (4). Toujours pas de lettre de ma chérie. C'est fini, je pense.

Août (5). Je vais en boite à Roanne avec Pol, Sonia, son copain, Steffy. Avant, Steffy nous emmène dans un bar très gay de Roanne. Le patron est drôle. N'empêche que je m'ennuie à mourir dans la boite où les filles nous emmènent. Je confie à Sonia mes doutes sur ma relation avec Silvia.

Août (7). J'écris un article pour le journal de l'association sur le FC Gueugnon et un autre sur mon collège détruit.

Août (11). Je téléphone à Pierrette, qui d'ailleurs m'a envoyé une carte postale de vacances sur la côte. Elle rentre pour le week-end du 15 août.

Août (13). Hier nous sommes tous allés au bal. Grosse caisse. Avec Oliver, Pierrette et d'autres, nous allons ce soir à une grande fête campagnarde. C'était imprévu ce qui rends la soirée plus mémorable.

Août (14). Encore boire. Encore la boite. Coup de chaud avec Pierrette. Nous avons frôlé l'exhibition. Qu'est-ce qui nous a pris de péter les plombs ?

Août (19). Une lettre du Portugal, Silvia, et une lettre d'Italie, Steffy. Enfin, Silvia m'annonce qu'elle n'est pas, version pessimiste, ou plus, version optimiste, amoureuse de moi. Il lui a fallut deux semaine pour m'écrire. Elle veut faire ses études à Coimbra. Elle rentre le 25 ou 29 août. Steffy m'écrit de Pise. Elle souhaite que j'aille mieux.

Août (24). Je téléphone à Steffy qui est rentrée d'Italie. Je lui dis pour moi et Silvia.

Août (26). Je vais voir Silvia qui est rentrée. Nous rendons nos affaires échangées. Ca ne me fait pas trop de peine de la revoir en sachant que tout est terminé. Il n'y a pas d'effet de surprise. Je revois aussi Steffy et je ramène Pierrette.

Août (28). De retour à Dijon. J'ai fini mes textes sur Silvia. Tout ça pour ça. J'en fait un nouveau, plus sarcastique.

Août (30). Je trouve un nouveau nom de groupe, Sportswear.

Septembre (1er). Répétitions chez Cédric hier soir. Je sors les statistiques sur la boite 17 fois l'été 1993, 37 pour 1993-94, 50 fois pour 1994-95. Autre statistique, j'ai tenu quatre jours de moins avec Silvia par rapport à ma relation avec N.Je refais ma chambre, pour repartir d'un bon pied. Je vais voir l'antiquaire et ses nouveautés.
J'ai une nouvelle colocataire, une blonde qui est en fac d'anglais.

Septembre (2). Beaucoup de coups de fil à passer et de rendez-vous pour l'association. L'éditorialiste du fanzine dijonnais et aussi manager d'un groupe de sale gamin. Il m'a passé leur cassette. Je la passe au patron de la boite. Pour savoir s'il est prêt à les faire venir. Stef a emménagé dans un nouvel appartement, avec un de ses copains homo. Val a quitté Dijon pour poursuivre ses études près de chez elle. Cet appartement est bien, mais cher, la vue sur la place de la République est chouette.

Septembre (4). Depuis le début de ma feue relation avec Silvia, je retourne à Dijon par le train du lundi matin, et c'est beaucoup mieux comme ça.

Septembre (7). Beaucoup vu l'éditorialiste. Taper une nouvelle chanson, dont le titre est à modifier bien qu'il soit de circonstance, Cool to be free. De toute façon, tant qu'il n'y a pas d'albums sortis…

Septembre (9). Qu'est-ce qu'on va bien pouvoir faire ce soir ? L'après-midi est passé à glander autour du combi que des membres de la bande ont acheté. Je téléphone aux filles de Roanne, mais elles ne viennent pas. Alors, à la dernière minute, nous décidons d'aller à un festival à la campagne, à 15 kilomètres d'ici. Il y a des artistes connus, comme Katherine, Dominique A. Nous prenons le combi. C'est ça l'aventure, sur une route qui m'est inconnue, à l'arrière de la camionnette, à travers les champs, ivre. Arrivés sur place, on acquitte un modique droit d'entrée. Les gars qui organisent sont bien gentils. Des fils et filles de la bonne société lyonnaise. Dans le chapiteau, je reconnais Katherine. Je vais lui parler. J'aime bien ce qu'il fait, je lui parle de l'article que j'avais lu, il y a plusieurs mois dans un magazine, qu'il avait été objecteur, etc. Plus tard, je vais présenter l'artiste à mes potes. Puis arrive Dominique A. Bref, une super soirée, dommage qu'on soit tombé en panne d'essence en rentrant.

Septembre (14). Semaine banale : boulot, rédaction d'article, coup de fil et rendez-vous. L'automne s'approche. Je finalise les chansons écrites sur moi et Silvia. J'en suis bien content.

Septembre (16). J'aide Oliver avec son père à déménager. Il a fini son objection. Les adieux à son patron, le maire, et à ses employées sont émouvants. Tout fini par une bonne cuite avec la bande et à la boite.

Septembre (20). Mes bonnes relations dans le milieu rock et pop de Dijon me permettent de rentrer par l'autre entrée pour la petite session acoustique donnée par les Boo Radleys, chez un disquaire. Je suis au premier rang. Quelle évolution depuis le concert de Shed 7 en février ! Je leur fais signer mon agenda. Le concert est génial. En rentrant, j'écris une carte postale à Lucien. Une carte postale de Madonna (période Marilyne) entièrement nue.

Septembre (23). Je vais à l'inauguration du nouveau collège. Je n'aime pas le style d'architecture. Ils auraient du le refaire à l'identique, mais avec des matériaux plus solides. Ils ont en plus coupé les grands arbres qui étaient devant. Lamentable. Il y avait vraiment de quoi aller se saouler la gueule le soir.

Septembre (25). Oasis présente son second album à la télé. Depuis l'été, j'achète le NME. Ca me conditionne un peu trop.

Septembre (27). Je trouve un nouveau nom de groupe : Casino. Même si en italien cela veut dire "bordel".

Septembre (28). Mes activités dans les deux publications me prennent de plus en plus de temps. Lettre de Steffy. Elle me donne son calendrier de cours à Lyon. Elle a fait lire notre journal à sa prof de français. Elle me demande si je vais au festival à Lyon, comme l'an dernier. Nous n'avons plus de nouvelles de Sonia. Maintenant qu'elle a trouvé le bon copain… Pas surprenant. Sinon, elle pense aller en Angleterre après ses examens.

Octobre (1er). Canto is back. Après sa suspension depuis le 1er mars.

Octobre (2). Sortie du second album d'Oasis. Je cours me le procurer. J'ai un nouveau collègue de travail, Thierry, qui est chanteur dans un groupe. Oublié de signaler que depuis janvier, j'ai encore un autre nouveau collègue, Lilian. Maintenant, je connais presque tout le petit monde du milieu pop et rock de Dijon.

Octobre (5). Dans le cadre de mon travail, j'œuvre depuis des semaines à un colloque qui a lieu aujourd'hui et demain. C'est un soulagement pour beaucoup de monde. Je vais voir la secrétaire pour mes remboursements de train, et poser des jours de congés pour la Toussaint.

Octobre (6). Fin du colloque. Lettre de Steffy. Retour sur la dernière soirée à la boite.

Octobre (7). Week-end classique, bande et boite.

Octobre (10). Encore une grève !

Octobre (11). Miossec joue à la salle de spectacle du campus. Je n'y vais pas, pour raison financière principalement.

Octobre (13). Bande, bar et boite avec mes potes et mes copines.

Octobre (19). L'éditorialiste me raconte le repas d'avant concert de Miossec. Qui était paraît-il détestable ! Je vais chez un disquaire pour voir les prix des billets pour les concerts de Radiohead, Dodgy, Dominique A et Pulp. Ca bouge pas mal au niveau des concerts à Dijon ! J'achète à la gare le NME et je prends mon billet de train.

Octobre (20). Lettre d'Italie de Stef. Une carte postale écrite en tourbillon. En français, encore heureux. Elle est en Italie pour l'après-midi, étant en cure en Savoie. Elle retourne sur Dijon dimanche après-demain. Elle me demande si ça a repris avec Silvia !
Je vais faire une émission de radio pour parler de notre journal, avec mes potes.

Octobre (21). Je vais manger chez Steffy. Puis, je l'emmène chez ma bande où nos chemins se séparent, pour la soirée. Elle va à la boite, je vais au bal.

Octobre (23). Repas et soirée de la section d'Histoire. Ce repas me ramène deux ans en arrière, quand j'étais étudiant et que je faisais partie de ma corporation. La même biture, mais les étudiants d'Histoire sont plus sympathiques, moins à droite. Tout ça se termine dans une boite où a lieu leur soirée

Octobre (24). Mal à la tête au boulot. Je vais prendre mon billet pour le concert de Dodgy.

Octobre (25). Je mange à midi avec Carine. Je téléphone à Nat pour prendre de ses nouvelles. Il y a un bon concert ce soir, Echobelly et Stereolab, mais il y en a tellement de programmés qu'il faut bien faire des choix.

Octobre (26). Plein de rendez-vous. A 10h30, je vais au club franco-britannique de l'université, pour savoir quelles activités y sont pratiquées. Peut-être que je trouverais une personne fiable pour corriger mes chansons. A midi, je vais voir une ancienne du lycée, Lydie, pour lui filer un exemplaire du journal. Elle est de notre canton. A 22 heures, je vais voir Stef.

Octobre (28). A 17 heures, assemblée générale de l'association. Beaucoup de choses à voir, entre les bilans financier et moral. Certains qui ne foutent rien partent d'eux-mêmes. Pour marquer le coût, prétexte, nous buvons beaucoup le soir. Et finissons à la boite.

Octobre (30). Concert de Dodgy. Groupe déjà vu en première partie, au mois de février, pour la première partie du mythique concert de Shed 7. Cette fois, ils sont les stars. Ils parlent un peu en français, font des allusions à Chirac et aux essais nucléaires. C'est le début d'une grosse série de concerts auxquels je vais assister.

Octobre (31). Je prends quelques jours pour la Toussaint, et le train de 16h56.

Novembre (3). Me voilà de retour à Lyon pour assister au même festival que l'an dernier. Mais cette fois, Lucien ne vient pas. J'ai rendez-vous avec ses amis, qui me logent. Ils viennent avec moi ce soir mais demain, j'irai tout seul. Le programme de jour : Mc Almond, Salad, et surtout Black Grape, groupe issu des Happy Mondays. Forcement ça bouge. Je danse pendant tout le concert. Je n'ai jamais vu sa. C'est la fête. Quel défoulement ! Après, nous allons sur une péniche qui fait boite.

Novembre (4). J'achète le coffret des singles d'Oasis. Ce soir, j'y vais seul. C'est un peu morne. Passer une soirée seul. Ron Sexsmith, Supergrass, Cast. Surpergrass, ce groupe vu à Belfort dans un état second. Je retourne à l'appartement tout de suite après. Je devais rejoindre mes hôtes à une soirée du milieu artistique mais je suis crevé. Globalement, mon week-end fut moins bien que l'an dernier.

Novembre (6). Je ne retourne que demain à Dijon, alors je rode autour de mon ancien lycée. J'y connais de moins en moins de monde. Je rédige des articles pour le fanzine sur mes concerts de Lyon. D'autre part, il y a le journal. Nous cherchons un moyen de réduire les coups d'impression.

Novembre (9). De retour sur le campus, je retourne au club franco-britannique. Ils font une émission de radio, ça m'intéresse fortement. Plus que les après-midi thé. J'achète un disque à la gloire de Cantona.

Novembre (12). Encore un week-end normal : bande, association, boite, dimanche promenade et réveil de Lucien, analyse de la soirée de la veille. Cette analyse est notre sport préféré, mais elle est nécessaire pour bien commencer une nouvelle semaine de travail.

Novembre (13). Concert de Radiodhead, avec Drugstore en ouverture. La chanteuse de premier groupe s'est bourrée au Bailey's, ce qui n'est pas sans me rappeler quelqu'un… J'y vais avec Lolo. Dommage qu'il y ait tant de fans de Radiohead n'arrêtant pas de commenter chaque chanson.

Novembre (15). France - Israël, deux ans après. Une chose m'inquiète : Éric Cantona n'a pas été rappelé depuis le match aux Pays-Bas. Enfin, on se qualifie quand même pour le championnat d'Europe 1996, en Angleterre.

Novembre (16). Je vais à la permanence du club franco-britannique. Plusieurs choses m'intéressent, la radio, le projet de journal, qui se serait le troisième dont je ferai parti, et puis, il faut bien l'avouer, les rencontres.

Novembre (17). Retour au bled, réunion de travail pour le journal. Pierrette étant là ce week-end, nous allons ensemble chez ma bande, puis au bal tous ensemble. Nous rentrons bien cuits, tôt le matin.

Novembre (20). Sortie du fanzine auquel j'ai activement participé. J'ai rendez-vous à cette occasion dans le bar pop de la ville.

Novembre (21). Je prends mon billet pour le prochain concert, celui de Pulp, aussi un pour Oliver, puisqu'il vient.

Novembre (23). Je passe au club. Je ne vais pas voir Dominique A et Katherine qui passe à la salle du campus. Ils tournent tellement que j'aurais au moins dix chances de les revoir.

Novembre (28). Je passe, avec Oliver, voir Nat. Elle a un beau petit studio d'étudiant en histoire de l'art. Elle est toujours aussi belle. Elle a une impressionnante collection de sous-bok. Il y avait bien un karaoké dans un bar américain, mais il y avait aussi, déjà, le concert de Pulp et Menswear. Je considère ce spectacle comme un de mes meilleurs souvenirs de concerts, au même rang que celui de Black Grape il y a tout juste trois semaines à Lyon.

Novembre (30). Je vais au club, pour confirmer que je suis ok pour débuter lundi l'émission de radio du club, à la radio du campus.

Décembre (2). Je trouve Steffy à la boite. Trois semaines que je n'y avais pas poser les pieds.

Décembre (4). 16-17 heures, émission de radio, en anglais. Je bafouille, à cause de l'anglais, déjà qu'en français il m'arrive de ne pas savoir quoi dire !

Décembre (6). En pleine période de grève. Train, bus, poste. Je suis mal. Je rentre prématurément par les moyens d u bord, une fille de LC que je connais de vu, qui est aussi à Dijon. Oliver venant me chercher à Montceau.

Décembre (7). Je me suis donc arrangé pour finir hier ma semaine. Je suis allé avec Oliver à Chalon pour prendre des billets pour le concert de demain à Mâcon, de Dominique A et Miossec. Le centre de Chalon à l'approche de l'hiver a quelque chose de rassurant.

Décembre (8). Le concert est bien mais on étouffe dans cette cave, trop de monde. 8 décembre 1995. Personne n'en a parlé, ni à la radio, ni à la télé, ni au concert, ni entre nous. C'est l'anniversaire de la mort de John Lennon. Il ne fait pas bon mourir…

Décembre (11). Concert de Marion à Dijon. Il est temps que ça se termine, je suis saturé de concerts.

Décembre (12). Je vais voir Nat car elle m'a dit qu'elle allait pour les fêtes à Londres. Si elle pouvait me prendre le maillot de Manchester City… C'est le tirage a sort des éliminatoires de la coupe du monde 1998 de football.

Décembre (14). Je mange et mate un film chez Stef.

Décembre (18). Dernière émission de radio de l'année, à Dijon du moins. Je passe les groupes que j'ai vu à Lyon cette année et l'an dernier pour le festival. Et aussi des extraits de l'album sur Cantona. J'enregistre l'émission sur une cassette, Ce qui permet de me trouver tarte. Je rapporte au chef du fanzine la vidéo des Stones Rose qu'il m'a prêté.

Décembre (21). J'assiste à une fête du club, pour célébrer Noël. Demain c'est les vacances, mais il y a encore du boulot avec le journal à sortir pour les fêtes.

Décembre (23). Je téléphone à Silvia qui est en France pour les fêtes. J'irai la voir la semaine prochaine. Le journal sort enfin. Comme nous sommes samedi, on fête le bébé au siège et à la boite. Long week-end de Noël.

Décembre (24). Calme veille de Noël, en plus un dimanche. Soirée avec ma bande mais pas de boite. Ca fait deux dimanches qui se suivent.

Décembre (25). Repas en famille, soirée entre amis, fin à la boite. Demain c'est déjà mardi. J'irai faire un tour au marché.

Décembre (28). Jour de la Saint Innocents. Ca tombe bien, c'est la journée choisie pour rendre visite à Silvia.

Décembre (31). L'année finie un dimanche. Comme l'an dernier, Gros organise avec nous un réveillon chez lui. A la différence près pour moi que ça craint moins au niveau de l'ambiance. En un an nous avons fait le ménage. J'ai invité Steffy qui a invité des amis, et Pierrette.


1996

Janvier (1er). Réveillon entre amis et ça s'est très bien passé. Nous avons fait un bien étrange gâteau, qui nous a permis de rester stable, en haute altitude pour le reste de la soirée.
Repas de famille à midi et finition des restes chez le Gros le soir. Demain reprise du travail. Ca va être hard !

Janvier (2). Dure reprise. Je fais une affiche pour mon émission de radio. Ce qu'il y a de bien, c'est que ce n'est pas trop loin de mon lieu de travail ; c'est en face à 50 mètres, je vois le studio de mon bureau.

Janvier (5). Lettre de Val. Elle donne des nouvelles.

Janvier (7). Après cette semaine de reprise, nous sommes tous très fatigués, aussi, nous ne sommes pas sortis hier et avant-hier. Tout juste deux charges au local. Par contre le week-end prochain, je fête mon anniversaire, et Stef vient.

Janvier (8). Mitterrand est mort. Je l'ai appris par ma directrice en me rendant au boulot à 12 heures. Je ne l'ai pas cru sur le coup, tant cette nouvelle était incroyable. L'enterrement a été fixé à jeudi, le jour de mes 23 ans ! Je m'en souviendrais.

Janvier (9). Il fallait que je vois des Irlandaises pour l'émission de radio. A partir d'aujourd'hui, je note sur mon agenda mes horaires de travail car j'ai de plus en plus de rendez-vous, heureusement tous sur le campus avec principalement des étudiants. D'ailleurs, mon agenda a les pages de plus en plus chargées.

Janvier (11). Journée pleine. Labo de 8 à 10 heures. Visite médicale à 12 heures à l'hôpital. Prisunic à 13 heures pour acheter à manger pour le déjeuner et à boire pour la réunion du club, où je célèbre mon anniversaire. Je mange sur mon lit à 14 heures, je regarde l'enterrement de Mitterrand. Ca va durer toute la journée. Je me douche, je me fais beau pour la réunion du club, portant sur le projet de journal. Je sèche, tout en regardant l'unique programme télé. C'est fascinant et historique à la fois. Puis, il vient l'heure de me rendre, par grand froid, au local du club. Il n'y a pas grand monde, si ce n'est six filles. Pas un grand succès. Fera-t-on un journal ? Seule une fille me donne quelque chose à mettre dans le journal. Des poèmes. D'elle. Elle s'appelle Hélène D. Elle est venue avec sa meilleure copine, Majuana. Je reste impressionné en lisant ses poèmes dans ma chambre. Hélène D qui est-tu ? Elle a pris le soin de laisser son téléphone sur le papier.

Janvier (12). Je vais chercher Stef et nous rentrons à la maison. Demain, grosse bringue pour mes 23 ans avec ma bande. Ca s'annonce chaud. Ce soir au local, Nando et Stef comparent leurs brûlures.

Janvier (13). J'aurais du me méfier du chiffre 13. Je suis couvert de cadeaux par mes copines : écharpe, disque, coffret de pipe, etc. C'est la grosse défonce au squat. Peut-être le sommet. Du délire. Nando va très loin. Ca me fait plaisir, pour mon anniversaire, c'est une soirée inoubliable. Jusqu'à ce que nous allions à la boite. Là, je tombe dans la partie B du traquenard organiser contre moi. Un mec veut me casser la gueule par ce que j'aurais harceler son ancienne copine. Je ne comprends rien. Je sais que je n'ai rien fait mais aller expliquer ça à un bourrin bourré ! Qui a pu me faire ça si ce le même que celui du réveillon 1994 ? Cette histoire m'a gâché la soirée. Mes potes sont retombés dans leur vieux travers : absence totale de solidarité et aucune écoute.

Janvier (14). J'ai un peu la haine.

Janvier (16). Raconter tout ce que je fais, mes rendez-vous, ce serait trop long. Disons que j'ai contacté Hélène pour un prétexte quelconque. Juste histoire de faire plus ample connaissance.

Janvier (17). Je me suis démonté une dent pendant mon sommeil. Je dois aller chez le dentiste. Ca foire un peu mon planning. Il y a un trivial poursuit ce soir au bar du campus, mais du coup, je ne peux pas y aller.

Janvier (19). J'en ai pour un bout de temps avec le dentiste. Ca faisait un peu longtemps que je n'y avais pas été. Alors … mais c'est un jeune, et il est bien sympa. Pas le top cette histoire de dentition pour draguer !

Janvier (22). Émission de radio. Je commence à être bien rodé. Le technicien est cool, j'ai sympathisé avec lui. Hélène et Majuana passent faire un saut. Pour dire bonjour. Je passe du rock, et mon collègue raconte l'air du temps.

Janvier (23). Autre émission de radio, dans une autre radio dijonnaise, pour parler de la sortie du fanzine. Je décalque mes idées du bled ici.

Janvier (24). Je vais maintenant régulièrement chez le dentiste après le boulot. Comme pour la kinésie il y a un an, j'ai choisi le praticien en fonction de son emplacement géographique, proche des facs. Et là aussi, il s'agit d'un jeune. Y a-t-il un lien de cause à effet ?

Janvier (25). Mes rendez-vous commencent à s'accumuler, avec toutes mes occupations. Stef à 9h30, Hélène à midi.

Janvier (27). Je commencerai presque à trouver les week-ends longs, tant j'ai de personnes à revoir à Dijon. Surtout Hélène. Je lui trouve quelque chose que les autres n'ont pas. Je rentre dès samedi car je suis invité ce soir au gala d'une école d'agronomie. Stef doit défilé pour un couturier local. Musique techno, défilé de mode, j'ai vite compris que tout s'imbriquait l'un dans l'autre. En tout cas, belle soirée dans un cellier, magiquement décoré, on s'y perdrait.

Janvier (29). C'est moi qui fait les émissions tous les lundis. Normalement, ce sont des équipes qui tournent, mais je me trouve être le seul vraiment motivé, avec Hélène.

Février (1er). Je propose à Hélène de venir avec moi pour rencontrer le groupe Cast, vu au festival de Lyon, et qui joue en ville ce soir. Mais elle n'ose pas venir. Dommage. Je vais au concert maintenant sans avoir à acheter des billets. On me présente à un attaché de presse qui me donne un disque de Mathieu Boogaerts. Il me demande si je veux faire son interview lors d'une journée promotion. Je ne refuse pas.

Février (2). A la première écoute du disque de Mathieu Boogaerts, je n'accroche pas particulièrement. J'amène quand même le disque à l'émission de Radio Cactus pour parler du dernier numéro de notre journal au bled. Le principal c'est que je m'y retrouve entre les radios et les journaux.

Février (5). Je tombe sur un type qui était avec moi en fac. Laurent. On discute, et voilà qu'il me propose de collaborer à un magazine qu'il voudrait sortir. Ca ferait 4 revues, journaux, dans lesquels j'écrirais, 2 où je serais rédacteur en chef ! Ca fait un peu beaucoup. Mais je ne sais pas dire non. Je fais l'émission du club avec Hélène et Majuana. Il y a un bon feeling entre nous, idem avec le technicien qui s'appelle Florent.

Février (6). Je vois Hélène à 13 heures. Nous avons pas mal de centres d'intérêts communs. Je crois qu'elle est la personne que je cherchais pour corriger mes chansons.

Février (8). Interview et concert de Salad, groupe vu également à Lyon en novembre. Je fais signer par la chanteuse un disque appartenant au Gros. On me présente à Pierre via un ami. Il est musicien. Et je cherche des musiciens.

Février (9). 12 heures, je mange avec Hélène à l'Acropole. Elle a un sandwich au jambon de Parme que lui a fait sa mère. Ses parents sont sur le point de se séparer. Elle vit ça mal, elle est très changeante au niveau de l'humeur. Stef est retournée à l'hôpital pour se faire opérer à nouveau.

Février (14). Rendez-vous sur rendez-vous. Ma directrice commence à criser, je suis souvent absent, je fais beaucoup de pauses que je récupère malgré tout. Je dois rencontrer un gars, Mathias, guitariste, qui a posé une annonce pour monter un groupe avec un ami, Alex, bassiste. Avec Pierre, nous voilà quatre. Il manque un batteur.
Hélène vient me chercher. On va chez moi, elle joue un peu de guitare, et me fait une démonstration.

Février (15). J'ai imprimé mes délires de 1991 pour Hélène. Puis, je suis allé les lui porter, chez elle. Elle habite dans un bel appartement. Elle jouait du piano quand je suis arrivé. Elle m'attendait, pour aller après, faire un jogging. Je l'aurai bien suivi mais je n'étais pas habillé pour. Dommage, mille fois dommage. Je l'accompagne, la neige commence alors à tomber. J'y vois comme un signe du ciel. Hélène a l'air heureuse, elle me sourit, elle est très joueuse, comme si on se connaissait depuis des années. Après l'avoir quitté, je me sens tout bizarre. Le temps me paraît long jusqu'à demain, quand je la reverrai pour manger à midi.

Février (16). Je mange avec Hélène, même si je n'ai pas très faim. A 13h30, j'ai rendez-vous avec Mathias, mon nouveau guitariste. Le contact est bon. En rentrant au bled, j'ai une lettre de Stef. Elle est contente d'avoir reçu ma lettre. Nando lui a envoyé une bande dessinée comme il sait si bien les faire, sur la bande. Je suis content que ces deux là communiquent. J'aime bien se faire rencontrer des gens que j'apprécie. Elle m'écoute à la radio, je lui ai passé une cassette enregistrée d'une de mes émissions. Ca tient compagnie.

Février (17). Plus ça va et plus les week-ends ne sont plus qu'une longue attente avant de revoir Hélène. Je la vois presque tous les jours. On s'attache vite à ces petites bêtes. Je ne suis plus allé à la boite depuis l'incident de mon anniversaire. Pour une fois, certains m'ont suivit dans ma démarche.

Février (19). Je prends Hélène en photos avant l'émission. Après l'émission, je reste discuter avec Florent, Hélène et Majuana, que l'on appelle communément Maya. Elles ont parlés de se biturer pour oublier leurs problèmes. La neige recommence à tomber. Je leur propose de venir chez moi. Rendez-vous pris devant le parvis du théâtre. Il ne faut pas faire trop de bruit pour ne pas déranger ma voisine. Le jeu est varié. Il est tard. Tout le monde dormira chez moi. Je me retrouve sur le sommier de mon lit avec Hélène, Florent et Maya sont sur le matelas, par terre. Je réchauffe les pieds d'Hélène. Et puis, les deux filles partent discuter en dehors de la chambre. Les filles veulent repartir. Si proche… Je reste médusé, plus que Florent. Elles repartent. Je ne comprends rien, je me sens mal.

Février (20). Le moins qu'on puisse dire est que j'ai très mal dormi. Ai-je seulement dormi ? J'ai laissé ma chambre dans l'état où elle était hier soir. Pas le courage de toucher à l'aménagement prévu pour quatre. A 9 heures, au boulot, je marche au radar. Je suis fou d'Hélène. J'écris en cinq minutes Mad for you, qui peut aussi s'écrire Made for you. La belle professeur qui vient souvent au labo ne me fait plus d'effet. Je suis amoureux d'Hélène, ça éclate. J'ai ma répétition avec mon nouveau groupe, je leur montre ma chanson du matin, il trouve un air, on enregistre.

Février (21). J'achète un livre sur Kurt Cobain, pour l'anniversaire de Steffy. Nouvelle répétition où l'on enregistre de nouveau ma chanson. Plus rien ne compte à part mon groupe et Hélène.

Février (22). Rendez-vous avec Laurent, aller démarcher des collectivités locales pour notre projet de magazine. Je trouve qu'il se sert un peu de moi comme interlocuteur.

Février (24). Je rentre seulement aujourd'hui. J'ai moins vu Hélène cette semaine. Ma drogue. C'est les vacances, elle préfère rester avec Maya. Je ne sais que penser d'Hélène. Il me tarde de la revoir et d'être fixé.

Février (26). J'ai écrit une nouvelle chanson pour Hélène, mon groupe a mis un air sur un autre texte de l'époque antique de Silvia. Je ne la sens pas Hélène aujourd'hui à l'émission. Elle n'est pas dans son assiette. J'insiste un peu trop à la sortie du bus, mais le retour de flamme est froid. Je suis abattu.

Février (27). Toujours aussi déconcertante, Hélène m'a fixé rendez-vous à 10h30 au bar du campus. Elle s'explique vaguement sur son comportement dans ma chambre, elle me raconte sa vie amoureuse, comme si on était très proche. Je ne la cerne plus du tout.

Février (28). Je prépare mon interview de Mathieu Boogaerts. J'ai eu du mal à écouter son album. Même si ça vient doucement. Lettre de Steffy. Elle a hâte d'écouter mon groupe. Le 9 mars c'est son anniversaire à la boite. Elle tient beaucoup à notre amitié.

Février (29). Je vois Hélène à 10 heures. Rencontre à 15 heures dans un café de Mathieu Boogaerts. Très sympa, avec d'autres journalistes en herbe que je connais tous. C'est juste une promo de l'album, il n'y a pas de concert. Je pense à Hélène. Le reste de mon temps est consacré à mon groupe. Je vis presque entièrement pour la musique.

Mars (1er). Je tape les corrections des chansons. Je fais quand même mes heures au labo. Mais si je pouvais m'en passer... Ca va mal finir tout ça ; pause sur pause, rendez-vous sur rendez-vous, thé sur café. J'en fais trop, il faudrait que je réduise mes activités, surtout que j'ai l'impression de tirer à vide. Lettre de Silvia avant que je prenne le train. Postée à Roanne. Elle commence toujours sa lettre par "j'espère que tu vas bien". Elle n'a plus de nouvelle de Sonia. Sa cousine millionnaire au Canada, le soleil, toujours pareil…

Mars (4). Toujours à courir à droite ou à gauche. Entre la labo, l'émission du club, les trucs à récupérer chez untel. J'ai craqué à la radio sur un album, les Bluetones. Dès la première écoute. Ca ne m'était pas arrivé depuis les Stone Roses en 1990.

Mars (5). Hélène à 16 heures. Drogue dure qui me rend triste parfois. Je trompe tout le monde en étant souriant. Le soir, concert du groupe de mon collègue du labo, avec un groupe ami en première partie. J'y vais avec Milada, une étudiante d'Histoire, qui m'y conduit. Je l'ai senti très intime en me laissant. Elle est basketteuse de formation, Serbe. Elle est sympa.

Mars (6). Je vais à un trivial poursuit en anglais, organisé par le club. Je rejoins Hélène à 20h30, à son arrêt de bus. Nous sommes très intimes parfois. Je ne vois pas la clarté dans cette relation. Pas vraiment comme frère et sœur, ce qui nous manquent sûrement, nous sommes tous les deux enfants uniques. Je voudrais que toutes mes soirées soit comme celle-ci.

Mars (7). Je trouve enfin mon cadeau pour l'anniversaire de Steffy. J'emmène Hélène à la répétition. Je n'ai pas trop le cœur à chanter, plutôt à rester près d'elle.

Mars (8). Comme tous les vendredis, dans le train qui me ramène au bled, j'écoute la cassette où figure les enregistrements de mon groupe, suivi de Northern Uproar.

Mars (9). Je décide de retourner à la boite, parce que Steffy le vaut bien, pour entretenir notre amitié.

Mars (12). Je passe des coups de fils à mes relations dans le secteur du rock, pour l'idée de créer un magazine. Je mange le soir chez Stef. Elle a vu pendant, son nouveau séjour à Lyon qui étaient vraiment ses amis. Elle a fait le tri avec ceux qui étaient superficiels. Nous discutons de l'année prochaine. Comme son colocataire a trouvé du boulot sur Paris, elle en cherche un autre. Et c'est comme ça qu'on s'est dit que serait moi. Avec pourquoi pas Nat, en plus.

Mars (13). Je parle à ma propriétaire de mon désir de partir bientôt. Je retourne manger chez Stef le soir. Elle est seule dans son appartement en ce moment.

Mars (17). Je rentre avec ma voiture, avec Lolo. Je ramène beaucoup de cassettes et disques, pour me tenir compagnie les soirs, pour amener aussi aux émissions. Le temps est gris. Je passe chercher Hélène et nous buvons le café dans ma chambre.

Mars (19). Je mange à midi avec Alex et Mathias. Je vais péter un plomb à cause de toutes mes activités. Je n'ai plus de temps à moi, toujours en train de courir. Super match de foot avec Bordeaux qui élimine le grand Milan.

Mars (20). Jour du printemps. Les Levellers sont de sorties à Dijon. Je fais l'interview avec Hélène, et Laurent. Il y a aussi des autres que je connais. Je les connais tous maintenant. Je vais chercher Hélène le soir, pour le concert, je la ramène. Je rentre seul.

Mars (25). Au boulot, je travaille sur les travaux du dernier colloque depuis des semaines. Il y a des textes en français, mais aussi en italien et en anglais. Nouvelle émission à la radio. Je commence à sentir la routine, même si c'est une occasion de plus d'être avec Hélène.

Mars (27). Je travaille sur une affiche pour notre émission. Maintenant, c'est plus l'émission de moi et d'Hélène. Je passe voir Stef pour étudier les démarches à faire pour notre recherche de logement commun.

Mars (28). Je note beaucoup de noms de groupe pour ma formation. J'ai peut-être, enfin, trouver les bons éléments que je cherchais depuis tant d'années.

Mars (30). J'ai écris sur du papier à lettres, Le carnet à spirales qui est un peu finalement la même chose que ce journal, un journal d'impression. Le titre ce cet extrait est

Peur sur la ville

Ma série de rêves continue. Mais cette nuit, je crois que j'ai battu tous les records. Parce que celui de cette nuit était le plus beau, celui qui allait le plus loin dans l'absolu. Pas le plus chaud. Simplement le plus beau. Hélène voulait qu'en me levant ce matin, j'ai une pensée pour elle, alors qu'elle passait un examen très important. J'y suis arrivé sans mal, vu qu'elle était déjà mon rêve.
Depuis ce matin, j'ai de la veine. En allant boire un café avec Stéf à la gare, on tombe sur Ben, le chanteur de Randy. Il me dit qu'Oasis est en couverture du nouveau Best. Je l'achète. Je lis tout sur Oasis, il y a même un article sur les Thugs. Je partage pas leur musique, mais les idées du leader. Finalement, je crois que je vais faire son interview, vu qu'il passe bientôt à Dijon. J'ai envie de monter avec des gens comme lui, une ligue antifasciste culturel, voir par exemple l'histoire du quota de 40%. Un autre projet est à la relance dans ma tête : le fan club d'Oasis. Je sais, cela fait un peu pré-pubaire. Mais, ce serait juste temporaire, et c'est à but lucratif. Parce que dans Best, je me suis amusé à regarder les annonces. 5 fans d'Oasis, dont une qui a les paroles du premier album.
Je viens de m'apercevoir que le titre de ce carnet à spirale, Peur sur la ville, peut tourner au cynisme. En effet, j'ai appris ce matin, la mort d'un jeune qui s'appelait Laville. Mardi, 3 morts à Charolles, 5 dans le Nord, dont un ami de Stéf. Elle doit être à l'église en ce moment. La route fait des dégâts. L'alcool fait des dégâts. Shaun Rider is dead. Il avait de la barbe comme le chanteur des Happy Mondays. Tiens justement, Bez de Black Grape, arrête de danser. Sébastien de Push, groupe dijonnais, me l'a dit hier, mais, cela ne m'a pas marqué sur le coup. C'est en lisant Les Inrockuptibles chez ma bande que j'ai réagit. En plus d'être un des premiers Français a voir vu Oasis en concert, je suis l'un des derniers a avoir vu Bez sur scène.
Les dégâts de l'alcool, de la drogue. Y en a un dans ma bande aussi qui a pété les plombs hier. Le rallye auto de LC ? J'en parle même pas !

Avril (1er). Routine. L'émission, être avec Hélène, passer chez Stef, Je me renseigne à la radio pour préparer une émission spéciale Kurt Cobain. J'ai également une proposition pour faire une interview d'un gros groupe de musique électronique, Orbital.

Avril (3). Soirée franco-britannique sympa hier. Traditionnelle journée portes ouvertes à l'université. Que de souvenirs… Je cherche désespérément N. Mais je ne vois personne que je connais vraiment du lycée. S'il y en a encore là-bas de mon époque, ça veut dire que ça se passe très mal pour eux. Répétition très expérimentale chez Pierre : quatre autour du double clavier du synthé, pendant une heure à triturer les touches. Nous faisons sauter les plombs. Quel dommage de ne pas s'être enregistré ! Journée très productive puisqu'on s'est décidé à prendre "Flair" comme nom.

Avril (6). Soirée à Roanne chez Steffy.

Avril (8). Journée de deuil personnel, comme tous les 8 avril. Pas d'émission, lundi de Pâques oblige.

Avril (10). Je reçois une lettre d'une groupie d'Oasis. Elle m'a envoyé les paroles du premier album, en échange de tous les articles que je lui ai donnés. Elle habite en Bretagne.

Avril (11). Deux ans que Supersonic est sorti. La répétition d'aujourd'hui ne restera pas dans les annales. Je trouve que l'on stagne. Comme je suis très perfectionniste, je n'apprécie que modérément.

Avril (13). Bal du foot, chaud.

Avril (14). Je reçois une cassette de Steffie, une des groupies d'Oasis de Paris. C'est l'interview de Noël sur une station de la F.M. avec deux morceaux acoustiques. Je me place au-dessus. Je connais Oasis depuis presque deux ans, ce qui n'est pas apparemment le cas des animateurs. Mais c'est vrai qu'Oasis commence à devenir gros. Elle me laisse un mot où elle me dit qu'elle attaque Supersonic à la guitare.

Avril (15). Répétition à 14h30, émission à 16h.

Avril (16). Rendez-vous avec Hélène dans un grand café.

Avril (17). Tellement fatigué par mes stressantes journées, je m'endors devant la deuxième 1/2 finale de la coupe des champions.

Avril (19). Nous avons répété presque tous les jours cette semaine. Mais ça stagne toujours. Sera-t-on prêt pour la fête de la musique ?

Avril (20). Je contact une groupie d'Oasis qui vit à Paris. Je reste une heure au téléphone. Elle a la même voix que la sœur qu mec qui m'en veut.

Avril (22). Je tape le curriculum vitae d'Oliver. Superbe film à la télévision, Edwards aux mains d'argent.

Avril (23). Je fais souvent comme horaire, 8h-14h. J'ai presque tous mes après-midi. Même si Hélène vient me voir à 11h30, et Lolo à 12h. Je consacre maintenant une partie de mes après-midi à regarder les annonces immobilières. En rentrant dans ma chambre, je lis la lettre de Steffy que j'ai reçue. Elle me dit qu'elle ira sous peu au bal avec Pierrette, et nous bien sûr. Elle n'a pas trouvé le dernier Buzz, magazine édité par une maison de disques, où je suis en photo, prise lorsque j'étais au premier rang du point rencontre avec Cast. Puis, passé les traditionnels bilans et projections de soirées, elle me parle justement d'Angleterre, d'un voyage organisé par le comité de jumelage de la ville de Roanne pour les 40 ans du jumelage. Elle va se renseigner.

Avril (24). Répétition à 14 heures, Hélène à 16 heures. Je préfère de loin la seconde occupation.

Avril (26). Je prends maintenant le train de 16h30.

Avril (27). Notre association culturelle au bled, sommeille depuis quelques semaines. Si rien n'est fait d'ici bientôt, tout sera fini. Nous sommes victimes de coups bas, de tentatives de récupérations par des membres de l'autre bord.

Avril (28). Second extrait du carnet à spirales.

La mort des campagnes

Ca y est ! C'est presque officiel, le "squat is dead". Moi, je vais remonter à Dijon, je pense. Beaucoup de mes amis ont pris un coup de vieux. Faut dire aussi que je suis le plus jeune. Comme toujours.
Bon alors, il va avoir une mutation en moi, la relation LC - Dijon va tendre à s'inverser. Plus rien ne me retient à LC, parce que tous les week-ends, j'ai l'impression de rediffusion, dans la rue, dans les bals, les cafés... Les beaux jours arrivants, quelques expéditions en dehors de notre territoire s'imposent. Settons, Genève…
Pour l'été, j'ai déjà prévu 2 semaines en Angleterre, un week-end à Belfort, et un week-end à Dax. Ça va bouger. Il est tant.

Avril (29). Je commence à réfléchir à ce que je ferai l'an prochain. Fac d'Histoire. Influencé par tout ce que je vois au boulot. J'ai déposé une demande pour être pion dans des lycées. Car sans ça, ce n'est pas la peine de m'inscrire, si je n'ai pas de rentrées d'argent.

Mai (1er). Je vais visiter une expo avec Hélène. Puis, nous allons dîner le soir chez Florent, avec Maya. Je trouve un autre nom pour le groupe : Neway. Nous mangeons en vitesse car nous avons rendez-vous ave mon groupe et des amis pour suivre la finale aller de la finale de la coupe de l'UEFA, entre Bordeaux et le Bayern de Munich. Défaite à la française, 2-0.

Mai (2). Je commence à visiter des appartements. Mais Stef n'est toujours pas là pour m'accompagner.

Mai (5). Je note qu'il faut que je ramène l'album de Miossec pour Hélène. Que cet album me fait penser à nous ! Avec mes potes, on fait un tour dans une ville fantôme. Je me suis octroyé une semaine de repos, forcé par une petite grippe. Ca fait du bien d'être à la campagne, au vert.

Mai (6). J'écris à Hélène. C'est un principe chez elle, elle ne me répond jamais.

Mai (7). Même si je ne suis pas à 100%, je vais à Lyon, pour une fête organisée par la copine de Lucien. Son appartement est sympa, vieux mais sympa.

Mai (8). Pierrette vient me faire une coupe de cheveux, courte. C'est bien d'avoir une copine coiffeuse, cela permet de se faire couper les cheveux à domicile les dimanches et jours fériés. Finale de la Coupe des Coupes, entre le Paris Saint-Germain et le Rapid de Vienne. Victoire 1-0.

Mai (10). Toujours autant de choses à faire. Des coups de fils pour les articles, l'émission, le logement. J'ai mon dossier de pion à finir de remplir. Je fais un jogging à 7h30, je déjeune, et à 9h, je commence une nouvelle journée de labeur, dans ma chambre.

Mai (11). Les finales s'enchaînent, aujourd'hui, c'est la finale de la coupe d'Angleterre. Manchester United bat Liverpool sur un but superbe de Cantona.

Mai (13). L'émission poursuit sa route telle un long fleuve tranquille. J'ai écris de nouvelles chansons sur Hélène et moi. Ca en fait 6. Un petit album en quelque sorte.

Mai (14). Je tape mes nouvelles chansons. Je vois Hélène de 12 à 13.

Mai (15). En allant acheter des disques des Stone Roses, je tombe sur Hélène. Elle m'accompagne, puis nous allons écouter mes nouveaux disques dans le bar pop de Dijon. Autour d'un thé. Finale retour pour Bordeaux, pas de miracle.

Mai (20). Dans mon émission, j'évoque les différentes affaires Cantona, notamment la dernière, sa certaine non-sélection pour le championnat d'Europe. Je reçois un coup de fil du patron d'une salle de spectacle qui me félicite de la qualité de mon émission. Je suis surpris, d'autant plus qu'il me demande si je vais cet été au festival de Saint-Malo. C'est lui qui l'a un peu créé. J'irai bien à condition d'être accrédité. C'est la deuxième fois en peu de temps qu'on me téléphone pendant que je fais une émission pour me dire que c'est bien. De plus, un animateur d'une émission de rap m'a dit que j'avais une voix bien pour faire de la radio. Ca me conforte dans l'idée que c'est peut-être une vocation.

Mai (21). Je vais à 20h30 chez Hélène. Elle me parle d'un éventuel voyage éducatif qu'elle ferait en juillet en Angleterre, pour se perfectionner, bien que je la trouve déjà parfaite.

Mai (22). Florent me présente aux filles qui font l'émission de cinéma à la radio.

Mai (23). J'en ai presque fini de mes séances chez le dentiste. Je rentre dés aujourd'hui à LC, un long week-end s'annonce pour la Pentecôte.

Mai (25). J'aide Gros à déménager. On mange à midi dans un boui-boui, lorsque se produit un léger accident de voiture devant ce même boui-boui. À peine rentré, il faut vite se laver car une grosse fête est prévue dans une maison de campagne. J'ai juste le temps de lire une lettre l'une des groupies d'Oasis. Elle habite dans le 77 et s'appelle Steffie. Elle me dit qu'elle a des cassettes, etc. Et en plus elles sont plusieurs à s'appeler Steffie !

Mai (26). Fête chez le Gros, dans son nouveau chez lui.

Mai (29). Visite d'un nouvel appartement. Avec Stef. Il faudrait qu'on se bouge les fesses, je rends ma chambre le 1er juillet. Sinon, rien de spécial pour un 29 mai. Florent m'a appris, ainsi qu'à Hélène, le fonctionnement de la technique, en deux heures. Il va bientôt nous quitter, le 1er juin. Nous sommes allés boire un coup, tous les quatre, avec Maya, dans un pub, pour fêter le départ de Florent.

Juin (1er). Match amical de football, Allemagne - France. Victoire des Bleus sur une tête de Laurent Blanc. Un temps idéal pour moi, grisâtre, orageux, lourd. Une atmosphère spéciale…

Juin (4). Je travaille sur le projet de l'an prochain pour la radio. Comme j'ai pas mal d'heures de travail à rattraper, je travaille de 8 à 19 heures. Je finis notamment un long travail sur les élections de 1958. J'écris une nouvelle chanson. Étonnamment, sur N.

Juin (5). J'achète un livre sur la culture du football et un cadeau pour Nat, et prends Hélène à son cours de guitare.

Juin (7). Fête de Nat chez Stef. Je me sens mal, il y a des lesbiennes et un homo qui me regarde comme si j'étais une bête étrange, à cause de mon hétérosexualité. Je prétexte un rendez-vous avec Hélène pour me sauver. Comment parler de l'homophobie en occultant l'hétérophobie ?

Juin (8). L'Euro ouvre aujourd'hui, et j'ai déjà fini le bouquin sur le foot que j'ai acheté, il y a trois jours.

Juin (12). Je visite quatre appartements. Je ne sais pas prendre la décision tout seul, vu que je devrais le partager avec Stef, et peut-être Nat.

Juin (17). À force de voir du foot à la télé, mon émission porte sur le sujet.

Juin (18). J'envoie mon inscription pour la fac d'Histoire. Je téléphone à Nat, pour savoir si elle garde son actuel appartement ou si elle vient avec nous. Il me reste plus qu'une dizaine de jour avant de me retrouver à la rue.

Juin (19). Je m'invite à boire le café chez Nat. Je commence le rangement dans ma chambre, je fais des cartons.

Juin (20). Je téléphone à Steffy pour savoir où ça en est du voyage en Angleterre, rendez-vous avec Hélène à 15h30, place Darcy. Le soir, on boit le champagne chez Stef, pour fêter la fin de leur année.

Juin (21). Changement de stratégie pour la recherche d'appartement, on va dans une agence. C'est la fête de la musique et je vais chercher Hélène chez elle à 21 heures. Il pleut depuis des heures et pas mal de groupes que devaient jouer ont renoncer. J'avais rendez-vous avec Oliver devant un magasin, il n'est pas venu, il aurait pu me prévenir ! J'ai attendu avec Hélène pendant près d'une heure. Par contre Nat était fidèle au rendez-vous.

Juin (22). Je repars sous un ciel gris. Hélène m'a confirmé qu'elle va partir en Angleterre cet été, à Oxford, pour un mois. Comme l'an dernier avec Silvia, je vais devoir me passer d'une personne chère. Je cherche toujours qui pourrait me filer des accréditations pour le festival de Saint-Malo.

Juin (24). Dernière émission avec Hélène, avant son départ.

Juin (27). Nouvelle visite d'appartement. Il a l'air bien, je le visite avec Stef. Je me suis posé la question de savoir si je voulais emménager avec Stef ou si je me cherchais un petit F1 pour moi. Parce que j'en ai marre de visiter pour rien, sans que Stef soit là. Je ne peux prendre de décision seul. Et c'est gonflant, je perds du temps. Je me demande ce que je vais devenir après mon service. Je vais être sur le marché de l'emploi, mais je ne fais pas de projets.

Juin (29). Ca fait trois mois que je ne suis pas allée à la boite. Il y a quelque chose de cassé. Aussi, notre association est sur le point de mourir. Comme je n'ai pas trouvé de logement, ma propriétaire me prolonge le bail d'un mois, jusqu'au 1er août. Si je ne trouve rien à cette date, j'irai chez Lolo, vu que son appartement sera inoccupé. En plus, il habite juste à l'angle des facs. Je pourrai me lever à 7h30 pour commencer à 8h.

Juin (30). Je téléphone une dernière fois à Hélène, avant qu'elle parte. Je sais qu'elle n'aime pas cette chanson qui porte son prénom, mais elle est tellement de circonstance. Et puis elle est belle.

Juillet (1er). Grâce à mes activités à la radio, j'emprunte plein de disques, je commence à faire des compilations annuelles des morceaux qui m'ont marqué chez ma bande. Pour ce qui est du projet de magazine avec Laurent, je laisse tomber devant tant de manque de sérieux. Ainsi, je dégage un peu de temps libre. J'ai oublié depuis longtemps que le F.C.G. est redescendu en D2 pour un point.

Juillet (3). Deux appartements visités. Je finis l'affiche de l'émission, je l'imprime, j'en pose dans les couloirs vides de la fac. Les cours internationaux d'été vont commencer. Plein d'Asiatiques, d'Américains…

Juillet (5). J'ai travaillé tous les matins de cette semaine, sauf lundi. C'est la grille d'été. Il n'y a pas beaucoup de travail, si ce n'est un carnet d'adresses à faire. Je prendrais quelques jours du 6 au 22 juillet. J'ai rencontré une étudiante américaine, Jessica, qui vit depuis des années à Dijon. Elle m'aide un peu pour mes textes. Elle me parle aussi de ses problèmes féminins.

Juillet (6). Révolté par le ton de la rubrique rock du supplément du samedi de mon quotidien, je prends ma plume pour défendre la chanson française et le rock anglais qui y sont ouvertement attaqués. Sortie dans la nature et bal.

Juillet (8). Je rentre sur Dijon pour mon émission et trouver un appartement. Je tiens toujours correspondance avec Sophie, la groupie parisienne d'Oasis.

Juillet (9). Je retourne à l'agence, pour avoir de nouvelles adresses. Franchement, j'hésite toujours à prendre un appartement seul ou à deux. J'en visite un pour moi. Je ne sais plus quoi penser, mais il faut que je me décide rapidement. J'ai un nouvel horaire pour mon émission, le mardi de 18 à 20 heures.

Juillet (10). Je visite trois appartements avec Nat, pour qu'elle donne l'avis que donnerait Stef, qui bosse cet été dans un magasin de meubles.

Juillet (12). Je m'affole pour le festival de Saint-Malo. Je ne peux y aller avec la radio qui a déjà son quota d'accrédités. Je ne sais plus vraiment si je vais en fac l'an à la rentrée car je suis refusé pur être pris comme pion. Je cherche plutôt une formation.
Surprise, j'ai une lettre de Silvia en rentrant chez moi. Elle commence toujours par un "j'espère que tu vas bien". Elle attend les résultats du bac. Elle espère me voir avant de partir le 19. Si elle a son bac, elle passe des examens à Coimbra le 23, et elle reviendra après le 19 août et tout le mois de septembre.

Juillet (13). Grosse bringue comme toutes les veilles de 14 juillet, sous le chêne. Vodka à l'herbe de bison. Pierrette est là.

Juillet (14). Je téléphone à Silvia pour lui souhaiter son anniversaire. Je n'aurais pas le temps de la voir avant qu'elle parte au Portugal.

Juillet (16). J'ai enregistré une bande la semaine dernière avec Stéphane, le nouveau technicien de la radio. Comme ça, je n'ai pas à rentrer sur Dijon pour faire l'émission.

Juillet (18). Lettre de la pigiste rock du supplément de mon quotidien. Elle a apprécié ma lettre au vitriol. Je l'ai branché sur le festival à la campagne où nous étions allés avec mes potes en combi. Il a lieu encore cette année, et je m'occupe de la promo sur Dijon. Sinon, j'écris à Hélène.

Juillet (19). Je téléphone à la pigiste rock. Je lui propose de venir avec moi à Saint-Malo, si elle peut avoir des accréditations. Ca a l'air de l'intéresser.

Juillet (20). C'est le début des Jeux Olympiques. Moi, je fais bal et boite le même soir. J'y reprends goût à la boite !

Juillet (24). C'est ma reprise au labo, mais comme ma directrice est en vacances, c'est cool. Je bosse de 9 à 15. Après, je visite encore et encore des logements. Finalement, je vais en prendre un avec Stef. Et je téléphone chez Hélène pour savoir si elle est rentrée. Rien. Je crois que l'expérience du fanzine est terminée. Comme le journal du club n'a jamais vu le jour faute de participants, je me retrouve sans articles à écrire.

Juillet (25). Trois nouveaux appartements. Je crois que j'ai enfin trouvé le bon. Je dois appeler Stef pour qu'elle vienne le plus vite possible pour donner son accord.

Juillet (26). Je téléphone à Hélène, pour savoir si elle veut faire l'émission le 6 août. Entendre sa voix après une si longue absence, quel bonheur !

Juillet (30). Je visite l'appartement intéressant avec Stef on a flashé sur la salle d'eau.

Juillet (31). Je confirme à ma future propriétaire que nous prenons son logement. Je quitte ma chambre à 18 heures, en faisant l'état des lieux. Je vais donc loger temporairement chez Lolo. Nous devons, avec Stef, signer le bail de l'appartement le 8 août.

Août (3). Je vais voir les types qui organise le festival à la campagne, pour voir qu'est-ce que je peux faire pour eux au niveau de la communication.

Août (6). Je vois Hélène à l'émission. Pour ce qui est de Saint-Malo, la pigiste rock m'envoie deux accréditions. Je propose encore à Hélène de venir avec moi, mais son père lui dit niet. J'y vais avec des potes quand même.

Août (7). Finalement l'état des lieux à lieu aujourd'hui. Mais vu le temps de le mettre l'appartement en place, je vais rester chez Lolo encore deux semaines. Je commence à penser à Saint-Malo.

Août (9). Carte postale de Silvia du Portugal. Très courte, elle espère rentrer à l'Académie de Coimbra.

Août (12). Oliver m'appelle le soir pour me dire qu'un ancien illustrateur du journal s'est suicidé dans le métro parisien. Quel choc, avant de partir en Bretagne !

Août (13). C'est mon dernier jour avant de faire un grand pont du 15 août. Juste une dernière petite émission avec Hélène. J'ai aussi plein de papiers à remplir pour le nouvel appartement. Je vais y faire un saut, histoire d'amener quelques cartons. De toute façon, je n'ai rien à déballer chez Lolo, autant y amener là-bas.

Août (14). Le temps est gris et lourd depuis 3-4 jours. Mais j'aime bien ce climat propice à plein d'événement. À peine arrivé au bled, j'apprends qu'il y a un mort par suicide. Décidément, il se passe quelque chose. C'est le jour où l'on part à Saint-Malo, Avec Oliver et une vieille connaissance, Armand. A 20 heures. On couche dans un camping vers Tours à 3 heures du matin. Tranquille. J'aurai tant voulu qu'Hélène soit avec moi. Mais elle viendra sûrement au festival à la campagne.

Août (15). Nous arrivons à Saint-Brieuc en début d'après-midi, où nous retrouvons autre partie de l'expédition, Gros et Hub. Nous longeons la côte à la recherche d'un camping. Que nous trouvons ! Puis, comme nous sommes le 15 août, nous cherchons maintenant une fête. Que nous trouvons également, pas très loin du camping. Les noms des lieux se ressemblent, ce qui aura son importance par la suite. Le bal en plein air était génial, nous pouvions nous défouler, faire n'importe quoi, nous ne connaissions personne. Je racontais des délires, me faisant passer pour un Anglais. Pour rentrer c'était une autre histoire. Nous avions perdu Gros et Hub. J'aurais du partir au camping à pied dés le départ. Armand s'était garé près d'un château et voulait dormir dans la voiture. Oliver dormait déjà. Moi, apte, je décidais de partir dans le noir et dans l'inconnu. Je devais me repérer uniquement au panneau routier. Je n'étais jamais venu ici. Je me rappelais à peine du nom du camping. Tous les noms semblaient être les mêmes : cap Fréhel, Fréhel, Pléhérel-Plage, Pléhérel-Bourg. Une atmosphère d'aventure comme quand j'étais rentré avec Oliver d'une fête à la campagne en stop et dans l'obscurité. Mais il y avait la féerie de la brume nocturne de bord de mer, le chant des mouettes. Sur mon chemin, je ne rencontrais que deux types, beaucoup plus bourrés que moi. Ils étaient en vélo et ils avaient versé dans le fossé. L'un était cool et m'a renseigné sur la direction à prendre. L'autre avait un peu l'alcool mauvais. Je fus soulagé en reconnaissant les abords du camping, surpris par le son d'un gros chien aboyant. Le camping était l'un des plus grands d'Europe. Heureusement qu'on avait planté les tantes sur une petite butte. J'ai trouvé ma tante tout de suite.

Août (16). Gueule de bois. Obligé. Les deux loulous sont rentrés au petit matin au camping. Aujourd'hui, visite du Mont-Saint-Michel. Sensationnel. Même impression irréelle qu'à Venise.
Les coutumes locales ne diffèrent pas des nôtres en ce qui concerne l'ouverture nocturne des bistrots.

Août (17). Direction Saint-Malo. On se sépare l'après-midi. Je visite seul les remparts. Ce n'est pas plus mal. Un peu de temps pour se reposer avant de bosser le soir à des interviews.
Au festival, Oliver et moi rentrons par la porte V.I.P. Interviews donc, des Bluetones. Qui aurait dit au début de l'année quand j'ai flashé sur leur album, que j'allais les rencontrer cet été ? Interview aussi et des sympathiques 60TFDolls. Trois Gallois bien déjantés. Du coup, j'ai loupé le concert de la Divine Comédie. Mais bon, je ne vais pas faire le difficile. J'ai aperçu ceux qui font l'émission de masturbation intellectuelle sur France -Inter. J'ai aussi rencontré une charmante assistante de presse à qui j'ai laissé mes coordonnées pour qu'elle m'envoie des disques.

Août (18). On met presque dix heures pour rentrer au bercail. Faut dire qu'on a bien pris notre temps.

Août (20). Je rentre à Dijon. Je vois et remercie Lolo pour le prêt de son appartement. Puis, émission à la radio. Contrairement à ceux de la radio, qui avaient des accréditations, moi, j'ai travaillé là-bas. Je n'aime pas ce petit favoritisme de bas étage. Je rencontre deux étudiants que j'invite à mon émission : un Japonais et un Basque espagnol.

Août (21). J'ai reçu au labo, une belle carte postale de ma petite Américaine. Sa région, le Vermont, a l'air bien, verdoyante. Plus guère de temps à travailler à la fac. Dans quelques jours, tout sera fini. Je pense déjà à toute cette période, qui restera à jamais comme enrichissante.
Je range un peu mon nouvel appartement. Je suis seul dedans, étant donné que Stef bosse jusqu'en septembre dans son magasin de meuble.

Août (22). Je vois les membres de mon groupe pour leur raconter Saint-Malo. Je prends quelques contacts pour du boulot. Dans le domaine de la radio ou des spectacles.

Août (24). J'achète des meubles et je vais à Dijon avec Olive pour finir d'emménager toutes mes affaires. On passe voir Stéf à son magasin.

Août (26). Je récupère chez Lolo des affaires oubliées : dossier du Festival à la Campagne, dont je dois faire la promotion sur Dijon, et des pantoufles. Je fais la liste des boites d'intérim.

Août (29). Je téléphone à la belle Hélène. Elle est d'accord pour venir au Festival à la Campagne. Elle dormira à mes côtés, "by my sides" comme elle dirait si bien.

Août (30). Ayez ! C'est fini, c'est la quille. 17 mois au service de la fac. Mais la seconde partie, depuis janvier de cette année, a été beaucoup plus mouvementée. Et maintenant, que vais-je faire ?

Août (31). Une lettre de Sophie, en vacances aux Sables d'Olonne. Il y fait beau. Elle me téléphonera en rentrant.

Septembre (1er). Je téléphone à Stef pour savoir où en sont les papiers pour le téléphone et les allocations logement.

Septembre (2). Je finis totalement mon déménagement. Maintenant, je viens à Dijon en voiture, vu que c'est beaucoup plus rentable qu'en train. Je vais essayer de m'organiser pour ramener du monde afin de réduire encore plus les frais. Je vois pour la dernière fois ma secrétaire de fac, pour les derniers remboursements de train et de dentiste. Je n'ai rien de spécial à faire. Pour l'émission de radio, c'est l'attente de la grille de rentrée. Aujourd'hui c'est une bande qui passe. Je fais l'aller-retour dans la journée avec Oliver.

Septembre (3). Je fais un tour au marché, je téléphone à Hélène, Stef et Sophie. Hélène vient en train vendredi pour le festival. Je fais du vélo vers Drée. Pour ce qui est du boulot, je me fais un planning. Je contacte aussi ceux qui font le Festival à la Campagne.

Septembre (5). Je téléphone à une radio publique où j'ai laissé des cassettes originales de mes émissions. J'aimerai qu'il me donne son avis, savoir si je peux évoluer dans ce milieu fermé. Je fais du vélo sur la route, hier je suis monté à Dun. Demain c'est le festival et je vais chercher Hélène à la gare de Mâcon à 17h20.

Septembre (6). Je vais donc chercher Hélène, le cœur léger. Nous écoutons les Beatles dans la voiture. Il fait beau. Nous arrivons chez moi. Je lui fais visiter notre local et siège de l'association. J'aimerai lui montrer tout mon environnement. Nous mangeons rapidement et nous filons au festival. Nous sommes sur la guest list, pour la radio du campus. Nous assistons au premier concert. Plus tard nos faisons l'interview de Mathieu Boogaerts. Il me reconnaît. Je suis heureux près de d'elle. Nous rentrons tard. Nous regardons une vidéo et nous fumons une dernière cigarette sur ma terrasse. C'est un de mes plus beaux jours.

Septembre (7). Hélène se réveille plus tard que moi. Nous déjeunons, nous faisons un petit tour de ville. L'après-midi, je l'emmène à Dun. Nous allons nous promener dans le parc du château de Drée. Puis nous partons manger sur le site. Interview de Louis Philippe, qui avait participé au disque sur Cantona. Nous n'avons parlé que de football. Dire qu'Hélène n'aime pas ça. J'ai eu un comportement d'égoïste qu'elle m'a fait payer par la suite en traînant la fin de la soirée avec des Lyonnais. J'ai fini jaloux, presque fâché qu'on soit avec mon abeille. Je fume seul ma clope sur ma terrasse. Une des plus tristes soirées de ma vie… Ouais, c'est ça, le miel et les abeilles, mais le miel c'est elle.

Septembre (8). Je n'ai presque pas parlé à Hélène durant le voyage menant à la gare de Mâcon. Je lui fais la gueule. Et pourquoi je ne lui avais pas proposé de la ramener à Dijon avant qu'elle prenne ses billets de train ? J'aurais pu rentrer plus tôt sur Dijon. Ca en valait la peine. Au lieu de ça, nous nous quittons en froid, du moins de mon côté, parce que, elle, elle a l'air penaude. Je l'aime trop et je suis trop possessif. Je prends un bain en rentrant chez moi. Dans la baignoire où elle s'était lavée ce matin. Puis, je m'étends sur mon lit. Son odeur est restée sur mon oreiller. C'est de l'auto-flagellation. Il fait un temps superbe. Je n'ai goût à rien.

Septembre (9). Je vais m'inscrire dans des boites d'intérim de la région, ainsi qu'à l'agence pour l'emploi.

Septembre (10). Je retourne à Dijon pour peut-être l'une des dernières émissions de radio avant la grille de rentrée. Je n'ai pas encore vu celles qui s'occupent du club. Heureusement que j'ai pris soin de constituer un dossier pour conserver cette émission. Hélène est là sans être vraiment là. Après, je lui fais visiter mon nouvel appartement.

Septembre (11). Je vais à l'agence pour l'emploi, au centre des formations, à la Radio France Bourgogne où j'ai laissé des cassettes originales de mes émissions, à la CAF. Et au labo pour régler les derniers détails de mon départ.

Septembre (13). Toujours pas de nouvelles du mec de la radio à qui j'ai laissé des cassettes d'une grande valeur, car originales, sans copies, et avec la voix d'Hélène. Je suis rentré hier au bled. Petite semaine à Dijon, juste ce qu'il fallait pour remplir des formalités administratives. Je reste ici jusqu'au 24. Je ferais des économies. J'écris une lettre endiablée à Hélène. Je suis près de péter les plombs. Je vois Lucien, je vais au local.

Septembre (14). Je vais voir des amis répéter. Ca me changent les idées. Nous allons au bal le soir. Bien chauds. C'est un bal où je revois toujours d'ancien du lycée. C'est cool.

Septembre (17). Je fais un peu de sport, du jogging. Je range ma chambre, fais du tri, du courrier pour du boulot.

Septembre (22). La copine de Lucien organise à nouveau une réception à Lyon. Mais cette fois, ça fini mal pour moi. Un vrai cauchemar. Nous sommes sortis en boite, tous plus fait les uns que les autres. Je me suis retrouvé seul à la sortie de la boite. Proie facile pour des voyous de banlieue. Heureusement j'ai assuré et ils m'ont rendu la montre qu'il voulait me voler. J'ai failli me faire exploser la tête, mais je n'étais pas conscient pour apprécier cela à chaud. J'étais seul, mes "potes" avaient disparut sans se soucier de moi. Ensuite je vais chez la chérie à Lucien mais pas d'interphone. Je pense alors les trouver dans une boite à l'autre bout de la ville. Manque de chance personne. Dire que je m'étais donné du mal pour retrouver cette boite, vu mon état, vu la pluie qui tombait. J'avais demander ma route dans un commissariat... J'ai quand même pu me loger chez des potes de Lucien qui ont un numéro d'interphone simple à se rappeler. Je me couche à 7 heures dans un miteux fauteuil, je me lève deux heures plus tard, encore pas redescendu. Je retourne chez la copine à Lulu, croisant les bourgeois de Lyon qui se promènent le dimanche matin dans la rue de la République ou sur les quais de Saône. J'étais hargneux.
Oliver croit bon en rentrant à LC, de faire un détour par la campagne. Il s'engueule avec son frère et manque de nous tuer en voiture. J'ai un coup de fil à 10 heures du soir pour un poste de pigiste pour un magazine étudiant. Rendez-vous pris pour le 24 à 14 heures chez un grand disquaire. Un coup de téléphone un dimanche soir pour du boulot…

Septembre (24). Après ce méchant week-end, j'ai apprécié de revoir ma campagne. Même Dijon c'est bien tranquille. Rien de neuf à la radio pour mon émission. Mon entretien pour le poste de pigiste c'est très bien passé puisque je commence dès aujourd'hui. Je cherche des idées d'articles. J'en ferais un sur Jessica, la belle Américaine. Je lui téléphone, elle passe chez moi jeudi 26 à 16 heures.

Septembre (25). Une des filles de l'émission de cinéma de la radio m'invite à une avant-première demain matin, à 10h30. Un film d'Aki Kaurismäki, Au loin s'en vont les nuages.
Je reçois une lettre de Steffy. Comptes-rendus habituels de soirées passées et à venir.

Septembre (26). A la séance de cinoche, je retrouve le gros de la radio publique. Il ne même pas reconnu. Mes cassettes ? J'ai bien aimé le film, me demandant si c'était Jean-Pierre Léaud ou son sosie qui jouait dedans. Car Jean-Pierre Léaud est un des acteurs préférés d'Aki Kaurismäki. A 16 heures, Jessica vient pour son article.

Septembre (27). À peine rentré, je dois appeler une agence d'intérim qui m'a trouvé un job pour quelques jours. J'ai rendez-vous demain matin avec le boss. J'ai une carte postale de Silvia, du Portugal. Un beau couché de soleil. Ici l'automne approche à très grands pas. Elle n'est pas rentrée à l'Académie de Coimbra, elle m'expliquera ça dans une prochaine correspondance. Steffy et Pierrette sont là ce week-end.

Septembre (28). Le patron de la boite me dresse le tableau idyllique de son entreprise, etc. Chez ma bande, l'ambiance a changé. Lucien est moins là à cause de sa copine. Heureusement il y a mes amies de roannaises.

Septembre (30). Je commence mon boulot. Crevant. Vidé en rentrant le soir, envie de se coucher tout de suite. Est-ce une vie ? Et puis, je n'ai pas eu de nouvelle d'Hélène récemment. Fâchée ?

Octobre (1er). Journée copie carbone à celle d'hier. Routine mortelle, à se demander pourquoi on vit ?

Octobre (5). Pour une fois, je rentre le week-end à Dijon. J'ai un colis du label de Louis Philippe. Un disque du même genre que celui sur Cantona, cette fois il est consacré au club de Manchester United. J'ai écrit à Hélène mais elle ne répond pas. Je n'ose pas l'appeler. Ses parents sont séparés maintenant, elle a déménagé.

Octobre (7). Retour au bled. Je réussis à être autorisé à faire l'interview de Dominique A, vendredi. Concert après. Si Hélène pouvait venir. Je lui envoie une carte, pour son anniversaire, le 10. Je n'ose pas téléphoner.

Octobre (8). J'envoie une carte pour l'anniversaire de Pierre, le 11.

Octobre (9). Deux mercredis de suite que je ne peux me rendre à l'émission de cinéma à la radio. Je reste bloqué au bled. De toute façon, je n'ai pas grand chose à raconter là-bas, j'y vais surtout pour rigoler avec les animatrices. Je retrouve sur un vieux cahier de classe de cours primaire, des phrases incroyables pour mon âge.

Le tanio est brisé en deux,
La marée noire va en Bretagne.
Des bateaux et des secouristes arrivent.
C'est la 6ème marée noire.
Les Bretons dégagent le pétrole.

Écrire ça à six ans ! Je crois que c'était un signe de mes capacités. Tous les mots ont un sens.

Octobre (11). Journée à marquer d'une pierre noire. La plus noire de toutes les pierres de l'univers. Je rentre sur Dijon. J'aurais du partir un peu plus tôt. J'ai acheté un dictaphone pour l'interview. Et quand je vais pour me garer vers mon appartement, j'aperçois Hélène et Stef discuter devant le porche. Hélène a du passer pour me rendre des cassettes que je lui ai prêtées. Le temps que je me gare, elle s'était sauvée. Et Stef me dit la pire phrase que je pouvais entendre. Elle me transmettait le dernier message d'Hélène. Qu'il ne fallait pas que je compte la revoir ! Un seul mot : pourquoi ? À cause de mes lettres où je mettais un peu ce que je pensais de la situation au festival, etc. Je l'ai trop secouée ? Comment faire l'interview de Dominique A après ça ? Pourtant je dois la faire. Je prends mon courage, j'essaye de sourire. Heureusement que Stef est avec moi, sauf qu'elle repart ce soir. En me rendant au lieu de l'interview, dans la chambre de son hôtel, je tombe sur le rédacteur en chef du feu fanzine. J'essaye encore de ne pas paraître comme je suis dans ma tête : détruit, sombre. Pareil avec Dominique A. Je suis totalement indiffèrent à sa relative célébrité, c'est la 3ème ou 4ème fois que je le rencontre, il me reconnaît d'ailleurs. Je vais m'acheter une bouteille de gin pour la fin de soirée. Le concert ? J'y étais sans y être. Je pensais sans arrêt à cette scène de l'après-midi, ma dernière vision d'Hélène. Un truc stupide qui n'aurait jamais du arriver, comme la mort du Christ et celle de John Lennon. Voilà. Il y a la mort du Christ, la mort de John Lennon, le clash avec d'Hélène. A la sortie du théâtre où avait lieu le concert, je tombe sur mon groupe, et des filles. Mais ce soir, je n'ai envie de voir personne. Je vais me rentrer dans ma piaule. Ce que je fais. Je téléphone à Lyon, à la copine de Lucien. Je me noie…

Octobre (12). Forcément, le réveil est douloureux. Surtout au ventre, à cause du cœur. Mal à la tête, aussi. Je tombe sur Dominique A et sa copine chez un disquaire. Marrant. Parlé du concert d'hier, etc. Il fait un temps gris depuis que je suis de retour à Dijon. Je marche dans les rues, à la recherche impossible d'Hélène… Je suis au bord du gouffre. Je ne comprends toujours pas. Que me restera-t-il d'elle, si je ne la revois plus jamais : une chanson dont j'ai écrit les paroles, May 29th, où elle chante. Deux photos dont une de trois-quarts arrière, deux cassettes d'émission, des tas de souvenirs, des disques, des références, des endroits. Surtout des remords et des regrets.

Octobre (14). Je fais encore une émission de radio, l'échéance finale étant encore repousser. Les personnes qui s'occupent du club ne se sont pas encore manifestées. Je célèbre les un an du retour de Cantona. C'est ma première émission depuis, le clash avec Hélène. Il y a une atmosphère emprunte d'un mélange de souffre et de nostalgie. Mal au ventre. Un malaise. Une mort. J'écris hier à Sophie. J'aimerai bien la rencontrer. En suis-je sûr seulement ?

Octobre (15). Je suis maintenant bien installé avec Stef. Bien, je tempère toutefois cette appréciation car nous sommes juste au-dessus d'une friterie. Il y a une odeur de friture dans nos pièces qui se repend à nos vêtements. Ce devient un problème. Je fais un article sur le bar du campus et sur un autre près des halles, où je vais voir les matchs de football avec ma formation. Pierre et Mathias, ainsi que le groupe de petits branleurs viennent chez moi pour picoler.

Octobre (16). Le gros con de la radio a égaré mes cassettes. J'ai la haine. La première impression que j'avais de lui était la bonne : un branleur. Ca va vraiment mal en ce moment. Je vais au service communication de l'université, pour qu'il m'envoie régulièrement des infos pour le magazine étudiant dans lequel je suis censé écrire.

Octobre (17). Rencontre avec la responsable de la communication des transports en communs. Rendez-vous avec Philou, un mec qui est passeur de musique pop dans des soirées qu'il organise dans des boites ici. Il me ressemble un peu par sa vie. Interview de Randy au bar du campus. Philou m'accompagne. Pas vue Hélène en ces lieux pourtant chers à nos rencontres.

Octobre (18). Je suis rentré à la maison. Ces 7 jours à Dijon ont été pour le moins mouvementés. Une semaine que le clash a eu lieu avec Hélène. Aucunes nouvelles. Connaissant sa fermeté, ça m'étonnerait qu'elle me téléphone.

Octobre (21). Stef a eu le loisir d'être dans l'appartement tout le week-end. Et elle y a vu des choses étranges. Des souris. Comme il y une odeur de friture persistante depuis notre installation, il convient alors de trouver un nouvel appartement ! J'ai fini la conception d'un super jingle pour mon émission, avec le nouveau technicien de la radio. Nous y avons passé beaucoup d'heures pour à peine trente secondes. A mon émission, je passe l'interview de Boogaerts. Toujours pas vue d'Hélène.

Octobre (22). Nous contactons notre propriétaire pour expliquer nos problèmes. Elle nous comprend et ne voit pas d'objection à un départ anticipé. Cette fois, je confie à Stef la mission de trouver un nouvel appartement. Elle a carte blanche. Ca ira beaucoup plus vite comme ça et je ne saurais être difficile.

Octobre (23). J'ai l'autorisation pour taper mes articles au labo. A 10 heures je retrouve Philou qui fait une soirée pop ce soir. Soirée auquel je suis présent.

Octobre (25). Avant de rentrer à la maison pour le week-end, j'ai la bonne surprise de découvrir dans ma boite aux lettres un paquet contenant des disques, envoyés par l'attachée de presse rencontrée à Saint-Malo. Si ceux de la radio savaient ça … De toute façon, il dénigre la pop. D'ailleurs, ils me doivent le premier album d'Oasis que je me suis fait tirer au studio. Je m'en rappellerai avant de quitter la radio. Définitivement peut-être

Octobre (28). Je monte l'interview de Louis-Philippe. Je fais mon émission. Stef a trouvé un appartement. Pour la fin de la semaine. Des papiers à remplir en perspectives.

Octobre (29). J'ai rendez-vous dans un bar américain avec Philou, pour organiser un concert avec une formation rock de Dijon qu'il connaît. Philou nous conseille "Twister" comme nom de groupe. Alors qu'on avait fini de dîner avec Stef et Nat, un abrutit lance d'en bas une cannette de bière dans notre fenêtre. Double vitrage à changer.

Octobre (30). Je fais les cartons pour le déménagement de demain. Stef, elle, n'a pas eu à le faire puisqu'elle n'avait pas déballé toutes ses affaires ! Nous avons vécu pendant à peu près deux mois, dans une déco assez spartiate.

Octobre (31). Alors voilà. On déménage déjà. Stef a amené des renforts. Vite fait bien fait, on dépose tout dans notre nouveau domicile. J'y sens plus d'ondes positives. En tout cas, moins d'odeurs et de bruits. J'ai une chambre et elle dormira dans le salon avec son clic clac. Je la laisse ainsi pour le week-end, devant rentrer chez moi, ayant de la famille pour la Toussaint. J'y verrai plus clair lundi. Je ramène un ancien du lycée. Que penser de mon ancien appartement ? J'y ai perdu Hélène. On dit souvent que, quand un événement important se passe alors que l'on est dans un nouvel environnement depuis peu, il s'attache pour toujours à ce lieu.

Novembre (3). Pierrette me coupe les tifs. Court comme jamais.

Novembre (4). Avant de faire mon émission, état des lieux de l'ancien appartement. Adieu maudit endroit.

Novembre (7). Mon émission est prolongée en attendant la nouvelle programmation. Je prends des disques à la radio pour les copier ou pour faire ma compilation annuelle.

Novembre (12). Déjà plus de deux mois que j'ai fini mon service et toujours rien à se mettre sous la dent. J'ai été perturbé par la perte d'Hélène et le changement d'appartement. Maintenant, je suis bien installé dans mon nouveau logement, je décore ma chambre. J'écoute tous les soirs l'émission de sport sur Europe 1. Il m'arrive d'écouter France Inter de 8 heures du matin à 2 heures du matin, sauf de 20 heures à 22 heures 30, quand il y a du sport en face. J'apprends des tonnes de choses. J'élargis ma culture générale, notamment avec l'émission de musique classique. Mais il ne faudrait pas que je m'endorme sur des ronronnements.

Novembre (13). Je suis invité à l'émission de cinéma. Je ne dis presque rien, à la grande désolation des deux animatrices.

Novembre (14). Je vais à l'agence pour l'emploi, mais il y a trop de monde. J'attends mon tour environ une heure. Pour pas grand chose au final. J'ai des billets de transport en commun gratuits. Je tue le temps en faisant un tour à la radio, en passant voir Lolo, en voyant Philou.

Novembre (15). J'apprécie le calme du mon appartement ce vendredi soir. Pour réduire mes frais d'essence, je reste ce week-end à Dijon. Stef, elle, est rentrée. Nous essayerons de n'être pas là en même temps le week-end, pour avoir plus d'espace.

Novembre (16). Le ciel est gris presque tout le temps, le froid est de plus en plus présent. Je fais un petit tour chez un disquaire le matin. Je crois apercevoir dans une rue piétonne, Hélène, avec une dame qui doit probablement être sa mère. Choc matinal. J'y pense quasiment toute la journée. J'ai le mal de ventre qui me reprend. Il y a un match de rugby. La France est détruite chez elle par les Sud-Africains. Historique déculottée.

Novembre (17). C'est la fin de mon groupe. Chronique d'un mort annoncée dans le sens où ça faisait des semaines que je sentais qu'ils préféraient glander plutôt que de créer de la musique pour mes textes. Triste fin par un temps de Toussaint ou de 11 novembre. Les autres membres du groupe devaient rejoindre moi et Philou à 14 heures dans un local de répétition, dans une salle de concert. Ils ne sont pas venus et n'ont pas prévenu. C'est la goutte qui fait déborder le vase. Je décide en rentrant à mon domicile d'arrêter les frais avec eux, je perds du temps. Je décide aussi, puisque je suis sans groupe, de ne plus écrire de textes tant que je n'aurais pas joué dans un groupe assez professionnel, qui aura fait la démarche d'enregistrer de vrai démos. En un mois j'ai perdu Hélène et mon groupe.

Novembre (18). Je continue, marchant un peu sur des œufs, mon émission. Le thème aujourd'hui est les Beatles. Je n'arrive pas joindre mon responsable du magazine étudiant. Je crois qu'il m'a bien baisé la gueule. Alain Toussaint, qui es-tu ? Bien gentil, mais il ne m'a pas fait signer de contrat. Le magazine s'appelle Univers Jeunes. Heureusement, à part du temps, cela ne m'a rien coûté de faire les articles sur les bars, sur la radio du campus, sur Jessica. La dernière fois que je l'ai eut au téléphone, il m'a fait comprendre que je ne serais pas payé. Alors j'ai envoyé des lettres au journal, Mais pas de réponse. Le journal ne figure pas dans l'annuaire. Le truc louche. Je tombe de haut et souvent en ce moment.

Novembre (19). Match de coupe d'Europe entre Metz et Newcastle, le club du beau David, 1-1. C'est un ancien joueur de Gueugnon, Amara Traore, qui marque le but des Lorrains.

Novembre (20). J'invite Lolo et Marco à manger pour suivre la soirée de ligues des champions. Nous discutons de ce que nous pourrions faire demain soir.

Novembre (21). Qu'arrive-t-il le troisième jeudi du mois de novembre habituellement ? Le beaujolais nouveau. J'en achète avec Marco et on file chez Lolo. Et quand les bouteilles sont vides, nous filons au bar américain, où Philou fait des soirées maintenant, de temps à autre. Nous commandons quelques amphores du breuvage bu plus haut. La tête commence à tourner. Je reconnais des basketteurs pros du club local. Je discute avec eux. Eux aussi, ils fument et boivent. Je me suis aussi fait passer pour un Hongrois, parce que chez Lolo, y avait un type qui faisait cela, et j'ai trouvé ça original. J'ai vite pris l'accent hongrois…

Novembre (22). Réunion à la radio pour parler d'une émission de sport que j'ai en projet depuis des semaines avec les deux animatrices de l'émission de cinéma. Une émission pilote est prévue pour bientôt.

Novembre (25). Je passe l'interview de Louis Philippe, enregistrée au festival. Je me fais du mal ainsi. Hélène écoute-t-elle encore "notre" émission ? Ira-t-elle encore au club ? Je passe, par des sous-entendus, des messages, des appels en sa direction. Sans grand espoir de retour…

Novembre (26). Je dois remplacer Philou comme disc-jockey ce soir. Il fait une soirée pop tous les mardis au bar américain. J'y vais l'après-midi avec lui pour le regarder faire, et je bosse de 21 heures à 3 heures. C'est finalement le même système qu'à la radio. En plus simple même. Seul point noir, les casse bonbons qui n'ont pas compris qu'ils venaient à une soirée pop et qui insistaient pour que je passe les Fugees. Il a fallut que je le fasse. Ils aimaient aussi les Beatles, là c'était plus dans mes cordes. Je dois organiser le 17 décembre un concert avec Philou dans ce bar.

Novembre (28). Je vais à la salle de spectacle du campus où a lieu une émission en direct de France Musique. En espérant secrètement qu'Hélène y serait, vu qu'elle aime la grande musique. Ne la voyant pas venir et me demandant ce que je faisais là, je pars au bout de 30 minutes.

Novembre (30). Je reste encore à Dijon ce week-end. En fait, je suis invité par la chargée de communication des transports en communs dans une boite. Plus exactement, j'ai deux invitations à l'occasion d'une opération entre sa société et les boites de nuit locales, qui mettent en place un système de bus de nuit pour éviter aux gens bourrés de prendre le volant. J'invite Philou. Nous allons donc à pied dans une boite. Je reconnais un responsable de la compagnie d'assurance où j'avais faillit bosser l'été 1994. Je n'ai pas vu par contre la chargée de communication. Je l'aurais bien invité à danser, à faire connaissance, à dormir chez moi. Je suis plutôt resté dans la salle du bas, à guetter des fins de chaleur.

Décembre (1er). Je m'ennuie seul dans l'appartement.

Décembre (2). Je fais le pilote de l'émission de sport et j'enchaîne directement sur mon émission.

Décembre (3). Je vais voir du foot à la boite de Philou. Nous rencontrons trois Anglaises, dont une deux Newcastle qui a éliminé Metz ce soir. Une autre supporte Manchester United. Elles aiment la pop. Je les invite à passer demain à 16 heures au studio de la radio où je dois enregistrer des bandes car je ne serais pas à Dijon lundi. Je les ramène chez elle, sur le campus.

Décembre (4). Elles ne sont pas venues.

Décembre (6). L'émission de lundi était hélas la dernière des dernières à la radio. Les choses se gâtent pour moi. Les filles du club n'ont pas apprécié que je fasse tout le travail du dossier pour garder l'émission. Quelle ingratitude !
Je repars pour le bled. Je reviendrais à Dijon juste quelques jours en plusieurs fois avant la fin de l'année. Je suis toujours sans emploi et je musarde trop ici. Je ferais des économies en restant à LC. Je dois revenir le 12-13, 17 pour des concerts, et à d'autres dates pour ramener des affaires.

Décembre (8). Je vais faire un tour au stade où évolue mon ancien et premier club. C'est une habituelle séance d'auto-psychanalyse qui marque la fin de la semaine et des espoirs pour la suivante.

Décembre (9). Je vais à Roanne pour me changer les idées. Je vois Steffy. En rentrant j'écris à Silvia. J'oublie cette nouvelle histoire avec la radio, qu'on me vire de mon émission, ces petites connes. Lamentable.

Décembre (10). J'ai eu deux places pour un match de mon choix de la coupe de la ligue de football. Mon choix s'est porté sur Lyon recevant le Paris Saint-Germain. 80 kilomètres, c'était le plus proche et la plus belle affiche. Il fait un froid de canard. J'y vais avec Lucien que je prends chez lui à 17 heures. C'est la première fois que je vais à Gerland mais je trouve sans problèmes. Nous sommes derrière les buts, dans le virage sud, l'autre étant remplacé par une nouvelle tribune en vue de la coupe du monde. Il y a Raï, Lama, Le Guen, Fournier, Roche, Domi, Ngotty, Cauet, Dely Valdes, Algerino, Guerin à Paris, Caveglia, un ancien de Gueugnon, Bak, Olmeta, Laville, Sassus, Gava, Bardon, Giuly à Lyon, et puis un petit jeune à Paris qui fait parler de lui : Anelka. Pas un match inoubliable, que Lyon gagne 2-1.

Décembre (12). De retour à Dijon, j'ai réglé la fréquence de la BBC à ma radio, pour suivre les matchs du samedi après-midi, en Angleterre.

Décembre (13). Je suis allé hier proposer mes services pour le concert de ce soir : mettre la musique entre les deux groupes. Contre l'entrée gratuite, ce qui est correcte. Le concert est celui de Wedding Present, groupe de Leeds. Je parle avec le chanteur, David Gedge. Évidemment on parle foot, et il supporte Manchester United. C'est comme si un Lyonnais supportait les Verts. Enfin, socialement, prenons plutôt l'exemple d'un Nancéen qui suivrait Metz.

Décembre (14). Je rentre au bled, le travail accompli. Comme je suis très éclectique, ce soir je vais au bal paysan.

Décembre (17). Concert organisé par Philou, avec mon assistance.

Décembre (20). Je vais à Dijon pour la journée, avec Oliver. Je fais des pâtes, Philou venant manger à midi. Je ramène Lolo à 16 heures. C'est les vacances sur le campus. Demain bal à la campagne.

Décembre (24). Rien, juste passé la soirée chez ma bande.

Décembre (25). Traditionnel repas de famille.

Décembre (27). Traditionnel voyage à Lyon pour faire du shopping.

Décembre (30). J'aurais mieux fait de rester coucher ou de n'avoir pas l'idée d'aller à Dijon avec Oliver pour ramener des bricoles. En effet, un connard me rentre dedans en voiture. La mienne n'est pas foutu mais il y en a pour beaucoup à réparer. De toute façon, ce n'est pas moi qui suis en tort. Il commençait en plus à neiger. Je prends froid. Je suis choqué. Demain le réveillon avec Steffy et Pierrette.

Décembre (31). Je suis grippé. Je ne suis pas en état d'aller rejoindre Steffy et une copine à elle au restaurant. Je les verrai à la boite. Il y a une petite bouffe chez un mec du squat. Je m'en contenterai avec Pierrette.

suite
 
EN - FR
© Alain Crozier 2016  - mentions légales - newsletter - contact
accueil  livres  arts  musique  journal  agenda  photos  videos  bio  shop