22 avril 2000, 20 000 Supporters de
Gueugnon débarquent à Paris Saint-Denis (source
ultras gueugnon)
1-0 puis 2-0 pour les petits Forgerons
et paradoxalement... ...Mémé Jacquet, le chantre du football amateur, fait
la gueule !
retour
des héros, voir des herauts
A ticket to ride UEFA CUP
2001
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Samedi
1er avril. Toujours le même programme du samedi soir
: bières sur bières au bistrot. Bal. Cela faisait si longtemps. En partant, je
baise la main à une jeune fille. Je reçois une carte postale de Laurent qui
est en formation à Paris. Dimanche
2 avril. Cela devient aussi un rituel, celui du dimanche après-midi, depuis
plusieurs semaines. Je vais boire un café avec deux potes. Les dimanches ressemblent
aux dimanches, les lundis aux lundis, les mardis aux mardis, etc. Jour de
rallye dans la ville. Par devant, chez moi, par derrière aussi. Je suis cerné,
les yeux cernés. Lunettes noires homologuées. Bruit insupportable depuis que j'ai
quitté l'enfance. Lundi
3 avril. J'ai fini de taper 1991. J'ai du mal à en voir la suite. Le
F.C. Gueugnon se qualifie héroïquement pour la finale de la coupe de la ligue.
Je me vois déjà au Grand Stade. Je suis plus heureux que pour la finale de la
Coupe du Monde. Jeudi 13
avril. Je n'ai pas pu avoir de place pour la finale de la Coupe de la Ligue.
Ca ne me fait pas plus d'effet que ça. Mais ça sera dur à regarder à la télévision
après m'être imaginé là-bas. Non, vraiment, la soirée antillaise ne me dit
rien. Il y a sept ans… Je finis de lire Ada ou l'ardeur, dans
la douleur. Je suis un peu déçu, mais c'était très intéressant au niveau du delirium
de l'auteur. Je choisis comme nouveau livre de chevet, Parmi les hooligans,
de Bill Buford. A moins que j'en lise deux en même temps avec comme second ouvrage,
Le journal de Laura Palmer de Jennifer Lynch. Vendredi
14 avril. Je reprends en fil rouge la lecture de Wilderness de Jim
Morrison. Le Club de Hockey des Canadiens de Montréal ne s'est finalement
pas qualifié pour les play-offs. Cela complète le tableau d'une semaine noire. Dimanche
16 avril. Je n'ai vraiment pas le moral. Je reprends l'écriture de 1993.
Je revis des moments, des actes manqués. Mardi
18 avril. A la lecture avancée de Buford, je commence à comprendre le mécanisme
du hooliganisme. Je vois maintenant sous un autre angle les déplacements sur le
continent des Anglais. Pourquoi sont-ils si violents, si naturellement ? Mercredi
19 avril. Miracle. Ouvrant mon journal pour savoir si j'avais été tiré au
sort pour gagner une place pour la finale de la Coupe de la Ligue, je découvre
qu'il reste des billets, avec transports, à vendre. Ce matin au stade. Il est
alors 9h10 et la vente est commencée depuis 10 minutes. Je téléphone de suite
au stade pour savoir s'il y a autant de monde que la dernière fois, pour m'assurer
qu'il reste encore des places, histoire de ne pas faire une nouvelle fois un voyage
pour rien. Oui il en reste. Il n'y a personne au stade. Je prends immédiatement
la direction du stade. Sur place il n'y a en effet personne. J'ai mon billet.
C'est un grand soulagement. J'ai du mal à le croire car honnêtement je n'y croyais
plus justement. Je remarque d'ailleurs que j'ai beaucoup de mal en ce moment à
réaliser quoi que se soit. Je profite de ma venue en ces lieux pour repérer l'endroit
de départ de mon bus. Et je fais un tour sur les terrains annexes, assistant pour
la première fois de ma vie à un entraînement. L'avant-dernière répétition avant
la finale de samedi. J'en oublie ma déception d'hier (élimination de Chelsea),
ignorant celle de ce soir (Manchester United) Il y a plein de journalistes, trois
équipes de télévision… Cela doit les changer (les joueurs et les journalistes).
Dans la ville, tous les commerçants ont décoré leur vitrine en jaune et bleu.
C'est beau. C'est comme à la télévision, comme à Calais. Vendredi
21 avril. Je suis affolé. Dépité. Un appartement se libère cet été dans le
fameux immeuble que j'aime tant. Ma non-sélection pour le poste à l'hôpital devient
de ce fait encore plus douloureuse. Je dois trouver au plus vite un travail dans
la région. Samedi 22 avril.
F.C.G.-P.S.G. Le grand jour du grand soir. Le départ est fixé à 12h. J'arrive
bien en avance et je me gare le long de l'église. Et puis fatalement c'est l'heure
de partir vers notre capitale, du moins sa banlieue. Je suis dans le bus de tête.
Je ne comprendrais que plus tard que plusieurs convois sont partis sur des routes
différentes, tout le monde se rejoignant vers Nemours, pour être escorté par des
motards. Nous quittons la ville, tout le monde sourit : les gens dans les rues
nous saluent, donnant l'impression de voir le passage du tour de France. Même
ceux qui n'ont pas de billets sont joyeux. C'est jour de fête, même pour la gendarmerie.
Je sens que je suis en train de participer à l'histoire. C'est tellement beau
tout ce monde. Ce jaune, ce bleu. Dans les premiers villages traversés, c'était
le même cérémonial. Tous ceux sur terre qui ont une écharpe du F.C.G. sont au
bord de cette route. Nemours, la pluie, la police motorisée. Que de l'autoroute
jusqu'au Stade de France ! Que des bouchons, même si ces motards nous ouvrent
la voie. Plus on approche de notre destination, plus le groupe dans le bus se
soude. Et puis nous voilà arrivés. Entré dans ce grand stade, ma première impression
me surprend : je le voyais plus grand. De quoi cela peut venir ? C'est peut-être
la pelouse qui me paraît petite à cause des grandes tribunes. L'absence de grillage,
la forme elliptique… Le match ? Un simple formalité pour mes favoris.
Tout c'est passé comme je le voulais : rien à perdre, se faire plaisir, jouer
comme d'hab. Formidable. ÉNORME. C'est le mot qui reviendra le plus dans la bouche
des fans en remontant dans mon car. Un retour long : pas moyens d'étendre mes
jambes pour m'endormir. Beaucoup de mal pour trouver la position préférentielle.
Quand j'arrive à m'endormir, voilà qu'on fait une pause pipi, boisson, alimentaire.
J'ai clairement la tête dans le cul, comme au retour d'un mémorable voyage à Venise.
Il est 2h30. Je rachète du coca en prévision de la route à faire de l'église à
chez moi. Je me rendors, je vois défiler les villes, à moitié endormi. Dimanche
23 avril. Je suis rentré à la maison sur le coup des 6h30. Comme dans un rêve
! Je ne réalise pas l'exploit d'hier soir. La ville s'éveille et la rumeur va
bientôt parcourir toute la région. Je ne dors que quatre heures pour ne pas rater
Téléfoot. Comme les joueurs d'ailleurs ! Je suis fatigué mais je me coltine mon
rituel du dimanche. Je me remets de mes émotions. Doucement. J'ai encore la tête
au stade de France. C'est comme quand la France gagnait la Coupe du Monde contre
le Brésil. J'apprendrais plus tard que cette impression était largement partagée. Lundi
24 avril. Lundi de Pâques. A la communauté de Taizé, les gens sont habillés
un peu comme dans un festival de jeunes. Oui c'est un peu comme dans un festival,
mais sans la racaille. J'avais vraiment l'impression d'être, par moments, dans
un rassemblement de hippies, entouré de tant de tantes, de combis. Des jeunes
arrivent avec leurs guitares sèches. Une jeune fille a amené son saxo ou un instrument
dans ce genre où elle souffle dans un bout. Un jeune Italien rasta porte un T-shirt
de Machine Head. Le look kaki est aussi présent. Vraiment la prochaine fois que
je viens ici (le week-end prochain), je m'habille cool. C'est un endroit dépourvu
de d'alcoolos. Les gens sont assez posés pour discuter amicalement. Je finis
la lecture du livre de Buford. Je suis invité à une fête à Auxerre pour le
6 mai. Mardi 25 avril.
Le jour où les héros reviennent à la maison. J'y vais. Je serais beaucoup allé
à Gueugnon ces derniers temps. Il fait un soleil si radieux qu'on se croirait
en été. C'est un symbole. Deux heures avant le début des festivités il y a déjà
beaucoup de monde. C'est merveilleux. Plus rien ne sera jamais comme avant. Il
y aura un "effet coupe". J'en fais peut-être un peu trop pour ce qui
n'est finalement qu'un jeu, mais c'est le côté historique qui me pousse. C'est
la première fois. Y en aura-t-il une autre ? Il faut respirer à fond ces moments
là. Mercredi 26 avril.
Second concours à Dijon. Passage vraiment éclair, juste pour ce concours. Sous
un soleil toujours très estival, ce qui est rare quand je prends la route de Dijon. Jeudi
27 avril. J'ai plein d'idées de nouvelles depuis quelques jours. J'écoute
l'intégrale des albums de Depeche Mode. Je remonte dans le temps de quelques années,
je me rappelle mes samedis après-midi. Vendredi
28 avril. J'ai le blues, de plus en plus souvent. J'en ai ras le bol de
Calais, partout dans les médias, beaucoup plus que Gueugnon…
- Fin de
l'extrait - © Alain
Crozier 2000
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