Introduction
Les introductions sont toujours un exercice périlleux et qui peut
paraître à certains comme l’allégorie de l’arrogance de l’auteur quand
elles sont faites par l’auteur lui-même. Tiens par exemple cette
introduction ressemble à celle d’un livre de Allan Stewart Konisberg.
Les avertissements ne valent pas mieux... Beaucoup de gens ne lisent
pas les introductions ou les avertissements. Des auteurs utilisent
souvent des noms propres ou communs tels, qu’il faille aller chercher
leur signification dans un dictionnaire ou pour les plus pervers,
consulter un érudit*.
Pour un journal l’introduction n’est pas une obligation en soit. Et
puis de toute façon il n’y a pas de quoi en faire un roman. Quoique…
Bon finalement je l’ai fait mon introduction…
* Un érudit n'est pas un ouvrage mais une personne qui s'en rapproche
un peu.
…Avertissement
La suite ne sera pas toujours aussi drôle qu’un livre de Konisberg.
Elle sera toujours la reproduction fidèle de la réalité. C’est un
journal de bord d’une aventure artistique pluridisciplinaire. Sans
nulle autres prétentions.
PARTIE
I
La naissance des fantômes
Avant 1989
ou...
La solitude
Il se produit durant l'enfance, des événements qui marquent à jamais la
personnalité de chacun. Certains éléments restés dans notre
inconscient, ressurgissent beaucoup d'années plus tard, expliquant
alors certaines choses.
Mes grands-parents hébergeaient un peintre, Chavignac. Je devais avoir
5 ou 6 ans, quand j'allais le voir dans son atelier qui donnait sur le
lac. Ce vieux monsieur ressemblait à Albert Einstein, il avait une
blouse blanche bariolée de peintures.
J'ai écouté les Beatles dès mes premières années, la radio étant
toujours branchée sur France Inter à la maison. Mais mes vacances,
passées chez des cousins cousines, baignaient dans la chanson
françaises. Brassens, Renaud, Big Bazar. Je me souviens du soir de la
mort de John Lennon. J'avais 7 ans, mais j'avais été touché par la
gravité de l'événement.
Une voisine d'enfance qui part à New York, et cette ville devient
mythique et proche. A 6 ou 7 ans. Une influence, tout comme le monde de
la mer avec Alain Colas, Tanio, Amoco Cadix.
L'enfance, mon enfance, semble maintenant avoir quelque chose du
paradis. Pas de soucis, pas d'ennuis, pas de contrainte. Juste aller à
l'école. La vie est alors portée sur le plaisir de vivre. Le plus beau
jour de l'année dans l'enfance, est le matin de Noël. On sent cette
atmosphère de paix. Il y aura des cadeaux agréables qui seront pour la
plupart des surprises. Sommet de l'enfance, mais partagé seul. Fils
unique. Les avantages ? Aucun pour moi. La seule chose positive quand
on est enfant unique est que l'on se forge une certaine personnalité.
Forte et fragile. L'indépendance, par obligation. Pourtant, je ne
supporte plus cette solitude, sauf celle nécessaire à mes travaux
intellectuels. Ou alors rester seul parce qu'il est temps de partir de
faire un tour dehors avant que ça ne dérape.
Enfant unique, indépendant. Par mon caractère, je suis hyperémotif,
sensible. Timidité et manque de confiance n'ont été vaincu que
récemment, en même temps que le trac. Manque d'affection... Mais
l'inconsciente solitude de l'enfance a tout emporté sur le fonds. Je me
complaisais comme ça. Ecole, football, maison, rien d'autre. Quelques
amis, mais tous disparus, avant le lycée. Les meilleurs partant en
premier. Les meilleurs.
Carine, Claire, mes deux copines d'enfance, mes deux voisines, qui
partageaient tous mes après écoles. Mes parents avaient deux maisons,
je naviguais entre les deux selon les jours et les saisons. Carine, la
fille du boulanger, Claire la fille d'un monsieur qui travaillait dans
une grande entreprise de LC. Carine, c'était des heures de plaisirs à
jouer dans son grenier, immense, le paradis des enfants. Claire
possédait aussi un environnement apaisant. J'avais pour elle des
sentiments, des sensations indescriptibles. Je me sentais bien avec
elle. Par chance elles ne sont pas parties en même temps, mais elles
sont quand même parties, que je n'étais pas encore arrivé au collège.
J'ai longtemps ignoré que ma séparation des ces deux amies d'enfances
m'avait finalement séparer totalement de sexe féminin, même à 10 ans,
et presque même de toute amitié. Avec elles, c'était la confiance, la
confiance à l'âge de 6 ans. Alors, je subis un choc sans le savoir, en
les voyant partir, même si elles ne sont pas parties comme ça, presque
sans prévenir. Elles sont parties lentement. A 10 ans ! Il y avait bien
Yannick, un copain aussi de Claire, mais ce n'était pas pareil.
Voilà pourquoi je me suis toujours plus entendu avec les filles, puis
avec les femmes, voilà donc pourquoi je dois avoir des côtés féminins.
Les 20 années qui ont suivi, furent de l'observation et aussi, à partir
du début des années 90, de la création.
Triste de dire que j'ai du attendre le lycée pour m'en remettre, pour
retrouver l'envie d'avoir des amies filles. Le collège ne fut qu'un
long calvaire les deux premières années, les deux dernières étant plus
faciles à avaler, retrouvant Yannick et une bonne bande de zouaves.
Mais les filles… Je me rappelle la première dont je suis tombé
amoureux, une certaine Mylène, lors d'un voyage scolaire. Ce sentiment
d'être amoureux était très agréable, j'étais simplement heureux. Comme
je me complaisais dans ma solitude, je me complaisais d'être seulement
heureux d'être amoureux, je n'avais pas le manque d'aller plus loin,
même s'il y avait des couples déjà au collège. Des couples forcement de
pacotilles, comme dans le show business… J'ai aimé après une autre
fille, mais inaccessible par sa beauté, et très timide. Mais j'étais
très bien sans copine, comme la majorité des garçons. Je peux dire que
je n'ai eu ni copines, ni amies au collège.
Mes étés étaient solitaires. Activités solitaires. Des fois ma mère
venait avec moi à la piscine. Sinon, je faisais du vélo, je marchais.
La télévision. Seul. Je m'amusais. Je stagnais dans mon développent
intellectuel. Mon père me fit découvrir le football, et je lui en suis
reconnaissant. Les années collèges furent la gestation de la créativité.
Ma première année de lycée fut le résumé de 4 années de collège mais
quand gardant les points négatifs. Seul, seul, timide, rejeté, moqué.
Ou manque de confiance. J'avais quand même des amis, dont un que je
vois toujours. C'est bien la seule chose positive de cette année là.
J'avais l'impression d'avoir des professeurs tyranniques dans chaque
matière, ce qui était vrai au moins pour les sciences physiques. Trop
complexé, même pas amoureux d'une seule fille, ou alors, je ne m'en
rappelle pas. Cette année scolaire était l'enfer scolaire. Je ne fut
guère épargné l'année suivante, mais après, au fils des ans, je me suis
remis à parler aux filles, entre amies, amours platoniques, flirt,
physique, passion, destruction… j'avais en même temps intégré une bande
au village.
Mon journal raconte la suite de mes aventures et désenchantements. Même
si j'ai oublié certaines dates, de rencontres comme Pierrette ou
Steffy, des événements… Le doute et la méfiance sont des ennemis
devenus progressifs, je n'arrive pas à les évacuer.
Quand on a que la solitude, on s'habitue. Quand on est avec des gens
bien on y prend goût.
Fin août. J'ai changé de lycée
pendant cet été, pensant sans doute que mes mauvais résultats étaient à
mettre au compte du climat peu clément de Wittmer. Je m'apprête donc à
découvrir une nouvelle ville, un nouveau lycée et l'internat de la Cité
Scolaire.
Début septembre. Je termine la
pré-saison de football par un tournoi qui se passe très mal pour mon
club et rentre en retard chez moi où j'ai rendez-vous au restaurant
avec ma famille. Il faisait pourtant beau, un après-midi de fin de
grandes vacances.
Rentrée de septembre. Comme
l'an dernier, je connais très peu de monde dans ma classe et dans les
autres. Je me suis inscrit à la section rugby du lycée. Je rentre chez
moi les week-ends. Je n'ai pas de chance : mes nouveaux professeurs
sont soit fous, soit laxistes, soit psychopathes…. Je crois que je
regrette déjà Wittmer. Je me fais bien des nouveaux copains mais c'est
la misère morale qui m'envahis doucement. Que fais-je dans cette galère
? Les mercredis après-midi sont rapidement consacrés à la biture en
toute impunité, tant que les horaires des matches et entraînements de
rugby nous le permettent.
Octobre. Je vais à Paris pour
les vacances de Toussaint. Je prends des photos trop artistiques ! Le
ciel est gris, comme Paris.
Novembre. Je profite de samedi
pour changer d'air, j'erre à Roanne, rejoignant des compagnons de
spleen du lycée.
Certaines matières enseignées me déplaisent fortement. Pourquoi suis-je
dans cette filière qui n'a rien de spirituelle, de littéraire, de
cérébrale? Je me sens en terrain miné. L'année sera longue. Bien que
dans d'autres matières, je fasse des rencontres majeures.
Décembre. J'ai un devoir de
français sur la mélancolie ! Hors concours. Mes résultats sont bons
sans plus, voir passables. Peut mieux faire. Je suis "absent" des
cours, participant rarement. Je me terre, déjà, dans mes mystères. Les
vacances de Noël arrivent à point car je sature.
Janvier (12). Je reçois une
lettre de mon correspondant d'Allemagne, où il me dit ce qu'il devient.
Janvier (18). Jour à marquer
d'une pierre blanche. Pour mon anniversaire, avec une semaine de retard
je reçois un cadeau du ciel : le coup de foudre dans un couloir du
lycée. Comme ça ! Elle s'appelle Marie-Anne. C'est la première fois que
je ressens quelque chose pour quelqu'un de cette brutale façon. Il se
crée un choc tellurique dans ma tête. Le compte-rendu du second
trimestre scolaire est loin : bon élève, du travail fourni, l'inverse
selon les disciplines. Trop discret, réservé…
Les événements dans le monde sont marqués par le mouvement pour la
libération de Nelson Mandela, la guerre d'Irlande, le mur de Berlin.
Des groupes comme U2, Pink Floyd et Simple Minds entretiennent les
relations entre l'actualité et la musique new wave et aussi avec des
camarades de la Cité Scolaire et de Wittmer, comme Oliver.
Janvier (25). Jour à marquer
d'une pierre noir. Marie-Anne est indisponible pour une durée presque
définitive. Mais finalement elle n'a pas l'air très spirituel. Je lui
parle, elle est physique, sympathique mais quelque chose cloche.
Février. Vacances. Je traîne à
Roanne avec les mêmes personnes. Je vais voir des matches de basket. Je
me trahis en pensant encore à Marie-Anne. Mais mon cœur balance entre
elle et Elle, dont je suis aussi éperdument fou. Ces deux termes
"éperdument" et "fou" traduisent bien ma perte du sens des réalités.
Elles sont nées le même jour à deux ans d'intervalle. Coïncidence ou
signe du destin, signe qu'elles resteront quoiqu'il se passe ou ne se
passe, dans mon esprit ? Elle, Elle, est en cours de biologie avec moi.
Mon agenda devient de plus en plus le repère de mes pensées, plus que
des choses que j'ai à faire. Je commence à écrire mes premiers textes,
sur elles.
Mars. Mes affaires en amours se
compliquent. Je ne réalise pas des fois que je suis censé être ici pour
étudier.
Mars (14). Je serais bientôt
fixé sur mon sort, concernant cette fille, Elle, qui me rend lentement
fou. Elle n'est pas à tomber par terre. C'est peut-être son visage
poupon. Je ne devrais pas me fier à ce que dit un "ami". Je suis trop
faible pour ignorer ce qu'il m'a dit. On me fixe un rendez-vous. Cette
rencontre se couple d'une rencontre décisive pour le titre académique
de rugby. Coup double espéré.
Mars (17). Depuis hier j'ai
l'impression d'être sur un nuage. Ni drogue, ni alcool. C'est Elle, sa
vision, j'en prends tous les jours. J'envisage toutes les hypothèses.
Rêvée, bonne, amère, terrible.
Mars (19). J'ai rendez-vous
jeudi. J'atteindrai d'ici là le paroxysme de la folie. Je me concerte
énormément avec un ami pour me relaxer.
Mars (20). Jour de sélection
pour le match. Jour du printemps. Jour à marquer d'un pierre noire : je
ne suis pas dans le groupe pour la finale. Je n'avais pas prévu cela
dans mes différentes hypothèses. Mauvais signe. Je n'ai pas vu Elle
aujourd'hui, et je n'ai pu lui faire part de ma déception.
Mars (21). A 7h30 je dois
parler à une amie de Elle, pour savoir si elle sait. Mes coéquipiers
perdent sans vraiment jouer, ce qui rehausse ma non-sélection.
Mars (22). Journée à marquer
d'un pierre noire, bien noire, plus que noire, la plus noire des
pierres. 13h02, Elle me transperce… de poison. Pourquoi me
regardait-elle si souvent avec intensité ? Je n'en saurais pas plus et
je ne veux pas en savoir plus. La fin d'un autre rêve ? Pas sûr.
Pourtant une idée horrible me traverse l'esprit. Il y a une fracture
morale sur cette année scolaire. Je suis en train de couler. J'ai le
cœur touché, à la dérive.
Mars (26). J'aime encore
Marie-Anne, par dépit, par défaut. J'essaye de comprendre ce qui se
passe, je n'ai même pas pu parler à Elle. Vais-je sombrer dans la
débauche ?
Mars (27). Je devais aller à
Roanne mais, j'ai pris la décision de ne pas y aller. L'an prochain, je
serais peut-être dans la classe de Marie-Anne ou de Elle, seul avec
l'une d'elles. Un "ami" qui devait lui parler et revenu deux fois sans
l'avoir fait. Je crois qu'il se fout de moi qu’il a peur de lui parler.
Je suis saturé, vivement les vacances.
Avril (09-14). Nouveau voyage à
Paris pour ces vacances de Pâques. C'est le printemps opposé à
l'automne de la Toussaint. Il y a pourtant plein de points communs
entre ces deux voyages. Même si pour ce second séjour, j'ai un peu la
tête ailleurs et du vague à l'âme.
Je ne sais pas si Elle croit que je me fous d'elle ou si c'est Elle qui
se fout de moi. Je ne devrais pas insister si j'étais plus mâture. Je
ne devrais surtout plus lui écrire. Je dois l’oublier.
Avril (17). C'est la rentrée
des vacances. Elle ne veut plus me regarder, mais elle a un anorak
rouge. Et après la lettre que je lui ai écrite … Je crois que c'est
parti. Je suis touché par la grâce de l'inspiration. J'écris à
profusion des textes sur Elle. Elle, arrogante et regard hautain. Des
textes qui servirait à un groupe de rock, dont je serais le chanteur,
l'icône noire.
Avril (18). L'après-midi du
mercredi est essentiellement consacré à la glande, la saison s'étant
terminée en même temps que notre élimination, "leur" élimination
devrais-je dire. Nous achetons des bières que nous buvons en face de la
Cité. Ou nous allons écouter de la musique dans un petit squat aménagé
dans un des greniers du lycée. Il n'y a que des vieux disques, mais
j'aime ça : Pink Floyd, Zappa, etc. Nous avons le droit à deux soirées
télé par semaine à la place de la salle d'étude. J'avais choisi ce soir
car il y avait un match très important de football, Marseille jouait
une place un finale à Benfica. Et on s'est bien fait baiser la gueule,
de la main. Je ne garderais que de mauvais souvenir de cette salle de
télé, entre les défaites en Coupes d'Europe et les navets.
Avril (24). Seule absence de
l'année, pour cause de grève. J'ai aussi récemment décidé de rentrer
chez moi un mercredi après-midi ce qui déclencha les foudres de la
surveillante en chef.
Résultat du dernier trimestre : je passe entre le mur et l'affiche :
bon élève, baisse de régime, se contente de trop peu, terne, mais dans
ces conditions c'est déjà pas mal, on note aussi en sport "a pris
confiance en sois" sûrement par compensation au vu de ma non-sélection
pour la finale de rugby.
Avril (30). Rendez-vous à
Roanne avec Alex. Sans suite.
Mai (04). Pour me consoler, je
me dis candidement que, si Elle me haïssait vraiment, elle ne me
regarderait moins souvent. Hypothèse d'école.
Mai (12). 9h30, je vais voir le
courrier. Elle … m'a … écrit. Comme je ne veux pas gâcher la finale de
la Coupe d'Angleterre de football à la télévision, je ne lis tout de
suite cet envoi. 18h45, je vais lire la lettre. Je m'attends à tout
pour ne pas être déçu et je me dis qu'il y a Alex qui m'attend
peut-être. 18h47, je lèche le timbre qu'elle a léché, où elle a déposé
ses anticorps. 18h53, j'écoute Seed of love. 18h59, je décide de
reporter la lecture à 19h25. 19h30, cette lettre, ce n'était pas la
mort !
Mai (19). Je reçois une lettre
de Thierry. Ca faisait un an que je n'avais plus eu de contact avec
lui. Je lui avais écrit et il m'a répondu : il tourne son premier film
autour du 8 juillet, autour de la campagne. Grosse bringue en vue. Je
me rappelle notre rencontre sous le préau de Wittmer pendant les J.O.
de Séoul.
Mai (29). C'est donc leur
anniversaire. Je n'ai envoyé une carte qu'à Elle.
Mai (31). Elle me "déteste"
marqué par sa copine sur mon agenda. Complété par "tu le sais ?". Je
m'en doutais mais je ne voulais pas l'admettre.
Juin (01). La Coupe du Monde de
football va commencer.
J
uin (28). La fin fût houleuse
mais en roue libre. Je quitte cette Cité. Je n'ai côtoyé que
l'hypocrisie et la bêtise. Je rejoindrai l'élite scolaire sous d'autres
cieux à la rentrée. A part Laurent A, je ne retiens aucune amitié.
Juillet (8). Tournage depuis
hier d'un film d'anthologie du cinéma indépendant. Peu de dialogue, il
n'y avait pas de dialoguiste. Ca me permet d'évacuer certaines pensées.
Quoique, dans ce film policier je me fasse tuer à la fin, comme tout le
monde. Le tueur était le réalisateur.
Requiem
pour un tueur. Avec Thierry d’autres de Wittmer, Fab, JC, Sam,
Alain B et Paul-Albert.
Septembre (7). Je remplis les
pages de mon agenda scolaire de pensées … profondes … et de briques de
mur, en souvenir de celui de Berlin sans doute. Je comptabilise mes
textes. J'en ai écrit une dizaine et j'ai des tonnes d'idées, de
moutures.
Septembre (13). L'année vient
de débuter et j'ai déjà beaucoup de devoirs à faire en espagnol. J'ai
un nouvel ami, Geronimo de la tribu des surfeurs, qui lui, est digne de
confiance. Je pense encore aller à Paris pour la Toussaint. Je suis
dans la section d'élite mais dans une classe pour le bas de la crème.
On est une petite vingtaine. Pas mal de filles, ça me change de l'an
dernier où il n'y en avait que quatre. Je retrouve aussi dans d'autres
classes des élèves venant de LC : Oliver, José...
Septembre (29). Il y a beaucoup
de Carine (ou Karine) et de Stéphanie au lycée. C'est l'été indien mais
l'automne et son cortège de pastels s'annonce à la fenêtre. La douleur
d'Elle ? Je la ressens bizarrement quand je vais à Roanne, comme
récemment lors d'une journée de grève où mon lycée était fermé.
Peut-être parce que j'y élaborais là-bas des stratégies de chasse
alambiquées ?? J'ai suivi la manifestation des lycéens de Roanne, en
prenant, je ne sais pas pourquoi de photos ! Futur R.G. ?
Octobre. J'écris une lettre à
un ancien de la Cité Scolaire, pour qu'il m'aide à retrouver la trace
de Claire, ma meilleure amie d'enfance. Il habitait le même immeuble
qu'elle. Je lui dis aussi de se méfier d'une sainte-nitouche qui doit
encore rôder à au lycée cette année.
C'est toujours en espagnol que l'on a le plus de travail à faire, en
quantité. Je vais toujours à Roanne de temps en temps, le samedi ou le
mercredi après-midi. Je ne sais pourquoi, je deviens un supporter de
l'Olympique Lyonnais. La proximité géographique peut-être. J'entretiens
ma réputation au billard. Je vais souvent au café du Palais, en face du
lycée entre une et deux, avec mon pote Geronimo.
Je me laisse séduire par une fille de seconde, moi qui devrais être en
classe de terminale, mais elle a des préjugés insoutenables.
J'ai décidé de ne pas aller à Paris.
Novembre (5). Bulletin du
premier quadrimestre : l'espoir ne dura le temps que dure les roses. A
la seconde note en mathématiques et en physique, je dois me rendre à
l'évidence que faire partie de l'élite était un peu trop prétentieux.
Beaucoup trop de lacunes, connaissances élémentaires non acquises, pas
concerné, aucun travail.
Je trouve un nom pour mon groupe encore imaginaire : Clan 69.
J'emprunte même le concept de l'affiche de concert à un groupe de
corbeaux de LC. Je vais décidément un peu trop loin en ce moment. Par
contre, je n'écris toujours pas de pensées dignes de ce nom.
Novembre (12). Je fais la liste
de ma discothèque personnelle et je demande celle de plusieurs
camarades de classe. Il y a une réunion pour un voyage à Prague, mais
je n'y vais pas. Je réfléchis à mon inscription pour le permis de
conduire. J'ai encore le temps puisque je ne serais majeur qu'en
janvier prochain.
Je pense encore en peu à Elle.
Novembre (19). On a fait la
traditionnelle photo de classe. Je ne la pendrais pas. Comme d'habitude
!
Novembre (30). Je pense déjà à
des noms de remix pour mes textes. Il faudrait que je trouve des
musiciens ou que je me mette au clavier.
Décembre (7). J'ai des
rendez-vous avec des musiciens pour faire un groupe et plus tard avec
des filles. Je ne mélange pas le travail et le sexe. Je vais souvent au
café avec copains et copines, la plupart sont en classe de seconde.
C'est le temps du café crème. Il fait nuit vers 17 heures, nous ne
voyons pas le jour car nous finissons rarement avant cette heure. Ca
drague dur au café.
Décembre (14). Absence pour
cause de neige. Le car n'est pas passé ce matin. 20 kilomètres dans la
neige, c'est beaucoup pour aller au lycée, surtout pour ce que je vais
y faire. L'hiver est rude en ce moment. Avec José et une fille de sa
classe, Afi, qui est aussi de LC, on va alors se prendre un café au
café justement. Je manque de me briser le poigné : je glisse comme dans
les bandes dessinées, comme si j'avais marché sur une peau de banane.
Je me retrouve à un moment à l'horizontal, avant de retomber, donc, sur
mon poigné. Et là rien. Un jour de chance. L'ambiance est géniale, au
lieu d'aller au lycée, nous nous retrouvons avec une journée à glander
dans la neige. Au programme chez José : dégustation de Batida de coco,
visionnage de
The Wall, en
version originale, sans les sous-titres. L'après-midi, balade dans la
neige, bistrot. Il y a longtemps que je n'étais pas resté dans les rues
du bled, un jour d'école. J'ai cette sensation étrange de liberté,
alors que tout le monde travaille ou est à l'école.
Décembre (18). Suis-je vraiment
sérieux ? Je vois une annonce pour louer un grand studio meublé, à deux
pas du lycée et je me pose des questions. Est-ce raisonnable ?
Décembre (20). Un camarade de
la Cité Scolaire m'envoie les dernières nouvelles du front : plus de
punks qu'avant, de filles super.
Décembre (31). Rien
d'exceptionnel encore cette année. Je suis allé avec des amis à Lyon
pour du shopping. Je crois que j'ai horreur de cette ville. Ou de ses
gens. J'y rencontre des personnes bien étranges. Ils vivent dans ce que
j'appelle un taudis. Et ils sont heureux. Et ils font la morale.
Sur mon agenda, je fais du photo-roman : je découpe dans les magazines
de télévision des photos de cinéma auxquelles je joins une bulle
personnelle qui n'a rien à voir avec le film. Est-ce vraiment de l'art
ou une forme qui s'en approche ?
Janvier (5). Bulletin du second
quadrimestre : "plus aucun travail", là où il y avait "aucun travail"
(!), non-intégré (?), ensemble insuffisant semble bien résumé une
situation peu reluisante. Il n'y a qu'en sport où je prends
irrésistiblement mon essor, mon envol. Je deviens de façon assez
inexplicable une bête d'endurance. Peut-être à cause de la précédente
année scolaire et mes déboires sportifs et amoureux. La solitude du
coureur de fond, sans doute…
Janvier (7). C'est
l'anniversaire de la fille aux préjugés. Plus ça va et plus je laisse
de place sur mon agenda pour les idées concernant mon futur groupe. Je
n'ai pourtant toujours pas trouvé de musiciens.
Je suis sous l'attraction d'une autre. Belle mais surtout intelligente.
Grosse et belle tête. Une copine en plus de la fille aux préjugés. Un
signe ?
Janvier (12). Hier c'était mon
anniversaire. Je suis majeur. J'ai organisé ce soir une petite
réception dans mon salon avec des camarades de lycée. Vodka,
champagne... C'était gentil, simple, bon.
Janvier (14). Je me suis pris
une taule au café en face du lycée avec Geronimo. Comment ai-je pu
rentrer chez moi et manger ? J'ai été malade. Je me suis couché à 19
heures pour me réveiller ce matin à l'heure habituelle pour prendre le
bus. On en a mis. Nous étions deux au départ, je voulais juste lui
payer un coup. Et puis Pierre, Paul et les autres sont venus au fur et
à mesure. Blanc pêche, blanc cassis, blanc n'importe quoi. On a fait
tous les sirops. On a fini au blanc liqueur de cassis. Ca m'a achevé
sans doute.
Janvier (21). Je me perds un
peu dans tous les anniversaires que j'ai à fêter. Encore l'anniversaire
d'une Carine. J'en aime un peu trop à la fois pour que cela soit
vraiment sérieux. Crédible.
Je change d'écriture. C'est une chose importante. J'écris en script,
fini les belles lettres cerclées. Finis les lettres qui se tiennent les
unes aux autres. Je m'émancipe de l'éducation donnée depuis le cours
primaire.
Janvier (29). La guerre du golf
a de particulier le fait que l'on puisse la suivre tous les matins à la
télévision, avec les céréales. La France semble découvrir la
désinformation.
Janvier (31). La personne de la
Cité Scolaire qui m'avait fait parvenir une lettre le 20 décembre,
m'envoient encore des nouvelles : Guerre du golf, folie, philosophie
hédoniste. Je le vois bien partir au Népal.
Février (12). J'ai rendu mon
tablier, avec Geronimo. Nous sommes officieusement en vacances. En
grandes vacances. On nous a fait comprendre que même avec un miracle,
nous ne passerions pas en terminale. Réorientation à voir. Donc nous ne
faisons plus rien jusqu'en septembre. Certains profs sont désabusés.
Donc nous laissent tranquilles, comme nous laissons tranquille le reste
de la classe. On est assez intelligent pour ne pas perturber le cours.
Cela me laisse le temps en cours de rêver. Je regarde par la fenêtre.
C'est l'hiver. La neige recouvre les toitures du lycée. Ca me fait
penser au
Cercle des poètes disparus.
J'ai commencé les leçons de code.
Février (18). L'amie d'un ami
me présente Aude, une fille qui voulait me rencontrer. Coup classique.
Elle est musicienne. C'est ce qu'elle prétend.
Février (20). Aude me donne un
enregistrement de ce qu'elle fait. De la musique classique, au piano.
Comme je ne connais rien au classique, elle peut me bluffer. Mais c'est
quand même trop pro pour être vrai. En plus il y a sur certains
passages, plusieurs instruments. Ca ressemble plutôt à un
enregistrement fait à la radio.
Mars (8). Petite beuverie chez
moi avec Oliver et un camarade de classe à lui. J'ai acheté mon premier
numéro des
Inrockuptibles
sur les conseils du camarade d'Oliver. Il y a en effet une longue
interview de mon icône du moment, Morrissey. C'est une révélation.
Depuis l'an dernier, j'écoute beaucoup les Smiths. Oliver m'a fait
connaître un grand nombre de groupes, et je suis avec lui l'actualité
musicale.
Mars (19). Depuis quelque temps
une fille, Sabrina, me reluquait aux intercours. J'avais rendez-vous
avec elle à 10 heures. Pendant que je lui faisais la discussion, elle
m'embrassa. Bien que cela me fit de l'effet, je me sentis très vite
dans une situation que je ne désirais pas vraiment.
Ce soir il y avait un match important de football. Montpellier recevait
Manchester United et avait fait match nul (1-1) en Angleterre. C'est la
première fois depuis le retour des clubs anglais qu'il y avait un match
d'eux à la télévision. Forcement puisqu'il n'y avait que deux clubs
engagés dans les coupes d'Europe, Aston Villa se faisant voler par
l'Inter de Milan, club mussolinien que j'ai toujours détesté. J'ai plus
pensé à cette fille qu'au match. Comment en finir rapidement et
courtoisement avec elle ? Manchester United se qualifie.
Mars (20). Je préférais ne pas
laisser le temps au temps de nous attacher. A 10 heures je me
déchargeais d'une liaison non-désirée. Elle a pleuré. Je me sens
dégueulasse. Il y a un autre match ce soir, encore plus grand :
Marseille - Milan. Je pourrai le regarder l'esprit libre. Pour en
revenir Sabrina, elle m'a tendu une perche : un poème trop vite écrit
pour m'impressionner. Hélas, j'avais étudié en cours ce poème de …
Baudelaire.
Mars (27). J'ai arrêté le
football en club pour me consacrer à mes études. On voit le résultat.
J'ai pris une licence au lycée et je participe à un tournoi de basket.
Je tente une expérience. Intéressant. Peut-être ai-je envie de me
rapprocher de Cat, très gentille brunette, douce, jolie, rencontrée
dans la rue, dans un état second. J'ai craqué le jour du tournoi
interclasse du lycée.
Mars (29). Avec ma classe, un
voyage de deux jours a été organisé, partant d'une boutade. Il y a des
boutades qui mènent loin. Vite fait bien fait tout est prévu. On vote
le spectacle que l'on va aller voir. Des fois je haïs la démocratie.
Avril (4). Absence pour cause
de code.
Avril (9). Départ pour Paris
très tôt. Dans le bus certains font des expériences bizarres. Pâté avec
cake au chocolat. Moi j'ai en tête une expérience plus constructive. La
première journée consiste en une visite du Parc Technologique de La
Villette. Il faut bien une journée pour voir, presque, tout. A 17
heures nous sommes sur les Champs. Nous rejoindrons notre hôtel près de
la Bastille un peu plus tard. Là-bas nous retrouvons un groupe de
charmantes filles qui viennent aussi de province. Nous nous promenons
dans la minuscule cours en caleçon. Une copine de LC essaye de
m'inciter à lire Sade. Ca a l'air sympa comme lecture.
Avril (10). J'ai faillis me
faire prendre ce matin avec de l'herbe de … Provence ! Mis à part cette
frayeur qui n'avait pas lieu d'être, le musée est formidable, et je
reconnais quelques tableaux. J'ouvre une parenthèse à propos des cours
optionnels de dessins à Wittmer, qui sont le bordel organisé. On sent
constamment une création ambiante. C'est le délire permanent. J'y vais
comme ça, pour apprendre, pour capter des éléments techniques ou des
inspirations pour plus tard. C'est le cours où je suis le plus attentif
à tout ce passe. Et il s'en passe, ça part dans tous les sens.
Parenthèse terminée.
Nous avons l'après-midi de libre et c'est la campagne qui débarque à
Paris. Sans complexe, sans gueule de quinze mètres de long. Nous
repartons à16 heures pour notre Bourgogne profonde. Nous suivons dans
le bus le déroulement de la demi-finale de Marseille en Coupe d'Europe.
Nous rentrons tard à la maison.
Avril (24). Je participe, à ma
première compétition d'athlétisme, à Vichy. Ville sympa, propre et
sportive. Sauf en 1940. Je loupe de peu la qualification de Marseille
pour la finale de la C1.
Avril (25). Les beaux jours
étant de plus en plus présents, avec Geronimo nous désertons le
self-service pour nous prendre une baguette est un paquet de saucisse
de Strasbourg, avec une bière pour faire passer le tout. Bière soleil.
C'est sûr qu'après une telle pause de midi, nous laissons
tranquillement le cours d'espagnol se dérouler. La prof nous appelle
les Dalton, avec un troisième élément du fonds de classe.
Avril (26). C'est le bal de fin
d'année du lycée, précédé de quelques heures par un bizutage. J'avais
prévu tout ça (délit d'initié). Ce bal c'est l'aventure, perdu en
pleine campagne. Bal des nazes. J'avais eu l'idée de faire venir un
groupe de rock, mais les personnes chargées de l'organisation en ont
profité finalement pour jouer eux-mêmes. Bal aussi des occasions
manquées. Et puis il n'y avait pas Aude, la fille rencontré il y a
quelques mois, une fille à problèmes : parisienne, parents séparés, pas
motivée par les études. En quelque sorte ma copine, sauf qu'on a une
relation bizarroïde, je n'arrive pas à la situer. Un jour elle veut,
puis un jour elle ne veut pas.
Mai (15). Manchester United
gagne la C2. Moi je rate l'épreuve de conduite du permis. Dans ma
classe, tous s'affairent sur leur liste de textes de français pour le
bac. Pas moi ni Geronimo. Aude a disparût.
Mai (29). Anniversaire de qui
je sais. Je tente en vain de persuader Cat de venir avec moi cet été
dans le Sud. Quelle déception ! Je croyais en mon étoile en ce 29 mai
chargé de symbole dorénavant. Marseille aussi, pour sa finale.
Juin (11). J'ai un rendez-vous
avec une ophtalmologiste. Je vais porter des lunettes. Depuis le temps
qu'on me le conseille. Demain, c'est la fin de l'année scolaire. Je
change de section l'an prochain.
Juin (19). Baccalauréat de
français, sans pression. J'en ai plus lors des leçons de conduite.
Juillet. En épluchant les
résultats du bac par curiosité je tombe sur un nom et un prénom que
j'avais perdu de vue depuis au moins dix ans. J'écris à tout hasard à
ce qui pourrait être son adresse. Claire, une de mes deux grandes
copines d'enfance.
Je vais passer l'été comme employé dans une usine locale. J'ai les
week-ends pour sortir et découvrir une bande de copain un peu spécial,
les copains du frère à Oliver. Geronimo vient me voir un après-midi.
Juillet (14). Grande journée
hier. Je reçois une lettre de Claire que je dévore dix mille fois. Je
vais avec Oliver chez Thierry qui organise une fête. Il y a les
habitués, Fab et JC. J'y retrouve les bonnes ambiances, j'ai donné à
boire aux poissons, fumer beaucoup de cigares, manger de la paella,
fait un mélange bizarre, Bailey's avec coca. Faire du stop un 14
juillet est à déconseiller aux personnes pressées.
Suite de l'été. Je fais des
fêtes à dormir dehors en pleine campagne. Lors de la première, sur le
chemin de l'aller, je suis à l'arrière d'une voiture de société avec
Oliver. Vu qu'on n'a pas le permis, Oliver nous a trouvé un chauffeur,
un ami à Lucien, son frère, Gros. On ne savait pas comment on
rentrerait, ni à quelle heure. C'était d'autant plus excitant que nous
roulions à vive allure sur de petites routes de campagne, la nuit
tombant. La musique dans la voiture était terriblement excitante, les
Charlatans. A la fête, tout le monde était raide comme des queues de
pie. J'ai revu des anciens de la Cité, des rugbymen, des "miss pattes
en l'air". Nous sommes rentrés en stop à 6 heures du matin, après
s'être trompés à la sortie du bourg où la fête avait lieue. Il n'y
avait pas d'éclairage public, nous avions pris la route dans le mauvais
sens.
Philosophiquement, c'est année blanche qui vient de se terminer. Pas
une seule pensée dans mon agenda. Je savais depuis janvier qu'il
m'était impossible de passer l'échelon supérieur. Ce fut mes plus
longues grandes vacances, coupées par mon premier emploi pendant la
période habituelle de grandes vacances.
Septembre (1). Aujourd'hui il
s'est enfin mit à pleuvoir.
Septembre (2). J'ai repris le
football en club après une année sabbatique. On fait du cross dans les
bois. Je vais de temps à autre chez une copine de mon ancienne classe.
Septembre (8). J'ai écris un
nouveau texte de chanson sur cette copine d'enfance, Claire, dont j'ai
repris le contact par lettre cet été après de longues années sans
nouvelles. J'ai entendu sa voix aujourd'hui pour la première fois
depuis 9 ans. Elle passera bientôt me voir à l'occasion.
Septembre (11). C'est la
rentrée. Geronimo m'a suivit dans ma nouvelle orientation, on s'est
suivi, on ne se quitte pas. J'écris à Claire.
Septembre (13). Je reprends mes
habitudes au café du lycée.
Septembre (15). Reprise totale
des activités puisque le championnat de football a repris ce matin, de
bonne heure à 9 heures, contre une équipe au jeu viril.
Septembre (30). Le premier mois
de cours s'achève. Ca se passe bien pour la première fois depuis le
collège. Dans toutes les matières, à part l'espagnol vite relégué comme
matière facultative et sans grande importance. Les profs sont tous
sympas. Pas un pli sur mon agenda. Toujours pas de pensées
philosophiques, toujours pas de noms de groupes, de choses qui ne sont
pas liées à mes devoirs, où à des choses à penser pour les cours du
lendemain.
Octobre (23). J'apporte mes
chefs d'œuvre de pochettes d'albums en cours de dessins pour me les
faire analyser. A quoi cela peut-il bien me servir puisque cela reste
si subjectif !
Octobre (27). Belle journée.
Les vacances ont commencé vendredi soir, bien arrosées au café du
lycée. Aujourd'hui je marque deux buts contre le club de la ville de
mon lycée et ce soir j'étais invité à une fête organisée par des
banlieusards de LC, qui sont pour la plupart à Wittmer.
Novembre (4). Les vacances sont
finies. Rien d'exceptionnel. Je suis allé à Roanne. Enfin je commence à
noter des idées musicales sur mon agenda. J'ai passé une annonce dans
le gratuit du coin, comme quoi je recherchais des musiciens ou un
groupe. J'ai eu plein de coup de fil. Je n'ai sélectionné qu'un seul
contact. Rendez-vous à Roanne mais comme je n'ai toujours pas le permis
de conduire, cela me bloque pour aller à leur répétition qui se
déroulent à 30 kilomètres de chez moi. Je traîne avec Oliver et José
surtout, comme au lycée.
Novembre (10). Je découvre en
image le basket américain.
Novembre (16). Je vais à ma
première répétition. Mon père m'emmène. Ce n'est pas surréaliste ça !
Le groupe a pris le nom du lieu dit où se situe la grange où l'on joue.
Perdue sur une colline après dix mille virages. On fait surtout des
reprises : Noir Désir, Cure...
Novembre (29). Le voyage
scolaire de cette année aura lieu en montagne grâce à notre professeur
d'économie qui est de là-bas, dans les Alpes. C'est dans moins d'un
mois. On y pense tous, plus qu'au bac de français. Sinon je ne rate pas
un épisode de
21 Jump Street.
Je les enregistre car ils débutent à 17 heures. Je les regarde en
arrivant, avec un café. Quel dépaysement ! Quel dieu ce Johnny Depp ! "
l'assassin s'est levé avant l'aurore, il a
enfilé ses bottes et ensuite, ensuite il est descendu dans le hall.
- Papa !
- Oui fiston ?
- J'ai envie de tuer. Maman, je veux
du travail !
Décembre (5). Ma mère m'a payé
un dictionnaire de citations. J'en trouve plein sur la philosophie. Je
me prépare déjà à l'an prochain. Mon prof de français est drôle : c'est
un Alsacien qui a l'accent de Marseille.
Décembre (12). Bulletin du
premier quadrimestre : que d'éloges, j'en suis rouge. Bons résultats,
ensemble convenable, satisfaisant. Un an après le sport, c'est en
français que se produit la révélation. Jusque là médiocre, ne
comprenant pas le sens des textes, n'ayant aucun talent pour écrire, je
passe du statut de mauvais à satisfaisant élève. A coup sûr l'effet de
déconvenues sentimentales antérieures. Je crois que quelque chose c'est
passé quand j'ai travaillé sur les grands poètes français, Baudelaire,
Rimbaud, Verlaine : il faut avoir souffert pour écrire. Les artistes et
écrivains semblent inutiles à beaucoup puisqu'ils ne produisent que du
vent.
Décembre (14). C'est presque
les vacances depuis hier. La semaine prochaine, les cours seront
allégés avec du ski les après-midi. Je vais à Roanne pour acheter les
dernières choses qui me manquent pour le séjour en montagne.
Décembre (15). Bizarre de
retrouver toute sa classe un dimanche matin, à 8 heures. C'est un beau
voyage, partant vers l'inconnu. Il fait beau. Plus on s'approche de
l'arrivée, plus on s'excite. Et puis on découvre le paradis idéal.
Paysage de carte postale en cette fin de dimanche après-midi, dernier
rayons de soleil. Les pistes arrivent aux pieds de notre hôtel. Et puis
surtout nous avons la station pour nous seul !
Décembre (16). Matin ski de
fonds. Pas à l'aise sur des skis, même de fonds. Par contre, je passe
un après-midi fantastique. Le décor est digne de
Quand les aigles attaquent.
Après avoir escaladé en télésiège une partie de la montagne, nous
redescendons en luge. Il neige. La descente dure au moins deux ou trois
heures. Il y a beaucoup de pauses, histoire de voir si tout le monde
suit. On rigole, on blague avec les profs, notamment avec celui
d'histoire qui était déjà à Paris l'an dernier. La journée se termine
par une fête. On a bien sué du matin au soir.
Décembre (17). Intelligemment
j'ai demandé à ma prof d'économie de m'abstenir de ski aujourd'hui : vu
mes exploits hier, vu que je commence à ressentir une vieille douleur à
un genou… Comme elle avait prévu d'aller en bas, en ville, faire des
courses, elle m'invite à venir avec elle. Ca me fera toujours découvrir
une nouvelle ville. Une camarade de classe se joint également à nous.
Encore de la luge l'après-midi. Soirée vidéo. On aurait pu regarder
Les bronzés font du ski.
Décembre (18). Rien le matin,
luge l'après-midi et play-back le soir. Trivial poursuit jusqu'à très
tard. Je gagne avec Geronimo contre l'équipe des profs. Tout un
symbole. Mais contre ma culture générale et la chance innée de mon
compagnon, que peuvent bien faire deux profs ? Ma prof d'économie de
conseille sur le coup de faire Sciences Politiques après le bac.
Décembre (19). Grande journée
de ski de piste tout juste coupée par le déjeuner. Bataille de boule de
neige et luge en nocturne, improvisées. Encore une fête le soir. Celle
de l'au revoir à la montagne.
Décembre (20). Retour à la
maison. C'est les vacances. Cela fait bizarre car on a passé déjà une
semaine de vacances, on a quand même entretenu nos études, surtout par
des parties de Trivial poursuit. Les lumières de ma rue me semblent
comme jamais merveilleuses rassurantes. Je retrouve ma bande au café.
J'ai encore la tête à la station.
Décembre (23). Je suis à fonds
dans le mouvement grunge et noisy : Nirvana, Pixies, Teenage Fan Club…
Grâce au membres de mon groupe et à ma bande.
Décembre (31). Je passe le
réveillon chez Thierry, retrouvant par la même les autres vielles
branches. Nous buvons énormément, nous allons dans un restaurant
chinois. Nous hésitons à rentrer dans une boite. J'observe deux jeunes
filles qui me font des signes à travers l'œil de bœuf de leur maison
bourgeoise.
Cette année 1991 m'aura permis de faire mes débuts dans l'écriture.
J'ai en effet écris une nouvelle assez délirante. Ca part dans tous les
sens. Je dois avouer que la personne qui m'a donné envie d'écrire ce
genre de récits n'est autre que frère d'Oliver, Lucien. J'ai une des
siennes,
Pamphlet à la masturbation
ou quelque chose comme ça.
Janvier (1). Retour chez moi
difficile. Nuit blanche, lunette noire. Je rentre en train pour midi.
Il y a plein de pèlerins dans le train. Des Italiens et Italiennes. Ca
parle fort. Je regrette d'avoir mangé chinois et bu écossais.
Janvier (8). Jour à marquer
d'une pierre blanche. Ou rose. J'ai enfin le permis. Avec une
inspectrice. Avec l'inspecteur je crois que je ne l'aurai jamais
décroché. Ca se fête pardi !
Janvier (18). Je reprends les
répétitions. J'y emmène Oliver. C'est la grosse défonce pour fêter mon
permis, mais je reste sérieux. Mon bassiste me file plein de pirates de
Cure, et je fais mes premières compilations : noisy and baggy sound.
Janvier (24). Une camarade de
classe, Cécile, nous paye à boire au café pour son anniversaire.
Janvier (27). Absence pour
cause de maladie. Sans rapports avec le paragraphe précédent.
Février (7). Malgré le temps
frais, je vais jouer au basket avec un camarade de classe sur le
playground du stade du lycée. Mes statistiques : 6 points, 6 rebonds, 1
block, 2 interceptions. Bien. Mais ce ne sont pas des statistiques
d'arrière ! En ce moment il y a les J.O. d'Albertville. Dire qu'il y à
peine deux mois nous n'étions pas loin…
Février (20). Tournoi du lycée
interclasse de volley-ball. Je n'ai que mon service pour moi mais je
fais quand même le malin. Bal du lycée. Même endroit que l'an dernier,
même ambiance, même quête. Trop de dance-music, mais je danse quand
même dessus. Hang the DJ.…
Février (28). On se rappelle
toute la vie de choses que l'on faisait lorsqu'il s'est passé un
événement. Quand Claire m'a téléphoné, je regardais
Le nom de la rose.
Il était 11 heures. Journée ensoleillée. Elle est venue avec une
copine. Un peu le look corbeaux. Je ne l'aurais pas reconnu. Elle,
aussi ne m'a pas reconnu. Rendez-vous pris maladroitement dans un café
près du château. Elles mangent un croque-monsieur qui a l'air infâme.
Je me sens vieux de 10 ans.
Février (29). J'ai rendez-vous
avec un ami pour discuter de pas grand chose. Et puis comme ça, d'un
coup, on décide de prolonger notre soirée en boite, c'est plutôt moi
qui décide de ne pas rentrer de suite, car il a en fait rendez-vous
là-bas avec deux superbes blondes. Belle fin de soirée.
Mars (5). Rendez-vous au café
de la gare pour préparer un bal.
Mars (10). Nirvana joue à Lyon
et je ne peux pas y aller. 80km, école demain..! Dans 104 jours le bac
de français.
Mars (22). Je vais voter pour
la première fois. Temps gris. Match d'anthologie de basket à la
télévision.
Mai (5). J'apporte mes nouveaux
dessins en cours. Je me rasais en vitesse et pour ne pas rater le début
du match j'écoutais la radio quand le drame se déroula à Furiani.
Mai (6). Bac blanc de français.
Derniers réglages. On parle tous du drame d'hier soir. Finale de coupe
d'Europe avec Monaco.
Mai (9). J'ai reçois une lettre
de mon correspondant d'Allemagne. Comme son père est Américain, il
m'écrit en anglais. Il m'envoie une photo d'Andy, un doux dingue, de sa
très belle sœur et de sa copine.
Mai (16). Je continue toujours
mes répétitions.
Mai (22). Morrissey a 33 ans,
l'âge du christ.
Mai (29). Les V.R.P. devaient
jouer dans la boite d'à côté. C'était une mauvaise blague.
Juin (4). Je reçois ma fiche
d'évaluation : travail fourni normal ; sérieux (selon les matières) ;
communication moyenne ; attitude posée ; beaucoup de connaissance
"intéressant".
Juin (8). Je commence mes
révisions. Mes journées seront rythmées par elles et par les matchs de
l'Euro de football.
Juin (16). Bulletin du second
quadrimestre : une baisse prévisible dans les matières qui seront
abandonnées l'année prochaine, pour le reste je suis toujours appliqué,
travail et résultats corrects. Intéressé et pertinent, capable de
réflexion.
Juin (24). Oral de français.
Bien passé.
Juin (26). Écrit de français.
Bien. Je traîne de plus en plus avec Oliver, surtout depuis que j'ai le
permis.
Juillet (16). La télévision a
la bonne idée de passer la première série de
The Avengers.
V.O. noir et blanc. Les journées se ressemblent. Piscine quand il fait
bon le matin, vélo l'après-midi quand je ne suis pas hors service et je
rentre pour suivre la fin de l'étape Tour de France. Je traîne le soir
au bout du lac avec des amis. On discute de tout, de rien. On marche
dans les hauteurs de la ville. J'aime aussi faire du vélo sous l'orage.
Août (4). Les Jeux Olympiques
de Barcelone meublent le temps, avec la natation le matin à la piscine.
Avec mon pote on s'amuse à planquer des bouteilles dans le bois sur les
hauteurs de la ville, pour aller les chercher le soir venu et,
transformer la bouteille en cadavre. Une bouteille de Bailey's à deux
c'est écœurant.
Août (8). Je vais voir un
camarade de classe. Mes week-ends sont les mêmes. Je m'évanouis dans la
nature avec ma bande. On picole mais on reste cool et propre, on va
toujours dans la même boite ou dans les mêmes bals. On passe une soirée
féerique au sommet d'une montagne, près d'une chapelle : un feu de
bois, de la bière, la fête en écoutant
Nevermind
de Nirvana. Quand le feu est entièrement consumé, il est 2 heures du
matin, on redescend pour aller au bal du coin, pour voir la
décontraction des autochtones partis étudier dans les grandes villes.
Septembre (11). Rentrée au
lycée. Dernière année si tout va bien. Super classe. Un seul nouveau,
venant de l'extérieur. On n'est pas beaucoup, vingt et un exactement.
Septembre (21). Premier travail
de philosophie. Je craignais le côté abstrait de cette discipline, mais
finalement je me passionne pour elle. J'ai un sujet. Sur l'art et les
techniques.
Septembre (26). Toujours des
répétitions, bien qu'on n'ait pas vraiment de projets de cassettes ou
de concerts.
Octobre (5). Rendez-vous avec
le conseiller d'orientation. Je ne sais pas du tout ce que je veux
faire l'an prochain.
Octobre (20). Premier devoir de
philosophie, "technique et idéologie". Je suis très inspiré : 6 pages.
Octobre (22). 14 heures,
l'heure des vacances. Le peux tirer le bilan de ce premier mois. Nous
sommes les chefs. Aux intercours nous sommes des pachas qui fumons
notre cigarette dans la cours, sous les abris. Les intercours sont les
moments de retrouvailles avec ceux qu'on connaît et qui sont dans
d'autres classes. Nous parlons de la télé de la veille, de résultats
sportifs, des couples du lycée… Avec ma bande nous avons aménagé un
local. On s'y rassemble tous les week-ends. On n'est pas des méchants.
Mêmes si certains ont des tendances cleptomanes.
Octobre (24). Beau dimanche :
je marque encore un but et je découvre un nouveau lieu de fête, dans
une petite maison, dans la partie basse de la grande rue de LC. Sur
fonds de Noir désir (1er album).
Octobre (31). Je vais à Louhans
avec mon club, chercher une récompense gagnée la saison dernière, dans
le classement départemental des équipes les plus offensives. J'y vais
bien que je ne jouais pas la saison dernière. Les invités sont cette
année, le sélectionneur de l'équipe de France, Gérard Houiller, et le
journaliste Jacques Vendroux. Nous sommes conviés après au match entre
Louhans-Cuiseaux et le Gazelec Ajaccio. C'est la première fois que je
vais dans ce stade, qui porte encore les stigmates du dernier passage
des "supporters" du FC Mulhouse.
Novembre (2). Je fais croire à
mon meilleur camarade de classe que Gérard Houiller avait dit samedi
devant l'assistance, qu'il sélectionnerait Djorkaeff, le joueur fétiche
de mon pote. Je suis un peu salaud quand même !
Novembre (3). Correction du
sujet de philosophie. J'obtiens un remarquable 16/20 : très bon
travail, pertinent. J'ai "compris ce qu'était la philosophie", ce qui
n'est pas rien.
Novembre (13). Les vendredis
après-midi au lycée, jadis dédié à Bacchus, sont devenus au fil des
mois mornes, ternes. Je rentre souvent après la fin du cours, en
voiture. Il y a des traditions qui se perdent.
Novembre (24). Inscription pour
le bac enregistrée. Semaine très chargée en travail avec beaucoup de
devoirs surveillés.
Novembre (27). Seconde
dissertation de philosophie : la conscience de soi-même. Malgré la
relative rudesse du sujet, j'en écris encore 6 pages. Pour reposer mes
neurones je sors le soir en boite, celle où j'avais rencontré deux
belles blondes, il y a quelques mois.
Novembre (30). Nous avons un
stage à faire au mois de mars mais nous nous mettons tous à la
recherche d'une boite. Nous avons une convention à faire remplir. Je
pensais aller dans la boite où j'ai travaillé l'été 1991 mais ils ne
prennent pas de stagiaires.
Décembre (4). Bulletin du
premier trimestre : sérieux, vif, pertinent, excellent trimestre. Je
confirme ma propension à l'expression écrite en philosophie. Je voyais
cette matière plus dure, mais en fait, elle est toute bête. Il suffit
de réfléchir un peu. On ne fait qu'une année de philosophie, mais cela
sert toute sa vie, dans toutes les disciplines.
Décembre (7). Correction de
philosophie : 14/20, bon travail.
Décembre (12). Lettre de Mike
mon correspondant allemand. Il s'inquiète de l'image de son pays après
la vague néonazis actuelle. Il écoute toujours du hard…
Décembre (18). Vacances de
Noël. Il n'y a pas de débordements dans les cafés. Il n'y a plus la
même ambiance qu'avant. C'est désolant. Mes vacances seront tout sauf
extraordinaires : nouveau devoir de philosophie, répétitions,
télévision, sortie au local et en boite ou au bal… Je ne sais pas
encore ce que je fais pour le 31 décembre.
Décembre (31). Réveillon au
local. On mange bien. On boit et rigole beaucoup. Dommage que mes
finances ne me permettent pas de poursuivre la soirée avec les autres
dans notre boite habituelle. L'entrée majorée pour le réveillon est, je
trouve trop chère pour ce qu'il y a à l'intérieur. Souvent il y peu de
monde.
Janvier (1). Pourquoi faut-il
qu'il y ait toujours des repas de famille le jour de l'An ! Comme l'an
dernier je suis un peu dans les vapeurs d'alcool.
Janvier (2). J'ai trouvé de
nouveaux musiciens en banlieue. Infidélité ou impression de fin avec le
1er groupe ?
Janvier (4). Je rends mon
devoir de philosophie sur l'exigence et la personnalité, avec en cadeau
pour la prof la vidéo de
L'emprise.
Je suis tombé sur un livre de Jim Morrison,
An american prayer. Quel claque !
Je note sur mon agenda et des carnets, des extraits.
Janvier (7). En sport, nous
allons entre midi et deux à la piscine couverte. Original. Ce n'est pas
bien bon pour la santé de ressortir les cheveux mouillés, par ce temps
hivernal. Mais c'est tellement bon pour mon genou. J'ai eu des
problèmes ligamenteux... J'ai été dispensé de beaucoup d'heures de
sport. C'est la première fois que je suis dispensé de sport, l'année où
ça compte pour le bac !
Janvier (16). Je répète
successivement avec mes deux groupes. Qui peut se targuer au lycée de
faire partie de deux groupes de rock ?
Janvier (25). Comme l'an
dernier, Cécile paye à boire pour son anniversaire.
Février (4). Saint-Étienne,
j'ai du aller voir le médecin des Verts pour mon genou. Un camarade,
ancien apprenti footballeur me la conseillé. Le médecin, lui, m'a
conseillé d'arrêter le football.
Février (5). On m'a récemment
présenté au lycée, une fille qui prends pourtant mon car depuis le
début de l'année, je n'ai du faire attention à elle. Nadège. J'avais
rendez-vous chez elle pour lui amener un album de Noir Désir. Je
l'invite pour le bal que j'organise demain en vue de financer un repas
au mois de mai avec mes conscrits.
Février (6). Je profite de la
présence de Nadège pour m'éclipser du bal. Je mange exotique chez elle
en rentrant.
Février (8). Me sentant sûr de
moi, je fais les deux sujets de philosophie : "qu'est-ce qui justifie
le respect d'autrui ?" et "un peuple sans histoire peut-il être libre
?". Cela m'inspire. Les révisions commencent pour le bac blanc général.
Février (13). J'accompagne
Nadège à Roanne. Pendant le voyage, elle me parle d'un voyage à Venise
organisé par la classe d'italien du lycée. Elle dit que ça serait cool
d'y aller. Je vais y réfléchir, rapidement car il y a une réunion pour
ça lundi.
Février (15). Réunion
d'information sur le voyage à Venise. La prof était enchantée de voir
que des élèves qu'elle n'a pas en cours étaient partant pour ce voyage.
Février (18). Grosse journée
avec la fin du bac blanc et le tournoi de volley interclasse. Tout se
passe bien. Sauf que Nadège ne peut plus aller à Venise.
Février (20). Répétitions avec
mes groupes. Je sors Nadège au bal où l'on retrouve plein de camarades
du lycée.
Février (24). Invité à manger
chez Nadège. Je passe beaucoup de temps sur mes sujets de philosophie.
Mais j'ai un mois car du 1er au 15 mars je suis en stage. Par contre
pour Venise je ne sais pas comment faire.
Février (26). Anniversaire de
Nadège. Petite fête chez elle, puis boite habituelle. On créait un
nouveau cocktail, le "Nadège", composé de jus de fruit, sirop de
grenadine, et vodka.
Mars (1). Je commence mon
stage, dans un magasin. Le lundi ce n'est ouvert que l'après-midi.
Début en douceur. Il n'y a pas un client. Je me démène à gonfler des
sacs de camping.
Je téléphone à Nadège pour qu'elle m'aide en philosophie.
Mars (6). J'achète dans un
magasin de surf un gigantesque sac de voyage. Je me suis décidé pour
Venise. J'y vais. Je retrouve le soir, mes deux meilleurs camarades de
classe au bal. On s'échange des nouvelles sur les stages respectifs que
l'on fait.
Mars (8). Au début de cette
seconde semaine de stage, je commence à me lasser des trajets
quotidiens. De la routine de 7 heures du matin jusqu'à 20 heures le
soir. Les journées sont les mêmes. Ca doit être ça le travail quotidien.
Mars (15). Retour au lycée
après un mois. Je rends ma copie de philosophie, récupère ma cassette
de
L'emprise.
La prof d'italien m'apprend qu'elle passe un film vendredi sur Venise.
Je pique nique avec quelque uns de ma classe à midi. Nouveau devoir à
philo.
Mars (19). Encore un pique
nique. Et puis le documentaire sur Venise que j'ai déjà vu à la
télévision. J'ai un rapport de stage à faire.
Mars (24). Je pars dans moins
d'une semaine. Aussi, vais-je chez le coiffeur. Je fais rapidement le
rapport de stage.
Mars (29). J'apporte mon
rapport de stage, je dois le taper sur ordinateur, je ne sais pas où ?
J'amène aussi mon dictionnaire de philosophie. Je reçois avant de
partir mes devoirs de philo : 14 et 15/20.
Nous prenons un premier train en fin d'après-midi. Et puis un second de
nuit, avec couchette. C'est la première que je vais passer la nuit dans
un train. C'est comme dans les films sauf qu'on est six par
compartiment. Je dors au dernier "étage" avec pour voisine d'étage la
prof. J'ai du mal à m'endormir. Mon premier train de nuit…
Mars (30). J'ouvre les yeux peu
avant 8 heures. Le train traverse la fin de la Vénétie : Vicenza,
Padova, Mestre. Je vois les gens sur les quais avec leur cartable, les
étudiants, les employés. Ils ont tous des petites lunettes de soleil et
des anoraks. Le train s'arrête en gare Santa-Lucia. Le soleil s'est
levé. En sortant de la station, surélevée, c'est le choc immense qui
m'envahit. Une vision irréelle d'un panorama vu dix milles fois à la
télé ou en photo. Une impression difficile à expliquer. On entre dans
un monde diffèrent. Unique. Pittoresque. On prend un café. Nous allons
vite prendre connaissance de notre hôtel, de nos chambres. Et puis
l'aventure, il n'y a pas d'autres termes connu, commence. Tout est
nouveau, tout est diffèrent. Même du reste de l'Italie, selon la prof.
Mars (31). Musées, églises,
musées, églises. Mais je ne m'en lasse pas. Du moins des musées. Il y a
tellement d'œuvres universellement connus. Je demande à un gardien qui
lit
La gazetta dello sport,
où en est la "squadra di Venezia". Malins, les restaurateurs parlent
tous au minimum quelques mots de français. Ils voudraient tous qu'on
les paye en francs. Bien sûr. Quelle balade dans ces ruelles, ces
places, ces petits ponts sur ces canaux qui se ressemblent tous ! Il
serait si facile de se perdre. Pont des soupirs, place Saint-Marc, tout
le classique y passe. Toujours le soleil. Il n'y a pas trop de
touristes, c'est juste avant le déferlement. On ne voit pas beaucoup de
Vénitiennes. Il paraît que ce n'est pas la ville idéale d'Italie pour
nous les hommes, si l'on vient pour la drague.
Nous allons sur la plage du Lido. Je me dis qu'au loin, après
l'horizon, il y a la guerre en Yougoslavie, que je n'ai jamais été si
près d'un conflit armé. Cela fait bizarre. Cette plage du Lido …
Certains s'y trempent les pieds. Mais quel pied cet endroit! Derrière
nous le palais du festival cinématographique de Venise. Devant
l'Adriatique. Que demander de plus ? C'est un endroit féerique, encore
plus que le reste de la cité lacustre. Cette grande avenue bordée
d'hôtels faisant face à la mer. La tranquillité personnifiée. La prof
me parle d'un film que je que connais que de nom,
Mort à Venise, où la scène finale a
été tournée sur cette plage.
Avril (1). Tour en bateau,
shopping. En ce début de printemps, le soleil ne nous aura jamais fait
faute. Venezia, Mestre, Padova, Vicenza, Verona (on évoque bien sûr un
couple célèbre et un balcon), Brescia (prononcé apparemment "Brétchia"
et non "Brécia"), Milano où nous changeons de train. Sans couchette…
Avril (2). La nuit de sommeil
fut inexistante : dix malheureuses minutes avant le changement de
train. De retour au lycée, je crois devenir fou. J'ai la sensation que
tout le monde parle italien ! Chaque petit groupe de discussion semble
s'exprimer dans la langue de Dante.
Avril (4). Je me sens vraiment
très bizarre depuis mon retour en France. Un tel voyage, tout ce qui
s'est passé. Je sens le vide autour de moi. J'appréhende le retour au
lycée. Non pas en raison du bac blanc, je n'y pas pensé une seconde à
Venise. D'ailleurs je crois que je n'ai pensé à rien là-bas, comme si
mon cerveau était déconnecté. Seuls mes yeux pensaient, devant de tels
spectacles. Mort à Venise, c'est bien ça.
Je vais au stade où un camarade de classe joue contre mon ancien club.
Avril (5). Bulletin du second
trimestre : ridicule petite baisse en économie (cela doit être logique
d'un point de vue des sciences économiques).
Avril (6). Le bac blanc
approche à grands pas. Ce voyage m'a vraiment fait du bien. Le cerveau
à pris l'air de la mer. Impeccable. Oxygénation totale. Il y a un match
de football entre un club français et un club italien. Mon cœur balance.
Avril (8). Je pète un câble ou
inconsciemment je bluffe. Je déclare ma flamme à une personne que je
vois plusieurs fois par semaines, N, qui m'a enivré. Comment ai-je pu
tomber amoureux d'elle alors que je me suis dis si souvent que c'était
bien la dernière chose à faire, surtout avec la perspective du bac ? Je
vis dangereusement. Heureusement que je suis devenu son complice et que
cette histoire restera dans l'ombre de l'Histoire.
Avril (13). Que se passe-t-il
après une épreuve du bac blanc ? Je vais récupérer mon rapport de
stage, tapé par N sur son ordinateur. Chez elle nous avons reparler de
mon désarroi de jeudi dernier, quand elle ma ramené chez moi. Fatigué
par la tension des différentes épreuves, écrites et psychologiques,
traversées depuis une semaine, je m'écroule sur son lit. Elle fait de
même. Et on s'embrasse, nos lèvres se rejoignant, nos esprits le
suggérant, simultanément. Je suis parti dans une autre dimension. Mais
cette relation, je le sais, ne sera pas facile à gérer.
Avril (14). Le lycée organise
pour les élèves de terminale une sortie sur le campus universitaire.
J'ai franchement la tête ailleurs. Mais je me sens bien en pensant à ce
que j'ai vécu hier, en me disant que je revivrai cela demain
après-midi. Je cultive un sentiment de puissance, de supériorité sur
les autres.
Avril (15). Elle a brisé notre
idylle. Deux jours. Cette fois c'est d'en face que vient la décision de
stopper là cette liaison dangereuse. Mais je ne l'accepte pas comme ça.
A quoi ça rime ? Je suis encore tombé sur une timbrée. Pourquoi je
n'attire que des tarées ? Le titre de champion d'Europe de Limoges à un
goût bien amer.
Avril (16). Je revois N avant
d'aller en cours. Elle m'offre pour me consoler son briquet tempête. Il
a pris son odeur, je m'en enivre. Maladivement. L'odeur de sa voiture,
l'odeur de la vanille. Elle m'a par surprise. Elle me déconcerte. Je
dois avoir l'air étrange aux yeux de Geronimo et des autres de ma
classe. Je deviens paranoïaque. N'ayons l'air de rien même si c'est
très difficile. Aujourd'hui les vacances de Pâques débutent mais je ne
crois pas que les fêterai comme les autres fois. Elle me dit qu'elle
m'écrira pendant les vacances et que peut-être, elle viendra me
chercher pour qu'on se balade dans la nature. Ces vacances tombent
finalement bien.
Ce soir je suis allé en boite avec Nadège. Mais je n'allais pas très
bien. Ca se voyait, et je ne suis pas du genre à cacher mes sentiments
quels qu'ils soient. J'aurais mieux fait de rester chez moi. Nadège m'a
réconforté. Elle est ma confidente en chef depuis une semaine et les
"événements".
Avril (17). Je reçois sa
première lettre. Je la dévore comme si c'était elle que je dévorais.
Paroles, paroles : elle se pose des questions existentielles. Moi aussi.
Avril (18). Je lui écris. Avec
passion et déraisonnement.
Avril (21). Nouvelle lettre
d'elle. Elle répond à ma lettre. Je lui manque. Elle me flatte du
premier au dernier mot. Elle s'est attachée à moi.
Avril (23). Elle vient me voir
pour la première fois chez moi.
Avril (25). Elle est revenue me
voir. On fait un tour dans la campagne avoisinante. A nous écouter,
nous nous supprimerions. A quoi ça sert de vivre si c'est pour
travailler toute sa vie ? Il n'empêche que ces remarques me troublent.
On est monté dans ma chambre. Llyod Cole et beaucoup de commotions.
Avril (27). Nouvelle lettre de
N. Elle est malade mais pense énormément à moi. Elle m'envoie des idées
pour ma dissertation. Je crois que mes superbes notes de philosophie
l'ont marqué. Notre histoire semble vouloir continuer.
Mai (1). Banquet. Long, il a
fallut se taper la messe, les fleurs sur les tombes, la pluie, et pour
couronner le tout, N ne peut pas venir.
Mai (10). Je pense à mon avenir
en études supérieures. Je choisis une voix, sur les conseils appuyés de
N. La note du dernier devoir de philo est de 15/20, à deux c'est pas
mal. Mais sur un commentaire de textes, je bas mon record, 18/20,
laconiquement, "très bonne synthèse".
Mai (13). Vu mes dispenses en
sport, je dois pour le bac, composer une dissertation sur le sujet
sportif de mon choix. La note du bac blanc philo : 13/20, corrigé par
l'autre prof de philo, commentaires illisibles.
Mai (14). On se donne
rendez-vous au café du quai. On parle de nos futures occasions de se
voir, de passer des nuits ensemble. Vivement l'an prochain, notre
indépendance.
Mai (19). Je vais au restaurant
avec mon amour. Nous allons voir Nadège après.
Mai (26). Les derniers jours
n'ont pas produit de choses sortant de mon désormais ordinaire. Une
double vie. Ce soir Marseille a gagné la première coupe d'Europe pour
la France.
Mai (27). Nous nous évadons
dans la ville voisine, dans un café. Nous jouons au flipper. Nous
buvons un café. Grillons trop de cigarettes. Je l'invite à manger en
amoureux, chez moi dimanche, à midi.
Mai (30). Seul à la maison, je
peux en profiter pour la recevoir. Je lui avais préparé un succulent
repas, et beaucoup de gâteries, ces instants là resterons à jamais dans
nos mémoires.
Juin (1). Je m'inscris en fac.
Je prévois avec N une nuit, échappée nocturne, pour le dernier jour de
ma vie au lycée.
Juin (2). Bulletin du dernier
trimestre : très grande année, des capacités intéressantes et pas que
boire de la bière ou des alcools blancs. Belle régularité. Je deviens
très pertinent. Grâce à la philosophie qui permet d'approfondir sa
pertinence. Ils ne se sont doutaient de rien.
Juin (3). Avant-dernier jour de
classe. C'est de même la fête du lycée, avec diverses activités. C'est
une soirée excitante en perspective avec N. On s'est donné rendez-vous
vers 17 heures, sur la route menant à notre évasion. Nous allons dans
un hôtel autoroutier pour prendre une douche et déposer nos
nécessaires. Derniers instants de répit avant d'attaquer les révisions
finales pour le bac. Nous allons dans une pizzeria puis retournons à
l’hôtel. A la télévision on joue
American
graffiti, que je n'ai jamais vu. Je le vois la tête à l'envers,
étendu sur le lit, attendant N. Et puis elle vient.
Juin (4). Cette dernière
journée de classe est inoubliable. J'ai encore la tête à cette nuit, à
tous ces moments. Mon corps le ressent. Je dois paraître une nouvelle
fois étrange à certains. S'ils savaient ma nuit que j'ai passé. Mais
maintenant, après le plaisir, le travail m'attend.
Juin (7). Je passe l'épreuve de
dessin. Sans pression, seuls les points au-dessus de la moyenne
comptent.
Juin (11). Je passe la philo.
Ca s'est bien déroulé. J'ai déroulé. Je vois N qui m'invite à dîner au
restaurant le soir. Encore un ultime instant d'intimité, en amoureux.
Juin (16). Rendez-vous à 14h30,
pour un boulot dans le secteur commercial. Je sens le coup fourré.
Nadège pense comme moi, avec l'expérience dans cette même boite en
plus. Je dois trouver un job pour cet été.
Juin (19). Avec N, nous allons
à la fête de la musique, voir un groupe que nous connaissons, mais que
je trouve amateur. Première divergences de point de vue. Je deviens de
plus en plus jaloux, et insupportable quand des hommes lui parlent.
Juin (26). Les épreuves du bac
se sont terminées à 20 heures. Je bouffe avec des camarades. Je n'ai
pas vu mon amour depuis trop longtemps. Je deviens irascible. J'attends
de ses nouvelles en même temps que j'attends mes résultats du bac.
Juin (28). Il fait un temps
pluvieux. Je décide de me faire une journée
Guerre des étoiles.
Je visionne les trois films. Encore quatre longues journées d'attente.
Ca devient très éprouvant nerveusement. Je suis obligé de prendre des
tranquillisants. Toujours pas de nouvelles de N. Je vais devenir fou.
Juin (30). J'avoue
qu'aujourd'hui, j'ai pété les plombs. Mais je ne sais pas si cela vient
de l'attente des résultats du bac ou de ma liaison que je vis
actuellement.
Juillet (2). J'ai le bac, avec
mention. Il a fait beau toute la journée. J'aurais aimé que N soit là
pour partager ma joie immense. On ne vit sa qu'une fois. Ca gâche un
peu mon ivresse. Mais je l'ai vu.
Juillet (3). Je vais changer de
club à la rentrée. Je vais au méchoui de ce nouveau club. Je confirme
mon inscription en faculté. N me contacte, on se donne rendrez-vous
lundi après-midi.
Juillet (5). Elle et moi
profitons de nos retrouvailles pour rattraper le retard accumulé depuis
plusieurs semaines. Elle me dit qu'elle sera partie souvent pendant ces
grandes vacances. Moi qui voulais qu'on aille à la mer ensemble…
Juillet (6). C'est l'adieu au
lycée. Je ramène mes livres.
Juillet (7). Je me suis inscrit
dans deux villes différentes, dans deux sections. Je n'ai pas encore
décidé où j'irai.
Juillet (9). Nadège a loupé le
bac, mais elle organise quand même une petite fête chez elle. Après, le
Mamba nous réceptionne dans un état proche de l'Ohio.
Juillet (13). N est partie en
vacances en famille. Je flirt avec une jeune italienne Je sens
tellement que mon amour est parti pour de bon, est parti tout court.
Juillet (14). Soleil de plomb
et goudron qui fond. Je revois dans cette fournaise Stefany, avec qui
j'ai flirté hier. Elle était avec sa tante. Elle a fait comme s'il ne
s'était rien passé hier, peut-être à cause de sa tante. Je la revois le
soir au club. Nous mettons fins de façon bilatérale à notre relation.
Juillet (15). Je me fais une
soirée Liverpool, en vidéo. Je n'ai rien trouvé comme job d'été.
Juillet (19). Sur mon agenda,
je change la couleur de mon encre : noire à la place du bleu. Je porte
le deuil de mon amour que je sens partir de travers. Je vais les matins
à la piscine, et l'après-midi, je me balade en vélo. Je vais au bal
avec mes meilleurs amis de cette dernière année de lycée.
Août (3). J'ai trouvé du
travail en intérim pour cette semaine, dans une usine. Ce soir c'est la
reprise des entraînements du football.
Août (6). J'ai fini mon boulot.
Nadège me présente une de ses cousines. Une superbe blonde, de passage
dans la région. Je crois qu'elle comprend que mon amour bat de l'aile.
Août (7). Enfin des nouvelles
de N. Au soleil. Chez sa sœur. Elle m'appellera quand elle sera de
retour ici.
Août (31). Elle devait me
joindre aujourd'hui, pour me faire visiter son nouveau chez soi. Elle
m'a oublié ?
Septembre (2). On m’avait
envoyé ma convocation d’inscription à la Fac. Je laisse ma voiture à la
gare, je monte dans le train et j’arrive une heure et demie plus tard à
Dijon. Je retrouve cette gare que j’avais quitté en revenant de Venise.
Evidemment je pensais continuellement à N.
13h30, inscription définitive à la faculté de droit. Découverte d'un
nouvel univers, fascinant, fascisant. Il règne une chaleur
insupportable. Comme étant ponctuel, j’ai eu le temps de faire accoster
par une créature de taille mannequin et sourire de lobotomisé. Une
créature d’une mutuelle étudiante. Et bla-bla-bla... C’est facile de se
faire berner quand on débarque. Moi je débarquais. Après l’inscription,
je repartais à la gare.
Il s’est passé un truc ce soir. Le fait est que pour moi, l'histoire
avec N est fini ce soir.
Septembre (5). J'étais sortis
la veille, couché à 4 heures du matin. Et à 9 heures 30, je devais
disputer un match d'entraînement, en plein soleil. Déjà que j'avais
soif... De 10 à 12 heures, le soleil atteignait son zénith et moi je
souffrais de la chaleur. A la fin de la partie, on m'invita à
l'arrosage de l'anniversaire de l'un de mes coéquipiers. Nous étions
cinq. On m'avait dit que ce ne serait pas long et je pensais donc
rentrer vers 13 heures. On m'avait dit... Hélas, je m'aperçut trop
tard, bien trop tard que cela dépassait les limites. Une bouteille tout
seul, la moitié pour N… Je me suis laissé aller peut-être à cause
d'elle. C'est une belle excuse.
Septembre (9). J'essaye de
revoir N. Je retourne donc rôder autour de mon cher, ancien, lycée.
C'est ma fête. Je la vois enfin. Elle fait l'innocente. Moi, j'ai un
paquet de Camel sans filtre. Je lui fais la comparaison avec Mickey
Rourke car
Angel Heart était
passé à la télé. Elle me fit remarquer que je prenais une mauvaise
attitude, elle qui m'avait initié aux Benson and Hedge. Mais
maintenant, elle pouvait toujours causer. Tout ce qui m'arriverait
serait de sa faute, ou du moins sous son influence.
Elle me montre sa demeure, charmante comme elle. Non, en fait, c'est du
neuf et je déteste ce qui est neuf, le côté préfabriqué, sans histoire,
sans passé, cela n'a aucun intérêt à mes yeux, c'est du vide. Cela
tombait alors bien. Il ne se passa rien, pas de touchés, pas de
caresses, pas de baisers. C'était somme tout logique, notre liaison
était bien achevée. Ma dernière lettre contenait des sous-entendus sur
la suite à court terme de notre liaison. Vu qu'elle ne m'avait pas
prévenu de son départ à la mer, je lui écrivis que notre belle histoire
l'était de moins en moins à mon goût, qu'elle avait du plomb dans
l'aile. Elle pris cela pour un signe de rupture. Je crois même avoir
souligné que je posais la question de savoir si je ne devais pas
chercher quelqu'un de mieux, quelqu'un qui me montre un peu plus
d'amour. Elle me parla de la fac, que c'était bien, que j'allais
m'éclater, évoquant ses souvenirs, pour moi douteux, comme tout ce
qu'elle disait désormais. Elle essayait de me gruger une fois de plus.
Elle me dégoûte.
Septembre (12). J'aurai dû
aller hier à Saint-Étienne, avec l'animateur des nuits du Biblos,
histoire de le voir à l'œuvre. Je n'aurai pas joué au football, j'aurai
du.
Dix jours se sont écoulés depuis ma trop fameuse inscription à
l'université. Dix jours où je ne vois pas très bien le sens de la vie.
Aujourd'hui il fait beau. Chaud, ensoleillé comme aime la plupart des
gens. Moi quand le thermomètre atteins plus de 25 degrés, je me plains.
S'il pleut, s'il grêle, s'il neige ou si le temps est simplement gris,
brumeux, je suis heureux.
Aujourd'hui, je devais disputer le match d'ouverture de la saison de
football. Seulement, je n'en eu pas le temps. Huit minutes de jeu et je
me blesse gravement au genou. Je viens de perdre beaucoup de choses en
peu de temps. J'ai l'impression d'être sur une mauvaise pente, dans une
mauvaise direction. Après une blessure viscérale, vient une blessure
physique. Je dois porter des béquilles pendant une semaine, pour la
première fois.
Septembre (15). Ma semaine est
rythmée par les tentatives de la retrouver et mes rendez-vous chez
différents médecins. Pour me changer de mes idées noires, je suis
invité chez Nadège pour manger. Soir de match de Coupe d'Europe.
J'essaye de convertir Nadège aux joies télévisées du football. C'est un
beau match, tant mieux. Cette soirée me fait du bien. Je suis prié de
me rendre ce week-end avec son mec dans la boite où il a trouvé depuis
quelques mois, une nouvelle place. Je verrai selon l'état de mon genou.
J'ai moins mal, j'ai des compresses. Il m'en faudrait aussi sur le cœur.
Avant d'aller chez Nadège, j'avais donné rendez-vous à N chez moi. Je
vivais le moment présent avec la pensée de la revoir, le lendemain.
Bien sûr, une fois de plus elle m'ignora royalement. Vivement
l'automne, saison des amours morts, des âmes mortes.
Septembre (23). Je me fais de
nouvelles connaissances, dont Muriel que j'avais ramené du lycée
quelques jours auparavant, qui partageait avec moi, mais peut-être
ponctuellement, une passion pour les Beatles. J'échange des albums avec
elle, aussi
The wall de Pink
Floyd. On s'est rencardé pour le lendemain soir au Mamba. Je passe chez
une autre. En cachant mes déboires. J'ai passé beaucoup de temps à
rôder dans le quartier du lycée, et ne pas voir N me mine le moral, je
frise l'instant de folie. Je l'aime encore.
Septembre (24). Pour tuer le
temps, j'essaye une nouvelle voiture. Je suis allé faire un tour à
Roanne, rôdé avec Oliver et Fernando. Je passe tous mes vendredis et
samedis soirs dans notre local, puis le plus souvent nous terminons au
club ou au bal. Mon genou me faire toujours un peu mal, mais je marche
normalement.
Septembre (27). Mon coiffeur
est extraordinaire. La légende, selon Oliver, était qu'il parlait en
anglais à certains de ses clients. Je devais être un client trop récent
pour qu'il prenne la liberté de s'exprimer avec moi ainsi.
Dans une semaine, j'aurais repris les cours à la fac. Je profite de
cette dernière semaine comme je peux. Je retourne à Wittmer et je
revois quelque uns de mes meilleurs camarades de classes de terminale.
Je mange avec Geronimo au self du lycée, ce qui me fait drôle. J'étais
content de le revoir et son invitation m'a fait chaud au cœur. On est
allé chez lui, une maison calme, à la campagne. Comme celle de mes
parents que je rêve d'habiter de nouveau. J'en rêve la nuit, des fois.
Mais le réveil après ce rêve est dégouttant.
Septembre (30). Le moi de
septembre touche à sa fin. Ce dernier jour correspond à mon
emménagement dans mon studio à Dijon, sur le campus. Mon retour dans
cette cité bourgeoise et froide, un mois après, est très contrasté par
rapport à ma dernière visite.
Il faisait gris et j'avais quitté mon village vers 9 heures, accompagné
d'Oliver et d'Alain B, étudiant en Economie, pote aussi à Thierry.
L'étudiant rejoint sa demeure, je découvre la mienne. J'ai la meilleure
vue de tout l'immeuble. Quatrième étage. Vue sur la ligne d'horizon
dessinée par le campus. Superbe couché de soleil. Evidemment la fac
parait immense, comme toute chose que l'on découvre, et elle diminuera
progressivement.
Puis il fallut aménager l'appartement, s'acclimater. Les mûrs de mon
studio me bloquaient pas seulement physiquement, mais aussi
psychiquement. Aussi, je m'empressais de couvrir les murs de posters,
de photos, d'affiches, de messages et de divers trucs. Oliver fit un
tour en ville et rentra le soir trempé comme un rat, après une grosse
averse.
Octobre (1). Mes débuts avec la
fac ont failli être retardé. En effet, étant donné que j'ai toujours la
bonne habitude d'oublier quelque chose quand je pars plus d'un jour de
chez moi, j'avais laissé à la maison le plus important, le réveil. Je
me suis donc contraint à dormir avec le store ouvert pour pouvoir me
lever en même temps que le soleil.
J'étais excité à l'idée de mon entrée dans le monde estudiantin. Je
pensais à pas grand chose, surtout pas à N, et c'est mieux comme ça. Je
quittais mon appartement et Oliver, partant à l'aventure. Il pleuvait
comme la veille. Décidément, Dijon valait bien son climat gris et froid
qu'on m'avait conté.
9 heures, je me rendais à la faculté, traversant tout le campus.
L'architecture des bâtiments est exactement comme le temps. Journée de
présentation. J'arrive dans un grand amphithéâtre, et trouve place à
côté d'un des rares grunges de l'assistance. Il vient de l'Ouest de la
région. Dans une section de 1000 étudiants, on a fait des petits
groupes d'une vingtaine. Personne que je connais sauf deux filles qui
étaient au lycée, dans des classes supérieures aux miennes. Elles ont
du musarder en route. Il y a d'ailleurs beaucoup plus de filles que de
garçons. Je fais équipe pour un exercice de présentation à deux avec
une fille qui s'appelle Schubert, mais je ne sais de quel instrument
elle joue. Je rentre déjà chez moi, la semaine ne se résumé qu'à cette
journée de consignes.
Octobre (2). Fête chez le Grec.
Un ami d'un ami. Perdu en pleine campagne. Pas de femmes, pas terrible
comme fête. Heureusement, il y avait une fête géante retransmise à la
télévision.
Octobre (4). C'est la vraie
rentrée universitaire. Tous les rapaces nous attirent pour prendre nos
sous : associations, mutuelles, etc. Nous découvrons de grands
amphithéâtres de 2000 places. Impressionnant. Cours de droit,
d'économie, principalement. Le prof, un vieil éphèbe, me fait penser à
Lambert Wilson. Et Radio Campus ? Avant la rentrée, depuis que je
savais qu'il y avait une radio sur le campus, je me voyais déjà faire
une émission un peu comme dans
Pump
up the volume,
un de mes dix films cultes. Ce serait le soir, de 22 heures à minuit.
Hélas, il est déjà bien trop tard pour postuler à une émission. Toutes
les plages du soir sont prises. A la limite, j'aurais pu un après-midi,
mais seul le soir me plaisais.
A la fin du cours, l'amphithéâtre, loin d'être rempli, dégueula les 400
étudiants qui s'y tenaient. A 14 heures, ma journée était déjà finie.
Octobre (7). Ces premiers jours
de fac sont amputés des cours de travaux dirigés. De ce fait, je n'ai
aucun cours aujourd'hui. J'en profite pour me faire installer une ligne
téléphonique. Je dois attendre un mois et demi pour la mise en
connexion de ma ligne. Ce qui me bloque dans certains projets.
Octobre (11). Mes week-ends
sont passés avec ma bande. Je suis allé au Mamba. Je rentre sur le
campus le dimanche soir vers 22 heures, après un long voyage en train.
Je ne vois le jour que le lundi matin sur ce campus.
Aujourd'hui, deux rendez-vous avec deux nénettes. Je me dois de trouver
une Anglaise pour parfaire mes textes. Je me suis inscrit à
l'association des étudiants de ma section et au journal qui en dépends.
J'ai vu l'annonce d'une qui cherche des personnes pour parfaire notre
langue... Elle s'appelle Sarah, travaille sur des bateaux mouches. Je
dois la rappeler bientôt.
Octobre (13). Je n'ai pas
encore la télévision dans ma chambre. Je suis le début du match de ma
salle de bain. Cela me fait une impression d'être coupé du reste du
monde. D'être inférieur à tous les autres. Surtout ce soir, où je dois
être la seule personne au monde à ne pas voir le désastreux France -
Israël. A la radio c'est encore plus stressant. 13, ça porte malheur ?
Un nul suffisait ! Honte sur nous. J'espère que l'Angleterre ira, elle
aux Etats-Unis.
Octobre (14). Première soirée
organisée par ma section. Je ne suis pas dans mes chaussures, dans mes
bottes. J'y vais quand même, ayant trouvé deux compagnons pour picoler
un peu. Un truc écœurant, genre crème de coco. La boite se nomme l'An
Fer, porte bien son nom. Il y fait chaud.
J'ai sympathisé avec Stef, une fille qui était dans mon groupe lors de
la journée de présentation. Nous sommes dans des groupes de travaux
dirigés différents mais nous nous voyons le reste de temps.
Octobre (18). J'ai téléphoné à
Sarah et elle me dit qu'elle n'a plus besoin de moi. Je cherche aussi à
m'inscrire à l'unité de valeur théâtre. Stef, aussi est intéressée par
le théâtre. On a cherché ensemble le lieu où l’on doit aller pour
s'inscrire mais on ne l'a pas trouvé. On va à droite et là on nous dit
d'aller à gauche. Et inversement. L'affaire tourne à l'eau de boudin.
Je profite des moments de liberté pour aller chez un disquaire. Je
flâne. J'ai bien raison. Pour tuer le temps j'écris à N, et à d'autres
copains copines.
Octobre (21). Je vais voir des
anciens du lycée dans leur résidence : Charly, Carine, David, qui me
présente à d'autres, Cédric et Marco. On boit un peu. Soirée médecine
dans une grande salle. Ca ressemble plus à un bal qu'à une soirée
ordinaire. C'est donc ça la débauche estudiantine !
Octobre (25). J'écris à mon
ancienne chérie. Pimenté.
Octobre (27). C'est le
bizutage. J'étais au courant, par un opportun délit d'initié. Autre
chose qu'au lycée, beaucoup plus sadique. Pour remercier tous les
participants involontaires, nous sommes conviés à une nouvelle soirée
en boite. Une bouteille de champagne m'attendait chez moi, avant
d'aller avec mes deux Mâconnais dans la même boite que l'autre fois,
pour une même soirée de dupes.
Octobre (28). Mon ancienne
chérie me répond. Pimenté. Je devrais arrêter de me plaindre, de faire
le désœuvré. Elle ressent mon mal-être. Elle est prête à m'aider à le
surmonter.
Novembre (2). Le mois de
novembre est l'un des plus triste. Hier la Toussaint, aujourd'hui le
jour des défunts. Je participe à l'annuaire de ma section, histoire de
rencontrer de nouvelles têtes. Je suis humble rédacteur. Aujourd'hui il
y a une réunion pour préparer le premier numéro. J'amène des journaux
du lycée pour donner des idées de directions. Un type, Christophe de
Nevers, a l'air de d'être une tête. Il est nommé rédacteur en chef,
poste qu'il occupait déjà dans son lycée. Je sens naître en moi une
vocation de journaliste.
Novembre (4). Je vais voir un
docteur spécialiste en médecine du sport car mon genou s'est remis à
enfler, et je ne peux toujours pas le plier. Je sens même le ménisque
bouger. Il me fit un retrait à l'aide d'une grosse seringue, d'un
liquide qui forme l'enflure, diagnostiquant un épanchement de synovie.
Il me donne un rendez-vous pour une autre piqûre, dans quelques jours.
Il me dit que ça devrait aller.
Novembre (5). Bande et Mamba
pour couper de la vie étudiante. Je raconte ma semaine. Je fais un tour
au café, histoire de mater avec Pol. Et puis, je me couche.
Novembre (7). Malgré des
terrains lourds et boueux, je continue à jouer au football sur une
jambe, avec un genou.
Novembre (11). Je ne rentre pas
à la maison car on a cours demain, vendredi. Hier soir, j'ai fait la
fête avec les anciens de mon lycée. Nous étions neuf dans 15 mètres
carrés. Puis après, nous sommes allés en ville, pour nous dégourdir les
pâtes.
Mes amis voulaient aller dans une rhumerie, et moi plutôt en boite. J'y
allais donc seul. Une soirée organisée par les rivaux de la faculté de
droit. J'ai retrouvé des copines de mes travaux dirigés, de
l'association des étudiants de ma section. Et aussi Lolo que j'ai capté
dans le centre commercial dans lequel est situé la boite. J'ai trouvé
un parrain pour ma faluche. Je vais faire parti de cette confrérie
d'étudiants. Le baptême a lieu dans 15 jours. La salle était tellement
bondée qu'on ne distinguait plus les bords de la piste. Ramené par Lolo
et ses amis. On est allé aux croissants à 3h30. Puis, je me couche dans
mon appartement, sans télévision, sans personne.
Aujourd'hui, me rappelant de ce que j'avais fait la veille, je me suis
précipité devant la glace de ma salle de bain. Je constate une marque
bénigne à l'œil. Il devait être 11 heures quand j'ai émergé. Je
déjeunais une heure plus tard. Je fis un peu de ménage. Ayant le
téléphone depuis peu de temps, j'ai téléphoné à Stef, qui m'a dit
qu'elle allait à la Foire Expo. Et moi, comme un con, je lui ai dit que
cela ne m'intéressais pas, préférant aller au lac Kir.
C'est la première fois que je m'y rendais et pour la première fois
depuis des années, il faisait beau un 11 novembre. Je me suis tout de
suite aperçu que cet endroit était un repère de gens louches : des
dealers, des prostitués, des hommes qui me regardaient de façon
tendancieuse. Alors que j'aurais pu rejoindre Stef! Un type m’a pris
pour un légiste à cause de ma chemise que je tenais à la main. Je pris
vite le premier bus qui vint, et fit du lèche vitrine au centre ville.
J'étais bien content de rentrer dans mon studio. Manger, écouter la
radio, dormir. Triste 11 novembre finalement.
Novembre (16). Deux réunions.
L'assemblée générale de l'association et du journal.
Novembre (17). Soirée à marquer
d'une pierre noire. La France jouait ce soir sa qualification pour la
coupe du monde de football, contre la Bulgarie, à Paris. Je devais
poursuivre ma soirée dans une soirée Beaux-Arts. Je me souviendrais
toujours de ce match, d'où je l'ai regardé (dans une résidence
étudiante), de l'ambiance, fiévreuse. De l'épilogue, désastreux. Cette
dernière seconde de jeu, du coup franc raté du beau David, à la frappe
de Kostadinov. De l'incrédulité suivant cette action finale. Nous
n'irons pas aux États-Unis alors qu'il suffisait d'un point lors des
deux dernières rencontres à domicile. 17 novembre et 13 octobre sont
sources de beaucoup de similitudes. Un même temps, typiquement
britannique. Pour couronner le tout, les Pays-Bas éliminent
l'Angleterre.
Novembre (18). Il faut
affronter les autres. Vite ! J'organise une petite "fête" pour oublier
hier soir, dans mon studio. J'invite les anciens du lycée. Je vois
débarqué avec surprise d'autres filles du lycée, dont une qui était
avec moi en 1ère. Grosse bringue, et je suis content que tout le monde
ait aimé. J'aime toujours que l'autre prenne du plaisir, mon cas
n'étant que secondaire. En toutes circonstances.
Novembre (20). Pour oublier
encore un peu plus le désastreux 17 novembre, j'accepte l'idée de
rejoindre ma bande à l'anniversaire d'un copain d'un entre-nous. A
Belleville. Cette fête ressemble plutôt à un bal qu'à un anniversaire :
on paye à l'entrée mais on peut boire à volonté. On ne connaît personne
et on finira la soirée sans connaître personne. On nous avait annoncé
des filles branchées et de la musique indépendante...
J'ai reçu hier une carte postale on ne peut plus laconique de N :
"salut".
Novembre (20). 19h30. Encore ce
foutu train à prendre, qui arrive à 21h40 à Dijon… quand il n'y a pas
de retard. Le pire je crois, c'est la bataille pour monter dans le bus
qui dessert les facultés. Cela me rappelle assez la bataille quand je
prenais le bus les matins, pour aller à Wittmer pendant 4 ans. C'était
un furieux combat à 7 heures du matin, et pourtant cela me manque, un
peu. C'est surtout le lycée qui me manque. Maintenant, cette bataille
me prend la tête, et c'est amplifié par le blues. Pourtant, ce
dimanche, je suis heureux. J'ai mon baptême dans trois jours, et cela
me rempli la tête. Une bringue, la bringue de l'année en perspective.
Novembre (24). Ce soir c'était
le grand soir, l'intronisation. Une beuverie comme je n'en avais jamais
connu. J'ai fait des achats pour fabriquer ma faluche, comme j'ai
décidé de rejoindre la confrérie de ma section, avec tout le cérémonial
qui s'en suit et avec Stef qui maîtrise plus que moi le sujet couture.
J'ai passé la journée à ses côtés dans les amphis. On pensait au
baptême, on avait la tête ailleurs. Elle finissait de coudre sa
faluche, et manque de chance, elle avait attrapé la crève. Elle était
sous médicament. La journée passa vite. Echange avec un camarade
d'amphi sur des albums de musique dite "techno". Apparemment, je ne
connais pas les vrais valeurs de cette nouvelle musique.
Le restaurant marocain où se déroulait la cérémonie était située dans
une ruelle sombre. Le brouillard plongeait la cité ducale dans une
atmosphère londonienne. J'aurais préféré d'ailleurs être à Londres ce
soir là. On prend place, on a faim. Stef a ses antibiotiques. Des
coutumes du genre manger son protégé avec les mains, original mais non
pratique avec un couscous. Puis chacun doit chanter une chanson
paillarde, plus ou moins. On lance des défis et on dérive. Une
étudiante, très enivrée commença à… On atteignait le sordide. Le
dessert passa tellement vite qu'il me passa sous le nez. Puis, le
sermon pour finir la soirée au restaurant. Je me retrouvais dehors en
caleçon, contemplant Isa, nouvelle faluchée, pissant dans la rue. Elle
avait baissait son pantalon devant moi pour se soulager sur les pavés
qui serait foulés demain par des centaines de personnes. Le président
de l'association nous invita à revenir à des dispositions
réglementaires vis à vis de la marré chaussé qui rôdait non loin. Cela
aurait été bête de finir au poste.
La fin du spectacle se déroulait dans la même boite que celle où je
m'étais perdu le 10 novembre. Autre ambiance, bien entouré. Je dansais
sur les plots avec Isa et Céline, autre faluchée. Puis d'autres danses.
Et la soirée s'acheva. On me ramena chez moi. Demain j'avais cours à 10
heures.
Novembre (25). J'ai forcement
la gueule de bois, vu ce que je faisais il y a encore quelques heures.
Je suis le seul de ceux qui ont fait la fête hier soir, à être allé en
cours. Je m'ennuie dans l'amphi. Malgré mon genou de verre, je suis le
seul qui ai la forme. Sans Stef. Seul. Je pense à la soirée d'hier. Je
souris. Je me rappelle des filles dont j'ai fait connaissance.
Céline... Où cela en était ?
J'ai cru ne revoir personne de la soirée d'hier jusqu'à ce que je voie
Stef attendant son bus. Elle me dit que son parrain s'était planté en
rentrant chez lui après la fête. Sans gravité. Journée frustrante à
guetter Céline. Il y a des attitudes qui ne trompent pas.
Déjà vendredi. Cette semaine fut supersonique. Les semaines commencent
sérieusement à être machinales.
Novembre (30). Encore une
réunion pour le journal, où naissent quelques tensions. Comme pour les
assemblées générales. Cela détériore l'atmosphère. C'est dommage. J'ai
l'impression que tout le monde taille quelqu'un par derrière. Il y aura
certes toujours quelques fêtes où je ferais des découvertes sur les
antécédents des membres de l'association, où je ferais des choses
auxquelles je ne m'attendais pas, comme aller aux croissants après une
fête, comme les samedis dans mon village. Sympathique. Novembre se
termine dans le calme.
Décembre (2). Avant-dernière
semaine avant les partiels. Le temps passe de plus en plus vite, avec
les réunions et les fêtes de fin d'années en ligne de mire.
Je fais un point sur mes conditions de vies dans mon immeuble. Il y a
une froideur entre voisin qui est lamentable. Sur les quatre portes de
mon couloir, je ne connais que deux locataires, et encore…
Avant d'attaquer les partiels, j'avais prévu d'aller boire un verre
avec Stef dans une rhumerie, retrouvant là-bas, d'autres de ma section.
Affrontant la nuit et le froid. Comme j'étais passé directement chez
Stef sans repasser chez moi, j'avais toujours mon petit cartable. Après
quelques verres, une démonstration de zouk de Stef, une de moi au
billard, de la rhumerie nous sommes allés à une soirée organisée par
les étudiants en pharmacie, dans la même salle où a lieu les soirées
médecines.
Arrivé à la salle, disons que ça allait. J'avais emmené des amuses
gueules. Je tombe sur mon parrain de ma confrérie. Il me force à
participer à un jeu de verre musical autour d'une table. Ce n'est pas
fini. Nous achevons la soirée, et moi par la même occasion, en nous
rendant à une soirée Economie. Je ne sais pas quand nous sommes arrivés
et partis, je ne sais pas si j'ai fait autre chose que de danser sur de
la pop, je sais seulement que j'ai été bien malade en rentrant dans mon
studio. C'était le black out. Je dansais beaucoup, je crois, il y avait
de la bonne musique,
Canonball.
Décembre (3). Vu la soirée
d'hier soir, cette nuit, les quatre heures de droit ce matin ne sont
pas passées comme une lettre à la poste. J'ai du dormir deux heures, de
5 à 7. Heureusement Stef est solidaire de mon état. L'habituel coca de
la pause de 10 heures me décape. A cette pause, je surpris une
conversation où j'appris que des groupes intéressant passer dans la
banlieue pour un concert. La fille qui parlait était physiquement entre
Tori Amos et Brenda Khan. Son frère était anarchiste et moi je devenais
presque amoureux d'elle. Alors, je serais anarchiste !
A midi, une lettre de mon médecin du sport pour m'annoncer que je dois
passer des radios. Cours l'après-midi, et puis, je rentre au bled, voir
la bande. Je passe voir Nadège. Son ventre grossis. Tout le monde
rentre de droite et de gauche. Oliver se prépare pour son service.
Dernier week-end avant la dernière semaine de cours.
Décembre (6). Je passe le plus
clair de mon temps libre entre midi et deux heures, au local de ma
section. Sinon, mon genou me faisant toujours souffrir, enflé, je dois
consulter un médecin spécialiste du sport, mais j'ai la sensation que
cela ne sert pas à grand chose. Je dois plutôt passer des
arthrographies le 17. Je commence à en avoir marre des banalités :
réunions, assemblées.
Décembre (9). Je décide
d'abréger ma semaine. Je fuis la ville, malgré la grève des trains, et
j'arrive très tard chez moi. En attendant un train, je suis allé au
cinéma avec Stef et Val. Je remets mes révisions à plus tard, bien trop
énervé et fatigué.
Décembre (13). Premier
partiels. Durs. Toute la semaine sera comme ça, finissant par une bonne
série d'arthrographies. Je vois Stef et je lui dis que ce vendredi, je
me fais tirer le portait du genou.
Décembre (15). Cette semaine
est bizarre. Je ne vois personne. Tout le monde est plongé dans les
pages de cours. Personne ne sort.
Décembre (17). Dernier jour,
dernière épreuve. Je vois Stef à 10 heures, et nous allons boire un
coup au distributeur. Juste avant les vacances je procède donc à cette
fameuse séance d'arthrographie, pour connaître vraiment l'état de mon
genou. Je traverse toute la ville. Un nombre infini de radio après
avoir été mis K.O. par l'injection du liquide permettant de prendre ces
arthrographies. A la vision de la taille de la seringue j'étais déjà
blanc. En sortant de la clinique, je tombe sur une autre Stéf, qui est
avec moi en cours. Elle me demande si ça c'est bien passé, bonnes
vacances… je suis fatigué. J'avais un rencard ce soir avec la fan des
Beatles. Je reporte cela à demain. Je fais un point sur mon premier
semestre. Angoissant. A part Stef en journée et les autres du lycée, je
ne vois quasiment personne. Je pensais rencontrer plus de personnes,
notamment britanniques.
Décembre (18). Je commence ces
vacances en rendant visite à la fan des Beatles. Nadège attends un
heureux événement. Je pense à ces partiels de décembre souvent décisifs
quant à la suite de l'année universitaire et des études supérieures.
J'ai aussi à la rentrée, la lourdeur de devoir faire mes trois jours
pour le service national. Je navigue à vue dans les deux cas, ne voyant
pas mon avenir avec certitude.
Au Mamba, il y avait une photo de Björk au bar, pour un concours photo.
Il faut prendre une personne dans la même position qu'elle. Tout de
suite j'ai pensais à une fille du lycée que j'aimais bien. Mais je ne
me sens pas d'attaque pour la prendre en photo.
Décembre (20). Je fais un tour
autour du lycée. Je vois Ivan dans la cours du lycée, un copain qui est
toujours ici. Et voilà que je tombe sur elle, N. Habillée court et
moulant. Elle dit qu'elle est heureuse de me revoir, que j'ai une belle
coupe de cheveux. Elle me présente à un élève, lui dit que je suis un
grand maintenant, que je suis à la fac. Alors, je lui dis que la fac,
c'est pas super. Pour l'embêter, et parce que c'est vrai. Arrive Joanna
! Toujours radieuse. Je l'ai toujours plus aimé que N. J'aimerai
l'embrasser. N nous invite le soir à boire un verre dans un bar
américain de la ville. Mais elle nous pose finalement un lapin.
Toujours aussi menteuse. Dire que l'après-midi, j'étais presque à
l'effleurer de la main ! Pour la tester. Je reviendrais la voir demain,
pour qu'elle s'explique.
Décembre (21). C'est le jour de
l'hiver. Ivan m'a invité à manger à midi. Puis on va boire un coup au
café situé à côté du lycée, histoire d'être cool avant de voir N. Je me
débrouille pour la voir en début d'après-midi.
Elle m'invite à faire un tour de voiture. Elle doit régler des
problèmes administratifs dans un autre lycée. Sur la route elle prend
subitement ma main dans sa main. Surpris, je me laisse reconquérir. Les
problèmes enfin réglés, nous allons dans un café, elle là, elle
m'embrasse. Elle m'invite à prendre un thé chez elle. Toujours les
mêmes goûts de livres, de musique, de décoration. On s'embrasse de plus
belle, j'embrasse la plus belle. Toujours le même goût de lèvres...
Elle me promet, maladivement des vacances de Noël ensemble, des bains
dans le jacuzzi… Je retombe sous l'influence de N, après tout le mal
qu'elle m'a fait.
C'est bientôt Noël. Nadège va bientôt accoucher de Dylan. Elle va
passer le réveillon de Noël loin de son concubin, vu qu'il travaille.
Mais on s'est mis d'accord pour faire une petite fête chez elle, avec
quelques autres.
Décembre (24). La plus belle
nuit de l'année. La neige s'est installé sur les paysages et sur les
routes depuis quelques jours. Avec ponctualité, contrastant avec les
années précédentes. Elle était déjà tombée une fois cette année, à la
fac.
Pour une fois je réveillonne Noël entre amis et non en famille. Chez
Nadège. Est-ce bien sérieux vu son état ? Je rejoins son domicile avec
Oliver, empruntant l'artère principale enneigée. Nous avons fait
connaissance avec un de ses cousins, moins timbré que le précédent
qu'elle nous avait fait découvrir, il y a quelques temps.
Décembre (31). Les jours ont
passé. N ne m'a pas donné de nouvelles. Pas de nouvelles, avec elle ce
n'est pas signe de bonnes nouvelles. Je m'étais fait à l'idée de passer
le réveillon avec elle.
Nadège a accouché avant-hier. Nous sommes tous allés la voir à la
maternité. Réveillon en bande en comité restreint. Certains sont allés
au restaurant sans prévenir. Aucune organisation. Qu'il est loin le 31
décembre de l'an dernier ! Nous arrivons quand même à nous éclater. Je
suis un peu malade en boite, mais suivant les conseils de notre chef,
je rebois par dessus et je retrouve la pêche jusqu'à ce que je sorte
prendre l'air dehors accompagné d'Oliver et du cousin. Il neigeait à ce
moment là, c'était beau.
J'ai revu souvent Stefany, Steffy, la fille du 14 juillet. Elle va
mieux dans sa tête, parce qu'au début de notre rencontre, elle avait
plein d'idées noires dans la tête. Je la vois souvent les samedis soir,
on voit boire dans le café à côté de la boite. Des fois, je vais la
chercher à Roanne. Elle me veut, moi non plus... du tout. Nous sommes
bons amis. Je la surnomme "Steffy", parce que "Stef" est déjà pris.