PARTIE
II
La dérives des
sentiments
1994
Janvier (1er). Jour de l'An
et gueule de bois. Forcement. Repas de famille classique. Et puis comme
on est samedi, il faut bien remettre cela ce soir. Quoique, je n'ai pas
trop envie. Dire que demain, comme tous les dimanches, je vais
reprendre le train à 19h30, pour la fac. La semaine qui s'annonce sera
marquée par mes trois jours à la caserne. Je sais que ce sera grave.
J'espère être réformé. J'ai pris une pile de radiographie, du dos, du
genou, plus un certificat. Maintenant je prie.
Janvier (2). A la télévision,
il y a un match de basket entre la meilleure équipe du pays et celle de
Dijon. J'ai failli y aller avec Stef. Mais bon, les choses sont ce
qu'elles sont, et j'ai regardé le match à la télévision.
Janvier (3). La semaine va
vraiment être décapitée par ces trois jours. Après le cours d'anglais,
je retrouve Stef, et l'on va au local. Il n'y a que la trésorière. Stef
me raconte son jour de l'An. Une heureuse rencontre pour elle… Elle
commence à insinuer des choses. Qu'il est grand…
J'ai craqué. A 13 heures, dans l'amphi, je commence à prendre des
notes, et puis, je me laisse aller, je me dis que je rattraperais
jeudi, comme je vais aussi manquer mardi et mercredi. Plus de
motivation. Encore fatigué du jour de l'An.
Janvier (4). J'ai du me lever
tôt pour prendre le premier train. Je suis à côté de quelqu'un qui se
rend aussi à la sélection. Au moins, j'ai un compagnon de galère. On
boit un coup dans le bistrot en face de l'entrée de la caserne, ce qui
nous fait arriver en retard pour le repas de midi. Remarqué
immédiatement. J'aurais du rester couché ce matin. Cette sélection est
un cauchemar. Impression d'être au baccalauréat ou au permis. Je
connais deux militaires qui jouent dans mon club de football. Mon
objectif est de me faire réformer, un point c'est tout. . J'échoue de
peu dans cette tentative. Pourtant, avec mes problèmes de dos, de
genoux, je pensais y parvenir. On me propose de m'exempter de marche et
autres corvées physiques. Les bureaux, quoi ! Est-ce que ça vaut la
peine d'être vécu ou ne vaut mieux-t-il pas choisir un service civil ?
Je dois déjà envisager cet avenir car mes résultats des partiels ne
devraient pas me laisser beaucoup de perspectives dans la filière que
j'ai choisie.
Dans le train de retour, je retrouve un ancien de la Cité Scolaire,
tout à fait opposé à toute idée militaire, non-violent mais vrai faux
cul. Le temps gris ne nous a pas quittés depuis ce matin. Triste
journée.
Je vais à 16 heures au cours d'économie sans me soucier de rien. Sauf
de la pluie. J'informe Stef que je ne suis pas réformé.
Janvier (6). Je reçois une
lettre d'Ivan, toujours "bloqué" au lycée, en classe de terminale. Je
l'avais vu lors de mon dernier passage au lycée. Il me narre son
réveillon, qui avait l'air d'être aussi bien arrosé que le mien. Mais
un réveillon est toujours arrosé. Ici les cours n'ont pas tous repris,
ce qui laisse d'énormes trous dans mon emploi du temps. Je retourne
voir N car je crois que c'est bien une passion qui nous unis.
La folie m'a surpris. J'ai encore pété les plombs à cause d'elle. Je me
suis comporté comme un inconscient, j'aurais pleuré pour qu'elle me
laisse passer la soirée avec elle. Elle ne devait pas me charmer à
nouveau, comme elle l'a fait avant les vacances de Noël, me laisser
croire à un recommencement.
Janvier (10). Demain, c'est mon
anniversaire. Mais je ne fêterai pas ma réforme militaire, vu qu'elle
n'a pas eu lieu. Les résultats des partiels ? Non, seul l'économie me
fit honneur. En attendant demain, je branche Stef sur un voyage à
Venise, pour le festival. Elle est ok. C'est dans moins d'un mois. Il y
a plein d'affiches pour des voyages, Prague, Londres… je lui annonce
aussi les festivités pour demain : je rejoins les anciens de mon lycée,
puis le gang de notre section.
Janvier (11). J'ai 21 ans. Ca
ne me fait rien de spécial. J'avais envie d'être ivre toute la journée,
mais j'ai sagement attendu la dernière heure de cours de la journée
pour rejoindre les autres… Nous sommes allés chercher à boire et à
manger. On a fait ça chez David, pour raison pratique d'un point de vue
géographique. En revenant du supermarché, on se fait remarquer, la
poignée du pack de bière que tenait Marc craque, et le contenu se
répand partiellement sur le bitume.
Toutes les fêtes commencent à se ressembler. Je suis encore le seul à
vouloir prolonger la fête en ville. J'ai encore faim. Je trouve des
sandwicheries encore ouvertes à 23 heures. Je me tape un américain et
un belge puis, je cale. Je suis mal. Je ne veux plus, je ne peux plus
aller en boite où beaucoup de personnes m'attendent. Je prends vite le
premier bus pour retrouver le campus, et j'au un eu honte d'avoir poser
un lapin à Stef et à d'autres.
Janvier (12). Nouvelle soirée
avec ma corporation. En plus je fête mes 21 ans. Ma faluche n'étant pas
achevée, je me tape une nouvelle séance de couture.
Janvier (15). Je fête cette
fois mes 21 ans avec à LC avec ma bande. Un samedi soir parmi tant
d'autres. Je commence sérieusement à questionner Oliver sur le service
civil. D'ailleurs, il vient passer sa visite médicale à Dijon et
viendra squatter mon logement. Pour une fois je suis sûr de ne pas être
seul demain dans ce train de nuit.
Janvier (16). Je prends donc le
train avec Oliver. Il retrouve des anciens du lycée qu'il trouve
primaire. Je reçois une nouvelle lettre d'Ivan à qui je confie tous mes
malheurs. Il comprend bien ma situation. C'est un peu mon psy. Ma
semaine sera coupée par une nouvelle consultation médicale pour mon
genou.
Janvier (17). Olive est
toujours en froid avec l'université. Je le convaincs quand même de
faire un tour dans les couloirs. Il préfère la Fnac à la fac. Je
l'emmène également au restaurant universitaire, manger avec d'autres
anciens du lycée, qu'il apprécie. Déjà la veille, du bus à chez moi, on
avait retrouvé encore d'autres anciens camarades.
Janvier (18). On saute avec
Olive dans le premier train pour revenir au bled. Puis il trace direct
chez lui alors que moi je fais une pause pizza près de mon ancien
lycée, histoire de voir N. Mais je ne la vois pas. La pression monte
car demain, je vais en savoir plus sur mon douloureux genou.
Janvier (19). Je retourne voir
un spécialiste pour mon genou et le verdict tombe comme une enclume
dans un étang : l'opération est inévitable. J'ai perdu cinq mois.
J'écris encore à mon N pour lui dire mes malheurs en espérant
secrètement qu'elle viendra me voir à l'hôpital. Ménisques au minimum,
peut-être les ligaments. Je demande au chirurgien de m'opérer au plus
vite. Ce sera lundi prochain. Je reprends le train pour la fac.
Très abattu, ne pensant à rien. Train, bus, fac, local. Stef m'annonce
deux catastrophes en Histoire et en Droit. Je crois que c'est la fin de
mes espérances. Je n'ai pas encore rattrapé les cours de la semaine
dernière. Ca s'accumule. C'est fini. A 18 heures, assemblée générale de
l'association, puis on improvise un repas. Mais Stef n'y est pas. Comme
tout repas étudiant qui se respecte, celui-ci est bien arrosé. J'ai
raté quelques épisodes et je ne capte pas toutes les dissensions
existantes autour de la table. Fin de soirée improvisée en boite. Il y
avait mon parrain, Val la grande copine de Stef, Mathilde grande copine
de Val. J'ai profité de ce dernier moment de festivité, songeant à la
clinique qui m'attend. J'ai encore le temps de poser ma candidature
comme pigiste dans un hebdo musical national. Mais c'est vrai que cette
histoire de journalisme m'enfle la tête, et Stef est dans ce sens. Vas
pour le journalisme.
Janvier (23). Je fais une
dernière fois la fête au bled, avec mes amis, sans me soucier de la
prise de sang que j'aurais le lendemain. Après tout, ce n'est que pour
vérifier mon groupe.
Janvier (23). Je rentre à
l'hôpital, un dimanche gris. Quelle gaieté ! C'est la première fois que
je suis hospitalisé. Je m'en passerai. Mais je passerai. Il fait gris,
pluvieux, venteux, d'habitude, j'adore ce temps de chien. Mais là, je
ressens une appréhension. Peut-être parce que dans quelques heures, on
va ouvrir pour la première fois mon corps et jouer avec mon intérieur.
Je veux qu'on m'endorme totalement. J'ai l'impression d'être un veau
qu'on emmène à l'abattoir.
Dés mon arrivé, on s'amuse avec des seringues dans mes veines. Deux
prises de sang et je sui un peu K.O.. mon voisin de chambre vient pour
un poignet. Il y a sa femme et sa petite fille. Jeune couple. La femme
me fait penser à N. Supplice. Pour compléter le tableau, le repas est
très fin. Je mangerai mieux demain. J'ai un peu de mal à m'endormir
mais c'est un peu normal.
Janvier (24). Réveil assez
militaire, à 6 heures 30. Pas de petit déjeuner. Par contre, changement
de tenue. Blouse de combat avec rien dessous. On m'épile la jambe
gauche, presque de haut en bas. Sans mousse, ça pique. Il est 10
heures, mon voisin est au bloc, mon tour va bientôt venir. Ce qui est
rassurant, c'est la vue de ce voisin partant dans les vapes. J'attends
avec impatiente le cachet qui me mettra dans le même état. Et en moins
d'un quart d'heure, je décolle. Il suffit de le prendre, de s'allonger,
de fermer les yeux et de ne penser à rien. Quelques minutes après,
impossible de me lever seul, comme si j'avais la fête toute la nuit.
Mais même avec ma bande, je n'ai été dans un état pareil ! Pour arriver
jusqu'au brancard, c'est toute une histoire. Je divague, puis, j'éteins
la lumière.
Je me réveille dans mon lit, je ne sens plus mes jambes. Impression
bizarre. Je n'ai pas assez de force pour manger. Il est 18 heures 30.
Le médecin, au courant que j'émerge, vient me dire que mes ligaments
ont été "réajustés". J'en ai pour une semaine.
Janvier (26). Je remarche.
Trois jours resté cloué au lit ! Sensations extrêmement bizarres. A
part ça je regarde les clips à la télé, toujours les mêmes. Je passe
beaucoup de coups de téléphone au campus, pour prendre des nouvelles,
donner les miennes. J'écris aussi. Je souffre. Je rêve de grosses doses
de morphine.
Janvier (28). Dans un hôpital,
les jours se ressemblent tellement que seul l'évolution du mal peut
nous les faire se différencier. Mes parents viennent tous les jours.
Mais le temps est long, mes voisins se succèdent depuis mon arrivée. Un
ancien remplace un jeune. Problème de cœur, il est venu recouvert de
papier d'aluminium dans un brancard. J'ai eu peur, je croyais qu'il
allait y passer sous mes yeux. Le dernier, s'est blessé au ski. Il
n'aime pas le football, bien qu'étant d'une ville de football. Ca
promet pour les discussions. Pour passer le temps, je n'arrête pas de
téléphoner. La note va être salée.
Janvier (31). Délivrance. Je
sors enfin de l'hôpital, promettant à des infirmières qu'on irait au
cinéma ensemble. Je suis content de rentrer à la maison. Maintenant,
pendant une semaine, cela va être infirmière et masseur tous les jours.
Seul Olive est venu me voir parmi ceux de ma bande. Thierry aussi, et
Geronimo. Je pensais retourner à Dijon cette semaine mais, je dois
rester 15 jours à la maison. Et 6 mois de rééducation.
Février (1er). Comme tous les
1er mardis de chaque mois, c'est la foire au bled. Je vais prendre un
nouveau rythme de vie. Entre kinés et infirmières. Dix jours à
supporter une piqûre quotidienne. Il faut que je pense à trouver un
kiné prés de la faculté, quand je rentrerai. J'aimerai bien faire un
tour à la foire mais mon genou me fait trop souffrir depuis qu'on m'a
enlevé les drains.
Février (2). Encore une lettre
d'Ivan. Psy méthode coué. Je trouve, sur l'annuaire, une masseuse assez
près du campus. Je retourne là-bas la semaine prochaine. Ces semaines
d'absence ont sans doute hypothéqué définitivement mes illusions de
réussite à la faculté.
Février (7). Mon généraliste
m'enlève des fils. Je n'ai jamais autant souffert. Les jours aussi se
ressemblent beaucoup au bled, sortant rarement de chez moi.
Février (10). Je reviens pour
deux jours sur le campus par le premier train de l'après-midi. 15 jours
après mon départ. Je suis accueillis à la gare par deux filles de la
corporation, Carine et Aline. Stef n'a pas pu venir mais a trouvé un
chauffeur pour m'emmener de la gare à la faculté. Je suis gâté.
Plus on se rapprochait de la faculté et plus mon cœur palpitait à
l'idée de tous les revoir. Je suis l'événement de la journée (grise).
Je suis content de revoir tout le monde. Avec mes béquilles j'ai plein
de passe droit. Dans le bus, les vieilles dames me laisse leur place.
J'ai rendez-vous avec une fille fan des Housemartins, comme moi. J'en
connais si peu. Je l'ai rencontré devant un stand de posters dans le
grand hall de la faculté.
Février (11). Rendez-vous avec
mon second kiné, qui est une femme. Je la trouve sympathique, sérieuse.
Il y a de la retenue dans son attitude car je suis un nouveau client.
Février (13). Un an que tout a
commencé avec N. Je suis retourné au squat après cette mini semaine à
la faculté. 15 jours que je n'y avais pas mis les pieds dans cet
endroit de beuveries, de fêtes. Pas trop envie de boire, physiquement
épuisé.
Aujourd'hui, j'ai eut le courage de me déplacer pour voir mon club. Il
fait froid, pluvieux et on perd 2-0. Je dois me taper le train le soir.
Les béquilles c'est pratique. Tout le monde est gentil, poli. Mais je
craignais le bus pour les facultés. Par chance, il y avait beaucoup
moins de monde que d'habitude.
Février (14). La chance
m'aurait-elle quitté ? En ouvrant les stores de mon studio, je vois de
la neige. Courageux, je traverse le campus à pieds, avec mes béquilles.
Je joue le revenant aux travaux dirigés d'Anglais. Un peu perdu, car il
y a des nouveaux horaires, des nouvelles salles, comme si une nouvelle
année universitaire commençait.
Février (15). Il a gelé cette
nuit. La neige s'est transformé en glace. Amusant avec les béquilles.
Je décide quand même, raisonnablement, de prendre le bus. Je limite mes
déplacements au strict minimum. Maison, faculté, kiné. Aujourd'hui mes
béquilles se firent remarquer de tous les étudiants de l'amphi et de la
prof, en tombant par terre.
Toutefois, après 3 semaines d'absence, je tombe dans une certaine
léthargie irréversible, en ce qui concerne mes études. Je n'ai rien
fait depuis un mois, pas rattrapé le retard. Ma kiné m'a conseillé de
laisser tomber les béquilles. Au moment où j'abandonnais mes béquilles,
la neige nous abandonnait.
Je me demande ce que je fais ici, à ne plus rien faire dans les études.
Avant le travail me prenait trop de temps mais là, je crois qu'il est
grand temps d'acheter une télévision. Car les jours passent et rester
dans ma chambre me frustre. Au moins qu'il y ait une télévision !
Février (16). Encore un
rendez-vous avec la fan des Housemartins. Dans sa chambre
universitaire. Échange de cassettes (Morrissey,
Live à l'Élysée Montmartre, Stone
Roses). Je devais aller à une soirée cow boy mais je suis encore trop
fatigué pour subir les excès d'une telle nuit.
Février (24). Avec ma kiné, on
parle des émissions qu'on écoute sur France Inter. On rigole beaucoup,
même si elle me fait mal en me pliant le genou.
Je reçois une nouvelle carte postale de N. Toujours aussi laconique.
Les vacances approchent. Deux semaines seulement de cours. Mois de
février triste et haché.
Février (26). Anniversaire de
Nadège et de son cocktail éponyme. C'est le début des vacances. Le
moment aussi de réfléchir à ce que je ferais l'an prochain :
réorientation ou service civil ?
Mars (3). Je suis retourné hier
voir le professeur qui m'opéré, pour qu'il m'enlève les fils que mon
généraliste avait oublié, il y a plusieurs jours. Je n'ai jamais autant
eu mal de ma vie, k.o., blanc. Je passe mes vacances surtout à me
remémorer ce qui se passait pour moi il y a un an. Nouvelle lettre
d'Ivan le divan. Il voit que je vais mieux. Il sera au campus pour la
journée porte ouverte, N aussi.
Je passe trois jours chez Oliver, sur les hauteurs de la campagne
ligurienne. C'est reposant. J'ai emmener le
New Musical Express acheté la
semaine dernière à la gare. Kurt Cobain en première page :
Coma in Roma.
La gare où Oliver est venu me chercher hier est sinistre. Grande mais
vide, grise comme la ville posée dans une cuvette, Tarare. Il arrive
quand la nuit tombe à peine. Après un passage au supermarché, nous
allons dans les monts, il fait noir, ce qui rends le voyage
énigmatique, aventureux. Mystérieux. Bien qu'il n'aime pas le football,
je convaincs Oliver, tout comme Nadège il y a quelques mois, de
regarder un match à la tv.
Il a fait beau ce matin, un matin calme. Calme semble un adjectif très
prisé ici. Je me suis coupé du monde. Même en sortant pour acheter le
journal, je semble évoluer dans un autre pays. Oliver m'a présenté à
ses collègues de boulot. Je l'ai suivi à la bibliothèque, matant les
bandes dessinées.
Mars (4). Il est 11 heures
quand l'information tombe sur mon téléscripteur cérébral : "
Kurt Cobain, la star du grunge…".
Je crains le pire, car on n'a jamais parlé de lui sur cette radio
d'information continue. "…
est dans
le coma après avoir pris des médicaments et bu du champagne".
Je reste cloué par cette nouvelle qui me fait peur. Oliver arrive. Je
n'ai pas le temps de lui dire ce que je viens d'entendre qu'il me le
confit déjà, une secrétaire lui en ayant parlé au travail. Nous sommes
abattus. Cobain frôle la mort. Va t-il devenir le Jim Morrison de notre
époque ? De notre société ? De la génération "X" ? Cette affaire fut au
cœur des débats, le soir, avec la bande.
Mars (8). Mes journées sont
surtout rythmées par les séances de kiné. Vraiment rien de
transcendantal. Je lis mon hebdomadaire de foot en cours, à côté de
Stef à qui j'apprends le foot, mais elle s'intéresse aux cuisses des
joueurs. Je lui parle forcement de Kurt Cobain. Elle m'a dit hier qu'à
force de parler de moi à sa meilleure copine de lycée, Nat, cette
dernière est impatiente de me rencontrer. Ca me flatte. Nat ressemble
selon Stef, à Stef ! Souvent on les croit sœurs ou plus.
Mars (12). On nous colle un
partiel de droit public un samedi matin ! Vraiment sympa. De toute
façon, je n'y crois plus. Démobilisé. Je reste 1h30. Je me retrouve
comme en 1990-1991. Grandes, très grandes vacances.
Mars (15). Je replonge
maladivement dans mes souvenirs de terminale. Depuis un an, et même
depuis 1990, j'ai du mal à délirer dans ces pages d'agenda. Je n'ai
plus de pensées poétiques. Les femmes m'ont volé cette capacité.
Heureusement, je peux suivre les matches de football à la télévision
maintenant que j'en ai une. Je suis allé hier l'acheter. Ce soir,
c'était PSG contre Real Madrid. Bon baptême pour le téléviseur. J'ai en
plus les 3 chaînes suisses publiques. Il y a en a une en allemand et
une autre en italien, mais ça développe l'esprit critique. En regardant
la TSR, j'ai l'impression de prendre un bol d'air.
Mars (17). Encore une
manifestation anti-C.I.P. Comme pour les concerts de rock, Dijon se
distingue par son manque de militantisme. Il y a même plus de lycéens
que d'étudiants. Tout le boulevard des facultés est englobé par le
défilé. Je fais une belle promenade avec des copains. Mais je commence
à me lasser de ces manifestations. C'est une période dorée pour ces
guignols de Canal+. Pour l'émission de Ruquier sur France Inter. Ces
deux choses sont une drogue. Impossible de les manquer, sinon j'éprouve
vraiment un... manque. Depuis que j'ai la télé, je prends de très
mauvaises habitudes, surtout le soir. Je mange à 19 heures, puis, je
m'allonge sur mon lit, matant la télé en face, sur la petite table.
Fumant clope sur clope, passant des coups de fil aux copines. Je me
plais à vivre ainsi.
Je vais à un concert dans un mois, le 14 avril. Un truc qui pète bien,
No One Is Innocent. Lolo m'a pris une place.
Mars (24). J'ai appris ce
week-end, que la journée portes ouvertes à la faculté est le 13 avril
pour les lycées de Wittmer. Stef m'a dit que le même jour, elle me
présenterait Nat, qui vient visiter aussi la faculté. Une semaine qui
promet beaucoup.
Je n'ai pas pu me rendre hier au rendez-vous public de Jean-Louis
Murat, chez un grand disquaire de la rue piétonne. Il y a encore une
manifestation aujourd'hui. Et demain la seconde série de partiels se
termine. Je me rattrape de tout cela en regardant la télévision de 19
heures jusqu'au bout de la nuit. Comme toutes les nuits. Les matins, je
me gave de clip dès 6, 8 ou 9 heures. Et je ne rate jamais le mardi à
22h30,
Amicalement votre,
rajeunissant de 10 ans.
Mars (29). Il y a un, c'était
le jour du départ en destination de Venise. C'était un lundi. Il
faisait beau. Chaud. Cette odeur pour la première fois. J'y ai beaucoup
pensé toute la journée, mais plus les heures défilées, et plus je me
concentrais sur le match de ce soir. Et quel match ! PSG contre
Arsenal. Mon cœur est très partagé. Disons qu'après le résultat, je ne
serai pas triste. Je vois le match chez des copains de faculté.
Mars (30). Il y a un an, la
frontière traversée dans le train, la nuit, le jour se lève et Venise
approche. Et puis cette vision inoubliable brûlant les yeux en sortant
de la gare : Venise. Les jours passent, et Venise ne trépasse pas dans
mon esprit. Venise, Venise, Venise… Je me laisse trop envahir par les
souvenirs vénitiens. Est-ce l'approche de la journée portes ouvertes au
campus ?
Avril (2). Je poursuis mes
répétitions.
Avril (8). Journée à marquer
d'une pierre noire. "
I hate myself
and I want to die."
Kurt Cobain s'est suicidé. Je l'ai déjà dit, je le répète, on se
rappelle toute sa vie de ce qu'on faisait lorsque survinrent des
événements marquants, des morts surtout.
Je rentrais de chez mes potes. Pour une fois, nous n'avions pas mis la
radio de la soirée. Nous écoutons souvent France Inter les vendredis
soir, jusqu'à 22 heures. Pas cette fois, et nous avons passé la soirée
dans la parfaite banalité, dans l'insouciance. Alors que de l'autre
côté de l'Atlantique, un événement tragique venait de se jouer.
J'ai donc appris la nouvelle en rentrant chez moi, où j'allumais la
télévision pour regarder les résultats du football. Et puis, quand j'ai
vu le visage du roi des grunges dans une lucarne, j'ai vite compris que
quelque chose c'était passé. "
Kurt
Cobain, le chanteur du groupe Nirvana…"
D'habitude, la première chaîne ne parle jamais de ce genre musical. Le
suicide du chanteur désenchanté du groupe va alors être relaté pendant,
allez... deux jours. Je suis sous le choc. Je pense que ceux qui ont
perdu Morrison ou Lennon peuvent comprendre mes sentiments. Je me mets
également à leur place. Un monde s'écroule, la génération X est
vraiment perdu cette fois sans son icône. A quoi ça rime maintenant le
mouvement grunge ? Je ne verrai jamais Kurt Cobain, je ne le
rencontrerai jamais. Cette mort me choque. Je comprends maintenant le
personnage hyper dépressif de Cobain. J'ai pensé à Lucien, me disant
que demain quand il se lèvera, il aura une très mauvaise surprise.
Pour ma génération, je pense que cette mort est vraiment comparable à
celle de Jim Morrison. Nirvana était le plus populaire groupe
indépendant. Le leader du grunge. Grunge = Nirvana = Cobain. J'ai du
mal à réaliser qu'il s'est suicidé en se tirant une balle dans la tête.
La symphonie grunge a un goût d'inachevé. Que va t-on devenir sans
Nirvana ? Le grunge s'en remettra t-il ? Je relis les paroles de
In utero. Je réalise que ça se
sentait que ce type voulait mourir.
J'oublie qu'il y a un an, je craquai pour elle. Depuis longtemps, ce
sentiment est défunt après avoir été en coma dépassé puis, cliniquement
mort.
Avril (9). Comment ai-je pu
trouver assez de tranquillité pour m'endormir ? Le réveil fut horrible.
Quand on s'endort avec une telle nouvelle, le réveil est toujours
douloureux. Alors quand je revois mes potes, nos premiers mots concerne
Kurt. Le nouveau membre de l'inepte club (Morrison, enfin je crois,
Joplin, Hendrix). Je suis toujours choqué. Quel sens donné à ma vie
musicale, quelle orientation prendre pour mes projets de groupes. La
répétition du jour est amère. On ne fait rien. Je n'ai pas le cœur à
ça. Jamais Nirvana ne fut aussi présent dans les journaux, télés, en
France, dans un pays qui cultive son retard musical. Pour beaucoup,
Nirvana avait débuté avec
Smell like
teen spirit.
Bleach ?
Connais pas.
"
Je ne ressens plus rien depuis des
années.
Je me sentais coupable depuis des
années.
Le fait est que je ne peux pas vous
tromper.
Le pire est de prétendre le contraire.
Je n'ai plus de passion.
Il vaut mieux partir comme ça que de
mourir à petit feu."
Kurt Donald Cobain
( 20-02-67 - 08-04-94 )
Avril (10). Non, vraiment rien
à dire.
Avril (11). Semaine riche en
rendez-vous. Gala, journée portes ouvertes, concert, rencontre avec
Nat. Je me suis levé pour rien ce matin, le cours d'anglais était
annulé. A 13 heures, Stef me dit que Nat est impatiente de faire ma
connaissance. J'ai acheté le
NME.,
forcement, avec une photo classique de Kurt Cobain en couverture, date
de naissance et de mort…
Avril (12). Double anniversaire
: un an du début de ma relation avec N, et douze ans depuis le premier
tir de la navette spatiale américaine. Je regardais ça à la télévision
dans mon repère, avec Claire. Il faisait beau, c'était le printemps, le
ciel était bleu, les oiseaux chantaient. Un coin de paradis.
Aujourd'hui le ciel est gris, le cœur aussi. Dans l'amphi, je parle
encore du décès de Kurt Cobain. J'exprime mon désappointement. Je finis
la soirée dans une beuverie pour essayer d'oublier. Le gala de notre
section, avec Stef que j'ai réussi à convaincre de venir. Elle est ma
cavalière. J'ai le temps, avant d'aller la prendre chez elle, de
regarder Arsenal contre PSG, elle aime bien Ian Wright, grâce aux
France Football
que j'amène en cours. Je rate les 5 dernières minutes pour ne pas
louper le bus. Nous n'étions pas chaud pour aller au gala, nous
arrivons à la fin du repas, pour la soirée dansante. La rumeur dit que
je sors avec Stef. Alors là, ce soir, tout le monde y a cru. Moi et
Stef, nous aimons bien la provocation. Encore une soirée sans plus. Je
me couche quand même vers 4 ou 5 heures.
Avril (13). Journée porte
ouverte à la faculté. Grosse journée. Je me suis levé à 7 heures.
J'étais explosé en travaux dirigés. J'étais le seul du groupe de
travaux à être allé hier au gala. A 9h30, mes souffrances sont
terminées. Évidement je suis tombé sur N. Ca tombait plutôt très mal.
Stef devait me présenter à sa meilleure copine...
J'ai rendez-vous avec elles à la cafétéria de la fac. J'ai la tête dans
le cul, de plus en plus dans le cirage. Quelles premières impressions
vais-je donner à Nat ? Mal dormis, mal réveillé. Le sentiment que
quelque chose va se passer. Je les vois à une table malgré mon état, je
suis légèrement en retard. Sa copine, Nat, est canon. Elle a un peu la
même allure que Stef. On dirait un peu des jumelles.
Alors que je m'apprêtais à passer la journée avec elles, N arrive. Et
là, je me suis méconduit. Au lieu de partager le bon temps avec cette
belle Nat, je décide de les abandonner, stupidement. Pour rester avec
une femme qui m'a lâché. Parfois j'ai l'impression d'avoir le syndrome
de Stockholm. Je dois être sous l'emprise de la passion. Je suis
vraiment con, même si c'est un peu une maladie cette supposée passion.
Heureusement que j'avais parlé de cette possible venue troublante pour
moi à Stef. Elle comprendra, Nat aussi. Enfin j'espère. Alors, avec N,
nous buvons un café à la caf, puis allons au centre ville, dans les
rues piétonnes, chez un libraire, chez un disquaire. Il faut que je
tombe devant l'entrée du magasin sur une ancienne prof, que
j'appréciais beaucoup, très surprise de me voir ainsi accompagné. On va
au rayon musique classique. On mange à midi dans un point chaud. Je lui
paye le thé dans mon studio. On se couche. Alors que le soleil était
présent depuis ce matin, le ciel gris apparaît quand je remonte les
stores de mon studio, à l'heure où elle doit me quitter. Comme un
symbole ! Le soleil est parti en même temps que mes dernières
illusions. J'ai juste le temps de l'accompagné à son car, que je vois
Stef et Nat. Nat va aussi repartir. Dire que je n'ai pas pu vraiment
discuter avec elle ! On me dit qu'elle reviendra vendredi pour une
soirée africaine. Une autre occasion. Je suis très absent en cette
soirée.
Avril (14). Je suis encore sous
le choc de ma journée d'hier. Après les cours du matin, je vais manger
dans un fast food du centre ville avec Stef, puis, je vais boire le
café chez elle. Il est 12h30, les cours ne reprennent qu'à 14 heures,
alors, pendant qu'elle finit ses devoirs de droit, je m'assis sur son
lit. Puis, je m'étends et m'endors. Lorsque je me réveille j'ai des
sensations bizarres au niveau du cœur. Elles sont semblables à celles
que j'avais quand je me suis réveillé, il y a un an dans le train du
retour de Venise. Amoureux.
Finalement, nous ne sommes pas allés en cours! Et puis, il y avait un
match de football africain. Stef en profita pour se rincer l'œil.
Avril (15). Je reçois une
lettre d'Ivan, datée du 10 avril. Ca va mieux de mon côté, malgré tout
ce qui vient de se passer. Il me précise qu'il vient à la journée porte
ouverte qui a lieu … hier ! A part ça, il n'a pas l'air autant touché
que moi par le suicide de Kurt Cobain. Il me dit qu'il est un
anarchiste anti-révolutionnaire, non-violent.
Je suis confronté à un dilemme. J'avais prévu depuis plusieurs semaine,
d'aller ce soir à un concert avec Lolo. Mais voilà que Stef m'a dit que
Nat venait pour une soirée africaine également ce soir. Malgré ça, j'ai
pris la décision de me rendre au concert, tout en ne manquant pas
l'occasion de revoir la belle Nat. Le plus dur est d'arriver à
m'habiller pour le concert de rock et la soirée africaine, sachant que
je n'aurais pas le temps de passer par la case maison pour me changer.
Je dois trouver quelque chose de neutre.
Je vais d'abord avec Lolo au concert des groupes de musique lourde No
One is Innocent et les Thugs au Forum. Là-bas, je regarde de plus en
plus ma montre au fur et à mesure des chansons, car je ne dois pas
louper le dernier bus qui emmène à la soirée africaine, qui a lieu
elle, dans la proche banlieue. Je ne peux pas rester pour voir le
second groupe, pourtant plus connu que le premier, mais je n'ai pas le
choix si je veux continuer ma soirée différemment. Je ne vois que les
deux premières chansons des Thugs. Certains de mes amis du bled ne
reviendraient d'un tel blasphème. Les contrôleurs à la sortie de du
Forum non plus.
J'arrive, je ne sais pas comment à l'heure juste du départ du dernier
car, sur le campus. Je suis essoufflé. Je suis le seul blanc du bus. Je
me mets à la place d'un noir dans un bus de blancs ou dans une autre
situation où il se trouverait ainsi en minorité éclatante. Sur place,
je devance de peu mes deux cavalières. Nat était heureuse de me revoir.
Et puis on boit, on danse, on se frôle, on se découvre, on se quitte.
C'est les vacances. En me couchant j'allume la télévision et je tombe
sur des clips des groupes que j'avais vu ce soir !
Avril (16). J'ai un peu de mal
à me lever. Le temps est pluvieux. Je déjeune en vitesse, il faut que
je fasse mon sac. Mon train est à midi et demi, j'ai juste le temps de
manger dans un fast-food, il n'y a que leur salade qui vaut le
déplacement. Je tombe en sortant sur Val, qui était aussi avec nous
hier à la soirée africaine. J'achète à la gare le
NME
parce qu'on doit beaucoup encore y parler de la mort de Kurt Cobain.
Effectivement. J'ai de quoi lire pour les deux heures de trains que
j'ai à faire. Une semaine déjà.
Avril (22). Les vacances de
printemps suivent cette période tumultueuse. Le repos est bienvenu,
cette semaine m'a vraiment épuisé. Je pense à Nat, qui me trouve cool
selon Stéf. On s'entend bien. J'ai d'ailleurs écris à Stéf pour la
première fois pour lui confier mes impressions.
Ivan m'envoi une nouvelle lettre. J'ai craché le morceau dans la
dernière lettre que je lui ai envoyé. Je lui ai parlé de ma relation
avec N. Lui, il dérive sur la tendance peace & love de l'anarchie,
c'est pas plus mal.
Pour ces vacances, je vais voir Nadège, je fais du vélo, je me pose des
questions quant à mon avenir.
Avril (26). Je reçois une carte
postale de Bourges, de membres de la bande de LC. Là-bas c'est le
printemps. Ils ont l'air de bien s'amuser.
Avril (27). Je vais m'inscrire
dans des boites d'intérim, pour les vacances et plus si affinités. Il y
a pas mal de foot à la télévision, ce n'est pas plus mal pour tuer le
temps agréablement.
Mai (1er). Nouvel exemple
d'événement dont on se rappelle toute la vie : l'accident de Senna à
Imola. Il faisait beau, et j'étais aller voir un match de foot juste
avant. Sa mort officielle fut apprise dans le train qui me ramener à la
faculté. Ce 1er mai tombe un dimanche et la matinée se passe comme pour
les 50 autres dimanches de l'année. Je cuve. L'été commençant à pointer
son nez, j'hésite entre aller encourager mon club de foot et regarder
dans un fauteuil le grand prix d'Imola. Suivant la tournure des
événements sur le circuit, j'irai peut-être au stade.
Cela tourna vite à l'eau de boudin. Déjà la veille, un pilote s'était
tué sur le coup aux essais. Après avoir vu le départ chez Oliver, j'eus
juste le temps de rentrer chez moi et d'allumer la télé pour voir qu'un
nouvel accident s'était produit. Presque aussi terrible que la veille.
Mais là, c'est une Williams qui s'est violemment explosé contre un mur.
C'est Senna. Le meilleur pilote du monde en activité. On le dégage
inerte. Ça n'a pas l'air d'aller très fort pour lui. Transfert à
l'hôpital où l'on apprend que son état est stationnaire, grave mais il
y a de l'optimisme. Sûr que son état restera éternellement
stationnaire, il est mort sur le coup. Mais il ne fallait pas annoncer
trop vite sa mort, trop d'argent en jeu. A 18 heures, on annonce le
décès du Brésilien. Il devient alors mythique, lui qui est passé pour
un salaud en France au vu de ses coups tordus qu'il porta à notre Alain
Prost national.
J'écoutais donc dans le train qui me ramené vers Dijon, France Info
qui, dans toutes ses rubriques parlaient de la mort de Senna, et
accumulait de façon historique les flashes spéciaux. On peut dire que
les vacances finissaient fortissimo.
Mai (4). Les mois de mai sont,
en général, rythmés par les finales de football. Aujourd'hui, Arsenal a
battu Parme, à Copenhague. Il y avait une atmosphère de paradis. Quelle
belle soirée dans mon studio ! Déçu pour Stéf, son joueur chéri ne
jouait pas. J'ai attendu ce match toute la journée. J'ai préféré voir
le match sur le TSR, pas sur TF1. Eux au moins ne mettent pas de la
publicité toutes les 5 minutes, et ils prennent l'antenne 30 minutes
avant le début de la rencontre. J'ai vu deux fois le triomphe d'Arsenal
car à la fin du match, j'ai mis TF1. Ceci permet de mieux apprécier la
rencontre, surtout quand on sait que le résultat final est favorable.
Mai (5). J'achète ce qui sera
l'album de l'été :
Mellow Gold
de Beck. Il fait parti des disques pour lesquelles j'ai craqué à la
première écoute. Je dois acheter pour Lucien, un vinyle des Sonic Youth.
Mai (8). Blessé depuis le 12
septembre, absent des terrains depuis le 19 décembre (l'écart de temps
entre ces deux dates situe mon inconscience). J'effectue donc mon grand
retour sur le terrain, à l'occasion du grand derby local, contre mon
ancien club. Bizarre de jouer contre ces maillots bleu ciel, sur ce
terrain.
Dernière semaine de cours qui se profile. Pour les autres. Moi, j'ai
lâché le morceau depuis un moment. Mini semaine, avec le jeudi de
l'Ascension. Je rentre à LC mercredi. Peut-être irai-je à Paris samedi
pour la finale de la Coupe de France. Un club voisin organise un
déplacement en car.
Mai (12). Je vais faire un tour
à Dun avec des amis. S'oxygéner, réfléchir. Il y a aussi la finale de
la FA Cup samedi après-midi… à la télé suisse.
Mai (14). Je devais aller voir
la finale de la coupe de France de football à Paris. Le voyage étant
annulé, je suis presque retourné pour rien à LC. J'espère que Stéf ne
m'a pas trop cherché sur l'écran de télévision. Je suis rentré à Dijon,
pour voir la Cup. Le temps est toujours gris mais il fait un peu lourd,
l'atmosphère est excitée. Je reviens au campus. Train, bus, personne
que je connaisse sur ces lieux. C'est la première fois que je "reste"
un week-end entier là-bas. Je vais l'apprécier surtout dimanche soir,
où pour une fois je n'aurais pas à faire des centaines de mètres chargé
comme une mule. A 11 heures, je suis dans mon studio, vu imprenable sur
le campus.
Finale de coupe d'Angleterre, mythique match. Temps gris aussi sur
Londres. Doublé de Cantona sur penalties. Contre Chelsea. Pas mal pour
le premier Français de l'Histoire à jouer une finale à Wembley.
Impossible de joindre Stéf après 18 heures. Je pensais sortir avec elle
ce soir. Fin de samedi soir morne, même si Auxerre gagne la coupe de
France.
Mai (15). Je réussis à avoir
Stéf au téléphone. Elle me croyait bien à Paris hier et désespérait de
ne pas me voir à la télévision. Elle me paye le thé chez elle, et puis,
je la laisse réviser. Demain, il y a examen.
Mai (17). Examens finaux,
boites d'intérim, musée des beaux-arts. Je commence également à
chercher une place pour mon service civil.
Mai (18). Dernier jour
d'examen. La nostalgie dans l'air depuis quelques jours est à son
apogée. Je devais sortir avec Stéf ce soir, mais des tensions chez des
copains l'ont retenu et lui ont pourri la soirée. Finalement, je
regarde la finale de la coupe d'Europe de football. On se rencarde pour
le lendemain en début d'après-midi sur le campus.
Mai (19). J'ai la crève. C'est
encore Stéf qui me l'a refilé, à mon avis. Je vais au centre commercial
avec Stef. Je me tape tous les magasins de chaussures. On rejoint plus
tard Val. Elles viennent boire le thé à l'appartement, puis on se
programme un cinéma le soir.
J'ai écris une nouvelle chanson, en attendant Stéf à la bibliothèque.
Elle est pour une fois en français. Elle m'est venue progressivement en
longeant les cours de tennis, jusqu'à ce que j'arrive à la bibliothèque.
Mai (20). J'ai déjà entrepris
des démarches pour trouver du boulot cet été. Je suis obligé de
conserver mon appartement jusqu'au 31 août. En outre, je cherche une
place pour mon service civil sur Dijon. … Côté textes de chanson, Nat
et Stef sont mes muses du moment. De très bonnes muses. Demain,
dernière soirée en boite de cette année universitaire de ma section.
Dernière grosse beuverie avec eux. La dernière tout court, je crois.
Un an, la pizzeria, chez Nadège. Maintenant c'est loin, je ne souffre
plus de cette passion.
Mai (21). Mon réveil n'a pas
sonné. Mon kiné avec qui j'avais rendez-vous ce matin, me conseille de
le changer. Bonne soirée avec ma bande, qui fini au Mamba. Je me suis
encore fait allumer, par la sosie de Béatrice Dalle, Stéffy. Pas la
première et pas la dernière fois. J'ai aussi rencontré deux Suisses de
Berne à la boite, sympa. Ils m'ont payé un verre en me disant qu'ils
retapaient une baraque à 20 kilomètres de LC.
Mai (25). Je n'ai plus l'envie
suffisante pour aller à cette soirée. J'ai pris le train, je suis
rentré dans mon village. Avec Stef, nous avons progressivement coupé
les ponts avec l'association de notre section.
Mai (26). Concert dans mon
ancien lycée. Dans le gymnase du bas. Je sais qu'on peut y faire des
concerts, depuis que j'ai vu le clip de
Smell like teen spirit.
J'y rejoins José. C'est le même groupe que celui de la fête de la
musique l'an dernier, lors de l'une de mes escapades avec N. Évidement
je tombe sur elle, c'était le but de la manœuvre. N me présente une
collègue qui vient de Toulouse.
Mai (30). Je prends maintenant
le train le lundi matin, à 8 heures 30. La recherche d'un travail pour
l'été et d'un poste pour le service sont mes seules préoccupations.
Mai (31). Depuis hier, je
n'arrive pas à joindre Stéf. Ni chez elle, ni chez ses parents.
Bizarre, elle devrait être ici.
Juin (1er). Toujours rien sur
Stéf. Je tombe sur une annonce placardée sur un mur. Ca a l'air
tellement intéressant que j'ai téléphoné et j'ai rendez-vous vendredi à
11 heures, vers le centre commercial.
Juin (2). Je fais un tour dans
les couloirs de la fac. Pas de Stéf, pas de Val. Je tombe sur une autre
Stéf qui n'a pas vu non plus Stéf. Personne n'a revu Stéf et Val. C'est
très inquiétant. C'est aujourd'hui qu'étaient affichés les résultats.
Juin (3). Peur bleue. Après ma
séance de kiné, vers 9 heures, je tombe dans les couloirs de la fac sur
Val. Sa façon de m'aborder de ses premiers mots me font penser au pire
concernant Stef. "J'ai une mauvaise nouvelle à propos de Stéf". Il lui
est arrivé quelque chose. On peut s'attendre au pire quand on entend
ça. L'idée d'imaginer Stéf morte, ne serait-ce qu'un centième de
seconde me pétrifie. Mais elle n'est pas morte. Elle a eu un accident
domestique, elle est gravement brûlée, elle est à Lyon. Je dois aller
la voir dés que possible.
Dire qu'après cela, j'avais mon entretien à l'autre bout de la ville !
Cet entretien pour du travail n'en était pas vraiment un. Comme je
n'avais pas prévu de passer un entretien cette semaine, j'avais le
choix entre y aller en survêtement ou avec un jeans déchiré. On était
une demi-douzaine a avoir répondu à l'annonce. Il s'agissait d'assurer
des relations commerciales pour une compagnie d'assurance. Mais c'était
vraiment sous-payé. Réponse à donner lundi. Je me suis fais un nouvel
ami, en prenant le bus ce matin pour le rendez-vous. En effet Éric,
puisque c'est son prénom, avez également rendez-vous pour le même
travail. On a sympathisé. Il avait un look british, costard et docks
basses.
Toute la journée, je n'ai fait que penser à Stéf. Inquiet tant que je
ne saurais pas la gravité de son état. Sitôt rentré chez moi, je
m'empresse de la joindre. Elle était sous morphine, mais ça pouvait
aller. Consciente mais fatiguée. L'explication de son état me rassura.
Juin (4). Il y a un an, c'était
mon dernier jour de lycée, après une nuit câline. Après toutes les
émotions de la semaine, j'ai besoin d'aller au club ce soir.
Juin (5). Je vais donc voir
Stef à Lyon. J'ai fait la bringue hier soir, et j'ai un peu la gueule
de bois. Je vois Stef l'après-midi. Il pleut depuis ce matin, et c'est
vachement gai. Les visites sont autorisées à partir de 14 heures. En
attendant, je fais du lèche vitrine. Lyon est toujours calme le
dimanche matin. La ville semble s'éveiller aussi avec la gueule de bois.
Mes retrouvailles avec Stéf furent trop courtes. Un vrai parcours du
combattant pour arriver jusqu'à sa chambre. Jamais je ne fut si heureux
de la revoir. Vraiment, l'heure et demie passa trop vite. Elle me fila
un élastique pour que je puisse m'attacher les cheveux, maintenant, ils
étaient assez longs pour ça. Après cette visite, je passe voir mon
parrain et son père, il me restait deux heures avant le départ de mon
train. Je ne l'avais pas vu depuis des années. Et puis le retour en
train. Arrivée à Dijon, j'avais une sensation. Après avoir passé la
journée à Lyon, que la capitale bourguignonne semble calme !
Juin (6). Rendez-vous à 8
heures pour donner ma réponse. A l'arrêt de bus, je retrouve Eric. On a
tous refusés le boulot de l'assureur. Mais une des personnes qui y
travaille m'a donné sa carte, au cas où je voudrais travailler pour
elle. Je vois Val à 18 heures pour lui donner des nouvelles fraîches de
Stef. Depuis l'accident, je ne pense plus à N.
Juin (15). Mes journées sont
rythmées par pas grand chose. Je reste dans mon studio jusqu'en
septembre. Je me lève tard, je mate la télé, je mange, je vais voir des
amis, je fais du sport. Je glande surtout. Je téléphone le soir sur mon
lit, après le repas. Je téléphone à Stef, souvent, à Nat.
Juin (17). La coupe du monde de
football commence aujourd'hui. Il va y avoir du foot à la télé.
Juin (21). Fête de la musique.
Je pose un lapin à des amis en ville, parce que je n'ai pas le courage
de descendre en bus, et puis, je suis tombé sur Éric et sa copine.
Juin (23). Je vais voir Stef
dans son centre de rééducation, en pleine campagne. Le soleil à taper
fort dans ma blackmobile.
Juillet (5). Je m'inscris à
l'Université de Saint-Étienne. Mais vais-je y aller vraiment ? J'ai
déjà failli y aller, il y a un an.
Juillet (6). Première lettre de
Stef. Maintenant elle peut écrire. Elle écrit tout petit. Elle écrit
beaucoup, la lettre commence sur une carte postale et finie avec deux
pages de feuillet. De quoi me parle-t-elle ?
Vendredi soir, Nat est venue la voir. Elles ont arrosé le bac de la
seconde. Elles ont parlé de moi. Elle a enfin reçu la carte postale que
je lui avais envoyée à son adresse de Dijon, avant son accident. On
s'organise un truc chez sa sœur ce week-end. Je vais la chercher au
centre. Et puis surtout elle écrit des poèmes. À côté de ça, je réponds
à ses questions existentielles.
Juillet (7). Je vais à Lyon
pour flâner.
Juillet (8). Je vais chercher
Stef. Il fait un soleil de plomb. J'écoute Beck sans arrêt en voiture.
Ca devient maladif. On passe vers chez moi mais sans s'arrêter. Pas le
temps. Le soir nous allons à un petit festival dans le village de sa
sœur. Sympa. Elle me présente à des amis.
Juillet (11). Je retourne à
Dijon pour deux jours. Je prends maintenant toujours le train le lundi
matin et c'est beaucoup plus cool. Pas de stress. La rosée du matin…
Juillet (13). La coupe du monde
en est à ses demies. Mais comme il n'y a ni la France, ni l'Angleterre,
je la suis de loin. A part ça, je crois que je vais faire mon service
civil. J'ai jusqu'à janvier pour trouver un employeur. Le plus vite ce
sera fait, le plus de temps j'aurais pour travailler en intérim et
avoir l'esprit tranquille. Ce soir c'est l'habituelle grosse défonce du
14 juillet. Après on finit en boite jusqu'à 6 ou 7 heures du matin.
Comme l'entrée est gratuite, c'est la seule fois de l'année où la boite
est pleine à craquer.
Juillet (17). Finale de la
coupe du monde. Bof ! Je repars pour une semaine de glandage, en gros,
à Dijon. Vendredi je vais chercher Stef au centre pour aller ensuite à
Chalon dans la rue.
Juillet (20). Lettre de Stef.
Toujours le même principe : introduction sur carte postale et
développement sur feuilles. Elle écrit en anglais ! Mais j'arrive à
comprendre le plus important : elle a encore parlé avec Nat de moi. En
fait, elle me dit que Nat me trouve cool, d'autant plus que Stef lui a
dit que je ne lui parle que d'elle. Je reverrai Nat, pour Chalon dans
la rue.
Juillet (22). Je vais chercher
Stef, nous allons chez moi, je l'emmène voir ma bande, puis à la boite.
Je porte une casquette des Orlando Magic. J'ai remarqué que ça attire
les filles, qui sur la piste de danse, m'accrochent.
Juillet (23). Une lettre de
Val. Ca tombe bien, Stef est là. Une lettre d'Ivan, également.
Commençons par Val. Elle fait des poèmes, décidément nous formons un
cercle de poètes, pas encore disparus. Elle m'envoi ses poèmes
préférés. Elle a trouvé un appartement pour la rentrée avec Stef. Ivan
a eu le bac, il pète la forme depuis. Lui aussi écrit des poèmes. Il
n'a pas encore décidé de sa future destination. Finalement je connais
pas mal de gens tentés par la poésie.
Après ses lectures, nous filons dans le bled de Stef. Je pense déjà à
mes retrouvailles avec Nat. L'heure arrive. Elle est toujours aussi
belle. Il fait chaud. On parle de Gainsbourg, sur la route de Chalon.
Nous déjeunons sur l'herbe d'un parc au centre-ville. Elle est belle.
Et puis sur la route du retour, elle prend l'envie de couper des
tournesols, au bord de la route. On se prend la main. Mon ventre
réagit. Pourquoi ne suis-je pas aller plus loin ? Manque de confiance ?
Je n'étais pas en forme.
Juillet (24). Je dormais
toujours chez Stef, quand Nat lui téléphona. Nat était déçu de mon peu
d'avance hier soir. Cette ville, cette fête m'a un peu mal à l'aise.
Juillet (26). Je reçois une
lettre de… N. Pour me dire qu'elle est toujours au même endroit,
qu'elle est toujours mon amie… Je me dois, d'écrire de téléphoner à Nat.
Juillet (28). Je commence des
entretiens en vue de mon service. Bien que j'aie été pris à
l'université, j'ai choisi d'en finir avec mes obligations militaires.
Ce premier entretien ne se passe pas trop bien. Du moins, je ne le sens
pas.
Nouvelle lettre de Stef : une de ses mains commence à s'infecter et ça
l'énerve. Elle me raconte tous ses malheurs.
Août (2). Hier, nouvel
entretien à Dijon. Je fais des lettres et des cv à tour de bras.
Nouvelles nouvelles de Stef. Elle a fait une grosse bringue à Nice. Ca
a l'air d'aller beaucoup mieux.
Août (3). Je fais un tennis
avec Éric, sur un cours de campus. Je gagne par forfait 6-2, 4-6.
J'écris à Nat, mais elle n'est pas du genre à répondre.
Août (7). Grosse bringue sur
deux jours, dans une maison de campagne avec ma bande en sortie.
Août (9). J'ai rendez-vous pour
un poste de plongeur dans une brasserie. Mais on ne s'entend pas avec
le chef sur la durée du contrat. Je dois en effet laisser mon studio au
1er septembre.
Août (13). Grand week-end de
fête, vu que lundi, c'est le 15 août. La semaine prochaine, je vais
voir le cousin d'un ami à Lyon. Il fait de la musique électronique, je
vais voir s'il n'y pas moyen de collaborer.
Août (19). Mon séjour à Lyon
est terminé. En fait, c'est une petite commune, assez rupin, sur les
hauteurs de Lyon dans les Monts d'Or. Je ne sais pas vraiment où cela
me mène. J'en ai profité pour passer un entretien.
Août (24). Je reviens sur Dijon
pour commencer à ranger et nettoyer le studio. J'ai un entretien demain
au CHU. Éric me file l'adresse d'un viticulteur pour faire les
vendanges fin septembre.
Août (25). Mon entretien se
passe moyennement. C'est surtout les tests qui font écrire cela. J'ai
horreur des tests, qu'est-ce qu'ils prouvent, sinon, rien, sinon la
capacité à répondre à des tests. Comme disait un ancien professeur de
biologie, Michel Tournier était nul aux tests, cela ne l'a pas empêché
de devenir écrivain.
Août (31). C'est le début de la
fin de l'été. Pour la première fois de ma vie, je ne reprends pas les
cours en septembre. Ca fait drôle. Je me sens libre, je ne me suis
jamais senti aussi libre. Je vais continuer à chercher un poste.
"
It's better to burn out
than to fade away."
Kurt Cobain
Septembre (1er). Je retrouve un
peu de pensées philosophiques.
Septembre (2). Je commence à
être fasciné par le groupe de rock anglais Oasis. Ils dégagent quelque
chose que je n'ai jamais vu. Indéfinissable.
Septembre (3). "
I don't have the passion anymore and so
remember.
It's better to burn out than to fade away.
Peace, love …
Frances and Courtney
I'll beat you all
Please Courtney
For Frances
For her life which
will be so much happier without you
I love you, I love
you."
Septembre (5). J'ai beaucoup de
coups de fils à passer : N, Stef, Steffy, autre N… Je n'ai pas eu Stef.
Je me dépêche car je retourne à Dijon pour passer le rattrapage, même
si je sais que c'est fini. Aujourd'hui et demain et après-demain.
Alors que je devais coucher dans une chambre universitaire, je tombe
sur Éric M et sa copine, qui allaient rentrer au restaurant
universitaire. Je mange avec eux, et ils m'invitent à dormir chez eux.
Ils ont déménagé, à l'autre bout de la ville, sur les hauteurs. Comme
d'habitude, nous jouons au trivial poursuit, en écoutant la radio.
Septembre (6). Rattrapage
d'histoire de 8h30 à 11h. Ce qui me laisse du temps libre, d'autant
plus qu'il fait un ciel horrible. La clémence des cieux dijonnais... Je
retourne chez mes hôtes.
Septembre (7). Rattrapage
d'économie de 8h30 à 11h30, et de droit de 4h à 17h. Je pars à 15h et
je file à LC, fuyant cette ville et son climat humide. Même si
j'éprouve un peu de nostalgie, me disant que je n'y reviendrais
peut-être pas avant longtemps.
Je suis toujours sous l'influence de la mort de Kurt Cobain.
Septembre (8). J'ai répondu à
une annonce pour un boulot. Mais il n'est pas précisé de quoi il
s'agit. J'ai rendez-vous au café de la gare, à 9 heures. Le type qui
m'attend est un gros bonhomme avec une grosse camionnette. Il ne me dit
même pas où il m'emmène. Il m'explique, quand même, qu'il a une
entreprise de fleurs. Nous prenons sur le trajet à destination
inconnue, une jeune fille qui a aussi répondu à l'annonce. Elle est
très belle, blonde, guère plus âgées que moi. Elle porte une petite
robe évasée. La destination se trouve être la ville de Nat. Et moi, je
dois vendre des pots de fleurs en porte à porte. Bien sûr, il n'y a pas
de contrat de signé. Je sens le coup fourré trop tard, je suis à 100
kilomètres de chez moi. Le temps est pluvieux. Je n'aime pas cette
ville. Je m'aperçois rapidement que je ne suis pas fait pour la vente,
du moins la vente en porte à porte. Comme pour les assurances, j'ai
l'impression d'emmerder les gens chez eux. Je trouve ça écœurant, je
n'ai pas la fibre commerciale. J'arrête vite les frais. Je me retrouve
à pied, avec mon déjeuner que j'avais malicieusement préparé. J'ai
téléphoné à Stef, mais elle ne peut venir me voir. Alors je passe chez
Nat. L'entrevue fut brève et pas du tout constructive. A part le rail,
je ne vois pas comment je vais rentrer. J'arrive malgré tout à
rejoindre mon point de départ.
A la maison, je consulte mon courrier : une lettre de Steffy. Elle
m'envoie, comme Stef avant, une carte postale et la suite sur papier.
Elle me souhaite une bonne fête, avec un jour d'avance. Elle raconte
qu'elle a commencé à travailler et que le premier jour fût très
pénible. Elle est à Lyon. Elle voit que je suis le seul à venir la voir
chez elle, à ne pas la prendre pour une gamine… En rentrant, je
téléphone à Stef pour lui demander d'analyser la réaction de Nat. Elle
me rassure un peu en disant que c'est semi-normal.
Septembre (9). Je téléphone au
viticulteur dont Éric m'a passé l'adresse, pour les vendanges. C'est à
300 kilomètres de LC. Je contacte aussi l'autre N. Je l'ai rencontré,
je ne sais plus vraiment quand. Elle est gentille. Mais jeune. Oliver
me parle d'un auteur, John Fante, et de son personnage principal,
Bandini. Il me passe un de ses livres :
Demande à la poussière (
Ask to the dust).
Sinon, les week-ends sont toujours rythmés par la bande et la boite. On
a décidé avec la bande de monter une association dans le but de
développer la culture dans le comté. Au départ, il faut admettre que
c'est moi qui avais lancé l'idée de faire une liste pour les élections
municipales. Comme quoi, une idée peut très vite dériver. Cela aurait
marrant de faire une liste. Demain, il se tient l'assemblée générale
constitutive.
Septembre (10). J'ai
rendez-vous au coiffeur, histoire de marquer un nouveau départ : le
début de l'association et ma recherche d'employeur pour mon service. Je
suis nommé vice-président de l'association.
Septembre (12). Je vais à
Roanne. Histoire de voir ce qu'il se passe au niveau des formations, et
histoire aussi de voir Steffy. Histoire aussi de m'inscrire à l'IUT
même si je sais que je n'irai sûrement pas. En fait, j'hésite encore
entre IUT et mon service.
Je fais le rapport de l'assemblée générale de samedi. J'ai commencé la
lecture du livre de Fante.
Septembre (15). Toujours des
coups de fils pour trouver une place pour mon service. Ce coup-ci c'est
sûr, pas je n'irai pas user mes fonds de culotte dans un IUT ou
ailleurs.
Septembre (16). J'ai repris
l'entraînement de football depuis quelque temps. Mon genou me fait
toujours un peu souffrir. Après, je vais voir ma bande, histoire sans
doute d'éliminer les toxines.
Septembre (17). C'est la grande
bouffe du club. Je m'ennuie, et repense qu'aucun au club ne soit venu
me voir à l'hôpital lors de mon opération du genou. Je regrette en fait
d'avoir signé. Je file à l'anglaise. Et puis demain je pars aux
vendanges. Alors je ne fais qu'un bref passage chez mes potes, je ne
bois très peu.
Septembre (18). Le temps est
gris pour ce départ vers l'inconnu, à l'autre bout de la région, que je
vais entièrement traverser. J'ai emmené quelques cassettes pour tenir
les 300 kilomètres, pour traverser le désert rural. Plus j'arrive près
du but, plus les routes et les villages traversés diminuent de largeur.
Impression de bout du monde. J'ai subit la pluie mais arrivé au but, le
soleil apparaît. Un signe ? Non ! Je dois être le premier sur place,
comme d'habitude ! On m'indique mon logement. Les autres vendangeurs
arrivent un par un, deux par deux, trois par trois. Je ne connais
personne. Je me demande pourquoi je suis venu me perdre ici. A table,
je tombe heureusement sur deux joyeux lurons auxerrois, qui prennent
leurs vacances pour faire les vendanges. On a bien but tous les trois.
Avec du champagne à volonté, normal, c'est ce qu'on va ramasser. Demain
matin le réveil va être terrible.
Septembre (22). Fin des
vendanges. Le boulot en lui-même était plaisant, même si les chefs
était plus des ours que des hommes. Des viticulteurs, chasseurs. En
plus on était dans un trou, il fallait faire 15 kilomètres pour
s'approvisionner en cigarettes, dans un trou à peine plus grand. Il n'y
avait rien à voir dans les parages. Le temps était incroyablement
triste, comme le ciel. Quelques choses entre la Pologne et l'Albanie.
Je fais le plein dans une petite station de campagne et je rentre à la
maison. Le temps est ensoleillé en ce début d'automne, les paysages
traversés sont beaux et mornes, je n'ai pas la même sensation en les
regardant qu'à l'aller, car je rentre de l'abattoir. J'écoute les Stone
Roses. Je m'arrête dans la ville de Nat mais je ne lui rends pas visite
cette fois. Chat échaudé… C'est bien d'être à la maison. Je décompresse.
Septembre (23). Je me repose le
dos et le genou. Le soir, il y a un grand match à la télévision :
Saint-Étienne contre Lyon. Je lis
Bandini,
le second livre de Fante que m'a passé Oliver. Je le trouve un peu
moins bien que
Demande à la poussière.
Mais cela me donne envie d'écrire, cela me fait voyager, cela me
réconforte.
Septembre (25). Avec Stef, nous
avons mis les choses au clair concernant nos relations, quelques actes
manqués et d'autres qui auraient gagné à l'être.
Septembre (26). Après un
week-end classique, plus un repas de famille, je passe ce lundi à mes
recherches de poste, et à téléphoner ou écrire à mes copines. Je fais
un peu d'anglais pour ne pas perdre la main.
Septembre (27). Je passe voir
Oliver à son boulot. Il y a pas mal de match de foot à la télévision,
c'est le premier tour des coupes européennes. Ca rythme mes débuts de
soirées. Je trouve toujours un peu de temps pour écrire pour du boulot.
J'ai déjà essuyé quelques refus d'embauche.
Septembre (30). Une lettre de
Stef. Elle est en cure à Saint-Gervais. Elle a surtout besoin de
recharger ses accus. Elle était au bord de péter les plombs. Le grand
besoin de faire le vide dans sa tête, autour de soi. C'est pour ça
qu'elle ne donnait plus de nouvelles. Cette impression qu'elle me
fuyait, comme je lui avais écrit, était valable pour tout le monde. A
commencer par Nat, qui a eut la même réaction de moi, écrit-elle. Ca me
fait drôle qu'elle écrive ça. Nat et moi sont peut-être les deux
personnes les plus attachées à Stef.
Je suis malade d'Oasis. Au moins, ça m'a permis d'oublier la mort de
Kurt Cobain. D'ailleurs, je crois à un symbolique passage de témoin. Le
grunge, est c'est un fait, a était remplacé dans les bacs, dans les
revues, à la radio et la télévision, par les Oasis, Blur et autres
groupes de rock ou de pop anglais.
Octobre (1er). Nouvelle lettre
de ma Stef. Elle m'envoi un poème sur sa relation avec un ancien petit
ami. Elle dit que ça peut s'adapter à moi face à Nat. Je suis content
que Stef se soit mise à écrire des poèmes. Un peu grâce à moi, à mes
quelques textes sur elle, sur Nat, sur elles, et sur toutes les autres.
Encore une assemblée de l'association. Puis des rendez-vous avec Steffy
et Pierrette. Au café qui se tient à côté de la boite. Ca me change un
peu de mes potes.
Octobre (2). Match
d'entraînement et réunion de travail pour l'association. Cette
association me permet de ne pas m'ennuyer la semaine. Je passe du temps
à réfléchir aux projets liés à sa fondation : trouver des idées de
manifestations, créer un journal, faire un dossier pour créer un radio.
Octobre (4). Je téléphone à un
centre de formation pour prendre des cours d'anglais. Et le soir, je
fais ma première émission à la radio associative du coin. En tant
qu'invité. Je dois raconter mon voyage à Venise, le thème de l'émission
étant de faire découvrir des nouveaux horizons aux auditeurs. Comme
bande sonore, je choisis le l'album
Nevermind
de Nirvana. Raisons sentimentales.
Octobre (7). J'assiste à une
réunion d'un club informatique. Comme pour les cours d'anglais que je
vais avoir, les cours d'informatique ont lieu dans mon ancien collège.
Nostalgie entretenue.
Octobre (8). J'ai un
rendez-vous avec le maire pour proposer mes services et pour promouvoir
auprès des autorités notre association. Hélas, il n'est pas de gauche.
Comme ses prédécesseurs et successeurs ! Il m'envoie gentiment promener.
Stef m'a encore envoyé une lettre. Que peut-elle contenir ? Toujours à
Saint Gervais, elle s'ennuie de plus en plus. Ces lettres sont de plus
en plus longues, et en plus il n'y a pas de poèmes dans celle-ci. Elle
m'invite à venir la voir, si j'ai un peu de temps. Hélas ce n'est pas
le cas. A part ça, elle n'a toujours pas entendu parler d'Oasis. Autre
influence de ma part, elle vit à l'heure anglaise ; J.B. Livingstone,
thé, pluie et brouillard. Elle me dit que Val a planté ses examens de
rattrapage.
Octobre (10). Je dois encore
régler mes dernières dettes de mon studio de Dijon, en l'occurrence, ma
dernière facture de téléphone. A 17 heures 30, j'ai mon premier cours
d'informatique. Traitement de texte. C'est un peu comme le début de la
saison de foot, pas de ballon lors des premières séances, bref,
frustrant. Je dois taper du texte sans faire de mise en page. Ca me
permettra d'écrire mes articles pour notre journal associatif.
Sinon, je poursuis la lecture de John Fante. Mais plus je lis ses
livres, moins ils sont aussi prenant que
Demande à la Poussière.
Je crois que j'ai lu le meilleur en premier. Quand on commence à lire
un nouvel auteur, soit, on lit dans l'ordre chronologique, soit du pire
au meilleur.
Octobre (11). Le mardi c'est
entraînement de foot, tant que suis bloqué à LC, car je ne pense
trouver une place d'objecteur par ici. Je vais voir après un pote.
Octobre (12). Réunion pour les
cours d'anglais, au collège. Il y a des personnes que je connais. Je
pense aussi à écrire mes premiers articles pour le journal.
Octobre (14). Informatique, au
collège. C'est marrant de retourner plusieurs fois par semaine dans cet
endroit que j'ai quitté, il y si longtemps.
Octobre (17). Je prends un
nouveau rythme de travail pour la semaine. La recherche d'une place
pour le service est quotidienne, par revue, par courrier, par
téléphone. On m'a filé un bottin avec toutes les coordonnées des
structures d'accueil des objecteurs, par secteur d'activité, par
région. A moi de me débrouiller, comme s'il s'agissait de trouver un
emploi normal. Je cherche notamment dans le secteur de la radiophonie.
Cours d'informatique à 17h30. Je vais aussi voir des élus pour notre
association. Et puis, je téléphone à Steffy.
Octobre (21). Mes récentes
démarches pour un poste aboutissent à un nouvel entretien, dans une
radio associative de Roanne.
Octobre (29). Je n'ai rien fait
d'extraordinaire ces sept derniers jours. Pas de rendez-vous, que des
moments à passer avec mes potes, à lire des bouquins, à chercher un
poste.
Rendez-vous avec un élu pour l'association. Stef m'envoie son nouveau
numéro de téléphone à Dijon. Je suis excité parce que le 5 novembre, je
vais voir Oasis en concert à Lyon, avec de bons groupes aussi, la
veille. J'y vais avec Lucien.
Novembre (2). Je réfléchis un
peu plus à mes articles. Je dois contacter l'imprimeur pour étudier
divers devis.
Novembre (4). Alors c'est le
grand jour de départ pour les concerts à Lyon. Avec Lucien, on doit
dormir chez des amis à lui, il doit m'en présenter d'autres aux
concerts. On part, la nuit est déjà tombée. Seul l'un de nos deux hôtes
nous accompagne à la salle de concert. La pluie tombe drue. Quand nous
pénétrons dans l'enceinte, le premier groupe avait déjà commencé. Au
programme de cette première soirée : Gene, Elastica, Shed Seven. Trois
groupes anglais, de pop, rock. Mes premiers vrais concerts, de groupes
que j'écoute depuis des semaines à la radio, dont je lis les articles
dans la presse spécialisée. En attendant le choc frontal de demain avec
Oasis. Je dois avec Lucien faire le compte-rendu du festival pour notre
journal.
Gene, c'est bien mais je crève d'impatiente de voir le show d'Elastica.
Et là, même si l'album n'est pas encore sorti, ça balance bien,
l'impression de tout connaître de leur musique. Vraiment bien. Enfin,
Shed Seven que j'aurais du voir cet été à Saint-Malo, j'avais gagné un
droit à être sur la guest-list du festival local, après une bonne
réponse à une question sur France Inter. Seulement, je n'avais trouver
personne pour y aller. Mes potes, en voyages dans une feria quelconque,
avaient entendu mon nom à la radio, ils étaient verts. Le concert de
Shed Seven fut le sommet de la soirée. Après, on a traîné dans deux ou
trois bars et boites plus ou moins bien.
Novembre (5). Suite et fin du
festival. Avec comme point d'orgue, peut-être le plus grand groupe que
je verrais de ma vie, ils sont pour moi, un groupe de rock, ils ont la
rock attitude. Mais en France, nous n'avons pas de culture rock, on ne
fait pas de différence entre la pop et le rock, on ne connaît pas les
dessous sociologiques du rock. Bref, je prêche dans un désert.
Avant Oasis, il y a Echobelly, un groupe de filles. Ca bouge bien,
comme la veille, pour Shed 7 ou Elastica. Bon, Oasis, sincèrement, ça
m'a fait un choc, tellurique. Inexplicable, si ce n'est par l'amour
sincère que j'ai pour la musique, alors que certains ne font que
suivrent la mode, se branlent le cerveau et n'ont jamais rien fait de
leur vie musicale ou littéraire.
Comme hier, on finit la soirée dans diverses soirées, plus ou moins
pseudo intellectuelles.
Novembre (6). J'ai les oreilles
qui sifflent encore du larsen final d'hier soir. Le retour, long à se
dessiner, Lucien long à se décider, on décolle quand même en seconde
partie de l'après-midi. La bande-son routière, de ce retour, sera
Veruca Salt, dont Lucien a acheté l'album. Je parviens quand même à
mettre aussi l'album d'Oasis.
Novembre (8). Les sifflements
des oreilles sont enfin passés. Tant mieux, j'ai des rendez-vous avec
l'imprimeur et aussi pour un job. Ma semaine sera vraiment rythmée par
ma rédaction d'articles pour le journal et ma recherche.
Novembre (10). Retour à Lyon,
pour un entretien. Dans une association qui s'occupe de spectacle pour
les jeunes. Ils sont bien gentils avec moi, mais cela ne veut rien
dire. De la façade.
Novembre (11). Drôle de 11
novembre. Il pleut, ça c'est normal, mais il y a un super match de
football, à la télévision, sur une chaîne câblée : Gueugnon -
Marseille. Ces Marseillais sont vraiment trop cons, mais ça, il
faudrait un livre pour développer le sujet, j'y reviendrais peut-être
plus loin.
Surtout, nous avons rendez-vous, avec l'équipe du journal, avec le mari
d'une ancienne prof d'anglais à nous, qui s'intéresse à tout ce qui
associatif et culturel dans la région.
Novembre (12). Je reçois une
lettre de l'autre N. Elle doit avoir des origines marseillaises, pour
être aussi conne (voilà, j'y reviens à Marseille). Je lui ai laissé
sous-entendre certaines choses… et ça m'est revenu à la face. J'ai eu
droit à un procès à l'ancienne, fasciste. Quand on me cherche, on me
trouve. Comme le chante le groupe Suede :
So young …Je préfère la maturité à
la niaiserie, mais bon, chacun ses défauts.
Pour finir, encore deux rendez-vous pour l'association. Avec le maire,
pour voir un peu ce qu'il peut faire pour nous aider. Et puis, réunion
pour le journal. Je donne mes articles. Cette sale histoire a bien
faillit me coûter ma place. Le comité de censure m'a prit un peu comme
tête de turc.
Novembre (14). Cours
d'informatique, où je finalise mes articles, avant que la censure
intervienne. Je ne plais pas à certains. Je commence à travailler sur
un logiciel de mise en page. Je téléphone à Steffy. Son réconfort me
fait du bien, en ce moment. Sinon, toujours le temps gris et des
entretiens en vue d'un poste.
Novembre (15). Entretien à
Chalon. Lettre de Steffy. Elle me demande mes sensations par rapport au
week-end dernier à Lyon. Elle dit qu'elle va essayer de venir à la
boite samedi.
Novembre (19). Que du
classique, avec des réunions pour le journal, des coups de fil aux
copines, de l'informatique. Et toujours rien qui vient au final.
Novembre (21). Je vais plus
régulièrement à Roanne, quand Steffy s'y trouve, les lundis où elle ne
travaille pas dans son salon.
Novembre (22). Je reçois une
lettre de Stef. Elle m'envoie les paroles de
Yesterday.
Et elle m'écrit en anglais. Ca faisait, il faut le dire, bien
longtemps. Elle ne peut venir me voir avant les vacances de fin
d'année, à cause de ses examens. Sa lettre est datée du 16, en fait, je
vais aller la voir à Dijon, après-demain.
Novembre (23). Je vais au
coiffeur, à 15 heures. Je me fais couper les cheveux très court.
Novembre (24). Je suis donc de
retour dans la cité des Ducs. J'ai pris soins avant de partir de
contacter un maximum de personnes que j'aurais voulu revoir. En deux
jours, je ne pourrai pas voir tout le monde, il va falloir faire des
choix. Ca me fait bizarre de retrouver le campus, que je n'ai quitté
qu'il n'y a que deux mois. Pourtant, beaucoup de choses semblent avoir
changé. D'abord Stef ne traîne plus dans le même milieu. Sinon, ça va.
C'est deux jours de vacances
Novembre (25). Je me lève
tranquillement dans l'appartement de Stef et Valérie. Il est sympa,
bien que bruyant, à cause de la caserne des pompiers qui se trouve à
300 mètres. Et puis, quand Stef a eu fini sa journée, je la ramène chez
elle, avec Nat, qui maintenant l'a rejoint en Faculté. Je suis content
de revoir cette fille qui m'a plu.
Novembre (26). C'est cool, ma
série préférée repasse à la télévision :
21 jump street.
Pas question d'en louper un épisode, quitte à l'enregistrer. Il est
vrai qu'entre le foot et l'association, mon temps libre du week-end se
réduit comme une peau de chagrin. Ce que j'aime dans cette série, outre
l'attitude de Johnny Depp, toujours un peu perdu, étonné, étonnant,
c'est cette anodine habilité des scénarii à traiter des sujets de
société encore non étudiés. Dans le domaine scolaire notamment. Il y a
une forme de morale tout à fait géniale et acceptable. Au moins avec
mon journal, je peux m'exprimer pleinement, contrairement au journal de
l'association, où il est interdit de signer ses articles.
Novembre (28). Je vais faire un
tour à Dun, pour prendre un bon bol d'air, et quelques photos. Le
brouillard est de mise, ce qui rend la scène encore plus belle. Je vais
voir Lucien. Je lis Fante. Et toujours de l'informatique.
Décembre (3). Je fais de la
cuisine, pour renouer avec les vielles traditions du collège, de la
cuisine du samedi matin quand je rentrais chez moi à 10 heures. Sinon,
Stef, le journal, la boite…
Décembre (5). Je n'ai toujours
pas de nouvelles concernant ma candidature et son évolution.
Décembre (6). Sort enfin, le
second album des Stone Roses. Entraînement et réunion le soir de
conscrits. Mais tout cela me concerne de moins en moins. Je n'ai plus
la même motivation.
Décembre (8). Deux entretiens à
Lyon. On m'a promis des réponses rapides. Comme tous les 8 décembre,
depuis très longtemps, ce sont les illuminations à Lyon. Hélas, je n'y
assisterai pas. Mais chez moi, on se soumet aussi à cette tradition.
Donc j'en mettrai aux fenêtres de ma chambre. Mais avant ce grand
moment, je dois aller au cours d'anglais.
J'ai reçu une nouvelle lettre de Steffy. Elle est allée à la boite,
elle y retourne ce week-end. Je dois lui passer des articles sur Kurt
Cobain. Je lui ai dit que j'étais prêt à venir vivre à Lyon, pour du
boulot, pour trouver des musiciens. Aussi, elle me donnera des journaux
d'annonces immobilières, pour voir un peu où je mettrai éventuellement
les pieds. Elle me demande aussi si j'ai du nouveau pour les emplois
sur Lyon (les entretiens que j'ai finis de passer aujourd'hui !).
A part ça je vais aller voir le match de ce soir au café. C'est la
coupe d'Europe, pas un grand match, mais c'est plutôt histoire de voir
du monde.
Décembre (9). Je vois Gros et
Nadège. Le journal n'avance pas vite.
Décembre (13). Je reçois une
réponse défavorable à l'une de mes candidatures sur Lyon. Le soir, j'ai
ma seconde émission à la radio, pour parler de voyage. Cette fois, je
remonte encore plus le temps, puisque je parle du voyage en Angleterre
effectué au collège, il y a presque dix ans. Ca sent bon la musique que
j'ai vue et écouté à Lyon.
Décembre (14). Je dois voir un
homme respectable, le Comte de Rambuteau, dont la mère était
l'arrière-petite-fille de Louis-Philippe. Dans son château. Le temps
est pluvieux. Mais quelle ambiance féerique. J'ai même un peu peur dans
les couloirs du château. Des armoires vitrées avec des costumes de
carnaval datant de la révolution. Une cheminée. La classe,
l'aristocratie, un côté lord, manoir, british. J'écoute en repartant en
voiture pour un autre rendez-vous, l'album lugubre de Kirstin Hersch.
Avec la chanson
Your ghost.
Chanson de circonstance après l'atmosphère que je viens de quitter.
J'ai après un autre entretien, à Mâcon. Il serait tant que je trouve
enfin un poste, je commence en effet autour du 1er janvier. Ce qui ne
fait plus que 15 jours. L'entretien se passe bien. Le tout me plairait
bien.
Décembre (17). Après avoir bien
bu, pour une fois, nous allons au bal de campagne, l'un des plus côté
du coin, à flan de colline. Pas besoin d'un gros pull, malgré le froid.
Décembre (18). Je tape mes
articles et ceux de Lucien, pour le journal, lors de mon cours
d'informatique. Mon autre fusible pour Lyon est grillé.
Décembre (19). J'entreprends de
faire la tournée de toutes les mairies des communes du canton, pour
déposer une demande de subvention, pour notre association. C'est très
long, tellement long que je finirais demain.
Décembre (20). Je finis ma
tournée en fin de matinée. Pile pour l'heure de manger. J'arrive à me
faire inviter au repas de Noël de mon ancien lycée. Deux années de
suite, je suis trop fort. Je revois N. Toujours aussi tentante. Mais je
dois l'oublier à jamais. Je reçois une lettre de Steffy. Elle m'invite
le 26 à Roanne, et elle vient le 25 à l'anniversaire de la boite. Je ne
sais pas si je pourrai lui présenter Stef, car elle travaille pendant
les vacances dans un centre aéré. Je parle de l'une à l'autre depuis un
an. Ce sont mes deux grandes confidentes. Il faut vraiment qu'elles se
voient. La cassette des Stone Roses lui a plu. Elle parle de mes postes
en vu. Peut-être à Mâcon, où j'ai un ami qui y réside. Autrement elle
veut savoir qui sera le D. J. pour le 31 décembre, si je vais à la
boite avant elle. Pour conclure, elle me trouve ambitieux.
Décembre (21). Rendez-vous à la
clinique, où l'on m'a opéré. Contrôle technique, en quelque sorte. Je
continue ma progression dans la lecture de
Bandini.
Mais, comme je le craignais, c'est de moins en moins bien. Ce n'est pas
la faute de l'auteur, seulement, j'ai lu en premier celui qui m'a le
plus plu. J'écris à N, je contacte quelqu'un de connu pour une
conférence organisée par l'association en début d'année prochaine. Je
fais aussi des devoirs d'anglais.
Décembre (22). Je téléphone à
Stef. Je vais voir l'autre N, quand même. Elle est bien sympa, malgré
tout. Je vais au cours d'anglais. L'hiver commence officiellement
aujourd'hui.
Décembre (23). J'écris à
Joanna, qui selon les mauvais conseils de N, s'intéressait à moi. Je
lui demande ce qu'elle a prévu de faire pour les fêtes de fin d'année.
Je joue aux jeux, je lis Fante. Il y a pas mal de bons films d'aventure
à la télévision pour la période de Noël. Après une nouvelle fête avec
ma bande, nous finissons tous à la boite. Demain sera pareil.
Décembre (24). Veille de Noël,
mais il y a bien longtemps que je n'y crois plus et que cette magie a
disparue.
Décembre (25). Noël tombe cette
année un dimanche, ce qui fait un dimanche ou jour férié de gagné ou
perdu, selon les cas. Pour moi, c'est de gagné. Un repas de famille
comme d'habitude.
Décembre (26). Je devais aller
voir Steffy, mais je dois me rendre ailleurs. J'essaye de contacter N.
Aussi.
Décembre (31). Il ne s'est rien
passé de particulier depuis le 26. Ce soir on réveillonne chez Gros.
Janvier (1er). Réveil
cauchemardesque. Comment déjà, ais-je fait pour dormir ? Dans mon dos
se sont joués des tours de manivelles tordus. Nous avons réveillonné
tranquillement chez Gros. Tout se passait bien, même si parmi
l'association, certain ont dîné de façon dissidente. J'aurais mieux
fait de rester couché. Car arrivé à la boite, j'ai vécu un cauchemar.
Un complot. Dans mon dos. On m'avait fait dire des choses que je ne
pensais pas, amplifiées, etc. Personne ne fût solidaire de moi. J'étais
devenu en un instant le proscrit, le banni. Je me suis senti trahi. Ils
me lâchaient, perdus dans leurs abîmes alcooliques. Heureusement qu'il
y avait Steffy. Elle, était de mon côté. Car j'ai compris que je serai
seul contre tous. Comment ais-je pu tenir jusqu'à sept heures de matin ?
Maintenant, je me pose des questions sur mon avenir immédiat. Mes amis,
l'association, suis-je banni ou est-ce sur le coup de l'alcool, et sur
le coup bas qu'ils se sont tous comportés comme ça ? S'ils ne veulent
plus de moi, je n'ai plus qu'à changer d'air. Je vais au café rejoindre
Steffy. Jamais cela ne fait tant de bien de la voir et d'aller au café.
Je ne parle pas de la gueule que je tirais au repas de famille qui
avait lieu chez moi.
Janvier (2). J'écris à Stef.
Pour lui donner les dernières nouvelles. J'ai revu certains, après
qu'ils soient enfin redescendus de leur état. Ils commencent à
réfléchir un peu. Ce soir, on organise une petite bouffe, pour faire le
point sur mon cas. Est-ce que je passerai en cassation ou en
correctionnelle ? Ca va mieux qu'hier.
Janvier (3). Je décide de
téléphoner à l'ONF, pour savoir si je suis pris. Et qu'est-ce qu'ils
ont le culot de m'annoncer au téléphone, à moi qui poireaute depuis des
semaines ? Que le poste est réservé pour un déserteur ! Ils auraient pu
prévenir avant. J'ai perdu plusieurs semaines. Alors maintenant, que
vais-je faire, je me retrouve sans rien, et je dois commencer le 15 ?
Janvier (7). Divine surprise :
une lettre de Joanna. Elle me raconte ses vacances, évoque les sujets
dont je lui ai parlé précédemment, de N, de mes aventures. Enfin, je
lui avais proposé qu'on aille ensemble dans une boite prés de chez
elle, mais elle ne souhaite pas y aller car elle ne l'aime pas. Mais je
comprends tout à fait cela.
Réunion, chaude à cause de moi, pour le journal. Nous sommes en retard,
nous accumulons le retard en fait. Ce n'est pas mon fait, mais plutôt
celui de la censure stalinienne, le "comité". Moi, mes articles sont
faits depuis bien longtemps, mais ils ne plaisent pas à tout le monde :
pas assez révolutionnaire, trop joyeux, trop de couleurs sans doute. Le
pompon, c'est que certains n'ont jamais su écrire un article de leur
vie, et se permettent de critiquer les miens, mon style, sous prétexte
qu'il y a des phrases sans verbe dans mes textes. Ils en sont restés à
un style d'écriture informatique, d'orthographe gérée par ordinateur,
c'est dire !
Janvier (9). Ma situation se
régularise. Plus de peur que de mal, mais je sais qu'il faudra que je
reste sur mes gardes, que je dois faire attention à ce que je dis, car
tous mes propos seront déformés, comme une star avec les tabloïds.
Je contacte une personne du ministère pour m'aider à trouver un poste
pour la semaine prochaine. Où donc vais-je atterrir ? Et dormir ? Je
téléphone à Stef, pour lui redire encore tout ça. Elle vient pour mon
anniversaire, que je vais quand même fêter avec ceux qui voudront venir
au squat.
Janvier (11). Pour mes 22 ans,
on me fait un beau cadeau. En effet, on m'a trouvé un poste. Le plus
fort est que c'est dans une structure que j'avais déjà contactée, à
avoir l'Université de Bourgogne, le 28 juin dernier ! Que de temps
perdu ! Dire qu'ils m'avaient dit à l'époque qu'ils ne prenaient pas de
personnes dans mon cas… de conscience ! J'ai au téléphone ma future
chef. Je lui dis bien que je n'aie jamais fait ce qu'elle compte me
faire faire, mais elle me dit que ce n'est pas grave, que j'apprendrais
sur le tas. J'ai appris à me méfier, avec l'expérience, des personnes
qui accueillaient à bras ouverts. Mais c'est quand même un
établissement sérieux et sûr. Je prends rendez-vous pour la semaine
prochaine. Je logerai chez Stef et Val. Le destin est ainsi fait. Je
retourne pour au moins deux ans à Dijon. Ca va devenir ma seconde ville.
Janvier (12). Mon cours
d'anglais d'aujourd'hui est peut-être le dernier. Car si je retourne à
Dijon, je ne pourrais être là en semaine. Idem pour l'informatique,
dont j'ai finalement bien fait de m'y intéresser. J'ai reçu deux
lettres pour mon anniversaire : les N. Malgré tout, elles ne m'oublient
pas. Une simple carte postale de l'une, mais qui fait plaisir. Mon
ancien amour m'envoie, elle, une grande carte d'anniversaire
humoristique. Elle s'excuse pour le retard d'un jour… Tellement elle,
tellement imprévisible. Sitôt oubliée, sitôt de retour dans mes pensées.
Janvier (13). J'ai rendez-vous
avec une artiste peintre, et comtesse, pour un petit article dans le
journal. Elle m'accueille dans son château. Un havre de paix, surtout
en ce moment. Stef ne venant que demain, je peux encore me rendre au
cours d'informatique. Je prépare les festivités de demain. Il y aura
Stef, Steffy, Pierrette. Elles vont enfin se rencontrer.
Janvier (14). Stef arrive en
début d'après-midi. Le temps ressemble à un temps de 11 novembre. La
chapelle qui se trouve en face de ma maison est ouverte. C'est
exceptionnel puisqu'elle est fermée depuis des années, en attendant sa
restauration. Alors, avec Stef, nous rentrons à l'intérieur. Et je
tombe sur la comtesse. Toute contente de me voir, et de voir que je
m'intéresse à l'architecture d'une église. Disons que je viens en
voisin, et que je voulais savoir à quoi ressemblait l'intérieur. Mon
anniversaire avec la bande se passe bien. Le réveillon est loin.
Janvier (15). Je repars en
voiture à Dijon, avec Stef, puisque je dois dormir chez elle. Je pense
même rester toute la semaine et la ramener vendredi chez ses parents.
Le temps est affreux. J'ai le ventre barbouillé par tout ce qui a été
bu hier soir, mais je peux conduire sans risque.
Arrivé chez elle, nous déposons nos affaires rapidement car nous sommes
attendus pour continuer la soirée. Nous allons chez les deux amis
qu'elle m'avait présenté à l'automne. Nous allons en boite, la boite
des soirées étudiantes de mon ancienne section. Sauf que le dimanche,
c'est soirée homo. En fait, et sinon je n'irai pas, ils acceptent tout
le monde : homo, hétéro, bi. Le bilan de la soirée est riche. Mais de
tout ce que j'ai vu, il y a sûrement des choses pas très sérieuses. Mes
jumelles se roulant des pelles. Je ne pense pas que cela aille beaucoup
plus loin. Apparemment j'ai eu un ticket avec un petit beur. Il avait
l'air très sympa, mais ce n'est pas mon style de femme. Puis Nat se
colle à une autre fille. Elle s'appelle Séverine. La musique ne me
pousse pas sur la piste, puisque c'est que de la house. Alors on me
pousse. Et me voilà pris au piège, avec tout juste un malheureux gin
dans la tête. Et puis Séverine me rejoint, et puis on s'embrasse
jusqu'à ce que la musique s'arrête. Après…
Janvier (16). Je commence fort
mon retour à Dijon. Mais la fille d'hier soir a trop de différence avec
moi... Je ne ferais pas ma vie avec. Pas trop le temps de philosopher.
Visite médicale à 9 heures, puis à 11 heures, je découvre mon nouvel
environnement de travail, ma chef. Éric, mon copain de l'été dernier la
connaît car il travaillait avant moi ici. Tout ce passe bien, je
remplis des tonnes de papiers. Je vois des tonnes de secrétaires. Je
dois repasser demain. Il faut bien reconnaître que je m'ennuie reste de
la journée. Il pleut.
Janvier (17). Je retourne à mon
nouveau lieu de travail. Bonne nouvelle, puisqu'ils ne veulent pas de
moi avant le 30 janvier. Ce qui me laisse de la marge pour trouver un
studio. Je reste sur le campus pour chercher des annonces. Le reste de
la journée est consacré à la visite de Dijon, de mes souvenirs. Mais
cela devient morne.
Janvier (18). J'ai trouvé à la
fac une annonce pour une chambre. J'ai rendez-vous demain à 18 heures
pour visiter et pour donner sûrement ma réponse. Je n'ai pas envie de
passer la semaine à visiter des appartements. Et puis, je ne suis pas
difficile. Ma chance est qu'en cette période de l'année, très peu de
demandes. Donc pour un propriétaire qui se retrouve avec un logement
vide, un éventuel locataire est ressenti comme le messie.
Je retrouve mon grand ami Geronimo, qui est maintenant en fac. Je vais
mater le match de ce soir chez lui. Il vit avec d'autres anciens du
lycée dans un petit F2, superbe, sous les toits. Le match, Pays-Bas -
France, n'est pas très top, bien que la France gagne. Je n'aime pas
trop le nouvel entraîneur. Il n'aime pas les têtes qui dépassent
(Cantona, Ginola…). Moi, j'adore…
Janvier (19). 18 heures, je
découvre mon futur chez moi. Le hic, c'est que ce n'est pas libre avant
le 1er février, et que moi je commence le 30 janvier. Mais le prix est
très attractif en raison du peu de demande. La propriétaire vit seule,
divorcée. Enseignante. Tout de suite, je lui donne un avis favorable.
Un souci de moins.
Janvier (20). Il est temps que
la semaine à Dijon se termine car une tension naissait chez Stef et
Val. Je me demande si je suis fait pour partager un appartement avec
quelqu'un. Je suis tellement habitué à avoir mon indépendance. Je
ramène Stef chez elle, et je retrouve ma bande.
Janvier (21). J'ai noté à la
fac des annonces pour des groupes qui cherchaient un chanteur. Je
téléphone pour prendre un premier contact. Je revois d'anciens du
lycée, et j'en informe d'autres de mon retour à Dijon. J'ai une semaine
de battement avant de commencer mon service. Le temps suffisant pour
préparer mon déménagement.
Janvier (23). Je finis le roman
de mon année de fac. Il y en a une centaine de page. Je voulais
symboliquement terminer avant d'ouvrir un nouveau chapitre dijonnais.
J'ai trouvé un petit hôtel pour dimanche et lundi soir.
Janvier (27). Pour terminer en
beauté mes longues vacances, je suis invité par Wittmer pour la journée
de rencontre avec les anciens élèves, bien que je ne sois pas un modèle
de réussite... L'occasion de revoir beaucoup d'anciens, perdus de vue.
Janvier (29). Hier soir, grosse
fête au local et à la boite, pour mon dernier week-end avant le début
de mon service. Pierrette vient me couper les cheveux. Il faut que je
sois beau pour mes débuts demain. J'ai fait mon sac. Je prends le train
car on me paye le voyage. Donc, j'amène un minimum d'affaires pour la
semaine. Je suis le soir à Dijon, où je descends dans un modeste hôtel.
Sans télévision mais avec la radio. Il y a eu un meurtre dans un stade
à Gênes.
Janvier (30). Je dois remplir
des papiers avant d'aller au campus. Je n'ai presque plus d'argent. Je
mange peu. Je suis à l'arrache. Je n'ai pas encore commencé mon
travail. Je suis resté une partie de l'après-midi dans ma chambre, à
lire.
Janvier (31). Je me lève tôt.
Je dépose mes affaires dans mon nouveau logement. Je vais une dernière
fois dans les bureaux de l'administration. A 11h30, je me présente sur
mon lieu de travail. Enfin, je vais pouvoir commencer, enfin après
manger, à 13 heures. A 19 heures, j'ai une fin de loup, et je retrouve
mes copains de lycée puis de fac au restaurant universitaire. Je rentre
enfin chez moi, et je n'ai pas besoin de beaucoup de temps pour
m'endormir. Je n'ai pas pu amener la télévision.
Février (1er). Je débute à 9
heures. Je prends le rythme. Je prends mes repères. Je rencontre des
gens.
Je téléphone à Stef pour lui dire où j'en suis. Je vais manger le soir
chez Éric et Patricia.
Février (3). J'ai négocié mon
emploi du temps. Je dois faire 35 heures, peu importe le nombre de
jours que je mets pour atteindre cet objectif. Je commence le lundi à
13 heures et je finis le vendredi à 12 heures. Cela ne me dérange pas
de faire des journées de dix heures. C'est bien la modulation. Je peux
donc prendre le train de 12h30, et être chez moi à 15 heures.
Février (4). Mon week-end
s'annonce bien avec un Angleterre - France pour le compte du tournoi
des cinq nations. Je raconte ma première semaine de travail à ma bande
et on finit à la boite.
Février (5). J'ai une liste
importante de choses à emmener dans mon nouveau logement. Télévision,
antenne, multiprise, oreillers, draps, couverture, cafetière, coca,
thé, croissant, couverts, etc. Je viens en voiture et j'en mets un
maximum. Je fais des stocks.
Février (6). Je m'installe
vraiment dans ma chambre. J'aménage. J'ai une colocataire, en quelque
sorte, car ma propriétaire loue au même niveau que le mien, une autre
chambre. Elle s'appelle Sophie, étudie la biologie. Nous partageons la
salle d'eau. Elle est originaire de Seine-et-Marne.
Février (7). Alors que cela ne
fait qu'une semaine que je travaille, il y a déjà un mouvement de
grève. Je me retrouve donc au chômage technique. A 9 heures sur le
parvis de la fac de lettre, et à 10 heures 30 devant le rectorat. J'en
profite pour préparer une annonce à passer dans la fac, pour enfin
trouver des musiciens. Je passe aux Galeries Lafayette, acheter une
carte postale pour Joanna.
Février (8). Il fallait que
j'aille voir la secrétaire en chef pour mes remboursements de billets
de train. Journée chargée, car après le taf, il y a un concert, le
premier vrai concert de pop rock à Dijon, depuis que le monde existe.
Dès le travail fini, je file par le premier bus au forum d'un grand
disquaire, où Shed 7 est présent. Ce groupe que j'avais déjà vu en
novembre à Lyon. Ils doivent discuter avec le public. J'arrive alors
que la petite salle est pleine. Je me retrouve au fonds. Debout. Mais
je les vois de plus près qu'à Lyon et dans un autre contexte. A la fin
de la rencontre, je parviens, je ne sais par quel miracle à prendre une
affiche collée au mur, de la tournée. Comment se fait-il que beaucoup
d'autres n'y ont pas pensés ? Cent personnes, trois affiches ? Je garde
la forme. Je fais dédicacer l'affiche. Seul le chanteur est absent. Le
concert est génial. Je suis au premier rang, la salle est pleine. C'est
la boite où il y a les soirées gaies du dimanche soir. Décidément, il
s'en passe des choses en ces lieux. En première partie, Dogdy, groupe
cool.
J'ai la bonne surprise de trouver une lettre de Steffy en rentrant dans
ma chambre. J'ai communiqué ma nouvelle adresse à toutes mes copines,
en prenant le soin de ne pas la dévoiler à certaines. Qu'est-ce qu'elle
dit Steffy ? Qu'elle ne s'habitue pas encore à la vie infernale de Lyon
! Elle vient le 11 à la boite.
Février (10). Mes vendredis
vont se ressembler, mes week-ends aussi. Gare, course, association,
copines, bande, boite, gare. J'ai commencé à taper mon livre sur
ordinateur.
Février (11). Le journal est
enfin sorti. Réunion avec le cinéma pour voir ce que l'on peut faire
avec eux, pour préparer la conférence. Pierrette et Steffy sont
descendues au bled, nous allons au bar, voir ma bande, puis à la boite.
Et puis il a fallut que je sorte avec une fille, la sœur d'un copain.
Impossible de m'en débarrasser. Il y avait deux copines avec elle. Bien
sûr celle que je voulais ne voulait pas.
Février (12). J'emmène encore
un peu d'affaires supplémentaire dans mon sac. Je prends le train le
dimanche soir, comme quand j'étais à la fac, de l'autre côté de la
barrière. Mais plus les années passent, plus le train part de bonne
heure bien qu'il arrive toujours à la même heure à Dijon !
Février (14). La Saint
Valentin, c'est bien quand on est deux. Tout seul dans une ville
bourgeoise comme Dijon, c'est l'horreur. En plus, niveau pesetas, je
suis à la limite du hors-jeu. J'ai écris de nouvelle mouture de textes.
Février (15). Je dois assister
à une conférence de 14h30 à 16h. Déjà un mois de fait (en ayant
bénéficié de 15 jours de permissions !).
Février (16). Nouvelle lettre
de Steffy, pour finir ma journée. Ma dernière nuit de la semaine à
Dijon. Une lettre aussi de Sonia, une amie de Steffy, et qui l'amie de
l'amie d'un ami. Steffy me donne son avis à propos du journal de
l'association. Elle me dit qu'elle doit passer la soirée de ce soir
avec Pierrette. Sonia, elle, me parle de ses journées en semaine. Elle
a trouvé un boulot, c'est bien là l'essentiel. Elle me parle de ma
conquête de samedi à la boite. Elle se demande pourquoi, moi qui suis
si mignon, ne trouve pas une régulière. Et puis elle raconte notre
rencontre, comment elle a connu les membres de la bande, Steffy, à qui
elle a piqué un copain, membre de ma bande. Elle est sympa, Sonia. Elle
a besoin d'amour, et je ne suis pas sûr que son copain du moment l'a
vraiment senti.
Février (18). Deux bals de
suite dans le même village. Tout ça s'annonce chaud et humide. Le
premier, se déroulait bien. On avait pris une bonne charge avant. On
fait n'importe quoi dans la salle de bal, certains coups de poing dans
la gueule se sont égarés. Et puis on a voulu finir à la boite, vers 3
heures. C'est là qu'on a appris que Nando, notre illustrateur du
journal, avait eu un accident. Sa copine était avec Sonia, à l'entrée
de la boite, en pleure. Nous, nous étions raides. Nous sommes vite
redescendus.
Février (19). On prend des
nouvelles de l'état de santé de Nando.
Février (20). Je vais voir Stef
pour lui donner les dernières nouvelles de Nando. Ils ont maintenant un
gros point commun : leur accident.
Février (24). Rien
d'exceptionnel à citer pour cette semaine à Dijon qui se termine. Ce
soir, il y a bien le bal de mon Wittmer, mais je ne sens plus les ondes
pour m'y attirer. Je préfère prendre des nouvelles de Nando, et des
filles de Roanne. D'ailleurs, j'ai une lettre de l'une d'entre elle,
Sonia, qui m'explique la soirée catastrophique de samedi dernier.
Dimanche, c'est la conférence que nous organisons, avec Seznec (le
petit-fils, bien sûr).
Février (25). Grosse journée :
aller voir la comtesse, téléphoner aux musiciens, préparer l'énorme
journée de demain. Et le soir, le même bal que la semaine dernière. Je
bois, nous buvons tous autant. Pourtant, demain je dois me lever de
bonne heure pour aller chercher Seznec à la gare T.G.V. avec Eric F.
Février (26). Debout après une
trop courte nuit, ce n'est pas raisonnable. La route est dure. Nous
faisons une émission de radio le matin. Puis restaurant, sans moi.
Débat à la salle du cinéma. Un petit succès, normal vu la promotion.
Notre prochaine manifestation sera une soirée en hommage à Kurt Cobain.
J'ai eu l'idée, et surtout la chance qu'elle soit acceptée par le polit
bureau. Le 7 ou 8 avril, à la boite.
Février (28). Lettre de Steffy.
Son oncle lui a dit pour la soirée Kurt Cobain. Elle m'invite le 11
mars à son anniversaire. Elle aborde aussi divers petits problèmes
existentiels.
Mars (8). Deux lettres de Sonia
cette semaine. Elle déprime parce que sa copine ne l'a pas prévenu
qu'elle venait à la conférence dimanche. Elle voit que je suis le seul
qui pense à elle. Elle me raconte dans la seconde lettre, sa soirée de
vendredi. Toutes les filles que j'ai rencontrées depuis un an demande
Oasis au disc-jockey !
Mars (11). Anniversaire de
Steffy chez ma bande et au Mamba. Elle a trop bu. Elle a pété un peu
les plombs. Elle a pleuré. Elle m'a présenté à une copine, Diana,
ravissante blonde de son âge. Colombienne. Elle m'a aussi présenté sa
mère et sa tante.
Mars (13). J'ai un rendez-vous
avec une étudiante anglaise. Pour corriger mes textes de chansons.
C'est la voisine d'une amie. Elle loge dans une chambre universitaire,
sur le campus. Felicity qu'elle s'appelle ! Ses dessins sur le mur de
sa chambre sont explicites quant à sa virginité. Je lui laisse un jeu
de textes.
Mars (16). Après le boulot, je
vais dans un magasin de bière et whisky d'import. Je prends quelques
exemplaires pour ma bande.
Lettre de Steffy qui revient sur sa performance de samedi. Sa mère m'a
trouvé mignon, Diana m'imaginait grand et blond (sic!). Sa mère a dit
que je pouvais venir quand je voulais à la maison. Elle me rappelle que
je lui ai prêté ma chaîne en or ! J'avais oublié ça ! C'est pour que
son opération se passe mieux. Moins drôle en effet, elle doit se faire
opérer. Pas tout de suite parce qu'elle a un virus. La soirée du 7
avril l'intrigue. Bringue en vue samedi avec elle, Pierrette, Sonia.
Par contre, le concert des Stone Roses à Lyon, je ne sais pas si je
pourrais m'y rendre.
Mars (17). Sitôt arrivé chez
moi, je dois repartir à 18 heures pour un rendez-vous avec le député de
l'arrondissement. On lui demande des sous pour notre association. Il
s'abonne au journal. Si j'ai du abandonner mes cours d'anglais, je vais
de temps en temps, quand je ne suis pas trop crevé du voyage, au club
informatique. J'ai de nouveaux articles à taper, pour le prochain
numéro du journal. Fin de soirée au Road House, le second squat de la
cité.
Mars (18). Je vais chercher
Pierrette à son salon, puis, nous allons voir Steffy à la clinique.
Encore une soirée chez ma bande et à la boite.
Mars (21). Je découvre en
rentrant le soir chez moi, les malheurs de Sophie, ma colocataire. Elle
m'attendait, et a frappé à ma porte. Elle avait besoin de parler à
quelqu'un. Elle ne savait plus trop où elle en était avec les garçons.
J'ai fais ce que j'ai pu.
Mars (24). Nous sommes invités
avec des membres de l'association à Radio Cactus pour parler de la
soirée Kurt Cobain du 7 avril. Les animateurs sont super sympas. Et
puis nous avons un peu dératisé autour de nous, enlevé les ondes
négatives. Le week-end est marqué par le retour parmi nous de Nando.
Mars (25). Grosse fête pour le
retour de Nando. J'étais défoncé au Mamba, mais pas trop quand même.
J'ai rencontré ce soir une copine de Sonia. Elle s'appelle Silvia.
C'est une brune lycéenne de Roanne. Je lui ai raconté des trucs
insensés, du délire. Il y a longtemps que je ne mettais pas mis à
draguer, à me la raconter de cette manière, avec cette intensité. Sonia
m'a déposé à 6 heures du matin, devant ma porte, et avec Silvia, nous
nous sommes dit au revoir avec des sourires qui en disent long.
Mars (27). Je retrouve
Felicity. Je crois que ce n'est pas avec elle que je vais avancer pour
ce qui est des corrections de textes, du moins. Elle me parle d'une
amie à elle, qui est de Manchester, qui supporte Manchester United, qui
aime Cantona et Oasis. Là oui, il faut qu'on se rencontre ! J'envoie
mon poisson d'avril à Lulu et aux autres, une carte postale, acheté au
Comptoir irlandais, mais avec le caché de la poste de Cork. J'ai
préparé mon affaire depuis quelque temps, en mentant à tout le monde en
disant que je partais quelques jours en Irlande.
Mars (28). Lettre de Steffy.
Elle ne sait pas si, elle pourra venir le 7, son opération étant encore
fraîche. Elle serait très déçue, vu comme elle aime Nirvana …
Mars (31). J'ai eu un
rendez-vous hier au bar à l'angle des facs, l'Acropole, avec un
guitariste. Sylvain. Fan de Johnny. Vraiment pour voir, on ne sait
jamais. Je vais réfléchir. Lettre de Sonia. Je vais voir Pierrette.
Avril (1er). Nous allons chez
l'imprimeur pour étudier le second numéro de notre journal. Il y a bien
des modifications à apporter. Bal, l'un des plus réputés du secteur. Et
boite. Où je console une Sonia en larmes, à cause de son chéri. Elle me
dit des choses inavouables. Même à mon journal.
Avril (4). Second rendez-vous
hier soir à 19h30 avec Sylvain, à l'Acropole. Je ne l'ai encore pas vu
à l'œuvre. Mais je crois que je n'irai pas plus loin que ce soir. Nous
avons trop de différences.
Je suis allé chez "ma" secrétaire pour les remboursements de train et,
surtout, poser mes premiers congés. Elle est toujours aussi agréable.
Comme une porte de prison ou la semelle de mes chaussures ! Nouveau
rendez-vous à l'Acropole. Mais cette fois, c'est avec des Anglaises :
Felicity, Melissa, Stephy, Caroline. Et Nicholas. C'est un prénom de
fille en Grande-Bretagne. C'est une petite rouquine. Nous parlons foot
et rock.
Avril (5). Dernier rendez-vous
avec Sylvain. Je lui rends le disque des Pixies qu'il m'a passé et que
j'ai enregistré. Soir de match : Paris contre le Milan. Cela sent
l'enculade à plein nez.
Avril (6). J'avais bien raison,
encore une fois. Paris s'est bien fait mettre hier. C'est toujours
comme ça avec les Italiens. Ca triche, ça vole, ça discute, ça énerve.
Ca paye aussi les arbitres avec des montres en or, minous en or.
Lettre, très attendue de Sonia. Où elle revient sur la soirée de
samedi, et parle de vendredi et samedi.
Avril (7). C'est le grand jour
de la soirée Kurt Cobain. J'ai le temps d'acheter un dernier disque
avant de prendre le train. J'ai aussi le temps d'acheter des baskets
avant d'aller au Mamba. Jamais je n'y étais allé si tôt, à 17 heures.
Nous avons fait un petit monde : une cinquantaine d'entrées. Mais ce
n'est pas une surprise, vu que la publicité était interdite par les
ayatollahs d'Onan. Nous avons même été obligés par la directrice de
l'établissement, à passer de la musique commerciale, comme celle des
autres semaines, pour les clients habituels.
Avril (8). Journée hommage à
Kurt Cobain. Un an déjà. Je me souviens. Dorénavant, tous les 8 avril
seront des journées de recueillement. Enfin, pas totalement consacrée à
copain Cobain. En effet j'avais rendez-vous le soir au Mamba avec
Steffy, Sonia et Silvia. Je sors plus tôt que d'habitude de chez ma
bande. Oliver m'accompagne à la boite. Nous passons par le bois.
Arrivés à la boite, nous trouvons tout de suite les filles. Nous
discutons à une table vers le bar. Puis, naturellement, je m'en vais
avec Silvia dans la salle, pour s'asseoir dans des fauteuils, pour
continuer de façon plus intime. Comme je suis très fatigué par le
stress accumulé (semaine de travail, vie en ville, soirée d'hier), je
lui demande si je peux poser ma tête sur ses genoux. Et puis soudain je
l'embrasse. Le reste de la soirée fut consacré à cette occupation.
C'est la première relation sérieuse depuis N. Presque deux ans jour
pour jour. Des deux côtés, il y a un sentiment d'amour, au minimum.
Avril (9). Est-ce que je vais
mettre beaucoup de temps pour écrire des textes, poèmes ou chansons ?
Avril (10). Je retourne au
boulot le cœur léger. Je téléphone à Sylvain pour lui dire que je ne
veux pas travailler avec lui. J'écris ma première lettre à Silvia.
Avril (11). Je mange à midi
avec Carine, l'ancienne du lycée, Je vais voir Nicholas. Bien
évidemment, je n'y vais pas avec les mêmes prédispositions que lorsque
je l'ai rencontré la semaine dernière. Là, j'y vais sans aucunes
arrière-pensées. Elle me fait voir des photos de chez elle. Elle a des
tickets de matchs de Manchester United accrochés au mur. Elle me donne
les paroles de
Live forever,
d'Oasis. J'ai une version acoustique que je lui fais écouter.
Avril (12). Journée portes
ouvertes à l'université. Deux ans déjà. Oui mais cette année c'est
différent. Il y a an, je loupais l'occasion de m'intéresser à Nat. Je
retourne chez Nicholas. Je crois qu'elle non plus, n'est pas la bonne
personne pour corriger mes textes. Je vais donc mettre les Anglaises de
côté, pour l'instant. De toute façon, dans deux mois elles seront
toutes parties. Je pose des annonces pour trouver un groupe. Et puis,
il y a un type bizarre qui a débarqué, je ne sais d'où, au laboratoire.
Un scénariste à l'accent anglais. Il fallait lui scanner un de ses
textes. Une histoire de centrale nucléaire, qui se passe dans l'Est de
l'Europe.
Avril (14). J'ai été invité à
manger chez Stef et Val hier soir. Je leur ai donné les dernières
nouvelles et il y en avait. Sitôt rentré, je fais le tour des
commerçants que je connais bien, pour leur demander s'ils veulent bien
être annonceur dans le prochain numéro du journal. Le budget est
presque bouclé. Je m'achète encore de nouvelles chaussures.
Je téléphone à Silvia. Je la vois demain.
Avril (15). Encore un tour à
l'imprimerie. Puis, à 16h30, je retrouve ma chérie dans un café du
centre de Roanne. Le début du week-end de Pâques s'annonce bien. Je
suis parti en car, mais c'est en voiture (de Sonia), avec Steffy, que
nous devons revenir à LC le soir. Nous avons acheté quelques cartouches
(gin, vodka) pour bien démarrer, au quart de tour. Nous allons au bout
de lac pour être tranquille. Je m'éclipse un peu avec Silvia. Pas de
bande ce soir. Nous allons directement au Mamba.
Avril (19). J'avais beaucoup de
personnes à voir ces deux derniers jours. Juste comme ça, pour prendre
des nouvelles. J'ai beaucoup téléphoné ou écris à ma dulcinée.
Lettre de Steffy, la première depuis que je suis avec Silvia : elle a
apprécié que dans ma dernière lettre, je lui aie dit franchement qu'il
fallait que cela reste une amitié entre nous. Surtout maintenant ! Elle
se demande seulement pourquoi je l'ai déçu.
Ah ! J'ai aussi une lettre de ma chérie. C'est la première. Déjà, elle
préfère m'appeler mon chéri. A part penser à moi, elle travaille
beaucoup ses cours, car à la fin de l'année, elle a le bac. Le bac
blanc arrive encore plus vite. Sinon, rien de spécial à raconter. Elle
devrait venir à la boite samedi. Elle trouve bien mes articles dans le
journal, mais peut-elle être objective ? Elle a pris son coussin en
soie et l'a embrassé en pensant encore à moi. Bisous, bisous, bisous …
Avril (22). Je retrouve ma
chérie. Je passe la soirée avec elle et ses copines, mes copines. Dans
la nature, dans un bar et à la boite.
Avril (27). Lettre de Silvia.
Elle commence toujours ses lettres par me demander si tout va bien.
Elle a la grippe. Elle s'endort avec ma voix grâce à la cassette d'une
émission radio, que je lui ai filé. Demain, elle va filmer du sport au
lycée. Elle n'est pas sûre de pouvoir venir ce week-end à la boite.
Avril (29). Je vais voir Silvia
à Roanne. Chez ses parents. Elle me présente à toute sa famille.
Mai (1er). Pour ce pont du 1er
mai, je n'aurais fait que des aller-retour entre ma maison et celle de
Silvia. Ah le joli moi de mai ! Je ne rentre à Dijon que demain. Cela
fait du bien de faire un break, surtout dans cet environnement.
Mai (4). Il ne se passe rien à
Dijon. Rien à signaler. Si, j'ai écris des "chansons" sur ma relation
avec Silvia. J'attends de revoir Silvia. D'ailleurs, une lettre de ma
chérie. Elle m'écrit depuis son cours d'espagnol ! Elle va encore aller
filmer. Elle aime aller se balader le soir.
Mai (6). Marseille contre
Gueugnon, au Vélodrome. "Chiche" que j'avais marqué sur mon agenda. Je
n'ai, ni le courage, ni les moyens de relever un tel pari. Un samedi
désormais classique : chez Silvia, puis soirée à la boite. Toutefois,
je l'emmène chez ma bande. Il faut éviter l'erreur de se couper des ses
potes. Nous sortons de la boite à 6 heures, le jour se lève, les
oiseaux chantent. Il fait beau. Nous tenons à deux dans mon blouson.
Mai (9). Je suis retourné hier
chez Silvia. Elle me fait découvrir un parc sympa. Finalement, je ne
vais pas au concert des Stone Roses à Lyon ce soir.
Mai (10). Pas non plus de
concert de Drugstore à Dijon. Je me concentre sur mes textes et sur ma
chérie qui me manque énormément la semaine. Mais j'ai tant de choses à
faire que cette semaine va quand même passer vite. Finale de la C2,
Arsenal loupe l'occasion de la remporter pour la seconde année de
suite, à cause d'un but incroyable, marqué par un ancien joueur de
Tottenham. Un signe.
Mai (11). Lettre de Silvia.
Elle a beaucoup de devoirs à faire. Elle met le blouson que je lui ai
prêté. Moi je fais de même avec un des siens.
Mai (12). Je rentre chez moi,
il fait un temps maussade. Il pleut. Je vais chez le coiffeur. Je suis
de bonne humeur. Je suis invité à manger chez Silvia, avec sa famille.
Mai (13). Samedi habituel. Je
peux me permettre d'aller tous les week-ends à Roanne, j'ai pris de
l'avance dans mes articles. Depuis que je suis avec Silvia, j'ai gagné
le respect de certain.
Mai (19). J'achète un disque à la demande de Lucien,
I should coco
de Supergrass. Je rentre. Je téléphone à Silvia, à Steffy, que je
n'oublie pas pour autant. J'achète du champagne pour demain soir. J'ai
une envie de champagne. Je vais à l'imprimerie pour finaliser le second
numéro du journal. J'ai une lettre de ma chérie. Elle devait travailler
cet été à la Poste. Elle n'est finalement pas prise. C'est mauvais pour
mes affaires parce que du coup elle va partir au Portugal tout l'été.
Il faudra que je la fasse réciter ses cours au début du mois prochain.
Mai (20). Finale de la Coupe
d'Angleterre. On me l'enregistre car je ne peux pas manquer d'aller
chercher Silvia. Pour une soirée normale.
Mai (24). C'est le pont de
l'Ascension, je rentre dès ce soir chez moi.
Mai (28). J'ai passé le
week-end entièrement avec ma chérie. J'ai commencé à la faire
travailler. Hélas, je trouve qu'elle parle trop de son Portugal. J'ai
la lourde impression que son pays compte plus que moi. Ca gâche un peu
notre relation. Je suis resté manger chez elle le soir. Ses parents
m'ont guère laissé le choix. Je ne vais pas me plaindre non plus. J'ai
eu beaucoup de mal à m'endormir car j'ai eu la mauvaise idée de prendre
un café avant de prendre la route pour aller chez moi. Peur de
m'endormir, alors. En plus, il a fait un orage pas possible.
Mai (31). Journée historique.
Non pas par la soirée de la section où j'aurais du me rendre.
D'ailleurs, on m'en fera le reproche demain au boulot. Non, historique
parce que le FC Gueugnon a gagné le dernier match de la saison, et par
la même, le droit d'évoluer l'an prochain en DI.
Juin (1er). Je me lève le cœur
encore plus léger que d'habitude. Mon équipe va jouer parmi l'élite
l'an prochain. Et une nouvelle lettre de Silvia. Où elle me demande de
venir plus tôt dimanche, elle enregistre les albums de rock que je lui
passe, et attend avec impatiente le week-end prochain pour qu'on se
matte des films que j'aurais apportés.
Juin (5). J'ai de la chance
avec tous ces ponts, je peux passer plus de temps avec mon amour.
Enfin, je la fais beaucoup réviser. Silvia me dit qu'elle doit partir
au Portugal le 27 juin. J'irai bien y faire un tour avec Nando et
d'autres.
Juin (8). J'ai des contacts
avec Oliver qui m'annonce que le journal devrait paraître samedi. Je
vais acheter des loukoums pour Silvia et sa famille. J'ai une lettre de
Silvia. Elle m'annonce qu'elle va au coiffeur demain (aujourd'hui),
pour se faire couper les cheveux. Je veux dire par "couper les cheveux"
qu'elle aura une coupe au carré au lieu de ses cheveux longs et fins.
Ca va me changer. Ces lettres sont de plus en plus courtes. Comme
convenu, je lui téléphone à 21h30. Elle me confirme qu'elle doit aller
avec Sonia à un mariage samedi.
Juin (9). Avec Oliver, nous
allons chercher nos journaux à l'imprimerie, à 18 heures. Moment
d'excitation comme pour un enfant le soir de Noël. Le résultat est
satisfaisant. Je vais au club informatique, pour la première fois
depuis des lustres. Le temps de téléphoner à ma dulcinée, le soir au
siège de l'association, nous distribuons notre "trésor".
Juin (10). Privé de Silvia pour
cause de mariage, je vais quand même à la boite, mais c'est nettement
moins bien sans elle, dans les fauteuils. Je décide d'aller au festival
de Belfort avec Lucien. Il y a Oasis, Supergrass, etc.
Juin (11). Je retrouve ma
chérie avec Sonia. Elle me raconte sa soirée d'hier sans moi.
Juin (13). Lettre de Steffy.
Elle me demande ce que je fais pour la fête de la musique. Comme c'est
un mercredi, je n'ai guère le choix, je reste à Dijon. Elle m'annonce
qu'il y a une soirée mousse à la boite le 17 juin. Ah ! Les soirées
mousses, j'en garde de très bons souvenirs : on finit torse nu ou en
caleçon, ça lave les baskets et les gourmettes. On s'y amuse comme des
fous. Elle me raconte ses virés en boite à Lyon et à Roanne. Elle me
dit qu'il y a un nouveau disc-jockey à la boite, un noir. A voir.
Juin (15). Je mange le soir
chez Stef. Lettre de Silvia. La lettre est encore plus courte que la
dernière, plus vide encore. Elle ne date plus ses lettres. J'ai pas mal
de chose de prévu pour l'été. Le 14 juillet, nous ferons un stand avec
l'association, pour la brocante.
Juin (17). Je vais voir ma
chérie. Elle ne peut plus venir à la boite en raison de la proximité du
bac. Qu'il semble déjà loin le temps où j'ai rencontré Silvia ! Mais je
vais quand même à la boite, après avoir été chez ma bande, et dîner
chez mon amour. Je retrouve Sonia et Steffy à la boite.
Juin (18). Je dîne à midi chez
Silvia. J'offre une bouteille de vin à son père, qui m'offre lui, une
bouteille de Porto.
Juin (21). Fête de la musique.
Je mange chez Lolo. Puis, comme c'est un musicien, nous faisons un tour
dans les rues, pour voir les groupes amateurs. Bien nous en pris. Nous
tombons sur un groupe qui n'a pas de chanteur et qui en cherche un.
Nous échangeons nos numéros de téléphone. Balade du soir, espoir ?
Juin (22). Lettre de Silvia et
lettre de Sonia. Ma chérie dit de ne pas me prendre la tête si je ne
peux pas venir la voir vendredi. En effet, je dois aller à la radio
avec mes potes pour parler du dernier numéro du journal. J'irai plutôt
samedi pour ne rien changer à mes habitudes. Elle révise de plus en
plus. J'ai l'impression que c'est moi qui révise. Elle me dit que ces
deux mois d'été de séparation lui permettront de faire le point sur
notre relation. Je crois qu'elle a bien raison. Si vraiment elle aime
son pays, qu'elle veut y vivre, je dois me poser la question de savoir
si je suis prêt à la suivre.
Lettre de Sonia. Elle est beaucoup prise par son boulot. Elle se pose
des questions sur sa relation avec son chéri. Elle trouve que moi et
Silvia, formons un beau couple ! Elle m'invite à venir la voir pendant
les vacances. Elle me dit aussi que j'ai de la chance d'être tombé sur
une fille comme Silvia : une fille bien et qui en a dans la tête…
Juin (24). Émission de radio
pour parler du journal hier. Ca se passe super bien, dans une super
ambiance. Je suis intouchable. Grosse journée aujourd'hui. J'aide
Silvia à réviser, je vais au bal, puis en boite. Pas une minute à moi.
Juin (25). J'ai une semaine de
vacances pour profiter un maximum de ma chérie. Elle part après-demain.
Donc je vais chez Silvia tous les jours. Elle ne sait pas si elle a le
bac. Elle aura les résultats le 21 juillet, avec rattrapage en
septembre, éventuellement. Je la prends en photo.
Juin (26). C'est la veille de
son départ, le dernier jour avant qu'elle parte. J'en profite. Du matin
au soir. Je pars le plus tard possible. En rentrant, j'écoute le
premier album d'Oasis. J'ai une larme à l'œil, je me demande bien si je
vais tenir ? Ca m'étonnerai que je puisse pouvoir aller la rejoindre au
Portugal.
Juin (27). Je décide d'écrire
une nouvelle sur Silvia. Mais je n'ai pas d'idée ! Peut-être qu'elle me
servira de transition pour les délires que j'écrivais en 1991 et que je
n'ai pas poursuivis ? Ca fait tout de même quatre ans. Une transition à
base de téléportation.
Juin (28). Lettre de Steffy.
Elle me demande si j'ai quelque chose de prévu ce week-end. Non. Elle
me demande si j'ai revu Pierrette. Non. Elle me demande si j'ai des
albums anciens de U2 et Cure. Oui.
Juin (29). J'écris déjà à
Silvia. Nos correspondances risquent d'être espacée.
Juin (30). Je décide de refaire
ma chambre. Pour changer d'horizon. Je décompte les jours me séparant
du retour de Silvia. Encore57 !
Juillet (1er). Bal en plein air
du foot. Je vois du monde, ça me fait du bien. Sonia a un nouveau
copain.
Juillet (2). Avec Oliver, nous
allons faire des photos de notre ancien collège. Il va être détruit
puis reconstruit. On fait des photos parce qu'on va les mettre dans le
journal.
Juillet (3). J'écris à Silvia
une grande lettre pour son anniversaire, qui est le 14 juillet. Je
téléphone au guitariste du groupe que j'ai contacté le soir de la fête
de la musique. Je cherche des noms de groupe, pour mon éventuel groupe.
J'ai une nouvelle colocataire, une brune qui fait un stage. Mais je ne
la vois jamais.
Juillet (7). Je rentre excité.
Je me jette sur le courrier. Une lettre du Portugal. Une carte postale
de Coimbra et une lettre écrite dans le car qui l'emmène loin de moi.
La carte postale est rédigée, elle, à la plage. Elle y a revu des amis,
elle est allée hier au casino. Elle mange des glaces et va à la plage.
Elle voudrait me serrer.
Demain je vais à Belfort avec Lucien. Il faut préparer le sac, la
voiture. Je vais chez le coiffeur. Je retrouve les autres le soir.
Lucien a l'envie pour continuer la soirée à la boite. Moi, je dois
conduire demain.
Juillet (8). Voyage pour
Belfort. Lucien dort jusqu'à mi-chemin. Nous prenons deux auto
stoppeuses à Dôle. Il fait une chaleur terrible. Arrivée à Belfort, nos
lâchons les deux filles. Je remets un peu de sauce dans la caisse.
Histoire d'être tranquille. Nos atteignons le site du festival. Un
immense camping, parking. Vu le temps se ne sera pas Woodstock. Nous
rejoignons l'entrée, un kilomètre plus tard. L'aventure va pouvoir
commencer.
14h45, scène B, Deus, groupe belge. Je suis bien attaqué par ce que
j'ai bu, le soleil, la chaleur. Je m'allonge. Heureusement, la scène
est couverte, le public aussi. 15h45, scène C, Supergrass. Le soleil
est à son zénith. Pas d'ombre. Je commence à décoller de la planète
Terre. Le trio d'Oxford tourne à plein régime. Je suis incapable de
tenir jusqu'à la fin du set. Partir, revenir. Je tombe sur le cousin
d'un pote d'enfance, que nous avons vu plusieurs fois au bal. Au milieu
de 90 000 personnes ! 16h30, scène B, Edwyn Collins. Là, je suis couché
par terre, à l'ombre. Je lève la tête de temps à autre, reconnaissant
le morceau phare,
A girl like you.
Son batteur est le même que celui des Sex Pistols. 18h, scène B, Paul
Weller. Je me réveille. Pas trop mal aux cheveux. 19h45, scène A,
Public Enemy. J'ai retrouvé toute ma tête. C'est la première fois que
je vois un "concert" de rap. Et c'est avec le plus puissant groupe.
Sans plus, je ne suis pas un fan, qu'ils ne comptent pas sur moi pour
souscrire à leur idéologie. 22h, scène B, Oasis. Enfin. Je deviens fou.
Je fais des bras d'honneur à tour de bras. Des doigts. Encore plus
intense qu'à Lyon, avec cette fois un public plus respectueux. Même
scène de folie que pour les Beatles, même évanouissement de groupies.
Et puis voilà, c'est fini. Nous rentrons à la tante. Je ne suis plus
saoul.
Juillet (9). Je me balade le
matin avec Lucien, dans les rues de Belfort. C'est une jolie ville.
Puis nous repartons. Il fait toujours aussi chaud. Je raconte mon
festival à Silvia, par courrier, lui communique les noms de groupes
trouvés.
Juillet (10). J'écris à Stef, à
Steffy, à Sonia. Je trouve un fanzine dijonnais de rock.
Juillet (11). Je contacte la
personne qui fait le fanzine.
Juillet (13). Lettre de Silvia.
Elle a reçu la mienne. Elle est toujours à traîner avec sa cousine qui
aime Nirvana et Oasis. Oasis vient à Lisbonne le 22 juillet. Elle pense
à moi souvent. Elle écoute Bon Jovi. Elle a acheté une bague, des All
Stars. Elle me donne son adresse à la plage. Sa cousine me laisse un
mot. Elle adorerait me connaître.
Je mets la chemise que m'a donnée Silvia. Veille de 14 juillet. Grosse
bringue, avec tout le monde et deux amis de Lucien, venant de Lyon et
vus au festival l'an dernier à Lyon justement. Ces deux personnages
font parti de notre stand de demain à la brocante. Je retrouve mes
copines à la boite. Très chaud et très tentant. Je fais la nuit blanche.
Juillet (14). Et comme je fais
la nuit blanche, la séparation entre hier et aujourd'hui, n'est pas
évidente. Il fait encore plus chaud que tous ces derniers jours.
Physiquement, c'est très dur. Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de
Silvia. Elle a 20 ans. Au stand, je joue du tambourin, d'autres de la
musique.
Juillet (19). Je vois souvent
Cédric, le guitariste du groupe de la fête de la musique, mais toujours
pas de répétition. Sont-ils vraiment sérieux ? Le championnat de foot
de D1 reprends avec Gueugnon.
Juillet (20). Rendez-vous avec
les deux mecs du groupe. Discussion, puis visite de salle de répétition
chez Cédric. Puis démonstration. Qu'en penser ?
Juillet (21). Je regarde les
résultats du bac. Elle l'a raté. Où refera-t-elle l'an prochain ses
études ? Je voudrais bien qu'elle me rejoigne à Dijon, mais ça ne lui
dit rien comme climat. Je regarde les photos de Silvia, de Belfort et
d'ailleurs, du collège, que j'ai fait développer. Deux lettres de
Silvia. Dans la première, datée du 13 juillet, elle me conseille de
prendre comme nom de groupe Microwave. Il fait hyper beau là-bas, elle
est bronzée. Elle pense toujours à moi. Dans la seconde lettre, elle me
dit qu'elle a retrouvé touts copains de plage de l'année dernière. Elle
me dit qu'elle n'a même plus envie de retourner en France l'an prochain
! J'ai compris et je m'en doutais. Le Portugal passe avant moi. On lui
a conseillé d'aller à la fac de Coimbra. Sinon, il y a des concerts à
la plage. Elle s'est acheté un maillot de bain.
Juillet (22). Soirée mousse à
la boite. Avec Steffy et Pierrette. Super soirée. J'oublie tout.
Juillet (27). Il y a un
critérium cycliste sur l'avenue du Parc à Dijon. Ca me change. Sinon,
rien.
Juillet (28). Pas de lettre de
Silvia. Je sens le vent tourner. Le vent du boulet.
Juillet (29). Il y a une fête
dans la maison de campagne d'un de la bande. Je noie mes dernières
illusions à la boite.
Juillet (31). J'ai rendez-vous
à 11 heures au fanzine. Je propose mes services pour faire des
articles. J'écris maintenant dans deux publications.
Août (2). Répétitions, enfin.
Pas terrible.
Août (4). Toujours pas de
lettre de ma chérie. C'est fini, je pense.
Août (5). Je vais en boite à
Roanne avec Pol, Sonia, son copain, Steffy. Avant, Steffy nous emmène
dans un bar très gay de Roanne. Le patron est drôle. N'empêche que je
m'ennuie à mourir dans la boite où les filles nous emmènent. Je confie
à Sonia mes doutes sur ma relation avec Silvia.
Août (7). J'écris un article
pour le journal de l'association sur le FC Gueugnon et un autre sur mon
collège détruit.
Août (11). Je téléphone à
Pierrette, qui d'ailleurs m'a envoyé une carte postale de vacances sur
la côte. Elle rentre pour le week-end du 15 août.
Août (13). Hier nous sommes
tous allés au bal. Grosse caisse. Avec Oliver, Pierrette et d'autres,
nous allons ce soir à une grande fête campagnarde. C'était imprévu ce
qui rends la soirée plus mémorable.
Août (14). Encore boire. Encore
la boite. Coup de chaud avec Pierrette. Nous avons frôlé l'exhibition.
Qu'est-ce qui nous a pris de péter les plombs ?
Août (19). Une lettre du
Portugal, Silvia, et une lettre d'Italie, Steffy. Enfin, Silvia
m'annonce qu'elle n'est pas, version pessimiste, ou plus, version
optimiste, amoureuse de moi. Il lui a fallut deux semaine pour
m'écrire. Elle veut faire ses études à Coimbra. Elle rentre le 25 ou 29
août. Steffy m'écrit de Pise. Elle souhaite que j'aille mieux.
Août (24). Je téléphone à
Steffy qui est rentrée d'Italie. Je lui dis pour moi et Silvia.
Août (26). Je vais voir Silvia
qui est rentrée. Nous rendons nos affaires échangées. Ca ne me fait pas
trop de peine de la revoir en sachant que tout est terminé. Il n'y a
pas d'effet de surprise. Je revois aussi Steffy et je ramène Pierrette.
Août (28). De retour à Dijon.
J'ai fini mes textes sur Silvia. Tout ça pour ça. J'en fait un nouveau,
plus sarcastique.
Août (30). Je trouve un nouveau
nom de groupe, Sportswear.
Septembre (1er). Répétitions
chez Cédric hier soir. Je sors les statistiques sur la boite 17 fois
l'été 1993, 37 pour 1993-94, 50 fois pour 1994-95. Autre statistique,
j'ai tenu quatre jours de moins avec Silvia par rapport à ma relation
avec N.Je refais ma chambre, pour repartir d'un bon pied. Je vais voir
l'antiquaire et ses nouveautés.
J'ai une nouvelle colocataire, une blonde qui est en fac d'anglais.
Septembre (2). Beaucoup de
coups de fil à passer et de rendez-vous pour l'association.
L'éditorialiste du fanzine dijonnais et aussi manager d'un groupe de
sale gamin. Il m'a passé leur cassette. Je la passe au patron de la
boite. Pour savoir s'il est prêt à les faire venir. Stef a emménagé
dans un nouvel appartement, avec un de ses copains homo. Val a quitté
Dijon pour poursuivre ses études près de chez elle. Cet appartement est
bien, mais cher, la vue sur la place de la République est chouette.
Septembre (4). Depuis le début
de ma feue relation avec Silvia, je retourne à Dijon par le train du
lundi matin, et c'est beaucoup mieux comme ça.
Septembre (7). Beaucoup vu
l'éditorialiste. Taper une nouvelle chanson, dont le titre est à
modifier bien qu'il soit de circonstance,
Cool to be free. De toute façon,
tant qu'il n'y a pas d'albums sortis…
Septembre (9). Qu'est-ce qu'on
va bien pouvoir faire ce soir ? L'après-midi est passé à glander autour
du combi que des membres de la bande ont acheté. Je téléphone aux
filles de Roanne, mais elles ne viennent pas. Alors, à la dernière
minute, nous décidons d'aller à un festival à la campagne, à 15
kilomètres d'ici. Il y a des artistes connus, comme Katherine,
Dominique A. Nous prenons le combi. C'est ça l'aventure, sur une route
qui m'est inconnue, à l'arrière de la camionnette, à travers les
champs, ivre. Arrivés sur place, on acquitte un modique droit d'entrée.
Les gars qui organisent sont bien gentils. Des fils et filles de la
bonne société lyonnaise. Dans le chapiteau, je reconnais Katherine. Je
vais lui parler. J'aime bien ce qu'il fait, je lui parle de l'article
que j'avais lu, il y a plusieurs mois dans un magazine, qu'il avait été
objecteur, etc. Plus tard, je vais présenter l'artiste à mes potes.
Puis arrive Dominique A. Bref, une super soirée, dommage qu'on soit
tombé en panne d'essence en rentrant.
Septembre (14). Semaine banale
: boulot, rédaction d'article, coup de fil et rendez-vous. L'automne
s'approche. Je finalise les chansons écrites sur moi et Silvia. J'en
suis bien content.
Septembre (16). J'aide Oliver
avec son père à déménager. Il a fini son objection. Les adieux à son
patron, le maire, et à ses employées sont émouvants. Tout fini par une
bonne cuite avec la bande et à la boite.
Septembre (20). Mes bonnes
relations dans le milieu rock et pop de Dijon me permettent de rentrer
par l'autre entrée pour la petite session acoustique donnée par les Boo
Radleys, chez un disquaire. Je suis au premier rang. Quelle évolution
depuis le concert de Shed 7 en février ! Je leur fais signer mon
agenda. Le concert est génial. En rentrant, j'écris une carte postale à
Lucien. Une carte postale de Madonna (période Marilyne) entièrement nue.
Septembre (23). Je vais à
l'inauguration du nouveau collège. Je n'aime pas le style
d'architecture. Ils auraient du le refaire à l'identique, mais avec des
matériaux plus solides. Ils ont en plus coupé les grands arbres qui
étaient devant. Lamentable. Il y avait vraiment de quoi aller se
saouler la gueule le soir.
Septembre (25). Oasis présente
son second album à la télé. Depuis l'été, j'achète le
NME. Ca me conditionne un peu trop.
Septembre (27). Je trouve un
nouveau nom de groupe : Casino. Même si en italien cela veut dire
"bordel".
Septembre (28). Mes activités
dans les deux publications me prennent de plus en plus de temps. Lettre
de Steffy. Elle me donne son calendrier de cours à Lyon. Elle a fait
lire notre journal à sa prof de français. Elle me demande si je vais au
festival à Lyon, comme l'an dernier. Nous n'avons plus de nouvelles de
Sonia. Maintenant qu'elle a trouvé le bon copain… Pas surprenant.
Sinon, elle pense aller en Angleterre après ses examens.
Octobre (1er). Canto is back.
Après sa suspension depuis le 1er mars.
Octobre (2). Sortie du second
album d'Oasis. Je cours me le procurer. J'ai un nouveau collègue de
travail, Thierry, qui est chanteur dans un groupe. Oublié de signaler
que depuis janvier, j'ai encore un autre nouveau collègue, Lilian.
Maintenant, je connais presque tout le petit monde du milieu pop et
rock de Dijon.
Octobre (5). Dans le cadre de
mon travail, j'œuvre depuis des semaines à un colloque qui a lieu
aujourd'hui et demain. C'est un soulagement pour beaucoup de monde. Je
vais voir la secrétaire pour mes remboursements de train, et poser des
jours de congés pour la Toussaint.
Octobre (6). Fin du colloque.
Lettre de Steffy. Retour sur la dernière soirée à la boite.
Octobre (7). Week-end
classique, bande et boite.
Octobre (10). Encore une grève !
Octobre (11). Miossec joue à la
salle de spectacle du campus. Je n'y vais pas, pour raison financière
principalement.
Octobre (13). Bande, bar et
boite avec mes potes et mes copines.
Octobre (19). L'éditorialiste
me raconte le repas d'avant concert de Miossec. Qui était paraît-il
détestable ! Je vais chez un disquaire pour voir les prix des billets
pour les concerts de Radiohead, Dodgy, Dominique A et Pulp. Ca bouge
pas mal au niveau des concerts à Dijon ! J'achète à la gare le
NME et je prends mon billet de train.
Octobre (20). Lettre d'Italie
de Stef. Une carte postale écrite en tourbillon. En français, encore
heureux. Elle est en Italie pour l'après-midi, étant en cure en Savoie.
Elle retourne sur Dijon dimanche après-demain. Elle me demande si ça a
repris avec Silvia !
Je vais faire une émission de radio pour parler de notre journal, avec
mes potes.
Octobre (21). Je vais manger
chez Steffy. Puis, je l'emmène chez ma bande où nos chemins se
séparent, pour la soirée. Elle va à la boite, je vais au bal.
Octobre (23). Repas et soirée
de la section d'Histoire. Ce repas me ramène deux ans en arrière, quand
j'étais étudiant et que je faisais partie de ma corporation. La même
biture, mais les étudiants d'Histoire sont plus sympathiques, moins à
droite. Tout ça se termine dans une boite où a lieu leur soirée
Octobre (24). Mal à la tête au
boulot. Je vais prendre mon billet pour le concert de Dodgy.
Octobre (25). Je mange à midi
avec Carine. Je téléphone à Nat pour prendre de ses nouvelles. Il y a
un bon concert ce soir, Echobelly et Stereolab, mais il y en a
tellement de programmés qu'il faut bien faire des choix.
Octobre (26). Plein de
rendez-vous. A 10h30, je vais au club franco-britannique de
l'université, pour savoir quelles activités y sont pratiquées.
Peut-être que je trouverais une personne fiable pour corriger mes
chansons. A midi, je vais voir une ancienne du lycée, Lydie, pour lui
filer un exemplaire du journal. Elle est de notre canton. A 22 heures,
je vais voir Stef.
Octobre (28). A 17 heures,
assemblée générale de l'association. Beaucoup de choses à voir, entre
les bilans financier et moral. Certains qui ne foutent rien partent
d'eux-mêmes. Pour marquer le coût, prétexte, nous buvons beaucoup le
soir. Et finissons à la boite.
Octobre (30). Concert de Dodgy.
Groupe déjà vu en première partie, au mois de février, pour la première
partie du mythique concert de Shed 7. Cette fois, ils sont les stars.
Ils parlent un peu en français, font des allusions à Chirac et aux
essais nucléaires. C'est le début d'une grosse série de concerts
auxquels je vais assister.
Octobre (31). Je prends
quelques jours pour la Toussaint, et le train de 16h56.
Novembre (3). Me voilà de
retour à Lyon pour assister au même festival que l'an dernier. Mais
cette fois, Lucien ne vient pas. J'ai rendez-vous avec ses amis, qui me
logent. Ils viennent avec moi ce soir mais demain, j'irai tout seul. Le
programme de jour : Mc Almond, Salad, et surtout Black Grape, groupe
issu des Happy Mondays. Forcement ça bouge. Je danse pendant tout le
concert. Je n'ai jamais vu sa. C'est la fête. Quel défoulement ! Après,
nous allons sur une péniche qui fait boite.
Novembre (4). J'achète le
coffret des singles d'Oasis. Ce soir, j'y vais seul. C'est un peu
morne. Passer une soirée seul. Ron Sexsmith, Supergrass, Cast.
Surpergrass, ce groupe vu à Belfort dans un état second. Je retourne à
l'appartement tout de suite après. Je devais rejoindre mes hôtes à une
soirée du milieu artistique mais je suis crevé. Globalement, mon
week-end fut moins bien que l'an dernier.
Novembre (6). Je ne retourne
que demain à Dijon, alors je rode autour de mon ancien lycée. J'y
connais de moins en moins de monde. Je rédige des articles pour le
fanzine sur mes concerts de Lyon. D'autre part, il y a le journal. Nous
cherchons un moyen de réduire les coups d'impression.
Novembre (9). De retour sur le
campus, je retourne au club franco-britannique. Ils font une émission
de radio, ça m'intéresse fortement. Plus que les après-midi thé.
J'achète un disque à la gloire de Cantona.
Novembre (12). Encore un
week-end normal : bande, association, boite, dimanche promenade et
réveil de Lucien, analyse de la soirée de la veille. Cette analyse est
notre sport préféré, mais elle est nécessaire pour bien commencer une
nouvelle semaine de travail.
Novembre (13). Concert de
Radiodhead, avec Drugstore en ouverture. La chanteuse de premier groupe
s'est bourrée au Bailey's, ce qui n'est pas sans me rappeler quelqu'un…
J'y vais avec Lolo. Dommage qu'il y ait tant de fans de Radiohead
n'arrêtant pas de commenter chaque chanson.
Novembre (15). France - Israël,
deux ans après. Une chose m'inquiète : Éric Cantona n'a pas été rappelé
depuis le match aux Pays-Bas. Enfin, on se qualifie quand même pour le
championnat d'Europe 1996, en Angleterre.
Novembre (16). Je vais à la
permanence du club franco-britannique. Plusieurs choses m'intéressent,
la radio, le projet de journal, qui se serait le troisième dont je
ferai parti, et puis, il faut bien l'avouer, les rencontres.
Novembre (17). Retour au bled,
réunion de travail pour le journal. Pierrette étant là ce week-end,
nous allons ensemble chez ma bande, puis au bal tous ensemble. Nous
rentrons bien cuits, tôt le matin.
Novembre (20). Sortie du
fanzine auquel j'ai activement participé. J'ai rendez-vous à cette
occasion dans le bar pop de la ville.
Novembre (21). Je prends mon
billet pour le prochain concert, celui de Pulp, aussi un pour Oliver,
puisqu'il vient.
Novembre (23). Je passe au
club. Je ne vais pas voir Dominique A et Katherine qui passe à la salle
du campus. Ils tournent tellement que j'aurais au moins dix chances de
les revoir.
Novembre (28). Je passe, avec
Oliver, voir Nat. Elle a un beau petit studio d'étudiant en histoire de
l'art. Elle est toujours aussi belle. Elle a une impressionnante
collection de sous-bok. Il y avait bien un karaoké dans un bar
américain, mais il y avait aussi, déjà, le concert de Pulp et Menswear.
Je considère ce spectacle comme un de mes meilleurs souvenirs de
concerts, au même rang que celui de Black Grape il y a tout juste trois
semaines à Lyon.
Novembre (30). Je vais au club,
pour confirmer que je suis ok pour débuter lundi l'émission de radio du
club, à la radio du campus.
Décembre (2). Je trouve Steffy
à la boite. Trois semaines que je n'y avais pas poser les pieds.
Décembre (4). 16-17 heures,
émission de radio, en anglais. Je bafouille, à cause de l'anglais, déjà
qu'en français il m'arrive de ne pas savoir quoi dire !
Décembre (6). En pleine période
de grève. Train, bus, poste. Je suis mal. Je rentre prématurément par
les moyens d u bord, une fille de LC que je connais de vu, qui est
aussi à Dijon. Oliver venant me chercher à Montceau.
Décembre (7). Je me suis donc
arrangé pour finir hier ma semaine. Je suis allé avec Oliver à Chalon
pour prendre des billets pour le concert de demain à Mâcon, de
Dominique A et Miossec. Le centre de Chalon à l'approche de l'hiver a
quelque chose de rassurant.
Décembre (8). Le concert est
bien mais on étouffe dans cette cave, trop de monde. 8 décembre 1995.
Personne n'en a parlé, ni à la radio, ni à la télé, ni au concert, ni
entre nous. C'est l'anniversaire de la mort de John Lennon. Il ne fait
pas bon mourir…
Décembre (11). Concert de
Marion à Dijon. Il est temps que ça se termine, je suis saturé de
concerts.
Décembre (12). Je vais voir Nat
car elle m'a dit qu'elle allait pour les fêtes à Londres. Si elle
pouvait me prendre le maillot de Manchester City… C'est le tirage a
sort des éliminatoires de la coupe du monde 1998 de football.
Décembre (14). Je mange et mate
un film chez Stef.
Décembre (18). Dernière
émission de radio de l'année, à Dijon du moins. Je passe les groupes
que j'ai vu à Lyon cette année et l'an dernier pour le festival. Et
aussi des extraits de l'album sur Cantona. J'enregistre l'émission sur
une cassette, Ce qui permet de me trouver tarte. Je rapporte au chef du
fanzine la vidéo des Stones Rose qu'il m'a prêté.
Décembre (21). J'assiste à une
fête du club, pour célébrer Noël. Demain c'est les vacances, mais il y
a encore du boulot avec le journal à sortir pour les fêtes.
Décembre (23). Je téléphone à
Silvia qui est en France pour les fêtes. J'irai la voir la semaine
prochaine. Le journal sort enfin. Comme nous sommes samedi, on fête le
bébé au siège et à la boite. Long week-end de Noël.
Décembre (24). Calme veille de
Noël, en plus un dimanche. Soirée avec ma bande mais pas de boite. Ca
fait deux dimanches qui se suivent.
Décembre (25). Repas en
famille, soirée entre amis, fin à la boite. Demain c'est déjà mardi.
J'irai faire un tour au marché.
Décembre (28). Jour de la Saint
Innocents. Ca tombe bien, c'est la journée choisie pour rendre visite à
Silvia.
Décembre (31). L'année finie un
dimanche. Comme l'an dernier, Gros organise avec nous un réveillon chez
lui. A la différence près pour moi que ça craint moins au niveau de
l'ambiance. En un an nous avons fait le ménage. J'ai invité Steffy qui
a invité des amis, et Pierrette.
Janvier (1er). Réveillon entre
amis et ça s'est très bien passé. Nous avons fait un bien étrange
gâteau, qui nous a permis de rester stable, en haute altitude pour le
reste de la soirée.
Repas de famille à midi et finition des restes chez le Gros le soir.
Demain reprise du travail. Ca va être hard !
Janvier (2). Dure reprise. Je
fais une affiche pour mon émission de radio. Ce qu'il y a de bien,
c'est que ce n'est pas trop loin de mon lieu de travail ; c'est en face
à 50 mètres, je vois le studio de mon bureau.
Janvier (5). Lettre de Val.
Elle donne des nouvelles.
Janvier (7). Après cette
semaine de reprise, nous sommes tous très fatigués, aussi, nous ne
sommes pas sortis hier et avant-hier. Tout juste deux charges au local.
Par contre le week-end prochain, je fête mon anniversaire, et Stef
vient.
Janvier (8). Mitterrand est
mort. Je l'ai appris par ma directrice en me rendant au boulot à 12
heures. Je ne l'ai pas cru sur le coup, tant cette nouvelle était
incroyable. L'enterrement a été fixé à jeudi, le jour de mes 23 ans !
Je m'en souviendrais.
Janvier (9). Il fallait que je
vois des Irlandaises pour l'émission de radio. A partir d'aujourd'hui,
je note sur mon agenda mes horaires de travail car j'ai de plus en plus
de rendez-vous, heureusement tous sur le campus avec principalement des
étudiants. D'ailleurs, mon agenda a les pages de plus en plus chargées.
Janvier (11). Journée pleine.
Labo de 8 à 10 heures. Visite médicale à 12 heures à l'hôpital.
Prisunic à 13 heures pour acheter à manger pour le déjeuner et à boire
pour la réunion du club, où je célèbre mon anniversaire. Je mange sur
mon lit à 14 heures, je regarde l'enterrement de Mitterrand. Ca va
durer toute la journée. Je me douche, je me fais beau pour la réunion
du club, portant sur le projet de journal. Je sèche, tout en regardant
l'unique programme télé. C'est fascinant et historique à la fois. Puis,
il vient l'heure de me rendre, par grand froid, au local du club. Il
n'y a pas grand monde, si ce n'est six filles. Pas un grand succès.
Fera-t-on un journal ? Seule une fille me donne quelque chose à mettre
dans le journal. Des poèmes. D'elle. Elle s'appelle Hélène D. Elle est
venue avec sa meilleure copine, Majuana. Je reste impressionné en
lisant ses poèmes dans ma chambre. Hélène D qui est-tu ? Elle a pris le
soin de laisser son téléphone sur le papier.
Janvier (12). Je vais chercher
Stef et nous rentrons à la maison. Demain, grosse bringue pour mes 23
ans avec ma bande. Ca s'annonce chaud. Ce soir au local, Nando et Stef
comparent leurs brûlures.
Janvier (13). J'aurais du me
méfier du chiffre 13. Je suis couvert de cadeaux par mes copines :
écharpe, disque, coffret de pipe, etc. C'est la grosse défonce au
squat. Peut-être le sommet. Du délire. Nando va très loin. Ca me fait
plaisir, pour mon anniversaire, c'est une soirée inoubliable. Jusqu'à
ce que nous allions à la boite. Là, je tombe dans la partie B du
traquenard organiser contre moi. Un mec veut me casser la gueule par ce
que j'aurais harceler son ancienne copine. Je ne comprends rien. Je
sais que je n'ai rien fait mais aller expliquer ça à un bourrin bourré
! Qui a pu me faire ça si ce le même que celui du réveillon 1994 ?
Cette histoire m'a gâché la soirée. Mes potes sont retombés dans leur
vieux travers : absence totale de solidarité et aucune écoute.
Janvier (14). J'ai un peu la
haine.
Janvier (16). Raconter tout ce
que je fais, mes rendez-vous, ce serait trop long. Disons que j'ai
contacté Hélène pour un prétexte quelconque. Juste histoire de faire
plus ample connaissance.
Janvier (17). Je me suis
démonté une dent pendant mon sommeil. Je dois aller chez le dentiste.
Ca foire un peu mon planning. Il y a un trivial poursuit ce soir au bar
du campus, mais du coup, je ne peux pas y aller.
Janvier (19). J'en ai pour un
bout de temps avec le dentiste. Ca faisait un peu longtemps que je n'y
avais pas été. Alors … mais c'est un jeune, et il est bien sympa. Pas
le top cette histoire de dentition pour draguer !
Janvier (22). Émission de
radio. Je commence à être bien rodé. Le technicien est cool, j'ai
sympathisé avec lui. Hélène et Majuana passent faire un saut. Pour dire
bonjour. Je passe du rock, et mon collègue raconte l'air du temps.
Janvier (23). Autre émission de
radio, dans une autre radio dijonnaise, pour parler de la sortie du
fanzine. Je décalque mes idées du bled ici.
Janvier (24). Je vais
maintenant régulièrement chez le dentiste après le boulot. Comme pour
la kinésie il y a un an, j'ai choisi le praticien en fonction de son
emplacement géographique, proche des facs. Et là aussi, il s'agit d'un
jeune. Y a-t-il un lien de cause à effet ?
Janvier (25). Mes rendez-vous
commencent à s'accumuler, avec toutes mes occupations. Stef à 9h30,
Hélène à midi.
Janvier (27). Je commencerai
presque à trouver les week-ends longs, tant j'ai de personnes à revoir
à Dijon. Surtout Hélène. Je lui trouve quelque chose que les autres
n'ont pas. Je rentre dès samedi car je suis invité ce soir au gala
d'une école d'agronomie. Stef doit défilé pour un couturier local.
Musique techno, défilé de mode, j'ai vite compris que tout s'imbriquait
l'un dans l'autre. En tout cas, belle soirée dans un cellier,
magiquement décoré, on s'y perdrait.
Janvier (29). C'est moi qui
fait les émissions tous les lundis. Normalement, ce sont des équipes
qui tournent, mais je me trouve être le seul vraiment motivé, avec
Hélène.
Février (1er). Je propose à
Hélène de venir avec moi pour rencontrer le groupe Cast, vu au festival
de Lyon, et qui joue en ville ce soir. Mais elle n'ose pas venir.
Dommage. Je vais au concert maintenant sans avoir à acheter des
billets. On me présente à un attaché de presse qui me donne un disque
de Mathieu Boogaerts. Il me demande si je veux faire son interview lors
d'une journée promotion. Je ne refuse pas.
Février (2). A la première
écoute du disque de Mathieu Boogaerts, je n'accroche pas
particulièrement. J'amène quand même le disque à l'émission de Radio
Cactus pour parler du dernier numéro de notre journal au bled. Le
principal c'est que je m'y retrouve entre les radios et les journaux.
Février (5). Je tombe sur un
type qui était avec moi en fac. Laurent. On discute, et voilà qu'il me
propose de collaborer à un magazine qu'il voudrait sortir. Ca ferait 4
revues, journaux, dans lesquels j'écrirais, 2 où je serais rédacteur en
chef ! Ca fait un peu beaucoup. Mais je ne sais pas dire non. Je fais
l'émission du club avec Hélène et Majuana. Il y a un bon feeling entre
nous, idem avec le technicien qui s'appelle Florent.
Février (6). Je vois Hélène à
13 heures. Nous avons pas mal de centres d'intérêts communs. Je crois
qu'elle est la personne que je cherchais pour corriger mes chansons.
Février (8). Interview et
concert de Salad, groupe vu également à Lyon en novembre. Je fais
signer par la chanteuse un disque appartenant au Gros. On me présente à
Pierre via un ami. Il est musicien. Et je cherche des musiciens.
Février (9). 12 heures, je
mange avec Hélène à l'Acropole. Elle a un sandwich au jambon de Parme
que lui a fait sa mère. Ses parents sont sur le point de se séparer.
Elle vit ça mal, elle est très changeante au niveau de l'humeur. Stef
est retournée à l'hôpital pour se faire opérer à nouveau.
Février (14). Rendez-vous sur
rendez-vous. Ma directrice commence à criser, je suis souvent absent,
je fais beaucoup de pauses que je récupère malgré tout. Je dois
rencontrer un gars, Mathias, guitariste, qui a posé une annonce pour
monter un groupe avec un ami, Alex, bassiste. Avec Pierre, nous voilà
quatre. Il manque un batteur.
Hélène vient me chercher. On va chez moi, elle joue un peu de guitare,
et me fait une démonstration.
Février (15). J'ai imprimé mes
délires de 1991 pour Hélène. Puis, je suis allé les lui porter, chez
elle. Elle habite dans un bel appartement. Elle jouait du piano quand
je suis arrivé. Elle m'attendait, pour aller après, faire un jogging.
Je l'aurai bien suivi mais je n'étais pas habillé pour. Dommage, mille
fois dommage. Je l'accompagne, la neige commence alors à tomber. J'y
vois comme un signe du ciel. Hélène a l'air heureuse, elle me sourit,
elle est très joueuse, comme si on se connaissait depuis des années.
Après l'avoir quitté, je me sens tout bizarre. Le temps me paraît long
jusqu'à demain, quand je la reverrai pour manger à midi.
Février (16). Je mange avec
Hélène, même si je n'ai pas très faim. A 13h30, j'ai rendez-vous avec
Mathias, mon nouveau guitariste. Le contact est bon. En rentrant au
bled, j'ai une lettre de Stef. Elle est contente d'avoir reçu ma
lettre. Nando lui a envoyé une bande dessinée comme il sait si bien les
faire, sur la bande. Je suis content que ces deux là communiquent.
J'aime bien se faire rencontrer des gens que j'apprécie. Elle m'écoute
à la radio, je lui ai passé une cassette enregistrée d'une de mes
émissions. Ca tient compagnie.
Février (17). Plus ça va et
plus les week-ends ne sont plus qu'une longue attente avant de revoir
Hélène. Je la vois presque tous les jours. On s'attache vite à ces
petites bêtes. Je ne suis plus allé à la boite depuis l'incident de mon
anniversaire. Pour une fois, certains m'ont suivit dans ma démarche.
Février (19). Je prends Hélène
en photos avant l'émission. Après l'émission, je reste discuter avec
Florent, Hélène et Majuana, que l'on appelle communément Maya. Elles
ont parlés de se biturer pour oublier leurs problèmes. La neige
recommence à tomber. Je leur propose de venir chez moi. Rendez-vous
pris devant le parvis du théâtre. Il ne faut pas faire trop de bruit
pour ne pas déranger ma voisine. Le jeu est varié. Il est tard. Tout le
monde dormira chez moi. Je me retrouve sur le sommier de mon lit avec
Hélène, Florent et Maya sont sur le matelas, par terre. Je réchauffe
les pieds d'Hélène. Et puis, les deux filles partent discuter en dehors
de la chambre. Les filles veulent repartir. Si proche… Je reste médusé,
plus que Florent. Elles repartent. Je ne comprends rien, je me sens mal.
Février (20). Le moins qu'on
puisse dire est que j'ai très mal dormi. Ai-je seulement dormi ? J'ai
laissé ma chambre dans l'état où elle était hier soir. Pas le courage
de toucher à l'aménagement prévu pour quatre. A 9 heures, au boulot, je
marche au radar. Je suis fou d'Hélène. J'écris en cinq minutes
Mad for you, qui peut aussi
s'écrire
Made for you.
La belle professeur qui vient souvent au labo ne me fait plus d'effet.
Je suis amoureux d'Hélène, ça éclate. J'ai ma répétition avec mon
nouveau groupe, je leur montre ma chanson du matin, il trouve un air,
on enregistre.
Février (21). J'achète un livre
sur Kurt Cobain, pour l'anniversaire de Steffy. Nouvelle répétition où
l'on enregistre de nouveau ma chanson. Plus rien ne compte à part mon
groupe et Hélène.
Février (22). Rendez-vous avec
Laurent, aller démarcher des collectivités locales pour notre projet de
magazine. Je trouve qu'il se sert un peu de moi comme interlocuteur.
Février (24). Je rentre
seulement aujourd'hui. J'ai moins vu Hélène cette semaine. Ma drogue.
C'est les vacances, elle préfère rester avec Maya. Je ne sais que
penser d'Hélène. Il me tarde de la revoir et d'être fixé.
Février (26). J'ai écrit une
nouvelle chanson pour Hélène, mon groupe a mis un air sur un autre
texte de l'époque antique de Silvia. Je ne la sens pas Hélène
aujourd'hui à l'émission. Elle n'est pas dans son assiette. J'insiste
un peu trop à la sortie du bus, mais le retour de flamme est froid. Je
suis abattu.
Février (27). Toujours aussi
déconcertante, Hélène m'a fixé rendez-vous à 10h30 au bar du campus.
Elle s'explique vaguement sur son comportement dans ma chambre, elle me
raconte sa vie amoureuse, comme si on était très proche. Je ne la cerne
plus du tout.
Février (28). Je prépare mon
interview de Mathieu Boogaerts. J'ai eu du mal à écouter son album.
Même si ça vient doucement. Lettre de Steffy. Elle a hâte d'écouter mon
groupe. Le 9 mars c'est son anniversaire à la boite. Elle tient
beaucoup à notre amitié.
Février (29). Je vois Hélène à
10 heures. Rencontre à 15 heures dans un café de Mathieu Boogaerts.
Très sympa, avec d'autres journalistes en herbe que je connais tous.
C'est juste une promo de l'album, il n'y a pas de concert. Je pense à
Hélène. Le reste de mon temps est consacré à mon groupe. Je vis presque
entièrement pour la musique.
Mars (1er). Je tape les
corrections des chansons. Je fais quand même mes heures au labo. Mais
si je pouvais m'en passer... Ca va mal finir tout ça ; pause sur pause,
rendez-vous sur rendez-vous, thé sur café. J'en fais trop, il faudrait
que je réduise mes activités, surtout que j'ai l'impression de tirer à
vide. Lettre de Silvia avant que je prenne le train. Postée à Roanne.
Elle commence toujours sa lettre par "j'espère que tu vas bien". Elle
n'a plus de nouvelle de Sonia. Sa cousine millionnaire au Canada, le
soleil, toujours pareil…
Mars (4). Toujours à courir à
droite ou à gauche. Entre la labo, l'émission du club, les trucs à
récupérer chez untel. J'ai craqué à la radio sur un album, les
Bluetones. Dès la première écoute. Ca ne m'était pas arrivé depuis les
Stone Roses en 1990.
Mars (5). Hélène à 16 heures.
Drogue dure qui me rend triste parfois. Je trompe tout le monde en
étant souriant. Le soir, concert du groupe de mon collègue du labo,
avec un groupe ami en première partie. J'y vais avec Milada, une
étudiante d'Histoire, qui m'y conduit. Je l'ai senti très intime en me
laissant. Elle est basketteuse de formation, Serbe. Elle est sympa.
Mars (6). Je vais à un trivial
poursuit en anglais, organisé par le club. Je rejoins Hélène à 20h30, à
son arrêt de bus. Nous sommes très intimes parfois. Je ne vois pas la
clarté dans cette relation. Pas vraiment comme frère et sœur, ce qui
nous manquent sûrement, nous sommes tous les deux enfants uniques. Je
voudrais que toutes mes soirées soit comme celle-ci.
Mars (7). Je trouve enfin mon
cadeau pour l'anniversaire de Steffy. J'emmène Hélène à la répétition.
Je n'ai pas trop le cœur à chanter, plutôt à rester près d'elle.
Mars (8). Comme tous les
vendredis, dans le train qui me ramène au bled, j'écoute la cassette où
figure les enregistrements de mon groupe, suivi de Northern Uproar.
Mars (9). Je décide de
retourner à la boite, parce que Steffy le vaut bien, pour entretenir
notre amitié.
Mars (12). Je passe des coups
de fils à mes relations dans le secteur du rock, pour l'idée de créer
un magazine. Je mange le soir chez Stef. Elle a vu pendant, son nouveau
séjour à Lyon qui étaient vraiment ses amis. Elle a fait le tri avec
ceux qui étaient superficiels. Nous discutons de l'année prochaine.
Comme son colocataire a trouvé du boulot sur Paris, elle en cherche un
autre. Et c'est comme ça qu'on s'est dit que serait moi. Avec pourquoi
pas Nat, en plus.
Mars (13). Je parle à ma
propriétaire de mon désir de partir bientôt. Je retourne manger chez
Stef le soir. Elle est seule dans son appartement en ce moment.
Mars (17). Je rentre avec ma
voiture, avec Lolo. Je ramène beaucoup de cassettes et disques, pour me
tenir compagnie les soirs, pour amener aussi aux émissions. Le temps
est gris. Je passe chercher Hélène et nous buvons le café dans ma
chambre.
Ma
rs (19). Je mange à midi avec
Alex et Mathias. Je vais péter un plomb à cause de toutes mes
activités. Je n'ai plus de temps à moi, toujours en train de courir.
Super match de foot avec Bordeaux qui élimine le grand Milan.
Mars (20). Jour du printemps.
Les Levellers sont de sorties à Dijon. Je fais l'interview avec Hélène,
et Laurent. Il y a aussi des autres que je connais. Je les connais tous
maintenant. Je vais chercher Hélène le soir, pour le concert, je la
ramène. Je rentre seul.
Mars (25). Au boulot, je
travaille sur les travaux du dernier colloque depuis des semaines. Il y
a des textes en français, mais aussi en italien et en anglais. Nouvelle
émission à la radio. Je commence à sentir la routine, même si c'est une
occasion de plus d'être avec Hélène.
Mars (27). Je travaille sur une
affiche pour notre émission. Maintenant, c'est plus l'émission de moi
et d'Hélène. Je passe voir Stef pour étudier les démarches à faire pour
notre recherche de logement commun.
Mars (28). Je note beaucoup de
noms de groupe pour ma formation. J'ai peut-être, enfin, trouver les
bons éléments que je cherchais depuis tant d'années.
Mars (30). J'ai écris sur du
papier à lettres,
Le carnet à
spirales qui est un peu finalement la même chose que ce journal,
un journal d'impression. Le titre ce cet extrait est
Peur sur la ville
Ma série de rêves continue. Mais cette nuit, je crois que j'ai battu
tous les records. Parce que celui de cette nuit était le plus beau,
celui qui allait le plus loin dans l'absolu. Pas le plus chaud.
Simplement le plus beau. Hélène voulait qu'en me levant ce matin, j'ai
une pensée pour elle, alors qu'elle passait un examen très important.
J'y suis arrivé sans mal, vu qu'elle était déjà mon rêve.
Depuis ce matin, j'ai de la veine. En allant boire un café avec Stéf à
la gare, on tombe sur Ben, le chanteur de Randy. Il me dit qu'Oasis est
en couverture du nouveau
Best.
Je l'achète. Je lis tout sur Oasis, il y a même un article sur les
Thugs. Je partage pas leur musique, mais les idées du leader.
Finalement, je crois que je vais faire son interview, vu qu'il passe
bientôt à Dijon. J'ai envie de monter avec des gens comme lui, une
ligue antifasciste culturel, voir par exemple l'histoire du quota de
40%. Un autre projet est à la relance dans ma tête : le fan club
d'Oasis. Je sais, cela fait un peu pré-pubaire. Mais, ce serait juste
temporaire, et c'est à but lucratif. Parce que dans
Best, je me suis amusé à regarder
les annonces. 5 fans d'Oasis, dont une qui a les paroles du premier
album.
Je viens de m'apercevoir que le titre de ce carnet à spirale,
Peur sur la ville,
peut tourner au cynisme. En effet, j'ai appris ce matin, la mort d'un
jeune qui s'appelait Laville. Mardi, 3 morts à Charolles, 5 dans le
Nord, dont un ami de Stéf. Elle doit être à l'église en ce moment. La
route fait des dégâts. L'alcool fait des dégâts. Shaun Rider is dead.
Il avait de la barbe comme le chanteur des Happy Mondays. Tiens
justement, Bez de Black Grape, arrête de danser. Sébastien de Push,
groupe dijonnais, me l'a dit hier, mais, cela ne m'a pas marqué sur le
coup. C'est en lisant
Les
Inrockuptibles
chez ma bande que j'ai réagit. En plus d'être un des premiers Français
a voir vu Oasis en concert, je suis l'un des derniers a avoir vu Bez
sur scène.
Les dégâts de l'alcool, de la drogue. Y en a un dans ma bande aussi qui
a pété les plombs hier. Le rallye auto de LC ? J'en parle même pas !
Avril (1er). Routine.
L'émission, être avec Hélène, passer chez Stef, Je me renseigne à la
radio pour préparer une émission spéciale Kurt Cobain. J'ai également
une proposition pour faire une interview d'un gros groupe de musique
électronique, Orbital.
Avril (3). Soirée
franco-britannique sympa hier. Traditionnelle journée portes ouvertes à
l'université. Que de souvenirs… Je cherche désespérément N. Mais je ne
vois personne que je connais vraiment du lycée. S'il y en a encore
là-bas de mon époque, ça veut dire que ça se passe très mal pour eux.
Répétition très expérimentale chez Pierre : quatre autour du double
clavier du synthé, pendant une heure à triturer les touches. Nous
faisons sauter les plombs. Quel dommage de ne pas s'être enregistré !
Journée très productive puisqu'on s'est décidé à prendre "Flair" comme
nom.
Avril (6). Soirée à Roanne chez
Steffy.
Avril (8). Journée de deuil
personnel, comme tous les 8 avril. Pas d'émission, lundi de Pâques
oblige.
Avril (10). Je reçois une
lettre d'une groupie d'Oasis. Elle m'a envoyé les paroles du premier
album, en échange de tous les articles que je lui ai donnés. Elle
habite en Bretagne.
Avril (11). Deux ans que
Supersonic
est sorti. La répétition d'aujourd'hui ne restera pas dans les annales.
Je trouve que l'on stagne. Comme je suis très perfectionniste, je
n'apprécie que modérément.
Avril (13). Bal du foot, chaud.
Avril (14). Je reçois une
cassette de Steffie, une des groupies d'Oasis de Paris. C'est
l'interview de Noël sur une station de la F.M. avec deux morceaux
acoustiques. Je me place au-dessus. Je connais Oasis depuis presque
deux ans, ce qui n'est pas apparemment le cas des animateurs. Mais
c'est vrai qu'Oasis commence à devenir gros. Elle me laisse un mot où
elle me dit qu'elle attaque
Supersonic
à la guitare.
Avril (15). Répétition à 14h30,
émission à 16h.
Avril (16). Rendez-vous avec
Hélène dans un grand café.
Avril (17). Tellement fatigué
par mes stressantes journées, je m'endors devant la deuxième 1/2 finale
de la coupe des champions.
Avril (19). Nous avons répété
presque tous les jours cette semaine. Mais ça stagne toujours.
Sera-t-on prêt pour la fête de la musique ?
Avril (20). Je contact une
groupie d'Oasis qui vit à Paris. Je reste une heure au téléphone. Elle
a la même voix que la sœur qu mec qui m'en veut.
Avril (22). Je tape le
curriculum vitae d'Oliver. Superbe film à la télévision,
Edwards aux mains d'argent.
Avril (23). Je fais souvent
comme horaire, 8h-14h. J'ai presque tous mes après-midi. Même si Hélène
vient me voir à 11h30, et Lolo à 12h. Je consacre maintenant une partie
de mes après-midi à regarder les annonces immobilières. En rentrant
dans ma chambre, je lis la lettre de Steffy que j'ai reçue. Elle me dit
qu'elle ira sous peu au bal avec Pierrette, et nous bien sûr. Elle n'a
pas trouvé le dernier
Buzz,
magazine édité par une maison de disques, où je suis en photo, prise
lorsque j'étais au premier rang du point rencontre avec Cast. Puis,
passé les traditionnels bilans et projections de soirées, elle me parle
justement d'Angleterre, d'un voyage organisé par le comité de jumelage
de la ville de Roanne pour les 40 ans du jumelage. Elle va se
renseigner.
Avril (24). Répétition à 14
heures, Hélène à 16 heures. Je préfère de loin la seconde occupation.
Avril (26). Je prends
maintenant le train de 16h30.
Avril (27). Notre association
culturelle au bled, sommeille depuis quelques semaines. Si rien n'est
fait d'ici bientôt, tout sera fini. Nous sommes victimes de coups bas,
de tentatives de récupérations par des membres de l'autre bord.
Avril (28). Second extrait du
carnet à spirales.
La mort des campagnes
Ca y est ! C'est presque officiel, le "squat is dead". Moi, je vais
remonter à Dijon, je pense. Beaucoup de mes amis ont pris un coup de
vieux. Faut dire aussi que je suis le plus jeune. Comme toujours.
Bon alors, il va avoir une mutation en moi, la relation LC - Dijon va
tendre à s'inverser. Plus rien ne me retient à LC, parce que tous les
week-ends, j'ai l'impression de rediffusion, dans la rue, dans les
bals, les cafés... Les beaux jours arrivants, quelques expéditions en
dehors de notre territoire s'imposent. Settons, Genève…
Pour l'été, j'ai déjà prévu 2 semaines en Angleterre, un week-end à
Belfort, et un week-end à Dax. Ça va bouger. Il est tant.
Avril (29). Je commence à
réfléchir à ce que je ferai l'an prochain. Fac d'Histoire. Influencé
par tout ce que je vois au boulot. J'ai déposé une demande pour être
pion dans des lycées. Car sans ça, ce n'est pas la peine de m'inscrire,
si je n'ai pas de rentrées d'argent.
Mai (1er). Je vais visiter une
expo avec Hélène. Puis, nous allons dîner le soir chez Florent, avec
Maya. Je trouve un autre nom pour le groupe : Neway. Nous mangeons en
vitesse car nous avons rendez-vous ave mon groupe et des amis pour
suivre la finale aller de la finale de la coupe de l'UEFA, entre
Bordeaux et le Bayern de Munich. Défaite à la française, 2-0.
Mai (2). Je commence à visiter
des appartements. Mais Stef n'est toujours pas là pour m'accompagner.
Mai (5). Je note qu'il faut que
je ramène l'album de Miossec pour Hélène. Que cet album me fait penser
à nous ! Avec mes potes, on fait un tour dans une ville fantôme. Je me
suis octroyé une semaine de repos, forcé par une petite grippe. Ca fait
du bien d'être à la campagne, au vert.
Mai (6). J'écris à Hélène.
C'est un principe chez elle, elle ne me répond jamais.
Mai (7). Même si je ne suis pas
à 100%, je vais à Lyon, pour une fête organisée par la copine de
Lucien. Son appartement est sympa, vieux mais sympa.
Mai (8). Pierrette vient me
faire une coupe de cheveux, courte. C'est bien d'avoir une copine
coiffeuse, cela permet de se faire couper les cheveux à domicile les
dimanches et jours fériés. Finale de la Coupe des Coupes, entre le
Paris Saint-Germain et le Rapid de Vienne. Victoire 1-0.
Mai (10). Toujours autant de
choses à faire. Des coups de fils pour les articles, l'émission, le
logement. J'ai mon dossier de pion à finir de remplir. Je fais un
jogging à 7h30, je déjeune, et à 9h, je commence une nouvelle journée
de labeur, dans ma chambre.
Mai (11). Les finales
s'enchaînent, aujourd'hui, c'est la finale de la coupe d'Angleterre.
Manchester United bat Liverpool sur un but superbe de Cantona.
Mai (13). L'émission poursuit
sa route telle un long fleuve tranquille. J'ai écris de nouvelles
chansons sur Hélène et moi. Ca en fait 6. Un petit album en quelque
sorte.
Mai (14). Je tape mes nouvelles
chansons. Je vois Hélène de 12 à 13.
Mai (15). En allant acheter des
disques des Stone Roses, je tombe sur Hélène. Elle m'accompagne, puis
nous allons écouter mes nouveaux disques dans le bar pop de Dijon.
Autour d'un thé. Finale retour pour Bordeaux, pas de miracle.
Mai (20). Dans mon émission,
j'évoque les différentes affaires Cantona, notamment la dernière, sa
certaine non-sélection pour le championnat d'Europe. Je reçois un coup
de fil du patron d'une salle de spectacle qui me félicite de la qualité
de mon émission. Je suis surpris, d'autant plus qu'il me demande si je
vais cet été au festival de Saint-Malo. C'est lui qui l'a un peu créé.
J'irai bien à condition d'être accrédité. C'est la deuxième fois en peu
de temps qu'on me téléphone pendant que je fais une émission pour me
dire que c'est bien. De plus, un animateur d'une émission de rap m'a
dit que j'avais une voix bien pour faire de la radio. Ca me conforte
dans l'idée que c'est peut-être une vocation.
Mai (21). Je vais à 20h30 chez
Hélène. Elle me parle d'un éventuel voyage éducatif qu'elle ferait en
juillet en Angleterre, pour se perfectionner, bien que je la trouve
déjà parfaite.
Mai (22). Florent me présente
aux filles qui font l'émission de cinéma à la radio.
Mai (23). J'en ai presque fini
de mes séances chez le dentiste. Je rentre dés aujourd'hui à LC, un
long week-end s'annonce pour la Pentecôte.
Mai (25). J'aide Gros à
déménager. On mange à midi dans un boui-boui, lorsque se produit un
léger accident de voiture devant ce même boui-boui. À peine rentré, il
faut vite se laver car une grosse fête est prévue dans une maison de
campagne. J'ai juste le temps de lire une lettre l'une des groupies
d'Oasis. Elle habite dans le 77 et s'appelle Steffie. Elle me dit
qu'elle a des cassettes, etc. Et en plus elles sont plusieurs à
s'appeler Steffie !
Mai (26). Fête chez le Gros,
dans son nouveau chez lui.
Mai (29). Visite d'un nouvel
appartement. Avec Stef. Il faudrait qu'on se bouge les fesses, je rends
ma chambre le 1er juillet. Sinon, rien de spécial pour un 29 mai.
Florent m'a appris, ainsi qu'à Hélène, le fonctionnement de la
technique, en deux heures. Il va bientôt nous quitter, le 1er juin.
Nous sommes allés boire un coup, tous les quatre, avec Maya, dans un
pub, pour fêter le départ de Florent.
Juin (1er). Match amical de
football, Allemagne - France. Victoire des Bleus sur une tête de
Laurent Blanc. Un temps idéal pour moi, grisâtre, orageux, lourd. Une
atmosphère spéciale…
Juin (4). Je travaille sur le
projet de l'an prochain pour la radio. Comme j'ai pas mal d'heures de
travail à rattraper, je travaille de 8 à 19 heures. Je finis notamment
un long travail sur les élections de 1958. J'écris une nouvelle
chanson. Étonnamment, sur N.
Juin (5). J'achète un livre sur
la culture du football et un cadeau pour Nat, et prends Hélène à son
cours de guitare.
Juin (7). Fête de Nat chez
Stef. Je me sens mal, il y a des lesbiennes et un homo qui me regarde
comme si j'étais une bête étrange, à cause de mon hétérosexualité. Je
prétexte un rendez-vous avec Hélène pour me sauver. Comment parler de
l'homophobie en occultant l'hétérophobie ?
Juin (8). L'Euro ouvre
aujourd'hui, et j'ai déjà fini le bouquin sur le foot que j'ai acheté,
il y a trois jours.
Juin (12). Je visite quatre
appartements. Je ne sais pas prendre la décision tout seul, vu que je
devrais le partager avec Stef, et peut-être Nat.
Juin (17). À force de voir du
foot à la télé, mon émission porte sur le sujet.
Juin (18). J'envoie mon
inscription pour la fac d'Histoire. Je téléphone à Nat, pour savoir si
elle garde son actuel appartement ou si elle vient avec nous. Il me
reste plus qu'une dizaine de jour avant de me retrouver à la rue.
Juin (19). Je m'invite à boire
le café chez Nat. Je commence le rangement dans ma chambre, je fais des
cartons.
Juin (20). Je téléphone à
Steffy pour savoir où ça en est du voyage en Angleterre, rendez-vous
avec Hélène à 15h30, place Darcy. Le soir, on boit le champagne chez
Stef, pour fêter la fin de leur année.
Juin (21). Changement de
stratégie pour la recherche d'appartement, on va dans une agence. C'est
la fête de la musique et je vais chercher Hélène chez elle à 21 heures.
Il pleut depuis des heures et pas mal de groupes que devaient jouer ont
renoncer. J'avais rendez-vous avec Oliver devant un magasin, il n'est
pas venu, il aurait pu me prévenir ! J'ai attendu avec Hélène pendant
près d'une heure. Par contre Nat était fidèle au rendez-vous.
Juin (22). Je repars sous un
ciel gris. Hélène m'a confirmé qu'elle va partir en Angleterre cet été,
à Oxford, pour un mois. Comme l'an dernier avec Silvia, je vais devoir
me passer d'une personne chère. Je cherche toujours qui pourrait me
filer des accréditations pour le festival de Saint-Malo.
Juin (24). Dernière émission
avec Hélène, avant son départ.
Juin (27). Nouvelle visite
d'appartement. Il a l'air bien, je le visite avec Stef. Je me suis posé
la question de savoir si je voulais emménager avec Stef ou si je me
cherchais un petit F1 pour moi. Parce que j'en ai marre de visiter pour
rien, sans que Stef soit là. Je ne peux prendre de décision seul. Et
c'est gonflant, je perds du temps. Je me demande ce que je vais devenir
après mon service. Je vais être sur le marché de l'emploi, mais je ne
fais pas de projets.
Juin (29). Ca fait trois mois
que je ne suis pas allée à la boite. Il y a quelque chose de cassé.
Aussi, notre association est sur le point de mourir. Comme je n'ai pas
trouvé de logement, ma propriétaire me prolonge le bail d'un mois,
jusqu'au 1er août. Si je ne trouve rien à cette date, j'irai chez Lolo,
vu que son appartement sera inoccupé. En plus, il habite juste à
l'angle des facs. Je pourrai me lever à 7h30 pour commencer à 8h.
Juin (30). Je téléphone une
dernière fois à Hélène, avant qu'elle parte. Je sais qu'elle n'aime pas
cette chanson qui porte son prénom, mais elle est tellement de
circonstance. Et puis elle est belle.
Juillet (1er). Grâce à mes
activités à la radio, j'emprunte plein de disques, je commence à faire
des compilations annuelles des morceaux qui m'ont marqué chez ma bande.
Pour ce qui est du projet de magazine avec Laurent, je laisse tomber
devant tant de manque de sérieux. Ainsi, je dégage un peu de temps
libre. J'ai oublié depuis longtemps que le F.C.G. est redescendu en D2
pour un point.
Juillet (3). Deux appartements
visités. Je finis l'affiche de l'émission, je l'imprime, j'en pose dans
les couloirs vides de la fac. Les cours internationaux d'été vont
commencer. Plein d'Asiatiques, d'Américains…
Juillet (5). J'ai travaillé
tous les matins de cette semaine, sauf lundi. C'est la grille d'été. Il
n'y a pas beaucoup de travail, si ce n'est un carnet d'adresses à
faire. Je prendrais quelques jours du 6 au 22 juillet. J'ai rencontré
une étudiante américaine, Jessica, qui vit depuis des années à Dijon.
Elle m'aide un peu pour mes textes. Elle me parle aussi de ses
problèmes féminins.
Juillet (6). Révolté par le ton
de la rubrique rock du supplément du samedi de mon quotidien, je prends
ma plume pour défendre la chanson française et le rock anglais qui y
sont ouvertement attaqués. Sortie dans la nature et bal.
Juillet (8). Je rentre sur
Dijon pour mon émission et trouver un appartement. Je tiens toujours
correspondance avec Sophie, la groupie parisienne d'Oasis.
Juillet (9). Je retourne à
l'agence, pour avoir de nouvelles adresses. Franchement, j'hésite
toujours à prendre un appartement seul ou à deux. J'en visite un pour
moi. Je ne sais plus quoi penser, mais il faut que je me décide
rapidement. J'ai un nouvel horaire pour mon émission, le mardi de 18 à
20 heures.
Juillet (10). Je visite trois
appartements avec Nat, pour qu'elle donne l'avis que donnerait Stef,
qui bosse cet été dans un magasin de meubles.
Juillet (12). Je m'affole pour
le festival de Saint-Malo. Je ne peux y aller avec la radio qui a déjà
son quota d'accrédités. Je ne sais plus vraiment si je vais en fac l'an
à la rentrée car je suis refusé pur être pris comme pion. Je cherche
plutôt une formation.
Surprise, j'ai une lettre de Silvia en rentrant chez moi. Elle commence
toujours par un "j'espère que tu vas bien". Elle attend les résultats
du bac. Elle espère me voir avant de partir le 19. Si elle a son bac,
elle passe des examens à Coimbra le 23, et elle reviendra après le 19
août et tout le mois de septembre.
Juillet (13). Grosse bringue
comme toutes les veilles de 14 juillet, sous le chêne. Vodka à l'herbe
de bison. Pierrette est là.
Juillet (14). Je téléphone à
Silvia pour lui souhaiter son anniversaire. Je n'aurais pas le temps de
la voir avant qu'elle parte au Portugal.
Juillet (16). J'ai enregistré
une bande la semaine dernière avec Stéphane, le nouveau technicien de
la radio. Comme ça, je n'ai pas à rentrer sur Dijon pour faire
l'émission.
Juillet (18). Lettre de la
pigiste rock du supplément de mon quotidien. Elle a apprécié ma lettre
au vitriol. Je l'ai branché sur le festival à la campagne où nous
étions allés avec mes potes en combi. Il a lieu encore cette année, et
je m'occupe de la promo sur Dijon. Sinon, j'écris à Hélène.
Juillet (19). Je téléphone à la
pigiste rock. Je lui propose de venir avec moi à Saint-Malo, si elle
peut avoir des accréditations. Ca a l'air de l'intéresser.
Juillet (20). C'est le début
des Jeux Olympiques. Moi, je fais bal et boite le même soir. J'y
reprends goût à la boite !
Juillet (24). C'est ma reprise
au labo, mais comme ma directrice est en vacances, c'est cool. Je bosse
de 9 à 15. Après, je visite encore et encore des logements. Finalement,
je vais en prendre un avec Stef. Et je téléphone chez Hélène pour
savoir si elle est rentrée. Rien. Je crois que l'expérience du fanzine
est terminée. Comme le journal du club n'a jamais vu le jour faute de
participants, je me retrouve sans articles à écrire.
Juillet (25). Trois nouveaux
appartements. Je crois que j'ai enfin trouvé le bon. Je dois appeler
Stef pour qu'elle vienne le plus vite possible pour donner son accord.
Juillet (26). Je téléphone à
Hélène, pour savoir si elle veut faire l'émission le 6 août. Entendre
sa voix après une si longue absence, quel bonheur !
Juillet (30). Je visite
l'appartement intéressant avec Stef on a flashé sur la salle d'eau.
Juillet (31). Je confirme à ma
future propriétaire que nous prenons son logement. Je quitte ma chambre
à 18 heures, en faisant l'état des lieux. Je vais donc loger
temporairement chez Lolo. Nous devons, avec Stef, signer le bail de
l'appartement le 8 août.
Août (3). Je vais voir les
types qui organise le festival à la campagne, pour voir qu'est-ce que
je peux faire pour eux au niveau de la communication.
Août (6). Je vois Hélène à
l'émission. Pour ce qui est de Saint-Malo, la pigiste rock m'envoie
deux accréditions. Je propose encore à Hélène de venir avec moi, mais
son père lui dit niet. J'y vais avec des potes quand même.
Août (7). Finalement l'état des
lieux à lieu aujourd'hui. Mais vu le temps de le mettre l'appartement
en place, je vais rester chez Lolo encore deux semaines. Je commence à
penser à Saint-Malo.
Août (9). Carte postale de
Silvia du Portugal. Très courte, elle espère rentrer à l'Académie de
Coimbra.
Août (12). Oliver m'appelle le
soir pour me dire qu'un ancien illustrateur du journal s'est suicidé
dans le métro parisien. Quel choc, avant de partir en Bretagne !
Août (13). C'est mon dernier
jour avant de faire un grand pont du 15 août. Juste une dernière petite
émission avec Hélène. J'ai aussi plein de papiers à remplir pour le
nouvel appartement. Je vais y faire un saut, histoire d'amener quelques
cartons. De toute façon, je n'ai rien à déballer chez Lolo, autant y
amener là-bas.
Août (14). Le temps est gris et
lourd depuis 3-4 jours. Mais j'aime bien ce climat propice à plein
d'événement. À peine arrivé au bled, j'apprends qu'il y a un mort par
suicide. Décidément, il se passe quelque chose. C'est le jour où l'on
part à Saint-Malo, Avec Oliver et une vieille connaissance, Armand. A
20 heures. On couche dans un camping vers Tours à 3 heures du matin.
Tranquille. J'aurai tant voulu qu'Hélène soit avec moi. Mais elle
viendra sûrement au festival à la campagne.
Août (15). Nous arrivons à
Saint-Brieuc en début d'après-midi, où nous retrouvons autre partie de
l'expédition, Gros et Hub. Nous longeons la côte à la recherche d'un
camping. Que nous trouvons ! Puis, comme nous sommes le 15 août, nous
cherchons maintenant une fête. Que nous trouvons également, pas très
loin du camping. Les noms des lieux se ressemblent, ce qui aura son
importance par la suite. Le bal en plein air était génial, nous
pouvions nous défouler, faire n'importe quoi, nous ne connaissions
personne. Je racontais des délires, me faisant passer pour un Anglais.
Pour rentrer c'était une autre histoire. Nous avions perdu Gros et Hub.
J'aurais du partir au camping à pied dés le départ. Armand s'était garé
près d'un château et voulait dormir dans la voiture. Oliver dormait
déjà. Moi, apte, je décidais de partir dans le noir et dans l'inconnu.
Je devais me repérer uniquement au panneau routier. Je n'étais jamais
venu ici. Je me rappelais à peine du nom du camping. Tous les noms
semblaient être les mêmes : cap Fréhel, Fréhel, Pléhérel-Plage,
Pléhérel-Bourg. Une atmosphère d'aventure comme quand j'étais rentré
avec Oliver d'une fête à la campagne en stop et dans l'obscurité. Mais
il y avait la féerie de la brume nocturne de bord de mer, le chant des
mouettes. Sur mon chemin, je ne rencontrais que deux types, beaucoup
plus bourrés que moi. Ils étaient en vélo et ils avaient versé dans le
fossé. L'un était cool et m'a renseigné sur la direction à prendre.
L'autre avait un peu l'alcool mauvais. Je fus soulagé en reconnaissant
les abords du camping, surpris par le son d'un gros chien aboyant. Le
camping était l'un des plus grands d'Europe. Heureusement qu'on avait
planté les tantes sur une petite butte. J'ai trouvé ma tante tout de
suite.
Août (16). Gueule de bois.
Obligé. Les deux loulous sont rentrés au petit matin au camping.
Aujourd'hui, visite du Mont-Saint-Michel. Sensationnel. Même impression
irréelle qu'à Venise.
Les coutumes locales ne diffèrent pas des nôtres en ce qui concerne
l'ouverture nocturne des bistrots.
Août (17). Direction
Saint-Malo. On se sépare l'après-midi. Je visite seul les remparts. Ce
n'est pas plus mal. Un peu de temps pour se reposer avant de bosser le
soir à des interviews.
Au festival, Oliver et moi rentrons par la porte V.I.P. Interviews
donc, des Bluetones. Qui aurait dit au début de l'année quand j'ai
flashé sur leur album, que j'allais les rencontrer cet été ? Interview
aussi et des sympathiques 60TFDolls. Trois Gallois bien déjantés. Du
coup, j'ai loupé le concert de la Divine Comédie. Mais bon, je ne vais
pas faire le difficile. J'ai aperçu ceux qui font l'émission de
masturbation intellectuelle sur France -Inter. J'ai aussi rencontré une
charmante assistante de presse à qui j'ai laissé mes coordonnées pour
qu'elle m'envoie des disques.
Août (18). On met presque dix
heures pour rentrer au bercail. Faut dire qu'on a bien pris notre temps.
Août (20). Je rentre à Dijon.
Je vois et remercie Lolo pour le prêt de son appartement. Puis,
émission à la radio. Contrairement à ceux de la radio, qui avaient des
accréditations, moi, j'ai travaillé là-bas. Je n'aime pas ce petit
favoritisme de bas étage. Je rencontre deux étudiants que j'invite à
mon émission : un Japonais et un Basque espagnol.
Août (21). J'ai reçu au labo,
une belle carte postale de ma petite Américaine. Sa région, le Vermont,
a l'air bien, verdoyante. Plus guère de temps à travailler à la fac.
Dans quelques jours, tout sera fini. Je pense déjà à toute cette
période, qui restera à jamais comme enrichissante.
Je range un peu mon nouvel appartement. Je suis seul dedans, étant
donné que Stef bosse jusqu'en septembre dans son magasin de meuble.
Août (22). Je vois les membres
de mon groupe pour leur raconter Saint-Malo. Je prends quelques
contacts pour du boulot. Dans le domaine de la radio ou des spectacles.
Août (24). J'achète des meubles
et je vais à Dijon avec Olive pour finir d'emménager toutes mes
affaires. On passe voir Stéf à son magasin.
Août (26). Je récupère chez
Lolo des affaires oubliées : dossier du Festival à la Campagne, dont je
dois faire la promotion sur Dijon, et des pantoufles. Je fais la liste
des boites d'intérim.
Août (29). Je téléphone à la
belle Hélène. Elle est d'accord pour venir au Festival à la Campagne.
Elle dormira à mes côtés, "by my sides" comme elle dirait si bien.
Août (30). Ayez ! C'est fini,
c'est la quille. 17 mois au service de la fac. Mais la seconde partie,
depuis janvier de cette année, a été beaucoup plus mouvementée. Et
maintenant, que vais-je faire ?
Août (31). Une lettre de
Sophie, en vacances aux Sables d'Olonne. Il y fait beau. Elle me
téléphonera en rentrant.
Septembre (1er). Je téléphone à
Stef pour savoir où en sont les papiers pour le téléphone et les
allocations logement.
Septembre (2). Je finis
totalement mon déménagement. Maintenant, je viens à Dijon en voiture,
vu que c'est beaucoup plus rentable qu'en train. Je vais essayer de
m'organiser pour ramener du monde afin de réduire encore plus les
frais. Je vois pour la dernière fois ma secrétaire de fac, pour les
derniers remboursements de train et de dentiste. Je n'ai rien de
spécial à faire. Pour l'émission de radio, c'est l'attente de la grille
de rentrée. Aujourd'hui c'est une bande qui passe. Je fais
l'aller-retour dans la journée avec Oliver.
Septembre (3). Je fais un tour
au marché, je téléphone à Hélène, Stef et Sophie. Hélène vient en train
vendredi pour le festival. Je fais du vélo vers Drée. Pour ce qui est
du boulot, je me fais un planning. Je contacte aussi ceux qui font le
Festival à la Campagne.
Septembre (5). Je téléphone à
une radio publique où j'ai laissé des cassettes originales de mes
émissions. J'aimerai qu'il me donne son avis, savoir si je peux évoluer
dans ce milieu fermé. Je fais du vélo sur la route, hier je suis monté
à Dun. Demain c'est le festival et je vais chercher Hélène à la gare de
Mâcon à 17h20.
Septembre (6). Je vais donc
chercher Hélène, le cœur léger. Nous écoutons les Beatles dans la
voiture. Il fait beau. Nous arrivons chez moi. Je lui fais visiter
notre local et siège de l'association. J'aimerai lui montrer tout mon
environnement. Nous mangeons rapidement et nous filons au festival.
Nous sommes sur la guest list, pour la radio du campus. Nous assistons
au premier concert. Plus tard nos faisons l'interview de Mathieu
Boogaerts. Il me reconnaît. Je suis heureux près de d'elle. Nous
rentrons tard. Nous regardons une vidéo et nous fumons une dernière
cigarette sur ma terrasse. C'est un de mes plus beaux jours.
Septembre (7). Hélène se
réveille plus tard que moi. Nous déjeunons, nous faisons un petit tour
de ville. L'après-midi, je l'emmène à Dun. Nous allons nous promener
dans le parc du château de Drée. Puis nous partons manger sur le site.
Interview de Louis Philippe, qui avait participé au disque sur Cantona.
Nous n'avons parlé que de football. Dire qu'Hélène n'aime pas ça. J'ai
eu un comportement d'égoïste qu'elle m'a fait payer par la suite en
traînant la fin de la soirée avec des Lyonnais. J'ai fini jaloux,
presque fâché qu'on soit avec mon abeille. Je fume seul ma clope sur ma
terrasse. Une des plus tristes soirées de ma vie… Ouais, c'est ça, le
miel et les abeilles, mais le miel c'est elle.
Septembre (8). Je n'ai presque
pas parlé à Hélène durant le voyage menant à la gare de Mâcon. Je lui
fais la gueule. Et pourquoi je ne lui avais pas proposé de la ramener à
Dijon avant qu'elle prenne ses billets de train ? J'aurais pu rentrer
plus tôt sur Dijon. Ca en valait la peine. Au lieu de ça, nous nous
quittons en froid, du moins de mon côté, parce que, elle, elle a l'air
penaude. Je l'aime trop et je suis trop possessif. Je prends un bain en
rentrant chez moi. Dans la baignoire où elle s'était lavée ce matin.
Puis, je m'étends sur mon lit. Son odeur est restée sur mon oreiller.
C'est de l'auto-flagellation. Il fait un temps superbe. Je n'ai goût à
rien.
Septembre (9). Je vais
m'inscrire dans des boites d'intérim de la région, ainsi qu'à l'agence
pour l'emploi.
Septembre (10). Je retourne à
Dijon pour peut-être l'une des dernières émissions de radio avant la
grille de rentrée. Je n'ai pas encore vu celles qui s'occupent du club.
Heureusement que j'ai pris soin de constituer un dossier pour conserver
cette émission. Hélène est là sans être vraiment là. Après, je lui fais
visiter mon nouvel appartement.
Septembre (11). Je vais à
l'agence pour l'emploi, au centre des formations, à la Radio France
Bourgogne où j'ai laissé des cassettes originales de mes émissions, à
la CAF. Et au labo pour régler les derniers détails de mon départ.
Septembre (13). Toujours pas de
nouvelles du mec de la radio à qui j'ai laissé des cassettes d'une
grande valeur, car originales, sans copies, et avec la voix d'Hélène.
Je suis rentré hier au bled. Petite semaine à Dijon, juste ce qu'il
fallait pour remplir des formalités administratives. Je reste ici
jusqu'au 24. Je ferais des économies. J'écris une lettre endiablée à
Hélène. Je suis près de péter les plombs. Je vois Lucien, je vais au
local.
Septembre (14). Je vais voir
des amis répéter. Ca me changent les idées. Nous allons au bal le soir.
Bien chauds. C'est un bal où je revois toujours d'ancien du lycée.
C'est cool.
Septembre (17). Je fais un peu
de sport, du jogging. Je range ma chambre, fais du tri, du courrier
pour du boulot.
Septembre (22). La copine de
Lucien organise à nouveau une réception à Lyon. Mais cette fois, ça
fini mal pour moi. Un vrai cauchemar. Nous sommes sortis en boite, tous
plus fait les uns que les autres. Je me suis retrouvé seul à la sortie
de la boite. Proie facile pour des voyous de banlieue. Heureusement
j'ai assuré et ils m'ont rendu la montre qu'il voulait me voler. J'ai
failli me faire exploser la tête, mais je n'étais pas conscient pour
apprécier cela à chaud. J'étais seul, mes "potes" avaient disparut sans
se soucier de moi. Ensuite je vais chez la chérie à Lucien mais pas
d'interphone. Je pense alors les trouver dans une boite à l'autre bout
de la ville. Manque de chance personne. Dire que je m'étais donné du
mal pour retrouver cette boite, vu mon état, vu la pluie qui tombait.
J'avais demander ma route dans un commissariat... J'ai quand même pu me
loger chez des potes de Lucien qui ont un numéro d'interphone simple à
se rappeler. Je me couche à 7 heures dans un miteux fauteuil, je me
lève deux heures plus tard, encore pas redescendu. Je retourne chez la
copine à Lulu, croisant les bourgeois de Lyon qui se promènent le
dimanche matin dans la rue de la République ou sur les quais de Saône.
J'étais hargneux.
Oliver croit bon en rentrant à LC, de faire un détour par la campagne.
Il s'engueule avec son frère et manque de nous tuer en voiture. J'ai un
coup de fil à 10 heures du soir pour un poste de pigiste pour un
magazine étudiant. Rendez-vous pris pour le 24 à 14 heures chez un
grand disquaire. Un coup de téléphone un dimanche soir pour du boulot…
Septembre (24). Après ce
méchant week-end, j'ai apprécié de revoir ma campagne. Même Dijon c'est
bien tranquille. Rien de neuf à la radio pour mon émission. Mon
entretien pour le poste de pigiste c'est très bien passé puisque je
commence dès aujourd'hui. Je cherche des idées d'articles. J'en ferais
un sur Jessica, la belle Américaine. Je lui téléphone, elle passe chez
moi jeudi 26 à 16 heures.
Septembre (25). Une des filles
de l'émission de cinéma de la radio m'invite à une avant-première
demain matin, à 10h30. Un film d'Aki Kaurismäki,
Au loin s'en vont les nuages.
Je reçois une lettre de Steffy. Comptes-rendus habituels de soirées
passées et à venir.
Septembre (26). A la séance de
cinoche, je retrouve le gros de la radio publique. Il ne même pas
reconnu. Mes cassettes ? J'ai bien aimé le film, me demandant si
c'était Jean-Pierre Léaud ou son sosie qui jouait dedans. Car
Jean-Pierre Léaud est un des acteurs préférés d'Aki Kaurismäki. A 16
heures, Jessica vient pour son article.
Septembre (27). À peine rentré,
je dois appeler une agence d'intérim qui m'a trouvé un job pour
quelques jours. J'ai rendez-vous demain matin avec le boss. J'ai une
carte postale de Silvia, du Portugal. Un beau couché de soleil. Ici
l'automne approche à très grands pas. Elle n'est pas rentrée à
l'Académie de Coimbra, elle m'expliquera ça dans une prochaine
correspondance. Steffy et Pierrette sont là ce week-end.
Septembre (28). Le patron de la
boite me dresse le tableau idyllique de son entreprise, etc. Chez ma
bande, l'ambiance a changé. Lucien est moins là à cause de sa copine.
Heureusement il y a mes amies de roannaises.
Septembre (30). Je commence mon
boulot. Crevant. Vidé en rentrant le soir, envie de se coucher tout de
suite. Est-ce une vie ? Et puis, je n'ai pas eu de nouvelle d'Hélène
récemment. Fâchée ?
Octobre (1er). Journée copie
carbone à celle d'hier. Routine mortelle, à se demander pourquoi on vit
?
Octobre (5). Pour une fois, je
rentre le week-end à Dijon. J'ai un colis du label de Louis Philippe.
Un disque du même genre que celui sur Cantona, cette fois il est
consacré au club de Manchester United. J'ai écrit à Hélène mais elle ne
répond pas. Je n'ose pas l'appeler. Ses parents sont séparés
maintenant, elle a déménagé.
Octobre (7). Retour au bled. Je
réussis à être autorisé à faire l'interview de Dominique A, vendredi.
Concert après. Si Hélène pouvait venir. Je lui envoie une carte, pour
son anniversaire, le 10. Je n'ose pas téléphoner.
Octobre (8). J'envoie une carte
pour l'anniversaire de Pierre, le 11.
Octobre (9). Deux mercredis de
suite que je ne peux me rendre à l'émission de cinéma à la radio. Je
reste bloqué au bled. De toute façon, je n'ai pas grand chose à
raconter là-bas, j'y vais surtout pour rigoler avec les animatrices. Je
retrouve sur un vieux cahier de classe de cours primaire, des phrases
incroyables pour mon âge.
Le tanio est brisé en deux,
La marée noire va en Bretagne.
Des bateaux et des secouristes
arrivent.
C'est la 6ème marée noire.
Les Bretons dégagent le pétrole.
Écrire ça à six ans ! Je crois que c'était un signe de mes capacités.
Tous les mots ont un sens.
Octobre (11). Journée à marquer
d'une pierre noire. La plus noire de toutes les pierres de l'univers.
Je rentre sur Dijon. J'aurais du partir un peu plus tôt. J'ai acheté un
dictaphone pour l'interview. Et quand je vais pour me garer vers mon
appartement, j'aperçois Hélène et Stef discuter devant le porche.
Hélène a du passer pour me rendre des cassettes que je lui ai prêtées.
Le temps que je me gare, elle s'était sauvée. Et Stef me dit la pire
phrase que je pouvais entendre. Elle me transmettait le dernier message
d'Hélène. Qu'il ne fallait pas que je compte la revoir ! Un seul mot :
pourquoi ? À cause de mes lettres où je mettais un peu ce que je
pensais de la situation au festival, etc. Je l'ai trop secouée ?
Comment faire l'interview de Dominique A après ça ? Pourtant je dois la
faire. Je prends mon courage, j'essaye de sourire. Heureusement que
Stef est avec moi, sauf qu'elle repart ce soir. En me rendant au lieu
de l'interview, dans la chambre de son hôtel, je tombe sur le rédacteur
en chef du feu fanzine. J'essaye encore de ne pas paraître comme je
suis dans ma tête : détruit, sombre. Pareil avec Dominique A. Je suis
totalement indiffèrent à sa relative célébrité, c'est la 3ème ou 4ème
fois que je le rencontre, il me reconnaît d'ailleurs. Je vais m'acheter
une bouteille de gin pour la fin de soirée. Le concert ? J'y étais sans
y être. Je pensais sans arrêt à cette scène de l'après-midi, ma
dernière vision d'Hélène. Un truc stupide qui n'aurait jamais du
arriver, comme la mort du Christ et celle de John Lennon. Voilà. Il y a
la mort du Christ, la mort de John Lennon, le clash avec d'Hélène. A la
sortie du théâtre où avait lieu le concert, je tombe sur mon groupe, et
des filles. Mais ce soir, je n'ai envie de voir personne. Je vais me
rentrer dans ma piaule. Ce que je fais. Je téléphone à Lyon, à la
copine de Lucien. Je me noie…
Octobre (12). Forcément, le
réveil est douloureux. Surtout au ventre, à cause du cœur. Mal à la
tête, aussi. Je tombe sur Dominique A et sa copine chez un disquaire.
Marrant. Parlé du concert d'hier, etc. Il fait un temps gris depuis que
je suis de retour à Dijon. Je marche dans les rues, à la recherche
impossible d'Hélène… Je suis au bord du gouffre. Je ne comprends
toujours pas. Que me restera-t-il d'elle, si je ne la revois plus
jamais : une chanson dont j'ai écrit les paroles,
May 29th,
où elle chante. Deux photos dont une de trois-quarts arrière, deux
cassettes d'émission, des tas de souvenirs, des disques, des
références, des endroits. Surtout des remords et des regrets.
Octobre (14). Je fais encore
une émission de radio, l'échéance finale étant encore repousser. Les
personnes qui s'occupent du club ne se sont pas encore manifestées. Je
célèbre les un an du retour de Cantona. C'est ma première émission
depuis, le clash avec Hélène. Il y a une atmosphère emprunte d'un
mélange de souffre et de nostalgie. Mal au ventre. Un malaise. Une
mort. J'écris hier à Sophie. J'aimerai bien la rencontrer. En suis-je
sûr seulement ?
Octobre (15). Je suis
maintenant bien installé avec Stef. Bien, je tempère toutefois cette
appréciation car nous sommes juste au-dessus d'une friterie. Il y a une
odeur de friture dans nos pièces qui se repend à nos vêtements. Ce
devient un problème. Je fais un article sur le bar du campus et sur un
autre près des halles, où je vais voir les matchs de football avec ma
formation. Pierre et Mathias, ainsi que le groupe de petits branleurs
viennent chez moi pour picoler.
Octobre (16). Le gros con de la
radio a égaré mes cassettes. J'ai la haine. La première impression que
j'avais de lui était la bonne : un branleur. Ca va vraiment mal en ce
moment. Je vais au service communication de l'université, pour qu'il
m'envoie régulièrement des infos pour le magazine étudiant dans lequel
je suis censé écrire.
Octobre (17). Rencontre avec la
responsable de la communication des transports en communs. Rendez-vous
avec Philou, un mec qui est passeur de musique pop dans des soirées
qu'il organise dans des boites ici. Il me ressemble un peu par sa vie.
Interview de Randy au bar du campus. Philou m'accompagne. Pas vue
Hélène en ces lieux pourtant chers à nos rencontres.
Octobre (18). Je suis rentré à
la maison. Ces 7 jours à Dijon ont été pour le moins mouvementés. Une
semaine que le clash a eu lieu avec Hélène. Aucunes nouvelles.
Connaissant sa fermeté, ça m'étonnerait qu'elle me téléphone.
Octobre (21). Stef a eu le
loisir d'être dans l'appartement tout le week-end. Et elle y a vu des
choses étranges. Des souris. Comme il y une odeur de friture
persistante depuis notre installation, il convient alors de trouver un
nouvel appartement ! J'ai fini la conception d'un super jingle pour mon
émission, avec le nouveau technicien de la radio. Nous y avons passé
beaucoup d'heures pour à peine trente secondes. A mon émission, je
passe l'interview de Boogaerts. Toujours pas vue d'Hélène.
Octobre (22). Nous contactons
notre propriétaire pour expliquer nos problèmes. Elle nous comprend et
ne voit pas d'objection à un départ anticipé. Cette fois, je confie à
Stef la mission de trouver un nouvel appartement. Elle a carte blanche.
Ca ira beaucoup plus vite comme ça et je ne saurais être difficile.
Octobre (23). J'ai
l'autorisation pour taper mes articles au labo. A 10 heures je retrouve
Philou qui fait une soirée pop ce soir. Soirée auquel je suis présent.
Octobre (25). Avant de rentrer
à la maison pour le week-end, j'ai la bonne surprise de découvrir dans
ma boite aux lettres un paquet contenant des disques, envoyés par
l'attachée de presse rencontrée à Saint-Malo. Si ceux de la radio
savaient ça … De toute façon, il dénigre la pop. D'ailleurs, ils me
doivent le premier album d'Oasis que je me suis fait tirer au studio.
Je m'en rappellerai avant de quitter la radio.
Définitivement peut-être…
Octobre (28). Je monte
l'interview de Louis-Philippe. Je fais mon émission. Stef a trouvé un
appartement. Pour la fin de la semaine. Des papiers à remplir en
perspectives.
Octobre (29). J'ai rendez-vous
dans un bar américain avec Philou, pour organiser un concert avec une
formation rock de Dijon qu'il connaît. Philou nous conseille "Twister"
comme nom de groupe. Alors qu'on avait fini de dîner avec Stef et Nat,
un abrutit lance d'en bas une cannette de bière dans notre fenêtre.
Double vitrage à changer.
Octobre (30). Je fais les
cartons pour le déménagement de demain. Stef, elle, n'a pas eu à le
faire puisqu'elle n'avait pas déballé toutes ses affaires ! Nous avons
vécu pendant à peu près deux mois, dans une déco assez spartiate.
Octobre (31). Alors voilà. On
déménage déjà. Stef a amené des renforts. Vite fait bien fait, on
dépose tout dans notre nouveau domicile. J'y sens plus d'ondes
positives. En tout cas, moins d'odeurs et de bruits. J'ai une chambre
et elle dormira dans le salon avec son clic clac. Je la laisse ainsi
pour le week-end, devant rentrer chez moi, ayant de la famille pour la
Toussaint. J'y verrai plus clair lundi. Je ramène un ancien du lycée.
Que penser de mon ancien appartement ? J'y ai perdu Hélène. On dit
souvent que, quand un événement important se passe alors que l'on est
dans un nouvel environnement depuis peu, il s'attache pour toujours à
ce lieu.
Novembre (3). Pierrette me
coupe les tifs. Court comme jamais.
Novembre (4). Avant de faire
mon émission, état des lieux de l'ancien appartement. Adieu maudit
endroit.
Novembre (7). Mon émission est
prolongée en attendant la nouvelle programmation. Je prends des disques
à la radio pour les copier ou pour faire ma compilation annuelle.
Novembre (12). Déjà plus de
deux mois que j'ai fini mon service et toujours rien à se mettre sous
la dent. J'ai été perturbé par la perte d'Hélène et le changement
d'appartement. Maintenant, je suis bien installé dans mon nouveau
logement, je décore ma chambre. J'écoute tous les soirs l'émission de
sport sur Europe 1. Il m'arrive d'écouter France Inter de 8 heures du
matin à 2 heures du matin, sauf de 20 heures à 22 heures 30, quand il y
a du sport en face. J'apprends des tonnes de choses. J'élargis ma
culture générale, notamment avec l'émission de musique classique. Mais
il ne faudrait pas que je m'endorme sur des ronronnements.
Novembre (13). Je suis invité à
l'émission de cinéma. Je ne dis presque rien, à la grande désolation
des deux animatrices.
Novembre (14). Je vais à
l'agence pour l'emploi, mais il y a trop de monde. J'attends mon tour
environ une heure. Pour pas grand chose au final. J'ai des billets de
transport en commun gratuits. Je tue le temps en faisant un tour à la
radio, en passant voir Lolo, en voyant Philou.
Novembre (15). J'apprécie le
calme du mon appartement ce vendredi soir. Pour réduire mes frais
d'essence, je reste ce week-end à Dijon. Stef, elle, est rentrée. Nous
essayerons de n'être pas là en même temps le week-end, pour avoir plus
d'espace.
Novembre (16). Le ciel est gris
presque tout le temps, le froid est de plus en plus présent. Je fais un
petit tour chez un disquaire le matin. Je crois apercevoir dans une rue
piétonne, Hélène, avec une dame qui doit probablement être sa mère.
Choc matinal. J'y pense quasiment toute la journée. J'ai le mal de
ventre qui me reprend. Il y a un match de rugby. La France est détruite
chez elle par les Sud-Africains. Historique déculottée.
Novembre (17). C'est la fin de
mon groupe. Chronique d'un mort annoncée dans le sens où ça faisait des
semaines que je sentais qu'ils préféraient glander plutôt que de créer
de la musique pour mes textes. Triste fin par un temps de Toussaint ou
de 11 novembre. Les autres membres du groupe devaient rejoindre moi et
Philou à 14 heures dans un local de répétition, dans une salle de
concert. Ils ne sont pas venus et n'ont pas prévenu. C'est la goutte
qui fait déborder le vase. Je décide en rentrant à mon domicile
d'arrêter les frais avec eux, je perds du temps. Je décide aussi,
puisque je suis sans groupe, de ne plus écrire de textes tant que je
n'aurais pas joué dans un groupe assez professionnel, qui aura fait la
démarche d'enregistrer de vrai démos. En un mois j'ai perdu Hélène et
mon groupe.
Novembre (18). Je continue,
marchant un peu sur des œufs, mon émission. Le thème aujourd'hui est
les Beatles. Je n'arrive pas joindre mon responsable du magazine
étudiant. Je crois qu'il m'a bien baisé la gueule. Alain Toussaint, qui
es-tu ? Bien gentil, mais il ne m'a pas fait signer de contrat. Le
magazine s'appelle
Univers Jeunes.
Heureusement, à part du temps, cela ne m'a rien coûté de faire les
articles sur les bars, sur la radio du campus, sur Jessica. La dernière
fois que je l'ai eut au téléphone, il m'a fait comprendre que je ne
serais pas payé. Alors j'ai envoyé des lettres au journal, Mais pas de
réponse. Le journal ne figure pas dans l'annuaire. Le truc louche. Je
tombe de haut et souvent en ce moment.
Novembre (19). Match de coupe
d'Europe entre Metz et Newcastle, le club du beau David, 1-1. C'est un
ancien joueur de Gueugnon, Amara Traore, qui marque le but des Lorrains.
Novembre (20). J'invite Lolo et
Marco à manger pour suivre la soirée de ligues des champions. Nous
discutons de ce que nous pourrions faire demain soir.
Novembre (21). Qu'arrive-t-il
le troisième jeudi du mois de novembre habituellement ? Le beaujolais
nouveau. J'en achète avec Marco et on file chez Lolo. Et quand les
bouteilles sont vides, nous filons au bar américain, où Philou fait des
soirées maintenant, de temps à autre. Nous commandons quelques amphores
du breuvage bu plus haut. La tête commence à tourner. Je reconnais des
basketteurs pros du club local. Je discute avec eux. Eux aussi, ils
fument et boivent. Je me suis aussi fait passer pour un Hongrois, parce
que chez Lolo, y avait un type qui faisait cela, et j'ai trouvé ça
original. J'ai vite pris l'accent hongrois…
Novembre (22). Réunion à la
radio pour parler d'une émission de sport que j'ai en projet depuis des
semaines avec les deux animatrices de l'émission de cinéma. Une
émission pilote est prévue pour bientôt.
Novembre (25). Je passe
l'interview de Louis Philippe, enregistrée au festival. Je me fais du
mal ainsi. Hélène écoute-t-elle encore "notre" émission ? Ira-t-elle
encore au club ? Je passe, par des sous-entendus, des messages, des
appels en sa direction. Sans grand espoir de retour…
Novembre (26). Je dois
remplacer Philou comme disc-jockey ce soir. Il fait une soirée pop tous
les mardis au bar américain. J'y vais l'après-midi avec lui pour le
regarder faire, et je bosse de 21 heures à 3 heures. C'est finalement
le même système qu'à la radio. En plus simple même. Seul point noir,
les casse bonbons qui n'ont pas compris qu'ils venaient à une soirée
pop et qui insistaient pour que je passe les Fugees. Il a fallut que je
le fasse. Ils aimaient aussi les Beatles, là c'était plus dans mes
cordes. Je dois organiser le 17 décembre un concert avec Philou dans ce
bar.
Novembre (28). Je vais à la
salle de spectacle du campus où a lieu une émission en direct de France
Musique. En espérant secrètement qu'Hélène y serait, vu qu'elle aime la
grande musique. Ne la voyant pas venir et me demandant ce que je
faisais là, je pars au bout de 30 minutes.
Novembre (30). Je reste encore
à Dijon ce week-end. En fait, je suis invité par la chargée de
communication des transports en communs dans une boite. Plus
exactement, j'ai deux invitations à l'occasion d'une opération entre sa
société et les boites de nuit locales, qui mettent en place un système
de bus de nuit pour éviter aux gens bourrés de prendre le volant.
J'invite Philou. Nous allons donc à pied dans une boite. Je reconnais
un responsable de la compagnie d'assurance où j'avais faillit bosser
l'été 1994. Je n'ai pas vu par contre la chargée de communication. Je
l'aurais bien invité à danser, à faire connaissance, à dormir chez moi.
Je suis plutôt resté dans la salle du bas, à guetter des fins de
chaleur.
Décembre (1er). Je m'ennuie
seul dans l'appartement.
Décembre (2). Je fais le pilote
de l'émission de sport et j'enchaîne directement sur mon émission.
Décembre (3). Je vais voir du
foot à la boite de Philou. Nous rencontrons trois Anglaises, dont une
deux Newcastle qui a éliminé Metz ce soir. Une autre supporte
Manchester United. Elles aiment la pop. Je les invite à passer demain à
16 heures au studio de la radio où je dois enregistrer des bandes car
je ne serais pas à Dijon lundi. Je les ramène chez elle, sur le campus.
Décembre (4). Elles ne sont pas
venues.
Décembre (6). L'émission de
lundi était hélas la dernière des dernières à la radio. Les choses se
gâtent pour moi. Les filles du club n'ont pas apprécié que je fasse
tout le travail du dossier pour garder l'émission. Quelle ingratitude !
Je repars pour le bled. Je reviendrais à Dijon juste quelques jours en
plusieurs fois avant la fin de l'année. Je suis toujours sans emploi et
je musarde trop ici. Je ferais des économies en restant à LC. Je dois
revenir le 12-13, 17 pour des concerts, et à d'autres dates pour
ramener des affaires.
Décembre (8). Je vais faire un
tour au stade où évolue mon ancien et premier club. C'est une
habituelle séance d'auto-psychanalyse qui marque la fin de la semaine
et des espoirs pour la suivante.
Décembre (9). Je vais à Roanne
pour me changer les idées. Je vois Steffy. En rentrant j'écris à
Silvia. J'oublie cette nouvelle histoire avec la radio, qu'on me vire
de mon émission, ces petites connes. Lamentable.
Décembre (10). J'ai eu deux
places pour un match de mon choix de la coupe de la ligue de football.
Mon choix s'est porté sur Lyon recevant le Paris Saint-Germain. 80
kilomètres, c'était le plus proche et la plus belle affiche. Il fait un
froid de canard. J'y vais avec Lucien que je prends chez lui à 17
heures. C'est la première fois que je vais à Gerland mais je trouve
sans problèmes. Nous sommes derrière les buts, dans le virage sud,
l'autre étant remplacé par une nouvelle tribune en vue de la coupe du
monde. Il y a Raï, Lama, Le Guen, Fournier, Roche, Domi, Ngotty, Cauet,
Dely Valdes, Algerino, Guerin à Paris, Caveglia, un ancien de Gueugnon,
Bak, Olmeta, Laville, Sassus, Gava, Bardon, Giuly à Lyon, et puis un
petit jeune à Paris qui fait parler de lui : Anelka. Pas un match
inoubliable, que Lyon gagne 2-1.
Décembre (12). De retour à
Dijon, j'ai réglé la fréquence de la BBC à ma radio, pour suivre les
matchs du samedi après-midi, en Angleterre.
Décembre (13). Je suis allé
hier proposer mes services pour le concert de ce soir : mettre la
musique entre les deux groupes. Contre l'entrée gratuite, ce qui est
correcte. Le concert est celui de Wedding Present, groupe de Leeds. Je
parle avec le chanteur, David Gedge. Évidemment on parle foot, et il
supporte Manchester United. C'est comme si un Lyonnais supportait les
Verts. Enfin, socialement, prenons plutôt l'exemple d'un Nancéen qui
suivrait Metz.
Décembre (14). Je rentre au
bled, le travail accompli. Comme je suis très éclectique, ce soir je
vais au bal paysan.
Décembre (17). Concert organisé
par Philou, avec mon assistance.
Décembre (20). Je vais à Dijon
pour la journée, avec Oliver. Je fais des pâtes, Philou venant manger à
midi. Je ramène Lolo à 16 heures. C'est les vacances sur le campus.
Demain bal à la campagne.
Décembre (24). Rien, juste
passé la soirée chez ma bande.
Décembre (25). Traditionnel
repas de famille.
Décembre (27). Traditionnel
voyage à Lyon pour faire du shopping.
Décembre (30). J'aurais mieux
fait de rester coucher ou de n'avoir pas l'idée d'aller à Dijon avec
Oliver pour ramener des bricoles. En effet, un connard me rentre dedans
en voiture. La mienne n'est pas foutu mais il y en a pour beaucoup à
réparer. De toute façon, ce n'est pas moi qui suis en tort. Il
commençait en plus à neiger. Je prends froid. Je suis choqué. Demain le
réveillon avec Steffy et Pierrette.
Décembre (31). Je suis grippé.
Je ne suis pas en état d'aller rejoindre Steffy et une copine à elle au
restaurant. Je les verrai à la boite. Il y a une petite bouffe chez un
mec du squat. Je m'en contenterai avec Pierrette.